Voyages en kaléidoscope/07
CHAPITRE VII
Un an
Passé ?
Déjà !
Comme le temps file !
Jadis c’était bien autre chose :
Les Mois, les Ans avaient des lieues de long Très peu de large. Ce temps allait à pied. Paisible. Il faisait sa petite promenade quotidienne. Flânotant. Devisant par grandes périodes. Souvent on marquait le pas. On manquait d’air, un peu, entre des bêtes de bâtisses banales (démolies !)
Nous avons connu les voitures à chevaux (pas possible !) Et le ciel vierge (quel archaïsme !). — Nos petits-neveux riront de bon cœur en apprenant notre pauvre Histoire asthmatique.
— Tant pis ! — Nous aussi, vers 14 ans, nous avons ri des Revenants-Illustres, invités par nos Professeurs à donner — via notre intelligence avertie, brillante ; leur opinion (stupéfaite) sur le Progrès qu’ils n’ont pas connu, eux, — Pythagore, Platon, Shakespeare, — entre autres.
Mais notre Temps :
Un beau midi il se réveille
tout fatigué de sa torpeur
il fait appeler un taxi
le prend
y prend goût
s’en dégoûte (je comprends)
et il lui faut vite !
ses 20 — 40 — 100 H. P.
ensuite : il boucle la boucle de l’année par avion ; disparaît en dirigeable.
Et, très bientôt, on peut le croire, grâce au Progrès — il sera, la même seconde, partout à la fois…
Puis : Il débordera l’Espace. Qui télescopera l’Infini. Et tous les deux, avec nous, s’embobineront en Éternité.
— Après ?
— Frein-air-comprimé, peut-être
Tout : bloqué
et nous qui croyions régenter Horizon, Oxygène ; on reprendra — naturellement — le petit trantran sans trépidations de nos trisaïeux.
Il faudra réinventer la brouette !
Qui sait ?
Pour le présent, Kaleido, Gilly, Joël Joze font florès.
Alterné avec l’Alhambra (rue de Malte, Alhambra ! Alhambra ! palais que des génies — acrobates, équilibristes, jongleurs, excentrics, illusionnistes ; chants, danses, orchestre, projecteurs — ont doré comme un rêve et rempli d’harmonies…) c’est au Kaleido que je passe mes soirs. Et je vous plains si vous n’en faites pas autant. Qu’est-ce que vous pouvez bien inventer d’insipide au coin de votre radiateur. Lecture ? Conversation ? Somnolence Bridge ? — Vous allez dans le Monde ? aux Générales ? à l’Opéra ? aux Tangos ? à votre dîner de famille ? — Déliquescences !
— LE KALÉIDOSCOPE ! — (location par téléphone)
Tenez, voici 4 ou 5 extraits du Programme-Journal.
J’en collectionne les numéros pour les relire un après-dîner, si quelque chipie de grippe me tient à la gorge et à la maison. Assurance contre Incidents dépressifs : Guignol-Kaleido. Et un petit gobelet Gruau-Laroze, très chaud, très sucré, aux clous-de-girofle.
Entre les deux, j’aurai ma tourelle blindée !
DES
GRANDS VOYAGES en KALÉIDOSCOPE
ÉTABLISSEMENTS JOËL JOZE
Sté anonyme au Capital de 800 millions
Siège social — Paris — 20, rue Bélidor
Séances ininterrompues de 11 h. du matin
Le Public est informé.
1) Qu’il voit parfaitement de toutes les places.
2) Que le Personnel, intéressé à l’Exploitation, décline tout pourboire.
3) Dans les salles de Kaleido tous rafraîchissements, cigarettes, etc… peuvent être obtenus instantanément, automatiquement par S. S. F. (signal sans fil breveté) reliant chaque fauteuil au Service de Plaisance.
DE QUELQUES
VOYAGES POUR LA SEMAINE DE
PÂQUES
1er VOYAGE
à cette séance
nous vous présenterons
THERMOMÈTRES HUMAINS
excursion humoristique
enregistrée par M. Gilly.
Dans les Rues ces Personnes échangent des saluts en passant.
Notons que les Saluts, comme les Personnes ne se ressemblent pas :
Saluts de 20 espèces. Et davantage.
