Vies des peintres, sculpteurs et architectes/tome 8/Graveurs en camées et en pierres fines


VALERIO DE VICENCE,

GIOVANNI DE CASTEL-BOLOGNESE

MATTEO DAL NASSARO DE VÉRONE,

ET AUTRES EXCELLENTS GRAVEURS EN CAMÉES ET EN PIERRES FINES.


Les Grecs ont gravé les pierres orientales et les camées avec une perfection divine, nous nous croirions donc coupable si nous gardions le silence sur les artistes de nos jours qui ont imité ces merveilleux génies. Les anciens n’ont été surpassés, en finesse et en dessin, par aucun des maîtres modernes, si ce n’est par ceux que nous allons mentionner. Mais, avant d’aborder cette tâche, il nous semble convenable de dire quelques mots sur cet art de graver les pierres dures, qui, après la ruine de la Grèce et de Rome, se perdit avec les autres arts du dessin.

Malgré la quantité de camées, de cornalines, de sardoines et d’autres admirables pierres gravées que l’on trouve journellement parmi les décombres de Rome, ce genre de gravure resta abandonné pendant maintes et maintes années, et si on le pratiqua, ce fut de manière à ne point mériter d’attirer l’attention

valerio de vicence.
attention. Il ne commença réellement à fournir de bons résultats que du temps des papes Martin V et Paul II. À dater de cette époque, il alla toujours en se perfectionnant, jusqu’au moment où le magnifique Laurent de Médicis et son fils Pierre, tous deux passionnés pour les camées antiques, en composèrent une nombreuse collection, dans laquelle entrèrent principalement des calcédoines, des cornalines et diverses pierres gravées d’un haut prix. Afin de naturaliser cet art à Florence, Laurent et Pierre de Médicis appelèrent des maîtres étrangers, qui eurent mission de restaurer les pierres antiques qu’ils avaient rassemblées et d’enrichir la ville de leurs ouvrages.

C’est à cette école que se forma, grâce au magnifique Laurent de Médicis, un jeune Florentin que l’on appelait Giovanni delle Corniole (des cornalines). Il avait mérité ce surnom par son habileté à graver cette sorte de pierres. Parmi toutes celles, grandes ou petites, qui sortirent de ses mains et qui attestent son talent, on en remarque une surtout d’une dimension énorme, sur laquelle il représenta Fra Girolamo Savonarola de Ferrare, célèbre prédicateur que les Florentins adoraient dans son temps.

Giovanni eut pour concurrent le Milanais Domenico de’ Gammei (1), qui grava en creux, sur un rubis balais plus grand qu’un Jules[1], le portrait du duc Ludovic le Maure, l’un des meilleurs intailles modernes. Sous le pontificat de Léon X, Pier Maria de Pescia, fidèle imitateur de l’antique, et Michelino, son digne rival, contribuèrent beaucoup aux progrès de la gravure en pierres fines, de cet art si difficile où l’ouvrier procède pour ainsi dire à tâtons, puisqu’il n’a d’autre ressource, pour connaître ce qu’il a fait, que de consulter à chaque instant une empreinte en cire.

Tels sont les hommes qui ouvrirent les voies à la gravure, et l’amenèrent à un point qui permit à Giovanni de Castel-Bolognese, à Valerio de Vicence, à Matteo dal Nassaro, et à d’autres maîtres, de produire tant de mémorables chefs-d’œuvre.

Commençons par Giovanni Bernardi de Castel-Bolognese. Dans sa jeunesse, il passa, auprès d’Alphonse, duc de Ferrare, trois années qu’il employa à exécuter une foule de petits ouvrages, qu’il est inutile de mentionner ici, et plusieurs morceaux importants, parmi lesquels nous citerons le beau Combat de la Bastia, gravé sur cristal, et une médaille représentant d’un côté le portrait du duc de Ferrare, et sur le revers Jésus-Christ emmené par le peuple. De Ferrare, Giovanni, cédant aux sollicitations du Giovio, se rendit à Rome, où, par l’entremise des cardinaux Hippolyte de Médicis et Salviati, il obtint accès auprès du pape Clément VII. Giovanni grava le portrait de ce pontife pour une médaille dont le revers portait Joseph se découvrant à ses frères (2). Sa Sainteté récompensa Giovanni en lui donnant une charge de massier, qu’il vendit deux cents écus sous le règne de Paul III. Giovanni exécuta encore pour Clément VII les quatre Évangélistes, sur quatre cristaux de forme circulaire. Ces figures furent très-admirées, et valurent à notre artiste l’amitié de hauts personnages, et particulièrement celle de Salviati et d’Hippolyte de Médicis. Ce dernier lui doit les poinçons de son portrait, et un cristal représentant l’Entrevue d’Alexandre avec la femme de Darius.

