Vie et œuvres de Descartes/Livre I/Chapitre II

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CHAPITRE II


LE COLLÈGE[1]


(1604-1612)


Montaigne enfant, bien que son père eût préféré pour lui l’éducation à la maison, fut mis au collège à l’âge de six ans. Descartes gagna deux années : on attendit qu’il eût huit ans, peut-être parce qu’il n’y avait pas jusque-là de collège dans la région. Mais, à la fin de 1603, les Jésuites obtinrent de Henri IV l’autorisation de s’établir dans plusieurs villes de France. Le roi leur donna notamment à La Flèche en Anjou une maison, qui prit le titre de « Collège Royal ». Paris même n’en eut point de semblable avant le Collège de Clermont, en 1619. Aussi les Jésuites ne négligèrent rien pour assurer le succès du nouvel établissement : recteur, professeurs et maîtres de tout ordre, durent être choisis avec un soin extrême, et le Collège de La Flèche devint de bonne heure, comme dira notre philosophe en 1637, « l’une des plus célèbres écoles de l’Europe ».

Les classes s’ouvrirent à la fin de janvier 1604 ; mais le petit René Descartes n’y entra qu’à Pâques, l’hiver terminé[2]. Il y trouva comme recteur le P. Chastellier, qui était du Poitou et connaissait sans doute sa famille. En 1607, ce fut le P. Charlet, aussi du Poitou, et de plus allié à la famille Brochard[3] ; il eut pour son jeune parent des soins tout paternels, on peut presque dire des tendresses et des gâteries de papa. Montaigne chaque matin était réveillé en musique au son de quelque instrument : on fit mieux pour Descartes, on le laissa se réveiller tout seul et se lever à son heure[4] : il ne couchait pas au dortoir commun, mais il avait sa chambre, étant de ces élèves appelés « chambristes ». On montre à La Flèche une salle assez spacieuse, décorée du nom d’« observatoire de Descartes », et qui aurait été sa chambre d’écolier. Mais c’est là une légende tardive, qui n’apparaît qu’en 1854, légende bien invraisemblable d’ailleurs, vu la disposition des locaux et leur insuffisance de 1604 à 1612. On peut le regretter : les fenêtres de cette salle, surtout l’une des deux, s’ouvrent sur les jardins et le parc, de l’autre côté de la petite rivière qui coule au bas. Quoi qu’il en soit, l’air était sain, le régime excellent : l’enfant se fortifia, et ce fut sans doute au collège que, en dépit des pronostics funestes de ses premières années, sa santé s’affermit définitivement.

Entré en sixième, il suivit le cours régulier des études ; le coup d’œil rétrospectif qu’il y jette en 1637, dans le Discours de la Méthode[5] en reproduit l’ordre chronologique. D’abord des « fables » et des « histoires », c’est-à-dire ce qu’on étudiait dans les classes de grammaire, sixième, cinquième et quatrième ; entendez par « fables » les Métamorphoses d’Ovide, et par « histoires » probablement les biographies des hommes illustres de la Grèce et de Rome. Ensuite la « poésie » et l’« éloquence », qu’on cultivait dans les classes d’humanités, troisième, seconde et rhétorique. Un Corpus Poëtarum, que plus tard il revit en rêve[6], fut sans doute feuilleté par lui : de là les quelques citations éparses dans sa correspondance, Virgile, Horace, Ovide, et encore Ausone et Sénèque le Tragique, auxquels il emprunta ses deux devises[7]. Un recueil semblable existait-il déjà pour les orateurs, sous le titre de Conciones ? Toujours est-il que Descartes cite également quelques passages des harangues de Cicéron.

Il apprit le latin à fond, non seulement comme une langue morte, mais comme une langue vivante qu’il pourrait avoir à parler et à écrire. Il la parla, en effet, quelquefois en Hollande, et même en France à une soutenance de thèses ; et il l’écrivit dans trois ou quatre de ses ouvrages et un certain nombre de lettres[8]. Quelques-unes de ses notes mêmes, rédigées pour lui seul et à la hâte, sont en latin[9]. Il maniait cette langue aussi bien et souvent mieux que le français, le plus souvent avec vigueur et sobriété, parfois aussi pourtant avec quelques gentillesses de style qui rappellent les leçons des bons Pères ; lui-même avoue qu’il a fait des vers, sans doute des vers latins, et une fois avec Balzac il se piqua de bel esprit et lui écrivit dans un latin élégant « à la Pétrone[10] ».

