Utilisateur:Sicarov/Dictionnaire de la Bible/Tome 5.2.b SANHÉDRIN-SODOME

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(Volume Vp. 1459-1460-1819-1820).

4. Sous le régime des procurateurs, le sanhédrin élargit sa sphère d’action et augmente ses pouvoirs. Josèphe, Ant. jud., XX, x, dit qu’alors « l’aristocratie administre et le gouvernement de la nation est confié aux pontifes. » Au temps de Notre-Seigneur, le sanhédrin de Jérusalem est fréquemment mentionné comme la haute cour de justice de la nation et la plus puissante autorité du pays. Matth., v, 22 ; xxvi, 59 ; Marc, xiv, 55 ; xv, 1 ; Luc, xxii, 66 ; Joa., xi, 47 ; Act., iv, 15 ; v, 21 ; vi, 12 ; xxii, 30 ; xxiii, 1 ; xxiv, 20. Il est quelquefois appelé πρεσβυτέριον, « assemblée des anciens », Luc, xxii, 66 ; Act., xxii, 5, et γερουσία, « sénat ». Act., v, 21. Un des membres du sanhédrin, Joseph d’Arimathie, est désigné sous le nom de βουλευτής, Marc, xv, 43 ; Luc, xxiii, 50, c’est-à-dire membre de la βουλή ou « conseil », nom qui est donné par Josèphe au sanhédrin, conjointement avec ceux de συνέδριον et de τὸ κοινόν, « l’assemblée ». Cf. Bell. jud., II, xv, 6 ; Ant. jud., XX, ix, 1 ; Vit., 12, 13, 38, etc. Dans la Mischna, le sanhédrin est appelé bëṭ dîn hag-gâdôl, « grand tribunal », Sota, i, 4 ; ix, 1 ; Sanhedrin, xi, 2, 4, sanhėdrîn gedôlâh, « grand sanhédrin », Sanhedrin, i, 6 ; Middoth, v, 4, sanhedrin šél šib’im ve’éḥâd, « sanhédrin des soixante et onze », Schebuoth, ii, 2, ou simplement sanhedrin. Sota, ix, 11 ; Kidduschin, iv, 5 ; Sanhedrin, iv, 3.

5. Après la ruine de Jérusalem, le sanhédrin sombre dans le désastre de la nation. Il se reconstitue bien une bêṭ din à Jabné, mais ce tribunal ne rend plus que des décisions théoriques et l’autorité qu’il s’arroge ne fait pas qu’il soit la continuation effective du sanhédrin disparu.

Sa composition.

Primitivement recruté dans l’aristocratie sacerdotale et laïque, le sanhédrin dut peu à peu ouvrir ses rangs aux pharisiens, surtout quand les derniers princes Asmonéens et Hérode cherchèrent du côté de ces derniers un contre-poids à l’influence des nobles. C’est ainsi qu’à l’époque romaine le sanhédrin se composait de deux éléments, la noblesse sacerdotale qui était sadducéenne et les docteurs de la loi pharisiens. Le sanhédrin comptait soixante et onze membres. Sanhedrin, 1, 6 ; Schebuoth, ii, 2. Le nombre de 70, consacré par Moïse, Num., xi, 16, paraissait communément admis pour la composition d’un tribunal important. Cf. Josèphe, Bell. jud., II, xviii, 6 ; xx, 5 ; IV, v, 4 ; Vit., 11. Le grand-prêtre était le soixante et onzième membre du sanhédrin.

On n’a pas de renseignements sur la manière dont se recrutait le sanhédrin. Son caractère aristocratique donne à penser qu’on n’y entrait pas par élection populaire. Les membres devaient être nommés soit directement par l’autorité politique, soit par les autres membres déjà en fonction. On était vraisemblablement nommé à vie. Le nouvel élu recevait le droit de siéger par le rite de la semîkâh, ou imposition des mains. Sanhedrin, iv, 4.

On voit par le Nouveau Testament et les écrits de Josèphe que le sanhédrin comprenait trois ordres : les grands-prêtres, les scribes et les anciens. Matth., xxvii, 41 ; Marc, xi, 27 ; xiv, 44, 53 ; xv, 1, etc. Les grands-prêtres, ἀρχιερεῖς, appelés aussi ἄρχοντες, Act., iv, 5, 8, tiennent ordinairement le premier rang. Sous ce nom sont compris les grands-prêtres en fonction, les anciens grands-prêtres, leurs parents et les princes ou chefs des principales familles sacerdotales. Viennent ensuite les scribes, γραμματεῖς qui, à raison de leur science, exerçaient une grande influence dans le sanhédrin. Le troisième ordre se composait des anciens, πρεσβύτεροι, tant prêtres que laïques, que leur situation de famille on leurs aptitudes ne rangeaient pas dans les deux premiers ordres. Les princes des prêtres appartenaient surtout à la secte des sadducéens, les scribes à celle des pharisiens. Les deux partis opposés siégeaient donc ensemble au sanhédrin, Act., iv, 1 ; v, 17, 34 ; xxiii,

6 ; Josèphe, Ant. jud., XX, IX, 1 ; Bell, jud., II, xvii, 3 ; Vit., 38, 39, mais les pharisiens y exerçaient une influencé prépondérante et le peuple n’eût pas permis aux sadducéeens de s’écarter de l’avis des premiers. Josèphe, Ant. jud., XVIII, i, 4.

Son organisation.

Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 11, parle d’une ambassade juive envoyée à Néron, sous le procurateur Festus, et composée des dix principaux, du grand-prêtre Ismaël et du trésorier Helcias. Or, les « dix principaux » sont assez souvent mentionnés dans les assemblées helléniques. Cf. Diodore de Sicile, XXXIII, v, 2 ; Justin, XVIII, vi, 1. La Mischna, Yoma, i, 1, parle aussi de πρόεδροι, « présidents » de la chambre de justice, comme on en trouvait dans certaines villes grecques. Ceci montre que l’organisation du sanhédrin avait été en partie inspirée par celle des assemblées helléniques.

Une tradition juive tardive, qui ne veut voir dans le sanhédrin qu’une assemblée de docteurs de la loi, suppose que la présidence était régulièrement attribuée aux principaux docteurs pharisiens. Chagiga, ii, 2. Mais on est obligé de conclure, d’après le Nouveau Testament et Josèphe, que le grand-prêtre présidait ordinairement le sanhédrin. Au temps de Notre-Seigneur, le grand-prêtre Caïphe préside, Matth., xxvi, 3, 57 ; au temps de saint Paul, c’est le grand-prêtre Ananie, Act., xxiii, 2 ; xxiv, 1 ; toujours le grand-prêtre a le premier rang. Act., v, 17 ; vii, 1 ; ix, 1 ; xxii, 5 ; xxiii, 2, 4 ; xxiv, 1. On constate la même chose dans Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 14 ; XX, x ; Cont. Apion., ii, 23, etc. Trois passages semblent cependant faire difficulté. Anne est nommé avant Caïphe, comme s’il était le président, Luc, iii, 2 ; Act., lv, 6, et c’est devant lui tout d’abord que comparait Jésus. Joa., xviii, 13-24. Mais il n’y a là qu’une sorte de préséance d’honneur, qui s’explique par la grande situation qu’Anne possédait encore après avoir quitté le pontificat et l’avoir vu passer aux mains de ses fils et de son gendre. En fait, Caïphe exerce le premier rôle dans les circonstances officielles. Joa., xviii, 24, 28 ; Matth., xxvi, 57-66. Quant aux docteurs dont la tradition rabbinique voudrait faire des présidents du sanhédrin, ils n’apparaissent que comme de simples membres de cette assemblée. Ainsi en est-il de Schemaia, Josèphe, Ant. jud., XIV, ix, 3-5, de Gamaliel, Act., v, 34, et de Simon, fils de Gamaliel. Josèphe, Vit., 3839.

Les autorités qui sont à la tête du sanhédrin portent dans la Mischna les noms de naṡǐ, « prince », Taanith, ii, 1 ; Nedarim, v, 5 ; Horayoth, ii, 5-7 ; etc., et de ‘ab bêṭ dîn, « père de la maison du jugement », Taanith, II, 1 ; Eduyoth, v, 6, ou rôš bêṭ dîn, « chef de la maison du jugement ». Rosch haschana, ii, 7 ; iv, 4. Le premier titre désignait en réalité le chef du peuple, le roi, Horayoth, iii, 3, elles deux autres le président du sanhédrin. Ce fut seulement à la fin du second siècle après J.-C. qu’on attribua le premier titre au président du sanhédrin, en réservant les deux autres au vice-président. Le titre de mûflâh, Horayoth, i, 4, ne désignait pas un dignitaire, mais seulement le « plus éminent » dans la science de la loi.

Ses attributions.

La compétence du sanhédrin, au temps de Notre-Seigneur, ne s’étendait qu’aux onze toparchies dont se composait la Judée proprement dite. La Galilée n’en faisant point partie, le Sauveur échappait à la juridiction du sanhédrin tant qu’il demeurait dans cette province. En fait, le sanhédrin exerçait une autorité, volontairement reconnue, sur toutes les communautés juives de l’univers. Ainsi il pouvait faire appréhender des chrétiens même à Damas. Act., ix, 2 ; xxii, 5 ; xxvi, 12. Cependant son pouvoir direct ne s’étendait pas au delà de la Judée.

Ce pouvoir s’exerçait sur les choses d’ordre spirituel et religieux et sur toutes celles qui intéressaient le judaïsme et dont l’autorité romaine abandonnait le souci. Le san- hédrin rendait des décisions juridiques et prenait des mesures administratives, quand les tribunaux locaux d’ordre inférieur n’intervenaient pas ou quand le procurateur romain n’évoquait pas l’affaire à son prétoire. Il n’était pas un tribunal d’appel, revisant les arrêts des tribunaux inférieurs ; mais il décidait dans les cas qui lui étaient spécialement réservés et se rapportaient à la loi juive. Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 14 ; Sanhedrin, xi, 2. Les juges des tribunaux inférieurs étaient obligés, sous peine de mort, de s’en tenir à ses décisions. Au sanhédrin ressortissaient tout ce qui concernait la pratique de l’idolâtrie dans une tribu, la cause du faux prophète, celle du grand-prêtre, l’entreprise d’une guerre offensive, l’agrandissement de la ville ou des parvis du Temple, l’établissement de tribunaux pour les tribus, le jugement d’une ville tombée dans l’idolâtrie. Sanhedrin, 1, 5 ; ii, 4. Le grand-prêtre pouvait être jugé par le Sanhédrin, mais non le roi. Sanhedrin, II, 1, 2. Du reste, la plupart des causes indiquées n’appartenaient au sanhédrin que théoriquement. En bien des cas, il n’était pas en son pouvoir d’exercer la juridiction qu’il s’attribuait. On le voit cependant poursuivre Jésus-Christ comme blasphémateur, Matth., xxvi, 65 ; Joa., xix, 7, saint Pierre et saint Jean comme faux prophètes et séducteurs, Act., iv, 2-21 ; v, 17, 18, saint Etienne comme blasphémateur, Act., vi, 13, saint Paul comme transgresseur de la loi. Act., xxiii, 6.

