Voyage en Orient (Lamartine)/Lettre de l’archevêque des Maronites

Chez l’auteur (p. 419-420).


LETTRE DE L’ARCHEVÊQUE DES MARONITES AU CARDINAL DU PERRON.


L’archevêque des Maronites écrivit au cardinal Du Perron pour le remercier des secours accordés par le roi de France. (Cette lettre est écrite en italien, et nous en donnons la traduction littérale.)

« Au très-illustre et très-révérend seigneur cardinal Du Perron, salut en celui qui est notre véritable salut.

» J’écris respectueusement cette lettre à votre très-illustre seigneurie, comme au bienfaiteur et au consolateur de ma nation, après que, avec grande allégresse et contentement, nous avons reçu notre missel. Nous y avons vu et il y est prouvé que le nom de notre nation vient du bienheureux Maron, abbé ; au nom duquel nous supplions la Majesté divine de daigner accorder à votre illustre seigneurie toutes sortes de consolations dans ce monde par la grâce, et dans l’autre vie par la gloire, à cause de toutes les consolations que vous vous êtes plu à nous donner. Très-illustre seigneur, nous avons trouvé ici une tradition qui indique que notre peuple des Maronites descend originairement de l’armée de votre très-glorieux roi saint Louis, lorsqu’elle vint pour délivrer la terre sainte : c’est ainsi que laborasti pro gente tua. Il reste encore ceci à faire : c’est que votre très-illustre seigneurie daigne, par les saintes plaies de Notre-Seigneur, nous donner quelques milliers d’écus pour imprimer notre bréviaire, faisant compte de rapporter le tout à Christ, notre Seigneur, qui vous a donné la commodité de faire une si grande œuvre, si digne de l’état et de la vertu de votre très-illustre seigneurie, qui suivra saint Martin à la vie éternelle, plenus bonis operibus atque oneratus. Quam igitur panis simplicis petimus buccellam, hanc noli denegare nobis Christi pauperibus ; car, en vérité, sous l’impie domination du Turc, et au milieu des hérétiques, nous vivons dans la vraie et vive foi catholique, comme le voient et l’expérimentent journellement tous les consuls et les marchands de votre pays qui se trouvent chez nous dans ces contrées, etc. Je finis, très-illustre seigneur, en vous baisant humblement les mains, et en vous souhaitant un accroissement de bonheur.

» Donné à Alep, le 6 de mai 1613.

» De votre très-illustre seigneurie


» Le très-humble et très-dévoué serviteur,


» Frère Jean-Baptiste,
» De l’ordre de Saint-Dominique, archevêque des Maronites. »