Les trois dernières années de collège étaient employées à l’étude de la « philosophie », qui comprenait trois parties : la logique, la physique et la métaphysique. En première année, on étudiait aussi la morale avec la logique ; et en seconde année, les mathématiques avec la physique. Tel était du moins le programme du temps de Descartes, de 1609 à 1612. Plus tard, à partir de 1626, les mathématiques furent étudiées séparément, en troisième année, la métaphysique étant dès lors enseignée en seconde année avec la physique. On connaît le nom du professeur de philosophie de Descartes, le P. François Véron, controversiste fougueux et d’une piété exaltée[11] ; et aussi de son répétiteur de philosophie, le P. Étienne Noël, alors jeune religieux, celui qui eut plus tard au sujet du vide des démêlés avec Pascal. Les Jésuites se servaient sans doute de cahiers qu’ils dictaient, en s’inspirant des auteurs célèbres en ce temps-là dans leur Compagnie, Toledo et Fonseca, par exemple, pour la logique[12]. Peut-être aussi, pour la physique, s’inspiraient-ils d’un Feuillant, Frère Eustache de Saint-Paul, dont Descartes se souviendra plus tard[13]. Pour les mathématiques, ils avaient un des leurs, Clavius, dont un traité d’algèbre fut imprimé en 1609 à Orléans, et que les contemporains appelaient « le nouvel Euclide[14] » ; quant à Viète (zélé huguenot, ne l’oublions pas), Descartes quitta La Flèche, et même plus tard la France, sans avoir vu, dit-il, la couverture de son livre[15]. Dès le collège, cependant, notre futur philosophe se révéla mathématicien ; et à en croire un de ses condisciples, plus d’une fois l’écolier embarrassa son maître[16] Mais si plus tard, en 1637, il critique en général l’enseignement de l’École, c’est-à-dire la Scolastique, cela ne l’empêchera pas de reconnaître l’année suivante, dans une lettre privée, que nulle part la philosophie ne s’enseigne mieux qu’à La Flèche, et que rien n’est plus utile pour un jeune homme, que d’en avoir étudié le cours entier, puisqu’elle donne la clé de toutes les sciences[17].

De fait (et pouvait-il en être autrement ?), l’ordre suivi par Descartes dans ses études de philosophie au collège, se retrouve en partie dans le Discours de la Méthode[18] : la logique d’abord, et c’est la deuxième partie du Discours ; puis la morale, et c’en est la troisième partie ; viennent ensuite, avec la quatrième et la cinquième, non plus, il est vrai, la physique et la métaphysique, mais dans l’ordre inverse, la métaphysique et la physique. Et cette interversion n’est rien moins que la réforme même de Descartes, avec cette autre encore : les mathématiques dans l’ancien cours d’études, ne venaient qu’après la physique, comme une partie de celle-ci, et plus tard, nous l’avons vu, après la métaphysique ; pour Descartes, au contraire, la physique ne sera plus qu’une partie des mathématiques, et celles-ci par l’évidence de leurs démonstrations tiendront le premier rang avec la métaphysique elle-même. Quant à la physique, elle était tout encombrée d’un vain attirail de « formes substantielles » et de « qualités occultes », qui en obstruaient l’entrée : prétendues explications qui n’étaient que trompe-l’œil, en réalité, c’étaient des barrières qu’il fallait abattre pour permettre à la science ses libres recherches. L’entreprise était hardie ; car cette ancienne physique était la philosophie d’Aristote, devenue celle de saint Thomas, et au Concile de Trente la Somme de ce Docteur de l’Église avait été placée pendant toute la durée des sessions, comme un autre livre saint, sur une table à côté de la Bible[19]. Aussi, pour renverser une physique ainsi appuyée sur la théologie, nous verrons Descartes recourir à Dieu lui-même, faire appel à l’Être parfait : la haute intervention d’une métaphysique nouvelle lui paraîtra nécessaire pour autoriser sa nouvelle physique.

Notre philosophe était religieux d’ailleurs, mais à sa manière et ici il convient de distinguer le fond qui est à lui, et la forme, croyances et pratiques, venues de son éducation. Le catholicisme des Jésuites était assez peu gênant, somme toute, pour la liberté de penser intérieurement : des dogmes imposés, qu’on n’examine ni ne discute, restent extérieurs et presque étrangers à l’esprit, et le laissent beaucoup plus libre de philosopher, que s’il s’était appliqué à les pénétrer, et y avait adhéré tout entier. D’autre part, les Jésuites excellaient à frapper l’imagination et les sens par les cérémonies du culte ; et Descartes prit peut-être à La Flèche le goût de la musique et des chants. Surtout ils étaient habiles à enserrer l’âme comme dans un réseau d’habitudes de piété : non seulement leurs écoliers formaient de petites académies pour leurs études, une de grammairiens, une autre d’humanistes, une enfin de philosophes ; mais ils en avaient une encore, plus générale, sous l’invocation de la Vierge, et c’était une véritable confrérie religieuse[20]. Elle eut à La Flèche un ardent promoteur en la personne du P François Véron ; et sans doute Descartes, comme ses camarades, ne manqua pas de s’y affilier. Plus tard il revoyait en rêve (dans ce même rêve qu’il prit la peine de raconter) la chapelle de son collège, et aussitôt il y entrait pour faire sa prière[21]. Plus tard encore, il intervint une fois dans une querelle de ministres protestants en Hollande, et ce fut, coïncidence curieuse, pour prendre la défense d’une confrérie à Bois-le-Duc, justement une confrérie de Notre-Dame[22]. Bien plus, en 1619 (et pourtant il était dans sa vingt-quatrième année), un jour ou plutôt une nuit, en se réveillant toujours du même rêve, il avait fait vœu d’aller à Lorette, centre de dévotion des catholiques romains[23]. Un petit livre, publié en 1604 par un Jésuite, le P. Richeome, recommandait ce pèlerinage. Le P. Richeome était réputé le Cicéron de la Compagnie de Jésus, comme Clavius en était l’Euclide ; de plus il fut Assistant de France auprès du Général à Rome, de 1608 à 1615. Un ouvrage de piété, composé par un si haut dignitaire, avait été mis certainement entre les mains de tous les écoliers de La Flèche.

