Wikisource:Dictionnaires/Dictionnaires du 16e siècle - latins ou bilingues/Jean Nicot - 1re éd., 1573/Index alphabétique - A


Lettre A
Introduction

Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573
A, pages 1 à 70

B


A


EST la premiere lettre de l'alphabet françois, cōme elle l'est außi de ceux de toute autre langue.

A außi est vne prepositiō signifiant ores stabilisé en quelque lieu, cōme, Il est à Paris, Est lutetiæ : & ores mouuement à vn lieu, comme, Ie men vay à ma metairie, In villa proficiscor : ores selon, comme, Cela sera à l'ordonnance des arbitres, Iuxta aut secundùm bonorum virorū arbitrium fiet.

A außi se prend simplement pour en, comme, A la presence des Euesques, In præsentia Episcoporum, id est adstantibus Episcopis, qu’on dit plus vsitéement, en la presence.

A außi signifie pour, comme, Il est tenu à perdu, A vil, A sot, A fable, A fils de Roy, Vne vis à pressouer, c’est à dire pour perdu, vil, sot, fable, fils de Roy, pour vn pressouer, au 3. liure d’Amad. chap. 6. Toutesfois il estoit lors peu cognu à fils de Roy, il est appelé à garand, pour garand.

A estant auec les noms propres est vn article du cas genitif en denotation possessiue, pour De, comme, La maison à Pierre, la femme à Robert, la fille au Duc, ædes Petri, vxor Roberti, filia Ducis. Ce palais est à Pompée, Hoc palatium est Pompeij, & estant auec les noms appellatifs, prent article apparent auec elle, & denote tousiours possession, comme, Ce champ est à la ville de Paris, Hic ager ciuitatis Parisiensium est.

A, en outre se prent pour Auec, comme, Il porte de synople à trou lyons d’argent, Scutum gerit viride cum tribus argenteis leonibus, id est, tribus leonibus argenteis insignitum, & il est eschappé à peu de perte, c’est auec peu de perte, Cum modico damno euasit. Vne chaire à accoudoirs, Vne eschelle à crampons, c’est auec accoudoirs, auec crampons, & le Roy d’Angleterre est descendu à grande armée, Cum magno exercitu.

A prenant auec soy l’article du nom qu’elle precede, signifie semblance, façon, mode & maniere, comme, Il est vestu à l’Italienne, c’est à dire, à la semblance, mode & façon des Italiens, Cultu vestituque Italico vtitur. Liu. l. 23. Si l’on n’aime mieux dire qu’en telles phrases, il y a elipse & subaudition de ce mot, façon ou maniere, & que A signifie lors, Selon : comme, Il porte l’espée à l’Espagnole, c’est à la façon des Espagnols, c’est à dire, selon la mode des Espagnols.

A außi est vne diction indeclinable qui est indifferemment employée auec autres declinables & indeclinables seruant à la signification d’icelles, & ce tantost en qualité de la preposition ad, comme, A chef, Ad finem, Ad exitum : ou de la preposition ob, propter, comme, A ceste cause, Propter id, A propos, Ad rem : & tantost autrement, comme, A tant, A tard, A peu, A peu que, A nef, A ma plaisance, A mon escient, A son escient, A poinct, A vau de route, A deceu, A banniere desployée, A cœur, A sçauoir, A temps, A tort, A loisir, A cheual, A nourrice & semblables, cerchez Tant, Tard, & les autres.

Ada, Aduas fluuius qui in Rheticis iugis oritur, labensque per Veltlin, ingreditur in lacum Cumanum, qui olim Larius dicebatur.

Aage, m. Ætas, Æuum.

Commencement d’aage, Iniens ætas.

Accroissement d’aage, Progressus ætatis.

Bas aage, Ætas minor XXV. annis, qu’on dit aussi minorité d’ans.

Petit aage, Ætatula.

L’aage d’un an, Annicula ætas, Annua ætas.

L’aage de deux ans, Bimula ætas, Bimatus, huius bimatus.

L’aage de trois ans, Trimatus, huius trimatus.

L’aage de quatre ans, Quadrimatus.

De cinq ans, Quimatus.

L’aage de quatorze ans és masles, & de douze és femelles, Pubertas, pubertatis, Puber ætas, nubilis vtrisque ætas.

L’aage de dixhuict ans, Plena pubertas.

Aussi aagez l’un que l’autre, Pares ætate.


Tous d’un aage, Æquales, Æquæui.

Ils estoyent tout d'vn aage, Vna ætas erat.

Il est de cest aage là, Ea ætate est, Illa ætate præditus est.

Rapporter l’aage l’un à l’autre, Comparare aliquorum ætatem.

Il a dit que je n’estoy pas si aagé que son fils, Me infra ætatem filij sui posuit.

Dés son jeune aage, Iam inde ab adolescentia, A pueritia. Inde ab ineunte ætate, A prima ætate, Ab adolescentulo, ab adolescentia.

Dés que je commençois à venir en aage, Ab ineunte adolescentia, A prima adolescentia.

Aage maniable & aisée à gouverner, Ætas mollis ac flexibilis.

Il n’est pas encore en aage de perfection, Nondum maturæ est ætatis.

Iaçoit qu’il n’ait point encore l’aage de pouvoir, etc. Etsi per ætatem nequeat, aut non liceat, tamen etc.

Estre en aage de pouvoir faire quelque chose, Per ætatem posse aliquid, Iustæ ac legitimæ ætatis esse ad rem gerendam.

Qui est en aage de pouvoir administrer le royaume, qu’on dit, Majorité de Roy, qui est au regard des Rois de France à l’aage de quinze ans, comme Jean du Tillet escrit en son livre de la majorité du Roy Tres-Chrestien, Qui per ætatem regnum gerere potest.

Qui sont en aage d’engendrer, Puberes filii.

Aage idoine à porter les armes, Ætas militaris.

Aage robuste, Adulta, Valens, Firmata, Corroborata, Prædura ætas.

Fleur d’aage, Integra ætas, Vigens ætas, Media ætas, Flos ætatis.

Venir en l’aage de virilité, Excedere ex ephebis.

Aage rassise & posée, Composita ac moderata ætas.

Le plus grand aage qu’on peut vivre, Summa ætas.

Aage tournée à oisiveté, Ætas deflexa ad otium.

Aage en laquelle on grille et tombe-on facilement en faute, Lubrica ætas.

L’aage s’en va et se passe legerement, Volat ætas, Proripit se ac fugit ætas.

