Vingt-cinq ans de littérature française/Texte entier

Librairie de France (tome IIp. 1-398).

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il a été tiré de cet ouvrage

cent exemplaires sur vélin pur chiffon

numérotés de 1 à 100

revêtus de la signature autographe

de m. eugène montfort.

COMPOSITION DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE DU 1er JANVIER 1895 AU 1er JANVIER 1920

Au 1er janvier 1895, l’Académie Française est ainsi composée :

D’Audiffret-Pasquier, duc d’Aumale, J. Bertrand, G. Boissier, H. de Bornier, P. Bourget, de Broglie, Brunetière, Challemel-Lacour, V. Cherbuliez, J. Claretie, F. Coppée, C. Doucet, A. Dumas fils, de Freycinet, Gréard, L. Halévy, d’Haussonville, E. Hervé, J.-M. de Hérédia, H. Houssaye, E. Lavisse, E. Legouvé, Pierre Loti, H. Meilhac, Alfred Mézières, E. Ollivier, E. Pailleron, Pasteur, Cardinal Perraud, S. Prudhomme, Rousse, V. Sardou, L. Say, J. Simon, A. Sorel, Thureau-Dangin, Melchior de Vogüé,

Secrét. perpét. : C. Doucet.


En 1895 : Jules Lemaître remplace Duruy (qui était mort en 1894).

En 1896 : A. France remplace F. de Lesseps (qui était mort en 1894), Costa de Beauregard remplace C. Doucet. Gaston Paris remplace Pasteur, Theuriet remplace Dumas fils, Albert Vandal remplace L. Say.

En 1897 : A. de Mun remplace J. Simon, G. Hanotaux remplace Challemel-Lacour.

En 1898 : Guillaume remplace le duc d’Aumale, H. Lavedan remplace H. Meilhac.

En 1899 : P. Deschanel remplace E. Hervé.

En 1900 : P. Hervieu remplace Pailleron, E. Faguet remplace Cherbuliez, M. Berthelot remplace J. Bertrand.

En 1901 : Marquis de Vogüé remplace de Broglie, Rostand remplace H. de Bornier.

En 1903 : F. Masson remplace G. Pâris, R. Bazin, remplace Legouvé.

En 1904 : Gebhart remplace O. Gréard.

En 1905 : E. Lamy remplace Guillaume.

En 1906 : Ribot remplace d’Audiffret-Pasquier, Barrès remplace J.-M. de Hérédia, cardinal Mathieu remplace cardinal Perraud.

En 1907 : M. Donnay remplace Sorel, P. de Ségur remplace Rousse, Barboux remplace Brunetière.

En 1908 : Charmes remplace Berthelot, Richepin remplace Theuriet, H. Poincaré remplace Sully-Prudhomme.

En 1909 : R. Poincaré remplace Gebhart, Brieux remplace L. Halévy, J. Aicard remplace Coppée, Doumic remplace Boissier, M. Prévost remplace Sardou.

En 1910 : Monseigneur Duchesne remplace le cardinal Mathieu.

En 1911 : Général Langlois remplace C. de Beauregard, H. de Régnier remplace Melchior de Vogüé, Roujon remplace Barboux, D. Cochin remplace Vandal.

En 1912 : Général Lyautey remplace Houssaye, Boutroux remplace général Langlois.

En 1914 : A. Capus remplace H. Poincaré, P. de la Gorce remplace Thureau-Dangin, H. Bergson remplace E. Ollivier.

En 1918 : L. Barthou remplace Roujon, Monseigneur Baudrillart remplace A. de Mun, F. de Curel remplace Hervieu, R. Boylesve remplace Mézières, J. Cambon remplace Charmes, maréchal Joffre remplace Claretie, maréchal Foch remplace le marquis de Vogüé, G. Clemenceau remplace E. Faguet.

En 1919 : H. Bordeaux remplace J. Lemaître.


Au 1er janvier 1920, l’Académie est donc composée de MM. :

J. Aicard, M. Barrès, L. Barthou, A. Baudrillart, R. Bazin, Bergson, H. Bordeaux, P. Bourget, E. Boutroux, E. Brieux, R. Boylesve, J. Cambon, A. Capus, G. Clemenceau, D. Cochin, F. de Curel, P. Deschanel, M. Donnay, L. Duchesne, R. Doumic, maréchal Foch, A. France, de Freycinet, P. de la Gorce, G. Hanotaux, O. Haussonville, maréchal Joffre, H. Lavedan, E. Lavisse, P. Loti, maréchal Lyautey, F. Masson, R. Poincaré, M. Prévost, H. de Régnier, A. Ribot, J. Richepin.

Étaient vacants à cette date, les sièges de : P. de Ségur, E. Rostand, E. Lamy.

Secrét. perpét. : : F. Masson. Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/9 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/10 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/11 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/12 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/13 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/14 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/15 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/16 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/17 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/18 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/19 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/20 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/21 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/22 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/23 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/24 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/25 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/26 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/27 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/28 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/29 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/30 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/31 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/32 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/33 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/34 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/35 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/36 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/37 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/38 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/39 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/40 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/41 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/42 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/43 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/44 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/45 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/46 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/47 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/48 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/49 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/50 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/51 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/52 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/53 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/54 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/55 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/56 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/57 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/58 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/59 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/60 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/61 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/62 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/63 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/64 L’ACADÉMIE CONCOURT

à l’Oignon comme les Amis de la Goguette aimaient à se retrouver, entre gens de même profession, chaque mois, autour d’une table, dans le salon d’un restaurateur ou dans un caveau chantant. On vit même, sous le Second Empire, se constituer des Sociétés dont les membres n’avaient ni qualités, ni tendances, littéraires ou autres, qui motivassent leur réunion. Il y eut ainsi le Dîner des Dufour qui se contentait de rassembler des individus de ce nom. Ce goût du


dîner en commun s’est aujourd’hui affaibli, et c’est un des charmes de l’Académie Goncourt de nous donner, sous une forme très digne, l’impression de sa survivance.

Cette Société permet en outre d’assurer une honorable consécration a des hommes de lettres supérieurs à la place qu’ils occupent et dont le rare talent n’a pas conquis entièrement l’audience du public. Il n’est pas de plus bel exemple à cet égard que M. Elémir Bourges, haut esprit et bien dédaigneux des succès de librairie….

Parfois même, pour être Académicien Goncourt, une certaine malchance

littéraire ne messied point. Cette compagnie s’honore de choisir des écrivains Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/66 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/67 Page:Montfort - Vingt-cinq ans de litterature francaise 2.djvu/68

LA LITTÉRATURE FÉMININE

PAR
HENRIETTE CHARASSON


Entre 1900 et 1905, il se produit dans la littérature française un phénomène qui ne s’était encore jamais vu : l’éclosion simultanée de talents féminins de premier ordre tels qu’on cria au miracle, et qu’il y avait réellement là quelque chose de merveilleux. L’apparition foudroyante d’écrivains comme Mme de Noailles, Colette, Gérard d’Houville, Marcelle Tinayre et Lucie Delarue-Mardrus, la faveur dont les entoure immédiatement le public, confèrent soudainement à la littérature féminine une importance extraordinaire. C’est une révélation, un transport… L’âge précédent n’avait cependant pas manqué de femmes de valeur, depuis Juliette Adam jusqu’à Séverine, sans oublier Rachilde.

Je dois parler premièrement de ces précurseurs, des femmes qui, ayant débuté ou s’étant fait un nom avant 1895, ont continué de vivre et d’écrire durant la période qui nous occupe.

D’abord leur doyenne : Mme Adam.




Les Précurseurs

Mme Adam (Juliette Lamber), née à Verberie (Oise), en 1836, mariée à seize ans à M. La Messine, devint veuve et se remaria avec Edmond Adam ; son salon fut un centre politique considérable. Elle fonda, en 1879, la Nouvelle Revue, où elle publia de retentissantes Lettres sur la Politique extérieure, et où elle révéla presque tous les écrivains qui allaient se faire un nom de 1880 à 1900.

Les ouvrages politiques de Mme Juliette Adam sont trop liés à l’actualité pour demeurer ; ses romans[1], sans qualités intrinsèques de style, sans force ni vraie pénétration psychologique, ont eu un succès que nous ne nous expliquons plus. De la très abondante production de cette autoresse, il ne resterait sans doute rien, que le souvenir d’une intelligence éclatante et suggestive, d’une rayonnante influence, si Juliette Lamber n’avait écrit ses mémoires. Intéressants, pour l’historien politique, à partir du troisième volume, ces mémoires sont des plus attachants, au point de vue mœurs, dans leurs deux premiers tomes. On y peut étudier le travail des idées révolutionnaires après la Révolution et comprendre l’évolution politique intellectuelle de la bourgeoisie au xixe siècle (Le Roman de mon enfance, Mes premières années politiques et littéraires).

Mme Arvède Barine mourut en 1908. Ses débuts littéraires dataient du Second Empire. C’était une femme de lettres du temps passé : elle ne voulait pas qu’on la photographiât, haïssait la réclame et donnait ses œuvres au public sans livrer rien de son intimité. Comme Mme Adam, Mme Arvède Barine s’est souvent préoccupée de questions qui n’intéressent guère les femmes[2]. Cet esprit indépendant et vigoureux a tracé, d’autre part, des portraits et des biographies d’une rare compréhension indulgente[3].

Mme Mary Duclaux, poétesse anglaise, justement célèbre sous son nom de jeune fille, Mary Robinson, née à Leamington (Warwickshire) en 1857, a d’abord écrit en français sous le nom de Mme Darmesteter, qui était celui de son premier mari.

Cette émouvante poétesse est un critique remarquable qui, chose rare chez les femmes, sait ce que c’est que la littérature. Elle joint à l’érudition et à la pondération un charme très grand, une force discrète, un don d’animation qui lui sont très personnels. L’adorable lyrique de The Italian Garden a été chez nous un essayiste de premier ordre, un bon ouvrier de notre littérature (Vies de Renan et de Duclaux, Froissard, etc.).

Mme Bentzon, née Marie-Thérèse de Salms a laissé plus de quarante volumes dont la majeure partie en dehors de notre période. Elle a fait connaître chez nous Kipling, Ouida, Stevenson et les humoristes américains ; pendant trente ans, elle a donné à la Revue des Deux-Mondes des articles d’information, d’analyse et de mise au point[4].

Mme Séverine, Parisienne d’origine lorraine, née en 1855, est « pacifiste et subversive ». Ses ennemis politiques l’ont surnommée Notre-Dame de la Larme à l’Œil, à cause de sa vive sensibilité qui n’est pas toujours équilibrée et également répartie. Mme Séverine se reconnaît pour maître Jules Vallès.

Elle a été une journaliste professionnelle fort bien douée, éloquente, et dont certains reportages, au pays des mines ou des casseurs de sucre, auprès du Saint-Siège, ont fait sensation. Au début du xxe siècle, Mme Séverine jouissait d’une grande popularité, même dans la bourgeoisie.

On peut encore citer Mme Dieulafoy, plus connue à cause du costume masculin qu’elle avait pris l’habitude de porter, que pour son grand ouvrage sur La Perse, la Chaldée et la Susiane, et Mme Barratin, qui eut un salon et qui « pensa ».


Essayistes et Poétesses

L’originalité de Mme Alphonse Daudet tient dans sa gracieuse discrétion à une époque où les poétesses faisaient figure de bacchantes. Son lyrisme est, comme son être moral et physique, tout de pudeur[5] d’émotion contenue et de délicatesse ; elle n’est pas romantique, et, bien qu’elle ait su plaire à Hérédia, elle n’a rien de la sonorité et de l’afféterie parnassienne. Mme Daudet est aussi un délicat moraliste et un mémorialiste charmant[6].

