Vie de la vénérable mère d’Youville/02/07


APPENDICE


ACTE DE BAPTÊME DE LA VÉNÉRABLE MÈRE D’YOUVILLE.

Extrait du Registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Sainte-Anne de Varennes, pour l’année 1701.


Le seizième jour du mois d’octobre de l’année mil sept cent un, par F. Guillaume Bulteau, à ce sub-délégué, a esté baptisée Marie-Marguerite, fille de Christophe Dufrost, écuyer Sr de la Jemmerais, lieutenant dans les troupes, et de Dame Marie-Renée Gauthier de Varennes, sa femme, née le jour précédent. Le parrain a été Jacques-René Gauthier de Varennes, la marraine, Marie-Marguerite Gauthier de Varennes, lesquels ont tous signé.

VARENNES M.​M.
GAUTHIER
De La JEMMERAIS
De ST-CLAUDE, Ptre-Curé.


ENGAGEMENTS PRIMITIFS DE MADAME D’YOUVILLE ET DE SES COMPAGNES.

Nous, soussignées, à la plus grande gloire de Dieu, pour le salut de nos âmes et le soulagement des pauvres, désirant sincèrement quitter le monde et renoncer à tout ce que nous possédons, pour nous consacrer au service des pauvres : nous nous sommes unies par le seul lien de la pure charité (sans vouloir de nous-mêmes former une nouvelle communauté), pour vivre et mourir ensemble ; et afin que la dite union soit solide et permanente, nous sommes convenues unanimement, et avons promis, de notre propre et libre volonté, ce qui suit :

1o . De vivre désormais ensemble le reste de nos jours, dans une union et une charité parfaite, sous la même et seule conduite de ceux qu’on aura la charité de nous donner, dans la pratique et fidèle observance du règlement qui nous sera prescrit, dans la soumission et l’obéissance entière à celle d’entre nous qui sera chargée du gouvernement de cette maison, et dans une pauvreté et désappropriation universelle : mettant dès à présent tout ce que nous possédons, et tout ce que nous possèderons dans la suite, en commun, sans nous en réserver la propriété, ni aucun droit d’en disposer, en faisant, par le présent acte, don pur et simple et irrévocable entre vifs aux pauvres, sans qu’aucune d’entre nous ni aucun de nos parents y puisse rien prétendre après notre mort, pour quelque cause que ce puisse être, à la réserve néanmoins des biens-fonds, si aucun il y a, dont nous pourrons disposer à notre volonté.

2o . De consacrer sans réserve notre temps, nos jours, notre industrie, notre vie même au travail, et le produit mis en commun pour fournir à la subsistance des pauvres et de nous.

3o . De recevoir, nourrir et entretenir autant de pauvres que nous serons en état d’en faire subsister par nous-mêmes ou par les aumônes des fidèles.

4o . Toutes les personnes qui seront reçues à la maison y apporteront tout ce qu’elles ont, linge, habits, meubles et argent, pour le tout être mis en commun, sans en rien excepter ni retenir ; renonçant à tout droit de propriété et de reprise, par le don irrévocable et volontaire qu’elles en font aux membres de Jésus-Christ. Que si elles ont des rentes ou revenus annuels, ils y seront compris et réunis à la rente commune. Tous les biens-fonds en seront exceptés, comme dit est ci-dessus, dont elles pourront disposer à leur mort.

5o . Si quelqu’une de celles qui auront été reçues dans la maison, est obligée d’en sortir pour de bonnes raisons, elle ne pourra rien exiger de ce qu’elle y aura apporté, s’en étant dépouillée volontairement, et en ayant fait don aux pauvres en y entrant ; mais elle se contentera de ce qu’on aura la charité de lui donner.

6o . Si, dans la suite des temps, il ne se trouve pas de personnes capables de soutenir cette bonne œuvre, ou si, pour quelque autre bonne raison, on ne trouvait pas à propos de la continuer, les soussignées veulent et entendent que tout ce qui se trouvera alors de biens, meubles et immeubles, appartenant à la dite maison, soit remis entre les mains de M.  le Supérieur du Séminaire de Montréal, pour être employé selon sa sagesse en bonnes œuvres, et spécialement au soulagement des pauvres, lui en transférant tout droit de propriété, et lui en faisant don aux clauses ci-dessus, tant en leur nom qu’en celui des pauvres, à qui le tout appartient ; déclarant derechef que telle est leur intention.

Lu et relu le présent acte d’union, nous l’approuvons et nous nous obligeons de tout notre cœur à exécuter tout son contenu, avec la grâce du Seigneur.

Fait à Montréal, en présence des soussignées, le 2 février 1745.


MARIE MARGUERITE LA JEMMERAIS.
Veuve YOUVILLE.
CATHERINE DEMERS,
MARIE THAUMUR.

Cet acte a été signé, jusqu’à ce jour, par toutes les sœurs professes.