I’ay aimé cependant que l’aage s’y addonnoit, ou que l’aage le portoit, Dum ætas tulit, amaui.

Aage conuenable à faire quelque chose, Apta atque idonea ætas, ad rem aliquam administrandam

Tout aage n’est pas convenable à se joüer, Non omnis ætas ludo conuenit.

Aage mariable, Ætas nubilis. Ætas iusta nuptiis contrahendis.

Aage à laquelle aisément on peut faire desplaisir, Ætas iniuriæ opportuna.

L’aage de la fille n’endure point que je soy negligent, Non manet ætas virginis meam negligentiam.

Chacun selon son aage dit son opinion, Vt quisque ætate antecellit, ita sententiam ordini dicit.

Employer son temps et son aage à l’estude, Ætatem appellere ad studia literarum, Ætatem consumere in studiis, Insenescere studiis: Ætatem impendere studiis, Conterere ætatem in studiis, Traducere ætatem in studiis literarum.

Passer son aage, Exigere ætatem, Exercere ætatem. Æuum traducere. Horat. lib. 1. Epist.

Passer son aage sans se mesler des affaires publiques, Ætatem procul a republ. agere. AEtatem procul a curis publicis exigere.

L’aage que j’ay par cy devant vescu, Superior ætas, anteacta ætas.

En cest aage, Hoc ætatis.

Jusques à cest aage cy, Ad hoc æui.

Nous sommes de cest aage là, Id ætatis iam sumus.

Il n’est plus en aage d’estre sous un maistre, Excessit illi ætas ex magisterio.

L’aage l’a surprins, Il est ja vieil, Ætas illum imprudentem oppressit.

Un aage vient apres l’autre, Ætas succedit ætati.

Femme de bonne aage, Bona ætate fœmina.

Aage, c'est tantost vn terme general pour designer tout aage, cōme il est agé de neuf, de douze, de vingt, de trente, de quarante, de cinquante ans. Natus est annos ix. xii. xx. xxx. xl. l. Tantost signifie de grand aage, comme, Il est desia aagé, Ia grandæuus est. Et tantost vn qui attainct, ou est reputé auoir attainct l'aage par le droict prefini, pour valablement gerer exercer & administrer ses affaires, Ætate legitima præditus. selon ce on dit, que tout homme noble tenant fief, est reputé aagé à l’aage de vingt ans, et la femme à quinze accomplis, quant à la foy et hommage et administration de fief, Legitimæ ætatis homo, feminaque ad eas res suapte autoritate gerendas.

Fort aagé, Qui est de grand aage, Grauis ætate, vel annis, Grandis, vel Magno natu, Obsitus æuo, Plenus annis, Grandæuus, Prouecta ætate homo, Annosus admodum, valdeque annosus, voyez, Fort.

Non pas fort aagé, Non admodum grandis natu.

Estre plus aagé qu’un autre, Præcurrere aliquem ætate, AEtate anteire, Antecedere ætate, Addita ætate esse.

Je suis le plus aagé, Sum natu maximus inter plures, vel natu maior inter duos.

Grand aage, Grandæuitas, Grandis ætas.

Homme de grand aage, Senior.

Il ha de l’aage, ou, il est aagé, Processit ætate, Annosus est.

Aage auquel on ne peut plus travailler, Ætas emerita, effœta ætas.

Le dernier aage où l’homme peult parvenir, Sūma ætas, Decrepita ætas, Ætas effœta, extrema ætas.

En sō dernier aage, Supremis suis annis, Vltima ætate.

Aage declinant sur la fin, Præcipitans ætas, Fllexus ætatis, Deuexa ætas, Vergens ætas.

L’aage qui de iour en iour s’appesantit, Ætas ingrauescēs.

En son vieil aage il vient en enfance, Senecta ætate factus est puer, Repuerascit.

Aage abaissée, Declinata, Præcipitata, Depressa ætas.

Qui est sur le bas de son aage, Decliuis ætate, Prouectus ætate, vel Prouecta ætate homo.

Qui est de long aage, Longæuus, Diuturna ætate.

Aage passé, Acta ætas, Exacta,

Apres l’aage passé, Exacta ætate.

Qui est hors d’aage, Exactæ ætatis vir, Emerita ætate.

Tu estois hors d’aage de prēdre femme, Tua præterierat iā ad ducendum ætas, Nubilem ætatem excesseras.

Quel aage t’est-il advis que i’aye? Quid tibi ego ætatis videor? Plaut.

Homme aagé, Annosus.

AB

Abacvc, La mer d’Abacuc, ou d’Abacuth. Latinis mare Caspiū et Hyrcanū. Aucūs l’appellēt Mare de Sela.

Abaisser, cerchez Abbaisser.

Abandon, m. ou Bandon, Indulgentia, Licētia, l'Espagnol dit außi Baldon pour licēce, permissiō, pouuoir dōné.

Abandonner, ou & mieux Abbādonner, C'est mettre à bandō, c'est à dire à qui premier en vouldra, & mettre vne chose en la liberté de qui la vouldra prendre, Pro derelicta emittere.

Abbandōner außi, ab effectu, se prend pour Delaisser, De ferere, Destituere, d’autāt que qui met vne chose à qui premier en voudra, il la laisse et s’en desempare.

Abbandonner außi és anciens Romains, se trouue vsurpé, pour presenter au commandemēt d'aulcun quelque chose qui neantmoins celuy qui la presente ne neglige pas, cōme il abbandōna au roy ses pays, ses hōmes, & ses thresors, c'est à dire, il offrit au commandemēt du roy ses pays, ses hommes & tresors.

S’abbandonner à pleurs comme une femme, Proiicere se in muliebres fletus, Dédere se lamētis muliebriter.

S’abbandonner à plaisirs & voluptez desordonnez, Se libidi nibus tradere, Addicere.

S’abādōner & s’addōner publiquemēt à paillardise, Colloca re se palā in meretricia vitya, Dedere se libidinib’.

S’abbandonner à ieux, Lusibus incumbere.

S’abbandonner au danger d’estre oultragé, Offerre se contumeliæ.

Abbandonner sa liberté, et se rendre serf, pour auācer autruy, Proiicere libertatem suam alicuius potentiæ.

Abbandonner ses œufs, Incubationem derelinquere.

Abbandonner femme et enfans, Deserere vxorem ac libe-


ros, Pignora sua pro derelictis habere. B.

Qui m’ont abandonné quand il estoit question de ma vie et honneur, Desertores salutis meæ.