Le nom de Mme Rosemonde Gérard doit surtout sa notoriété à la gloire rapide d’Edmond Rostand, son mari. Toutefois, son petit livre de vers, Les Pipeaux (1889), n’est pas sans charme mignard, ni sans grâce familière. Ce talent n’a pas mûri, et Mme Rostand n’a plus rien publié que de médiocres pièces, en collaboration avec l’un de ses fils.


Poétesses et Romancières

Mlle Vacaresco, qui appartient à une des plus vieilles et plus nobles familles de Roumanie, fut demoiselle d’honneur de la reine Elizabeth (Carmen Sylva). L’adolescente, dont l’Académie venait de couronner le premier recueil, vit briser par la « raison d’État » un rêve d’amour royal, qui n’a cessé d’alimenter son lyrisme. Romantique d’inspiration, la poésie de Mlle Vacaresco a la pureté mais non pas la raideur du Parnasse, (L’Ame sereine, 1896) et une sorte de maîtrise morale corrige en elle la violence orientale. Elle doit beaucoup au folklore de son pays, (Nuits d’Orient, 1907), dont elle a gardé une note de noblesse familière. Elle nous a donné aussi deux romans où elle étudie les mœurs paysannes roumaines, particulièrement dans Le Sortilège.

Marie Krysinska, dans ses Rythmes pittoresques (1890, Vanier), inaugura le vers libre. Son nom restera peut-être à cause de sa tentative poétique. Elle est morte en 1908, après avoir publié : Joies Errantes et Intermèdes.

Mme Tola-Dorian (née princesse Mestchersky) débuta en 1888 chez Lemerre. Ses vers, surtout parnassiens, et qui eurent du succès, ennuient aujourd’hui.

Mme Daniel-Lesueur (Jeanne Loiseau), née à Paris en 1864, est morte en 1920. Poète dans Fleurs d’Avril et Rêves et Visions, (1885) elle exalte tantôt la grandeur du passé de l’humanité, tantôt elle chante des visions attiques ou des thèmes philosophiques. L’inspiration lyrique de Mme Lesueur n’a pas survécu à sa jeunesse. Après une vingtaine de romans d’analyses, devançant le goût du public pour le roman d’aventures, elle s’est lancée résolument dans le feuilleton (Le Marquis de Valcors, Madame l’Ambassadrice). En 1908, elle s’essaie, avec Nietzschéenne, au roman de caractère. Elle a écrit aussi pour le théâtre[7].

Mme Gyp, comtesse de Mirabeau-Martel, est aussi un auteur populaire, dont la production fut extraordinairement abondante. Elle a inventé un poncif, et les éditions à bon marché ont mis à la portée de tous son esprit vif, mais court, déjà démodé, ses enfants terribles, son Bob qui fut célèbre, ses jeunes filles insupportables, qu’elle croit charmantes, ses gentlemen « pourris de chic » déjà ridicules. Après avoir su évoquer une société qui se décompose, Mme Gyp est tombée dans le procédé, et ses dialogues semblent un « à la manière » d’elle-même. Son meilleur livre est Un Raté.

Mme Jean Bertheroy, née Berthe Barillier, a débuté en 1889, par un poème biblique et des vers parnassiens[8]. Elle est surtout connue pour ses romans antiques ou historiques qui ont eu du succès[9], et qui sont d’un labeur honorable et consciencieux. Elle a composé aussi une dizaine de romans modernes, qui témoignent de sa puissance de travail, mais dont la psychologie me semble assez conventionnelle.

Avant de nous arrêter sur les romancières dont les noms jettent un vif éclat sur cette période : Mme Rachilde, Judith Gautier, Marni et G. de Peyrebrune, il faut encore nommer Mme Braga (comtesse de Puliga), prodigieusement féconde, et Mme Marie-Anne de Bovet (marquise de Boishébert) qui, de 1889 à 1920, a publié, tant en recueils de voyage ou de nouvelles qu’en romans, quarante-et-un volumes ; Mme Poradowska qui a débuté en 1880 et a écrit jusqu’en 1913 ; Mme Jacques Fréhel[10] dont les récits bretonnants ont de réels dons de style, des qualités de mystère et de lyrisme.

Mme Georges de Peyrebrune, déjà oubliée, a joui, justement, d’une grande notoriété. On regarde ordinairement comme son meilleur livre Victoire la Rouge, où il y a de la puissance et qui évoque le Périgord noir, et j’avoue une faiblesse pour Frères Colombe. C’est une idéaliste.

« Peintre et confesseur de la femme amoureuse », a dit M. de Bonnefon de Mme Marni : ses dialogues[11] mordants et mélancoliques ont un peu vieilli, mais reprendront un jour leur valeur de documents de mœurs. Le premier tome de sa trilogie, Le Livre d’une Amoureuse, offre d’abord un intéressant caractère de femme, mais des péripéties encore feuilletonesques : Pierre Tisserand et Souffrir sont tout à fait remarquables, tant par le caractère d’homme qui y est étudié que par la façon dont l’auteur semble débrider une plaie secrète.

Mme Judith Gautier, fille du poète (1850-1917), fut un « lettré chinois » ; c’est surtout de la Chine qu’elle s’est inspirée, bien qu’elle ait donné également des traductions du persan et du japonais. Ses admirables adaptations poétiques du Livre de Jade, ce roman Le Dragon impérial, publié avant ses vingt ans et que Rémy de Gourmont regardait comme « une œuvre de génie » que l’on ne recommence pas deux fois dans sa vie, ce délicieux récit des Princesses d’Amour, ne sont que les meilleurs livres d’un ensemble toujours curieux, souvent parfait, mais froid. Elle a livré un peu d’elle-même, sans le vouloir, dans son étude sur Wagner, et on lira toujours avec un indicible plaisir ses deux volumes de mémoires, Le Collier des Jours, confus, sans ordre, même chronologique, mais merveilleusement écrits et que le milieu où elle avait vécu rend attachant.

S’il fallait indiquer les ancêtres littéraires de Mme Rachilde[12], on les trouverait facilement : Laclos, Théophile Gautier (celui de Mlle de Maupin), Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Villiers de l’Isle-Adam et Ponson du Terrail. L’exaltation, le goût du morbide et de l’invraisemblable ; une curiosité du vice tout intellectuelle ; un satanisme assez naïf ; l’imagination vive et sans contrôle ; la haine du réalisme, même justifié ; l’impossibilité d’observer la vie sous son vrai sens ; enfin, malgré son dédain total de foi religieuse, un besoin désespéré d’absolu qui n’est, en somme, que l’envers d’un sens catholique insoupçonné, voilà ses caractéristiques, avec un style pailleté et visionnaire, un esprit dansant, et soudain de grandes élévations de l’âme.

Presque tous ses personnages sont des pervertis cérébraux, des « hors nature » (c’est le titre d’un de ses livres) qui créent eux-mêmes leur hantise et leur misère. Mais il manque à ses romans cette « crédibilité » que Bourget regarde comme le don essentiel du romancier, et ils n’éveillent pas l’émotion trouble, la honte complice : tablant sur des désirs abominables, des rites de réprouvés, ces livres étincelants sont presque chastes par ce qu’ils ont d’artificiel.

Les grands noms du début du siècle

Avant tout autre nom, il faut inscrire ici celui de Mme la comtesse de Noailles qui est notre plus grande et notre plus célèbre femme de lettres, et probablement, avec Elisabeth Browning, la seule poétesse de génie des temps modernes.

Née Brancovan-Bibesco, Roumaine par son père, Grecque et, dit-on, Anglaise par ses ancêtres maternels, Mme de Noailles, que Paris a vu naître, a publié, peu après son mariage, un volume de vers écrits avant vingt ans[13] et qui reste encore le préféré de certains de ses admirateurs ; puis, coup sur coup, un autre livre de vers et trois romans retentissants, mais inégaux. Chez elle, comme chez beaucoup d’autoresses, on ne sent pas de progression dans l’art ; ses défauts comme ses qualités resteront intacts au long de sa vie littéraire. Celle qu’on a appelé la Muse des Jardins et qui n’aimait à chanter que la vie de la nature, ressentie par elle avec un trouble plaisir, celle que l’amour mettait en effervescence, courant ivre où son instinct la poussait, sans contrainte intérieure, celle-là pouvait être d’abord considérée comme une vraie païenne. Or, en 1913, après un silence de six ans, Mme de Noailles nous a donné un livre admirable[14] où, prolongeant sa note habituelle, une autre note résonne et soudain module dans un ton inattendu :

       Les lumineux climats d’où, sont venus mes pères
       Ne me préparaient pas à m’approcher de vous


Ainsi dit-elle à Dieu.

Cependant, la veine mystique qui coulait çà et là à travers ce recueil et cette plainte de l’âme, n’apparaissent plus que noyées par la fièvre païenne, l’âcreté sensuelle et le défi dans Les Forces éternelles (1920) et dans les proses qui suivent.

Mais ce qui fait la grandeur de tout l’œuvre d’Anna de Noailles, c’est qu’il émane d’une âme insatisfaite, qui aspire au delà des limites où l’on prétend borner sa joie, c’est que ce chant éperdu, strident, passionné de sirène, a pour base inconsciente le regret et le besoin des véritables forces éternelles. C’est la grandeur tragique de cette forcenée voluptueuse que son impuissance même à se contenter de sa volupté.

Mme de Noailles égale sa prose à sa poésie. Elle n’a pas tort si, sans tenir compte d’idées qui ne sont pas toujours justes, on étudie seulement dans cette prose la qualité d’une phrase souple, admirablement rythmée et glissante, renouvelée de Chateaubriand, aussi savoureuse que la plus savoureuse phrase de Mme Colette. Toutefois, Mme de Noailles n’est pas un romancier, surtout un romancier de mœurs, et son souffle ne dépasse pas celui de la longue nouvelle. On s’intéressera à ses romans surtout par ce qu’ils nous semblent révéler d’elle. Dans La Domination, le moins bon de ses livres, le seul qui n’ait pas été réédité, (sur son désir), il semble qu’elle ait essayé de transposer dans le personnage d’Antoine tout ce qui, en elle, est masculin et qu’elle a plus d’une fois indiqué dans ses vers : son « égoïsme sacré », son goût de la domination, sa curiosité cruelle. Le Visage émerveillé est une fantaisie délicieusement écrite où éclate son art merveilleux à cueillir la sensation et à la fixer sur une page comme un beau papillon tremblant ; mais toute vraisemblance psychologique, toute réalité de mœurs sont absentes de ce récit. Ce n’est pas seulement la prose soyeuse et diaprée, travaillée comme une broderie chinoise, qui fait le mérite de La Nouvelle Espérance^ mais la profondeur des observations intimes, leur raccourci, leur lucidité impitoyable. C’est une confession, à la troisième personne. On peut regarder ce roman très romantique comme un chef-d’œuvre de l’absurde, mais c’est un chef-d’œuvre. On ne comprendra bien l’inspiration de Mme de Noailles qu’à travers l’âme de Sabine.

Mme Lucie Delarue-Mardrus, née en 1880[15], à Honfleur, d’un père Normand et d’une mère Parisienne, a épousé en 1900 le Dr Mardrus, le traducteur des Mille et une Nuits. Ces trois faits dominent son œuvre, consacré tour à tour à Paris où elle a vécu, à la campagne normande où s’est écoulée son enfance et où elle retourne souvent, à l’Afrique du Nord où elle a fait de longs séjours.

C’est d’abord comme poétesse que Mme Mardrus, qui est surtout connue de nos jours comme romancière, se révéla. Profondément artiste, habile quand elle le veut à choisir ses mots et ses cadences, elle affectionnait dans ses premiers recueils les rythmes discords, les maladresses prosaïques, et d’agressives rencontres verbales. Cependant, c’est parfois un très grand poète, et il faudra le reconnaître le jour où elle publiera un choix de ses meilleures poésies.

