Visite à quelques écoles normales de France, d’Allemagne et de la Suisse orientale

VISITE À QUELQUES ÉCOLES NORMALES
de France, d’Allemagne et de la Suisse orientale
[1]



N’ayant pu disposer que d’un temps fort court (mon voyage a duré trois semaines), je me suis borné à un petit nombre d’écoles, pensant qu’il valait mieux ne faire connaissance qu’avec trois ou quatre que d’en visiter plusieurs superficiellement. Les écoles normales dans lesquelles je suis resté quelques jours, et que par conséquent j’ai vues le plus en détail, sont celles de Nancy, de Neuwied (en Prusse) et d’Esslingen (Wurtemberg). J’ai vu aussi les deux écoles normales de Carlsruhe (évangélique et mixte), de Mariaberg (canton de Saint-Gall, près Rohr- schach), et d’Unterstrass (Zurich), mais moins en détail. Les principaux points sur lesquels j’ai porté mon attention sont les suivants :

1° Les bâtiments destinés aux écoles normales ; 2° l’ameublement ; 3° la nourriture des élèves ; 4° l’enseignement : 5° la culture pédagogique des élèves ; 6° les travaux manuels ; 7° la discipline.

1. Les bâtiments. De tous les séminaires[2] que j’ai vus, celui dont l’arrangement intérieur m’a paru le mieux approprié à son but est celui de Neuwied. Les séminaires de Carlsruhe, quoique plus récents (l’un a été ouvert en 1875) et extérieurement plus grandioses, ne m’ont pas paru aussi pratiques, sauf pourtant le bâtiment destiné aux leçons (Lehrhaus). Les autres écoles normales sont installées dans d’anciens bâtiments remaniés et agrandis. Ces bâtiments ne présentent naturellement plus les avantages d’une construction neuve, et, dans toutes ses parties, appropriée à son but. En Allemagne, j’ai trouvé partout des chambres d’étude pour 8 à 10 élèves. Cette organisation est très-avantageuse là où le nombre des élèves est considérable.

Les écoles normales allemandes ont encore une pièce importante, l’aula, espèce de chapelle ou grande salle, pour le culte domestique, le chant, les examens et autres réunions. L’aula contient un grand orgue, un ou deux pianos, une petite tribune et des siéges. Chaque séminaire allemand a encore des chambres nombreuses pour la musique, et celui de Neuwied trois logements de professeurs, chacun en rapport avec trois chambres d’étude.

Enfin, j’ai trouvé partout des locaux spéciaux, fermés et chauffés, pour la gymnastique en hiver[3].

2. Ameublement. L’ameublement des classes ne m’a paru nulle part bien remarquable.

À Nancy, le dortoir est admirablement monté et tenu. Je n’ai pas vu ailleurs d’aussi beaux et d’aussi bons lits. Mais les élèves de Nancy n’ont pas d’armoire en propre, tandis qu’en Allemagne, chaque élève peut disposer d’une ou de deux armoires fermant à clef. À Nancy, les armoires sont remplacées par un vestiaire : c’est peu commode. En Allemagne et dans la Suisse orientale le matériel pour la musique, orgues, pianos, violons, est partout considérable.

3. Nourriture. Les élèves les mieux nourris sont ceux de Nancy. Ils ont deux fois par jour de la viande et du vin. En Allemagne et dans la Suisse allemande, la table est moins bonne ; le vin yest inconnu. La ration, de viande varie entre 250 grammes (Mariaberg) et 170 (Carlsruhe) ; Unterstrass 185, Neuwied 200, Nancy 240 en deux fois[4]. La ration de pain est partout d’environ 5/4 de livre (625 grammes). À Nancy, elle est d’environ 700 grammes.