Celuy qui abādonne la vie d’aucun au premier qui le pourra tuer, Proscriptor.

Abandonné, Desertus, Destitutus, Abdicatus.

Delaissé & abandonné des medecins, A medicis deploratus.

Vne province abandonnée au pillage, Prouincia prædæ exposita.

Chose trop abandonnée, Res nimium deplorata.

Encores que toutes choses me fussent abādōnées et libres, Etsi omnia meæ potestati paterent, tamen, &c.

Abandonnement, Desertio, Defectio, Destitutio.

Abandonnement de raison, Defectio a recta ratione.

Abandonnéement, Licenter, Indulgenter, Solutè.

Abastardir, C'est tirer une chose hors du naturel, et la muer en estranges qualitez & partāt corrompre vne chose, Adulterare.

S'abastardir, Degenerare.

Abbaisser, Sēble que Bas viēne de ce mot Grec Basia, & que Abbaisser, vaut autāt que mettre à bas, cōme qui diroit, Ad basim, subaudi, deprimere, vel quidpiam simile.

Abbaisser, Deprimere, Demittere, Deiicere.

Quād quelque chose s'abbaisse, Subsidere dicitur res aliqua.

Abbaisser vne place & vn lieu, Deprimere locum.

Abbaisser une chose en la desprisant, Verbis rē aliquā deprimere.

Abbaisser la maiesté ou dignité d'aucū, Deprimere majestatem alicuius, Dignitatem alicuius deminuere.

Abbaisser quelque chose & la despriser, Eleuare.

Abbaisser, & amoindrir le loz & onneur d'aucun, Gloriam alicuius refringere ac deminuere.

La riuiere s'abbaisse, Summittitur flumen.

S’abbaisser à penser choses viles, Cogitationē in res humiles abiicere.

S’abbaisser jusques à la petitesse de laquelle ont accoustumé d'vser ceux qui sont accusez, Submittere se in humilitatem.

Qui s’abbaisse devant vn autre comme on fait deuant Dieu quand on le prie, Supplex, Proiectus.

Quand vn plus grand s'abbaisse à vouloir entēdre les affaires d'vn moindre, Demittere se ad curas alterius.

Faire abbaisser le prix des vivres, Leuare annonā.

Qui va en abbaissāt et en empirāt, Deflorescēs, Flaccescēs.

Abbaissé, m. Deiectus, Demissus, Depressus.

Abbaisseur, m. Infractor, Depressor.

Abbaissement, m. Submissio Deiectio, Demissio.

Abbaissemēt de courage, Animi demissio.

Abbaissement de son estat, Capitis diminutio.

Abbattre, C'est mettre par terre, ruer Ius quelque chose, la faire trebucher de haut en bas, Decutere, Destruere, Deturbare, Diruere, Percellere, Prosternere, Euertere, Excidere, Pessundare. Videtur scribi debere dictio per s, Abbastre : vt sit verbū factǖ à bas, quod significat infra, quasi tu dicas, Iecter à bas.

Abbattre vn edifice, Disturbare ædificium. B.

Abbattre vne maison, Demoliri domum.

Aisé à abbatre, Facile decussu.

La faim & la soif abbatent le corps, Fames & sitis corpus affligunt.

Cela abbat l’yurongnerie d’une personne, et le desenyvre, Illud discutit ebrietatem hominis.

Vaincre quelqu’un et l’abbattre à ce qu’il soit des nostres, Euincere aliquem, ac partium nostrarum efficere.

Abbattre quelqu'vn de parolles & gaignez, Cōficere aliquem.

Abbatement, m. Deiectio, Prostratio, Decussio, & se prend pour l’action d’abbattre, ou pour la chose abbatue.

Grand Abbatis, Magna strages.

Faire grand abbatis, Magnas strages edere.

Abbatu, m. acut. De signification passive, Deiectus, Prostratus, Depressus.

J’ay le cœur tout abbatu, Marcet animus, B. Afflicto sum animo ac deiecto.

Ils m’ont abbatu, Me labantem conuellerunt, B. ex Cic.

Abbay, m. Latratus. Sēble que ce mot & sa suite soyēt deriuez de ce verbe deponent Baubor, baubaris, qui signifie abbayer : ou plustost tant ce verbe Baubor, que ce mot Abbay et sa suite, sunt verba factitia à sono canis latrantis, voyez Rendre les Abbais.

Tenir aucun en abbay, Producere aliquem falsa spe.

Abbayer, Latrare, Oblatrare.

Quand l’eau bat contre quelque rive, tellement qu’elle semble abbayer, Allatrant maria oram aliquam.

Abbayer à que’cun, Allatrare aliquem.

Abbayement, m. Latratus, huius latratus.

Abbayeur, m. acut. Latrator.

Abbayant ou qui crie contre aucun, Oblatrator.

Abbé, ab Abba, dictione Syra, quæ parrem significat. Cœnobiarcha, Hetæriarcha, Antistes. B Abbas, abbatis. Erasm.

L’Abbé māge en cōvent, Hetaeriarcha epulatur cō sodal.

Abbesse, f. Antistes, vel Antistita, B.

Abbaye, f. penac. Antistitiū, Cœnobiarchia, Hetæriarchia, Abbatia, Erasm.

Abbecher vient de a et bec : C’est mettre au ou dans le bec d’un oiseau, mais n’ayant encores l’adresse de becquer, Adescare, Inrostrare : & par metaphore Attirer quelqu’un à sa cordelle, Illicere, Inescare.

Abbeché, m. Adescatus, & prætera Illectus, Inescatus.

Abbregé, m. Il descend de ce verbe Abbreuiare. Dont aucuns prononcent Abbrevié.

Abbregé de quelque chose que ce soit, Summa, summae, Epitome, epitomes.

Ce sera le plus abbregé, Id erit compendiosius.

'Abbreger', C’est rendre bref et accourcir, Breuiare, Contrahere, Circuncidere quæ ad rem non pertinēt, B. ex Varrone, Aucuns prononcent Abbrevier.

Abbreger quelque chose, et la dire en peu de parolles, Perstringere rem aliquam, Circuncidere, In compēdium conferre.

Abbreger et accourcir son chemin, Iter contrahere.

Abbreger le temps, Tempus contrahere.

Pour abbreger, C’est par forme d’adverbe, In summa, Vt in pauca conferam, Ne multa, B. ex Cic.

Abbregement, Compendiū, Contractio, Comme abbregement de proces, Cōpendiū, Contractio litium.

