Vingt-quatre heures d’une femme sensible/Conclusion

Librairie de Firmin Didot Frères (p. 142-143).



CONCLUSION.

Séparateur



La jeune dame qui a écrit ces lettres épousa son ami au bout de huit jours. On ignore si elle l’instruisit de tout ce que l’on vient de lire.

Le prince de R…, marié et heureux, ne put refuser de pardonner à son neveu la préférence qu’il avait obtenue sur lui, et le mystère qui lui en avait été fait.

Il n’est peut-être pas inutile de dire qu’ils logeaient dans la même maison, qu’il n’était entré chez lui que parce qu’entendant quelque bruit dans son appartement, il l’avait cru de retour de la campagne, ce qui l’avait surpris, et que, passé le premier moment de dépit que lui avait causé la rencontre si inopinée de madame de ***, il n’avait eu d’autre intention que de lui apprendre son mariage, et de l’empêcher de se compromettre aux yeux des gens.

Le jeune Alfred, détrompé, ainsi que le public, sur le prétendu mariage du jeune prince de… et de madame de B…, ne put se résoudre à revoir celle à qui, malgré son dévouement presque sans exemple, il avait causé tant de douleur. Il partit à l’instant même, et s’embarqua pour l’île de Malte, où son devoir l’appelait depuis longtemps. Après quelques années d’épreuves, ne pouvant bannir de son âme un sentiment qui s’en était entièrement emparé, il se voua sans réserve au noble état qu’il avait embrassé. Il devint un des chevaliers les plus célèbres de l’ordre.

Madame de *** ne put perdre non plus le souvenir des étranges relations qu’elle avait eues avec lui pendant cette terrible journée. Elle n’entendit jamais prononcer son nom sans éprouver une sorte de confusion, mêlée d’admiration et de reconnaissance.

Son union avec son ami ne fut qu’une longue suite de transports et de bonheur.

Séparateur