Vocabulaire de Français Régional
VOCABULAIRE DE FRANÇAIS RÉGIONAL
L’Atlas Linguistique de Gilliéron a révélé le grand intérêt linguistique que présentait l’étude des patois. Le français régional mérite aussi l’attention. On l’a déjà remarqué[1] et nous commençons à avoir de bons travaux. Il manifeste en effet la réaction locale sur le français venu de la capitale. Il contient des éléments patois francisés, des mots locaux dérivés de l’ancien vocabulaire latin (ou autre) sous le traitement phonétique de la région, étrangers au français officiel et enregistré dans les Dictionnaires, inconnus même pour un grand nombre. Ils peuvent contribuer à l’établissement d’aires linguistiques ; ainsi les mots : « verne » pour l’aulne, « canquoille » pour hanneton. Il y a aussi des mots français dont la prononciation a été accommodée à la phonétique du milieu.
Le présent article a pour but de faire connaître le vocabulaire de ce genre employé dans le français d’un village de Franche-Comté. Il s’agit de Jonvelle (Haute-Saône). J’ai suffisamment présenté ce petit coin de notre France dans R roulé dans une prononciation franc-comtoise ; recherches de phonétique expérimentale (Beyrouth, 1936). Il suffira de dire que les conditions pour la présente enquête sont très satisfaisantes ; toute la population n’emploie que le français, la jeune génération ignore le patois, la génération qui a une quarantaine d’années comprend encore le patois mais est incapable de le parler, les personnes âgées peuvent parler patois mais ne l’emploient plus. Les mots et expressions recueillis font partie uniquement du français actuellement parlé. Il y à quelqués mots qui appartiennent au français familier usités’ailleurs, des mots bien français mais spécialisés dans un emploi technique, par ex. « lien » réservé au lien de paille de seigle des gerbes, des mots différant simplement par la prononciation ; un grand nombre concerne les mots spécifiquement locaux ou régionaux. La présentation aurait pu se faire par liste à la manière d’un dictionnaire ; j’ai préféré une rédaction qui avait l’avantage de faire connaître nombre de coutumes inséparables de l’emploi de beaucoup de ces mots[2].
Les Conditions Atmosphériques
Quand la pluie tombe violemment : « la pluie *rouche », ou bien « tombe a siaux ». Quand au contraire, il bruine : « *il broussine », on dit aussi « il brouillasse ». — Bruiner est inconnu.
Le vent du Sud-Est est « *le solaire », le vent d’Ouest « *le droit-vent », le vent du Nord-Est : « *la verne ». Un Proverbe les réunit :
Le Solaire : la pluie en l’air.
La Verne l’amène.
Le Droit-Vent la répand ;
La Bise à sa guise.
L’Agriculture
Le village est de type aggloméré, pays de petite propriété ; il n’y avait qu’une maison de cultivateur à l’écart (distance d’un km.) ; elle a été abandonnée depuis longtemps bien qu’elle se trouvât sur la grand’route de Corre.
Les terres cultivées qui entourent le village jusqu’à une distance de 3 et 4 km. sont divisées en trois cantons appelés « *pies » (pi) : « lapie des blés », « la pie des avoines », « la pie des
- sombres » dénommée aussi simplement « *les sombres », ce
sont les jachères. Chaque année on change de cuÎture : là où il y avait les blés, on met l’année suivante les avoines, puis la troisième année ce sont « les sombres ». L’assolement est ainsi assuré. Tout le monde suit le mouvement général, car chaque cultivateur possède des terres dans chaque « pie ». Les gros légumes : les pommes de terre, appelées aussi familièrement « patates »[3] (en patois tref). carottes fourragères, betteraves, sont plantés dans les « sombres ». Les luzernes ou les trèfles restent fixes quelle que soit la « pie », les luzernes une dizaine d’années, les trèfles deux ans au plus.
Les légumes de consommation courante sont cultivés dans le jardin derrière la maison, les « petites raves » (les radis) y ont leur place ; et dans son complément : « la chenevière ». C’est en effet un jardin de 3 à 4 ares qui se trouve simplement à la sortie du village : route de Corre et route de Villars-le-Pautel. Autrefois on y cultivait le chanvre, d’où le nom de « chenevière » qui est resté.
La jachère reste une jachère nue que l’on travaille ; un profond labour de printemps : « on *sombre le champ » ; un labour d’été, léger : « on recasse le champ ». Le labour d’automne pour la semaille du blé sera facile.
Au labour d’automne, d’ailleurs quelle que soit la « pie », on trouve dans la terre un petit tubercule allongé, à peau noire, à chair sucrée blanche et ferme ; c’est le « *marcujon » ou « *mercujon ». Les laboureurs en ramassent dans leurs poches pour les enfants qui en sont très friands. Les sangliers les estiment aussi et « frognent » souvent dans les champs voisins des bois, parfois au grand détriment des emblavures pour trouver cet objet de leur convoitise.
