Vingt-quatre Sonnets/L’Imagination

Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 34-35).




L’Imagination




Changeante imagination, toi qui, par mille efforts, en dépit de ton triste maître, dépenses la douce provision du sommeil pour en nourrir de vaines pensées,

Si tu rends mes esprits attentifs uniquement à me représenter le grave froncement de cette figure tendre et farouche, glorieuse trêve à mes tourments,

L’impresario Sommeil, sur son théâtre bâti dans le vent, revêt les ombres de formes bien belles.

Cède-lui : il te montrera le visage aimé et, pour un moment, tes douleurs seront trompées par deux bonheurs : qui seront dormir et le voir.