Laisser croire que son inspiration se limite à des thèmes d’ardeur et de rût, d’angoisse métaphysique ou de lyrisme descriptif, serait donner d’elle une idée bien incomplète. Sa voix rude et forte, parfois rocailleuse, ou folle comme une mer démontée, atteint cependant certains jours à l’ingénuité d’un enfant dans Ferveur (1902), dans Horizon (1904), et sa brusquerie naturelle se contraint fort bien jusqu’à la douceur verlainienne dans les lieds en octosyllabes des Souffles de Tempête (1908). Et si le livre de vers qu’elle a consacré à sa mère ne contient pas ses meilleures pièces au point de vue de la forme, il achève de révéler la sensibilité riche et nuancée de cette poétesse qui fit parfois des fautes de goût, qui n’eut jamais de fautes de cœur.

Mme Mardrus qui, contrairement à la plupart des femmes qui écrivent, est en constante progression, marque dans ses romans successifs le même souci de perfectionnement. Après des nouvelles assez hardies et un premier roman réaliste, elle publie le gentil récit des Six Petites Filles (1909), qui nous offre beaucoup d’elle-même et de son enfance ; puis, jusque vers 1913, une suite de romans souvent mal écrits, que la nécessité de les composer par tranches, comme des nouvelles, réduit à des raccourcis psychologiques douteux. Et quel style volontairement brutal et presque vulgaire, souvent, avec une sorte de hantise du sexe, de l’amour dépravé, névrosé ou bestial, des milieux décomposés, des êtres irresponsables ! Mettons à part, toutefois, Comme tout le monde, roman provincial qui est une manière de chef-d’œuvre. Mais, même dans ses récits les moins bons, il faut admirer le mouvement, l’imagination créatrice, le don d’inventer des héroïnes différentes de soi et de les renouveler. Depuis 1914 où elle a publié Un Cancre, qui contient de si belles descriptions de la campagne normande, le talent de romancière de Mme Mardrus a grandi, et sa langue, sans perdre toujours cette raucité qui lui est naturelle et n’est pas sans saveur, s’est singulièrement épurée. Presque tous ses romans sont maintenant des études d’enfants ou d’adolescents[16], écrits avec une tendresse qui gagne le lecteur, et beaucoup de finesse psychologique.[17]

La gloire future de Mme Colette[18] est une certitude aux yeux de presque tous nos contemporains ; je ne partage pas tout à fait leur avis. Certes, si l’agrément de la langue, la science du rythme et des consonances, un sens merveilleux du monde visible et une adresse aiguë à rendre en toutes leurs nuances, et dans des paroles veloutées, ses plus âpres et ses plus pittoresques sensations, suffisaient, joints à un esprit facile et gouailleur, à faire un grand romancier, Mme Colette serait un grand romancier. Mais, jusqu’ici, il lui manquait le don de s’extérioriser et de composer.

Si l’on excepte, en effet, le récent Chéri (1920), et des fantaisies comme Mitsou (1919) qui ne passent guère le ton de La Vie Parisienne, Mme Colette n’a jamais su nous parler que d’elle-même. D’autre part, elle a souvent gâté ses lucides dons d’analyste en écrivant pour plaire, en pipant ses souvenirs, en flirtant avec son lecteur ; elle dose alors, sans souci de l’âpre vérité psychologique, un mélange de pudeur factice, de sensualité roublarde et de sensiblerie dont le charme est immédiat, mais qui, pas plus que la « beauté du diable » ne saurait résister au temps.[19]

Nullement spontanée, quoiqu’on croie, ni dans son admirable style travaillé[20], ni dans ses analyses personnelles, Mme Colette a réussi à se faire passer pour « instinctive ». « Instinctive », « soumise à l’instinct », telle fut, durant les quelques quinze premières années du siècle, la plus grande louange que les critiques semblaient pouvoir décerner à une autoresse. Je ne vois guère que Rémy de Gourmont qui ait su résister à l’engouement littéraire suscité par la Retraite sentimentale et La Vagabonde, et en apprécier exactement la portée.

Mme Colette a de l’esprit, — mais cet esprit boulevardier dont les racines ne sont pas profondes et qui risque de rendre exaspérantes dans l’avenir des pages que relèvent pourtant des beautés de style supérieures.

Nul, en effet, ne saurait songer à nier son merveilleux métier ni surtout cette prose rythmée, souple, charnelle, d’une câline et subtile sensualité qui, ajoutant à sa pittoresque mémoire, fait d’elle un rare et troublant styliste. Mais quel malheur qu’elle n’emploie point son instrument à nous jouer d’autre musique ! Comment ne pas déplorer sa complaisance envers la turpitude, la bassesse, la méchanceté, — trop significative dans Chéri, son premier roman composé ?… Ni Molière, ni Laclos, ni Lesage, ni Balzac, n’ont voulu peindre des enfants de chœur ; mais dans leurs plus inquiétantes compositions, je ne sais quelle nuance, quelle démarche trahissait le moraliste et mettait en garde le lecteur. La sympathie égayée de Mme Colette est infiniment dangereuse et l’on ne peut regarder comme un chef d’œuvre un livre où tout ce qui fait la seule valeur de l’homme est paisiblement bafoué.

L’hérédité et le milieu, autant qu’un don naturel, devaient tourner Mme d’Houville[21] vers la littérature, encore que personne moins qu’elle ne soit femme de lettres : en vain la presse-t-on de réunir ses vers dispersés et parfois anonymes. Peut-être, d’ailleurs, aurait-on quelque déception à les lire en volume ; qui sait si, à trop attendre, leur parfum subtil, mais point fortement personnel, ne s’est évanoui ? Mi-parnassienne et mi-mallarméenne, cette poésie indiquait une rare et naturelle science du vers et, à côté de pièces un peu vides ou obscures, il en était de charmantes.

Toutefois, c’est à ses romans[22] que Mme Gérard d’Houville doit sa célébrité. Les héroïnes de Mme d’Houville sont presque toujours de gentils animaux païens dont elle étudie les petites âmes de « voyou candide », « inconscientes et tendres », avec infiniment de grâce et d’allure. On pourrait se choquer, chez ce séduisant auteur, d’une sorte de « débraillé » de l’esprit, s’il n’était aussi adroitement éludé par sa distinction naturelle, son élégance d’écrire, par tout ce qui, chez Mme d’Houville, est « racé ». Elle a comme retrouvé cet art délicat de Mme d’Aulnoy et de Mme Leprince de Beaumont, cet art d’un siècle où l’on contait pour conter. Sa fantaisie est piquante, et toujours soutenue par son esprit lettré et orné ; son romantisme sentimental est atténué par une malice discrète et une classique sobriété d’expression. Il est dommage seulement que Mme Gérard d’Houville ne compose pas, qu’elle se laisse aller sans contrainte à son lyrisme descriptif et qu’elle n’ait jamais le courage de s’imposer des coupures. Jeune Fille (1917), par exemple, contient près de cinquante pages inutiles, et presque faussement poétiques.

Mme Marcelle Tinayre[23] n’avait pas vingt ans quand elle écrivit Avant l’Amour, qui parut en 1895 dans La Nouvelle Revue que dirigeait alors Juliette Adam. Sa célébrité date de La Maison du Péché (1902) et fut éclatante. C’est plutôt un homme de lettres qu’une femme de lettres ; jamais elle n’a songé à se raconter dans un roman ; elle ne dénude ni son corps ni son âme. Elle n’obéit pas seulement à l’inspiration, ne travaille pas seulement son style, elle construit, elle prépare, elle délimite. Elle ne subit pas sa sensibilité, elle la dirige. Elle a de la méthode, sans raideur. Son style est souple et allongé.

Toutefois, ses romans sont fort inégaux, de même que ses sujets. On a coutume de regarder comme son chef-d’œuvre La Maison du Péché, mais on devrait convenir qu’une erreur de psychologie en vicie la fin. Aussi, préférè-je dans tout son œuvre, et bien qu’elle soit d’une conception moins puissante, la belle Ombre de l’Amour (1909), d’une analyse tendre, fine et forte, qui abonde en descriptions admirables et concises.

Mme Marcelle Tinayre n’a pas de génie, mais elle a un vrai talent.


Bien plus qu’aux parnassiens. Renée Vivien[24] a pris directement aux symbolistes, et elle abuse malheureusement de leur vocabulaire si désuet, comme de leur goÛt de la nuance et de l’estompé, poussé jusqu’à l’effacement. Il faut pourtant lui reconnaître une grâce languide et de la distinction, de l’harmonie, souvent un don heureux d’expression concise, et surtout une résonance profonde de l’âme qui tonifie parfois brusquement ce gris-perle évanescent : Renée Vivien a souffert cruellement de ne pas être comme tout le monde, et, cœur droit et sain, d’habiter un corps perverti, voué aux amitiés suspectes où se meurtrissait sa tendresse ingénue. Son inspiration est donc double : tantôt elle s’enorgueillit d’être celle qui peut s’avouer à elle-même : « L’art délicat du vice occupe tes loisirs », et qui chante « ses bien-aimées » ; tantôt elle soupire : « Mon cœur est las enfin des mauvaises amours », et souffre de se voir mise au pilori. Charles Maurras, pour des raisons littéraires, Jean de Gourmont, pour des raisons psychologiques, ont très bien vu que sa poésie « était plus mystique que sensuelle », et qu’elle avait « l’accent d’une conscience très religieuse, méthodiquement pervertie, mais qui garde la notion du mal moral ». C’est par ce sentiment du péché, très fort chez elle, que Renée Vivien a su trouver des accents durables.

Mme Aurel est un essayiste rébarbatif, fin moraliste, mais peu souple. Fernand Divoire l’appelle justement « une timide violente et maladroite ». Sans câlinerie, ni grâce féminines, elle manque de tact, le sait, le veut peut-être, et s’en moque. Cette absence d’adresse, elle la porte dans la composition de ses livres, dans le style, dans le sujet, dans la façon d’aborder le sujet. Le Couple est un amas remarquable de richesses et d’inutilités : entre tant de pensées profondes et banales, elle n’a pas su choisir. On dirait que ses idées ne se clarifient pour elle qu’au fur et à mesure qu’elle les écrit. L’obscurité, si nourrie, de sa pensée s’aggrave de l’obscurité d’un style rauque, bizarre, où éclatent comme des éclairs des phrases brutales et lumineuses.

Enfin, le sujet de son éternel livre n’est pas de ceux qui flattent : elle y crie l’horreur de la « petite femme » chère à notre époque, y exalte la « dame », écrit non pas pour revendiquer les droits de la femme, mais pour qu’on rencontre plus souvent cet admirable individu double : Le Couple. Elle a des aveux aigus, des aperçus psychologiques et physiologiques d’une prodigieuse finesse ; elle a noté des vérités camouflées, — noyées hélas, dans du bizarre !

Du Couple (1911), de La Semaine d’Amour (1913), de Voici la Femme (1909), des Saisons de la Mort (1916), véritables mines riches et ténébreuses, on extrairait deux volumes de pages choisies de premier ordre.

Marie Lenéru[25] a écrit : « À quinze ans, j’étais la fille littéraire du Père Lacordaire ; à vingt-cinq ans, celle de Saint-Just et de Barrés : à trente, enfin, je ne me trompais plus. » C’est alors que Curel la mit, comme elle dit, « en branle ».

Elle écrivit Les Affranchis, pièce d’idées jouée à l’Odéon en 1911, qui eut un grand succès. Louée, discutée, Marie Lenéru intéressait autant sans doute par son infirmité que par son talent et son originalité.

C’est la seule femme de lettres qui se soit classée hors de pair au théâtre. Elle avait l’art d’animer ses personnages et de précipiter une crise, dépouillée des éléments inutiles. On eut le tort de la pousser trop « à songer au public », à choisir par conséquent des sujets où son insuffisance réaliste s’accuse : cette cornélienne était faite uniquement pour les sujets dénudés, les conflits d’âme et d’intelligence.

