Adolphe Lacuzon, À Marceline Desbordes-Valmore, poésie de M. Adolphe Lacuzon dans Le Monument de Marceline Desbordes-Valmore

1896




À Marceline Desbordes-Valmore


Toi qui sus la tristesse et l’angoisse d’aimer,
Et, malgré la souffrance où tu restas clémente,
Voulus, dans l’écrin d’or des rimes, renfermer
Tout ce qu’avait rêvé ton noble cœur d’amante,

Voici que ta louange exalte un chœur puissant,
Et que nous saluons, tels qu’au nom de l’Histoire,
Le bronze qui t’érige aux regards du passant,
— Voici de pauvres vers pour fleurir ta mémoire.

Tu n’as vu le bonheur qu’au travers de tes pleurs ;
Mais lorsque se mourait ton âme aux solitudes,
L’écho t’a rapporté, pour sacrer tes douleurs,
Le long sanglot d’amour qui vient des multitudes.

Laisse ma voix chercher la tienne pour soutien,
Ta plus tendre romance en moi se remémore,
Et mon chant se module au rythme ému du tien,
Ô douce Marceline, ô Desbordes-Valmore !

Femme qui prias,
D’espérance veuve,
Femme qui prias,
Et t’agenouillas,

Et dis en tremblant,
Sous l’amère épreuve,
Et dis en tremblant
Ton rêve troublant ;

De l’éternité
Où l’heure s’engouffre,
De l’éternité
Pour toi de clarté,