Camille Doucet, Versailles 1839



VERSAILLES.




AU COMTE DE PARIS.


Erudimini !…


Enfant qui reposez ignorant de la vie,
De vous la raconter Dieu m’a donné l’envie.
Je sais bien que votre âge est l’âge aux rêves d’or,
Que c’est bon de laisser dormir l’enfant qui dort,
Et que je viens trop tôt pour vous faire comprendre
Ce que votre faiblesse à peine peut entendre ;
Mais vous êtes de ceux qui veillent ici-bas ;
Écoutez donc, Enfant ; les rois ne dorment pas.

Le secret de la vie, admirable science,
Pour tous, grands et petits, est dans l’expérience ;
Non pas celle qui vient à la suite des ans
Et que l’homme, trop tard, achète, à ses dépens ;
Mais celle qui, pour nous par nos pères acquise,
Nous est, dès le berceau, par nos pères transmise.
Donc des choses d’hier, des choses d’autrefois,
Instruisez-vous : l’histoire est la leçon des rois.

Là-bas, à l’horizon de la haute colline
D’où l’astre de Paris émerveillé décline,
Il est un monument aux gloires consacré,
Deux fois, par deux grands rois, en deux siècles créé,
Théâtre d’abord, puis archives de l’histoire,
Et qu’on pourrait nommer le Temple de mémoire.
Celui qui le fonda fut, entre vos aïeux,
Un des plus grands, surtout un des plus glorieux ;
Il le fut par les arts, par la paix, par la guerre ;
Il eut Colbert, il eut Turenne, il eut Molière ;
Il eut tout ce qu’un roi, rempli dans ses désirs,
Peut avoir en puissance, en honneurs, en plaisirs ;