Voyage en Orient (Lamartine)/De Louis XIV

Chez l’auteur (p. 408-409).

Plus tard, le commerce de la soie appela les Maronites en France, où, héritiers des sentiments de leurs pères, ils manifestèrent leur attachement et leur dévouement pour le pays et ses souverains. Sous les Valois, dans la personne de François Ier ; sous les Bourbons, dans celles de Henri IV et surtout de Louis XIV et de Louis XV, ces démonstrations d’attachement furent plus intimes, et, de la part de la France, une protection plus immédiate fut assurée aux Maronites, comme il résulte des lettres originales ci-après de ces deux derniers souverains.


LETTRES DE PROTECTION ACCORDÉES AU RÉVÉRENDISSIME PATRIARCHE D’ANTIOCHE À LA NATION DES MARONITES, PAR LE ROI DE FRANCE LOUIS XIV.


« Du 28 avril 1649.

» Louis, par la grace de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Sçavoir faisons que par l’advis de la reyne régente, notre très-honorée dame et mère, qu’ayant pris et mis, comme nous prenons et mettons par ces présentes signées de notre main, en notre protection et sauvegarde spéciale, le révérendissime patriarche, et tous les prélats, ecclésiastiques et séculiers chrétiens maronites, qui habitent particulièrement dans le mont Liban, nous voulons qu’ils en ressentent l’effet en toute occurrence ; et pour cette fin nous mandons à notre amé et féal le sieur de la Hayenentelay, conseiller en nos conseils et notre ambassadeur en Levant, et à tous ceux qui lui succéderont en cet emploi, de les favoriser, conjointement ou séparément, de leurs soins, offices, instances et protection, tant à la Porte de notre très-cher et parfait ami le Grand Seigneur, que partout ailleurs que besoin sera, en sorte qu’il ne leur soit fait aucun mauvais traitement, mais au contraire qu’ils puissent librement continuer leurs exercices et fonctions spirituelles. Enjoignons aux consuls et vice-consuls de la nation françoise établis dans les ports et échelles du Levant, ou autres arborant la bannière de France, présents et à venir, de favoriser de tout leur pouvoir ledit sieur patriarche et tous lesdits chrétiens maronites dudit mont Liban, et de faire embarquer, sur les vaisseaux françois ou autres, les jeunes hommes et tous autres chrétiens maronites qui y voudront passer en chrétienté, soit pour y étudier ou pour quelque autre affaire, sans prendre ni exiger d’eux que les nolis qu’ils leur pourront donner, les traitant avec toute la douceur et charité possible. Prions et requérons les illustres et magnifiques seigneurs, les bachas et officiers de Sa Hautesse, de favoriser et assister le sieur archevêque de Tripoly et tous les prélats et chrétiens maronites, offrant, de notre part, de faire le semblable pour tous ceux qui nous seront recommandés de la leur.

» Donné à Saint-Germain en Laye, le vingt-huitième jour d’avril mil six cent quarante-neuf, et de notre règne le sixième.

» Signé Louis.

» Par le roy, la reyne régnante sa mère présente :

» de Loménie. »