Malgré les limites qu’imposait à la juridiction du sanhédrin le régime des procurateurs romains, le tribunal juif jouissait encore d’une autonomie assez grande, d’autant que les Juifs patriotes faisaient profession de préférer sa juridiction à celle du pouvoir étranger. Le sanhédrin connaissait donc des causes civiles en se conformant au droit juif, et des causes criminelles dans une certaine mesure. Il avait sa police, voir Police, t. v, col. 503, et ses agents d’exécution. Matth., xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Act., iv, 3 ; v, 17, 18. Il décidait sans appel quand l’arrêt ne comportait pas la peine capitale. Act., iv, 5-23 ; v, 21-40. Il ne pouvait condamner à mort sans l’approbation du procurateur. Joa., xviii, 31. Le procès de Notre-Seigneur en est une preuve éclatante. Cf. Jer. Sanhedrin, i, 1, fol. 18 a ; vii, 2, 24 b. La lapidation de saint Etienne fut le résultat d’un abus de juridiction ou d’un emportement populaire. Act., vii, 58. Le procurateur pouvait à son gré suivre le droit romain ou le droit juif. En condamnant Notre-Seigneur, Pilate céda officiellement au droit juif. Joa., xix, 7. C’est encore en vertu du droit juif que la peine de mort était portée contre tout gentil qui franchissait l’enceinte intérieure du Temple. Voir Péribole, t. v, col. 142. Mais, même en ce cas, la peine n’était infligée qu’avec le consentement du procurateur. L’agrément de ce dernier n’était pas nécessaire pour que le sanhédrin se réunit, ni pour qu’il exécutât les autres sentences qui rentraient dans les limites de sa compétence. Néanmoins le procurateur et même le tribun de Jérusalem s’interposaient pour faire échec au droit juif, quand ils le jugeaient nécessaire. Act., xxii, 30 ; xxiii, 15, 20, 28.


296. — Le grand sanhédrin. D’après Lamy.


Ses réunions.

On sait que les tribunaux locaux tenaient leurs séances le second et le cinquième jour de la semaine, soit le lundi et le jeudi, Kethuboth, i, 1, mais on ignore si le sanhédrin suivait la même règle. On ne pouvait juger ni les jours de fête, ni le jour du sabbat. Beza, v, 2. Comme un jugement capital ne pouvait être prononcé qu’un jour après les débats, on ne devait pas entamer de pareilles causes la veille du sabbat ou d’un jour de fête. Sanhedrin, iv, 1. — Sur le lieu des réunions, voir Jugement, t. iii, col. 1843.

Sa procédure.

Les membres du sanhédrin siégeaient en demi-cercle et pouvaient se voir les uns les autres (fig. 296). Deux greffiers se tenaient devant eux, l’un à droite, l’autre à gauche, afin de noter ce qui était dit pour ou contre. Sanhedrin, iv, 3. Les disciples des docteurs s’asseyaient en avant sur trois rangs, chacun à une place déterminée. Sanhedrin, iv, 4. L’accusé devait comparaître avec une humble contenance et des vêtements de deuil. Josèphe, Ant. jud., xiv, ix, 4. Cf. Zach., iii, 3. Dans les causes capitales, certaines formalités étaient de rigueur. On présentait d’abord les charges contre l’accusé. Celui qui commençait à parler en sa faveur ne pouvait plus ensuite parler contre. Les disciples présents ne pouvaient donner leur avis que s’il était favorable. L’acquittement se prononçait le jour même, la condamnation le lendemain seulement. On se levait pour exprimer son suffrage, en commençant par les plus jeunes membres du sanhédrin, tandis que d’ordinaire les plus dignes parlaient les premiers. Pour acquitter, une simple majorité suffisait ; pour condamner, il fallait une pluralité de deux voix. Ainsi, sur 23 juges, 12 voix suffisaient pour acquitter. Si elles condamnaient, on ajoutait deux juges et on recommençait les suffrages jusqu’à acquittement ou condamation avec les deux voix de pluralité nécessaires. On pouvait aller ainsi jusqu’à faire intervenir les 71 membres du sanhédrin. Voir Jugement, t. iii, col. 1845. Cf. Sanhedrin, IV, 1, 2 ; v, 4, 5. Dans la Mischna, le traité Sanhedrin s’occupe de ce qui concerne cette assemblée et la justice criminelle.

Le sanhédrin qui a jugé Jésus-Christ.

