Garnery (Comédie en un actep. 13-14).

Scène III

Les précédens, J. JACQUES, VOLTAIRE.
Henri IV.

Hé bien, ſublime, & bienfaiſant philoſophe de la France, que venez-vous nous apprendre ?

Voltaire.

Éaque, Minos & Radamanthe s’avancent vers les portes. Nous ſoupçonnons qu’ils vont au-devant de quelqu’ombre digne, ſans doute, de leur empreſſement.

J. Jacques.

On a entendu du côté de la Terre des cris de douleur qui ſont les préſages d’une grande perte. Caron a paré ſa barque, & Cerbere ſemble avoir adouci ſes affreux hurlemens. On nous & annoncé qu’il ſe préparoit une fête pour recevoir cette ombre. Quel eſt donc ce Génie qui vient habiter parmi nous ?

Voltaire.

Voyez défiler toutes les ombres vers l’entrée des champs Eliſées. Seroit-ce quelqu’auteur dramatique à qui l’on prépareroit une pareille fête ? Seroit-ce quelque législateur, ami de l’humanité, plus digne encore de cet hommage ?

Henri IV.

J’éprouve, en ce moment, une terreur juſqu’à préſent inconnue en ces lieux. Je chéris comme vous la France ; ſi ce mortel nous venoit de cette contrée & que la patrie eut perdu un de ſes plus fermes appuis, mon cœur en ſeroit trop affecté. J’apperçois Louis XIV. À ſon air ſoucieux, je vois que cet arrivant ne lui fait pas plaiſir.