Vers, 1894/La jeune fille

VersOllendorff, éditeur (p. 80-81).

16

La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
aux poignets, dans ses manches
ouvertes.

On ne sait pas pourquoi
elle rit. Par moment
elle crie et cela
est perçant.

Est-ce qu’elle se doute
qu’elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
des fleurs ?

On dirait quelquefois
qu’elle comprend des choses.
Pas toujours. Elle cause,
tout bas.

« Oh ! ma chère ! oh ! la la…
… figure toi… mardi
je l’ai vu… j’ai ri ri » — Elle dit
comme ça.


Quand un jeune homme souffre,
d’abord elle se tait :
elle ne rit plus, tout
étonnée.

Dans les petits chemins,
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères,
de fougères.

Elle est grande, elle est blanche
Elle a des bras très doux.
Elle est très droite et penche
le cou