On ne connaît pas les 71 membres du sanhédrin devant lequel comparut le Sauveur. Cependant l’histoire a gardé le nom d’une quarantaine d’entre eux. Ce sont les suivants :

1. Ordre des grands-prêtres : Caïphe, gendre d’Anne et grand-prêtre en exercice. Voir Caïphe. t. ii, col. 44. — Anne, ex-grand-prêtre (7-11). Voir Anne, t. i, col. 630. — Éléazar, fils aîné d’Anne et ex-grand-prêtre (23-24). — Jonathas, fils d’Anne, futur grand-prêtre après Caïphe (37). — Théophile, fils d’Anne, futur grand-prêtre après Jonathas (38-42). — Mathias, fils d’Anne, futur grand-prêtre (42-44). — Ananie, fils d’Anne, futur grand-prêtre (63). — Joazar, ex-grand-prêtre (4 avant J.-C. — 2 après J.-C), fils de Simon Boëthus. — Éléazar, ex-grand-prêtre (2), second fils de Simon Boëthus. — Simon Canthère, troisième fils de Simon Boëthus, futur grand-prêtre (42). — Josué, fils de Séé, ex-grand-prêtre (2-4). — Ismaël, fils de Phabi, ex-grand-prêtre (15-16). — Simon, fils de Kamith, ex-grand-prêtre (17-18), — Jean, simple prêtre. Act., iv, 6. — Alexandre, simple prêtre. Act., iv, 6. — Ananie, fils de Nébédée, futur grand-prêtre (47-52). — Helcias, simple prêtre, trésorier. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 11. — Scéva, simple prêtre. Act., xix, 13, 14. On voit que, dans cet ordre, les fils et parents des grands-prêtres occupaient une grande place.

2. Ordre des scribes : Gamaliel, Act., v, 34-39. Voir Gamaliel, t. iii, col. 102. — Siméon, fils de Gamaliel. Cf. Jer. Berachoth, fol. 66. — Onkélos, disciple de Gamaliel. Cf. Baba bathra, t. 134b ; Sukka, fol. 286. — Jonathas, fils d’Uziel. Cf. Sukka, f. 28 b. — Samuel le Petit. Cf. Berachoth, f. 28 b. — Chanania, fils de Chiskia. Cf. Chagigah, ii, 13. — Ismaël, fils d’Éliza. Cf. Aboda Zara, 1. — R. Zadok. Cf. Schabbath, xxiv, 5. — Jochanan, fils de Zachaï. Cf. Rosch haschana, f. 20 a ; 31 a ; Sota, ix, 9 ; Sukka, 286. — Abba Saul. Cf. Kidda, iii, 24 a. — R. Chanania. Cf. Aboth, iii, 2. — R. Éléazar, fils de Parta. Cf. Gittin, iii, 4. — R. Nachum Halbalar, Cf. Peah, ii, 6. — R. Siméon Hammispa. Cf. Peah, ii, 6.

3. Ordre des anciens : Joseph D’Arimathie, Luc, xxii, 50. Voir Joseph d’Arimathie, t. iii, col. 1674. — Nicodème, Joa., iii, 1-10 ; vii, 50-52. Voir Nicodème, t. iv, col. 1614. — Ben Calba Scheboua. Cf. Gitlin, v, f. 56 b. — Ben Tsitsit Haccassat. Cf. Gitlin, v, 56 b. Ces trois derniers personnages étaient les plus riches de Jérusalem. — Simon (?). Cf. Josèphe, Ant. jud., XIX, vii, 4. — Doras (?). Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 5. — Jean, fils de Jean, Dorothée, fils de Nathanaël, Tryphon, fils de Theudion, Cornélius, fils de Céron, tous quatre envoyés en ambassade à l’empereur Claude, en 44, et, à raison de cette mission, probablement membres du sanhédrin. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, i, 1, 2.

Ces personnages formaient plus de la moitié du sanhédrin. Sauf Joseph d’Arimathie, Nicodème et peut-être Gamaliel, ils étaient sceptiques, orgueilleux et cupides, comme les grands-prêtres, ou fanatiques de leur loi et infatués de leur science, comme les scribes. Notre-Seigneur ne pouvait donc trouver parmi eux que des ennemis qui le condamnaient d’avance. Cf. Lémann, Valeur de l’assemblée qui prononça la peine de mort contre J.-C, Paris, 1876, p. 20-44. — Sur les tribunaux locaux, appelés quelquefois sanhédrins, voir Juge, t. iii, col. 1835-1836. — Sur le sanhédrin, voir Maimonide. De sanhedriis et pœnis, édit. Houting, en hébreu et en latin, Amsterdam, 1695 ; Selden, De synedriis et praefecturis juridicis veterum Ebræorum, Londres, 1650 ; Ugolini, Thesaurus antiquitatum, t. xxv, Paris, 1762, p. ii, cccxxxix ; Dupin, Jésus devant Caïphe et Pilate, Bruxelles, 1829 ; J. M. Rabbinowicz, Législation criminelle du Talmud, Paris, 1826 ; Id., Législation civile du Talmud, Paris, 1877-1880 ; Langen, Das jüdische Synedrium und die römische Procuratur in Judäa, dans la Tübinger theologische Quartalschrift, 1862, p. 411-463 ; Blum, Le Synhédrin ou Grand conseil de Jérusalem, son origine et son histoire, Strasbourg, 1889 ; Jelski, Die innere Einrichtung des grossen Synedrion zu Jerusalem und ihre Forsetzung im späteren palästinensischen Lehrhause bis zur Zeit des R. Jehuda ha-Nasi, Breslau, 1894 ; Ad. Büchler, Das Synedrion in Jerusalem, in-8°, Vienne, 1902 ; E. Schürer, Gesch. des jud. Volkes, 3e édit., 1898, t. ii, p. 188-214.