Toute la campagne porte des noms de lieux-dits qui permettent à chacun de localiser ses champs, dénominations variées, on remarque ceux constitués avec le vieux mot français « vau » : « la vau du fou », « la vau du roi », « la vau du chapelet », etc… Deux chemins qui servaient au défruitement portent le nom de « charrière » : « la grande charrière » (qui suit le tracé d’une ancienne voie romaine dont il reste encore quelques pavés) et « la petite charrière ». Actuellement on utilise une route tracée un peu plus bas, passant par « les Jouvelottes » (lieu-dit) et là on l’appelle « le Chemin Neuf ».
L’unité de surface est « le jour » (24 ares) pour la terre cultivée, « la faux » (même surface) pour les près, « *l’ouvré » (3 ares) pour la vigne. Ceci représeute la surface de terre, de pré ou de vigne qu’un homme peut labourer, ou faucher, ou bêcher, dans une journée de travail. Un cultivateur dira par exemple : « j’ai 12 jours de bié,.8 jours d’avoine, 20 faux de pré et 3 ouvrés de vigne ». Pour estimer sa récolte en foin et paille, le cultivateur parlera de « mille ». Il s’agira de milliers de livres. Pour mes vaches, dira-t-il, il me faut 15 « mille » de foin ou de luzerne, je complèterai avec 4 ou 5 « mille » de paille de blé et des « lèchures »[4].
Le gros trèfle rouge est réservé aux chevaux qui ont aussi leur part de foin et de paille et l’indispensable avoine quand ils fournissent du travail. Le trèfle blanc pousse spontanément plus ou moins dense, sans être cultivé pour lui-même ; il fait partie de l’herbe que paissent les vaches ; on l’appelle truot habituellement (trüo), ou petit « trüo » ; la minette, cultivée mais moins que la luzerne, peut prendre le nom de « truot jaune ».
On sème un peu d’orge, dans « la pie des avoines ». Un tout petit champ, abrité, qui ne sera pas foulé par des passants, hommes ou bêtes, reçoit du seigle. Il montera jusqu’à hauteur d’homme. On le moissonnera soigneusement à la faucille pour ne pas maltraiter ces longues tiges qui fourniront les « liens » des gerbes (blé ou avoine).
Le maïs est très peu représenté ; on en voyait quelques rangées dans les « chenevières ». On l’appelle « blé de Turquie », mais on n’analyse plus dans ce mot la valeur des composants ; on dit d’un seul mot : *bledturki ou tout simplement : *turki, du fürk : et les filaments que produit la plante autour de l’épi sont « de la barbe de turki ».
Parmi les mauvaises herbes, la moutarde des champs, la sanve, est évidemment bien représentée, mais elle porte le nom de « *snôvre ».
Après la moisson, les gerbes de blé ou d’avoine sont mises en tas, les moyettes, ici les « *tréseaux » (trezo), Quand on les a enlevés il reste les « *étroubles » (les éteules) où le berger peut conduire son troupeau de moutons. S’il trouve encore quelques épis, il peut les « *cirer ». « Cirer un épi », c’est le prendre dans la main gauche et de l’autre main tirer sur la tige qui dépasse entre le pouce et l’index, pour que ie grain reste dans la main gauche, opération que savent bien faire les sangliers pour recueillir le grain dans leur muffle quand le blé est sur pied.
Les gerbes rentrées sont serrées dans le grenier, rien ne reste dans les champs sous forme de meule ou autre. Ce sera l’occupation du mois de novembre après les semailles et de décembre de les « battre à la mécanique ». Chaque cultivateur possède cette installation actionnée par un manège. Le cultivateur fait lui-même son travail avec la main d’œuvre de la maison : sa femme ou sa fille « engrène » et lui recueille la paille qu’il met en bottes, réutilisant les « fiens » qui ont servi pour les gerbes. Les deux chevaux tournent dans le manège les yeux bouchés par des œillères en cuir et n’ont pas besoin de surveillance[5]. Il travaille ainsi jusqu’à midi ; l’après-midi il vannera-au tarare pour séparer « la paillote » ou « menu-paille » (la balle du grain). Il mesurera le grain obtenu « en double » (double décalitre) qu’il portera ensuite au grenier dans un gros sac. Il aura battu de 100 à 150 gerbes, des grosses gerbes vu la longueur du « lien » de paille de seigle. Le lendemain il recommence.
La fenaison : le faucheur prépare sa faux à la maison : il la bat sur une petite enclume avec uñ marteau approprié pour lui donner du fil. Il part au pré de très bon matin pour profiter de la rosée. Il accroche à sa ceinture derrière le dos, son « *coué » (kwe) qui contient la « *réguisette ». Ce coué est une corne de bœuf (d’où son nom), munie d’un crochet. Le faucheur y verse un peu d’eau, place la « réguisette » qu’il empêche de ballotter par une touffe d’herbe. « Il tire son endain » [6]. Les faneurs « étendent » les endains ; le lendemain « retournent » les herbes épanchées pour sécher l’autre côté. Quand le foin est presque sec, ils font des « *reux » (rô) au rateau, c’est-à-dire des endains de foin, puis des petits tas : « les *chevrottes », enfin « mettent en tas », les gros tas d’où le foin sera chargé sur la voiture[7].