Nous retiendrons seulement, pour rester dans les limites de notre séance
Salut glacial
Salut froid-sec
Salut douteux
Salut obséquieux
Salut protecteur
Salut cavalier
Salut beau-sec
Salut amical
Salut cordial
Salut délirant
Si habitués au spectacle des Choses Quotidiennes que nous y prenons à peine garde. Ou bien, que nous sommes occupés exclusivement (et c’est dommage) à tirer de ce spectacle gratuit des conclusions d’intérêt privé — sans doute passionnantes — mais chétives en portée psychique : il nous faut le secours stimulant et l’optique vivace de notre moderne Kaleido, pour obtenir du Salut, comme de tout Signe habituel, un rendement maximum, riche de sens absolu.
Veuille considérer, Public,
qu’il y a
1o) un niveau moyen de Salut
Sans moyenne nul point de repère. Partant ni Hauts ni Bas.
2o) un niveau individuel
lequel, — désigné sous le vocable anglo-saxon « STANDING », — peut varier à chaque instant.
Pourquoi ?
Point d’interrogation (et de méditation) éminemment tirebouchonesque, livre passage à une découverte sur les moyens de locomotion, (nouveau bienfait du Kaleido : nous constatons de visu que rien isolé dans l’Univers)
REMARQUONS :
ce ressac incessant. Grande marée humaine dans une métropole :(Note de la Direction : L’espace limité dont nous disposons dans ce programme nous oblige à ne donner qu’un raccourci de nos Visions, un comprimé de Voyages. Le reste à l’Écran. Pour tous renseignements ou réclamations s’adresser salle principale 88 Bd de la Madeleine Paris — qui tient à la disposition des amateurs, la collection complète de ces Voyages depuis la Création.)
Nos Abonnés ayant vu défiler ce spectacle d’actualité savent que, selon l’usage du Kaleido, une transformation s’opère :
Maintenant, notre armée du Salut prend aspect neuf :
Sur chaque Individu nous observons un insigne. Détail d’habillement qui sert, sans supplément d’enquête, à établir le Droit-Social-aux-Révérences.
Cet insigne nécessaire n’est autre qu’un THERMOMÈTRE
Voyez : nous portons chacun le nôtre !… Et tout comme, dans Paris, les Horloges
pneumatiques suivent docilement l’Heure
de l’Observatoire, nos Thermomètres spéciaux
se règlent sur l’étiage mondial ―
nous voulons dire mondain.
Un Thermomètre-Standard préside à nos destinées saluantes
(Ciel où serions-nous sans lui ? Privés de Boussole et de Pôle ? Livrés sur l’Océan du Monde à tous les Écueils d’un Accueil inconsidéré ? Jetés sur tous les Récifs des Égards, des Regards intempestifs ou escamotés ?)
LE THERMO-MAÎTRE nous sauve de nous-mêmes : Révélateur idéal. Centre de Gravité. Incomparable instrument de Précision et de Décision. Son Niveau-Moyen : ce-qui-convient. Ce-qui-rassure. Ce-qui-ne-choque-pas.
Standing régulateur. Base de ravitaillement : ZÉRO (consulter le graphique, ci-contre)
Chacun, sur thermomètre breveté, marque sa température sociale. Et cherche par rayonnement à faire ascensionner sa cote atmosphérique, laquelle — dûment remontée — ouvre, à l’infini, des perspectives salutaires.
Que si notre Public s’imagine que la cote « Vers à Soie » par exemple, correspond à une étude poussée de ces larves élégantes ; nous serons dans l’obligation de renvoyer telle fournée de spectateurs candides à l’examen microscopique des exigences de notre Boule terrestre : Il ne s’agit pas ici d’approfondir. Mais de grimper. Et, système des compensations, loi de physique fort analogue à celle des vases communicants, ce qui voisine avec Zéro-Indicateur est proche des plus riantes Régions thermométriques, des plus fertiles Zônes.
Admirez ces « Orangers », ces « Myrtes ». Plongez-vous avec ravissement dans ces « Bains chauds ». Visitez le «
« Chambre de Malades » terme souvent fatal d’une exquise délectation :
Croyez-en Kaleido, votre très fidèle oculiste, ces « Malades » dans cette « Chambre » sont des diabétiques, gorgés du sucre de la flatterie que leur fournissent en abondance malsaine les Betteravières-Réunies de la Prospérité.