Lorsque Charles-Quint vint à Bologne pour son couronnement, Giovanni grava son portrait et frappa une médaille en or, qu’il lui porta aussitôt. En récompense, l’empereur lui donna deux cents doublons d’or et lui offrit de l’emmener en Espagne. Mais Giovanni répondit qu’il ne pouvait quitter le service de Clément VII et du cardinal de Médicis, pour lesquels il avait commencé divers travaux.

Giovanni regagna Rome, et il y grava l’Enlèvement des Sabines pour le cardinal de Médicis, qui le combla de présents et de gracieusetés. Au moment de partir pour la France avec une foule de gentilshommes, le cardinal s’ôta du cou un petit collier enrichi d’un camée d’une valeur de plus de six cents écus, et le remit à notre artiste en lui disant de le conserver jusqu’à son retour, époque à laquelle il se proposait de le rémunérer d’une manière digne de lui. Après la mort du cardinal de Médicis (3), ce camée tomba entre les mains du cardinal Farnese. Giovanni fit pour ce seigneur quantité de gravures sur cristaux, et entre autres un Crucifix surmonté d’une figure du Père éternel, et accompagné de la Vierge, de saint Jean et de la Madeleine. Ce morceau et trois sujets de la Passion, dont chacun occupait un angle d’un cristal de forme triangulaire, servirent à décorer une croix. Giovanni grava en outre, pour deux chandeliers, six cristaux circulaires où l’on voit le Centurion priant le Christ de guérir son fils, la Piscine probatique, la Transfiguration sur le mont Thabor, le Miracle de la Multiplication des cinq pains et des deux poissons, Jésus chassant les vendeurs du temple, et la Résurrection de Lazare (4).

Le cardinal Farnèse ayant fait faire par Marino (5), orfèvre florentin, duquel nous parlerons ailleurs, une cassette en argent, Giovanni orna ce meuble magnifique de cristaux et de bas-reliefs, exécutés avec un soin et une perfection inimitables. Il y représenta avec un talent vraiment merveilleux la Chasse de Méléagre et du Sanglier de Calydon, une Bacchanale, une Bataille navale, le Combat d’Hercule avec les Amazones, et d’autres sujets d’après les dessins de Perino del Vaga et de différents maîtres.

Il grava ensuite sur cristal la Prise de la Goulette, la Guerre de Tunis, la Naissance du Christ, la Prière dans le Jardin des Oliviers, Jésus pris par les Juifs, Jésus mené devant Hérode et Pilate, la Flagellation et le Couronnement d’épines, le Portement de Croix, l’Élévation de la Croix, et enfin la glorieuse Résurrection du Sauveur. Tous ces ouvrages sont d’une beauté rare, et néanmoins ont été conduits à fin avec une célérité étonnante.

Giovanni reproduisit également sur cristal, d’après les dessins du Buonarroti, la Chute du Phaéton, et un Vautour rongeant le cœur de Titius (6). Enfin notre artiste fit, en concurrence de Valerio de Vicence, le portrait de Madame Marguerite d’Autriche, fille de l’empereur Charles-Quint, veuve du duc Alexandre de Médicis, et femme du duc Octave Farnèse.

En récompense de ces travaux, Giovanni reçut du cardinal Farnèse un office de giannizzero, dont il tira bon profit. Il obtint encore d’autres faveurs du même cardinal, qui lui portait une telle amitié qu’il ne passait jamais par Faenza, où Giovanni s’était bâti une commode habitation, sans aller loger chez lui.

Pour se reposer de ses fatigues, Giovanni s’établit à Faenza. Sa première femme était morte sans enfants ; il en prit une seconde, qui lui donna deux fils et une fille. Maître de plusieurs domaines et d’un revenu qui dépassait quatre cents écus, il vécut heureux au milieu de sa famille, jusqu’à l’âge de soixante ans. Il rendit son âme à Dieu le jour de la Pentecôte de l’an 1555.

Matteo dal Nassaro naquit à Vérone, d’un chaussetier nommé Jacopo dal Nassaro. Dans sa jeunesse il étudia le dessin, et en même temps la musique, art dans lequel il devint très-habile, grâce aux bons soins de Marco Carra et du Tromboncino, ses compatriotes, qui étaient alors au service du marquis de Mantoue. La gravure en creux lui fut enseignée par Galeazzo Mondella, et par Niccolo Avanzi, tous deux issus d’honorables familles véronaises. Galeazzo Mondella était bon dessinateur. Niccolo Avanzi grava à Rome des camées, des cornalines et d’autres pierres pour différents princes. Quelques personnes se souviennent d’avoir vu de lui une Nativité du Christ sur un tapis qui fut acheté par la duchesse d’Urbin. Lorsque Matteo eut appris de ces deux maîtres tout ce qu’ils savaient, il grava sur un beau jaspe-sanguin une Descente de Croix, et il eut l’adresse de disposer ses figures de façon que les taches rouges qui se trouvaient dans la pierre servaient à exprimer le sang qui coulait des plaies du Christ. Matteo vendit ce précieux morceau à la marquise Isabelle d’Est.

