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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 101-102).
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Livre II — § 3

III.

1(III.) Cette figure, animée d’un mouvement éternel et sans repos, exécute sa révolution avec une vitesse ineffable dans l’espace de vingt-quatre heures : c’est un fait sur lequel le lever et le coucher du soleil n’ont laissé aucun doute. Faut-il croire que le bruit produit par la rotation perpétuelle d’une masse aussi énorme est infini, et par là échappe à notre ouïe ? C’est ce que je ne puis dire, pas plus que je ne dirai si le son produit par les astres qui se meuvent ensemble dans leurs orbes est un concert d’une harmonie et d’une suavité incroyable. 2Pour nous, placés dans l’intérieur, le monde, le jour comme la nuit, chemine silencieusement. Un nombre infini d’images d’animaux et de choses de toute espèce est empreint sur la voûte céleste. En vain des auteurs d’un grand nom ont dit qu’elle était d’un poli uniforme, comme est l’œuf des oiseaux ; les faits montrent le contraire, car de là tombent les germes de toutes choses, qui, se confondant souvent, donnent naissance, surtout dans la mer, à des formes innombrables et monstrueuses : 3en outre, nous y découvrons par la vue, ici un chariot, là un ours, là un taureau, ailleurs la figure d’une lettre, et un cercle blanchâtre qui en traverse le point le plus élevé. (IV.) J’ajouterai que le consentement des hommes me touche ; car ce que les Grecs ont appelé κόσμος, d’un mot qui signifie ornement, nous l’appelons monde, d’un mot qui indique une élégance parfaite et suprême. Le ciel (cœlum), sans aucun doute, tire son nom du mot ciseler (cœlare), d’après l’étymologie de M. Varron, à laquelle l’arrangement de l’univers vient en aide, puisque le cercle appelé zodiaque est marqué de douze figures d’animaux parcourues (1) par le soleil, selon un ordre qui ne se dément pas depuis tant de siècles.

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