La foi religieuse de Descartes se doubla de fidélité monarchique, soigneusement entretenue par ses maîtres. Le collège Henry IV ne pouvait oublier son fondateur ; et le roi, de son côté, n’oubliait pas non plus le collège qu’il avait fondé. Il décida que son cœur y reposerait plus tard dans la chapelle ; et en effet, après l’assassinat du 14 mai 1610 par Ravaillac, le cœur royal fut transporté de Paris à La Flèche[24]. On le reçut en grande pompe, le 4e jour de juin. Descartes était présent à la cérémonie, qui dut faire sur lui grande impression ; il y figura même comme un des jeunes gentilshommes choisis pour le cortège. Plus tard nous le retrouverons qui assiste volontiers à des spectacles du même genre : couronnement de l’Empereur à Francfort, mariage du Doge avec l’Adriatique à Venise, ouverture du Jubilé à Rome. Surtout il conserva jusqu’à la fin ses sentiments de « bon Français », comme en témoignent ses lettres de l’hiver de 1649, écrites de Hollande pendant la Fronde[25].

L’éducation de notre philosophe à La Flèche avait été d’ailleurs celle d’un jeune noble, avec tous les exercices physiques usités en ce temps-là : le jeu de paume, qui reviendra souvent dans ses comparaisons ; et l’escrime, que même il réduisit en art dans un petit traité[26]. Et comme les Jésuites n’avaient point de fêtes dans leurs collèges sans comédie et sans ballet, Descartes prit part sans doute comme ses jeunes condisciples à ces divertissements, et s’en souvint plus tard pour composer lui-même une comédie et un ballet de cour aux fêtes de la reine Christine à Stockholm[27].

Un an après la cérémonie funèbre de 1610, le collège de La Flèche célébra une fête commémorative, en plusieurs séances. Le troisième jour, c’est-à-dire le 6 juin 1611, parmi les poésies récitées il y eut un sonnet, dont il faut donner ici le titre en entier : Sur la mort du Roy Henry le Grand & ſur la deſcouverte de quelques nouvelles planetles ou eſtoiles errantes autour de Jupiter, faicte l’année d’icelle par Galilée, célèbre mathématicien du grand-duc de Florence[28]. Les lunettes d’approche, récemment inventées, étaient la grande curiosité scientifique d’alors. Dès 1609, on en vendait à Paris dans les boutiques du Pont Notre-Dame ; les Jésuites en avaient fait peut-être revenir à La Flèche. Mais surtout on était dans l’admiration des curiosités que venait de découvrir avec ces lunettes le Florentin Galilée Galilei : en particulier les planètes de Jupiter, appelées aussitôt par lui « Astres de Médicis ». Et les bons Pères n’avaient garde d’omettre cette appellation flatteuse pour la famille de la Reine Mère, Marie de Médicis, régente de France, et leur protectrice. Le collège s’ouvrait ainsi aux nouveautés du dehors, et l’exemple était donné à Rome même. On était encore loin, en effet, de la condamnation de Galilée, qui ne sera prononcée qu’en 1633 ; le premier avertissement, assez bénin d’ailleurs, ne vint même qu’en 1616. Mais l’année 1611, le professeur de philosophie du collège des Jésuites à Rome faisait soutenir par ses élèves des thèses favorables aux nouvelles découvertes, et les dédiait à un cardinal ; celui-ci ne voyait en Galilée qu’un compatriote, dont on pouvait bien être fier pour l’Italie, puisqu’il découvrait dans le ciel, comme avait fait Americo Vespucci sur le globe terrestre, un Nouveau Monde[29]. Les Jésuites accueillirent donc sans méfiance d’abord les nouveautés astronomiques, qui devaient cependant à bref délai renouveler notre conception de l’univers.