Abbreuver, ou Abbruver, Tantost c’est donner à boire, faire boire, comme, Abbreuver les chevaux, Adaquare ; tantost faire tremper & emboire d’eau quelque chose, comme, Abreuver les tonneaux ou autre vaisseau, Aqua, aut liquore alio imbuere : Et en drap abbreuvé d’eau, c’est trempé & outré d’eau. Selon laquelle signification on dit par metaphore, Abbreuver aucun de quelque opinion ou persuasion, pour le remplir, imbuer & outrer de telle opinion ou persuasion, Totū occupare ac persuasum habere.

Abbreuver son esprit de quelque art, Ingeniū artibus imbuere.

La terre n’est point abbreuvée de pluyes, ou mouillée, Terra pluuiis non abluitur.

Ils sont abbreuvez de ceste opinion, Imbuit mentem eorū ea opinio.

Abbreuvoir, m. Le lieu où on abbreuve les chevaux, Aquarium.

Mener à l’abbreuvoir, Appellere ad aquā, Adaquare equos.

Abecé, m. Abecedarium, Alphabetum, Tabula abecedaria, Libellus abecedarius. Ce mot est composé des trois premieres lettres Latines a b c, cōme en Grec des deux premieres.

Apprendre son abecé, Discere elementa.

Enfant qui apprend son abecé, Abecedarius puer, Elementarius puer.

abbeville, C’est le nom d’une ville en Picardie, compo-


sé de ces deux mots, Abbe, et ville, Abbatis villa.

Abbeille, voyez Aueille.

Abhorrir, ou Abhorrer, C’est avoir en horreur et detestation quelque chose, Abhorrere, Exhorrere, Abominari, Auersari.

Abhorent, m. acut. Celuy qui abhore & deteste quelque chose. Abhorrens, Abominans.

Ie ne suis trop abhorrant de c’este opinion. Ab hac opinione non multum abhorreo.

Abiect. m. acut. Celuy dequoy on ne tient conte, de quoy on ne fait point d’estime, Abiectus.

Abile, com. voyez Habile.

Abiller, voyez Habiller.

Abisme, m. voyez Abysme.

Ablatif, Ablatiuus, Auferendi casus, Casus Romanus.

Able, ou Ablette, f. Poisson ainsi nommé, Alburnus, Semble que le nom tant François que Latin, vienne de ce mot, Albus, qui signifie Blanc : comme si nous disions par transposition de lettres Able pour Albe. Telle transposition de lettres est fort frequente en toutes langues.

Ablution, f. C’est lavement, Ablutio, Baptismus, Lotio.

Abolir, Signifie proprement oster, effacer, et mettre du tout à neant quelque chose, comme si on disoit άπό τού όλον έκβάλλειν. Ex vniuerso tollere. Mais on en use pour mettre hors d’usage quelque chose, Abolere, Abrogare, Antiquare, Conuellere, Exterminare, Inducere, Interuertere, Obliterare, Resignare, Delere.

S’abolir et aller hors d’usage, Obsolescere, In desuetudinem abire.

Abolir ce qui est fait selon les loix, Quod factum est legibus rescindere.

Abolir les loix, Leges perimere, abrogare, antiquare, Pessundare et obterere.

Abolir le bruit du peuple Romain, Nomen populi Romani delere.

Abolir la memoire d’une chose, Memoriam rei alicuius obruere.

Oster et abolir ce que aucun a fait, Sustollere atque irrita facere quæ quis gessit, Antiquare.

Abolir du tout quelque magistrat, Magistratum tollere ac solo æquare.

Abolir une escriture par petis points qu’on met au dessous de chaque lettre en la maniere des anciens, Expungere.

Abolir une partie d’une loy par une nouvelle, Derogare.

Abolir un magistrat, Imminuere magistratum, B. ex Plin. iuniore, abrogare, tollere e republ.

Aboli, m. C’est mis hors d’usage, Abolitus, Obsoletus, Antiquatus, passiuæ significationis.

Abolie, f. C’est mise hors d’usage, effacée du tout.

Abolitiǒ, f. C’est effacement, aneantissement de quelque chose.

Abolition außi est une espece de lettres de grace d’un prince souverain d’aucun forfait ou crime capital perpetré par une commune de pays, ville, bourg ou village de ses subjets. Car aucuns veulent mettre en avant cette difference, entre lettres de grace, & lettres d’abolition, c’est que lettres de grace soient dites quand à un, ou deux, ou trois, ou tel autre nombre de particuliers, se chargeans de tel delict, remission en est faite par ledit prince : & lettres d’abolition quand toute une commune se charge de tel forfait, dont nul n’est particulierement & designamment attaint, grace en est faite par ledit prince. Autres ne veulent restraindre si court ce terme d’abolition en fait de Chancelerie. Mais abolition en terme de droit se prend tout autrement & pour la grace faite par le souverain, soit par les juges presidiaux à un accusateur criminel de se desister de son accusation sans encourir la peine de l’arrest. Turpillian.

Bailler lettres d’abolition comme fait le Roy, Crimen vel nomina reorum abolere.

Abolition de creances et vieilles scedules, Generale abolition de debtes passées, Tabulæ nouæ.

Abolition de comptes, Alogistia, vel Alogia, B.

Abolissement, m. Abolitio, Abrogatio, Antiquatio :

Abominer, ou avoir en abomination, Abominari, Detestari, Auersari.

Abominable, com. penac. Detestabilis, Abominandus.

Abomination, f. acut. Abominatio, Auersatio, Detestatio.

A bon escient, par forme d’adverbe, voyez Escient.

Abonder, Abundare, Affluere, Scatere, Exuberare.

Qui abonde en quelque chose, Dapsilis.

Abondant, m. Abundans, Affluens, Huber, Hubertus, Profusus.

Abondante, f. comme, Abondante nourriture, Alimētum largum.

Homme abondant & riche, Copiosus.

Fort abondant, Percopiosus.

Abondant en quelque chose, Affluens.

D’abondant, par forme d’adverbe, Ex abundanti.

Abondance, f. Abundantia, Affluentia, Feracitas, Fertilitas, Hubertas, Perfluentia, Copia.

Abondance de quelque chose que ce soit, Copia.

Grande abondance de toutes choses, Cornucopiæ.

Abondance de droict, Copia causæ.

Abondance de laict, Hubertas mammarum.

Grande abondance de fueilles, Luxuria foliorum.