4. Enseignement. Une bonne partie de mon temps a été consacrée à l’étude des méthodes d’enseignement. En Prusse, on exerce les élèves à répondre avec clarté et précision. Mais on tombe partout, avec la méthode de catéchisation, dans l’habitude de trop morceler la leçon et de négliger la synthèse. À Nancy, on fait le contraire : le maître expose sa matière, l’élève prend des notes, et dans la leçon suivante, à l’aide de ses notes et des ouvrages qu’il a pour consulter, il doit reproduire la leçon du maître. Il n’a ni cahiers ni manuels obligatoires. Cette méthode exerce élève à étudier son sujet de manière à pouvoir l’exposer, mais il lui manque l’action du maître pour lui faire découvrir par la réflexion des idées ou des principes en rapport avec ceux qu’il expose, et lui ouvrir, par ce moyen, de nouveaux horizons. Il apprend peut-être autant, mais son intelligence est moins développée et ses connaissances moins bien reliées entre elles. Pour les mathématiques et l’histoire naturelle, cette méthode peut valoir l’autre, mais non pour les matières qui, comme la langue et l’histoire, tiennent à tous les domaines et peuvent donner lieu à toute espèce de jugements ou de réflexions.

Les programmes d’enseignement sont à peu près partout les mêmes, excepté à Zurich, où ils sont d’une étendue déraisonnable. À Nancy, le programme est aussi très-chargé. En Prusse, les études littéraires sont poussées moins loin qu’en Suisse. En revanche, les élèves doivent lire un certain nombre d’ouvrages, ce qui est certainement préférable à nos cours abstraits de littérature et d’histoire littéraire ; car que peut entendre un élève à des règles ou à des réflexions se rapportant à des genres de littérature ou à des auteurs qu’il ne connaît pas ? C’est lui enseigner la grammaire avant que de lui donner le matériel de la langue.

Il y a trois branches dans lesquelles l’Allemagne m’a paru particulièrement avancée : la Gymnastique, le Chant et la Musique.

Je dis d’abord la Gymnastique. Cette branche est poussée très-loin en Allemagne, où elle a pris un cachet militaire prononcé. Il ne nous est guère possible en Suisse, vu nos circonstances nationales, et avec les moyens restreints dont nous disposons, de nous élever au niveau de l’Allemagne. Je n’ai rien vu dans tout mon voyage de si beau que les exercices gymnastiques à Neuwied, à Carlsruhe et à Esslingen. À Carlsruhe, la salle de gymnastique est un monument d’art qui a presque les dimensions d’une cathédrale.

Le Chant et la Musique sont aussi poussés très-loin dans les écoles normales allemandes. À Neuwied, on donne à l’expression du chant une attention pour le moins aussi. grande qu’à la mesure et à l’harmonie. Le chant ainsi élevé à la hauteur d’une déclamation musicale produit un effet saisissant. À Carlsruhe et à Esslingen, on chante comme dans la Suisse allemande. Le chant y est moins parlé, mais l’harmonie est pleine et riche. Nous ne pouvons pas arriver dans la Suisse romande à de tels résultats, d’abord parce que nos élèves sont d’une année ou deux plus jeunes et dans l’âge où la voix change ; et ensuite parce que nos élèves n’ont pas le goût musical développé, n’ayant pas été pour cela dans un milieu assez favorable.

Le piano et l’orgue jouent un grand rôle dans toutes les écoles normales allemandes, comme aussi le violon. Les Allemands accordent à la musique environ le quart du temps consacré aux études.

Voici maintenant quelques données générales sur les sciences naturelles, le dessin et l’enseignement religieux.

Les sciences naturelles sont partout enseignées avec des moyens intuitifs nombreux. À Nancy, l’école normale possède un très-beau cabinet de physique et un laboratoire de chimie, avec bancs et en amphithéâtre. Tout ce que l’on enseigne aux élèves en physique et en chimie est expérimenté sous leurs yeux. En Allemagne, les instruments de physique et le matériel pour l’enseignement de la chimie sont bien plus modestes qu’à Nancy, mais on ya le nécessaire. On peut se procurer à bon compte en Allemagne les instruments nécessaires à l’enseignement de ces deux branches. On vend à Stuttgart, chez C. Bopp, professeur, 61 instruments pour toutes les branches de la physique à l’usage des écoles supérieures pour le prix de 195 francs. Le même auteur vend au même prix une collection de 63 objets pour l’enseignement de la chimie.

Pour l’Histoire naturelle, j’ai trouvé partout de petites collections ou des tableaux excellents.

