Coups de clairon/Sonneur de Biniou (Le)

Coups de Clairon : Chants et Poèmes héroïques
Georges Ondet, Éditeur (p. 89-91).


LE SONNEUR DE BINIOU



À Paul Déroulède..
« Je ne suis, moi, qu’un sonneur de clairon. »
Paul Déroulède.

Barde des camps ! l’humble barde des grèves
Fut et sera toujours de tes amis
Car nous avons, tous deux, les mêmes rêves,
Un même amour pour notre cher pays !
Quand ta Chanson monte, on aime à la suivre ;
La mienne à moi s’en va je ne sais où…
Tu vas soufflant dans ton clairon de cuivre :
Je ne suis, moi, qu’un sonneur de biniou !


À travers plaine et forêt et montagne,
Ta rude voix chante au Sud, pleure à l’Est :
Moi, je ne fais que chanter ma Bretagne
Aux fiers enfants des vieux pays d’Ouest ;
Tout doucement je lie une humble gerbe
De fleurs d’Arvor, de Vendée et d’Anjou…
Tu vas soufflant dans ton clairon superbe :
Je ne suis, moi, qu’un sonneur de biniou !

 
Je vas chantant l’humble pêcheur d’Islande,
La Paimpolaise et son beau petit gâs,
Les chemins creux, l’océan, la grand’lande…
Je vas chantant, surtout, nos vieux combats !
Car si nos gâs, aux jours des épousailles,
Choquent gaîment leurs gros souliers à clous,
Le jour venu des sanglantes batailles,
Tous sont debout… derrière les binious !

Pour celui-là qui fera ma Patrie
Grande au dedans, respectée au dehors,
Je suis, vois-tu, prêt à risquer ma vie,
Prêt à lui faire un rempart de mon corps !
Quel est celui qui, soudain, va paraître ?
Quel est celui qui vaincra, tout à coup ?
Heureux de voir la Liberté renaître
Je sonnerai, plus fort, dans mon biniou !

Entends ces cris : c’est le Peuple qui vibre !
Hé ! que nous font, à nous, les « va-d’l’avant »,
Prison, Trépas… si la Patrie est libre,
Si le Pays est prospère et vivant !

Souffle gaîment dans ton clairon sonore,
Je soufflerai dans mon humble biniou :
Sonne, bien haut, la Diane d’aurore,
Je sonnerai la Charge… jusqu’au bout !