On ne peut guère appliquer le qualificatif de chef-d’œuvre qu’à ses Affranchis, pièce sévère, mais non pas froide, d’une sobriété acérée, d’une densité classique, d’une marche virile où, pour être dominée, la passion n’éclate pas moins âpre, et dont le style est dur et brillant comme un cristal taillé.

D’une haute intelligence, et merveilleusement douée pour l’introspection, Marie Lenéru, forcée par son infirmité de se replier davantage encore sur elle-même, restera par ce Journal auquel elle ne venait que dans ses « migraines morales », qui n’était pas écrit « pour être publié », mais dont elle désirait « qu’il fût publiable ». D’une séduction moins immédiate que Marie Bashkirtcheff, Marie Lenéru retient par une autre qualité d’âme et même d’intelligence : passionnée de perfectionnement dès son enfance, elle nous frappe jusqu’à sa fin par son besoin d’absolu, sa violence intime contrôlée par la volonté et par cette persistance en elle de l’esprit catholique, même après qu’elle eut perdu la foi. Cette cornélienne, qui avait rêvé d’être carmélite, demeurait toutefois femme et s’avouait qu’elle eût préféré la séduction d’une élégante à «tout le talent et toute la laideur des Eliot et des Staël »[26].


La Poésie

Parmi les poétesses qu’il me reste à signaler, il faut compter, immédiatement après les plus grandes, Mmes Mendès, Cécile Périn, Perdriel-Vaissière, Harlette Gregh, Hélène Picard, Marguerite Burnat-Provins, Cécile Sauvage, Marie Noël, Jeanne Termier-Boussac, Amélie Murat.

Tournons-nous d’abord vers les amoureuses discrètes et les maternelles.

L’apparition des Charmes (1904), de Mme Catulle Mendès, excita un grand enthousiasme parmi les critiques. Dans le Cœur magnifique (1909), il y a moins de spontanéité, moins de grâce et plus d’habileté ; elle y fait preuve d’un vrai talent, mais qui ne sait se borner ; romantique du Parnasse, ses vers souples et travaillés coulent sans tarir ; elle-même a écrit : « Mon ivresse est sublime, ardente et monotone. » Pour moi, qui n’aime pas beaucoup non plus ses recueils de souvenirs, Mme Mendès reste l’auteur d’un ouvrage à la vérité unique : La Prière sur l’Enfant mort ; c’est un grand livre français que ce livre de la guerre, et un pur livre féminin. Elle a su y exprimer naturellement le plus intime d’elle-même en mots simples et directs, qui entrent dans le cœur comme des lames.

Mais voici trois poétesses qui, à l’époque où les femmes étaient ivres de ce qu’elles appelaient « la vie », n’ont pas cru sacrifier leur art en nous montrant des visages français et des gestes discrets, parents de ceux de la princesse de Clèves et de Madeleine de Nièvre.

Mme Cécile Périn, dont les meilleurs livres sont Les Variations[27] et La Pelouse, ne fut pas d’abord sans subir l’entraînement noaillien ; elle aussi a porté « sa jeunesse ainsi qu’un don divin », elle « a aimé la vie inexprimablement » ; elle a crié : « Je vous exalterai, mes yeux, ciel de mon âme », mais bien vite elle a cherché sa voie et son inspiration dans ses doux devoirs, elle a chanté « la joie de vieillir à deux » ; mère, enfin, elle s’est penchée sur son enfant. Sans splendeur, sa poésie est fine et délicate.

Bretonne et femme de marin, Mme Perdriel-Vaissière a dit les tristesses de Celles qui attendent (1907), sans même espérer qu’on leur soit fidèle, et, qui, tentées et déchirées, se gardent pures ; dans La Lumière fut (1911), tour à tour mystique et maternelle, la poétesse reste infiniment touchante, et atteint même à à l’originalité. Cet art est tendre et distingué.

Il faut regretter que Mme Gregh n’ait plus rien publié des vers qu’elle a écrits, depuis ce recueil des poésies composées par elle entre vingt et vingt-quatre ans et qu’elle a intitulé Jeunesse (1907). Troubles de l’adolescence, beautés paisibles de la nature, sérénité de la vie d’épouse, méditations sur la vie humaine sont les principaux thèmes qu’elle développe avec talent. Mmes Hélène Picard, Burnat-Provins, Marie Dauguet, Valentine de Saint-Point, Cécile Sauvage, Henriette Sauret, ont moins de discrétion. Ce sont les « amantes de la vie ».

Mme Hélène Picard a connu toutes les louanges, depuis celles de Faguet jusqu’à celles de Marc Lafargue. Et l’Académie l’a couronnée avec transport.

Je ne songe, quant à moi, à nier ni la personnalité sympathique, ni l’intensité de sensations, ni l’heureux naturel de cette romantique attardée et luxuriante, ni une sorte d’ingénuité assez touchante. Mais il lui manque, à mes yeux, d’être une artiste. Certes, Mme Hélène Picard avait un génie aimable, fait pour la poésie des choses familières et le touchant lyrisme des champs et des bois, tel qu’on le découvre dans Les Lauriers sont coupés, ou dans Nous n’irons plus au bois. Une critique imprudente l’a déchaînée vers des Fresques. On aime surtout, en général, son Instant Eternel (1906).

Mme Marguerite Burnat-Provins n’a pas excité moins d’enthousiasme avec certains de ses poèmes en petites proses rythmées. Le Livre pour toi (1907), sensuel jusqu’à la brutalité, est probablement l’un des ouvrages de femmes les plus hardis qu’on ait publié, mais il n’est pas pervers, et ses pièces courtes, condensées autour d’une pensée ou d’une image, sont parmi les meilleures qu’elle ait composées. Dans son œuvre abondant, inégal, bavard et monotone, mais qu’anime un vif et minutieux sentiment de la nature. Le Livre pour toi, Le Cantique d’Eté, Le Chant du Verdier sont les meilleurs recueils.

Mme Marie Dauguet, qui débuta par La Naissance du Poète en 1897[28], est une des victimes de la mode frénétique qui sévissait au début du 20e siècle. Écrivant vingt ans plus tard, et échappant à cette contagion de Mme de Noailles (qui, sur son tempérament fruste et fort, eut des effets déplorables), Mme Marie Dauguet aurait été sans doute notre meilleur poète bucolique.

S’il était bien certain que Mme de Saint-Point[29] fût une poétesse, c’est à la suite de Mme Dauguet qu’il faudrait la nommer, car elle aussi elle appartient à l’école du Tout-Pan ou Tutu-Panpan, et l’on n’a pas oublié ses conférences en l’honneur de la Luxure. Mais je m’étonne encore que ses vers secs, durs, mal rythmés et prétentieux, brutaux mais sans force, aient pu trouver des admirateurs qui ne fussent pas des pince-sans-rire.

Nous rattacherons aux amoureuses de la vie et de la terre Mme Cécile Sauvage[30], non sans saluer en l’auteur de Tandis que la terre tourne (1910), une des premières parmi nos jeunes poétesses. Hantée par le phénomène de l’éclosion, elle le chante en elle et autour d’elle d’une façon juste et spontanée, et sans le réduire à cet anthropomorphisme génésique particulier à Mme Dauguet. Malheureusement, les admirateurs de Mme Sauvage ont été déçus par Le Vallon (1913). Le livre est gris et ennuyeux.

Violente, âpre à vivre, se montrait aussi dans ses vers en 1907, Mlle Jehanne d’Orliac, qui, depuis, s’est fait un nom dans le roman. Il y a du talent, de l’imagination, une sensibilité pittoresque dans Les Murmures, Les Chants, Les Cris, mais beaucoup de heurts et de désordre !

Du désordre, on en trouvait dans le premier recueil de Mme Henriette Sauret, Je respire (1914), tentative neuve de lyrisme scientifique, appliqué au corps humain, mais quelle joie de vivre, quel don d’images neuves, suggestives, que de richesses dans cet art direct dont on pouvait déjà tant espérer ! Il faut rendre justice également, en dehors de toute opinion politique, à ses recueils de guerre. En vers rudes, essoufflés, souvent semblables à de la prose hachée, en vers directs, comme dictés en elle par la révolte de l’amoureuse, de l’humanitaire et de la fervente de « la vie », Mme Sauret a maudit la guerre détestée des épouses. Dans Les Forces détournées (1917), et L’Amour à la Géhenne (1919), son vers vit, émeut, révolte même, et on ne l’oublie pas ; cette poétesse se distingue de tant d’autres par le tempérament.

À l’opposé de tout ce lyrisme excessif, il faudrait placer le courant spiritualiste ou catholique : ce n’est pas par sa Vie Nuancée (1915), que Mme Lucie Faure-Goyau a marqué sur son temps ; mais Mme Marie Noël doit nous arrêter. Cette poétesse inégale et surprenante qui compose depuis 1907 et qui débuta dans La Revue des Deux-Mondes avant la guerre, a publié en 1920 seulement un recueil Les Chansons et les Heures entièrement achevé dès 1914, et qu’ont admiré en même temps les critiques les plus différents. Le lyrisme de Marie Noël n’est jamais direct, ou bien, si elle se raconte, c’est sur un ton de chanson qui, volontairement, déroute. Cet art ne doit rien à la culture, on dirait que pour lui la Renaissance n’a pas existé. Il est catholique comme les églises gothiques.

Il semble que la poétesse ait parfois hérité de Villon, sans le savoir, un réalisme sobre, un mètre âpre et puissant, en même temps que sa voix enfantine, sa foi totale, son vers soudain liquide. C’est souvent un grand poète.

Mme Jeanne Termier-Boussac, qui eut l’honneur, à vingt-et-un ans, d’une préface de Léon Bloy, publiait en 1909 un sombre recueil de vers baudelairiens. Derniers Refuges, qui ressemble à une nuit trouée d’éclairs. Elle a fait paraître en 1920 des Poèmes, poèmes de son veuvage, de sa foi meurtrie et reconquise. Ils sont d’une forme mûre et dominée, d’une volontaire et émouvante sobriété.

L’œuvre d’Amélie Murat est plus important.[31] Ses Bucoliques d’été ont des parties admirables. Sa muse est sans apprêts, grave et tendre, rustiquement mais noblement drapée. Mme Amélie Murat, qui est d’origine auvergnate, est la première femme que l’on puisse comparer au poète forézien, Louis Mercier. Elle a son vers plein et ferme, son lyrisme noble et simple, sa grandeur discrète, mais la foi, chez elle, âme pourtant pétrie de catholicisme, est plus tremblante.

Mme Claire Virenque avait une jolie voix cristalline comme son âme pure, fine et suavement fervente. Et ses vers d’amour même sont spiritualisés par un accent digne et comme virginal. Ses pièces mystiques sont d’un art distingué, tendre, dont la naïveté délicieuse évoque à la fois saint François d’Assise et saint François de Sales. Mme Émilie Arnal n’a pas cette élégance spontanée, cette musicalité instinctive. Pourtant, sa belle âme forte et limpide et sa franchise suppléent à son manque d’art et font aimer sa plainte. Elle a publié en 1909 un roman solide et honnête : Marthe Brienz.

Il faut citer encore Mmes Jean Balde, Marthe Dupuy (L’Idylle en Fleurs) ; Hélène Séguin (Le Soleil sur le Toit) ; Jeanne Bernard-Arnoux (Le Jardin des Roses) ; Marie-Louise Vignon (Chants de Jeunesse), Lya Berger.

