Visite pastorale du 16 septembre 1762

François Moreau, évêque de Vence
Texte établi par Archives Départementales Alpes-Maritimes (p. 1-7).

G 1272

Procez verbal fait sur l’entrée et reception de Monseigneur l’illustrissime et Reverendissime Gabriel François Moreau, eveque et seigneur de cette ville de Vence, du Broc, L’Olive, Bezaudun et autres places, abbé commandataire de Saint-Sauveur d’Anniane, conseiller du Roy en tous ses conseils.

Nous Gabriel François Moreau par la Grace de Dieu et du Saint Siege apostolique eveque et seigneur de cette ville de Vence, du Broc, L’Olive, Bezaudun et autres lieux, abbé commandataire de Saint-Sauveur d’Anniane, conseiller du Roy en tous ses conseils ; sçavoir faisons que le seize septembre mille sept cents soixante deux nous serions partis de la ville de Fréjus, pour venir en cette ville de Vence residence de notre eveché pour y pourvoir à tous les besoins de notre dioceze, et etant arrivé au lieu de Cagne[1], qui est la premiere parroisse à l’entrée de notre dioceze, nous y aurions rencontré, M. l’abbé Guillot de Mondésir, notre vicaire general lequel nous auroit dit que les deputéz de notre venerable chapitre de l’eglise cathedralle n’avoient pas pû se rendre auprez de nous pour nous accompagner à cause du mauvais temps, ainsy que les maire et consuls et principaux habitants dud. Vence, mais que le quatorze dudit mois jour auquel notre arrivée avoit eté annoncée les Srs Jean Baptiste Suche chanoine et Joseph Espitalier, theologal deputéz dud. chapitre, nous y avoient attendû jusques vers les cinq heures du soir et que les maire et consuls et principaux habitants dudit Vence nous avoient attendû à l’entrée du terroir dud. Vence jusques vers la meme heure, où l’on aprit que nos affaires nous avoient empeché d’arriver ce meme jour, et aprés nous etre reposé quelque temps aud. Cagne pour y recevoir les compliments du prieur de la parroisse, et des maire et consuls dud. lieu, nous serions partis dud. lieu vers les quatre heures et serions arrivéz vers les six heures à la place Saint Michel, où nous aurions trouvé lesdits sieurs Suche et Espitalier deputez de notre chapitre qui venoient au devant de nous pour nous donner de sa part des marques de respect ; et quelques pas aprés nous aurions trouvé les maire et consuls de cette ville en chaperon et le juge en robbe à leur tete suivis des principaux habitants de la ville qui venoient aussy à notre rencontre et etant descendus de cheval, nous avons eté complimenté sur notre arrivée, et s’etant tous mis à notre suite nous nous sommés rendûs à l’eglise cathedralle en entrant dans la ville par la porte Saint-Paul, et arrivé à la porte de lad. eglise nous y aurions eté receus par tout notre clergé en surplis, qui nous y attendoit, les chanoines et beneficiers en aumusse[2], et ayant descendu les degréz, le prevost de lad. eglise nous auroit presenté le goupillon avec les ceremonies accoutumées et nous auroit conduit au devant la chapelle du Saint Sacrement où on y avoit preparé un prie Dieu orné d’un tapis et d’un carreau, et aprez avoir fait notre priere et rendu graces à Dieu de nôtre heureuse arrivée et imploré son secours pour obtenir les graces necessaires pour la conduite du troupeau qu’il à plû à sa divine misericorde de confier à nos soins ; nous serions allé dans notre palais episcopal accompagné des deputes du chapître en surplis et aumusse, du juge en robbe, des maire et consuls et de la plus grande partie des notables de la ville ou apréz nous etre reposé quelques moments ; nous avons receu la visite de M. le marquis de Vence seigneur de cette ville qui nous à engagé d’accepter un logement dans son chateau, ou nous nous sommés rendus et le lendemain dix sept attendu que notre palais n’etoit pas encore meublé et en état d’être habité et le lendemain dix sept dudit mois de septembre nous nous somméz rendus