Il alla ensuite en France, muni de plusieurs ouvrages de sa main, pour se faire connaître à la cour du roi François Ier. Ce prince, juste appréciateur de tous les gens de mérite, accueillit parfaitement Matteo. Il lui prit bon nombre de ses pierres gravées, l’attacha à sa maison avec une bonne pension, et aima en lui le musicien non moins que le graveur.

Matteo travailla non-seulement pour François Ier mais encore pour la plupart des gentilshommes de la cour, car il était alors de mode de porter des camées et d’autres semblables joyaux au cou et sur la barrette. Pour l’autel de la chapelle qui suivait Sa Majesté dans ses voyages, Matteo fit un tableau plein de figures en or, les unes en ronde-bosse, les autres ren demi-relief, et toutes couvertes de bijoux richement ciselés. Il grava également sur plusieurs cristaux les Planètes, et une Vénus et un Cupidon d’une beauté accomplie, dont on voit des épreuves en soufre et en plâtre dans diverses villes, et particulièrement à Vérone.

Sur une magnifique calcédoine trouvée dans un fleuve, Matteo représenta, presque en ronde bosse, une Déjanire coiffée d’une peau de lion, sur le revers de laquelle il adapta une veine rouge qui traversait la pierre de telle sorte que cette peau semblait fraîchement écorchée. D’autres couches lui servirent pour rendre, dans leurs couleurs naturelles, les cheveux, le visage et la poitrine. L’orfévre Zoppo, élève de Matteo, possède aujourd’hui à Vérone une épreuve de cette tête, qui appartient au roi François Ier.

Matteo avait un caractère aussi élevé que généreux : il aimait mieux donner ses ouvrages que les vendre au-dessous de leur valeur. Un certain baron lui ayant offert un prix misérable pour un camée important qu’il lui avait commandé, Matteo le pria avec instance de l’accepter en pur don. Le baron refusa, et réitéra ses mesquines propositions ; aussitôt Matteo, furieux, s’empara d’un marteau et broya le camée.

Par l’ordre de François Ier, Matteo prépara des cartons pour des tapisseries dont il alla lui-même surveiller l’exécution en Flandre. Il resta dans ce pays jusqu’à l’entier achèvement de ces tapisseries qu’ensuite il expédia en France, où elles furent très-admirées.

Enfin, comme presque tous les hommes, Matteo voulut revoir sa patrie. Parmi les choses rares qu’il y emporta, nous citerons des paysages peints sur toile, à l’huile et à la gouache, par de bons maîtres flamands. Ces tableaux sont aujourd’hui à Vérone, chez les signori Luigi et Girolamo Stoppi qui les conservent avec soin en mémoire de Matteo.

De retour à Vérone, Matteo s’arrangea une habitation dans une grotte creusée sous un rocher au-dessus duquel est le jardin des frères jésuites. Cet endroit a le double avantage d’être très-chaud en hiver et très-frais en été ; de plus, on y jouit d’une vue magnifique ; mais Matteo ne put y demeurer autant qu’il aurait désiré. François ayant recouvré la liberté, lui envoya un courrier qu’il chargea de le ramener et de lui payer son traitement même pour le temps qu’il avait passé à Vérone.

À son arrivée en France, Matteo fut nommé maître de la monnaie, ce qui le détermina à se fixer dans ce pays et à s’y marier. Il eut de sa femme quelques enfants dont malheureusement il eut lieu de se plaindre.

Matteo se distingua par son affabilité et sa courtoisie. Pas un Véronais, pas un Lombard n’allait en France sans recevoir chez lui l’accueil le plus affectueux.

Il fut intimement lié avec Paolo Emilio de Vérone, qui écrivit en latin une histoire de France.

Parmi les nombreux élèves de Matteo, on compte un de ses compatriotes, frère de Domenico Bruscia Sorzi (7), deux de ses neveux qui s’établirent en Flandre, et une foule d’Italiens et de Français que nous nous abstiendrons de mentionner ici. Matteo mourut peu de temps après le roi François Ier. Maintenant occupons-nous de l’habile Valerio de Vicence (8). Il fit avec une netteté et une dextérité admirables un nombre vraiment incroyable de gravures grandes et petites, en creux et en relief. Il égala les anciens, mais il les aurait sans aucun doute dépassés de beaucoup, si à la finesse et à la perfection de l’exécution il eût su joindre la science du dessin ; il eut, du reste, le bon esprit de ne jamais graver que d’après l’antique ou d’après des dessins de bons maîtres modernes.