À ces poétesses discrètes et sentimentales, ajoutons Mme Marguerite Comert (Comme on pleure à vingt ans, 1896) ; Annie Perrey (Voici mon Cœur, 1907) Mme Marguerite Henri Rozier (Celle qui passe, 1911) ; Mme Nervat qui, en collaboration avec son mari, publia en 1900 Le Geste d’Accueil, puis Les Rêves unis ; Antonine Coulet, enfant prodige dont la précocité n’a su aboutir qu’à la banalité régulière de L’Envolée (1914) ; Mme Sandy ; la duchesse de Rohan, bien connue par la ferveur avec laquelle elle sert la poésie ; Mme Basset d’Auriac ; Mlle France Darget qui a publié en 1901, sous les auspices de Sully Prud’homme, ses premiers vers. Lucienne Gaulard-Eon et Adrienne Blanc-Peridier ont écrit des poèmes patriotiques ou guerriers, d’un art classique.

J’arrive à des Muses plus intellectuelles ou visuelles que sensibles : Nicolette Hennique (Des Rêves et des Choses, 1900), savante parnassienne tournée vers l’antiquité ; Mme Anne Osmont, une naturiste qui, avec quelques retours romantiques dans la forme, est aussi une parnassienne ; Mlle Elsa Koeberlé, dont la grâce se souvient de Mallarmé et recherche les demi-teintes : La Guirlande des Jours (1900). Mallarméenne, encore, Mlle Galzy.

Mallarméenne aussi, la poésie subtile, complexe, délicieusement obscure et un peu fade de Mme Jean Dominique (Le Puits d’Azur, 1912). Mme André Corthis a subi l’ascendant d’Henri de Régnier dans Gemmes et Moires (1906). Elle n’a pas publié d’autres vers et doit sa notoriété à ses romans.

De Samain et de Régnier, nous rapprocherons Les Tablettes de Cire de Mme de Brimont (1913), et plus précisément de Mallarmé ses Mirages (1919) comme Mme Roger de Nereys : Des Brises qui venaient de Paros (19 19). Art terriblement intellectuel que celui de Mme Laurent-Evrard (comtesse de la Baume, morte en 1912) qu’admirait Rémy de Gourmont et qui rappelle celui de Marie Krysinska ; plus intellectuelle encore, la dadaïste Céline Arnauld. Mme de Magallon est éloquente ; Mme Jacques Trêve (Rêves d’Avril, 1902) a de la facilité naturelle et un métier acquis. Ce sont des fragments d’un poème philosophique (ou métaphysique), Le Nocturne Inconnu, que Mme Danyl-Helm a présentés dans ses Préludes, chaleureusement préfacés par Anatole France.

Je cite encore Mme Berthe Reynold (Les Rais Prestigieux) ; Adrienne Lautère, que sa connaissance imparfaite du génie de notre langue gêne pour exprimer toute sa pensée ; Barrère-Affre ; Jeanne Leuba et ses tableaux indochinois ; Jeanne Dortzal, qui est très douée, s’est essayée dans tous les genres mais me paraît manquer de personnalité[32].

Hélas ! comment signaler toutes les poétesses ? Entre la baronne de Baye, parnassienne qui ne laisse pas à ses heures d’être tendre, ardente et langoureuse (Grisailles et Pastels), et Mme Simone de Caillavet (Les Heures latines), en passant par ces deux mortes, la tendre Sahuqué (Le Chemin solitaire), ou l’ardente Delebecque (Je meurs de soif auprès de la Fontaine, 1907), il resterait bien des noms à indiquer, bien des œuvres à classer. Il faut limiter ce choix.

Le Roman

Parmi les romancières qui se sont révélées pendant les dix premières années de la période qui nous occupe, celles que la critique ou le public a le plus favorisées sont Mmes Leconte de Nouy, Claude Ferval, Myriam Harry, Gabrielle Réval, Colette Yver et Reynès-Monlaur.

M. de Bonnefon a très joliment dit, de Mme Leconte de Nouy, qu’elle est « une Précieuse sans ridicule ». Ses romans sont fort inégaux, mais Amitié Amoureuse, malgré des longueurs et des afféteries, reste une œuvre exquise, d’une psychologie fine et idéaliste mais juste, et peut-être supérieure, en vérité, au Temps d’aimer, sans en avoir pourtant la jolie écriture. Ce roman par lettres, dont le succès a été et reste prodigieux, a déjà tout l’intérêt d’une étude de mœurs périmées, tant les mœurs ont changé depuis vingt-cinq ans et tant elles sont ici légèrement, mais judicieusement évoquées. L’Amour est mon Péché est une bonne peinture des milieux aristocratiques anglais, et dont les hardiesses s’entourent de pudeur.

Comme Mme Leconte de Nouy, Mme Claude Ferval (la baronne de Pierrebourg) s’est consacrée aux âmes de salons. Il y a bien de l’ironie discrète dans Vie de Château, mais toutes mes préférences vont au Plus fort (1903), qui est certainement l’œuvre la plus puissante de Mme Ferval ; cette histoire d’un pieux jeune homme, pris entre son amour coupable et sa foi, est comme le pendant de La Maison du Péché, et si Mme Ferval n’a pas le style velouté, rythmé et sensuel de Mme Tinayre, elle montre une connaissance bien plus fine et plus nourrie des vraies réactions d’un cœur mystique.

Le premier roman de Mme Gabrielle Réval, Les Sévriennes (1900), où l’on voulut voir un livre à clef, fit sa fortune littéraire ; le mérite du livre, le petit scandale qu’il causait, les documents qu’il apportait sur un milieu mal connu, la curiosité qu’on avait de cet animal encore mal connu, « la jeune fille qui travaille », lança l’ouvrage et les suivants. Mme Reval, avant d’aborder le roman psychologique ou le roman historique, s’est longuement consacrée, en bonne féministe, aux milieux où les femmes luttent pour gagner leur vie. Il y avait encore une psychologie un peu conventionnelle dans ses premiers livres ; mais déjà du mouvement, un joli sens descriptif, et ce don de conter qui entraîne à sa suite le lecteur[33].

Mme Myriam Harry, petite-fille d’un Israélite, fille d’un Juif russe orthodoxe converti à l’anglicanisme et d’une doctoresse allemande, élevée à Jérusalem dans une vieille maison sarrazine, parlant l’anglais, l’allemand, l’arabe, fut emmenée à quatorze ans en Allemagne, envoyée à dix-sept ans en France ; elle a voyagé non seulement en Europe et dans le sud de l’Afrique, mais aux Indes, à Ceylan, en Indo-Chine ; imaginez quels mémoires intéressants pourra nous donner, sous le nom de Siona, cette autoresse « française », et combien le miracle de notre langue et de notre civilisation sera nécessaire pour ordonner littérairement ce chaos.

La langue de Mme Harry n’est pas toujours très pure ; et il n’est pas vrai que Jules Lemaître « l’ait exorcisée du romantisme », mais n’aurait-ce pas été la dépouiller de ses éléments essentiels ? La Conquête de Jérusalem (1905), son œuvre maîtresse, est mal composée et d’une psychologie sommaire, mais c’est une sorte d’épopée en prose, « un livre de poésie sensuelle et de fièvre, étrangement luxuriant ». (Jules Lemaître.) Les autres romans[34] de Mme Harry ont moins de qualités, mais on lira avec émotion et attrait ses souvenirs romancés, d’une sensibilité émue, d’une observation prompte et imagée.

Mme Reynès-Monlaur, mal connue des lettrés, bien que Maurras et Faguet, tour à tour, lui aient reconnu « le respect de la langue », est aimée du public catholique (Le Rayon (1902) atteint aujourd’hui la 114e édition). Elle possède une intelligence ferme, une psychologie pénétrante, une émotion haute et sereine, et le sens de la composition ioint au don descriptif. Il faut lire ses Autels Morts.

Mme Colette Yver[35], à l’encontre de Mme Réval, n’est pas féministe ; c’est une catholique et une traditionaliste, dont presque tous les romans développent des thèses : non sans talent, mais quelquefois avec une outrance, une vision limitée, qui nuisent à la fois à la vérité de ces thèses et à la valeur psychologique du récit. D’ailleurs, elle compose bien, fait vivre ses personnages et sait peindre des milieux différents.

Voici deux autres romancières spiritualistes : Mme Jacques Morian (Le Tournant), et Isabelle Kayser, née en Suisse en 1867 (Marcienne de Flue).

Mlle Pierre de Coulevain et Mme Mathilde Alanic se sont surtout donné pour tâche d’écrire pour les jeunes filles. Pierre de Coulevain a observé les Américaines, et ses études psychologiques sont nettes, fouillées, un peu trop optimistes, mais adroites et animées. Après Noblesse Américaine et Eve Victorieuse, elle a publié un livre d’observations plus personnelles. Sur la Branche ; puis L’Île Inconnue, étude de l’âme anglaise. Un peu conventionnelle, mais avec de charmants dons de conteur, Mlle Alanic s’est efforcée de peindre la vie de près, à la manière anglaise, en choisissant la vérité. La plupart de ses livres sont des analyses du cœur féminin. À sa suite, mais plus conventionnelles encore, il faut citer d’autres « romancières pour jeunes filles » : Mmes Champol, Guy Chantepleure, Jean de La Brète, Jeanne Schultz.

Mme Jehan d’Ivray (Le Prince Mourad) s’est spécialisée dans le roman de mœurs turques, égyptiennes ou arabes. Elle écrit avec facilité et conte avec agrément. Mme Claude Lemaître[36] est surtout l’auteur de Cadet Oui-Oui, idylle populaire contée avec un très grand charme et qui présente avec verve les mœurs des marins et des mareyeurs du Portel. Les deux sœurs d’Ulmès, Renée et Tony, ardemment féministes, révoltées par certaines conventions sociales, ont fait passer dans leur œuvre le reflet de leurs préoccupations, de leur pitié pour leurs sœurs, si désarmées devant l’amour et la vie. Vierges faibles et Sybille femme constituent leur roman le plus remarqué ; Renée devait l’achever seule : Sybille mère. Elles sont mortes l’une après l’autre pendant la guerre. Mme Camille Pert, dans la lutte qu’elle a entreprise contre certaines plaies honteuses de l’humanité, confond la satire et l’exhibitionnisme : on connaît sa Petite Cady et les différentes « suites » de ce roman ; Les Florilèges, L’Autel, eurent un succès de scandale.

De Mme Bulteau, dont les essais, signés « Femina « , sont de premier ordre, il a paru, sous le nom de Jacques Vontade, deux récits, Les Histoires amoureuses d’Odile, et la curieuse Lueur sur la Cime, œuvres de moraliste plus qu’ouvrages romanesques proprement dits, car Mme Bulteau n’était pas un romancier-né. La baronne Deslandes, sous le pseudonyme « Ossit », et la baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt[37] ont écrit aussi des romans.

C’est entre 1904 et 1909 que se placent les débuts d’une des plus brillantes parmi nos jeunes romancières ; Mme André Corthis (Le Pardon prématuré, Pour Moi seule, Sa vraie femme) a le don d’invention et de construction, et l’adresse d’étudier les mœurs tout en analysant une crise intérieure. Il y a chez elle une sorte de chaleur brève qui fait penser parfois à du Noailles qui serait très ramassé ; et ce que son art a de serré rachète le romanesque ou l’exotisme de certaines de ses situations.

Mme Camille Marbo (La Statue voilée etc.), a débuté à moins de vingt ans, manque d’art, mais sait décortiquer minutieusement la psychologie d’un être, et son réalisme est sobre.

Divinatrice, et susceptible de ces éclairs dont la psychologie anglaise abonde, Mme Laurent-Evrard (Une Leçon de Vie) enregistre trop de menus faits et ne sait rien sacrifier.

Plus intéressée par les faits sociaux et leurs répercussions que par un conflit tout intérieur, Mme Cruppi doit être placée dans le même groupe que Mmes Harlor et Marie Laparcerie, Yvette Prost, et Simone Bodève. Elle a débuté en 1905 avec un roman, Avant l’Heure.

