Arthur Rimbaud, Jeunesse dans Illuminations, édition Vanier 1895


IV

JEUNESSE




I
DIMANCHE


Les calculs de côté, l’inévitable descente du ciel, la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l’esprit.

— Un cheval détale sur le turf suburbain, le long des cultures et des boisements, percé par la peste carbonique. Une misérable femme de drame, quelque part dans le monde soupire après les abandons improbables. Les desperadoes languissent après l’orage, l’ivresse et les blessures. De petits enfants étouffent des malédictions le long des rivières.

Reprenons l’étude au bruit de l’œuvre dévorante qui se rassemble et se monte dans les masses.


II
SONNET


Homme de constitution ordinaire, la chair n’était-elle pas un fruit pendu dans le verger, ô journées enfantes ! le corps un trésor à prodiguer ; ô aimer, le péril ou la force de Psyché ? La terre avait des versants fertiles en princes et en artistes, et la descendance et la race nous poussaient aux crimes et aux deuils : ce monde votre fortune et votre péril. Mais à présent, le labeur comblé, toi, tes calculs, toi, tes impatiences, ne sont plus que votre danse et votre voix, non fixées et point forcées, quoique d’un double événement d’invention et de succès une liaison, en l’humanité fraternelle est discrète par l’univers sans images ; — la force et le droit réfléchissent la danse et la voix à présent seulement appréciées.


III
VINGT ANS


Les voix instructives exilées… L’ingénuité physique amèrement rassise… Adagio. Ah ! l’égoïsme