Texte établi par Henri MartineauLe Livre du divan (Napoléon. Tome Ip. 268-269).


CHAPITRE LXX


Le 30 mars, pendant que le bruit de la fusillade faisait perdre la tête à la moitié de Paris, les pauvres ministres de l’empereur, avec le prince Joseph pour président, ne savaient plus où ils en étaient.

Le prince se couvrit de boue en faisant afficher qu’il ne partirait pas, au moment où il fuyait. Le comte Regnault-de-Saint-Jean-d’Angély ajouta à son ignominie. Quant aux ministres, ils auraient bien eu une certaine énergie, car enfin tout le monde les regardait et ils avaient de l’esprit ; mais la peur de perdre leur place et d’être renvoyés par le maître, s’ils laissaient échapper quelque parole qui avouât le danger, en avaient fait autant de Cassandres. Ils ne s’occupaient pas d’agir, mais d’écrire de belles lettres où le langage du despotisme devenait plus fier à mesure que le despote approchait du précipice.

Le matin du 30, ils se réunirent, à Montmartre ; le résultat de leurs délibérations fut d’y faire conduire du canon de 18 avec des boulets de 12[1]. Enfin, suivant l’ordre de l’empereur, ils décampèrent tous pour Blois. Si Carnot, le comte de Lapparent, Thibaudeau, Boissy d’Angles, le comte de Lobau, le maréchal Ney avaient été dans le ministère, ils se seraient conduits un peu différemment.



  1. Ce fait ne me semble pas prouvé.