Jean Geoffroy, La Grammaire de Pierrot 1893



Des Noms Communs et des Noms Propres.


Vous vous souvenez sûrement de l’éducation de Pierrot. Pierrot a grandi et Pierrot apprend la grammaire.

Quand je pense qu’il y a des enfants qui trouvent la grammaire difficile ! Pierrot ne trouve pas, lui.


Commençons. — Il y a deux genres de noms :

Le nom commun et le nom propre.

Arbre est un nom commun parce que de tous les arbres on dit : c’est un arbre.

Oie est un nom commun parce que de toutes les oies on dit : c’est une oie.

Garçon, fille sont des noms communs parce qu’on dit : fille, garçon, de tous les garçons et de toutes les filles.

Votre frère est un garçon ; votre cousin est un garçon ; votre sœur et une fille, ses petites amies sont des filles.

Mais le nom de Paul, de Maurice, de Pierre, qui sont ceux de votre frère, ou de votre cousin, ou d’un de vos amis ;

Les noms de Jeanne, de Claire, d’Yvonne, qui sont ceux de votre sœur, ou de votre cousine, ou d’une petite amie, sont des noms propres.

Celui de Julie est le nom de la maman de Pierrot, et Pierrot a acheté un beau rosier pour lui souhaiter sa fête.

Jean est le nom de son grand-père, et Louis celui de son oncle. — Ce sont des noms propres à ces personnes-là.

Saurez-vous, maintenant, faire la différence entre le nom commun et le nom propre ?

Pierrot le sait très bien, maintenant.



Des Noms qu’il ne faut pas employer
l’un pour l’autre.


Pierrot revient un soir de l’école, en compagnie de Pierrette.

On est en hiver, les arbres n’ont plus une seule feuille. La lune a ouvert tout grand son œil gauche, et, d’un air de bonne humeur, regarde courir le frère et la sœur.

Trois vieux corbeaux sont perchés sur une branche et entonnent une chanson sur leur passage.

Ils s’imaginent avoir les plus belles voix du monde.

— Quels vilains coassements ! s’écrie Pierrot qui n’est pas de leur avis.

— Ah ! ah ! ah ! font les corbeaux, coassements ! Il nous prend pour des grenouilles !


Le frère et la sœur continuent leur chemin ; ils arrivent près d’un fossé au fond duquel les grenouilles étudient un morceau, pour un grand concert qu’elles doivent donner à la lune, la nuit suivante.