Pierre Daru, L’astronomie, poème en six chants 1830


L’ASTRONOMIE.




CHANT PREMIER.




Exposition du sujet. — Notions générales sur la nature des Corps Célestes ; leur origine ; leur durée. — De la Lumière. — Bienfaits dont l’homme est redevable à l’Astronomie ; la mesure du Temps, la connaissance des Saisons ; le perfectionnement de la Navigation ; le mépris de l’Astrologie. — Abandon du culte du Soleil.


Quel mortel, vers l’Olympe élevant ses regards,
N’a demandé les noms de tant d’astres épars ?
À contempler leur cours qui n’a donné des veilles ?
J’entreprends de chanter leurs brillantes merveilles,
Les lois que leur fixa l’arbitre souverain,
Et que l’homme a su lire en ce livre divin.
      Vous, qui de l’univers maintenez l’harmonie,
Ô puissance ! ô lumière ! ô sagesse infinie !
Donnez-moi d’entrevoir vos sublimes secrets,
Et qu’une voix mortelle annonce vos décrets (1).
Je les confie au rhythme, ami de la mémoire.
Les cieux de leur auteur nous racontent la gloire :
L’homme sort du néant, quand il sait l’admirer.
Astres majestueux, c’est à vous d’éclairer
L’atôme intelligent, si grand dans sa faiblesse :
Le spectacle du ciel prépare à la sagesse (2).
      La terre ouvre son sein à vos feux bienfaisants :
L’Océan obéit à deux astres pesants ;
La brute, par instinct, d’épouvante glacée,
Redemande à grands cris leur lumière éclipsée :
Tout reconnaît les lois de ces globes lointains,
Et l’homme crut long-temps y lire ses destins.
Cieux, montrez-nous celui dont vous êtes l’image :
L’étude est à ses yeux notre plus digne hommage.
L’être aux sens imparfaits a dans le firmament
Placé de ses travaux le plus beau monument ;
Mais il est des secrets que la docte Uranie
Pour d’autres temps réserve aux regards du génie.
      L’homme a sondé des cieux la vaste profondeur,
Révélé des soleils la marche et la grandeur :
Parmi ces feux lointains, qui roulent sur nos têtes,
Chaque jour, plus puissant, son œil fait des conquêtes ;
Des astres inconstants, qui ne brillent qu’un jour,
Son art trace l’orbite, et marque le retour.
Un mortel nous apprit qu’une force invisible
Anime et fait mouvoir la matière insensible.
Tous ces mondes brillants, dans l’espace lancés,
Attirés l’un par l’autre, y restent balancés,
Et, soumis à Newton, dans leur orbite immense
Gravitent par leur poids, qu’affaiblit la distance.
Mais quel est ce pouvoir, ce don mystérieux,
Par qui tout pèse, attire, et flotte dans les cieux ?
Quel peut être ce vide, océan de