Tous les transports sont effectués avec la « voiture ». C’est un long chariot étroit et à 4 roues. Un cheval est attelé dans la limonière. Si l’on a besoin d’un second cheval, il prend place devant le premier, tirant par une chaîne accrochée à chaque bras de la limonière à son extrémité. Pour le transport du fumier de ferme[8], des légumes, une ou deux larges planches placées de chaque côté, en obliqué contre des montants, assurent un contenant qui ne perdra pas son bien en route (le fond étant lui-même constitué par des planches : « la fondrière »). Pour le fourrage ou les céréales on enlève les planches latérales et l’on dispose « *les échelages », deux larges échelles prévues pour le cas[9], Elles sont maintenues en place par des traverses. Elles constituent le « berceau », d’abord rempli ; on le surmonte de plusieurs rangs de gerbes, ou de foin savamment disposé ; ce que l’on appelle « faire la voiture ». Pour fixer le tout on utilise une perche, munie à sa plus forte extrémité d’un crochet naturel (une branche latérale coupée à 10 ou IS centimètres du corps de la perche) ou artificiel : une encoche taillée dans le bois. À l’avant de la voiture, le crochet saisit une corde transversale qui a du jeu ; elle s’étire en triangle. À l’autre extrémité de la perche est attachée une forte corde que l’on enroule au moyen d’un gros et solide bâton, « fe *toutiot » (tutyo) sur un gros rondin écorcé et poli, retenu dans une armature de fer dans laquelle il tourffe à l’extrémité de la voiture, au fond du berceau : « le *virot » (viro). En route pour freiner « on tourne la mécanique ». Ce frein est un chausson d’acier que l’on comprime contre la roue par une tige à pas de vis, d’où la nécessité de « tourner la mécanique ». La voiture devient une manière d’estimer les charrois : « nous avons rentré 15 voitures de foin, pour le blé et l’avoine nous en aurons bien autant car nous y avons mis IO voitures de fumier ».
La vigne. — La vigne était autrefois assez largement cultivée sur les coteaux, mais le phyloxéra et la médiocre qualité du vin ont réduit cette culture simplement à la mesure de la consommation familiale et, encore, tous les cultivateurs n’ont pas maintenant leur vigne. Il était devenu si facile d’acheter du bon vin venu du Midi. La culture de la vigne conserve néanmoins son vocabulaire.
Au printemps « on *sombre » la vigne, bêchage profond ; l’ouvrier utilise son « *fosseu » [10] (houe) et « monte son *ordon ». La vigne étant sur un coteau, il commence par l’endroit le plus
% bas, d’où l’expression « monter » ; il bèche entre deux rangées
de ceps, c’est son *ordon. Quand les jeunes pousses ont grandi,
on les accolle : on les lie au “*pesseau (peso) {l’échalas) avec un
petit lien constitué par quelques brins de paille de seigle (0 m. 25
de longueur environ), l’accolure[11]. Après la floraisonon coupe
les gourmands, les pousses qui ne portent pas de —raisin et consomment
inutilement la sève. On connaît la pratique de la marcotte,
mais on l’appelle « *pinjé » (pêze).
La vendange. — Les vendangeurs coupent les raisins avec une serpette et remplissent leur panier ; un homme de service passe portant une large hotte de métal : « le *tentelin » (tâtlé)[12], où l’on déverse ces paniers. Il va ensuite à la voiture restée sur le chemin. Sur cette voiture, on a installé une sorte de cuveau de forme oblongue : « la *balonge », on peut se la représenter comme un saloir aux bords plus relevés. Les raisins sont transportés à la maison dans ce récipient, broyés avec la tête d’une hache, quand on n’y met pas les pieds nus, et versés au tonneau de fermentation avec la grappe.
Fruits. — On récolte beaucoup de cerises (quand l’année est favorable) qui fournissent un kirsch excellent. On utilise les « cerises noires » qui n’ont pas d’autre nom, « les *fromentelles », cerise très riche en sucre, assez grosse mais qui, à maturité, reste simplement d’un rouge mat un peu foncé ; toutes deux sont des guignes. Il y a aussi « les cerises de bois » (arbre non greffé) ; elles rendent bien, mais elles sont tellement petites qu’’elles lassent la patience des ramasseurs ; quant aux « cerises aigres » (grillotes), on en fait très peu de cas, sauf les pêcheurs qui y trouvent une très bonne amorce pour les « vinnets » ; « les cœurs de bœuf » (les bigarreaux) (peu répandues), sont consommées sur la table.
La cime du cerisier s’appelle « la *quiquelle » (kikel). Le cerisier est un arbre qui provoque assez facilement des accidents. Une branche, assez grosse, peut céder au tronc sous le poids du ramasseur, s’abattre déchirant l’écorce, ou rester suspendue par un bout d’écorce, mais l’homme va par terre : « elle s’est écuissée ». On aime présenter un « *jergué de cerises », c’est-à-dire la branchette avec ses cerises en groupe et les feuilles qui les entourent.