Grande abondance de paroles, ou de language, Torrēs verborum, Flumen verborum, Copia verborum.

Avoir abondance et foison de quelque chose que ce soit, Abundare, Affluere.

Qui a grande abondance de sçavoir, Homo abundanti doctrina.

Ces herbes font avoir abondance de cire, Hac herbæ ceras exhuberant.

Bailler ou jecter fleurs en abondance, Fundere flores.

Porter fruits en grande abondance, Exhuberare pomis.

Rongner la trop gtrande abondance de nostre parler par l'exercitation d'escrire, Stylo descere luxuriam orationis.

C'est arbre romps de trop grande abondance de fruicts, Immodicis fructibus rumpitur arbor.

En abondance, par forme d’adverbe, Plena manu.

En grande abondance, Opulĕs er, Profusé, Maxima largitare.

Selon l'abondǎce de poisson que ie voiray qu'il y aura, i'acheteray, Ex copia piscaria cofidere licebit quod emā. Personne n'en donne en plus grande abondance, Dar nemo largius.

Iaçoit qu'il n'ait abondance, Etiā si nō abundè potitur.

Abondāment, Abundanter, Abŭdé, Affluēter, Benigné, Copiosé, Cumularè, Effusé, Fœcundè, Largé, Liberaliter, Munificé, Optimé, Opiparé, Plena manu.

Plus abōdamment exposez, Huberius explicata.


Abonner, Est par equitable rabais avalluer une chose, pour estre payée en argent, si mieux le redevancier ne l’aime payer en espece. Comme, Tel fief est chargé envers son souverain à muance d’homme, d’un cheval de service, abonné à soixante sols, ou d’une paire de gants abonnez à deux sols, c’est à dire courtoisement appreciez entre le seigneur & le vassal.

Abonner aussi est composer par rabais avec un fermier public à certaine somme de deniers, pour toute la denrée et marchandise que pourrez debiter dedans certain temps prefix sur la vente de laquelle ledit fermier a droit de percevoir & lever le huitieme, ou autre droit. Aucuns l’escrivent Aborner, comme, si on disoit mettre & accorder certaines bornes et limitations de prix et redevance : de sorte que quelque quantité qu’on en vende, le droit de la verité ne passera le prix de la composition faite, quasi Adlimitare, siue certos pecuniae redemptori soluendae limites ac terminos pangere.

Abonner aussi, selon maistre Fr. Ragueau, signifie aliener, changer, quand le vassal aliene ses rentes & debvoirs, hommages, ou change l’hommage à devoir.

Aborder, C’est venir à bord, approcher quelque chose, Applicare, Appellere, composé de a, et border.

Aborder, ou mettre les navires à bord, Naues ad terram applicare.

Aborder à terre, et se retirer vers quelqu’un, Se ad aliquem applicare.

Où aborderay-je ? Quo applicent.

Aborder & paruenir, Aspitare.

Aborder de parlles aucun, Aggredi aliquem dictis.

Viĕs m'aborder si tu oses, pouruue que ce ne soit que sur le cas


des crimes dãs est question, Cōgredere mecŭ ac minibus ipsis de quibus agitur.

Abord, m. acut. Approche, Appulsus, Appulsio, Applicatio.

Abordement, m. penac. Congressio, Congressus.

Abordable, com. gen. penac. Chose qui se peut aisément aborder, et approcher. Qui quæ ve adiri potest, estant ceste terminaison, able, és mots François le plus souvent signification de facilité et aisance, comme faisable, muable, tenable, qui se peut faire, muer, tenir, & en autres semblables.

Aborner, voyez Abonner.

Aboutir, act. acut. C’est faire bout, comme, L’aposteme a abouti. Caput fecit. Aboutir aussi est toucher à quelque chose & confiner à icelle par le bout, que les Latins appellent frons, comme, Cette maison aboutit au grand chemin. In fronte viam publicam limitem habet. Selon laquelle signification on dit les aboutissants d’une maison ou heritage, pour les limites des deux bouts d’iceluy de devant & derriere. Limites a fronte & tergo, aut a fronte & a tergo.

Aboutir à une terre, Attingere a fronte aut a tergo terram aliquam, Confinem esse.

Aboutissant, com. gen. penac. voyez, Aboutir.

Aboutissement, m. penac. Confinium, a fronte aut a tergo.


Abouuier, act. acut. Mot usité en certains lieux de Normandie, pour lascher les bœufs du joug apres qu’ils ont labouré, et les desjoindre. Abiugare tauros.

Abri, m. Vn abri ou le ſoleil frappe touſiours, Apricus locus, Apricum aprici.

Abri est en la terre ce que cale en mer, et partant ne peut estre de ce mot Latin apricus, jaçoit que Nebrissense rend en Espagnol abrigado lugar pour locus apricus.

Qui demāde à eſtre à l’abri, et se tenir au soleil, Homo apricus.

Eſtre à l’abri, Apricari.

Se mettre à l’abri pour eviter la pluye, c’eſt à dire, à garād de la pluye, & ſe mettre à couvert. Sub tectum ſubire.

A bride auallée, par forme d’adverbe, Effusis habenis. voyez Bride.

Abricot, m. Malū Armeniū, Prunū Armeniacum.

Abricotier, Malus Armenia, Prunus Armeniaca.

Abrier d’arbaleſtre, voyez Arbaleſtre.

Abroger, Abrogare, Antiquare.

Abroger un edict, Edictum refigere.

Abrogation, Abrogatio.

Abruuer, Abruuoir, voyez Abbreuuer.

Absconſer, Viēt du mot Latin Abscōſare, dōt il tient sa signification, & signifie Abdere, Cōdere se in abditū. Les Picards dient Eſconſer. Le ſoleil eſt esconsé, c’est à dire, caché & couché, Occidit ſol. Eſconcement de soleil. Occaſus ſolis. Aucuns dient Reconſer.

Abſent, m. Abſens.

Eſtre abſent, Abeſſe.

Faire quelque chose pour aucun abſent, Memoriæ alicuius operam dare.

Il n’y a rien pour les abſens, Abſentū ratio non habetur.

Il gaigne autant abſent que preſent, Absentis perinde ac præsentis ratio habetur.

Absence, Abſentia.

Abſence legitime, Abſentia iusta et causaria.

En nostre absence, Abſēntibus nobis, vel absente nobis.

Abſenter, Abſentare. S'abſenter, Abeſſe.