Quand on est jeune, on s’enthousiasme volontiers pour l’événement du jour, surtout si c’est une belle invention ou une grande découverte : le télescope avec les merveilles qu’il fit voir aussitôt dans le ciel, fut peut-être le grand événement qui enthousiasma la jeunesse de Descartes, et dont toute sa philosophie devait plus tard se ressentir. Dès le collège, il entendit parler de ces quatre satellites qui tournent autour de la planète Jupiter, et de deux autres encore, semblait-il, autour de Saturne, et des phases successives que présentait Vénus aussi bien que la Lune, et bientôt enfin des taches du Soleil. Tous ces phénomènes nouveaux figureront en bonne place, principalement le dernier, dans sa philosophie, avec des explications tirées de principes nouveaux aussi, qu’ils auront certainement contribué à établir. Et nul doute que le jeune homme ne s’inté- ressât au nouvel instrument, appelé aussitôt « télescope », inventé, disait-on, par hasard. On souhaitait un peu partout, en Italie, en Allemagne, en France, comme en Hollande, que les savants en fissent l’objet d’une étude méthodique, afin d’en donner la théorie. Et c’est aussi le problème que se posera Descartes, dans sa Dioptrique, comme un bel exemple de l’application possible de la géométrie à une matière de physique. Puis, c’est encore là une idée qui lui était chère, l’effet pratique ne pouvait manquer de suivre : qui assignera des limites à la puissance d’une lunette construite scientifiquement ? Avec elle on verrait peut-être s’il y a des animaux dans la lune[30] ?

Ainsi Descartes emporta de La Flèche bien des semences qui dans un esprit comme le sien devaient fructifier. Ajoutons que ses maîtres eurent assez de confiance en lui pour lui permettre la lecture d’ouvrages ordinairement défendus. Lesquels ? Peut-être l’Art de Lulle, dont il parle dans le Discours de la Méthode, et une fois ou deux dans sa correspondance[31]. Peut-être les livres de Henri-Corneille Agrippa, sur l’incertitude des connaissances humaines, ou sur la philosophie occulte, dont il dit aussi un mot ou deux[32] ici la permission donnée par les Jésuites ferait vraiment honneur à leur esprit de tolérance, si l’on songe qu’à quelque temps de là, l’année 1623, en France même, à Moulins, le grief capital contre un pauvre diable, condamné à mort et exécuté comme sorcier, fut qu’on avait trouvé en sa possession un exemplaire de ce livre d’Agrippa, relié en peau de truie[33] ! Descartes paraît avoir lu encore la Magie naturelle, de Jean-Baptiste Porta ; mais cet ouvrage, dédié à Philippe II, roi catholique, et imprimé à Anvers, dans les Pays-Bas espagnols, n’a rien qui motive une interdiction[34]. À ces lectures notre philosophe gagna de ne point être dupe des faux savants, magiciens, alchimistes, astrologues. Déjà, par une disposition naturelle de son esprit, il ne s’étonnait pas facilement, et n’admirait presque rien : l’étonnement, selon lui, est toujours mauvais, et l’admiration même n’est pas toujours bonne. Cette disposition ne pouvait être que confirmée par la familiarité qu’il eut de bonne heure avec des choses réputées merveilleuses, qu’on eut le bon esprit de lui mettre entre les mains pour lui en faire voir l’inanité.

Aussi Descartes se montra toujours reconnaissant envers ses maîtres de La Flèche, et ne manqua aucune occasion de faire leur éloges[35]. Il était sincère en cela, sans aucun doute ; mais il y trouvait bien aussi quelque intérêt. Auteur d’une philosophie nouvelle, il aurait voulu que les Jésuites l’adoptassent, et qu’elle remplaçât Aristote dans leurs collèges. C’est pourquoi il a grand soin d’envoyer son Discours au P. Noël, recteur de La Flèche en 1637, et ses Principes au P. Grandamy, également recteur en 1644. Il sollicite leurs avis et leurs conseils, surtout ceux du P. Charlet, qui avait été pour lui comme « un second père », et qui de plus était Assistant du Général à Rome. En 1641, ses Méditations parurent avec une préface à la Sorbonne ; en 1642, il y joignit, en guise de postface, une lettre au P. Dinet, devenu provincial de France : il le met presque en demeure de faire enseigner sa physique nouvelle, au moins sa nouvelle doctrine des météores. On ne lui répond pas officiellement ; mais ce fait même de ne pas lui répondre, prouve qu’on gardait des ménagements et qu’on ne voulait pas rompre avec lui. L’écolier faisait honneur à ses anciens maîtres, qui avaient toujours pour lui quelque tendresse. Et puis il montrait tant de déférence et de soumission, tant de crainte d’être noté par l’Église ! Il en a trop montré, dira même plus tard un théologien comme Bossuet. Et si l’on songe à la nature déjà circonspecte et timorée de Descartes, c’est encore là un effet, et non le moins notable, de l’éducation reçue par ce futur philosophe dans un collège de la Compagnie de Jésus.