Le Dessin. — À Nancy, et cela dans toutes les écoles, on a renoncé au dessin linéaire à main libre. On emploie la règle et le compas, et l’on arrive rapidement dans le dessin géométrique et technique à de bons résultats. Le dessin artistique, sauf dans l’école des frères, où il est poussé trop loin, y est, je crois, peu cultivé. À Neuwied, la règle est permise pour les grandes lignes, et le compas pour vérifier ce que l’œil a dirigé. À Esslingen, où le dessin est le plus avancé, la règle et le compas sont défendus. Mais ce n’est pas là tout ce qui m’a frappé dans l’enseignement du dessin. À Nancy, le dessin est essentiellement technique ; en Allemagne et dans la Suisse orientale on vise plutôt à l’ornementation. Quand le dessin linéaire est terminé, on donne aux élèves, pour modèles, des plâtres représentant des feuilles d’acanthe, des palmettes, des volutes et autres ornements, tirés généralement de l’architecture grecque. On passe ensuite aux projections et à la perspective.

À Esslingen, et dans tout le Wurtemberg, le dessin marche de front avec la géométrie. L’élève doit se rendre un compte exact de tout ce qu’il. fait. Les projections les plus compliquées sont expliquées avec toute la rigueur d’une démonstration mathématique. En fait de modèles, on ne donne aux élèves que ceux qui représentent une figure plane, à deux dimensions, ainsi sans perspective et sans ombres. Ils les font plus grands ou plus petits. C’est donc un commencement de dessin d’après nature. Quand on passe aux corps (trois dimensions), les élèves ne reçoivent plus de modèles, mais des plâtres, et c’est alors qu’ils apprennent à ombrer, parce qu’ils peuvent observer les ombres sur les objets qu’ils dessinent. Des rideaux verts divisent la salle de dessin en autant de compartiments qu’il y a de fenêtres, afin que l’objet que l’on dessine ne reçoive la lumière que d’un côté.

Encore une remarque sur cette branche. J’ai été frappé, en parcourant Carlsruhe et surtout Stuttgart, de voir que les nouvelles constructions, ainsi que les objets exposés en vente dans les magasins, représentent partout les dessins et les ornements que J’avais vus dans les écoles. Ces dessins et ces ornements sont empruntés à l’art grec, dont on ressuscite toutes les formes et que l’on popularise par l’école et par de magnifiques publications, telles, par exemple, que l’École de l’ornementation. Arrivé en Suisse, j’ai éprouvé une espèce de malaise de ne retrouver que des formes nues ou des ornementations ordinairement sans règle et sans style. J’ajoute à ce que je viens de dire, que la salle de dessin de Mariaberg, sauf pour la lumière, est la mieux organisée que j’aie vue. On suit aussi, dans cette école, à peu près le même programme qu’en Wurtemberg, avec une marche probablement moins mathématique, mais plus esthétique, en ce sens que les élèves arrivent plus vite aux corps et aux ombres, ce qui les encourage, je crois, davantage.

Religion. — Dans toutes les écoles normales allemandes que j’ai visitées, l’enseignement religieux a un programme très-étendu et on y consacre beaucoup plus de temps qu’en Suisse. On peut juger de l’étendue de cet enseignement par le programme suivant des écoles normales prussiennes protestantes. (Celui des écoles catholiques est un peu différent, mais tout aussi étendu.)

Histoire sainte. — Étude des psaumes et autres morceaux poétiques de l’Ancien Testament. — Étude des chants d’église au point de vue de la forme, du contenu et de l’histoire. — Remémorisation des cantiques appris dans les écoles primaires et préparatoires. — Étude des péricopes ou de l’année ecclésiastique. — Organisation du culte public. — Étude systématique des vérités chrétiennes d’après le catéchisme, en rapport avec l’histoire sainte. — Connaissance des livres de la Bible et lecture de la Bible (Actes des apôtres, les Épîtres de saint Paul, fragments du livre de Job et du prophète Isaïe). — Histoire ecclésiastique (en abrégé). — Méthode à suivre dans l’enseignement des diverses branches de l’enseignement religieux, et exercices pratiques dans les écoles modèles.

5. Culture pédagogique des élèves-régents. Les leçons de pédagogie auxquelles j’ai assisté m’ont intéressé par la manière dont les divers directeurs traitent leurs sujets. Tous sont bien au courant de la pédagogie, ce qu’on ne trouverait pas, je pense, au même degré, dans les pays de langue française. Néanmoins la pédagogie théorique m’a moins captivé que les exercices pratiques d’enseignement dans les écoles modèles. Ces exercices sont beaucoup mieux dirigés et organisés que je ne me l’étais figuré. En Prusse et en Wurtemberg, les élèves de la troisième année s’occupent essentiellement d’enseignement. Chaque élève doit donner de six à dix heures de leçons par semaine.

