Voyage en Orient (Lamartine)/Lettre du roi Henri IV

Chez l’auteur (p. 416-417).

Enfin les lettres suivantes, quoique n’ayant pas un rapport aussi direct avec les Maronites, prouvent encore que la sollicitude des rois de France s’est toujours étendue sur les églises et sur les chrétiens de la Palestine et du Liban.


LETTRE DU ROI HENRI IV.


M. de Brèves, ambassadeur au Levant, ayant, à son retour de Jérusalem, donné avis au roi de la prochaine ruine des églises du Saint-Sépulcre et de Bethléem, s’il n’y était promptement pourvu, Sa Majesté écrivit aux évêques de France la lettre suivante :


« De par le roy.

» Nostre amé et féal, la prochaine ruine des bastiments des églises du Saint-Sépulchre, mont de Calvaire, et de Bethléem, s’il n’y est remédié, jointe à la discontinuation des services accoutumez y estre faits, peu ou point d’ornements, et la réception des pèlerins, qui cesse par l’extrême nécessité de ces lieux, nous a fait vous envoyer cy-devant nos lettres closes, afin que, tout ainsi que de nostre part nous y voulons contribuer comme héritiers du zèle, sang et couronne de nos prédécesseurs, nos sujets y fissent leurs aumosnes, comme yssus de ceux qui y ont cy-devant apporté leurs vies et commoditez. Mais tant s’en faut que, par les moyens spirituels accoustumez, vous les ayez fait inviter à ce bon œuvre, ainsi que nous vous avions mandé, que vous ne nous avez seulement donné aucun avis de la réception des nostres. C’est pourquoy nous vous avons fait encore ceste-cy, à ce que, continuant la mesme affection que vous avez tousjours eue à la gloire de Dieu en ce qui est de vostre charge, vous ayez à faire entendre, par tout vostre diocèze, l’état et pauvreté desdits lieux, où ont esté faits les principaux mystères de nostre rédemption, le besoin qu’il y a d’y estre prontement pourveu ; et faire admonester nostre peuple, aux prosnes et prédications qui se feront jusqu’à la prochaine feste de Pasques, qu’ils départent de leurs facultez, faisant non-seulement dresser les trons ès églises que nous vous avons cy-devant ordonnez à cest effect, si ja n’y a esté procédé ; mais, de plus, députer et eslire deux des plus pieux et notables personnages de chacune paroisse de vostre évesché, pour aller faire queste ès maisons particulières, et recueillir les aumosnes des gens de bien. Et afin que nous puissions sçavoir de quelle somme l’on pourra faire estat, vous nous advertirez, icelle feste de Pasques passée, de ce qui aura esté recueilly ; et nous vous ferons entendre là-dessus nostre volonté, car tel est nostre plaisir.

» Donné à Paris, le 29 avril 1608.

» Signé Henry.


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» De Loménie. »