On distiile auss ! des prunes : « couèches » (quetsches) ; « *queûrottes » (prunes de Damas), appelées aussi quelquefois des « dàmâ » ; mirabelles, peu répandues, réservées aux tartes ou compotes.
Dans la distillation, on distingue « *l’eau votte » ou « la petite eau », le premier ou le dernier liquide qui arrive, à faible teneur d’alcool. On le reconnaît à ceci : il ne flambe pas quand répandu sur la tête de l’alambic, on en approche un « tortillon de paille » allumé. Ce liquide ne mérite pas « la repasse », deuxième distillation qui affine le premier produit. On l’ajoute simplement à une autre « cuite ».
Pour les autres fruits, les noms qui méritent mention sont les suivants :
« Les pommes de carré », « les pommes de saigne-en-dent », « les pommes acides » (c’est-à-dire « à cidre »), peu répandues. Pour les prunes : « les madeleines », « les cocos jaunes ».
Par ailleurs[13] : « les neugeottes », nom familier des noisettes : « les moûres » (les mûres des ronces) ; « les puelles » (prunelles). Les petites baies de l’épine blanche s’appellent « les *snottes », recherchées par les merles en hiver.
La forêt. — Le village possède plus de 120 hectares de bois communaux, mais on n’emploie pas le mot « forêt », 11 s’agit toujours de « bois ». La coupe est réglée par le service des Faux et Forêts. Chaque année on coupe environ 5 hectares destinés à fournir le bois de chauffage, unique combustible des familles de cultivateurs. Les essences dominantes sont « le foyard » (hêtre) et le « charmille » (charme), sauf une petite région qui est une chênaie (le bois des Tuileries).
La commune passe un contrat”avec un bûcheron[14]. Les « *ételles » (éclats de bois lors de l’abattage, mot administratif) seront ou ne seront pas la propriété du bûcheron. Le « *bâcu » (hutte de branches et rondins que le bûcheron se construit sur place) lui revient de par la coutume. Le bücheron prend des aides, divise en sections la surfaceà exploiter, ce sont les « *ordons » et chacun « coupe son *ordon ». Ils établissent un nombre de « portions » correspondant au nombre de feux du village, numérotées, et tirées au sort après paiement de la redevance. Dans chaque portion on met des branches de différentes grosseurs, il ne faut pas oublier « le moderne », tronc d’un arbre, habituellement « un charmille » de 25 à 30 centimètres de diamèêtre à la base, qui augmente le rendement en bois de chauffage. Les branchages où le propriétaire de la « portion » fera ses fagots accompagnent la portion, demême la « charbonnette » (les petites branches).
La hache est le grand instrument de travail (le’« marlin » (merlin) sert à fendre les troncs abattus et ébranchés). Emoussée, elle est dite « *boudre ». Ainsi qualifie-t-on tout instrument tranchant qui a perdu son mordant au travail, en premier lieu un couteau.
Dans le bois, on recueille des champignons : « la jauterelle » (chanterelle) très recherchée, « les langues de bœuf », « les crètes de coq », « la barbe de capucin », « les golmelles » (coulemelles) ; « les *auburons », sont négligés ; « les *vachottes » (lactaire) sont tenus en suspicion et laissées généralement. À la belle saison, on peut entendre les petits oiseaux « *pioter » (pépier) dans leur nid. « Le *chiennid » (syâni) ne doit pas être en retard sur les autres ; c’est le dernier venu de la couvée, plus faible, moins bien nourri, mal satisfait, facilement reconnu des dénicheurs. « Chiennid » qui devient aussi « chienlit » est le surnom moqueur que l’on donne au dernier-né d’une famille.
Le long de la rivière (la Saône) « les *vernes » (aulnes, mot inconnu) sont nombreux, mais leur bois n’est pas estimé ni pour le chauffage, ni pour le service. Par contre « les agacias » (robiniers) sont plantés avec soin sur le flanc des coteaux difficiles à cultiver ou impropres à la-culture. Ils fournissent les poteaux destinés à clore les « pâtures ». Les poteaux sont enfoncés en terre au mouton ; 4 ou 5 gros fils de fer (barbelés, ce sont les « fils de fer ronce ») tendus entre les poteaux à intervalles égaux forment la clôture et les vaches paissent sans surveillance. Les « pâtures » déjà nombreuses se sont encore augmentées, autant que possible à proximité du village. Les bêtes trouvent abri contre la pluie dans une « baraque », bâtisse simple, ouverte d’un côté (trois murs recouverts d’un toit à un seul versant). Toutes les « pâtures » n’ont pas cette « baraque ». alors on entend « *breûiller » (meugler) les vaches sous la pluie quand on tarde à les rentrer à la maison.