En Prusse, tous les maîtres doivent exercer les élèves à l’enseignement et à la tenue de l’école, chacun dans les branches qu’il enseigne. Pour cela, il est tenu d’abord de donner à son enseignement la forme qu’il revêt dans l’école primaire ; ensuite il est chargé de faire connaître aux élèves les méthodes d’enseignement des branches dont il est chargé ; enfin, il doit les diriger dans la préparation de leurs leçons, leur faire donner, en présence de leurs condisciples, des leçons d’épreuve, et les critiquer ensuite.

En Wurtemberg, le directeur de l’école modèle et son aide sont spécialement chargés de cette pédagogie pratique. À Esslingen, chaque élève a un cahier dans lequel il doit écrire tout au long ses leçons, avec demandes et réponses, et cela d’après un plan fait avec soin. J’ai vu de ces cahiers, dans lesquels les leçons étaient remarquablement bien préparées. Les Wurtembergeois pensent que leur méthode est préférable à la méthode prussienne. Elle doit naturellement introduire plus d’ensemble dans les exercices ; mais la méthode prussienne me paraît préférable, en ce qu’elle oblige tous les maîtres à se familiariser avec l’enseignement primaire et à s’occuper de pédagogie.

Dans les autres écoles normales, on consacre moins de temps à ce côté pratique de la pédagogie. À Zurich, j’ai trouvé une organisation particulière. Là, un élève doit seul, durant toute une semaine, sous les veux du titulaire, diriger une école modèle divisée, conformément à la loi, en six classes, occupées séparément. C’est une tâche difficile. César ne dictait qu’à quatre en styles différents. L’élève en question ne reste qu’un quart d’heure dans chaque classe pour une leçon d’une heure et demie, et dix minutes pour une leçon d’une heure. D’après cette organisation, les enfants écrivent les cinq sixièmes du temps qu’ils passent à l’école. Ordinairement, ils font une composition sur la leçon qu’ils viennent de recevoir, ce qui les exerce à l’art d’écrire. Il est notoire que cette organisation est trop compliquée et que les enfants sont trop occupés par l’écriture. À Nancy, les élèves-régents sont employés, à tour de rôle, dans l’école annexe (école modèle), à côté du titulaire. Nous avions le même système à Peseux, mais après mon retour je l’ai modifié. Au lieu d’envoyer nos élèves enseigner comme moniteurs à côté du maître de l’école modèle, je leur fais donner, à tour de rôle, une leçon sous mes yeux en présence de leurs condisciples. Cette leçon doit être préparée et écrite avec soin, et, comme à Zurich, l’élève en fonction doit occuper à la fois les trois divisions de l’école (réunies en une pour l’histoire sainte, en deux pour la géographie, etc.). Durant la leçon, les élèves-régents prennent des notes pour en faire la critique. Le même élève doit ensuite fonctionner une ou deux fois sous les yeux du maître de l’école modèle. Chaque fois, avant de préparer sa leçon, il doit assister à une leçon. Cette réforme constitue un progrès réel, non-seulement pour nos élèves-régents, mais encore pour l’école modèle. Quand le maître de cette école avait un aide à ses côtés, occupé dans une division tandis qu’il était dans une autre, on parlait trop aux enfants, et on les fatiguait. Maintenant qu’une partie de l’heure est employée à rédiger ce qui vient d’être dit, ou à faire un exercice écrit, maîtres et élèves ont plus d’entrain et les progrès dans la composition sont plus rapides.

6. Travaux manuels. Dans toutes les écoles normales, les élèves ont des soins de propreté et d’ordre à donner à la maison et des travaux manuels au bûcher, au jardin, etc. (à Esslingen, il n’y a point de jardin à cultiver). Mais nulle part la question des travaux de jardin n’a été résolue d’une manière pratique ; jardins et pépinières sont en souffrance, sauf là où, comme à Nancy, et depuis quelques mois à Peseux, il y a un jardinier en permanence. Il est bon que les élèves-régents aient des travaux manuels pour les maintenir dans la simplicité, et leur apprendre à se servir de leurs mains ; mais on ne saurait interrompre les leçons pour le jardin, et celui-ci, de son côté, ne peut pas se contenter des soins qu’on lui donne à heures fixes, sans compter que les élèves-régents sont pour la plupart fort maladroits en fait de culture ; et charger les maîtres de diriger les élèves, c’est, dans la règle, employer des aveugles pour diriger des aveugles.