Que notre attention maintenant se reporte sur les Transis dont les thermomètres jalonnent les degrés arctiques.
Nous constaterons — avec chagrin sans doute — que ces piteux ankylosés, victimes de leur épiderme irritable et de leur défaut d’adaptation, ne sont pas tous le Néant que d’abord nous avions supputé. Vous rencontrez, en nombre, parmi ces granités à face humaine, des êtres bien pourvus de valeur transcendante
Alors ? d’où leur exil dans les icebergs ? de ce qu’ils n’ont pas su — les fols — régler leurs thermomètres sur le niveau infaillible. Zéro. C’est tout. Telle est la clef plate et perfectionnée d’un tel rébus.
Et voilà pourquoi vous découvrez au froid fond d’une Alaska morale, des Prospecteurs d’or vierge. Chargés de pépites. Riches à milliards ? Non pas ! — Incapables de se réconforter d’un quelconque rosbif. Parce qu’ils ne possèdent que leur fruste trésor inconnu ou suspect.
Alors bien obligés, bientôt contraints d’échanger le Métal-Natif contre des Gins corrodants. Au sous-sol d’on ne sait quel « Saloon » hanté des filles et des ruffians de la Prairie.
Promptement délestés de leur trouvaille, de cet Or qu’ils ont extrait au péril de l’existence, en râclant la neige de leurs doigts gourds ; ils s’en vont mourir dans des coins, seuls, abrutis, désespérés. Tandis que Naufrageurs et Pimprenelles font ripaille. Et, avec l’or subtilisé (converti en coupures commodes) achètent des thermomètres battant neuf, qui marquent bien.
Est-il besoin de souligner pour notre intelligente Clientèle, que nous avons ici l’Image des Précurseurs persécutés ?
(les Spectateurs n’ayant pas assisté au début de la Séance sont invités à rester)
2e VOYAGE
GOBEURS D’HUÎTRES,
AMATEURS D’ESCARGOTS,
MANGEURS DE TOILES D’ARAIGNÉES
Public
aujourd’hui
Kaléïdo te fait voir
Des Dîneurs attablés dans une
« Renommée d’Huîtres »
Convives souriants gobent par douzaines les froids mollusques mollement empressés à leur plaire.
De ci, de là, levant leur verre de Vouvray,
Kaleido enregistre avec plaisir la forme sympathique des escargotières. Et celle, non moins invitante, des petites fourches à dégustation.
Près des gobeurs d’huîtres, nous avons filmé rapidement le bel or des citrons cireux. Et quelques malicieuses saucières vinaigre à l’échalote plein de charme. Joignons à ce spectacle de haut-goût, les bouteilles que voilà ; sorties de côtes bourguignonnes et des plus fins flancs tourangeaux.
Ainsi soit-il souvent ordonné pour notre satisfaction grandissime et pour les meilleurs souvenirs de ce stage subsolaire.
Gobeurs d’huîtres ; amateurs d’escargots ; s’ils ne fusionnent pas toujours, savent du moins se rendre justice. On est entre ' gourmands. Bravo ! (flûte pour gourmets gourmés qui chipotent trois petits pois nouveaux dans une assiette ancienne !)
— Huîtres ou escargots ? — Kaleido n’a pas à se prononcer : la plus imperceptible pointe d’ail ne demeure hors ligne qu’en évitant les confidences.
Mais voici que l’œil magistral de notre Appareil-Ami vient saisir sur le vif un autre spectacle gastronomique. Plutôt sur le mort-vif ! Quels pauvres hères attablés devant une pitance de famine ? Quels Chevaliers de Sombre-Accueil ? Qu’est-ce qu’ils avalent ? Pas possible ? Des Toiles d’Araignées !
(La Direction rappelle qu’un luxe de détails suggestifs est amplement fourni à l’écran. Séance ininterrompue jour et soir.)
Alors, Public, tu croyais que les tristes dévorateurs de pièges-à-mouches étaient gueux-comme-rats-de-cave ? Et tu prétendais reconnaître dans les deux autres classes dégustantes, quelques milliardaires anciens ou récents ?
Public-débonnaire-sans-diagnostic, tu nous désoles.
