Ls.-A. Proulx (p. 132-138).

La maison Baril à Boucherville

Cette maison qui appartient à la succession du docteur Georges-Edmond Baril est une des plus anciennes de Boucherville.

La Chaumière à Boucherville

La Chaumière est la propriété de madame veuve Adolphe Robillard. Cette habitation était une dépendance de la maison construite en 1760 par l’honorable M. Pierre Boucher de Boucherville.

LA VILLA LA BROQUERIE. ANCIEN MANOIR DE PIERRE BOUCHER, À BOUCHERVILLE



C’ EST en 1668 ou un peu avant que Pierre Boucher abandonna les charges d’honneur et de confiance que les gouverneurs de la Nouvelle-France lui avaient données pour aller établir sa seigneurie des îles Percées ou de Boucherville.

Relisons les raisons qui l’engagèrent à fonder son établissement de Boucherville :

« C’est pour avoir un lieu dans ce pays consacré à Dieu, où les gens de bien puissent vivre en repos, et les habitants faire profession d’être à Dieu d’une façon toute particulière. Ainsi toute personne scandaleuse n’a que faire de se présenter pour y venir habiter, si elle ne veut changer de vie, ou elle doit s’attendre à en être bientôt chassée.

« C’est pour vivre plus retiré et débarrassé du fracas du monde, qui ne sert qu’à nous désoccuper de Dieu et nous occuper de la bagatelle, et aussi pour avoir plus de commodité de travailler à l’affaire de mon salut et de celui de ma famille.

« C’est pour tâcher d’amasser quelque bien par les voies les plus légitimes qui se puissent trouver, afin de faire subsister ma famille, pour instruire mes enfants en la vertu, la vie civile et les sciences nécessaires à l’état où Dieu les appellera et ensuite les pourvoir chacun dans sa condition. »

Pierre Boucher bâtit son manoir à l’embouchure de la petite rivière Sabrevois, à une vingtaine d’arpents de l’église actuelle de Boucherville. Il l’entoura de palissades et le fortifia de toutes façons car, à cette époque, les Iroquois étaient la terreur de la région.

Vers 1695, Boucher abandonna cette demeure à sa fille Jeanne, mariée à M. de Sabrevois. L’habitation jusqu’alors connue sous le nom de fort Saint-Louis porta dès lors le titre pompeux de château Sabrevois.

Quatre générations de Sabrevois se succédèrent dans la maison bâtie par Pierre Boucher. Le « château » passa ensuite à François Piedmont de la Bruère, puis à Joseph-Antoine Boucher de la Broquerie et, enfin, à Charles Taché, marié à Louise-Henriette Boucher de la Broquerie. Leur fils, Mgr A.-A. Taché, héritier de la vieille maison ancestrale, la donna aux Révérends Pères Jésuites qui, après l’avoir agrandie, en ont fait le célèbre lieu de retraites fermées connu sous le nom de Villa de la Broquerie.

Le manoir de Pierre Boucher à Boucherville en 1868, précisément deux siècles après sa construction

Le Père Lalande écrivait en 1890 :

« Villa de la Broquerie, c’est le nom que lui ont donné les RR. PP. Jésuites. Par la générosité de Mgr Taché, ils en sont les propriétaires depuis quatre ans ; ils ont voulu que le bienfait conservât le nom le plus cher au bienfaiteur. Pendant un siècle — ce sont les paroles de Mgr de Saint-Boniface — ce manoir a porté le nom de château Sabrevois ; non pas que sa magnificence lui donnât aucun titre au nom pompeux de château, mais parce que c’était une coutume des seigneurs et des nobles familles françaises d’appeler ainsi leurs résidences. En lui donnant ce nom, le noble M. Sabrevois de Bleury n’a été que fidèle à cette coutume.

« Du château, il n’a ni l’architecture, ni les riches lambris, ni les fières allures. Point de donjons, point de créneaux, de balcons, de portiques. L’art n’a rien fait pour embellir cette résidence. Ne pouvant rivaliser victorieusement avec la nature, il lui en a laissé tout le soin. Elle s’en est gentiment acquittée et en a fait, pour la belle saison, un lieu de plaisance ravissant.

« Bâtie sur la côte, à vingt pas d’une grève, la villa a dans son site du pittoresque et du grand. D’un côté, les champs, les prairies remplies d’arôme, les hauteurs échelonnées à l’horizon. À ses pieds, la rivière Sabrevois que bordent deux rideaux de buissons. En face, le fleuve, ses îles, les côtes du nord, où l’œil s’en va vaguant de scène en scène jusqu’aux Laurentides. Azur ou nuages dans un vaste ciel, azur ou nuages dans l’onde du Saint-Laurent : immense miroir d’un incommensurable tableau »[1].

La Villa La Broquerie, ancien manoir de Pierre Boucher à Boucherville
L’ancienne maison de l’honorable Pierre de Boucherville à Boucherville

Cette maison porte sur sa façade la date 1760. Elle a appartenu à l’honorable Pierre de Boucherville, puis à sir Charles de Boucherville. Celui-ci l’échangea avec M. de Léry pour la propriété habitée maintenant par M. Joseph de Boucherville, C.R. Quant à la demeure cédée à M. de Léry, elle fut acquise, il y a quelques années, par MM. les avocats J.-J. Beauchamp et Charles Bruchési.


  1. Une vieille seigneurie, Boucherville, p. 316.