Voyage de La Pérouse autour du monde/Tome 1/Lettre de M. le maréchal de Castries à M. de Condorcet

LETTRE

De M. le Maréchal de Castries à M. de Condorcet, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences.

Versailles, mars 1785.

Le roi ayant résolu, Monsieur, d’employer deux de ses frégates dans un voyage qui puisse à-la-fois remplir des objets utiles pour son service, et procurer un moyen étendu de perfectionner la connaissance et la description du globe terrestre, je désirerais que l’académie des sciences voulût bien rédiger un mémoire qui exposât en détail les différentes observations physiques, astronomiques, géographiques, et autres, qu’elle jugerait les plus convenables et les plus importantes à faire, tant à la mer, dans le cours de la navigation, que sur les terres ou îles qui pourront être visitées. Pour fixer les vues de l’académie sur le plan qu’elle peut adopter à cet égard, je dois vous prévenir, Monsieur, que les bâtimens de sa majesté seront dans le cas de s’élever, au Nord et au Sud, jusqu’au soixantième parallèle, et qu’ils parcourront la circonférence entière du globe, dans le sens de la longitude. L’académie peut donc comprendre dans sa spéculation, à peu près l’universalité des côtes ou îles connues, et toute la surface de mer comprise, des deux parts, entre les deux grandes masses de terre qui forment les continens.

En invitant l’académie à s’occuper d’un travail qui sera très-agréable au roi, vous pouvez l’assurer, Monsieur, qu’il sera donné la plus grande attention aux observations ou expériences qu’elle aura indiquées, et qu’on s’attachera à remplir complétement ses demandes, autant que les circonstances du voyage pourront permettre de se livrer aux opérations de ce genre. Sa majesté verra avec plaisir que les lumières de l’académie des sciences concourant avec l’amour de la gloire et le zèle qui anime les officiers de sa marine, elle peut se promettre les plus grands avantages, pour l’avancement des sciences, d’une expédition qui a pour objet principal d’en favoriser les progrès.