Valerio représenta toute la Passion du Christ sur une cassette de cristal, pour le pape Clément VII qui lui paya son travail deux mille écus d’or. Sa Sainteté donna cette cassette au roi François, quand ce prince alla à Marseille marier sa nièce au duc d’Orléans.

Pour le même pape, Valerio fit quelques Paix, une croix en cristal et des médailles d’une beauté extraordinaire. L’impulsion qu’il imprima à l’art fut telle, que l’on vit de son temps surgir une quantité prodigieuse de graveurs à Milan et ailleurs.

Valerio reproduisit, d’après l’antique, les médailles des douze empereurs et une foule de médailles grecques.

Il n’y a peut-être pas un orfèvre chez qui l’on ne trouve des empreintes en plâtre ou en soufre de ses gravures sur cristaux. Telle était sa célérité, que jamais aucun maître ne fut plus fécond que lui.

Il fit encore une multitude de vases en cristal dont Clément VII donna une partie à différents princes, et le reste à l’église de San-Lorenzo de Florence, ainsi que d’autres vases qui avaient été rassemblés par le magnifique Laurent et par maints personnages de l’illustre famille de Médicis. Ces vases renferment des reliques de saints. Les uns sont formés de sardoines, d’agates, d’améthystes, de lapis, les autres de plasmes, d’héliotropes, de jaspes, de cristaux et de cornalines d’une beauté et d’une valeur inappréciables.

Pour le pape Paul III, Valerio fit une croix et deux chandeliers en cristal qu’il orna de sujets tirés de la Passion du Christ, et d’une infinité de pierres grandes et petites dont la description m’entraînerait trop loin.

Le cardinal Farnèse possède quantité de productions de la main de Valerio qui se montra non moins fécond que Giovanni de Castel-Bolognese, dont nous avons parlé plus haut. À l’âge de soixante-dix-huit ans, il exécutait encore des choses miraculeuses ; il instruisit dans son art une de ses filles, qui se distingue aujourd’hui par son talent.

Valerio aimait avec passion les marbres antiques, et les plâtres moulés sur les ouvrages des maîtres de l’antiquité et des temps modernes : aussi n’épargna-t-il rien pour former la riche et précieuse collection que l’on admire à Vicence, dans sa maison.

Il fut splendidement récompensé par les princes qu’il servit, ce qui lui permit de laisser sa famille dans ifne honorable aisance.

Il rendit son âme à Dieu dans un âge très-avancé, l’an 1546.

Parme vit fleurir le Marmita qui, après avoir cultivé la peinture se tourna vers la gravure et prit modèle sur les anciens. On lui doit plusieurs morceaux remarquables. Il enseigna son art à un de ses fils, nommé Lorenzo, qui resta longtemps à Rome auprès du cardinal Giovanni de’ Salviati. Lorenzo grava pour ce seigneur des figures magnifiques sur quatre cristaux de forme ovale, qui furent incrustés dans une cassette d’argent que l’on donna ensuite à l’illustrissime signora Leonora de Toledo, duchesse de Florence. Parmi les nombreux ouvrages de Lorenzo, nous citerons un camée d’une rare beauté, représentant la tête de Socrate. Lorenzo fut très-habile à contrefaire les médailles antiques, et il sut tirer grand profit de cette industrie.

Le Florentin Domenico di Polo, disciple de Giovanni delle Corniole, excella dans l’art de la gravure en creux. Il fit, d’après le duc Alexandre de Médicis, une médaille d’une perfection divine, sur le revers de laquelle il figura la ville de Florence. Une autre médaille qu’il exécuta d’après le duc Cosme, la première année du règne de ce prince, porte sur le revers le signe du capricorne. On lui doit encore des gravures de moindre importance que nous nous abstenons de mentionner. Il mourut à l’âge de soixante-cinq ans.

À Domenico, à Valerio, au Marmita et à Giovanni de Castel-Bolognese, succédèrent des maîtres qui les surpassèrent de beaucoup, comme Luigi Anichini de Ferrare, dont la touche est d’une finesse et d’une précision merveilleuses.

Mais aucun de tous ces artistes n’a porté la beauté de l’exécution, la grâce et la noblesse du dessin aussi haut que Alessandro Cesari (9), surnommé il Greco. On ne saurait imaginer rien de plus parfait que ses camées, que ses médailles, que ses gravures en creux et en relief. Un de ses plus étonnants ouvrages est la médaille du pape Paul III, dont le revers représente Alexandre le Grand prosterné aux pieds du souverain pontife de Jérusalem (10). Il serait impossible de produire des figures plus parfaites. Michel-Ange, en les contemplant, s’écria, devant Giorgio Vasari, que l’heure de la mort avait sonné pour l’art, parce que l’on ne pouvait rien voir de mieux.

