Vieux manoirs, vieilles maisons/024
LA MAISON DE TONNANCOUR AUX TROIS-RIVIÈRES
L E chef de la famille Godefroy au Canada fut Jean-Baptiste
Godefroy, sieur de Linctot, fils de Pierre
Godefroy et de Perette Cavelier, de Linctot, pays de
Caux, en Normandie. Il passa dans la Nouvelle-France vers
1626, en compagnie de son frère, Thomas Godefroy de Normanville,
qui fut pris et brûlé par les Iroquois en 1652.
Godefroy fut d’abord interprète et rendit de grands services à Champlain. En 1629, lorsque les Anglais s’emparèrent de Québec, il fut un des rares Français qui restèrent dans la colonie. Il s’enfonça dans les bois avec les Sauvages. Godefroy s’établit aux Trois-Rivières en 1633. M. Sulte remarque qu’il fut le premier interprète de Champlain qui se fit colon.
Jean-Baptiste Godefroy de Linctot épousa Marie, fille de Mathieu Leneuf du Hérisson et de Jeanne Le Marchant. Anobli par Louis XIV en 1668, Godefroy décéda en 1681. Il avait eu onze enfants qui furent les auteurs des branches Godefroy de Linctot, Godefroy de Normanville, Godefroy de Vieux-Pont, Godefroy de Saint-Paul, Godefroy de Roquetaillade et Godefroy de Tonnancour qui ont joué un rôle important aux Trois-Rivières pendant tout le régime français et le premier siècle du régime anglais.
La maison de Tonnancour, construite au commencement du dix-huitième siècle, était, en 1738, la propriété de René Godefroy de Tonnancour, conseiller du roi et lieutenant général de la juridiction des Trois-Rivières. En 1795, elle passa à l’honorable juge Pierre-Louis Brassard Deschenaux, qui fut juge provincial aux Trois-Rivières de 1794 à 1802. Les autorités militaires acquirent ensuite la maison des héritiers Deschenaux et la transformèrent en caserne. En 1822, Mgr Plessis permit à la fabrique des Trois-Rivières de l’acheter pour en faire un presbytère.
L’ancienne maison de Tonnancour, vieille de deux siècles, augmentée d’un étage et dont les murs de pierre ont été revêtus d’un lambris de bois, est maintenant occupée par la communauté des Filles de Jésus.
Bâti en 1742, ce couvent fut habité par les Récollets jusqu’en 1776. On le transforma ensuite en cour de justice, en prison, puis, en palais de justice. Vers 1823, lord Dalhousie donna la chapelle et le couvent des Récollets aux Anglicans des Trois-Rivières. Depuis, la chapelle sert au culte et le couvent de rectory ou manse.
LE MANOIR BOUCHER DE NIVERVILLE AUX TROIS-RIVIÈRES
C ETTE belle vieille maison fut construite vers 1756 par
François Chastelain, officier dans les troupes du détachement
de la marine. M. Chastelain, qui était le
fils d’un procureur au Châtelet de Paris, décéda aux Trois-Rivières,
le 29 avril 1751.
De son second mariage avec Marguerite Cardin, il eut plusieurs enfants dont la plupart moururent en bas âge. Sa fille Marie-Josette devint, le 5 octobre 1757, la femme de Joseph Boucher de Niverville. C’est par cette union que la maison de François Chastelain passa dans la famille Boucher de Niverville qui en fit son manoir.
Un siècle plus tard, la maison fut acquise par M. Narcisse Martel avocat, qui la légua à son neveu, M. Paul Martel, avocat, qui y réside actuellement.
Autrefois le manoir Boucher de Niverville était entouré de vastes pelouses que les nécessités de la construction dans une ville grandissante ont fait disparaître. Dans l’Histoire du monastère des Ursulines des Trois-Rivières, se trouve un souvenir intéressant au sujet du vieux manoir si bien conservé des Boucher de Niverville. La scène se passe dans la première partie du dix-neuvième siècle :
« Sous les pins, sur la place de l’église, et sur la rue Bonaventure, dans un immense jardin qui entoure le manoir seigneurial du fief Niverville, on pouvait voir à certaine époque de l’année, à travers la verdure, une multitude de petites tentes blanches : c’étaient les camps des descendants de quatre grandes races sauvages qui venaient recevoir du brave chevalier de Niverville « le Prêt » ou les secours que le gouvernement leur accordait. Ces enfants des bois : Têtes de Boule du St-Maurice ; Algonquins et Abénaquis de St-François-du-Lac ; Iroquois de St-Régis, profitaient de ces jours pour échanger leur pacotille de paniers, de raquettes, de rassades et pour faire la traite de leur pelleterie ; ceux-ci pour conclure un engagement avec les bourgeois de la Baie d’Hudson, ceux-là pour vendre leurs canots d’écorce »[1].
C’est en 1754 que M. de Gannes, major des troupes aux Trois-Rivières, acheta l’emplacement sis à l’angle des rues Notre-Dame et Saint-François-Xavier. Il remplaça la maison de bois qui s’y trouvait par une maison de pierre. Le juge Vallières de Saint-Réal habita cette maison.
Cette maison fut certainement construite avant 1791 puisqu’elle est mentionnée dans le testament de Antoinette Bouton, veuve de Joseph Hertel de Cournoyer, sieur de la Frenière, reçu par le notaire Badeaux le 20 octobre 1791.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.