À travers l’Espagne, Lettres de voyage
Imprimerie générale A. Côté et Cie (p. 147-158).


xxii

COURSES DE TAUREAUX

Avant le spectacle. — Le Cirque. — Les spectateurs. — La cuadrilla. — Les picadores. — Les banderilleros. — Les capeadores. — Les chulos. — Les espadas. — La lutte.

Un livre sur l’Espagne ne serait pas complet sans une description des courses de taureaux, et cependant je n’ai pas vu ce spectacle ; car elles n’ont pas lieu durant l’hiver, et c’est, dans cette saison que j’ai visité le pays du Cid.

Pour satisfaire la curiosité du lecteur, il ne me reste qu’une ressource : reproduire le récit de quelque voyageur qui a pu être témoin de ces étranges combats, pour lesquels les Espagnols ont une véritable passion.

C’est à de Amicis que j’emprunterai cette description, parce que de tous les touristes écrivains qui ont visité l’Espagne il est celui dont les impressions se rapprochent le plus des miennes.

La seule annonce des courses produit dans les grandes villes d’Espagne une sensation extraordinaire, et toute la population se prépare à y assister. Bientôt, c’est le sujet de toutes les conversations, et les nouvelles les plus intéressantes circulent.

On se raconte que les taureaux sont arrivés ; qu’ils sont, énormes, terribles ; qu’ils viennent des pâturages du duc de Veragua, ou du marquis de la Merced, ou d’autres endroits renommés ; que les toreros sont en route, ou même rendus sur les lieux ; que le célèbre Frascuelo a été vu fumant tranquillement son cigare dans une allée de Las Delicias ; que les billets se vendent rapidement, et que la police a peine à contenir la foule impatiente aux portes des bureaux.

Enfin, le jour est arrivé, et le spectacle doit commencer à trois heures. Dès midi, toutes les rues qui aboutissent au cirque sont envahies par la foule, et par les riches équipages de l’aristocratie.

Vu du dehors, l’amphithéâtre est un vaste édifice circulaire, sans architecture, ni ornements, et sans fenêtres. Mais à l’intérieur, son aspect est imposant, et plein de vie. Dix mille, spectateurs y peuvent trouver place.

L’arène est immense, et entourée d’une double barrière en planches, qui sert de refuge aux toreros quand ils ne peuvent pas échapper autrement à la fureur des taureaux. Les domestiques et autres employés s’y tiennent aussi pendant le combat.

Au-delà de ces deux barrières s’échelonnent les gradins de pierre, au-delà des gradins, les loges, et sous les loges une triple rangée de sièges.

Il y a des loges somptueuses où prennent place les ministres, les ambassadeurs et tous les grands personnages, outre la loge royale. Elles sont toujours du côté du Cirque, qui est à l’ombre. Le côté où donne le soleil est moins dispendieux. L’arène a quatre portes, celle des taureaux, celle des chevaux, celle des toreros, et celle des hommes qui annoncent le spectacle.

« Le cirque est plein et offre un spectacle merveilleux. C’est un océan de têtes, de chapeaux, d’éventails, de mains qui s’agitent dans l’air ; du côté de l’ombre, où est le beau monde, c’est tout noir ; du côté du soleil, où sont les petites gens, ce sont mille couleurs vives de vêtements, d’ombrelles, d’éventails de papier, une immense mascarade… Ce n’est pas un bourdonnement, un bruit comme dans les autres théâtres ; c’est autre chose, c’est une agitation toute particulière au cirque ; les gens crient, s’appellent, se saluent avec une gaieté frénétique ; les enfants et les femmes piaillent, les hommes les plus graves folâtrent comme des adolescents ; les jeunes gens, par groupes de vingt, de trente, chantant en cadence, et frappant de leurs cannes sur les gradins annoncent l’heure au représentant de la municipalité…

« La trompette sonne ; quatre gardes du cirque, à cheval, avec le chapeau et le panache à la Henri IV, le petit manteau noir, le justaucorps, les bottes et l’épée, entrent par la porte qui est sous la loge du roi et font à pas lents le tour de l’arène ; la foule se retire, chacun s’en va à sa place, l’arène reste vide.