L’an 1550, Cesari fit la médaille du pape Jules III, avec un revers représentant des prisonniers rendus à la liberté, suivant la coutume observée par les anciens dans leurs jubilés. Il grava encore une foule de coins pour la monnaie de Rome.

Il exécuta le portrait de Pierre-Louis Farnèse, duc de Castro, et celui du duc Octave, son fils ; puis il fit, d’après le cardinal Farnèse, une médaille fort curieuse où la tête, qui est en or, se détache sur un champ d’argent.

Pour le même cardinal, il grava en creux la tête du roi Henri de France sur une cornaline plus grande qu’un jules. C’est l’un des intailles modernes les plus remarquables par la correction et la grâce du dessin, et par le précieux et le fini de l’exécution.

On doit à Cesari de nombreux camées. Nous citerons, entre autres, celui où il figura avec une rare perfection une femme nue, et celui où l’on voit un lion et un enfant ; mais nous appellerons surtout l’attention sur la miraculeuse tête de Phocion d’Athènes, qui est le plus beau camée que l’on puisse voir.

Aujourd’hui, on distingue parmi les graveurs en camées Gio. Antonio de’ Rossi, de Milan. Outre les belles gravures en creux et en relief qu’il a faites, il est auteur d’un immense camée d’un tiers de brasse en tous sens, dans lequel il représenta à mi-corps Son Excellence et l’illustrissime duchesse Léonora, son épouse, tenant tous deux un médaillon qui renferme l’effigie de Florence. À côté, se trouvent les portraits d’après nature du prince Don Francesco, du cardinal Giovanni, de Don Garzia, de Don Ernaodo, de Don Pietro, de Dona Isabella et de Dona Lucrezia. C’est le plus étonnant et le plus grand camée que l’on connaisse. Comme Gio. Antonio de’ Rossi n’a rien produit de plus important, nous passerons sous silence ses autres ouvrages.

Cosimo de Trezzo (11) a exécuté bon nombre de morceaux dignes d’éloges. Son talent à graver en creux et en relief lui a valu d’étre attaché au service de Philippe, roi d’Espagne, qui lui a donné des marques éclatantes de son estime. Cosimo est sans égal dans l’art de faire le portrait d’après nature.

Je ne m’étendrai pas sur le compte de Filippo Negrolo, de Milan, artiste très-habile à ciseler des arabesques et des figures sur des armures de fer. Les estampes gravées sur cuivre qu’il a publiées suffisent pour établir sa réputation.

Gaspero et Girolamo Misuroni de Milan ont fait des vases et des coupes de cristal d’une rare beauté. Nous mentionnerons particulièrement deux vases que leur avait commandés le duc Cosme, l’un taillé dans un lapis, l’autre dans un morceau d’héliotrope d’une grandeur merveilleuse. Jacopo de Trezzo exerce à Milan ce meme art que tous les maîtres que nous venons de nommer ont vraiment rendu facile.

Je pourrais citer bien des graveurs de médailles qui ont égalé et meme surpassé les anciens, comme Benvenuto Cellini, qui fit, d’après Clément VII, deux médailles où le portrait de Sa Sainteté paraît vivant. Le revers de l’une de ces médailles représente la Paix domptant la Fureur et brûlant des armures ; sur le revers de l’autre médaille, on voit Moïse faisant jaillir l’eau du rocher pour désaltérer son peuple. Il est impossible de pousser pins loin la perfection. Nous en dirons autant des médailles et des monnaies que Benvenuto grava pour le duc Alexandre, à Florence.

Le cavalier Lione d’Arezzo n’a pas obtenu moins de succès dans le même art. Mais nous parlerons ailleurs de lui et de ses productions (12).

Le Romain Pietro Paolo Galeotto a fait et fait encore aujourd’hui des médailles, des coins de monnaies et des travaux de marqueterie pour le duc Cosme. Il imite le style de l’excellent maître Salvestro, qui a laissé à Rome des ouvrages merveilleux.

Pastorino de Sienne a acquis de la célébrité par ses portraits (13). On peut dire qu’il a fait les portraits de tout le monde, aussi bien ceux des seigneurs que ceux des petites gens. Il inventa un stuc qui rendait dans les couleurs naturelles la barbe, les cheveux et la peau, de façon que ses figures semblaient vivantes. Mais il se recommande surtout par son habileté à graver les médailles.

Je serais trop long si je me mettais à énumérer tous ceux qui modèlent des médaillons en cire, car aujourd’hui il n’y a pas un seul orfèvre qui ne s’en mêle. Bien des gentilshommes même s’y sont appliqués, comme Gio. Battista Sozzini, à Sienne, et le Bosso de’ Giugni, à Florence, et une infinité d’autres dont je ne veux pas m’occuper.

Pour terminer, je nommerai Girolamo Fagiuoli, de Bologne, ciseleur et graveur sur cuivre, et Domenico Poggini, qui travaille à Florence pour la Monnaie du duc Cosme. Domenico joint au talent de graveur celui de statuaire. Il imite autant que possible les meilleurs et les plus grands artistes (14).