Mlle Harlor s’est fait connaître d’abord comme journaliste pendant dix ans ; vers 1908, elle a publié Le Triomphe des Vaincus, roman d’une force d’évocation et d’imagination assez rare chez une femme, puis Tu es Femme (1913). Mlle Marie Laparcerie[38] débute en 1909 avec un roman un peu traînant, mais non sans finesse, La Comédie douloureuse.

Mme Landre publie en 1905, La Gargouille, mélancolique récit naturaliste, plein d’une pitié brutale. Ses deux meilleurs romans sont Bob et Bobette, étude des enfants de deux filles de bas étage, qu’anime une pitié sincère, et Où va l’Amour ? pages farouches, vibrantes, aveux singulièrement aigus. Il manque à Mme Landre d’écrire lentement et de composer avec soin, mais on ne peut nier sa facilité. C’est en outre une humoriste.

25 ANS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE

Réaliste aussi, M"^® Simone Bodève s’est attachée à des personnages d’âme plus profonde et de vie plus réglée ; après Clo et Son Mari, La Petite Lotte fourmille de personnages vrais, frappants. Enfant du peuple, autodidacte, Simone Bodève a tous les défauts de l’autodidacte, surtout quand elle veut philosopher. Mais quel regard profond et direct elle avait su jeter autour d’elle ! Je dis « avait », car elle est morte pendant la guerre, épuisée de travail. Pour connaître l’existence des ouvrières et des employées à Paris au début du xx^ siècle, il faudra recourir à la première partie de La Petite Lotte et à ses études sur Celles qui travaillent (19 13).

A la suite de Simone Bodève, on placerait Marguerite Audoux, cet autre autodidacte qui, tout en continuant son métier de couturière, a romancé de touchants souvenirs d’enfance et d’adolescence : Marie-Claire (19 10). Mais le « métier » de Marguerite Audoux, écrivain, n’est pas inégal comme celui de Simone Bodève : ses récits de V Atelier de Marie-Claire, sont discrets, racontés d’une voix douce et cristalline, dans une fine grisaille française, et peu à peu l’on est pénétré par cette tristesse « étale », par cet accent si poliment déchirant. Octave Mirbeau et Charles-Louis Philippe admiraient l’art de Marguerite Audoux.

Cette intégration du roman anglais (de seconde zone) dans notre littérature d’imagination, qu’a tentée Mlle Alanic, il me semble que M^i^ Yvette Prost (^) l’a réalisée. Ses romans émouvants et honnêtes sont la vie même. Elle a ce don de familiarité, cet humour intime, ce don de la vie intérieure, des romanciers anglais. Yvette Prost s’intéresse surtout aux enfants pauvres, aux Vies manque’es, et limite son observation à la province. Ses débuts sont de 1907.

M"^® Lucy Achalme, est aussi une romancière provinciale attachée à sa région ; elle a publié en 1908 un admirable roman de mœurs auvergnates Le Maître du Pain, qui présente ces communautés de famille dont la persistance en Auvergne est un fait si peu connu ; c’est un des livres les plus solides et les plus gravement émouvants que l’intelligence féminine ait produits.

Née dans l’Afrique française du Nord, M^^ Magali Boisnard nous a donné des récits algériens (2). Son premier livre est de 1907.

De 1910 à 191 4, nous voyons débuter : dans le roman plus proprement psychologique, M^es Claude Varèze, Pernette Gille, Annie de Pêne, Madeleine André-Picard, Jeanne Broussan-Gaubert, Lucie Paul-Marguerite, Jeanne Galzy, Claude Sylve, Madeleine Paul, Andrée Viollis ; dans le roman de mœurs, Odette Keun, Neel DofF, Jeanne Marais, Marion Gilbert, Jean Balde ; dans le roman à thèse, Louise Compain, Odette Dulac, Pauhne Valmy, Noël Francès.

(•) Salutaire Orgueil, Catherine Aubier, etc.

(•) Les Endormies, l’Alerte au Désert, Maadith. (Poème : le Chant des Femmes , 1917.)

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LA LITTERATURE FÉMININE

Retenons de Claude Varèze qui a de l’avenir, cette forte étude d’un adultère en province, La Route sans Clocher (1914). De M.^^ Remette Gille, Un Amour.

Mme Annie de Pêne, morte en 1918, débuta en 1908 par des fantaisies dialoguées (Pantins modernes). Son meilleur livre est assurément Confidences de Femmes (1914) ; encore influencée par Colette Willy, Annie de Pêne y est pourtant bien elle-même ; il y a de la poésie, de la passion, de la malice, de l’émotion dans ses Confidences^ il y a surtout de la finesse. En 1916, Annie de Pêne publia Sœur Véronique, où l’influence de Marguerite Audoux est prépondérante.

C’est un roman d’adolescente que le très agréable Criquet (1913) de ]y[me Andrée Viollis, et qui fait regretter que son auteur se soit surtout consacrée au journalisme (^) ; et ce sont de délicates études de l’âme enfantine que les récits de M"^^ Hankes-Drielsma de Krabbé, Le Partage de la Lune (19 14).

On pourrait rapprocher d’Annie de Pêne, pour la gracieuse féminité de ses premiers romans, (Josette Chardin, Reviendra-t-il),^^^ Broussan-Gaubert, si ses derniers récits ne marquaient un effort vers des réalisations plus importantes.

On ne doit à M^^^ Galzy, outre sa Femme chez les garçons (19 19), qu’un roman, travaillé et annunziesque, L’Ensevelie (1912) ; voici, de M^^ André-Picard, une étude féminine, Mesdames Balmain (19 10) ; de M"^^ Claude Sylve (Mlle (Je Levis-Mirepoix), un essai mystique, La Cité des Lampes (191 2).

Citons encore M"^^ Madeleine Paul (La Porte sombre) ; M"^^ Henriette Besançon (U Absente, 1913^ ; Camille Mallarmé (Mon enfant ma sœur, la Casa Secca).

M"^^ Lucie Paul-Margueritte a publié divers romans, dont Le Singe et le Violon (191 8) qui a, dans l’observation, une âpre sobriété. Elle est plus banale dans ses Impressions et ses Dialogues.

Il faut retenir M^^ Jean Balde (Les Ebauches, Les Liens) , M^^^ Neel DoflP, Hollandaise, pour quelques récits déchirants et sobres : Jours de Deuil, Contes

farouches, Keetje.

Mme Odette Keun est aussi un romancier de mœurs, fort remarquable : cosmopolite et libre-penseuse, sa passion de la liberté va jusqu’à la frénésie. Elle n’écrit pas bien, mais elle a un tel tempérament d’écrivain qu’elle s’impose malgré tout au lecteur. Une Femme moderne est comme un énorme sanglot de l’âme et de la chair. Après un premier roman en 1914, Les Maisons sur le Sable, elle a publié Mesdemoiselles Daisne, de Constantinople (19 18), Les Oasis dans la Montagne (1920). M"^^ Marion Gilbert, normande, est une régionaliste (Du Sang sur la Falaise, 1913, V Amour de la Blonde, 1920^. M^i^ Jeanne Marais, morte à trente ans, avait, outre tant de romans pimentés et grivois, publié Amitié

(1) Mme Viollis a publié aussi, en collaboration avec son mari, Puycerrampion (191 1).

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25 ANS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE

allemande, un mois avant la guerre : un livre presque prophétique, que la critique laissa passer inaperçu.

Durant la même période, nous trouverons les débuts de quelques romancières qui écrivent pour soutenir des thèses féministes ; telle M"^^ Louise Compain (La Vie tragique de Geneviève , et U Amour de Claire^ 1914) M"^® Pauline Valmy qui, dansL« Chasse à V Amour (1913), défend l’amour libre sans pourtant condamner le mariage. Telle encore M^^^ Noël Francès, catholique qui, dans ses Entravées (iqii), en commentant la Genèse et le Nouveau Testament, justifie son féminisme. Telles enfin M^^^ Odette Dulac, dont chaque livre tend à revendiquer un droit ou à mettre en vedette une idée : Le Silence des Femmes (igi2) y La Houille rouge (1916) et l’âpre M"^® Marx, qui débute en librairie en 1920 avec Femme.

C’est une sorte de roman à thèse aussi, honnête mais naïf, que M"^^ Bruno - Ruby nous a présenté dans L * Exemple de VAbbé Jouve ( 1 9 1 7) .

De 1915 à 1919, deux remarquables talents de femme se sont révélés : celui de M"^® Camille Mayran, celui de ]y[me Jane Cals, qui signe aujourd’hui Jane Ramel-Cals. Cette dernière a publié en 19 19, Rose, qui semble née d’un Jules Renard, d’une d’Houville et d’une Colette. Un Jules Renard jeune et tendre, un Jules Renard femme, qui aurait gardé sa science littéraire, ses raccourcis et ses comparaisons avec l’amoralisme inconscient, le parfum de Gérard d’Houville et de M^^^ Colette, le goût sincère de la vraie nature et l’instinct des «effets ». Ce grand «petit chef-d’œuvre » a été suivi de la Ronde (1920). Le talent de M^e Camille Mayran est plus volontaire, et à peine féminin, comme sa sensibilité. M^^e Mayran n’a pas de charme, mais elle a de la force, de la certitude. En 1918, elle a publié deux longues nouvelles, U Histoire de Gotton Comxloo, suivie de L’Oubliée qui me semble presque la perfection dans la sobriété, une sobriété à la Mérimée. M^^e Camille Mayran est la petite-nièce de Taine. Il faut beaucoup attendre d’elle.

M"^e Blanche Vogt comprend le roman sous la forme d’une confession directe : Amour socialiste (1919) est un livre d’une ironie âpre et étincelante, où il y a du ’mouvement et un vif sentiment de la nature.

Mme Faure-Favier conte pour conter ; sa grâce et son imagination la servent dans une fantaisie comme Les Choses qui seront vieilles (1919), et surtout dans son œuvre de début. Six Contes et deux Rêves (1918).

D’abord intéressée par le théâtre, M^e Jehanne d’Orliac s’adonne depuis

Jane Cals

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LA LITTÉRATURE FEMININE

quelques années au roman ; psychologue remarquable, elle l’est davantage dans la biographie que dans la fiction ; son étude sur M^^ de Maintenon (en préface à son roman Madeleine de Glapion, 1919), est excellente. Ses romans, au contraire mal composés (Vers Lui, 1918 ; Un Grand Blessé 1917), inégaux et amers, témoignent d’une imagination créatrice, inapte toutefois à se maîtriser.

La guerre ne joue qu’un rôle épisodique dans les livres de femmes, soit qu’elle fournisse le point de départ de l’intrigue, ou sa conclusion, soit qu’elle nous plonge dans l’atmosphère de l’arrière. M"^^ Marguerite Henry-Rozier, avant d’étudier en 1919 l’âme d’un enfant, Gilbert Tiennot, 3. pourtant peint Le Chagrin sous les vieux toits. M"^^ Yves Pascal a évoqué la petite Parisienne légère et charmante dans la grande tourmente (Noune et la Guerre, 1918^. M^^^ Geneviève Duhamelet, après avoir esquissé avec assez de verve Ces Dames de VHôpital 336 (1917), a étudié Les Inépousées (1918).

C’est par un roman de guerre, inhabile et flottant, mais à l’ardeur contrôlée, à la grâce souffrante, que débuta en 19 17 M^i^ Isabelle Sandy : Chantai Daunoy. Ariégeoise, M^^^ Sandy demande son inspiration à son pays et compose des récits tourmentés et fiévreux : La Descente de Croix. Elle a de l’avenir. Parmi les bons romanciers réalistes révélés par la guerre, il faut placer M^e Elie Dautrin, VEnvolée (1917), V Absent (1919). A la fois lyrique et réaliste, voici M"^^ Raymonde Machard avec Tu enfanteras (1919).

