Vers, 1894/Les Cerises

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VersOllendorff, éditeur (p. 39).

V


LES CERISES


Le banc serait de lierre et de pierre effritée.
Auprès du vieux parterre où de tristes ricins
Ombrageraient la poule et ses petits poussins
Je vous dorloterais, ô mon enfant gâtée.

Les roses cerisiers à l’écorce argentée,
Dont les fruits sont pareils aux coraux abyssins,
Pleurant leurs larmes d’or au-dessus des fusains,
Nous diraient la chanson des moineaux enchantée.

Et je vous cueillerais sur ces frais cerisiers
Des cerises qu’un brin de bois lierait pareilles
Pour vous les mettre ainsi que des pendants d’oreilles :

Et, me baissant un peu pour que vous me baisiez
Au front, je vous rendrais dans vos cheveux en boucles
Vos baisers, en mordant vos rouges escarboucles.