Les anciens ne nous ont point laissé de traités sur les procédés de la glyptique : les rares et incomplètes notions qui nous en sont parvenues se trouvent éparses çà et là dans les livres de Pline. Quant aux procédés employés par les modernes, Mariette et Laurent Natter, un des plus célèbres praticiens et des plus grands théoriciens de son art, les ont décrits de manière à nous éviter la tâche de suppléer au silence que notre auteur a gardé sur ce sujet.

On attribue aux Egyptiens la gloire d’avoir les premiers cultivé la glyptique. Il est certain qu’ils sont allés très-loin dans la partie mécanique de cet art, mais, dans la partie pratique, ils ne se sont jamais écartés de ce style roide et hiératique qui caractérise tous leurs ouvrages. On le retrouve aussi bien dans leurs scarabées que dans leurs sphynx et leurs idoles de granit.

Les Egyptiens transmirent leurs procédés aux Grecs, qui ne tardèrent pas à se débarrasser des formes liturgiques consacrées par leurs initiateurs, et à développer des allures libres et indépendantes.

Les meilleures pierres gravées par les Grecs, qui nous ont été conservées, datent des trois siècles qui précédèrent l’ère chrétienne, et l’on s’en rend facilement compte lorsque l’on songe que cette époque hérita de toutes les acquisitions des siècles de Phidias, de Scopas, de Praxitèle, de Lysippe, et que les cours des rois d’Egypte, de Syrie, de Pergame et de Syracuse, ouvrirent aux Grecs un domaine plus vaste que jamais, et l’occasion la plus favorable de déployer leurs ressources et leurs talents.

Lorsque les artistes grecs, forcés d’émigrer, vinrent s’établir à home, ils y apportèrent l’art de graver sur pierre. Les Romains se montrèrent curieux à l’excès de leurs productions. Ils s’en servaient pour orner leurs anneaux, les coiffures de leurs femmes, les colliers, les agrafes de leurs manteaux, et jusqu’à leurs chaussures : ils en formaient même des collections que l’on nommait dactyliothèques. Ce devait être une tentation puissante pour exciter les artistes étrangers et nationaux à travailler vite et à se faire une manière facile. Cependant, à partir de Jules-César jusqu’à Trajan, la glyptique, exclusivement exercée par des Grecs, des affranchis et des esclaves, se maintint à une hauteur respectable. Notons toutefois qu’on remarque déjà dans quelques ouvrages une légère propension à rechercher des forrnes conventionnelles que depuis l’on a décorées du nom d’idéales. Les graveurs les préféraient aux formes simples et naturelles, parce qu’elles leur évitaient de sérieuses études et leur permettaient de satisfaire à un grand nombre de commandes. Cette mauvaise tendance, déjà très-prononcée sous le règne d’Adrien, devint de plus en plus dominante sous les Antonins.

Les pierres gravées par les Romains sont très-loin, en général, d’avoir le mérite de celles des Grecs. Le dessin n’y est pas d’une incorrection choquante ; mais il n’offre ni élégance, ni élévation, ni originalité. Le travail est froid, lourd, indécis et maniéré ; la touche est monotone, dépourvue de finesse, et manque d’expression : aussi produit-elle un ouvrage mou, lâche, insipide, et qui ne semble qu’à moitié terminé, quoiqu’on ne reconnaisse que trop que le graveur s’est donné infiniment de peine pour le porter à sa perfection. Cela vient de ce que l’artiste a opéré de pratique, a perdu la nature de vue, et n’a obéi qu’à la fantaisie, qui, on le sait, entraîne souvent à d’étranges écarts.

Le goût des pierres gravées se soutint à Rome jusqu’à Septime-Sévère, et commença ensuite à décliner avec celui des autres arts.

Avant d’examiner la glyptique chez les modernes, il est bon de dire un mot des pierres gravées par les anciens, que le temps a épargnées, et qui, pour la matière, le travail et la richesse des sujets, peuvent être rangées parmi les monuments les plus intéressants de l’antiquité.

Le cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque Royale renferme une des premières collections de pierres gravées qui existent au monde ; il n’y a que les musées de Vienne et de Saint-Pétersbourg qui soient plus riches que lui en camées ; et, pour les intailles, il n’est surpassé que par le cabinet de Berlin.

