Vathek/Édition Mallarmé 1893/Avant-dire

Texte établi par avec la préface de Stéphane MallarméPerrin (p. v-vi).


Voilà une rare aventure littéraire, sinon seule : le transport, avec sa fleur ou nul déchet, que subit intact un Livre, d’une littérature à une autre.

Traduction, pas cet ordinaire moyen ; mais publication directe du texte même.

Alors l’ouvrage avait été, quoique dû à un somptueux entre les prosateurs anglais, écrit, originairement, par lui en français ?

Certes !

L’Angleterre, chez qui il se classe en tant que d’élite (ou standard), n’en possède et ne gardera qu’une version anonyme.

Tout cela, sûr un peu, l’était sans qu’on insistât ; quand un exemplaire de l’édition primitive, laquelle voulut jusqu’à se faire à Paris, du reste à l’approche du typhon révolutionnaire, abîmée et dispersée, m’advint, après recherches. Le calquer page à page, selon ses format, papier et la typographie de l’autre siècle, soudain je m’y employai en toute piété, parce qu’aussi, et manies d’amateur à part, la lecture m’avait enchanté : pour répartir la trouvaille dans de consécratrices bibliothèques, qui en notifiassent l’existence et des droits à la vulgarisation ensuite.

Quelques années maintenant postérieurement, le cas se trouve de mettre l’œuvre en circulation, avec confiance ; et d’initier à cet ancien don inaperçu d’un étranger filial, pour qu’on accepte, le Public : il fallait, aidant au service avec gré rendu aux Lettres nationales, l’appoint d’une librairie, comme ayant un cachet traditionnel, et prompte à populariser.

Avec ce concours, je restitue Vathek, attrayant Conte imaginatif par Beckford, un de nos écrivains, à la Langue Française.

Mon avis est que le volume occupera dans les collections classiques, ayant la nouveauté en plus, parmi les Chefs-d’œuvre des Petits Maîtres, sa situation.

S. M.