« Les quatre cavaliers vont se mettre deux par deux devant la porte encore fermée qui fait face à la loge royale. Les dix mille spectateurs ont l’œil dessus, on fait silence ; de là doit sortir la Cuadrilla, tous les toreros en grand costume, qui viennent se présenter au roi et au peuple.

« La musique joue, la porte s’ouvre, on entend une immense explosion d’applaudissements, les toreros s’avancent. D’abord viennent les trois espadas, Frascuelo, Lagartijo, Cayetano, les trois fameux, vêtus du costume de Figaro dans le Barbier de Séville, de satin, de soie, de velours orange, incarnat, bleu, couverts de broderies, de franges, de galons, de filigranes, de rubans, de pendeloques d’or et d’argent qui cachent presque tout le vêtement…

« Après eux, viennent les banderilleros et les capeadores, en groupes, couverts d’or et d’argent eux aussi ; puis les picadores à cheval, deux par deux, une grande lance au poing… puis les chulos, ou serviteurs, en habits de fête ; et tous ensemble traversent majestueusement l’arêne et se dirigent vers la loge du roi…

Toute la cuadrilla s’arrête devant la loge royale et salue… La bande des toreros se disperse, les espadas sautent pardessus la barrière, les capeadores s’éparpillent dans l’arène en agitant leur cape rouge et jaune, une partie des picadores se retirent pour attendre leur tour, les autres éperonnent leurs chevaux et vont se poster à gauche du toril, où sont enfermés les taureaux…

« C’est un moment d’agitation, d’anxiété inexprimable ; tous les regards sont fixés sur la porte par où sortira le taureau ; tous les cœurs battent ; un silence profond règne dans tout le cirque ; on n’entend que le mugissement du taureau qui s’avance dans l’obscurité de sa vaste prison, et qui semble crier : du sang ! du sang ! Les chevaux frémissent, les picadores pâlissent… Encore un instant… la trompette sonne, la porte s’ouvre, un taureau énorme s’élance dans l’arène : un cri formidable sorti de dix mille poitrines à la fois le salue. Le carnage commence.

« Je ne me rappelle que confusément ce qui arriva dans les premiers instants : je ne sais où j’avais la tête.


« Le taureau se lança contre le premier picador, puis recula, reprit son élan et se jeta sur le second ; s’il y eut une lutte je ne m’en souviens pas ; mais, au bout d’une minute, il se lança contre le troisième ; puis il courut au milieu de l’arène, s’arrêta et regarda. Je regardai aussi… et je me couvris le visage avec les mains.

« Toute la partie de l’arène que le taureau avait parcourue était souillée de sang ; le premier cheval gisait à terre, le ventre ouvert, et les entrailles éparses ; le second, le poitrail fendu par une large blessure dont le sang coulait à flots, allait çà et là en trébuchant ; le troisième, qui avait été jeté par terre, s’efforçait de se relever, les chulos, accourus à la hâte, relevaient les picadores, ôtaient la selle et la bride au cheval mort, cherchaient à remettre sur pied le blessé ; des hurlements d’enfer retentissaient de tous côtés.

C’est ainsi que commence le plus souvent le spectacle. Les picadores sont les premiers qui reçoivent le choc du taureau, ils l’attendent de pied ferme et lui plantent leur lance entre la tête et le cou, au moment où il s’abaisse pour donner son coup de corne au cheval. Il faut remarquer que la lance n’a qu’une petite pointe, qui ne peut faire une blessure profonde ; et les picadores doivent à force de bras, tenir le taureau à distance et sauver leur monture. Cela exige un coup d’œil sûr, un bras de fer, et un cœur intrépide : Ils ne réussissent pas toujours, ils ne réussissent même pas le plus souvent, le taureau plante ses cornes dans le ventre du cheval, et le picador tombe par terre.

