Vie de la vénérable mère d’Youville/0.2

LETTRE DE SA GRANDEUR Mgr  PAUL BRUCHÉSI,

ARCHEVÊQUE DE MONTRÉAL.


Archevêché de Montréal, le 12 décembre 1899.


Madame Jetté,

Spencer Wood,
Québec,


Madame,

En entreprenant d’écrire la vie de la Vénérable Mère d’Youville, vous avez acquiescé à mon désir comme à celui de mon pieux prédécesseur, Mgr  Fabre. Aujourd’hui, en me dédiant votre travail, vous me faites un honneur que j’apprécie et dont je vous remercie cordialement.

J’ai lu ce travail avec soin : j’en ai été édifié et charmé. C’est une belle et bonne œuvre que vous avez faite, à la gloire de la religion, de la charité et des lettres canadiennes.

Commencée à Montréal, elle s’est achevée à Spencer Wood, et il me paraît beau de voir sortir de la maison de nos gouverneurs, un tel éloge de l’humble sœur grise, servante des pauvres, des malades et des orphelins.

L’éloge est digne de l’héroïne et tous les cœurs canadiens y feront écho. Mais les filles de la Mère d’Youvile surtout, répandues aujourd’hui jusqu’au Nord-Ouest et à l’Athabaska-Mackenzie, vous seront reconnaissantes d’avoir mis dans une parfaite lumière les héroïques vertus de leur fondatrice.

C’est un chapitre important de l’histoire de l’Église au Canada, que vous avez écrit, et qui, mieux que vous, était préparé pour cette honorable tâche ? Choisie comme l’un des témoins dans la cause de béatification de Madame d’Youville, vous aviez interrogé la tradition, consulté les archives, lu de nombreux ouvrages. Votre étude ne s’était pas bornée aux événements extérieurs. Vous étiez entrée dans l’intimité de la vie de la Vénérable, vous l’aviez suivie dans sa marche continuellement ascendante vers la perfection ; vous aviez vu avec quelle fidélité elle répondit aux grâces divines, quel courage l’anima dans les épreuves, quelle prudence elle montra dans la fondation et le gouvernement de son institut. Elle vous était apparue comme l’image fidèle de la femme forte dont l’Écriture nous a tracé le portrait. Aussi, rendre témoignage dans ce procès important, vous était doux et facile. La piété vous inspirait en même temps que le patriotisme. En vérité votre livre, ce livre que je désirais, et que vous allez publier bientôt, se composait, pendant que, dans la petite chapelle de l’archevêché, vous faisiez, aux vénérables juges de la commission apostolique, des réponses que devaient admirer les congrégations romaines.

Le succès lui est assuré ; je souhaite qu’il se répande dans nos familles. Il fera connaître et aimer davantage notre Vénérable et invitera tous les enfants du Canada à solliciter avec confiance son intercession.

Et vous, Madame, agréez, avec l’assurance réitérée de ma gratitude, l’hommage de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.

† PAUL, Arch. de Montréal.