Vitraux/Menuet d’automne
Menuet d’automne
Les asters et les véroniques, — de leurs corolles sans parfums, — laissent tomber sur les parterres — où d’autres fleurs ne s’ouvrent plus, — la tristesse mystique et lente des adieux.
Mauve tendre et vert alangui, — leurs teintes vagues s’harmonisent — aux ciels lavés du prime automne, — à la souriante langueur — des beaux jours près de s’envoler.
Bouquets de souvenir et non bouquets de deuil, — l’or violent des chrysanthèmes, — le sang pourpré des dahlias, — n’altèrent point leur éclat doux.
En mineur, d’une voix éteinte — et sur un mode atténué, — les asters et les véroniques — au vent fraîchi qui les caresse, — marmonnent des refrains d’adieux.
C’est la saison prestigieuse — où les arbres portent des feuilles — de topazes et de rubis, — où la grive crie à travers — les pampres fauves adornés — de rutilante orfèvrerie.
En ses corbeilles débordantes, — Octobre entasse, à pleines mains — les présents des chasseurs et ceux des vignerons.
Sous les courtines jaune pâle — de leurs ultimes floraisons, — en un dernier baiser, les roses — solemnisent leurs noces d’or.
La terre se pâme, enivrée — et célèbre une fête encore — avant d’entrer dans le silence — et la paix noire de l’hiver.
Demain, les martinets frileux — avec les feuilles arrachées — s’envoleront à tire d’aile ; — demain, les bises hiémales — sangloteront parmi les bois…
Mauve tendre et vert alangui, — sur les plates-bandes fanées, — les asters et les véroniques — chantent, mezzo voce, la chanson des adieux.