  1. Un Collège de Jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le Collège Henri IV de La Flèche. Par le P. Camille de Rochemonteix, de la Compagnie de Jésus. (Le Mans, Leguicheux imprimeur, 1889, 4 vol. in-8, iv-309 pages, 332, 356 et 444.)
  2. Pour cette date de l’entrée au collège, nous suivons Baillet (t. I, p. 18), qui, malheureusement, n’indique à ce sujet aucune référence.
  3. Étienne Charlet était né à Paris, paroisse de Saint-André-des-Arcs, le 30 sept. 1570 ; recteur du Collège de La Flèche en 1607, plus tard l’un des cinq assistants du général des Jésuites à Rome, 1627-1646, il mourut le 26 oct. 1652. Il fut, en outre, deux fois provincial de la province de Paris, 1616-1619 et 1646-1649. Deux de ses cousins furent conseillers au Parlement de Rennes : François Charlet, de 1573 à 1576, qui passa ensuite au Parlement de Paris, où il vivait encore en 1608 ; et Jacques Charlet, de 1585 à 1594. Une de leurs ascendantes, Radegonde Charlet, avait épousé un Julien Brochard : Jeanne Brochard, mère de notre philosophe, et Claude Ferrand, sa grand-mère maternelle, l’avaient l’une et l’autre comme trisaïeule. (Le Parlement de Bretagne, 1554-1790, par Frédéric Saulnier, Rennes, 1909, t. I, p. 220-221.)
  4. Ici Baillet (t. I, p. 28) cite son auteur, Daniel Lipstorp. Et nous savons, par des témoignages sûrs, que Descartes (pour son malheur, lorsqu’il fut en Suède) garda toute sa vie l’habitude de se lever tard. Voici le texte complet de Lipstorp :
    « Analyſis autem Geometrica ipſi diſplicere non poterat vel ſolo iſto nomine, quòd, cum miracula quædam numerorum eruat, tam abſtruſa ac recondita ut facultas illa omnem captum humanum ſuperare videatur, tantà nihilominus facilitate & voluptate id expediat, ut facilius videatur eſſe nihil. Poſterior tamen & potior cauſa fuit, quod minus fuerit adſtrictæ illius in hiſce ſcholis diſciplinæ alligatus : idque ex indultu cognati, quem inter alios præceptores habebat, qui ipſi ſecurius vivere (non tamen ut illi ſolent, qui turpi & languenti otio laſciviunt) & recollectis ſubinde per quietem viribus genio ſpecuiativo indulgere permiſit. Hanc enim ejus fuiſſe perpetuam conſuetudinem, ut mane experrectus in reclinatorio ſuo ad clarum uſque diem meditabundus jaceret, norunt illi, qui ipſum familiarius noverunt, quique tunc ejus ingenii vires ſæpius ſunt periclitati. Hàc ratione invenit ſpecioſam ſuam Algebram, omnium liberalium artium & ſcientiarum clavem, optimam verum à falſo dignoſcendi methodum… » (Danielis Lipstorpii Lubecensis Specimina Philoſophiœ Carteſianœ. Lugd. Bat., apud J. & D. Elsevier. cIo Ioc liii. Pag. 74-75.)
  5. Tome VI, p. 4, l. 21, à p. 9, l. 16 ; et p. 541-544.
  6. Tome X. p. 182-185. Nuit du 10 novembre 1619.
  7. Ibid., et t. IV, p. 537, l. 9-13 : lettre à Chanut, du 1er novembre 1646. La première devise, empruntée à Ausone, est :

    Quod vitæ sectabor iter ?

    Et la seconde, empruntée à Sénèque le Tragique :

    Illi mors gravis incubat,
    Qui, notus nimis omnibus,
    Ignotus moritur sibi.

    Pour les autres citations, voir l’Index des Noms propres, t. V, p. 595-612, pour la correspondance, et à la fin de chaque volume, pour les tomes VI-XI.