H. Lesêtre.
    1. SANIR##

SANIR (hébreu : Ṡenîr ; Septante : Σανεώρ ; Alexandrinus : Σανείρ, nom amorrhéen du mont Hermon. Deut., iii, 9. Voir Hermon, t. iii, col. 633.Il s’applique en particulier à une partie distincte de l’Hermon. Cant., iv, 8 ; I Par., v, 23. Les géographes arabes antérieurs au xive siècle donnent le nom de Djebel Sanir à l’anti-Liban, spécialement à la partie de la chaîne située entre Baalbek et Homs et près de Damas. Les Phéniciens tiraient du mont Sanir du bois de cyprès pour la construction de leurs vaisseaux. Ezech., xxvii, 5. Voir Cyprès, t. ii, col. 1174.

    1. SANS-MISÉRICORDE##

SANS-MISÉRICORDE (Vulgate : Absque misericordia), fille du prophète Osée, i, 6, etc. Voir Lo-Ruchamah, t. iv, col. 363.

    1. SANTAL##

SANTAL (Hébreu :’almuggim, III Reg., x, 11, 12 ;’algûmîm, II Par., ii, 7 ; ix, 10, 11 ; Septante : πελεκητά, III Reg., x, 11, 12, πεύκινα, II Par., ii, 8, ix, 10, 11 ; Vulgate : thyina, III Reg., x, 11, 12 ; II Par., ix, 10, 11 : pinea, II Par., ii, 8), bois précieux.

I. Description.

On désigne sous ce nom, bien qu’ils appartiennent à des familles très différentes, plusieurs arbres à bois aromatique, originaires des Indes.

1° Le Santal rouge officinal est une papilionacée, le Pterocarpus santalinus L. (fig. 297) à feuilles imparipennées, avec un petit nombre de folioles, pourvues de stipules, et alternes le long des rameaux. Les fleurs jaunes, réunies en grappes axillaires et terminales, produisent une gousse indéhiscente, orbiculaire-comprimée, oblique et renfermant 1 ou 2 graines. Le bois présente sur une coupe transversale de larges vaisseaux sous forme de pores tout remplis d’une résine rougeâtre, la santaline, qui lui donne ses propriétés. Plusieurs autres arbres du même genre fournissent des bois employés autrefois pour la teinture et fort estimés encore en ébénisterie. — 2° Le santal blanc, Santalum album L., forme le type de la famille des santalacées. C’est un grand arbre de la côte de Malabar à feuilles opposées, lancéolées et entières. Les fleurs apétales et hermaphrodites ont un calice à 4 sépales valvaires, 4 étamines insérées à leur base et alternant avec autant d’écaillés. L’ovaire à placenta central porte 2 ou 3 ovules et devient à maturité une drupe noirâtre, globuleuse, marquée au sommet d’un œil par la cicatrice du périanthe. Son bois, faiblement coloré, acquiert par la dessiccation une odeur forte et agréable, en même temps qu’une saveur amère et piquante, due à une huile volatile jaune, usitée en thérapeutique.

F. Hy.


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297. — Pierocarpus santalinus.


II. Exégèse. — Le bois de ʾalgûm (pluriel : ’algûmim) se présente dans deux endroits parallèles des Livres Saints. D’après III Reg., x, 11, 12, les vaisseaux d’Hiram qui apportaient de l’or d’Ophir, en amenaient aussi des bois de ʾalmuggim et des pierres précieuses. Le passage parallèle II Par., IX, 10, 11, répète la même chose, mais le nom hébreu du bois se présente sous la forme ʾalgûmîm. De ce bois on dit dans les deux endroits que Salomon fit faire des balustrades pour le temple et son palais et aussi des harpes et des lyres. Et on remarque en terminant qu’on ne vit plus jamais ce bois en Palestine. Il est évident qu’il s’agit ici d’un bois étranger, rare, précieux, que l’on trouvait dans le pays d’Ophir, c’est-à-dire dans l’Inde. Or, dans cette contrée, sur la côte de Malabar, un des noms du bois de santal est valgu (valgum, valguka). Le vav étant peu usité au commencement de leurs noms, les Hébreux l’ont négligé en empruntant ce mot étranger, qu’ils ont gardé sous la forme ’algum. C’est sans doute par une faute de copiste, ou par une métathèse assez fréquente dans les emprunts de noms étrangers, qu’on trouve aussi la forme ʾalmug. À ce nom les Hébreux ont ajouté leur pluriel en im. Lassen, Indische Alterthumskunde, édit. 1866-74, t. i, p. 651-652 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 535. Le rapprochement d’un des noms indiens du santal rouge avec l’ʾalgum du texte sacré rend très probable l’identification. De plus c’est ce même bois qu’on emploie très fréquemment dans l’Inde pour les usages auxquels Salomon le fit servir : on fabrique avec le santal rouge des harpes, des lyres et d’autres instruments de musique. Il n’y a donc pas à s’arrêter aux traductions variées et erronées des Septante et de la Vulgate : l’algum n’est ni un pin, ni un thuia. Ce n’est pas non plus le santal blanc employé surtout comme parfum. Les rabbins ’Salomon Ben Melek et David Kimchi interprétant les passages des Rois et des Paralipomènes voyaient déjà dans l’algum, un bois de couleur rouge. Quant au nom actuel, santal vient d’une autre appellation de cet arbre en sanscrit, tchandana, d’où les Grecs auraient fait σάνδαλον, σάνταλον.