Abſince, ou Abſynthe, Abſinthiū, ou Abſynthiū. Aucūs l’appellent Aluine : les autres Fort, à cause de la forte odeur et vehemēte amaritude : Aucūs la mort aux vers.

Vin d’abſinthe, ou d’aluyne, Abſynthites.

Abſouldre, C'est declarer innocēt aucū des crimes à luy mis sus. Selō ce on dit, Il eſt declaré abſouds et relaxé. Abſouldre außi est deſlivrer & aquicter du forfaict commis & de la peine qui en depend : & ainſi en usent les eccleſiaſticques. Absoluere, E reis eximere.

Abſouldre de peine & de coulpe, Eximere noxæ pœnæque, B. Vulgo dicut Abſoluere a pœna et culpa.

Abſouldre quelqv'vn quāt au regard de la folie qu'ō luy mettoit ſus, Aliquem crimine commotæ mentis abſoluere.

Abſous, m. acut. Abſolutus. Abſoulte. f. Abſoluta, Liberata.

Abſous à pur & à plain des cas à luy impoſez, Reus omnino noxis solutus.

Abſcula Absous par l’opinion de la pluspart, Absolutus copiosé.

Absoute. f. Absoluta, Liberata.

Absoute generale, f. Lustratio populi, Lustria, qui se faict tous les ans la sepmaine saincte par l’evesque.

Absolution & declaration de n’avoir commis aucune faulte. Culpæ liberatio.

Absolution generale, ou absoute. Publica populi lustratio.

Abstenir, Abstinere, S’abstenir de vin un iour. Vino vnum diem temperare, Continere se a vino, Vino abstinere in vnum diem.

S’abstenir de māger, Cibo abstinere, Se cibo abstinere.

Abstinence, f. Continentia, Abstinentia.

Abstinence de vin, Vini abstinentia.

Abstinence de soupper, Cœnæ abstinentia.

Abstinence de guerre, Feriæ bellicæ, B. Induciæ temporariæ.

Abstersif, m. Qui a proprieté et faculté de nettoyer, Abstergendi facultate praeditus.

Abstersive, f. Abstergendi vel detergendi facultate praedita.

Abstrus, m. Caché, profond, & partant difficile, Abstrusus, Reconditus, Occultus.

Abstruse, f. Occulta, Abstrusa, Recondita, Secreta.

Absurde, com. Ineptus, Absurdus, absurdus.

Absurdité, f. acut. Ineptia.

Absurdement, Absurdé, Inepté.

Abuser, C'est ne user selō droit et raison de quelque chose. Abuti.

Abuser außi est tromper aucun sous faulse promesse et esperance, Falsum habere aliquem, Verba illi dare, Frustrari aliquem, Selon laquelle signification on dit, Abuseur pour un trompeur en ceste sorte.

Abuser außi est tomber en erreur, prenant une chose pour une autre, comme, Je me suis abusé en cela, Sum in ea re hallucinatus, Errore lapsus.

Abuser aucun et se moquer de luy, Aliquem frustrari, Deludere, frustra habere.

Abuser aucun et le tromper, Offundere errorem alicui, Imponere alicui, Frustrare aliquem, Frustrationem in aliquem iniicere, Frustrationes alicui dare.

Tu ne me sçaurois abuser, je te cognoy trop, Irrides, nihil me fallis.

Mener et abuser quelqu’un de belles paroles, Ductare aliquem frustra, Ducere aliquem phaleratis dictis.

Si je ne m’abuse, Nisi me animus fallit.

Tu abuses de tes amis, Stulte amicis vteris.

Il s’abuse beaucoup, Errat longe.

On s’abuse au nom, Erratur in nomine.

Tu t’abuses, cest à dire tu perds temps à penser faire cela, Nihil agis, B. ex Plauto, oleum et operam perdis.

Tu t’abuses si tu le crois, Erras si id credis, Falsus es.

Tu t’abuses totalement, Tota erras via.

Je sçay bien en quoy tu t’abuses, Teneo quid erres.

A fin que tu ne t’abuses, Ne frustra sis, B. ex Plauto.

C’est pour cestuy que je l’ay, et non pas pour toy, à fin que tu ne t’abuses, Huic, non tibi habeo, ne erres, Ne frustra sis.

Abusé, m. acut. Circumscriptus, Illusus, Falsus, Frustratus, Circunductus, Captus dolis.

Abusé par argent, Captus pecunia.

Estre abusé et trompé, Falsum esse, Frustra esse, Capi dolis.

Je suis abusé et deceu de mon esperance, Fefellit spes.

J’ay esté fort abusé de l’estime que j’avoy de toy, Opinio de te multum me fefellit.

O qu’il est bien abusé ! Vt falsus animi est.

Il est bien abusé et deceu de ce qu’il pense, Longe fallitur opinione.

Il ne m’a point abusé, Nihil me fefellit.

Si je ne suis point abusé en mon cas, Si bene me noui.

Abusée, f. penac. Elusa, Decepta, Errans.

Abus, m. acut. Abusus, huius abusus, Abusio, abusionis.

C’est abus, Frustratio est, opera perditur.

Abus et tromperie, Impostura, Frustratio, Praestigiae.


Abuseur, m. Impostor, Frustrator, voyez Abuser.

Abuseur de simples gens, Supplantator simplicitatis.

Abusement, m. Frustratio, Ludificatio.

Abusif, m. Frustrarius.

Abusifve, f. Frustraria.

Abusiuement, Frustratorié.

Abysme, m. Barathrum, Abyssus, huius abyssi, Chasma, huius chasmatia, Vorago.

Villes Abysmées, Devoratæ vrbes, Haustæ vrbes.

A C


aca, ou ace, ou acon, ville située en Phenice. Depuis elle a esté nōmée Ptolemais par les Ptolomées roys d’Egypte.

acaire, m. nom propre d’homme, Acarius.

Acanthe, voyez Branque Vrsine.

Acariastre, com. penac. Cil ou celle qui se gouverne par furie, et hors de toute raison, aussi luy adjouste-on presques tousjours ce mot fol, disant Fol accariastre, Insanus, Furiatus, Peut estre qu’il vient de κάρι id est caput : Comme si on disoit άκαριζ un homme sans teste, c’est à dire sans cervelle ne entendement : ou de sainct Acaire, auquel on meine telles gens en pelerinage.

acarnanie, Acarnania. Le pais d’Acarnanie est à present dict Ducat, ou Duché.

Accabler, C’est affouler aucun de coups pesans, l’aterrer à force de pesanteur, et de charger sur luy, Opprimere aliquem, Obruere.

