Coups de clairon/Un Corsaire (Jean Doublet)

Coups de Clairon : Chants et Poèmes héroïques
Georges Ondet, Éditeur (p. 47-52).


Un Corsaire

(Jean DOUBLET,xxxxxxxxxx
xxxxxxxxxxde Honfleur
)

Au barde normand Léon BERTHAUT.










UN CORSAIRE


(Jean DOUBLET, de Honfleur).

(Poésie lue par l’auteur sur le port de Honfleur,
lors des assises de la Société La Pomme).
xxx

 

Doublet qui fut, sans paix ni trêve,
Explorateur en proie au Rêve,
Armateur et corsaire enfin,
Est pour Honfleur-la-Vieille-Ville
Tout à la fois Dumont-Durville,
Surcouf, Jean-Bart, Duguay-Trouin.


À sept ans, pour suivre son père,
Il quittait déjà son repaire
Ce petit lionceau normand,
Et les chansons du vent farouche
Remplaçaient autour de sa couche
Les berceuses de la maman.


Avant même de savoir lire
Il « savait » déjà son navire
Ce digne fils des fiers Doublets,
Et, penché sur les bastingages,
Il rêvait déjà d’abordages
Et détestait déjà l’Anglais.

Car il était bien de la Race
De ceux-là que rien ne terrasse,
De ceux que commandait Rollon :
De la Race hardie et blonde
Qui découvrit le Nouveau-Monde
Bien avant Christophe-Colomb.

Ses vaisseaux étaient les charrues
Éventrant les flottes bourrues
Du Hollandais et du Saxon,
Et la Mer fut un champ fertile
Quand, sur le Sans-Peur et l’Utile,
11 allait rentrer sa Moisson !

Pour faire trembler d’épouvante
Ses ennemis, au vent qui vente
On n’avait qu’à jeter son nom,

Et le flot hurleur et la brise
Répétaient sa noble devise :
« Vaincre ou mourir… reculer, non ! »

Ô Doublet ! rude et fier Corsaire !
Toi qui commandais la Sorcière
Et la Serpente et le Profond,
Dans une église tu reposes,
Bercé, loin des humaines choses,
Au bruit que les prières font ;

Et si je viens, avec la « Pomme »,
Troubler un moment le grand somme
Que tu fais en rêvant du Flot,
C’est que la Bretagne fidèle
Se souvient que tu fus, pour Elle,
Blessé, jadis, à Saint-Malo !


Couché dans ton manteau de gloire,
Tu revis en notre mémoire,
Ô Toi qui riais de la Mort !
Et, plus sincère que lyrique,
C’est le salut de l’Armorique
Que t’apporte un enfant d’Armor !

. . . . . . . . . . . .