Vie du pape Pie-IX/Le Syllabus

CHAPITRE XXIV.

Le Syllabus.


L’un des plus grands actes du glorieux pontificat de Pie IX est sans contredit la publication de l’encyclique Quantâ curâ, adressée à tous les évêques en communion avec le Saint-Siége et par eux à tous les fidèles du monde. Cette encyclique, publiée le 8 décembre 1864, résume tous les enseignements des prédécesseurs de Pie IX et condamne les erreurs modernes, le naturalisme et l’indifférence religieuse, qui, sous le nom de liberté de conscience, font régner la force à la place du droit, le communisme et le socialisme, la séparation de l’Église et de l’État, la subordination de l’Église à l’État, c’est-à-dire le gallicanisme et le libéralisme. Cette lettre encyclique était accompagnée d’un Syllabus, ou résumé de quatre-vingts propositions erronées qui sont condamnées formellement et qu’on ne saurait soutenir sans être hérétique.

Le Syllabus a fait peut-être plus de bruit dans le monde qu’aucun autre document émané du Saint-Siége. Les impies, les révolutionnaires et les catholiques libéraux ou conciliants en furent scandalisés. Ils accusaient Pie IX d’avoir promulgué une doctrine nouvelle, d’avoir troublé la paix du monde, d’avoir rendu impossible l’accord entre l’Église et la civilisation moderne qui repose sur les principes condamnés. Les catholiques, au contraire, voyaient dans cet acte de vigueur le salut futur du monde, s’il entre dans les desseins de la Providence de sauver le monde. Ils voyaient que Pie IX venait de porter un coup terrible au mal en le signalant aux yeux des peuples ; ils voyaient qu’il n’inventait rien, qu’il ne faisait que développer, pour ainsi dire, le Credo et proclamer la vérité toute pure. Ils voyaient que Pie IX ne brisait pas avec la vraie civilisation, mais qu’il constatait seulement que la fausse civilisation de nos jours, celle qui repose sur des principes erronés, est incompatible avec le salut des âmes et le bonheur véritable des nations.

Oui, Pie IX a troublé le monde par le Syllabus, il l’a troublé profondément, mais comme la sentinelle, à l’approche de l’ennemi, trouble le repos de l’armée qui dort.