Vingt-quatre Sonnets/La Double Trace

Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 28-29).




La double trace




Trois fois de l’Aquilon le souffle furieux de leur verte parure a dépouillé les vertes plantes, et autant de fois Phébus a fait briller la toison dorée de la bête de Colchide,

Depuis que, la poitrine transpercée d’une flèche aigüe, ô blonde Chloris, d’un pied humilié je suis tes pas divins aux marques de fleurs qui jalonnent la prairie.

Et sans perdre de vue ta marche légère, je m’avance, teignant de mon sang rouge les collines que le ciel peint de mille couleurs ;

Au point que, maintenant, nous suivent les bergers aux traces étranges que sur le sol nous laissons, moi de sang, toi de fleurs.