« Alors, les capeadores accourent, et pendant que le taureau débarrasse ses cornes des entrailles de sa victime, ils agitent leur capa devant ses yeux, le distraient, se font poursuivre par lui et laissent en sûreté le cavalier tombé, que les chulos vont secourir pour le remettre en selle, si le cheval peut encore se tenir, ou pour le porter à l’infirmerie s’il s’est fracassé la tête.

« Le taureau, arrêté au milieu de l’arène avec ses cornes ensanglantées, haletant, regardait autour de lui comme pour dire : En avez-vous assez ? Un essaim de capeadores courut au-devant de lui, l’entoura ; ils commencèrent à le provoquer, à l’agacer, à le faire courir çà et là, secouant leur cape devant ses yeux, la lui faisant passer par dessus la tête, l’attirant et le fuyant par des détours rapides pour revenir le provoquer, et le fuir ensuite de nouveau ; et le taureau poursuit l’un ou l’autre, le pousse jusqu’à la barrière, et là donne des coups de cornes dans les planches, frappe du pied, fait des cabrioles, mugit, plante de nouveau ses cornes, en passant, dans le ventre des chevaux, morts, s’efforce de franchir la barrière, et court dans l’arène de tous côtés.

« Pendant ce temps-là, d’autres picadores étaient entrés pour remplacer ceux dont les chevaux avaient été tués, et s’étaient placés loin l’un de l’autre, des deux côtés de la musique du toril, attendant que le taureau les assaillît.

« Les capeadores l’attirèrent adroitement de ce côté ; le taureau, voyant le premier cheval, s’élança dessus la tête basse. Mais cette fois son attaque n’eût pas de succès : la lance du picador le frappa à l’épaule et l’arrêta ; le taureau s’obstina, poussa, fit effort avec toute sa masse, mais en vain, le picador tint bon ; le taureau recula, le cheval fut sauvé, et un tonnerre d’applaudissements salua son sauveur. L’autre picador fut moins heureux ; le taureau l’attaqua, il ne réussit pas à planter sa lance ; la corne formidable pénétra dans le ventre du cheval avec la rapidité d’une épée, s’agita dans la blessure, s’en retira : les intestins du pauvre animal tombèrent et restèrent pendants comme un sac, presque jusqu’à terre ; le picador resta en selle. Là on vit une chose horrible. Au lieu de descendre, le picador, voyant que la blessure n’était pas mortelle, donna de l’éperon et alla se poster à un autre endroit pour attendre un second assaut : le cheval traversa l’arène avec ses intestins sortis du corps, qui lui battaient dans les jambes et embarrassaient sa marche ; le taureau le suivit quelques instants, puis s’arrêta. À ce moment on entendit une sonnerie de trompettes : c’était le signal de la retraite des picadores. Une porte s’ouvrit et ils s’en allèrent au galop l’un après l’autre ; il resta deux chevaux morts, et çà et là des mares et des ruisseaux de sang, que deux chulos recouvrirent de terre.

« Après les picadores, viennent les banderilleros ; pour les profanes c’est la partie la plus agréable du spectacle, parce que c’est la moins cruelle. Les banderillas sont des flèches longues d’environ deux palmes ornées de papier de couleur, munies d’une pointe de métal faite de telle sorte qu’une fois enfoncée dans les chairs, elle ne peut plus s’en détacher, et que le taureau en s’agitant et en la secouant la fait pénétrer plus avant. Le banderillero prend deux de ces flèches, une de chaque main, va se mettre debout à une quinzaine de pas devant le taureau, et le provoque en levant les bras et en criant.

