Ls.-A. Proulx (p. 192-195).

Le presbytère de Saint-Vallier

Cette maison date de la première moitié du dix-neuvième siècle. Autrefois, l’entrée principale faisait face au nord. Lors de la construction de l’église actuelle, on restaura le presbytère et l’entrée principale fut placée au sud. On a eu le bon esprit de conserver la salle des habitants dans sa forme primitive.

LE MANOIR DES LANAUDIÈRE À SAINT-VALLIER



L E 13 novembre 1767, l’honorable Charles-François-Xavier Tarieu de Lanaudière, déjà propriétaire des seigneuries de Sainte-Anne-de-la-Pérade, de Tarieu et du Lac Maskinongé ou Lanaudière, se rendait acquéreur de la moitié du fief et seigneurie de la Durantaye contenant une lieue et demie de front ou environ sur le bord du fleuve Saint-Laurent sur quatre lieues de profondeur. Cette moitié de la seigneurie de la Durantaye était connue sous le nom de fief ou seigneurie de Saint-Vallier. Les dames religieuses de l’Hôpital général de Québec, propriétaires de la seigneurie de Saint-Vallier depuis le 18 août 1720, avaient été obligées de la vendre pour payer un emprunt que les malheurs des temps les avaient obligées à faire de M. Benjamin Comte.

M. de Lanaudière qui avait toujours été l’ami de l’Hôpital général et qui comptait plusieurs parentes parmi les religieuses de cette communauté, n’avait pas fait l’achat de la seigneurie de Saint-Vallier dans un but de spéculation. C’est à la demande même des bonnes dames qui voyaient leur maison acculée à la ruine, si elles ne pouvaient satisfaire leur créancier, qu’il fit cet achat.

L’honorable M. de Lanaudière, toutefois, n’habita jamais sa seigneurie de Saint-Vallier. À sa mort, arrivée précisément à l’Hôpital général de Québec, le 1er  février 1776, elle passa à son fils, le célèbre chevalier de Lanaudière, celui-là même dont le vieux gentilhomme disait : — Si je mettais mon fils dans une balance, et dans une autre l’or qu’il m’a coûté avant de recevoir sa légitime, il l’emporterait de beaucoup. Le chevalier de Lanaudière, pas plus que son père, ne résida à Saint-Vallier. Ses devoirs de militaire et d’aide de camp du gouverneur le retenaient à la ville.

Les demoiselles Marie-Louise et Agathe de Lanaudière, sœurs du chevalier, furent les premiers membres de cette famille distinguée à habiter Saint-Vallier. Elles firent construire leur manoir dans une anse superbe d’où la vue s’étend bien loin sur le grand fleuve.

Le manoir des Lanaudière à Saint-Vallier

M. Aubert de Gaspé, qui était le neveu des demoiselles de Lanaudière, a longuement parlé dans ses Mémoires du séjour de ces excellentes personnes au manoir de Saint-Vallier.

Un frère cadet des demoiselles de Lanaudière, Antoine-Ovide, un des héros de la guerre de 1812, habita aussi pendant plusieurs années le manoir de Saint-Vallier. Il y décéda le 16 décembre 1838, à l’âge de 66 ans. La Gazette de Québec disait de ce vrai gentilhomme, au lendemain de sa mort : « Les pauvres perdirent en lui leur meilleur ami. Tant qu’il vécut il fut le père de sa paroisse ; jamais on ne frappa à sa porte en vain. On aurait pu inscrire sur sa tombe : franc, probe, honnête, loyal, ami des pauvres, et sûrement jamais une voix n’aurait pu lui nier ces qualités. »

Plusieurs autres membres de la famille de Lanaudière décédèrent au manoir de Saint-Vallier.

Après la disparition des Lanaudière, la vieille demeure passa successivement à Thomas Pope, qui fut maire de Québec, à la famille Alleyn, qui y résida un quart de siècle, à Thomas Lemieux, dont la famille est établie dans la région depuis plus de deux cents ans. Elle fut ensuite achetée par M. F.-X. Larue, notaire, qui fit construire une terrasse en maçonnerie à l’extrémité de la propriété d’où l’on a une vue splendide du fleuve, de l’île d’Orléans et du cap Tourmente, sur la rive gauche du Saint-Laurent.

Le manoir de Saint-Vallier appartient aujourd’hui à la famille Amos qui l’a agrandi et considérablement amélioré. La propriété porte maintenant le nom de « Murval ».