Vivre sa vérité/00

Baconnière (p. 7-8).


À LA MÉMOIRE DE SA MÈRE
EMMA CÉRÉSOLE-SECRETAN

AVANT-PROPOS

« J’ai vraiment trop de respect pour les hommes pour écrire quoi que ce soit. Eh quoi ! je vous proposerais de me lire, d’entendre un écho… au lieu de trouver l’Éternel[1] en vous mêmes, directement ! »

Ces lignes qu’il a tracées expliquent pourquoi Pierre Cérésole ne s’est pas voulu écrivain. Cependant, au cours de sa vie d’action, en tous lieux, à toute heure du jour et de la nuit, il a noté pour lui-même des pensées, des réflexions, des scènes vécues ou des tableaux contemplés. Ces notes se sont accumulées dans plus de cent petits carnets, formant un ensemble de dix à quinze mille pages. C’est de ces carnets qu’a été tirée la matière du présent volume.

Nous publions les textes dans l’ordre chronologique. Il nous a paru préférable de ne tenter ni groupement ni commentaire. À plus forte raison nous sommes-nous interdit toute intervention qui eût ressemblé à une « censure » : Pierre Cérésole se révèle ici tel qu’il était. Il est libre devant un lecteur que son exemple convie à être libre. On a pleinement le droit de taxer d’outrances telles ou telles de ses assertions. Qu’on se souvienne qu’aucune de celles qu’on trouvera dans ces pages n’a été formulée en vue de la publication. Et qu’on soit juste en suivant jusqu’à son terme final la marche de cet homme affamé de justice.

La vie de Pierre Cérésole donne seule à ce qu’il a écrit sa pleine signification. Sans anticiper sur une biographie à venir, nous donnons en tête de chacun des chapitres où nous avons réparti nos textes quelques indications sommaires qui éclaireront le lecteur. Et puisque les Carnets antérieurs à 1909 ont été égarés ou détruits, nous commencerons par dire en quelques mots ce que fait à cette date, si loin de son pays et de ses études, cet ingénieur suisse âgé de trente ans.

Mais auparavant nous tenons à remercier ici tous ceux qui, par leurs récits, les lettres qu’ils nous ont confiées, leur aide pour dactylographier et pour choisir les pensées à publier, nous ont soutenus et encouragés dans notre travail. Nous adressons des remerciements très particuliers à M. Pierre Bovet et à Mlle Hélène Monastier pour leur précieuse collaboration.

  1. Le mot « éternel » est le plus souvent écrit sans majuscule. Il désigne tout ce qui doit durer, tout ce qui est digne de durée.