Accablé, m. acut. Obrutus, Oppressus.

Accablée, f. penac. Obruta, Oppressa.

Accagnarder, act. acut. Composé de ad et cagnarder, qui vient de cagnard, qui est un lieu à l’abri du vent exposé au soleil, où les vautriens et faineants s’assemblent à rien faire, et estre le ventre au soleil, qu’on appelle pour ceste cause cagnardiers. Et signifie s’adonner à faineantise. Desidiae cessatrici ac inertiae sese dedere, turpi otio assuescere.

Accelerer, actif. acut. Est composé, et pur Latin, de ad et celerer inusité, qui vient de celer, aussi Latin qui signifie leger, prompt, habile. Accelerare, Le naïf François est haster, qui est d’action reflexive, car on dict, Je me haste, Accelero, Haste toy, Accelera, Il se haste, Accelerat.

Acceleration, f. Acceleratio.

Accent. m. Est pur Latin, et signifie l’elevation, ou rabbaissement, ou contour de la voix en prononçant quelque diction, Accentus, et consequemment signifie les virgules et marques apposées aux mots indicans les endroits d’iceux où il faut hausser, ou rabbaisser, ou contourner la voix : dont il y a trois manieres, accent aigu, dont voici la figure, / accent grief ou grave, ` et accent circonflex ou contourné, ^ ou ~.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite aiguë, est assis sur la derniere syllabe de la diction, comme il l’est en tous les noms masculins et infinitifs François, peu s’en faut, comme banny, baston, foüet, frapper, tuer, et autres.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite penacuta, est assis sur la penultiesme syllabe de la diction, comme en la pluspart des noms feminins François, beste, femme, Dame, foulée, et en certains infinitifs, braire, taire, frire, duyre, escourre.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite antepenacuta, n’a point de lieu en la langue Françoise, si lon ne le vouloit placer en ce verbe Javeler, que aucuns prononcent par ledit accent, et bien fort peu d’autres.

Accent circonflex, ou contourné, selon lequel la diction est dite circonflexe, n’a point de lieu en la langue Françoise, si qu’on en ait notoire appercevance, si l’on ne vouloit dire, qu’il se trouvast en Neelle Chaalons, Seel, Laon, Caën, faon, Haa, et és feminins finissans en deux voyelles, foulêe, batûe, ou en une diphtongue et une voyelle, Blaye, saulsaye, playe.

Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus.

Accent grave, ou bas, Accentus grauis.

Accent circonflex, Accentus circunflexus.

Accentuer, act. acut. Est marquer et prononcer l’accent, Accentuum apices notare, Tenorum notas appingere, Accentum obseruare, efferre.

Accentuer une syllabe en haut ou en bas, ou en circonflex, Syllabam acuere, vel eleuare, Grauare, vel Deprimere, vel Circunflectere.

Accepter, actif. acut. C’est recevoir et avoir pour bonne et aggreable quelque chose, Acceptare.

Je l’accepte pour mon serviteur, Placet ac gratum mihi est in famulis illum habere, famulis adnumerare.

Accepter une loy, Legem accipere.

Accepter l’excuse ou purgation d’aucun, Se contenter de l’excuse, Satisfactionem accipere.

Acceptable, com. gen. penac. Recevable et aggreable envers chacun, Gratus, Acceptus, Mettable.

Acceptilation, f. acut. Est un payement ou plustost, un acquit imaginaire de ce qui est deu par stipulation, et se forme ainsi entre le debiteur, et le creancier. Tiens-tu pas pour eu et receu ce que je t’ay promis ? ouy je le tiens.


Acception, distinction, Acceptio, Acception de personnes.

Il ne faut point avoir acception de personnes en justice, Causae studendum est, non personae : Iuris ratio, non amicitiae habenda est : Deponenda est amicitiae persona simul ac calculus in manum sumitur, assumendaque integritas, iurisque religio.

Acces, m. acut. C’est entrée à quelque chose, Aditus.

Nul ne peut avoir acces à luy, Nemo potest ad illum accedere.

Acces de fievre, Accessus febris, Paroxismus.

Acceßion, f. acut. Appendix, Accessio.

Accessoire, com. penac. Ce qui est outre le deu, substance et principal de quelque chose, Accessio.

Estre accessoire, et se donner parmy le marché, Accedere.

Soy voyant en cest accessoire, Destitutione illa perculsus, Quintius, B. ex Cic. pour en ce danger.

Accessible, com. penac. Accessu facilis.

Accident, m. pour Circōstāce ou Qualité, Accidēs, n. g. Accidĕs & fortunes, ou aduersitez, Casus, Accidĕtia, p. n.

Vn accident advenant au corps, ou à l’esprit au moyen de quelque cause que ce soit, Affectio.

Accidental, m. Fortuitus.

Accidentale, f. Fortuita.

Accoinct, Familier & amy d’approche, Pernecessarius, B. άκοίτιζ idem valet quod maritus, άκοίηζ vxor, hinc forte, Accointance.

Mon accoinct, Meus familiaris, Meus necessarius.

Demãder de s'accointer de quelqu'un, & auoir familiarité auec luy, Petere gratiã alicuius, Applicare se ad aliquě.

Accointance & familiarité qu’on a les vns auec les autres, Familiaritas, Consuetudo, Cõsortiú.

Accointable, com. Aisé à hanter & estre faict amy, Pronus, Facilis ad conciliandú, Ad amicitiam ineundam.

Accointement, m. mot peu vsité, Conciliatio.

Accointer, C'est auec cointise & honesteté rechercher avcun pour se le faire familier & amy, Probis honestisque rationibus alicuius beneuolentiã ac familiaritatĕ parare : In consuetudinĕ alicuius venire, comme, Il se veult accointer de gens de biĕ, Probos viros sibi amicos quærit ac parare studet.

Accointer außi est rendre et faire coinct, ioly et mignõ : cõme, Accointer une pucelle, c’est à dire, l'a faire cointe et iolie, Comere, Excolere, Redimire, Ornare.

Accoiser, ou Acquoiser, C'est rendre coy, s’appaiser, quasi Ad quietĕ reducere, cõme, nous disons Appaiser, Ad pacĕ, sub. reducere, ou quelque autre verbe sĕblable.

Accoiser, Tranquillitatĕ facere, Trãquillare, Sedare.

Accoisé, m. Sedatus, Tranquillatus, Compositus.

Qui n'est point accoisé, Infedatus.