Il reste un passage, II Par., ii, 7 qui offre difficulté. « Envoie-moi, dit Salomon au roi de Phénicie, Hiram, envoie-moi du Liban des bois de cèdre, de cyprès et de ʾalgumim. Le santal ne vient pas des forêts du Liban comme le cèdre et le cyprès. On a essayé de tourner la difficulté en disant que, pour la troisième espèce d’arbre nommé, il ne s’agirait pas d’un bois coupé dans le Liban, mais apporté de l’Inde dans la Phénicie par les vaisseaux d’Hiram et envoyé par celui-ci à Salomon avec les arbres du Liban. Cette explication n’est guère naturelle : le sens de la phrase invite à voir dans le troisième arbre nommé un bois coupé dans les forêts du Liban comme les deux autres espèces. E. Fr. K.Rosenmüller, Handbuch der Biblischen Alterthumskunde, p. 1. Das Biblische Pflanzenreich, in-8°, Leipzig, 1830, p. 237, pense que dans cet endroit, II Par., Il, 7, le mot ’algûmîm est une interpolation d’un copiste : car dans le passage parallèle III Reg., v, 8, il ne s’agit que de cèdres et de cyprès. Cependant si l’on veut maintenir dans cette énumération une troisième espèce d’arbres, on pourrait vraisemblablement supposer le mot ארנים, ’oranim, « pins », qu’un copiste distrait ou préoccupé aurait transformé en אלנםים, ’algumim. Ou bien un des noms populaires du cèdre. ארז, ’aréz, sous la forme גלםי, golmiš ou galmiš mis en marge de ce passage biblique pour l’expliquer, aura plus tard passé dans le texte en se transformant en ʾalgum, ʾalgumim. — 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, 1. 1, p. 171-185 ; Rosenmüller, op. cit., p. 234-238 ; Gesenius, Thesaurus, p. 93.

    1. SANTÉ #

SANTÉ (hébreu : šâlôm, marpêʾ, rifʾôṭ, ces deux derniers mots se rapportant plutôt à la guérison ; Septante : ὑγιεία, ἴασις, « guérison » : Vulgate : sanitas), état de celui qui ne souffre d’aucune maladie. Voir Maladie, t. iv, col. 611. — 1° La santé est un bienfait de Dieu, Eccli., xxxiv, 20, dont on le loue. Eccli., xvii, 27. Les idoles ne peuvent la donner. Sap., xiii, .18. Elle vaut mieux, même avec la pauvreté, que la maladie jointe à la richesse. Eccli., xxx, 14. À qui se porte bien, le médecin est inutile. Matth., ix, 12 ; Marc, ii, 17 ; Luc, v, 31. La crainte de Dieu, la docilité aux bons conseils, la paix du cœur contribuent à la santé du corps. Prov., iii, 8 ; iv, 22 ; xiv, 30. La tempérance est une condition essentielle de la santé. Eccli., xxxi, 22-40. — 2° L’affection ou la politesse obligent à se préoccuper des autres, à demander de leurs nouvelles. Jacob demande aux bergers de Haran si Laban se porte bien, et ils lui répondent : « Il est en bonne santé. » Gen., xxix, 6. Jacob envoie Joseph savoir si ses frères se portent bien. Gen., xxxvii, 14. Joseph demande à ses frères si leur père est en bonne santé. Gen., xliii, 27. Isaïe envoie David voir si ses frères qui sont au camp se portent bien. I Reg., xvii, 18. David demande si son fils Absalom va bien. II Reg., xviii, 29. « Te portes-tu bien, mon frère ? » dit Joab à Amasa qu’il va tuer sournoisement. II Reg., xx, 9. Élisée envoie Giézi dire à la Sunamite : « Te portes-tu

bien ? Ton mari et ton enfant se portent-ils bien ? » IV Reg., iv, 26. Mardochée venait chaque jour devant le palais d’Esther pour savoir de ses nouvelles. Esth., ii, 11. — 3° On fait des vœux pour la santé de ceux qu’on aime. Comme le mot sâlôni veut dire à la fois « paix » et « santé », la formule de salutation sâlôm lekâ signifie « paix à toi » et « santé à toi », comprenant ainsi tous les souhaits qui intéressent le bon état de la personne. Voir Paix, t. iv, col. 1960. La formule lêk lesdlôm, « va en paix » ou « en santé » a le même sens. I Reg., i, 17 ; xx, 42 ; II Reg., xv, 9 ; Marc., v, 34 ; Luc, vii, 50. Saint Jean souhaite à Gaius que l’état de ses affaires et de sa santé soit aussi prospère que celui de son âme. IHJoa., 2. Notre-Seigneur a souvent exaucé les vœux de cette nature en rendant la santé aux malades et aux infirmes. Voir Guérison, t. iii, col. 360.

H. Lesêtre.

SAPH (hébreu : Saf ; Septante, Eésp), fils ou descendant d’Arapha ou Raphahj de la race des géants, qui fut tué, à Gob ou à Gaza, dans une guerre contre les Philistins, par Sobochaï de Husati. II Sam. (Reg.), xxi, 18. Voir Arapha, t. i, col. 878. Sur le lieu du combat, voir Gob, t. iii, col. 258. Saph est appelé Saphaï (hébreu : Sippaï), I Par., xx, 4.

    1. SAPHAJ##

SAPHAJ (hébreu : Sippaï ; Septante : Ea ?ôu-u), orthographe du nom de Saph dans I Par., xx, 4. Voir

Saph.

    1. SAPH AN##

SAPH AN, nom, dans la Vulgate, de trois personnages appelés de manière différente en hébreu.