Monographie, émouvante confession, sorte d’épopée bourgeoise de la maternité consentie. Romancier réaliste aussi, observateur de mœurs locales, M"^® Elissa Rhais a d’agréables dons de couleur et le sens du pittoresque : Sadda la Marocaine (igig), Le Café chantant.

Les Essais

Isabelle Sandy

Raymonde Machard

Il m’a paru intéressant, plutôt que de suivre un ordre chronologique, de grouper ici selon leur genre les autoresses que j’appelle synthétiquement des essayistes, c’est-à-dire celles qui, depuis 1900 environ jusqu’à 1920, se sont plus spécialement adonnées à la critique littéraire, comme M^^ Jean Dornis, M^^ Cruppi, — à l’histoire littéraire,

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25 ANS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE

comme M^^ Pailleron ; celles qui se sont surtout consacrées à des biographies, comme M"^^ Judith Cladel, Sainte-Marie Perrin, Saint-René Taillandier, Anne-Marie Goichon, Claude Ferval, IsabelleRimbaud, Louise Clermont, Valentine Thomson, J.-Ph. Heuzey, la duchesse de Clermont-Tonnerre ; puis les philosophes, psychologues, moralistes : les Zanta, Borély, Brisson, les Lucie Félix- Faure-Goyau, Marguerite Féraud, Jacques Trêve, les Bulteau, et ces auteurs de mémoires personnels, de relations de voyage, comme M"^®^ Armen Ohanian, Lucie Cousturier, Isabelle Eberhart, Marguerite Yerta, la princesse Bibesco ; forcément ces classifications demeurent un peu arbitraires, car Isabelle Rimbaud, biographe, est l’auteur d’un passionnant « journal » ; M"^^ Goyau, biographe aussi, qui a écrit une vie de Newman, fut surtout une moraliste ; moraliste, M"^^ Bulteau fut encore une voyageuse. Mais, puisque ces classifications sont le seul moyen d’apporter un peu de clarté dans mon exposé, je m’efl"orcerai le plus possible de les observer.

La Critique

M me Cruppi, qui a entrepris une série d’études sur Les Femmes Ecrivains d’aujourd’hui, a donné en 191 1 son premier volume, consacré à la littérature féminine en Suède. Son jugement est précis, sa décision rapide, elle a de la curiosité, une grande activité spirituelle, des jugements solides et mesurés. Bien que M"^^ Jean Dornis ait pubHé plusieurs romans, émouvants et agréablement conventionnels, c’est surtout par ses livres de critique qu’elle est connue. Ses ouvrages sur l’Italie contemporaine sont de précieux répertoires d’informations motivées ; son Essai sur Leconte de Lisle (1919) est un travail excellent, et, de son essai sur « la sensibilité dans la poésie contemporaine » (1919), l’information abondante fait à l’heure actuelle un livre encore utile.

]y[Ue Yvonne de Romains a publié, en 1909, un volume de critiques littéraires pétulantes, Semeurs d’idées, et une étude incisive sur la Grèce, d’après les livres consacrés à ce pays (Les Dieux éternels, 1911^.

C’est plutôt une œuvre d’historien littéraire et de

psychologue qu’une œuvre de «critique» précisément que

nous donne M.^^ Marie-Louise Pailleron : depuis quatorze

ans, elle utilise tous les documents (lettres, manuscrits, livres, revues) qu’elle tient

de son grand-père François Buloz pour alimenter un travail qu’elle intitule

Jean Dornis

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LA LITTÉRATURE FÉMININE

François Buloz et ses Amis y et dont les premiers tomes ont un grand intérêt. M"i® Louise Pillion est une des rares femmes de notre époque qui se soit adonnées d’une façon suivie à la critique d’art. Elle a publié en 1912 un remarquable ouvrage, Les Sculpteurs français au XII^ siècle. Par là, elle se rattache à M^i^ Judith Cladel, sans lui ressembler.

Les Biographies

M^^® Judith Cladel est, avant tout, amie de la Biographie, où elle excelle : elle a publié une Vie de Léon Cladel (1905), un Auguste Rodin, une Mademoiselle de La V allier e (191 2), un Général Gallieni (1917). Elle avait débuté très tôt par une pièce jouée au Théâtre de l’Œuvre : Le Volant (1895) et a publié en 1905 un roman audacieux : Confession d’une Amante.

A la même héroïne que Judith Cladel, M"^^ Claude Ferval s’est intéressée : Un Double Amour : Mademoiselle de La Vallière (1913), avec un vraie talent.

Encore des biographies historiques, par M"^^ Reynès-Monlaur : La Duchesse de Montmorency (1898), Angélique Arnaud (1900). M^i^ Valentine Thomson, après un travail littéraire sur Chérubin ^ a donné tous ses soins à un vivant portrait de Rachel, cependant que la duchesse de Clermont-Tonnerre s’essayait aussi dans l’histoire avec son Histoire de Samuel Bernard et de ses enfants (19 14).

Mlle (Je Mestral-Combremont a écrit La Belle Madame Colet et M.^^ Taillandier M""’ de Maintenon.

Les contemporains n’ont pas été tout à fait négligés par nos femmes de lettres : M^^^ Louise Clermont a classé et commenté les fragments laissés par son frère, dans un livre aussi émouvant qu’intelligent : Emile Clermont (19 19). M^^^ Goichon a composé un bel Emile Psichari qui fait honneur à sa lucidité.

Est-il nécessaire que je rappelle les nobles écrits mystiques, drus et ingénus que nous devons à Isabelle Rimbaud sur le poète des Illuminations} (Mon Frère Arthur). Rédigés

. , * , , ,. , j. , -1 Isabelle Rimbaud

depuis longtemps, mais publies tardivement, ils

pouvaient faire prévoir l’écrivain remarquable que la guerre devait faire

naître, et sur qui je reviendrai.

Le livre que W^^ J.-Ph. Heuzey a consacré à la mémoire de Lucie Félix-Faure-Goyau (1916) est un chef-d’œuvre de la biographie. M^^ Heuzey a étudié son amie avec une lumineuse sympathie qui n’atténue pas le sens critique.

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Moralistes

Ce n’est ni par ses souvenirs de voyage, ni par ses vers, délicats mais sans grande originalité, que Mme Lucie Faure-Goyau mérite de laisser un nom, c’est par quelques-uns de ses essais[39], « à la manière anglaise ». Pénétrée de la dignité humaine de la femme et du vrai but de son influence, Mme Goyau était féministe sans parti pris politique. Il faut lire ses posthumes : Choses d’Ame.

À la suite du féminisme catholique, prôné par Mme Adam dans La Vie des Ames (1919) et par Mme Noël Francès dans ces Entravées (1911) qui sont autant un essai qu’un roman, il faut placer Mme Marguerite Féraud avec La Femme devant les Urnes (1919), livre fortement pensé, solidement mené, et d’une haute portée morale. Mlle Léontine Zanta, élève de Bergson, et qui, depuis trois ans, s’avère ardente féministe catholique, a l’un de nos plus beaux cerveaux de femme, et des plus équilibrés, sans en avoir moins de grâce. De son remarquable travail sur La Renaissance du Stoïcisme au XVIe siècle (1914), on a pu écrire que « la lucidité est sa qualité maîtresse ». On en peut admirer aussi l’originalité et la richesse ordonnée. On lui devait déjà l’édition (avec des notes et une introduction nourrie) du Manuel d’Epictète, d’André de Rivaudeau (19 14).

Mme Borély a publié, en 1917, Le Génie féminin français. Son amour pour le temps passé aveugle Mme Borély sur ce que purent souffrir autrefois dans leur dignité humaine les femmes laides, pauvres ou malchanceuses, et, singulièrement, elle nous propose en idéal la vie menée par une Chevreuse, une Ninon, une Pompadour ! Je ne puis, en vérité, prendre au sérieux tant d’assertions sur la vie d’autrefois, que controuvent les faits ; mais où Mme Borély est exquise, profonde, Marthe Borély neuve, où éclate, sinon le génie français féminin, au moins le meilleur de son propre génie, c’est dans ses aperçus psychologiques, ses observations sur l’amour. Le livre de Mme Borély, où l’homme est placé sans restriction sur le pavois, lui a valu de grandes louanges de la critique masculine. Il le mérite en tout cas par son esprit charmant.

Certaines phrases de Mme Jacques Trêves (Le Rôle de la Femme dans la Vie des Héros, 1913) pourraient être du « Génie féminin français », nonobstant un rythme tendu dont n’use guère l’aimable Borély. Il est regrettable que ce livre, d une inspiration élevée, soit gâté par un style faussement poétique et nietzschéen… Pour la même raison, je ne saurais goûter le lyrisme échevelé et la philosophie obscure du Royaume des Ombres (1910). Citons encore, trop rapidement Mme Brisson (Yvonne Sarcey) des Annales, Mme Colette Yver, Mme Léon Daudet, autres antiféministes de bon sens et sans acrimonie.

Les Voyages

Ce fut un grand moraliste que Mme Bulteau, qui signait ses livres et ses chroniques du pseudonyme de « Fœmina », plus préoccupée d’observer l’être humain que d’établir une thèse. Elle nous a laissé un livre étonnant de vivacité, de lucidité, de nouveauté psychologique, L’Âme des Anglais (1910), mais qui pèche par des longueurs, une composition médiocre, une forme de plaisanterie qui vieillira peut-être vite, et Un Voyage (1914) : des notes sur la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie, où se trouvent ses plus fortes pages.

À Mme Reynès Monlaur, nous devons aussi deux tomes sur Jérusalem. J’ai déjà signalé, à propos de ses romans, la grande voyageuse qu’est Odette Keun ; il convient de faire ici une place à Isabelle Eberhardt, bien qu’elle laisse aussi un roman, d’ailleurs inachevé : Trimardeur. Isabelle Eberhardt était fille d’une Allemande et d’un Russe ; née en 1877, à Genève, elle est morte en 1904 en Afrique, dans une inondation, après une vie douloureuse. Elle était devenue musulmane, avait épousé un sous-officier spahi, et fit de grandes randonnées dans le Sud-Oranais et le Sud-Constantinois. Elle n’a rien d’une moraliste, elle est fruste et simple dans sa complexité. C’est une manière de peintre littéraire et de mystique, de grand talent, qu’on n’a pu mieux comparer qu’à un Loti féminin (À l’Ombre chaude de l’Islam, Pages d’Islam). C’était une mélancolique, ardente et discrète errante.

C’est aussi de Pierre Loti qu’on a rapproché la Princesse Bibesco quand, au sortir de l’adolescence, elle écrivit ses frais Huit Paradis (1908), qui ravirent Jean Moréas, Henri Bidou et Robert de Montesquiou.

Ajoutons, à ces souvenirs de voyage, Les Dévoilées du Caucase, de la duchesse de Rohan, Le Jardin fermé de Mme Marc Hélys, scènes de la vie féminine turque, et Clartés, de Mme Dauguet, récit d’un séjour en Italie.

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Mémoires

Mi-mémoires et mi-souvenirs de voyage sont les deux volumes de Mlle Armen Ohanian : La Danseuse de Shamaka (1919), Dans les Griffes de la Civilisation (1921). Le premier a du charme, et, pour dire les beaux pays traversés et la vie douce et changeante, Mlle Ohanian a gardé la grâce spontanée d’une petite fille. Signalons aussi les Mémoires d’une petite Second Empire de la féconde romancière Brada, sans oublier les Notes et Impressions d’une Parisienne, de Mme M.-L. Néron. Mlle Galzy a publié en 1919 La Femme chez les Garçons, souvenirs de son professorat durant la guerre, où il y a de la finesse et de la sensibilité et Lucie Cousturier, en 1920 : Des Inconnues chez moi, livre subtil.

