Coups de clairon/Les Boërs/À l’aide !

Coups de Clairon : Chants et Poèmes héroïques
Georges Ondet, Éditeur (p. 185-189).


À l’aide !…

« L’Europe se désintéresse de la question Boër. »
xxxxxxxxxxxxxxx(Les journaux, 1901.)













À L’AIDE !


Du côté du Sud un cri monte :
Ne l’entendez-vous pas d’ici ?
Un cri de douleur et de honte,
De rage aussi ;

Un long cri de bête égorgée
À tâtons, dans l’ombre, au hasard ;
Un long cri de vierge outragée
Par un soudard ;

Un cri qui transit jusqu’aux moelles
Quand il vous vient au cœur, tout droit ;
Un cri qui va jusqu’aux étoiles
Porter l’effroi ;

Un long cri que l’on n’entend guère,
Que d’aucuns n’entendront jamais ;
Un cri qui fait haïr la Guerre,
Chérir la Paix.

C’est le cri d’une République
Qui mord le tigre qui la mord
Et qui se défendra, stoïque.
Jusqu’à la mort !

France ! toi dont la terre entière
Connait la générosité,
Ô toi qui crias, la première :
Fraternité !

Vas-tu rester aveugle et sourde,
Ne pas voir cette enfant saigner ?
Vas-tu, la tâche étant très lourde,
La dédaigner ?

C’est à toi de donner l’exemple :
Ne le donne pas à moitié
Et rebâtis, vite, le Temple
De la Pitié !…

Toi qui vécus le plus beau rêve
Que jamais un peuple ait vécu,
Que ton cri fraternel s’élève
Pour le vaincu ;


Pousse-le de ta voix si douce,
Afin qu’un jour ce cri sauveur
Un autre peuple aussi le pousse
En ta faveur ;

Pour que l’Histoire européenne
De toi ne dise pas, un jour :
« La France a protégé la Haine,
Trahi l’Amour ! »