1. SAPHAN (hébreu : Sâfân ; Septanle : Eairçiv, ïa ?iv), secrétaire du roi Josias. Il était fils d’AsIia, IV Reg., xxii, 3 ; II Par., xxxiv, 8, et fut le père d’Ahieam, IV Reg., xxii, 12 ; II Par., xxxiv, 20 ; Jer., xxvi, 24 ; xxxix, 14 ; xl, 5, 9 ; d’Élasa, Jer., xxix, 3, et de Gamarias, Jer., xxxvi, 10, 11, 12 ; le grand-père de Godolias, IV Reg., xxv, 22 ; Jer., xxxix, 14 ; XL, 5, 9, 11 ; xli, 2 ; xliii, 6 ; de Michée, Jer., xxxvi, 11. Certains interprètes le regardent aussi comme le grand-père de Jézonias 3, t. iii, col. 1538, 1 Esd., viii, 11, mais le fait n’est pas certain. En tout cas, l’identification du père d’Ahicam et de Saphan le scribe paraît à peu près établie. Saphan semble avoir été trésorier du roi Josias. IV Reg., xxii, 4 ; II Par., xxiv, 8-9 ; cf. IVReg., xii, 10. Ce fut en cette qualité qu’il eut à intervenir dans l’œuvre des réparations du Temple sous le pontificat d’IIelcias. À cette occasion, le grand-prêtre lui apprit qu’il avait découvert dans le Temple le livre de la Loi, voir Pentateuque, col. 67, cf. IV Reg., xxii, 8, et il lui remit le livre sacré que Saphan lut lui-même d’abord et lut ensuite au roi, Josias, j. 8-10. À la suite de cette lecture, le roi l’envoya avec Helcias et quelques autres consulter la prophétesse Holda (t. iii, col. 727), puis fit rassembler le peuple dans le Temple, lut en public le livre de l’alliance et lit jurer au peuple fidélité au Seigneur. Voir Josias, t. iii, col. 1681. Saphan n’est plus nommé dans l’Écriture qu’à l’occasion de ses descendants.

2. SAPHAN (hébreu : Sâfâm ; Septante : Saçaji), Gadite, qui habita dans le pays de Basan, et était le second personnage de sa tribu. I Par., v, 12.

3. SAPHAN (hébreu : Suppim ; Septante : Sançi’n), « Machir, lisons-nous I Par., vii, 15, dans la Vulgate, prit des femmes pour ses fils Happhim et Saphan. » Le texte hébreu porte au contraire « Machir prit (pour lui) une femme de Huppîm et de Suppîm. » Sur ce passage très obscur, voir Machir 1, t. iv, col. 507.

    1. SAPHAT##

SAPHAT (hébreu : Sâfât), nom de cinq Israélites.

1. SAPHAT (Septante : Eaçâ-r), fils d’Huri, de la tribu de Siméon. Il fut choisi pour représenter sa tribu dans l’exploration de la Terre Promise au temps de Moïse. Num., xui, 6.

2. SAPHAT (Septante : Sxçôt), père du prophète Elisée. III Reg., xix, 16, 19 ; IV Reg., iii, 11 ; vi, 31.

3. SAPHAT (Septante : Ea ?à6), le sixième et dernier des fils de Séméia, de la tribu de Juda. I Par., iii, 22.

4. SAPHAT (Septante : 6 YpiftiiareO ; , qualificatif de Janaï, t. iii, col. 1116), un des chefs de la tribu deGad qui s’établirent dans le pays de Basan. I Par., v, 11.

5. SAPHAT (Septante : Swçir), fils d’Adli. Il fut chargé des troupeaux de bœufs du roi David qui paissaient dans les vallées. I Par., xxvii, 29.

    1. SAPHATHIA##

SAPHATHIA, SAPHATIAS (hébreu : Sefatyâh), nom de huit Israélites et d’un chef des serviteurs de Salomon.

1. SAPHATHIA, SAPHATIAS (Septante : Salaria), le

cinquième fils de David, né à Hébron. Sa mère s’appelait Abital. II Reg. (II Sam.), iii, 4 ; I Par., iii, 3.

2. SAPHATIAS (Septante : Saça-rsa), fils de Rahuël et père de Mosollam, de la tribu de Benjamin, qui s’établit à Jérusalem après la captivité. 1 Par., ix, 8. Voir Mosollam 5, t. iv, col. 1321.

3. SAPHATIA (hébreu : Sefatyâhà ; Septante : Eoespa-Ti’a ; ), surnommé l’Haruphite en descendant de #arif (voir t. iii, col. 443), de la tribu de Benjamin, un des trente braves de David, I Par., xii, 5, qui allèrent le rejoindre à Siceleg.

4. SAPHATIAS (Sefatyâhû ; Septante Sxf att’ctç), fils de Maacha, de la tribu de Siméon, chef de cette tribu sous le règne de David. I Par., xxvii, 16.

5. saphatias (hébreu : ëefatydhû ; Septante : laçarfaç), le dernier nommé des fils de Josaphat, roi de Juda. II Par., xxi, 2.

6. SAPHATIAS (Septante : Sxça-cîa), chef de famille dont les descendants, au nombre de 372, revinrent de captivité en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 4 ; II Esd., vii, 9. Du temps d’Esdras, 80 autres membres de cette famille retournèrent avec lui en Palestine avec Zébédias, fils de Michaël, à leur tête. I Esd., viii, 8.