Excellent reportage que Les Cantinières de la Croix-Rouge (1917), de Mme Marc Helys, recueils d’expériences personnelles où elle présente de multiples aspects du Paris laborieux et du Paris charitable. Ses Provinces françaises pendant la Guerre (1918) constituent un reportage plus littéraire.

La plupart des livres de guerre féminins sont surtout des histoires de pays envahis. Leur valeur documentaire est très grande, leur valeur d’art très inégale. Le plus remarquable est Dans les Remous de la Bataille d’Isabelle Rimbaud (1917). Six Femmes et l’Invasion (1917), de Mme Marguerite Yerta, est une œuvre vivante et spirituelle, qu’on relira plus tard.

Il serait injuste d’oublier le beau livre sobre de Mme Madeleine Havard de La Montagne : La Vie agonisante des Pays envahis (1919) et le dramatique récit du martyre d’un petit village ardennais : Sur le Chemin du Calvaire, de M.-L. Dromart, poétesse et romancière à qui sa belle conduite valut une citation, de même que les récits de guerre d’Henriette Célarié (En Esclavage : Journal de deux Déportées, 1919). L’arrière a aussi inspiré quelques essais intéressants, et c’est ainsi que Mme Noëlle Roger, romancière suisse estimée, a publié des Carnets d’une Infirmière (1915) d’une beauté émouvante, d’une grandeur simple où le visage courageux de la France souffrante apparaît comme dans un miroir. Mlle Maïten d’Arguibert, qui cache sous ce pseudonyme un vieux nom bien connu, a écrit avant ses vingt ans : Le Journal d’une Famille française durant la Guerre (1917). Ce journal, qui n’est pas sans longueurs, est d’une spontanéité charmante et fait preuve parfois de maturité.

On excusera la rapidité de cet exposé et l’insuffisance des renseignements bibliographiques. La matière est si vaste, qu’en un chapitre il ne m’était possible de motiver mon jugement que sur quelques-unes de nos femmes de lettres les plus remarquables. 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TABLE DES MATIÈRES
DU TOME II


L’ACADÉMIE FRANÇAISE, par Maxime Revon et Pierre Billotey 
 5
Belgique, par Louis Dumont-Wilden 
 99
Suisse, par Robert DE Traz 
 119
Canada, par Berthelot-Brunet 
 129
LES ÉCRIVAINS MORTS À LA GUERRE, par Edmond Pilon 
 133
LES SALONS LITTÉRAIRES, par Maxime Revon et Pierre BiLLOTEY 
 167
LES CAFÉS LITTÉRAIRES, par André BiLLY 
 183
LES ÉCOLES LITTÉRAIRES, par Maurice Le Blond 
 200
LES CHAPELLES LITTÉRAIRES, par Philoxène Bisson 
 215
TYPES CURIEUX ET PITTORESQUES :
Guillaume Apollinaire, par Fernand Fleuret 
 225
Christian Beck, par Eugène Montfort 
 232
Henri Degron, par Tristan Klingsor 
 235
Max Jacob, par André Billy 
 237
Alfred Jarry, par Pierre Mac Orlan 
 241
Ernest La Jeunesse, par Philoxène Bisson 
 245
Paul LÉAUTAUD, par André Billy 
 249
Robert de Montesquiou, par Pierre Lièvre 
 252
Jean Moréas, par Eugène Montfort 
 256
Germain Nouveau, par Chaffiol-Debillemont 
 261
Saint-Pol-Roux, par Edouard Schneider 
 264
LES REVUES LITTÉRAIRES, par Philoxène Bisson 
 267
LA BIBLIOPHILIE, par A. de Bersaucourt 
 289
LES JOURNALISTES, par Louis Latzarus 
 321
ÉDITION ET LIBRAIRIE, par Jean DE Niort 
 353
INDEX DES NOMS D’AUTEURS CITÉS 
 367
TABLE DES GRAVURES, SIGNATTURES ET AUTOGRAPHES 
 383


Imprimerie VILLAIN et BAR
22, Rue Dussoubs — Paris (IIe)



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  1. Laide (1877), Païenne (1882), Chrétienne (1911) etc.
  2. Elle traduisit (en 1872) un ouvrage d’Herbert Barry sur la Russie et écrivit des livres sur l’œuvre de Jésus ouvrier et sur les cercles catholiques.
  3. Saint François d’Assise, Histoire de la Grande Mademoiselle, Alfred de Musset, Portraits de Femmes, Princesses et grandes Dames, Bourgeois et Gens de peu.
  4. On lui doit la Satire de l’Esthétisme, la Société de l’Avenir, le Roman étranger en Angleterre, le Naturalisme aux États-Unis et, avec ces études littéraires, de lucides essais sur les mœurs : les Américaines chez elles, Choses et Gens d’Amérique, Nouvelle France et Nouvelle Angleterre, Questions Américaines, Femmes d’Amérique, ainsi que des études sur la Russie. Elle a publié une vingtaine de romans psychologiques ou sociaux, d’un intérêt surtout actuel.
  5. Poésies (1895), Miroirs et Mirages (1899), Les Archipels lumineux (1913), etc.
  6. L’Enfance d’une Parisienne (1883), Enfants et mères (1889), Souvenirs d’un groupe littéraire (1910).
  7. Fiancée, à l’Odéon en 1894 ; Hors du Mariage, aux Français en 1899 ; le Masque d’Amour, chez Sarah Bernhardt en 1905.
  8. Marie-Magdeleine.
  9. La Vierge de Syracuse (1900) ; la Danseuse de Pompéi (1898) ; les Chanteurs florentins.
  10. Dorine (1890), le Cabaret des Larmes (1902), les Ailes brisées (1914), etc. Mme Frehel est morte en 1917.
  11. Dialogues de Courtisanes, Vieilles, Manoune (3 actes au Gymnase).
  12. M. Venus (1883), le Mordu (1889), la Princesse des Ténèbres (1890), l’Heure Sexuelle (1891), La Tour d’Amour (1899), le Meneur de Louves (1905), Son Printemps (1912), Dans le Puits (1919), etc.
  13. Le Cœur innombrable (1901). Ensuite : l’Ombre des Jours (1902), les Eblouissements (1907).
  14. Les Vivants et les Morts.
  15. Par méfiance et par courtoisie, je n’ai point demandé de dates de naissance, et je ne publie que celles qui m’ont été volontairement communiquées ou qui ont déjà été imprimées ailleurs.
  16. Toutoune est un roman exquis, l’Ex-Voto un indiscutable chef-d’œuvre.
  17. Autres œuvres : Poésie : Occident (1900), la Figure de Proue (1908), Par Vents et Marées (1912).
          Romans : Marie fille-mère (1909), l’Acharnée (1910), Tout l’Amour (1911), La Monnaie de Singe (1912), l’Inexpérimentée (1912), Douce Moitié (1913), Un roman civil (1916), Deux Amants (1918), L’âme aux trois visages (1919)
  18. Mme Colette, née à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), d’un père français et d’une mère belge, dont le père était mulâtre, a commencé d’écrire sous le pseudonyme de son mari, Willy ; on lui doit les Claudine. Les Dialogues de bêtes, parus, sous la signature « Colette Willy », sont de 1904. Divorcée, remariée en 191 2 avec M. Henri de Jouvenel, elle a, depuis, adopté le pseudonyme « Colette ». Durant plusieurs années, Mme Colette a exercé au music-hall la profession de danseuse et de mime, dont on trouvera la trace littéraire dans certaines pages des Vrilles, et dans presque tout l’Envers et toute la Vagabonde.
  19. Est-ce auprès d’un Stendhal ou d’un Proust qu’on oserait la dire profond psychologue ? Est-ce même auprès d’un A. Daudet ou d’un Dickens qu’on accordera de la vie à ses pantins d’avant 1920 ?
  20. Voir tel aveu de « femme de lettres » dans la Vagabonde (1910).
  21. Née à Paris, (fille du poète José-Maria de Hérédia, d’origine cubaine), a épousé en 1896 M. Henri de Régnier ; a eu d’abord pour beaux-frères M. Pierre Louys et M. Maurice Maindron, puis M. Gilbert de Voisins et M. René Doumic.
  22. L’Inconstante (1903), Esclave (1905), le Temps d’aimer (1908), le Séducteur (1914), etc
  23. Née à Tulle (Corrèze). Autres romans : La Rançon (1899), Hellé (1900), la Rebelle (1906), l’Amour qui pleure (1908), La Douceur de vivre (1911), La Veillée des Armes (1915), Perséphone (1920), etc.
  24. Pauline Tarn, en littérature Renée Vivien, était née à Londres en 1877. Elle savait beaucoup de langues, lisait le grec, voyagea énormément ; elle avait une petite maison à Mytilène, et l’on dit que sur ses derniers jours elle fit appeler un prêtre catholique : par dégoût de la vie, elle s’était laissée mourir de faim, en septembre 1909. — Études et Préludes (1901), Cendres et poussières (1902), Évocations (1905), Flambeaux éteints (1907), Sillages (1908). Posthumes : Dans un Coin de Violettes (1910), Le Vent des Vaisseaux (1910), Haillons (1910).
  25. Marie Lenéru, fille d’un officier de marine, petite-fille d’un amiral, naquit à Brest en 1875 et mourut de la grippe à la fin de 1918. À quatorze ans, elle devint complètement sourde et presque aveugle. Elle devait, trois ans plus tard, retrouver incomplètement la vue, mais ne retrouva jamais l’ouïe.
  26. Autres drames : Le Redoutable (1912), La Triomphatrice (1918), La Paix. Elle laisse un Essai sur Saint-Just et des pièces inédites.
  27. Née à Reims en 1877. Vivre (1906), Les Pas Légers (1907), Les Variations du Cœur pensif (1911), La Pelouse (1914), Les Captives (1919), etc.
  28. À travers le Voile (1902), Par l’Amour (1906), un récit de voyage, Clartés (1907), et enfin deux autres recueils de vers, les Pastorales (1908) et l’Essor Victorieux (1911).
  29. Poèmes de la Mer et du Soleil (1905), Poèmes d’Orgueil (1908), la Soif et les Mirages (1912), Poèmes-drames idéistes (1917) et quelques romans incohérents et maniérés.
  30. Il faut admirer, dans son premier volume : « l’Ame en bourgeon », véritable poème de la grossesse, d’une rare saveur.
  31. D’un Cœur Fervent (1909), Le livre de Poésie (1910), Humblement sur l’autel (1919), Les Bucoliques (1920).
  32. Vers sur le sable (1899), Vers l’Infini (1904), Le Jardin des Dieux (1908), Sur les Toits bleus du Ciel (1912), etc.
  33. Lycée de jeunes filles, Lycéennes, La Cruche cassée, Le Royaume de Printemps, Les Camps-Volantes de la Riviéra, La Bachelière, etc.
  34. L’Ile de Volupté (1907), Madame Petit-Jardin (1909), La Petite Fille de Jérusalem (1914), Siona chez les Barbares (1917), etc.
  35. Les Cernelines, Princesse de Science, Le Mystère des Béatitudes, Les Dames du Palais, etc.
  36. Les Chimères (1909), Le Bon Samaritain (1910), etc.
  37. L’Impossible Sincérité, L’Enjôleuse.
  38. Un inconnu passa (1918), La Fête est finie (1919), etc.
  39. Newmann (1900), Les Femmes dans l’oeuvre de Dante (1902), Ames païennes, âmes chrétiennes (1908), L’Âme des Enfants… (1912), Christianisme et culture féminine (1914)
  40. Mme Charasson, l’auteur de ce chapitre, a précédemment publié À Hente, poèmes, Jules Tellier, critique, Grigri, récits. Elle donne depuis une douzaine d’années des critiques régulières dans nombre de journaux et de revues, et a reçu en 1920 le Prix de la Critique.