dans notre palais vers les onze heures du matin et aprèz avoir entendu la messe qui a été célébrée par notre aumonier, nous avons trouvé dans la salle de nôtre palais le chapitre de notre dite eglise cathedralle accompagné de tout le clergé, le prevost à la tete en manteau long qui nous a complimenté, est venû ensuite les maire et consuls de cette ville en chaperon le juge à leur tete en robbe accompagnés des principaux bourgeois et notables qui nous ont pareillement complimenté sur notre heureuse arrivée, apréz quoy nous nous sommés retiréz au chateau, et ayant fait avertir par le curé au prône que notre intention etoit de nous faire recevoir le dimanche dix neuf du present mois de septembre tant en qualité d’eveque que de seigneur temporel dud. Vence, et que pour cet effet nous choisissions la chapelle des penitents noirs dud. Vence qui est au fauxbourg de la ville et sur le grand chemin allant à Saint Paul, en consequence nous nous sommes, ledit jour dix-neuf septembre, rendus vers les huit heures du matin à lad. chapelle, accompagné de notre vicaire general, de notre secretaire, de notre greffier, et suivi de nos domestiques, et etant arrivé à la chapelle, avons trouvé la confrerie revetue de leurs habits. Le prieur à leur tête, sont venus au devant de nous, et, sur la porte de la chapelle, nous ont presenté de l’eau benite à la maniere accoutumée, et nous ont conduit à un prieu[3] couvert d’un tapis placé audevant de l’autel, ou nous avons fait notre priere, ensuite nous nous sommés fait revetir de nos habits pontificaux ; pendent lequel temps, le chapitre, accompagné de tous les ecclesiastiques de l’eglise, se sont rendûs processionnellement à lad. chapelle, et etant revetu de nos habits pontificaux, le prevost nous à présenté la croix à baiser, et en meme temps on à entonné l’antienne Sacerdos et Pontifex, et nous etant mis sous le dais, qui nous a été présenté et porté par les magistrats, maire et consuls de la ville, nous nous sommés rendus processionnellement dans notre église cathedralle, en passant par la grande rue du fauxbourg, par la place du Peyrat et par la rue de notre eveché ; et avant que d’entrer dans notre eglise et sur la porte d’icelle, le prevost nous à encensé de trois coups, nous à présenté le goupillon, dont nous avons aspergé le peuple ; ensuite on à entonné le Te Deum, pendent lequel nous avons eté jusques au m[aîtr]e autel, où nous nous sommés mis à genous sur un carreau preparé à cet effet. Le Te Deum fini, on à chanté l’antienne Sacerdos et Pontifex, aprés quoy, le prevost est monté à l’autel, placé du cotté de l’épitre, s’est tourné devers nous, à chanté ces paroles Protector noster &c., et à dit l’oraison Deus fidelium onnium pastor ; ensuite le chœur à chanté l’antienne du titulaire, pendent laquelle nous sommés montés à l’autel, et aprez l’avoir baisé, nous sommés allé du cotté de l’épitre et avons chanté l’oraison, étant revenû au milieu de l’autel, nous nous sommés rendu sur notre trone, on nous à revetu de nos habits pontificaux pour celebrer la messe ; la messe dite, nous avons donné la benediction au peuple ; ensuite le prevost à publié les indulgences que nous avons accordé [sic] à tous ceux qui ont assisté à notre reception. Ensuite nous nous sommés fait deshabiller de nos habits pontificaux, et en camail et rochet, accompagné du chapitre et clergé et des principaux de la ville nous nous sommés rendus dans notre palais et aprés nous avoir salué se sont retirés, et du tout nous en avons fait dresser le present procés verbal par Me Jean Mars notaire royal et apostolique de cette ville notre greffier.

  1. Sic pour Cagnes-sur-Mer
  2. Fourrure dont les chanoines se couvrent quelquefois la tête, & qu’ils portent ordinairement sur le bras, Dictionnaire de l’Académie française, 4e edition (1762)
  3. Lecture incertaine. Peut-être prien ou prieu pour prie-dieu ?