- Molière, Le Mariage forcé, 1660
Scène première. — Sganarelle.
Je suis de retour dans un moment. Que l’on ait bien soin du logis, et que tout aille comme il faut. Si l’on m’apporte de l’argent, que l’on vienne me quérir vite chez le seigneur Géronimo ; et si l’on vient m’en demander, qu’on dise que je suis sorti, et que je ne dois revenir de toute la journée.
Scène II. — Sganarelle, Géronimo.
Voilà un ordre fort prudent.
Ah ! seigneur Géronimo, je vous trouve à propos ; et j’allais chez vous vous chercher.
Et pour quel sujet, s’il vous plaît ?
Pour vous communiquer une affaire que j’ai en tête, et vous prier de m’en dire votre avis.
Très volontiers. Je suis bien aise de cette rencontre, et nous pouvons parler ici en toute liberté.
Mettez-donc dessus [1], s’il vous plaît. Il s’agit d’une chose de conséquence, que l’on m’a proposée ; et il est bon de ne rien faire sans le conseil de ses amis.
Je vous suis obligé de m’avoir choisi pour cela. Vous n’avez qu’à me dire ce que c’est.
Mais, auparavant, je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.