De l’imprimerie de l’auteur (p. 139-142).

Conclusion.


Le dixième jour devait éclairer la célébration solemnelle du mariage de Zoloé avec d’Orsec. À peine ce tems suffisait-il aux préparatifs de toute espèce, auxquels il lui fallait présider. Forbess avait tenté inutilement à renouer avec Volsange ; elle était restée inexorable. Le goût de Lauréda pour Fernance était devenu une passion impétueuse ; elle ne pouvait se priver du plaisir de le voir et de l’entendre.

Cependant Fessinot se reposait sur la fidélité de sa digne épouse ; mais il est par-tout de ces génies malveillans ou jaloux qui se plaisent à semer la division et les haines. Averti par un de ses charitables collègues des assiduités de Fernance, il veut y opposer son autorité. Lauréda reste séquestrée de toute communication. Il croit tenir son honneur en sûreté sous la sauvegarde des verroux. Précautions superflues ! Celui même qui éveille sa jalousie s’empare de la place qu’il conseille de si bien garder, et il est encore aujourd’hui en possession de la souveraineté.

Forbess, chaque jour, parcourait, les assemblées, les spectacles, et ne pouvait rencontrer Volsange. Les agens les plus affidés avaient perdu leur tems à la chercher. Milord sortait de l’opéra sans avoir fait attention à la musique, ni au sujet de la pièce. Il appelait ses gens en colère. Un cavalier descend avec précipitation, le heurte et le renverse. — Chevalier, s’écrie-t-il en fureur, vous m’insultez. À demain huit heures du matin au bois de Boulogne, ou je vous tiens pour lâche. — À demain, Milord.

Le combat avait commencé ; l’épée n’ayant pu le terminer : le pistolet, s’écrie l’un des champions. Le sort décide qui tirera le premier, il favorise Milord, il manque son coup ; son adversaire l’ajuste et lui perce la corne de son chapeau. — C’est assez, dit l’inconnu. Tu chancèles ; lâche, reconnais Volsange. Et aussitôt, elle se jète sur son cheval et part rejoindre Zoloé.

Ce jour était désigné pour son mariage. Il fut célébré en présence d’une nombreuse assemblée. Parmesan de son côté a tenu promesse à Mirval, et lui a appris à respecter l’honnête médiocrité. La marquise de Mirbonne continue de se livrer sans mesure à tous ses caprices. Fessinot devenu le ridicule même, n’ose plus faire entendre sa voix au sénat. Guilelmi est marqué du sceau de l’opprobre. Fernance dégoûté de la frivolité et de l’inconstance française est rentré dans sa patrie. Sabar est tout-puissant et méprisé ; d’Orbazan l’idole du beau sexe, et le fléau des mœurs.

Qu’on se rappèle que nous parlons en historien. Ce n’est pas notre faute, si nos tableaux sont chargés des couleurs de l’immoralité, de la perfidie et l’intrigue. Nous avons peint les hommes d’un siècle qui n’est plus. Puisse celui-ci en produire de meilleurs, et prêter à nos pinceaux les charmes de la vertu !


FIN.