Accoisée, f. Quieta, Sedata.

Accoller, Embrasser (quod ex Ad & Collum venire dicitur) In complexum alicuius venire, Amplexari, Iniicere brachia collo, Amplexu collum prehendere, Lacertis collum complecti.

Accollade, f. Embrassement, Amplexus.

Acollée, f. Embrassement, comme, Le faisant cheualier, il luy donna l’accollée.

Accommoder, C'est proprement rendre une chose commode, seante & propre à vn autre, comme, Ie luy veux accommoder vne couronne sur sa teste, c’est à dire, Adapter une couronne, & la mettre bien proprement sur sa teste, Coronam illi ad caput accommodare.

Accommoder vne espée à son costé, & la ceindre comme il appartient. Ensem lateri accommodare.

Accommoder sa voix & prononciation à la nature de la chose dont on parle, & prononcer selon que requiert la matiere subjecte, Vocem veritati accommodare.

S’accommoder à la volonté d’aucun, Accommodare & fingere se ad alicuius arbitrium & nutum.

S’accommoder au temps, Tempori inseruire.

Accommodable, com. Accommodable à toutes choses, Rebus omnibus aptabilis.

Accompaigner, C'est faire compagnie, Comitari, Dare se comitem alicui.

Suyvre et accompaigner, Prosequi.

Accompaigner tousiours aucun, & ne le laisser jamais, Non discedere ab eius latere.

S’accompaigner et s’associer d’aucun à faire la guerre, Consociare arma cum populo aliquo.

S’accompaigner de gens de guerre en sorte qu'on intimide tout le monde, Terrore se succingere.

S’accompaigner avec aucun, Societatě cú aliquo inire, Dare se in societatĕ, Cõferre se in societatĕ alicui.

S'accōpaigner & recevoir en sa compagnie, In societatem accipere.

Accompaigner vn corps, ou les funerailles, Funus prosequi, Exequias funeris prosequi, Exequi funus.

Qui accompaigne, Comes.

Qui s'accompaigne & se ioinct aiséement auec vn autre, Sociabilis & hoc sociabile.

Accompagné, m. Comitatus.

Il n'y eut nais marchant qui retournast moins accōpaigné, Nullus negotiatoris redit vnquā fuit desertior.

Ie ne seray de rien-moins accōpaigné que ie suis, Nihilo mea turba, quàm vllius, conspector erit.

Mieux accompaigné que de coustume, Solito comitatior.

Qui n’est point accompaigné, Incomitatus.

Qui n’est point accompaigné de beaucoup de gens, Parcus comitatu.

Accompagnée, f. Comitata, Sectata.

Accompaignement, m. Affectatio, Comitatus, Consociatio.

Accompaignement pour faire honneur à aucun, Affectatio officiosa, Assiduitas.

Accompagnement de table, Contubernium.

Accomparager, C'est faire comparaison d'vne chose à vne autre. Æquiparare, Comparare, Conferre.

Accomparager & autant priser Annibal que Philippe, Æquare Annibali Philippum.

Accomplir, C'est parfaire. Peragere, Perficere, Perducere ad exitum, Complere, Absoluere.

Accomplir son entreprinse, Consilium exequi.

Accomplir ce qu’on nous baille en charge de faire, Mandata alicuius efficere, ant conficere.

Accomplir le cours de sa vie, Implere cursum vitæ.

Accomplir le temps, Tempus implere.

Accomplir le nombre, Numerum explere.

Tenir ou accomplir sa promesse, Promissum facere, Perficere promissa.

Tout est accompli, Facta, transacta omnia.

Il est accompli de toutes les bonnes parties que l'homme scaurait auoir, Homo est omnibus numeris absolutus, cui nihil eximi decest.

Il a cent ans accomplis. Annos centum impleuit.

Accomplissement, m. Peractio, Effectus, Perfectio, Complementum, absolutio.

Acconduire, C'est admener, Adducere, Deducere, Des Essais au prologue de Iosephe : Cōsiderant ceste ruyne estre advenuë par les seules dissentions civiles des nostres, et seditiōs des tyrãs qui accōduirent les Romains malgré eux jusques dans le sainct temple maugré eux infames dans le Sainct tĕple. Adducere, Deducere.

Acconsuyvre, C'est r'atteindre. Assequi, Consequi, Acconsuyvre un qui va devant.

Ie ne scauroye acconsuyure et embrassez par parolles le grãd plaisir que tu m’as faict, Non possum magnitudině beneficii tui complecti oratione.

Accoquiner, C'est rendre quelqu’un ou quelque beste si privéemĕt en sa hantise, que ne vueille estre nulle part ailleurs..

Accoquiner vn oyseau, Cicurem ac domesticam auem efficere.

Accoquiner außi est, prendre le train paresseux d’vn coquin et fayneãt, Comme, Il s’est accoquiné, Desidiæ cessatrici se tradidit.

Accorder, Semble que ce mot Accorder, vienne de ces deux mots Latins, Ad cor : quasi ad vnum cor, siue eandem voluntatem adducere, Amener deux personnes à vn cœur et vne mesme volonté.

La maniere d’accorder divers sons, Harmonica ratio.

Accorder parmi d’autres en chantant, Accinere.

Accorder avec aucun, Consentire, Concordare.

Ie m’accorde avec toy, Consentio tibi, vel tecum.

Quant à ce que ie m’accorde à Theophraste, & suis de son opiniõ, Assentior illud Theophrasto.

Ie m’accorde à ce que tu escrips, Assentior tuis literis.

Ie m'y accorde, Audio. Ie te l’accorde, Pactã rĕ habeo.

Ie vous accorde cela, Concedo.

Il accorde de prendre la fille de Xerxes, Cum Xerxe nuptias filiæ eius paciscitur.

Il a accordé & conuenu de bailler deux mille, Pactus est duo millia. Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/13 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/14 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/15 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/16 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/17 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/18 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/19 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/20 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/21 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/22 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/23 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/24 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/25 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/26 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/27 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/28 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/29 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/30 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/31 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/32 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/33 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/34 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/35 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/36 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/37 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/38 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/39 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/40 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/41 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/42 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/43 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/44 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/45 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/46 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/47 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/48 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/49 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/50 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/51 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/52 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/53 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/54 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/55 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/56 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/57 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/58 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/59 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/60 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/61 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/62 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/63 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/64 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/65 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/66 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/67 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/68 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/69 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/70 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/71 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/72 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/73 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/74 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/75 Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/76



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