« Le taureau s’élance contre lui ; le banderillero à son tour, court vers le taureau ; celui-ci baisse la tête pour lui enfoncer ses cornes dans le ventre, l’autre lui plante les banderilleras dans le cou, une de cî une de là ; et se met à l’abri en sautant vivement de côté. S′il se penche, si le pied lui manque, s’il hésite une seconde il est enfilé comme une grenouille

« Le taureau mugit, souffle, saute et se met à poursuivre les capeadores avec une fureur épouvantable ; en un clin d’œil, tous ont franchi la barrière, l’arène est vide ; la bête sauvage, le museau écumant, les yeux sanglants, le coup rayé de sang, frappe la terre, se débat, se jette sur la barrière, demande vengeance, veut tuer, a besoin de carnage ; personne n’ose l’affronter, les spectateurs remplissent l’air de cris. « En avant ! courage ! L’autre banderillero » ! L’autre banderillero s’avance et plante ses flèches, puis un troisième, puis de nouveau le premier. Ce jour là, ils lui en plantèrent huit : la malheureuse bête quand elle sentit s’enfoncer les deux dernières poussa un mugissement prolongé, déchirant, affreux, et s’élançant à la poursuite d’un de ses ennemis le suivit jusqu’à la barrière, la sauta et tomba avec lui dans le corridor ménagé derrière.

« Les dix mille spectateurs se levèrent tous à la fois en criant : « Il l’a tué ! » Mais le banderillero s’était échappé. Le taureau courut en avant et en arrière entre les deux barrières, sous une pluie de coups de bâton et de coups de poing jusqu’à ce qu’il arrivât à une porte ouverte : il rentra dans l’arène et la porte se referma.

« Alors tous les banderilleros et tous les capeadores s’élancèrent de nouveau autour de lui ; l’un d’eux, passant derrière, lui tira violemment la queue, et disparut comme un éclair ; un autre, en courant, lui entortilla les cornes avec sa capa ; un troisième poussa l’audace jusqu’à aller lui cueillir avec la main un petit nœud de ruban qu’on lui avait attaché sur la croupe ; un quatrième, le plus téméraire de tous, planta une lance en terre sur le passage du taureau qui courait, et faisant un saut, passa par dessus lui et alla retomber de l’autre côté, en jetant la lance entre les jambes de l’animal stupéfait. Et ils faisaient tout cela avec une rapidité de prestidigitateur et une grâce de danseur, comme s’ils avaient joué avec une brebis ! Pendant ce temps l’immense foule faisait retentir le cirque de rires, d’applaudissements, de cris de joie, d’admiration et de terreur.

« La trompette sonne de nouveau ; les banderilleros ont fini. C’est le tour de l’espada ; c’est le moment solennel, c’est le dénouement du drame ; la foule se tait, les dames se penchent au dehors de leurs loges, le roi se lève.

« Le célèbre Frascuelo, tenant à la main l’épée et la muleta, qui est un morceau d’étoffe rouge attaché à un petit bâton, entre dans l’arène, se présente devant, la loge royale, ôte son bonnet, et offre au roi, par une phrase poétique, le taureau qu’il va tuer ; puis il jette son bonnet en l’air comme pour dire : Je vaincrai ou je périrai ! Puis, suivi du brillant cortège des capeadores, il s’avance résolument vers le taureau. Ici, il y a une véritable lutte corps à corps, digne d’un chant d’Homère.