Les Insectes. — La « canquoille » (käkæwle) est le mot locaï du hanneton. Ce mot, appris à l’école, tend à se répandre, canquoille devenant un mot du langage familier ou une injure. Le « *tavin » (taon) harcèle les attelages en été. Les « *quincarniaux » (kekarnyo), petits moucherons, très agressifs quand le temps est à l’orage. Ils se tiennent dans la forêt et aux alentours.
Les abeilles étaient logées dans des « paniers », cloche faite de paille de seigle, surmontée d’une « calotte » ou « cabotin », plus petit, de même fabrication, qui constitue la hausse. Ces ruches vulgaires à très faible rendement ont maintenant disparu du village. Les abeilles ne sont connues que sous le nom de « mouches à miel » ou simplement « mouches » quand on sait suffisamment par ailleurs de quoi il s’agit. Pour le paysau. toutes les opérations apicoles, dont il a d’ailleurs une idée assez vague, s’appellent « arranger les mouches » ; il distingue simplement la récolte : « couper les mouches », parce que, en fait. on coupait les rayons dans les ruches vulgaires.
La rivière
La pêche à la ligne dans la Saône a ses fervents, non seulement des enfants, mais aussi des jeunes gens et des hommes. Ils connaissent bien deux plantes aquatiques : « les *callebasses » (nénuphar, mot iuconnu) sous lesquelles s’abrite le poisson l’été et « les *sâmes » (sâm), grandes herbes filantes qui poussent en général dans les fonds de moins de deux mètres, ou deux mètres et demi. Les « *rousses » (gardons, mot inconnu) les fréquentent volontiers. Mais eux, y accrochent facilement leur ligne. Cette ligne a un flotteur : « la *nagette » quand elle est faite d’une plume (une plume d’oie ordinairement), « un bouchon » quand en fait c’est un petit bouchon de iiège. IIs pêchent souvent, sans flotteur, « à la volante », « le *vinnet », poisson de surface, à la belle saison. Ce « vinnet » (vinne) est la chevesne qui ailleurs porte d’autres noms : chavasson, chavanne, cabot, etc. Par eau trouble seulement, ils peuvent prendre au ver un poisson allongé, assez gros, aux écailles blanches qu’ils appellent « *soufre », mais sa chair sént la vase ; ils le rejetteraient presque à la rivière. Pêchant le goujon, ils peuvent prendre les « *moutelles » (mutel), tout petit poisson allongé, barbu qui vit dans les eaux peu profondes, les gués, et s’abrite sous les pierres[15] ; il y entraîne l’appat (le ver) et c’est ainsi qu’il peut causer un malheur : faire accrocher la ligne, quand on tire ; ils appellent quelquefois une ablette « un oblet ». Ils estiment une calamité un poisson qui s’est introduit dans la Saône depuis une dizaine d’années et y a fort bien prospéré : Ie « hotu » (ot#). Il a belle apparence, ressemble à une chevesne vandoise, mais sa chair est médiocre et il dévore la ponte des autres poissons après le frai, dit-on.
La Maison
Dans la maison il y a lieu de signaler « le poèle », chambre bien comme dans l’Est de la France[16]. La gouttière et son chéneau sont dénommés sous le nom général de « chèneau » ; l’extrémité recourbée du chéneau qui déverse l’eau est « la *chanette ». L’œil de bœuf qui donne du jour au grenier est « la
- foulotte », pour la cave c’est « le *larmier ». L’appentis où
logent un ou deux porcs destinés à la consommation de la maison est « la *ran de cochon ».
Quand une explosion secoue la fenêtre et fait vibrer les vitres on dit que « les carreaux grillent », onomatopée exprimant le bruit caractéristique girr girr.
La ménagère balaie sa cuisine ; les balayures sont « les
- chenis » (soi), mais elle peut attraper « un cheni » dans l’œil
en faisant cette opération. Ainsi appelle-t-on tout fétu ou autre qui pénètre sous la paupière. Dans son ménage, elle a « le potde-camp » en métal qui lui permet de porter la soupe aux travailleurs des champs. Quand elle fait frire du lard[17] coupé en petits morceaux, il reste « les *grabons de lard ». Elle peut faire « des crâpés » avec les pommes de terre cuites dans la soupe, broyées et mélangées à quelques œufs et de la farine ; elle les fait frire dans la poèle. Pour le mardi-gras, elle fait « des beügnets » (beignets). Les cartilages qui peuvent se trouver dans la viande et qui craquent sous la dent reçoivent le nom de « craquant ». Si elle met un bouquet de fleurs sur la table, elle évite les fleurs à parfum trop violent, car « il entête » (fatigue la tête). Elle a son pétrin qui date du temps où chaque famille faisait son pain. On peut l’appeler « maie » ; ce vieux mot est compris, car il se trouve dans le patois : lu me. Pour elle son petit garçon est un « *gachenot » (gasno) et sa petite fille une « *gachotte » (gasof). À la naissance c’était un « petit gachenot » ou une « petite gachotte ». Après le baptême, à la sortie de l’église, on a jeté « des *nailles » (dragées) avec quelques sous, aux enfants du village venus selon la coutume. Elle mouche soigneusementses enfants ; elle a une grande répugnance à voir s’écouler le mucus du nez : « la *naque ». Si un enfant se blesse au doigt, elle lui fait un « *doyot » (dweyo), c’est-à-dire un doigtier pour le protéger. L’enfant qui boude est dit « *queûner » (kône) ; seul mot employé. L’hiver elle met « un *carron » (Karo) dans leur lit (brique chauffée au four du fourneau et entourée d’un papier).