  8. Sur un total de 498 lettres. 63 sont en latin. De mêmes les trois ouvrages intitulés : Meditationes (1641 et 1642), Epistola ad Celeberrimum Voetium (1643). Principia Philosophiæ (1644).
  9. Tome XI, p. 549-646. Notes d’anatomie : peut-être, vu la nature spéciale du sujet, le latin était-il de rigueur.
  10. Tome I, p. 12 : « Stylo, ut aiebat, Petroniano », mot de Descartes rapporté par Balzac, dans une lettre à Chapelain, du 22 avril 1637, à propos de la lettre de mars 1628, t. I, p. 7-11. Balzac répondit à Descartes en français, p. 569-571, lettre du 30 mars 1628. — Notre philosophe avoua lui-même à Huygens, qu’autrefois il avait fait des vers : t. IV, p. 102, l. 2-3, lettre du 14 mars 1644, sans doute des vers latins, puisque Huygens lui rappelle cet aveu, à propos de vers latins qu’il lui envoie. — Quant au style de Descartes en latin, voir quelques remarques, t. IX, 2e partie, p. viii-ix. Pourtant il déclare, dans une lettre à Pollot, du 1er janvier 1644, qu’il lui faut beaucoup plus de temps pour écrire en latin qu’en français, t. IV, p. 73, l. 3-7.
  11. Rochemonteix, t. IV, p. 51-52. François Véron, né à Paris, en 1578, entré dans la Compagnie de Jésus, 13 septembre 1595, la quitta en 1620, et devint curé de Charenton, où il mourut, 6 décembre 1649. Auteur d’une Méthode de controverse contre les protestants, laquelle n’eut pas moins de vingt-deux éditions, de 1615 à 1638. Auparavant, il avait publié un ouvrage de piété, souvent réimprimé depuis 1599, date de la première édition, jusqu’à 1637. Deux éditions parurent à La Flèche même, en 1610 : Manuale Sodalitatis B. Mariœ Virginis, Ac luuentutis Vniuerfœ felectœ Gymnafiorum Societatis lefu, mirdculis dictœ Sodalitatis illustratum. a; p. f. v. i. (Flexiæ, apud lac. Rezé, m.dc.x., in-12. pp. 627.) L’édition suivante, qui porte presque le même titre, fut imprimée à Arras, 1612 ; mais l’épître dédicatoire est ainsi datée : « Flexiæ, 7 Marui anno 1610. » Voir Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouv. édit. par Sommervogel, t. VIII, 1898, p. 603-610 ; et Un Curé de Charenton au XVIIe siècle, par l’abbé P. Féret. (Paris, Gervais, 1881, in-12, p. 14-160.)
  12. Rochemonteix, t. IV, p. 27 : Institutionum Dialecticarum Libri VIII. Auctore Petro Fonseca S. J. (Flexiæ, apud Griveau, 1609.)
  13. Tome III, p. 185, 1. 12-18 : lettre du 30 septembre 1640. Eustache de Saint-Paul publia une Summa philosophica, en 1609 : ibid., p. 196.
  14. Tome X, p. 154, note c, et p. 155-156, note d.
  15. Tome II, p. 524, l. 8-13 : lettre à Mersenne, du 20 février 1639. Ce texte décisif a été invoque contre l’historiette suivante que raconte Lipstorp :

    « Hanc veritatis ducem (ſpecioſam Algebram, voir ci-avant, p. 20, note b, le passage auquel celui-ci fait immédiatement suite) cùm ſecuriùs in dies perſequeretur, & interea in vulgari Analyſi Geometricâ à Præceptore ſuo exercerctur, id confequutus < eſt >, ut non tantùm dexteritate ingenii aliis ſuis in hocce ſtudio Analytico commilitonibus palmam præriperet, ſed & Præceptoris exſpectatione opinione citius major factus, nihil jam amplius, quantum ad Analyſin iſtam ſpectaret, fibi proponere permitteret, quod non miro artificio proiinus ſolveret. Imô ipſum Præceptorem, in Algebraicis ſorſan non tam exactè verſatum, novis quæſtionibus ita deſatigavit, ut eum non amplius fuâ informatione indigere ingenuo teſtimonio confirmaret. Erat autem ipſi paulò antè difficilior quæſtio à Magiſtro propoſita, quam per novam fuam methodum artificioſe ſolverat, ſolutæque copiam magiſtro ſecerat. Is novum folvendi modum per quantitates quaſdam ſimplices, poſthabitis numeris, conſpicatus, ipſum monuit, ut Viëtam conſuleret, qui ejuſdem argumenti nonnulla concinnaverat. Tum ille gaudio ingenti delibutus, quòd alium quoque hujus methodi peritum extitiſſe intellexerat, non deſtitit Præceptorem rogare, ut ſibi hujus copiam facere non gravaretur. Cumque abſtruſiora quædam in eo deprehendiſſet, quàm quaæ primà fronte ſibi | pervia eſſent, illico Præceptoris benevolentiam precibus ſollicitavit, ut ipſi faculam in iis præluceret. Ille novum onus fibi impar declinare, & non niſi unum eſſe in totâ urbe, cui Viëtæa Analyſis cognita eſſet atque perſpecta, regeſſit. Iterum ille petiit, procuraret, ut ſibi per ipſum aditus ad illum Virum pateret. At quâ remorâ interveniente ego juxta ſcio cum ignarifſimis, votorum ſuorum damnari non potuit. » (Lispstorph Specimina, 1653. Pag. 75-76.)

