PRÉFACE.


Les circonstances défavorables au milieu desquelles j’exécutai mon voyage dans l’Inde ne me permirent pas d’obtenir les résultats que j’avais espérés. Je pensais pouvoir retourner dans l’Inde avec des connaissances et des ressources plus grandes, surtout avec l’expérience d’un premier voyage, obtenir des résultats plus complets. C’est dans cette pensée que j’ai différé jusqu’à présent la publication de cette relation, qui n’est qu’une ébauche imparfaite.

Mon voyage est le premier qui ait été entrepris et exécuté dans l’intérêt des études littéraires et archéologiques de l’Inde ancienne. Sans prétendre qu’un voyage ne puisse être utile au progrès de ces études, je n’hésite pas à affirmer qu’on se fait beaucoup d’illusions sur le succès, et principalement sur les moyens d’exécution d’une pareille entreprise. Il n’y a presque rien à faire pour un voyageur étranger dans les pays soumis au pouvoir de la Compagnie anglaise. Il y a beaucoup à faire dans les pays indépendants ; mais un voyageur étranger ne doit espérer trouver nulle part les mêmes facilités que les Anglais, ni espérer voyager à peu de frais. Au reste, l’Inde est très-intéressante à visiter, soit qu’on veuille faire des découvertes nouvelles, soit qu’on veuille simplement vérifier ce qui est déjà connu. Je souhaite que la faible esquisse que je publie serve à guider les pas d’un voyageur plus heureux et plus habile.

J’ai fait le voyage entièrement à mes frais ; je ne pus obtenir mon passage sur un bâtiment de l’État. Je partis. emportant les instructions de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, accompagnées d’une lettre de M le ministre de l’instruction publique, qui servit à établir mon caractère auprès du gouvernement de la Compagnie anglaise. J’emportais aussi, pour des personnes importantes dans l’Inde, des lettres d’introduction que je devais à l’entremise obligeante de M. E. Burnouf, mon professeur ; de M. Mohl et de M. le major Troyer, auprès de M. Wilson et de sir Alexander Johnson. C’est surtout à sir Alexander, le patron des voyageurs dans l’Inde, que je suis le plus redevable pour l’accueil et la protection que j’ai reçus dans tout le cours de mon voyage ; et je serais heureux qu’il voulût bien agréer ici l’hommage de ma vive reconnaissance.