Sache voir à travers Kaleido :
Gobeurs d’Huîtres :
Connaisseurs-ès-gentillesses. Un peu balourds. Un peu enfoncés dans les routines plaisantes. Sédentaires de joie. Sans excès d’initiative, ils réchauffent — métaphoriquement — leur vieille-fine selon les règles ancestrales. Gens estimables puisqu’ils savent vivre
Mais
Amateurs d’escargots, convenablement mis au point, te livrent forme bien mieux aimée :
Chers FANTAISISTES
Gloire à vous !
Quant aux dyspeptiques aragnophages, tu perçois enfin leur figure kaleidoscopée
BILLIONNAIRES !
que Manque-de-Goût
rend tristement captifs de Nourritures-nauséabondes.
À leurs Mercenaires bien stylés
le suc et la saveur des choses.
Pour eux : la peau !
Tandis que des Mains très véloces vident ses poches sous prétexte de les nettoyer — MIDAS
— esclave de ses esclaves et serf du Seigneur Quenpenseton —
(sans même oser faire la grimace) avale (affreux !)
Mauvaise Humeur avec Poussière
coagulées !
3e VOYAGE
Public
tu aperçois ici
l’Imprimerie nationale (ou une autre)
Ces boîtes sans apparence dénommées Casses recèlent à millions d’exemplaires toutes les
Lettres de l’Alphabet
tous les Corps
tous les Caractères
Y fourchus ; Z zigzagants ; Œ frères siamois ; sortent moins souvent qu’A.E.I.O et que les biensonnantes consonnes
Entre ces caractères
certains, par leurs formes, séduisent
autres déplaisent ; les mal fondus.
et puis : leurs places. Le mot qu’ils servent à composer.
Ces caractères fins ou baveux
en un clin d’œil
Kaleido leur prête
corps humains
et nous voyons
— tout sautillants —
Hommes — Femmes — Enfants
sortir et rentrer dans leurs cases
— ou s’y rouiller.
(Caractères courants. Majuscules. Minuscules. Italiques. Lettres gothiques. Bâtardes. Rondes. — Les mots qu’ils forment sont autant de Noms de Familles : — cet A figure en « Habileté ». Ces autres en « Haine » et « Harmonie »)
Public
lorsque tu parcourras telle plaquette
seras-tu vexé ? transporté ?
Par Caractères mauvais ou bons ?
Non
discerne (que)
Caractères sont bons par chance
mauvais par manque
c’est dire misère
Misère ?
pas toujours Manque de Monnaie comme insinue cette moderne-myopie-morale, laquelle — gourde ! — veut prendre « Richesse » pour « Seul-Bien »
Misère peut être manque de :
Santé
Gaîté
Sécurité
Beauté
Manque de Prestige
Manque de Ressort
Manque d’Air et d’Âme
Manque d’Amour
même, manque de Manque (grande misère)
ainsi Public, quand, ce Z-là « bizarre » te semblera plus-difficile à vivre que tel O, — amène, rond, plein de grâce dans son cercle égoïste, — (assis au beau milieu de « Joie ») — pense, peut-être à Kaleido : Nos Caractères (dit-il) sont notre même Structure et la Substance de notre état.
(7 fois par semaine changement de programme)
4e VOYAGE
Public
entrons au Crédit International
reconnais
ce vaste Hall
ces escaliers-spirales
ces comptoirs sectionnés, grillagés, guichetés
Caisses
Chèques
Comptes-courants
Comptes-spéciaux
Virements
Change
etc.
chacun porte sa plaque (indicatrice) de cuivre clair bien astiqué (Inscriptions noires)
dans les sous-sols
Coffres-forts
bondés, gorgés
de Millions
papiers — pièces d’or — pierreries —
Rançons. Otages, qui luisent ou bien qui disent :
Tant.
dans les étages
surchauffés
devant leurs bureaux-cylindres (importés d’Amérique)
d’importants Messieurs
soucieux
enchâssés dans ces forts fauteuils
tournants articulés (bois et cuir) grands Feudataires et Mandataires de S. M. L’ARGENT
(Ô Titres. Ô Lettres de Créance et de Crédit)
Argent ?
Prête-nom à effet !
ici Argent n’est rien
s’il n’est OR
OR n’est rien
s’il n’est
FORCE
(Matérielle)
FORCE-Matérielle ! (Haro ? Hourrah ?)
nous dira pourquoi
nous sommes TOUS asservis sur terre
à Elle
la Pieuvre-Impératrice ?