    Baillet paraphrase toute cette histoire de Lipstorp, en prévenant le lecteur que c’est « une hiſtoire dont la vérité ſemble dépendre d’une circonſtance qui eſt abſolument fauſſe ». Et il conclut ainsi : « Il eſt à craindre que tout ce récit n’ait été le fruit de l’imagination de Lipſtorpius, plûtôt que la relation d’un fait véritable. Pour en faire voir le peu de vray-ſemblance, il ſudfit de produire le témoignage de M. Deſcartes, qui a marqué dans une lettre écrite de Hollande au Pére Merſenne en 1639, qu’il ne ſe ſouvenoit pas même d’avoir jamais vû ſeulement la couverture de Viéte pendant qu’il avait été en France ». Et Baillet cite en marge : « Tom. 2 de ſes Lett., p. 454 », c’est-à-dire dans la présente édition, t. II, p. 524, l. 8-9. « C’eſt ce qu’il diſoit (continue Baillet) pour convaincre de fauſſeté un Géométre qu’il ne connoiſſoit pas, mais qui ſe vantoit d’avoir étudié Viéte avec lui à Paris. Il étoit encore plus éloigné d’avoir vû la perſonne de Viéte que ſes Ecrits, puiſque ce grand Mathématicien, qui étoit natif de Fontenai-le-Comte en Poitou, & qui poſſédoit une Charge de Maître des Requêtes à Paris, étoit mort des l’an 1603. » (Baillet, t. I, p. 30-31.)

  16. « Étant encore à la Flèche, il s’étoit formé une méthode ſinguliére de » diſputer en Philoſophie, qui ne déplaiſoit pas au Pére Charlet Recteur du collège ſon directeur particulier, ny au Pére Dinet | ſon Préfet, quoy qu’elle donnât un peu d’exercice à ſon Régent. Lorsqu’il étoit queſtion de propoſer un argument dans la diſpute, il faiſoit d’abord pluſieurs demandes touchant les définitions des noms. Aprés, il vouloit ſçavoir ce que l’on entendoit par certains principes reçus dans l’école. Enſuite, il demandoit ſi l’on ne convenoit pas de certaines véritez connuës, dont il faiſoit demeurer d’accord : d’où il formoit enfin un ſeul argument, dont il étoit fort difficile de ſe débaraſſer [En marge : Rél. Mſ. de Poiſſon]. C’eſt une ſingularité de ſes études que le P. Poiſſon, demeurant à Saumur en 1663, avoit appriſe d’un homme qui avoit porté le porte-feuille à la Fléche avec M. Deſcartes. & qui en avoit été témoin pendant tout le cours de philoſophie qu’ils avoient fait ſous le même maître. Il ne ſe défit jamais de ſa méthode dans la fuite, mais il ſe contenta de la perfectionner : & il la jugeoit ſi naturelle, que jamais il n’auroit trouvé à redire à celle des Scholaſtiques, s’il l’eût trouvée auſſi courte & auſſi commode. » (Baillet, t. II, p. 483-484.)
  17. Tome II, p. 3-8, l. 6-16 : lettre du 12 sept. 1638.
  18. Tome VI, p. 11 (2e partie), p. 22 (3e partie), p. 31 (4e partie et p. 40 (5e partie). Voir aussi t. XI, p. 314, l. 28, à p. 315, l. 5.
  19. Rochemonteix, t. IV, p. 3. Saint Thomas fut proclamé Père de l’Église, en 1569, au concile de Trente. — Notons cette déclaration de Descartes, dans une lettre à Mersenne, 25 déc. 1639. t. II, p. 630, I. 4-6 : « l’ay encore icy vne Somme de S. Thomas, et vne Bible que i’ay aportée de France.)
  20. Rochemonteix, t. IV, p. 160, note. Extrait du Ratio studiorum :

    « Academiæ nomine intelligimus cœtum studiosorum ex omnibus scolasticis delectum, qui aliquo ex nostris præfecto conveniunt ut peculiares quasdam habeant exercitationes ad studia pertinentes. »

    « Hoc ex numero omnes censentur, qui sunt ex congregatione B. Virginis… »

    « Academicos pieiate, diligentiâ in studiis, & scolarum legibus servandis, exemple esse oportet. »

    « In unam Academiam theologi et philosophi ſere convenire poterunt ; in alteram rhetores & humanistæ ; in tertiam grammatici… »

    « Magistratus secretis suffragiis eligentur : hi ferme erunt : academiæ rector, duo consiliarii & unus secretarius. »

    Voir, pour le P. Véron, p. 23 ci-avant, note a.

