Texte établi par Henri MartineauLe Livre du divan (Napoléon. Tome Ip. 252-253).


CHAPITRE LXIII


Dans de pareilles circonstances, la Convention décrétait que tel jour, le sol de la liberté serait purgé de la présence de l’ennemi, et, au jour fixé, le décret était mis à exécution par les armées.

Au 25 janvier 1814, jour du départ de l’empereur, l’affaire de toute la France semblait être devenue l’affaire d’un seul homme. L’emphase que cet homme mettait dans ses discours, et qui, dans ses jours heureux, lui avait donné tous les cœurs faibles, faisait maintenant que tous avaient un plaisir secret à le voir humilié.

Beaucoup de gens désiraient la prise de Paris comme spectacle. Comme je repoussais cette parole avec horreur, l’un d’eux me dit fort bien : « Paris est une capitale qui ne convient plus à la France. Sept cent mille égoïstes, les gens les plus pusillanimes et les plus vides de caractère que la France produise, se trouvent, par la force de l’usage, les représentants de la France dans toutes les grandes révolutions. Soyez sûr que la crainte de perdre leurs meubles d’acajou leur fera toujours faire toutes les lâchetés qui leur seront proposées. Ce n’est pas leur faute ; une excessive petitesse a entièrement étiolé leurs âmes pour tout ce qui n’est pas affaire personnelle. La capitale de la France doit être une ville de guerre, placée derrière la Loire, près de Saumur. »