« D’un côté, la brute avec ses cornes terribles, sa force prodigieuse, sa soif de sang, exaspérée par la douleur, aveuglée par la colère, hideuse, sanglante, épouvantable ; de l’autre, un jeune homme de vingt ans, vêtu comme un danseur, à pied, seul, sans autre défense qu’une légère épée. Mais dix mille regards sont attachés sur lui ! Le roi lui prépare un don ! Sa maîtresse est là, dans une loge, qui le regarde ! Mille dames tremblent pour sa vie ! Le taureau s’arrête, le regarde ; il regarde le taureau et agite le drap rouge devant lui. Le taureau se baisse, l’espada se jette de côté, la corne formidable lui rase le flanc, heurte le drap rouge et frappe dans le vide. Un tonnerre d’applaudissements éclate sur tous les gradins, dans toutes les loges, dans toutes les galeries. Les dames regardent avec leurs lorgnettes et s’écrient : «il n’a pas pâli !» Le silence se rétablit, on n’entend pas un mot, pas un murmure. L’audacieux torero fait voltiger à plusieurs reprises la muleta devant l’animal furieux, la lui passe au-dessus de la tête, entre les cornes, autour du cou, le fait reculer, avancer, tourner, sauter, il se fait assaillir dix fois, et dix fois, par un léger mouvement, il échappe à la mort ; il laisse tomber la muleta, il la ramasse sous les yeux du taureau, il lui rit au nez, le provoque, l’insulte, s’en fait un jeu.

« Tout à coup, il s’arrête, se met en garde, lève son épée, calcule son coup : le taureau le regarde ; encore un instant, et ils s’élanceront l’un contre l’autre en même temps : l’un des deux doit mourir. Dix mille regards courent, avec la rapidité de l’éclair, de la pointe de l’épée à la pointe des cornes, dix mille cœurs battent d’anxiété et de terreur, tous les visages sont immobiles, on n’entend pas un souffle, l’immense foule paraît pétrifiée… voilà l’instant ! Le taureau s’élance, l’homme frappe : un seul cri aigu, suivi d’une tempête d’applaudissements, s’élance de toutes parts : l’épée a pénétré jusqu’à la garde dans le cou du taureau ; le taureau chancelle, et, jetant un flot de sang par la bouche, tombe comme foudroyé.

« Alors c’est un tumulte indescriptible : la multitude semble forcenée ; tous se lèvent, gesticulent, poussent de grands cris ; les dames font voltiger leurs mouchoirs, battent des mains, agitent leurs éventails ; la musique joue ; l’espada vainqueur s’approche de la barrière et fait le tour de l’arène ; sur son passage, des galeries, des loges, des gradins, les spectateurs exaltés par l’enthousiasme, lui jettent des poignées de cigares, des portefeuilles, des cannes, des chapeaux, tout ce qui leur tombe sous la main : en peu d’instants, l’heureux torero a les bras chargés de cadeaux, il appelle à son secours les capeadores ; rejette les chapeaux aux admirateurs, remercie, répond comme il peut aux saluts, aux louanges, aux noms glorieux qu’on lui crie de tous les côtés, et arrive enfin sous la loge du roi.

« Le roi met la main à la poche, tire un porte-cigares plein de billets de banque et le jette : le torero l’attrape au vol, la foule éclate en applaudissements. Pendant ce temps, la musique joue la marche funèbre du taureau ; une porte s’ouvre, et l’on voit entrer au galop quatre superbes mules ornées de plumets, de glands et de rubans jaunes et rouges, conduites par une troupe de chulos ; elles emportent l’un après l’autre les chevaux morts, puis le taureau, qui est porté tout de suite sur une petite place voisine, où une horde de gamins l’attendent pour tremper leur doigt dans son sang, après quoi il est écorché, dépecé et vendu.

« L’arène reste libre, la trompette sonne, le tambour bat : un autre taureau se précipite hors de sa prison, attaque les picadores, éventre les chevaux, offre son cou aux banderilleros, est tué par un espada ; et ainsi se présentent dans l’arène l’un après l’autre, sans interruption, six taureaux. »

Je suis d’opinion que ces jeux sont barbares ; mais je crois qu’il serait bien difficile de les abolir. On l’a tenté à plusieurs reprises, mais sans succès.

Dans tous les cas, s’il faut que le peuple s’amuse, on admettra que cet amusement a beaucoup moins d’inconvénients que le théâtre immoral.