7. Discipline. Enfin, mon attention s’est aussi portée sur la discipline. À Nancy, les élèves sont jour et nuit sous surveillance, et ils ne sortent qu’accompagnés d’un maître pour aller en promenade. Ce système est simple et prévient les écarts ; mais il n’apprend pas au jeune homme à user de sa liberté. En Allemagne et en Suisse, les élèves peuvent sortir librement, par exemple entre le dîner et deux heures, et le dimanche après-midi. Les études se font sous la surveillance d’un condisciple, et dans les heures de récréation les élèves ne sont pas surveillés. Ce système, qui est aussi le nôtre, n’est pas sans danger, surtout le dimanche après-midi. Néanmoins on pense qu’il doit être maintenu, afin d’apprendre aux jeunes gens à user de la liberté sans en abuser. Cette question de la discipline est encore une des moins avancées, surtout quant à l’emploi du dimanche, dont peu de directeurs sont contents.

J. Paroz,
Directeur de l’École normale
de Peseux (Suisse).

  1. Cet article est extrait d’une lettre que nous avons reçue de M. Paroz, directeur de l’école normale de Peseux (Suisse). Nous croyons intéresser les lecteurs de la Revue en publiant la lettre de notre honorable correspondant, dont nous avons seulement supprimé ce qu’il y avait de personnel à la direction (N. D. L. R.).
  2. On sait que tel est le nom donné, dans plusieurs pays, aux écoles normales primaires.
  3. Séminaire (école normale) de Neuwied.

    Le premier étage est distribué à peu près comme le rez-de-chaussée. À droite, se trouve encore un logement de maître, et en rapport avec ce logement trois chambres d’étude. Le séminaire de Neuwied est donc construit pour 72 élèves. À gauche, demeure le directeur ; outre l’espace qui correspond au logement du maître qui est au-dessous, il a encore toute l’aile opposée. Une paroi vitré ferme son logement dans le grand corridor. En dehors de son logement sur les chambres d, a et e, il y a : son bureau, une chambre d’attente, plus la chambre des conférences et la bibliothèque.

    Au-dessus de la salle à manger, il y a l’aula, espèce de chapelle avec orgue, piano à queue, gradins pour les chanteurs ou les joueurs de violon, une chaire ou tribune, etc. Au-dessus de la demeure du traiteur sont encore des chambres pour la musique.

    Le corps principal a seul un second étage, destiné aux dortoirs et aux chambres de toilette. Des dortoirs on peut entrer dans les galetas des ailes, où les élèves ont leurs malles, leur linge sale, leurs souliers et chacun une armoire (chacun en a une dans la chambre d’étude, et une portion d’armoire au réfectoire).

    Comme on le voit, dans le séminaire prussien, directeur, maîtres principaux et élèves ont leurs demeures et cuisines particulières. C’est un mélange d’internat et d’externat, où tout est bien séparé, et cependant groupé de la manière la plus avantageuse pour la surveillance et les relations réciproques.

    Les séminaires de Carlsruhe sont une reproduction du séminaire de Neuwied, moins la moitié du bâtiment a, b, c, d, e. Le corridor est rejeté du côté de la cour intérieure. Pour retrouver la place perdue, il a fallu donner aux bâtiments une grande étendue, supprimer les logements des maîtres, et placer les salles d’école dans un bâtiment particulier. Tout s’y trouve plus dispersé et la surveillance y est plus difficile.

    En transportant la partie extérieure du séminaire prussien de l’autre côté du bâtiment, de manière à obtenir avec la partie intérieure un rectangle avec cour intérieure (comme les anciens couvents), et en mettant les corridors du côté de la cour, on obtiendrait une circulation plus facile et une distribution tout aussi avantageuse.

  4. Le règlement des lycées français prescrit, pour le grand collége 65 grammes par jour et par repas de viande cuite et désossée ; pour le collége moyen 55 grammes, et pour le petit 45 grammes. On donne de la viande à midi et le soir. On estime que la viande perd la moitié de son poids par le désossement et la Cuisson.