Les bêtes de la maison
Les chèvres sont peu répandues, ce sont les biques, le mot chèvre est appris à l’école. Le porc est le « gouri » ; cochon s’emploie aussi très fréquémiment ; « gouri » tend à n’être plus qu’une injure ; porc est usité seulement dans l’expression « porc frais ».
On distingue les sexes de la manière suivante :
Cochon — coche
Poulain — pouliche
Godin — génisse
Dans la basse-cour : coucheri — poulette.
Une souris est une « ratte » ; poursuivie, « elle *couine » [18]. I, es oies sont facilement appelées « ouyottes », mais avec un sens un peu péjoratif. Dans une volaille, le gésier est connu normalement sous le nom de « *mahon » (maôn).
Expressions courantes
« *Canner » c’est loucher « dégobiller » c’est vomir, quefle que soit la cause. Un pauvre siffet est un « *fieutot » (fyùto) qui sert à « *fieuter ». On se met à crepiotte » ou « cropiotte » pour dire « à croupetons ». Remuer des objets sans réflexion, sans ordre en cherchant quelque chose, c’est « *frogner » ou bien « *revauiller » (rvôye) ; introduire une baguette dans un tronc et l’agiter d’un mouvement circulaire c’est « *greviller », mai vous en prend de greviller dans le trou d’un nid de guêpes. « *Touiller un champ, un pré », c’est abîmer la récolte en le traversant. On dit aussi « *touiller son café » : le remuer pour faire un mélange de diverses matières. Une personne vivement distraite ou vivement absorbée par un souci ou autre, ce qui lui donne un air absent est « *évaltonnée ». « Lancer des *vions à quelqu’’un », c’est lui adresser des paroles blessantes avec le rappel d’une maladresse ou d’une sottise.
Injures
« *Beulmé » (imbécile). Pour un jeune homme : « *gouillant », c’est-à-dire paresseux, sale, mot à mot : « celui qui est réduit à aller arracher dans les champs des panets (goyottes) pour satisfaire sa faim. Pour une jeune fille : « *gandion », de même : « paresseuse, sale ». Un enfant turbulent qui met ses vêtements en lambeaux est « un *brisac ».
Les petits enfants (3 ou 4 ans) ont une injure à laqueile 1ls sont particulièrement sensibles : « *peu » (pa), f. « *peutte » (pat). C’est le dernier mot qui résume toute leur colère et leur mépris. Après l’avoir proféré le petit (ou la petite) s’enfuit comme après un mauvais coup et l’autre, la victime, s’effondre en larmes et il faut toute l’ingéniosité de la maman pour calmer ce gros chagrin. Tout s’arrange avec un « poutou » [19] mutuel.
Jeux et distractions des enfants
Dans les prés ils recherchent une herbe tendre, blanche à la base : « les *balibots » (balibo) (un salsifi sauvage) qu’ils mangent presque avec gourmandise. Ils jouent beautoup aux « chiques » (billes, mot inconnu) avec une boule, de deux façons : « *au potot »[20], il ne faut pas faire rouler Ja boule mais atteindre les billes en portant, ou bien « à la roulante ». Il faut bien « *piéter » quand on vise-du but, ne pas dépasser le but avec l’extrémité du soulier ; un défaut sur ce point arinule le coup, après réclamation des-partenaires. Le joueur qui gagne après avoir perdu « *se rempichote » (garnit sa poche).
Ils font « *tricer de l’eau », d’abord et la comprimant habilement entre les deux maïns plongées dans l’eau ; mieux, par uneé « *tricette » ; l’instrument est vite fait : un bout de tige de sureau fait le corps, en enlevant la moelle. Une baguette garnie de fil à une extrémité fait e piston. Un bouton de culotte enfoncé à une extrémité retient l’eau à comprimer et divise le jet. La solidité n’est pas garantie, mais la réparation fait aussi partie du jeu. Le gagnant est celui qui a fait « *tricer le plus loin ».Souvent le jeu se termine en bagarre, car il y a toujours un gamin qui trouve très plaisant d’arroser sournoisement un de ses voisins, d’où les protestations et les coups de poing.
Ils jouent aussi « à la *galine », sorte de quille qu’il faut renverser avec une pierre en partant du but. Un joueur la redresse, « celui qui est. pris ». On peut rentrer au but avec la pierre tant que la galine est renversée, Dès qu’il l’a redressée « le pris » peut « prendre » (c’est-à-dire. toucher) quiconque a mis la main sur sa pierre et n’est pas rentré au but, ce joueur évidemment s’esquive ; « pris », 1l prend la fonction de redresseur de la galine.
