Madame Sauvalle, Mariage d’une petite princesse dans Le Journal de Françoise 1902


Le mariage d’une petite princesse

Étude historique
(suite)


Aussi lorsque Tessé arrivait à Turin pour y conclure le mariage du duc de Bourgogne, trouva-t-il la petite princesse toute préparée au nouveau rôle que ses onze ans allaient avoir à jouer.

La veille du départ, il y eut au palais, un grand festin suivi d’un grand bal. La charmante enfant portait une robe en velours blanc ciselé avec une taille longue et busquée, un fil de perles au cou et des fleurs de grenadier dans ses cheveux frisés en spirales. Il est probable que l’enfant ne dut pas profiter beaucoup de cette soirée magnifique, si l’on songe aux ennuis de l’étiquette officielle pour une fillette de onze ans qui ne devait demander qu’à rire et à sauter ; mais ces enfants de rois, élevés d’après une discipline sévère, prenaient une attitude constamment digne, du moins en public et grandissaient loin de leurs parents sans connaître leur tendresse. Dès qu’ils paraissaient devant eux, une tenue impeccable leur était imposée.

Le soir du bal, notre petite princesse dansa avec M. de Tessé et montra un visage souriant toute la soirée. Mais le lendemain, elle ne put retenir ses pleurs et se jeta au cou de sa mère en sanglotant, — son auguste père l’attira doucement à lui, l’appelant des plus doux noms et lui faisant encore quelques recommandations pour le voyage.