Vers posthumesLibrairie Léon Vanier ; A. Messein, SuccrPoésies complètes d’Édouard Dubus (p. 98-99).
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AGONIE

La Malemort tiendra le pécheur terrassé.
Près d’exhaler dans l’inconnu son dernier râle,
Il s’épouvantera de voir tout son passé
Surgir dans la terreur de l’ombre sépulcrale,
Lorsque la malemort le tiendra terrassé.

Très lentement, et sans qu’il pleure, et sans qu’il crie
Ses haines, ses orgueils, ses luxures d’antan,
Tous ses péchés, hurlante et pâle théorie
Défileront au rire éclatant de Satan,
Très lentement, et sans qu’il pleure, et sans qu’il crie.

De frêles visions de femmes paraîtront
Et clameront : « C’est toi, toi qui nous a damnées,
Viens encor, sur nos seins flétris poser ton front
Et cueillir des baisers sur nos mains calcinées, »
De frêles visions de femmes paraîtront.


Parce qu’il a vécu tout en proie à la terre,
Insoucieux des pleurs, des cris et des sanglots,
Cynique au fond des turpitudes sans mystère,
La géhenne sera béante et le ciel clos,
Parce qu’il a vécu tout en proie à la terre.