Utilisateur:SyB~Anicium/Pline/II/21

Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 113-114).
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Livre II — § 21

XXI.

1(XXIII.) Un stade fait 125 de nos pas, ou 625 pieds (184 mètres) (20). Posidonius prétend qu’il n’y a pas moins de 40 stades de la terre à la région d’où proviennent les nuages, les vents et les brouillards ; que, à partir de là, l’air est pur, limpide, et rempli d’une lumière que rien ne trouble ; mais que de l’air trouble à la lune il y a deux millions de stades, et de là au soleil 500 million de stades : c’est grâce à cette distance que, malgré son volume énorme, il n’embrase pas la terre. 2Plusieurs auteurs ont rapporté que les nuages s’élèvent à une hauteur de 900 stades. Ces choses sont ignorées et insolubles ; mais il faut en parler, parce qu’on en a parlé. Dans ces problèmes l’argumentation géométrique est la seule qui ne trompe jamais, et à laquelle il faut recourir si l’on se complaît à aller plus loin dans ces recherches, sans toutefois songer à mesurer (le vouloir ce serait user de son loisir avec folie) de pareilles dimensions, mais en se bornant à des évaluations approximatives. 3D’après la révolution du soleil, on reconnaît que le cercle qu’il parcourt comprend environ 366 parties ; or, le diamètre est le tiers et un peu moins du 21e de la circonférence ; donc, si on retranche la moitié de ce diamètre à cause de la situation centrale de la terre, on trouve que la distance qui la sépare du soleil est la sixième partie de l’espace immense que parcourt cet astre dans sa révolution, et que la distance de la terre à la lune est la douzième partie de cet espace, parce qu’elle décrit son orbite dans un intervalle de temps douze fois plus court, et que c’est de la sorte qu’elle chemine entre le soleil et la terre. 4Jusqu’où ne va pas l’audace de l’esprit humain, encouragée, comme dans les problèmes précédents, par quelque petit succès ! La raison fournit un prétexte à l’impudence : on n’ose deviner la distance de la terre au soleil, et l’on double cette distance pour trouver celle du ciel, sous le prétexte que le soleil est juste au milieu, de sorte que la dimension du ciel lui-même peut se mesurer sur les doigts. Le rapport du diamètre à la circonférence est comme 7 à 22, et il ne faut plus qu’un fil à plomb pour mesurer le ciel.

5 Le calcul égyptien enseigné par Pétosiris et Necepsos montre que dans l’orbite lunaire, qui, comme nous l’avons dit, est la plus petite, chaque degré comprend un intervalle d’un peu plus de 33 stades, le double dans l’orbite de Saturne qui est la plus grande ; dans celle du soleil qui est intermédiaire, la moitié de la somme de ces deux mesures. Ce calcul est plein de retenue ; car si au cercle de Saturne on ajoutait l’intervalle qui le sépare du zodiaque lui-même, on arriverait à une multiplication infinie.