La course s’appelle « coursette », elle peut se modifier en « chat coupé », c’est-à-dire à coupe-chat. Pendant la Semaine Sainte, quand les cloches se taisent, ce sont les écoliers qui annoncent les offices. Ils se partagent le village : à tel groupe, telles rues, les rues qu’ils habitent. Ils parcourent les rues faisant tourner leur « *bruant » (crécelle, mot inconnu) quelques instants, crient l’office en question et recommencent un peu plus loin. Le Samedi-Saint après l’office du matin, « les bruants » viennent « chercher leur roulée » : les enfants se présentent aux maisons des cultivateurs et reçoivent des œufs, qui seront leurs œufs de Pâques, cuits durs et teints.
acholon, 33.
agacia, 35.
arranger les mouches, 35.
auburon, 34.
bacu, 34.
balibot, 39.
balonge, 32.
baraque, 35.
barbe de capucin, 34.
battre à la mécanique, 29.
beulmé, 39.
berceau, 31.
beûgnet, 37.
bique, 38.
blé de T’urquie, 29.
boudre, 34.
breûiller, 35.
brisac, 39.
broussiner, 26.
bruant, 40.
callebasse, 36.
camp volant, 37, note.
canner, 38.
canquoille, 35.
carron, 38.
cerise aigre, 32.
cerise de bois, 32.
chanette, 37.
charbonnette, 34.
charmille, 33.
charrière, 28.
chèneau, 37.
chenevière, 27, 20.
cheni, 37.
chevrotte, 30,
chiennid, 34.
chique, 39.
cirer les épis, 29.
cochon / coche, 38.
coco jaune, 33.
cœur de bœuf, 32.
coucheri / poulette, 38.
coué, 30.
couèche, 33.
TABLE
couiner, 38.
couper les mouches, 35.
coursette, 40.
crâpé, 87.
craquant, 37.
crête de cog, 34.
à cropiotte, 38.
dégobiller, 38.
double, 30.
dovot, 38.
droit-vent, 26.
eau votte, 33.
échelages, 31.
s’écuisser, 33.
engrener, 29.
entêter, 37.
équipet, 31, note.
ételles, 34.
étroubles, 29.
évaltonné, 39.
faux, 28.
fieuter, 38.
fieutot, 38.
fondrière, 30.
fosseu, 31.
foulotte, 87.
fourragère, 81, note.
fovard, 33.
frogner dans, 28, 38.
fromentelle, 32.
fumeron, 30, note.
gachenot / gachotte, 37.
galine, 40.
gandion, 39.
godin / génisse, 38.
golmelle, 34.
gouillant, 39.
gouri, 38.
grabon de lard, 37.
greviller, 39.
griller, 37.
hotu, 36.
jautrelle, 34.
jergué de cérise, 33.
jour (de terre), 28.
langue de bœuf, 34.
larmier, 37.
léchure, 28.
lisette, 27, note.
madeleine, 33.
mahon, 38.
maie, 37.
marcujon, 27.
marlin, 34.
mécanique, 31.
menu aille, 28 (note), 30.
de f01n) 28.
modeme 34.
mouche à. miel, 35.
monter un ordon, 32.
moûre, 33.
moutelle, 36
nagette, 36.
naille, 38.
naque, 38.
neûgeotte, 33.
oblet, 36.
ordon, 31, 34.
ouvré, 28.
ouyotte, 38.
paillote, 28 (note), 30.
patate, 27.
pâture, 35.
pesseaux, 32, et note.
petite eau, 33.
petite rave, 27.
peu, peutte, 39.
pie (des blés, etc.), 27.
ièter, 40.
pioter, 34.
poirotte, 27, note.
pomme acide, 33.
pomme de carré, 33.
pomme de saigne au dent, 33.
pot de camp, 37.
potot, 39.
poulain / pouliche, 88.
poutou, 39.
puelle, 33.
queûner, 38.
queûrotte, 33.
quincarniaux, 35.
[ quiquefle 82.
ran de cochon, 87.
Tatte, 38.
Tecasser (un champ), 2T,
réguisette, 30.
se remp1choter 40.
repasse, °33.
reu, 30.
revauiller dans, 39.
roucher (pluie), 26.
à la roulante, 39 :
roulée, 40.
rousse, 36.
Sâme, 36.
Saumoire, 37, note.
Suotte, 33.’Sriôvre, 29.
Solaire (vent) 26.
sombre (pie des), 27.
sombrer (un champ), 27, 81.
soufre (poisson), 86.
taupière, 30.
tavin, 35..
tentelm 39, et note.
tétard, 36.
touiller, s9.
toutiot, 31.
tréseau, 29.
tricer, 40.
tricette, 40,
truot, 28.
truot jaune, 28.
turki, 29.
vachotte, 34.
vau,.28.
verne (arbre) 35.
verne (vent), 26.
vinnet, 32, 36.
vions (lancer des vions), 39.
virot, 31.
voiture 30, 31.