  21. Tome X, p. 181-182 : nuit du 10 novembre 1619.
  22. Tome VIII, 2e partie, p. 64-107.
  23. Tome X, p. 186-188.
  24. Rochemonteix, t. I, p. 138. — Baillet, t. I, p. 22-24.
  25. Correspondance entre Descartes et Brasset. t. V, p. 584, etc.
  26. Tome X, p. 533-538.
  27. Tome XI, p. 661-662.
  28. Rochemonteix, t. I, p. 147. Le récit de ces fêtes fut imprimé : In Anniverſarium Henrici Magni obitûs diem Lacrymæ Collegii Flexiensis Regii S. J. (Flexiæ, apud Iacobum Rezé, 1611.)
  29. De Phænomenis in orbe lunæ novi teleſcopii uſu à D. Gallileo Gallileo nunc iterum ſuſcitatis Phyſica diſputatio, à D. Iulio Cæsare La Galla in Romano Gymnaſio habita, Philoſophiæ in eodem Gymnaſio Primario Profeſſore. Necnon de Luce & Lumine altera diſputatio. Superiorum permiſſu, & Privilegio, 10 et 12 nov. 1611, pp. 72. (Venetiis MDCXII. Apud Thomam Balionum.)

    La préface est dédiée : « llluſtriſſimo atque Reuerendiff. D. D. Aloysio Caponio s. R. E. Cardinali Ampiiſſ… Iulius Cæsar La Galla fœlicitatem. Ex Vrbe decimo Kalendas Octobris MDCXI. » Elle se termine ainsi :

    « …hoc enim obſequium tibi deberi exiſtimaui, quem noueram tanta cum voluptate Gallileum hæc demonſtrantem ſuſcepſſe, creſcenti Patriæ gloriæ gratatum, quæ veluti ſuperioribus annis Vesputium dédit, noui Orbis inuentorem, ita nunc Gallileum habet nouorum ſyderum authorem. Accipe igitur Opuſculum hoc tuo nomini conſecratum… »

    Et dans le second opuscule : De luce & lumine Diſputatio. Cap. I, p. 57 :

    « Cùm aliquando adhuc antepoſita node Illuſtriſſimus Federichs Cæsius Marchio Montis Cælij, rei litterariæ in Vrbe patronus, — ac D. Ioannes Remiscianus, vir omni diſciplinarum genere inſtructus, & Attica atque Romana facundia præclarus, cuius ſolerti ingenio nouum Teleſcopij nomen perſpicillo aptiſſimè inditum debemus, — necnon Do. Ioannes Clementius, rerum naturalium ſolertiſſimus indagator, ac Plinianæ gloriæ noſtra ætate æmulus, — Eccellentiſſimum D. Gallilæum conueniſſemus viſendi gratiâ Venerem perſpicillo ſalcatam ſpeciem præ ſe ſerentem, necnon circa Saturnum obambulantes alios Ermes : — nubibus obſervationem ſyderum nobis eripientibus, interim variis de rebus, vt inter doctos ſolet, habebatur ſermo. »

  30. Tome I, p. 69, l. 3-5 : lettre du 13 nov. 1629.
  31. Tome VI, p. 17. l. 19-20 ; et t. X, p. 156-157 et p. 164-165.
  32. Tome X, p. 63-64, et p. 165, l. 10.
  33. Un magicien brûlé vif (1623), par Louis Batifol. (Revue de Paris, 15 mars 1902. p. 369-393.)
  34. Tome X, p. 347.
  35. Notons cependant ici ces deux déclarations (Relat. MS. de M. Belin) :

    « Quoi qu’il ſe ſentit trés-obligé aux ſoins de ſes Maîtres qui n’avoient rien omis de ce qui dépendoit d’eux pour le ſatisfaire, il ne ſe croioit pourtant pas redevable à ſes études de ce qu’il a fait dans la ſuite pour la recherche de la vérité dans les Arts & les Sciences. Il ne faiſoit pas difficulté d’avouer à ses amis, que quand ſon Père ne l’auroit pas fait étudier, il n’auroit pas laiſſé d’écrire en François les mêmes choses qu’il a écrites en Latin. Il témoignoit souvent que, s’il avoit été de condition à ſe faire Artiſan, & que ſi on lui eût fait apprendre un mêtier étant jeune, il y auroit parfaitement réüſſi, parce qu’il avoit toujours eu une forte inclination pour les Arts. De ſorte que, ne s’étant jamais ſoucié de retenir ce qu’il avoit appris au Collége, c’est merveille qu’il n’ait pas tout oublié, & qu’il ſe ſoit souvent trompé lui-même dans ce qu’il croioit avoir oublié. » (Baillet, t. I, p. 34-35.)

    « (Mais il ſe ſeroit récrié le premier contre cette imagination), luy qui vouloit faire croire à ses amis que, quand ſon père ne l’auroit jamais fait étudier, il n’aurait pas laiſſé d’écrire les mêmes penſées, de la même manière, & peut-être encore mieux qu’il n’a fait. C’est ce qu’il auroit pu nous persuader aisément, si nous considérons, qu’il n’y a rien, de tout ce qu’il a écrit, qu’il n’ait pû concevoir, dicter, & compoſer en sa langue maternelle ; & que ſon ſtile françois, au jugement des Sçavans, eſt préférable de beaucoup à ſon ſtile latin. » (Idem, t. II, p. 470-471.)