Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres/6/Monime

J. H. Schneider, Libraire (Tome IIp. 56-57).
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Livre VI


MONIME.



Monime, né à Syracuse, fut disciple de Diogene, & domestique d’un certain Banquier de Corinthe, comme le rapporte Sosicrate. Xéniade, qui avoit acheté Diogene, venoit souvent auprès de Monime & l’entretenoit de la vertu de Diogene, de ses actions & de ses discours. Cela inspira tant d’inclination à Monime pour le Philosophe, qu’il affecta d’être tout d’un coup saisi de folie. Il jettoit la monnoie du change & tout l’argent de la banque ; de sorte que son Maître le renvoya. Dès lors, il s’attacha à Diogene, fréquenta aussi Crates le Cynique & autres personnes semblables ; ce qui donna de plus en plus à son Maître lieu de croire qu’il avoit entiérement perdu l’esprit.

Il se rendit fort célèbre ; aussi Ménandre, Poëte comique, parle de lui dans une de ses pièces intitulée Hippocome.

MEN. Ô ! Philon, il y a eu un certain Monime, homme sage, mais obscur, & portant une petite besace.

PHIL. Voilà trois besaces, dont vous avez parlé.

MEN. Mais il a prononcé une sentence, dont le sens figuré n’a rien de ressemblant, ni à celle-ci, Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/77 Connais-toi toi-même, ni aux autres dont on fait tant de cas ; elle leur est fort supérieure. Ce Mendiant, cet homme plein de crasse, a dit que tout ce qui fait le sujet de nos opinions, n’est que fumée[1].Monime avoit une fermeté d’esprit qui le portait à mépriser la gloire & à rechercher la vérité seule. Il a composé des ouvrages d’un style gai, mais qui cachait un sens sérieux[2] ; il a aussi donné deux autres ouvrages sur les Passions, & un troisième d'Exhortation.



  1. Grotius rend ces vers tout autrement. Il y a là-dessus une longue note de Ménage. Je suis une de celles de Maiboom
  2. On dit que c’étoit la manière des Philosophes Cyniques. Ménage.