Parmi les pierres en relief qui se trouvent au cabinet de Paris, on remarque principalement le fameux Achates Tiberianus, vulgairement appelé agate de la Sainte-Chapelle, parce qu’il a été conservé dans le trésor de cette église, où il passait pour représenter le Triomphe de Joseph en Égypte, et où il avait été déposé par Charles V. Il fut, dit-on, apporté en France par Baudouin II, roi de Jérusalem, qui, pour recouvrer l’empire de Constantinople, réclama en 1244 secours de saint Louis. C’est la plus grande sardonyx connue ; elle a un pied de hauteur sur dix pouces de largeur. L’artiste a figuré dans de plan supérieur l’Apothéose d’Auguste. Ce prince est porté dans le ciel par Pégase ; Énée, reconnaissable à son costume phrygien, présente à Auguste un globe, symbole de l’empire du monde. tandis qu’Ascagne, ou Jules, son fils, conduit Pégase par la bride, et mène Auguste vers Romulus, dont la léte est couverte d’un voile, et surmontée d’une couronne radiée ; plus loin est Jules-César, tenant un bouclier. Dans la ligne du milieu, Tibère, sous les traits de Jupiter, est assis sur un trône. Près de lui est Livia, sous la figure de Cérès. Devant l’empereur est Germanicus, prêt à partir pour son expédition en Orient ; à côté de ce dernier on voit sa mère Antonia, son épouse Agrippine, et Galigula. Derrière le trône, Drusus, fils de Germanicus, et son épouse Livilla. Au rang inférieur, on aperçoit les captifs des nations vaincues par Germanicus. Tel est le précis des explications données par Tristan, Leroi, Albert Rubens, Peiresc, Montfaucon, Marand, Dumersan, etc., lesquels varient tous dans les détails. L’arrangement de cette composition est très-ingénieux, les différents motifs sont pour la plupart fort nobles ; mais le travail est moins soigné et moins bien entendu que celui de la célèbre gemma Augustea, qui est au Musée de Vienne. Si cette pierre est moins grande que la précédente, et n’a que deux rangées de figures, elle est en revanche d’une exécution qui révèle un artiste plus intelligent. Elle appartenait autrefois à l’abbaye de Poissy, à laquelle elle avait été donnée par Philippe le Bel. Elle fut volée du temps des guerres de religion, et portée en Allemagne, où Rodolphe II la paya douze mille ducats d’or. Ce magnifique camée représente l’Apothéose d’Auguste, accompagné de son épouse Livie et de sa famille ; derrière ce prince sont Neptune et Cybèle, symboles de sa puissance sur terre et sur mer.

Le cabinet de Vienne possède un autre camée très-précieux, où l’on voit Rome et Auguste, un aigle impérial, Claude et sa famille, Ptolémée et Arsinoë.

Il faut encore citer parmi les grands camées, remarquables par la dimension de la pierre et la beauté du travail, l’Apothéose de Germanicus, du cabinet de Paris. Ce morceau précieux a été pendant près de sept cents ans chez les Bénédictins de Saint-Èvre de Toul : suivant la tradition de cette abbaye, le cardinal Humbert, religieux du meme ordre, l’avait apporté de Constantinople, sous le pontificat de Léon IX. Ce camée passait pour représenter saint Jean l’Evangéliste, enlevé par un aigle et couronné par un ange. Lorsqu’on eut découvert que c’était un sujet profane, les religieux l’offrirent au roi, en 1684. Il a été gravé et expliqué dans le premier volume des Mémoires de l’Académie des belles-lettres ; depuis ce temps on a pensé qu’il représentait l’Apothéose de Germanicus : cependant ce prince n’a jamais obtenu cet honneur ; mais il peut avoir été figuré ainsi allégoriquement, au temps de Caligula, son fils, à qui nous devons presque toutes les médailles des personnages illustres de sa famille.

La chute de l’empire romain entraîna celle des beaux-arts. La gravure en pierres fines surtout fut négligée pendant très-longtemps, ou du moins fut uniquement exercée par des ouvriers qui ne connaissaient que le pur mécanisme de leur profession. Cependant, dans le temps meme que ces ouvriers grossiers et ignorants prenaient la place des bons artistes et semblaient ne plus travailler que pour accélérer la ruine de l’art, ils se rendirent utiles et meme nécessaires à la postérité. En opérant bien ou mal, ces artisans continuaient les pratiques manuelles des anciens, pratiques dont la perte était sans cela inévitable, et n’aurait pu que bien difficilement se réparer.

Tous les arts ont décliné dans le Bas-Empire, celui de la gravure comme les autres ; et il n’y a point de morceau de ce temps d’un grand mérite.

Dans le moyen-âge, l’art de graver les pierres fines s’est conservé. Plusieurs ouvrages grecs ou byzantins de cette époque nous sont parvenus ; ils représentent divers sujets de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec de longues inscriptions grecques : telle est la sardonyx publiée par Gori au frontispice de son Trésor des dyptiques.