- ↑ Voir en particulier A. Dauzat, Les Patois, 1938, 2e éd. (Bibliothèque des Chercheurs et des Curieux) : les mots régionaux sont une source d’enrichissement pour le français (pp. 85-90) ; ils manifestent le fonds archaïque régional (pp. 90-92). — Voir Pierre Humbert, Dict. hist. du parler neuchatelain ; F. Boillot, Le fr. régional de la Grand’Combe ; Aug. Brun, Le fr. de Marseille, 1931 ; J. Séguy, Le fr. parlé à Toulouse, 1950 ; Louis Michel, Le français de Carcassonne, 1950.
- ↑ Les mots se réfèrent à une situation donnée. Mes souvenirs nous
reportent à celle du pays avant la guerre de 1914, Actuellement des
choses ont changé, en particulier par suite du perfectionnement technique
de la culture. Assez fréquemment j’aurai à noter ce changement.
Ces observations sont dues en particulier à mon frère René resté au
pays. Il a vérifié, sur le manuscrit, l’exactitude de tous mes souvenirs.
Je l’en remercie beaucoup.
Les mots de ce français régional employés uniquement, à l’exclusion du mot français proprement dit (mot correct de nos dictionnaires, inconnu ou connu par l’école ou la lecture du journal ou autres), sont précédés d’une astérisque ; à l’occasion des précisions sont ajoutées dans le texte. Pour les mots qui diffèrent simplement par la prononciation, je mets entre parenthèse le mot français. Quant aux mots français simplement spécialisés ou détournés de leur sens, il a suffi de les mettre eutre guillemets. Quand il pouvait y avoir de la difficulté à la lecture des mots locaux ou régionaux, j’ai mis entre parenthèse la transcription phonétique (en italique).
- ↑ Les vieux appelaient aussi les pommes de terre « poirottes » et les betteraves « lisettes ».
- ↑ Les « lèchures » sont constituées par des betteraves et des carottes passées au coupe-racine agrémentées d’une poignée de gros son (à défaut e la « menu-paille » -ou « paillote » (balle du battage) et d’un peu de gros sel pour bestiaux. Elles sont distribuées individuellement à chaque vache laitière ; après qu’elle a mangé sa’ration de foin et de paille.
- ↑ Il n’y a plus guère actuellement de ces batteuses mécaniques à chevaux ; un moteur électrique a remplacé les chevaux et beaucoup de cultivateurs ont adapté un van automatique à leur ancienne batteuse, le grain est ainsi battu et vanné en même temps.
- ↑ Le fumier déchargé de la voiture est d’abord mis en petits tas dans le champ : « les fumerons » qui seront ensuite « épanchés ».
- ↑ Actuellement la fenaison est plus simple : les endains de la faucheuse mécanique se trouvent épanchés d’eux-mêmes, la faneuse mécanique les retourne, le foin est ramassé avec le rateau à cheval, On ne fait des chevrottes que pour les regains.
- ↑ Si, au printemps, on n’a pas épanché les « taupières » (taripinières), ces petits tas de terre desséchés compliquent le travail du faucheur et l’agacent.
- ↑ Les « échelages » disparaissent peu à peu et sont remplacés par des plateaux dits « fourragères ».
- ↑ Ce « fosseu » lui sert aussi à planter et à bêcher ses pommes de terre. La bêche proprement dite, appelée aussi « équipet », est employée pour le bêchage du jardin.
- ↑ Actuellement les « pesseaux » ont presque disparus. On utilise des fils de fer tendus entre des poteaux.
- ↑ Le « tentelin » sert aussi à évaluer le rendement brut d’une vigne. On dit par exemple : à la vendange cette vigne a donné tant de tentelins à l’ouvré.
- ↑ Pour désigner les noix, le mot du patois est « acholons » (dsold) il est rarement employé.
- ↑ Maintenant on trouve difficilement un bûcheron entrepreneur de la coupe. On en est réduità diviser la surface en lots représentant les « portions » et chaque cultivateur s’ingénie pour abattre ou faire abattre le bois qui lui revient.
- ↑ Sous le pont du village, l’eau est très peu profonde. Les enfants s’amusent à pêcher ce petit poisson « à la fourchette ». Ils écartent doucement les pierres pour apercevoir leur proie et l’embrocher. Mais très souvent le coup est manqué ; ce petit poisson est très agile. Ils sont plus heureux avec le poisson-chat, qu’ils appellent « tétard ».
- ↑ Les nomades qui passent dans le village avec leur roulotte, bohémiens ou non, sont appelés « les camps volants ».
- ↑ Le liquide très salé qui se forme dans le saloir est « la saumoire », on dit aussi « saumure ».
- ↑ Onomatopée qui désigne ses petits cris.
- ↑ Mot du langage enfantin pour « baiser ».
- ↑ « Potot » = « petit pot » ; les billes sont réunies en un petit tas.