Lucien Bégule, La Cathédrale de Lyon 1913

AVANT-PROPOS




Assise au pied de la colline de Fourrière, dont la nouvelle basilique s’élève sur les ruines du forum de l’antique Lugdunum, la cathédrale de Lyon se présente au visiteur venant de l’intérieur de la ville par le chevet. Flanquée de deux tours carrées et puissantes, revêtues d’une noire patine par le brouillard lyonnais, elle se reflète dans les eaux tranquilles de la Saône. Ces tours, comme celles de la façade, dépassent de quelques mètres seulement la hauteur de la nef et contribuent ainsi au caractère sévère et sobre de l’édifice, où domine la ligne horizontale qui contraste si vivement avec la montée verticale des cathédrales du Nord, surmontées de leurs flèches légères.

La nef surélevée, contrebutée par d’élégants contreforts, se dégage à peine des constructions voisines. Au midi, elle est en partie masquée par la maison dite des « Comtes de Lyon » ; au nord, par des bâtiments élevés sur l’emplacement des anciennes églises Saint-Étienne et Sainte-Croix. Au couchant, la façade, d’une grande sobriété de lignes, se confond, jusqu’à mi-hauteur, avec les tours occidentales et ouvre sur les nefs ses trois vastes portails aux sculptures si hautement intéressantes encore, malgré les mutilations qu’elles ont subies.

En dépit du titre qu’elle porte, au spirituel, de « premier siège des Gaules » notre cathédrale ne saurait se comparer aux grands édifices du Nord, ni par l’étendue de son plan et la gigantesque élévation de la nef, ni par la richesse des sculptures et le nombre des vitraux. Cependant, la parfaite harmonie des proportions de son chœur et de sa nef, l’intérêt iconographique de la sculpture et des vitraux, la perfection des détails de toute son ornementation méritent vraiment l’admiration et justifient la place honorable qui lui a été donnée dans cette collection.

Si Saint-Jean-Baptiste de Lyon n’a pas l’unité de style de Notre-Dame de Paris, de Reims et d’Amiens, puisque son abside fut élevée au xiie siècle, sa nef au xiiie siècle et sa façade aux xive siècle et xve siècle, ces constructeurs successifs ont cependant su respecter dans une très sage mesure le plan primitif, et l’édifice ne présente pas l’incohérence et le disparate de tant d’autres monuments érigés dans un aussi long espace de temps.

En écrivant cette brève monographie, nous n’avons songé ni à présenter une histoire complète de l’édifice, ni à