Lorsque la religion chrétienne eut définitivement remplacé le paganisme en Europe, on ne rechercha plus les anciennes pierres gravées, parce qu’elles rappelaient les objets du culte déchu ; on ne s’en servait guère que pour cacheter. Pépin scellait avec un Bacchus indien, Charlemagne avec un Sérapis. Bientôt même on ne cacheta plus avec des pierres gravées ; on n’en porta plus en bague ; celles qui échappèrent à la destruction furent, par une singulière bizarrerie, employées à orner les châsses dans les églises : c’est ainsi que des pièces antiques très-précieuses nous ont été conservées. Cependant la pratique de l’art de graver les pierres fines ne fut jamais complètement abandonnée en Occident. Les gravures de ces temps de barbarie offrent des sujets pieux, des images de Jésus-Christ et de la Vierge, ou simplement leurs monogrammes, une colombe, un poisson, une ancre, une lyre, l’arche de Noé, la nacelle de saint Pierre, en un mot tous les symboles que les premiers chrétiens faisaient pareillement graver ou peindre sur leurs tombeaux.

L’art de la gravure en pierres fines n’a donc réellement souffert aucune interruption ; il y a eu une succession suivie de graveurs qui se sont instruits les uns les autres et mis à la main les memes outils.

Il est à regretter que Vasari ait laissé dans l’oubli les hommes à qui nous sommes redevables de la transmission des procédés de la glyptique. Notre auteur, en effet, ne remonte pas au delà du XVe siècle, et il se borne à noter que cet art commença à fournir de bons résultats sous les pontificats de Martin V et de Paul II, lorsque les Grecs se réfugièrent en Italie, après la prise de Constantinole par les Turcs.

Vasari nous représente le célèbre Laurent de Médicis, surnommé le Magnifique, comme le principal et la plus ardent promoteur du notable perfectionnement et de l’heureux changement qu’éprouva l’art de la gravure : sa passion pour les pierres gravées et les camées lui fit rechercher les meilleurs graveurs ; il les rassembla auprès de sa personne, il leur distribua les plus puissants encouragements, et bientôt l’art de la gravure se répandit dans toute l’Italie. Pour connaître l’Histoire des graveurs modernes qui ont paru en Italie dans le temps du renouvellement des arts et des sciences, il faut lire Vasari, Vettori, Mariette, Giulianelli. Comme le témoignent ces auteurs, le XVIe siècle surtout vit fleurir la glyptique. Les graveurs de cette époque, malgré leur mérite, ne sauraient cependant entrer en parallèle avec les Grecs. On peut leur adresser les memes reproches qu’aux Romains, qu’ils prirent principalement pour modèles. Leur touche manque d’assurance, leur travail est souvent froid et languissant, ou, s’ils cherchent à l’accentuer, ils ne le font pas avec assez de ménagement et de retenue. Les extrémités, les articulations des membres de leurs figures ne semblent qu’ébauchées ou sont beaucoup trop fortement accusées. Les Grecs, au contraire, pleins de sobriété et en même temps de personnalité, sont constamment maîtres de leur ouvrage, n’y mettent que ce qui doit y être, et n’y oublient rien de ce qui doit s’y trouver.

Le goût de la gravure sur pierres fines fut apporté en France par Matteo del Nassaro, quand il y vint à la suite de François Ier. Coldoré est le premier Français qui se soit illustré dans cet art. Il a gravé avec beaucoup de soin et de finesse plusieurs portraits de personnages célèbres, que l’on trouve dans le cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque Royale. Gay et Jouffroy sont les derniers artistes français qui aient pratiqué la gravure sur pierres fines avec distinction. Aujourd’hui cet art est absolument éteint en France : les Allemands l’exercent encore ; mais c’est toujours en Italie qu’il est cultivé avec le plus de succès.



NOTES.

(1) Il est parlé de Domenico Compagni, surnommé de’ Cammei, dans la 153e lettre des Lettere pittoriche.

(2) Cette médaille a été gravée dans les Numism. Rom. Pontif. du P. Bonanni, p. 185, num. VI.

(3) Le cardinal Hippolyte mourut en 1535.

(4) Ces deux chandeliers et la croix dont Vasari vient de parler turent donnés à la basilique vaticane par le cardinal Farnèse.

(5) Le Giulianelli, dans les Memorie degl’Intagliatori, l’appelle Mariano.

(6) Ces deux dessins du Buonarroti ont été gravés sur cuivre.

(7) Domenico Riccio, dit le Brusacorsi mourut en 1567, âgé de soixante-treize ans.

(8) Valerio Belli de Vicence.

(9) Dans la première édition du Vasari on lit Cesati.

(10) Cette médaille est gravée dans le recueil du P. Bonanni.

(11) On croit que cet artiste se nommait Jacopo et non Cosimo.

(12) Voyez la vie de Lione Lioni.

(13) Vasari a parlé du Pastorino en différents endroits de son livre.

(14) Le Poggini joignit au talent de graveur celui de sculpteur.

  1. Pièce de monnaie.