(Un jour — prochain — Argent prendra un autre nom. Oui. Kaleido voit très distinctement ces Grands-Vassaux-de-la-Matière, réduits à changer de Pavillon (' couvrant leur marchandise). Ou même : bannis, pulvérisés
Mais Pieuvre est toujours pareille. Satrape-Capital cède le pas : C’est un autre tyran, qui passe. Et voilà tout.)
Aujourd’hui ce n’est pas la question
Kaleido vous invite seulement à parcourir ces Corridors
qui sont autant de Tentacules
dont la Pieuvre se sert pour — nous ses Tributaires — nous serrer, enserrer, dans les mille liens de nos besoins matériels :
(Voici : — Nourriture — Boisson — Vêtement — Chaleur — Lumière — etc.)
on est captif
on se rachète. On se libère (autant qu’on peut)
on sort des corridors tentaculaires
en jetant des palets dans le palais glouton de la Pieuvre. — Argent cossu, agile, est fait pour être dévoré. (Là où Argent repaît, c’est le meilleur quartier de cette Mandarine terrestre.)
aussi voyez ceux-ci :
« roublards »
autres : placés, pesés sur bascules d’or
et « Pounds » fixent leur poids
autres : très lourdement marquent leur valeur, par colonnes serrées, symétriques ; ciment armé ; fermés ;
« marquent »…
autres : trafiquent artistement sur « lyre »
Chaque être est franc, soit affranchi pour le nombre de
« francs »
qu’il possède
celui-ci — 1 seul franc (si dur à conquérir) —
ne libère que son estomac. Et encore ? Viandes ?
trop chères ! Alors ce Trompe-la-Faim, ce Trompe-l’Âme
Alcool
suffira-t-il ?
Ceux-là ont libéré
leurs bras, leurs jambes
et leur esprit
pour tant et tant et tant de francs
incalculables !
(souples, larges affluents du grand fleuve Fortune.)
laquais et limousines
répondent d’eux
et leurs mains blanches
libres
soignées patriciennes
et tant de feux follets et feux de joie
feux d’artifice
— si chers — tout autour d’eux !
(Ainsi Corps Cœur Esprit sont tirés de captivité. Mais qui — suffisamment — acquitte Conscience — par grandes Aumônes ?
la Pieuvre
cependant digère dort dévore
sur son
Tas
Kaleido a découvert une époque
(lointaine)
où
Talent
unité monétaire
mais
Génie
(à ce qu’il prétend)
mémoire marchande
n’a rien valu
tant qu’il vécut.
Jamais Chef n’a rien acheté, n’a rien payé de sa Personne entière offerte sur le marché
Il faut d’abord
le décapiter
et le frapper (en effigie)
dans des disques
d’un métal mélangé :
Alliage
Effigie
Voilà ce que réclame (à grands cris)
pour Modèle et Monnaie
cette hybride rognure du
TOUT :
le monde
5e VOYAGE
Un téléphone
s’est détraqué (cela se voit)
au Kaleido (où chaque détail — d’installation — prend forme humaine)
maintes plaintes (de l’Abonné)
et des recherches
(interminables)
une Administration clairaudiante (et claudicante)
déclare (enfin)
que cette pile est en défaut
On la remplacera ?
prenez patience
(et soignez bien vos cordes vocales dans l’intervalle de deux appels espacés — par force majeure)
en attendant
Pile
sera jugée selon son démérite et les rigueurs des
Lois de l’Acoustique.
(Voici :) Fils. Pôles. Sonnerie. Microphone. et autres. Témoins à charge.
Abonné : partie civile
et les brillants Membres du Bureau
(téléphonique)
Après prouesses oratoires (dans ce Milieu éminemment sensible au charme de la Parole)
Pile
condamnée. Au rebut ! Sera pilée !
(ça lui est égal en somme : c’était fatal. et elle : usée)
Sortant des Assisses, Kaleido songe que
peut-être
Pile
subissait les variations de l’Air ? et suivait, tant bien que mal, Mouvements d’ensemble
Alors ? Dans l’installation (téléphonique) qui — absolument — prouvera son alibi ?… qui. . . que. . . quand une faute. . . . . . parmi nous. . . se commet. .
(5 minutes d’interruption : manque de courant)