7. SAPHATIA (Septante : Salaria), un des « serviteurs de Salomon », dont les descendants retournèrent de captivité en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 57 ; II Esd., vii, 59.

8. SAPHATIAS (Septante : Salaria), descendant de Phares, de la tribu de Juda, un des ancêtres d’Athaïas qui habita Jérusalem au retour de la captivité de Babylone. II Esd., xi, 4.

9. SAPHATIAS (Septante : Saçavt* ; ), fils de Mathan, un des principaux de Juda qui, ayant entendu les prophéties que Jérémie faisait au peuple, conseilla au roi Sédécias avec quelques autres de mettre en prison le prophète qui fut délivré par l’intervention de l’Éthiopien Abdémélech. Jer., xxxviii, 1-13.

    1. SAPHIR##

SAPHIR (hébreu : Safîr ; Septante : xiXrâç ; Vulgate : pulchra), une des villes sur le nom desquelles

joue Michée, I, 11 : « Passe, habitante de Sàfir ; dans la nudité et la honte. » Vulgate : Transite vobis, habitatio Pulchra, confusa ignominia. Saint Jérôme, dans son commentaire, In Mich., i, 11, t. xxv, col. 1159, et dans Liber, de situ et nom., t. xxiii, col. 921, l’appelle Saphir. Cette ville n’est nommée nulle autre part dan s l'Écriture. Eusèbe et saint Jérôme la placent dans les montagnes entre Éleuthéropolis et Ascalon, dans la tribu de Juda. Le site est incertain. D’après les uns, c’est Es-Sawafir ou Es-Sûd/ir au nord-est d’Ascalon (Gesenius, Thésaurus, p. 1460), mais ce village est dans la plaine, et non dans la montagne, et cette identification ne s’accorde pas avec celle de YOnomasticon d’Eusèbe. D’autres, comme Tobler, Dritte Wanderung, 47, croient que Saber est l’ancien Saphir, mais comme ce village est près de Es-Sawa/ir, cette opinion est sujette aux mêmes difficultés que la précédente. Toutes les autres hypothèses qui ont été faites sont également sujettes à objection. Voir Palestine Exploration Fund, Memoirs, t. ii, p. 413

    1. SAPHIR##

SAPHIR (hébreu : sappîr ; Septante : erârccpEipoç ; Vulgate : sapphirus), pierre précieuse de couleur bleue.

Le saphir proprement dit est un corindon hyalin d’un beau bleu dont les nuances vont du très foncé jusqu’au clair : c’est le bleu d’azur, limpide, velouté qui est le plus recherché. Le saphir est une alumine cristallisée presque pure dont la coloration est due à l’oxyde de fer. Il tient le milieu entre le translucide et le transparent. Le vrai saphir ou saphir oriental est d’une très grande dureté, égale et souvent supérieure à celle du rubis. Sa pesanteur spécifique est 4, 1. Extrêmement difficile à graver, il ne se laisse entamer que par la pointe de diamant. Sa cristallisation est celle des corindons. Voir Rubis, col. 1262, fig. 267. Pour sa couleur voir la planche en face de la col. 424.

Les anciens ont donné le nom de saphir à des pierres ou des substances bien différentes, en particulier au lapis-lazuli. Cette substance minérale d’un bleu foncé ou d’azur est souvent parsemée de pyrites brillants qui ont l’air de poussière d’or. C’est un silicosulfate d’alumine et de soude avec un peu de sexquioxyde de fer. Sa pesanteur varie de 2, 767 à 2, 945. Cette pierre est opaque, mais translucide sur les bords quand elle est amincie. On la rencontre parfois en très gros morceaux, et elle se laisse graver sans trop de difficulté. Le lapislazuli est rare en cristaux : ceux-ci sont des dodécaètres rhomboïdaux simples ou modifiés sur les arêtes ou les angles. Pour la couleur, voir dans l’article Pierreries la planche placée en face de la col. 424.

Devons-nous voir dans le saphir des textes bibliques le vrai saphir ou le lapis-lazuli ? Le mot sappir, toujours traduit uâicçeipo ; par les Septante et sapphirus par la Vulgate, se rencontre 13 fois dans la Bible avec des qualités plus ou moins caractéristiques. C’est une pierre précieuse d’un grand prix, mais qui ne peut valoir la Sagesse. Job, xxviii, 16. À un saphir taillé et poli, Jérémie, Lam., iv, 7, compare les princes d’Israël bien pris dans leur taille et revêtus de splendides vêtements. Le sein de l'époux des Cantiques, v, 14, est comparé à un chef-d'œuvre d’ivoire couvert de saphirs. La cinquième pierre du rational, la deuxième du second rang, était un saphir. Exod., xxviii, 17 ; xxxix, 13. Le nom gravé sur cette pierre serait Dan (cf. col. 424). Le saphir figure parmi les pierreries qui enrichissaient les vêtements du roi de Tyr. Ezech., xxviii, 13. Les portes de la Jérusalem céleste seront de saphirs et d'émeraudes, d’après le texte de la Vulgate, Tobie xiii, 21. Le texte grec de ce passage diffère et porte : « Jérusalem sera bâtie de saphir et d'émeraude ; ses places seront pavées de béryl, d’escarboucle et de pierres de souphir

(saphir). » La même idée se trouve développée dansls., Liv, 11 : « La nouvelle Sion a ses fondements de saphir, ses créneaux de rubis et ses portes de cristal, s Dans la cité céleste décrite dans l’Apocalypse, xxi, 19, la deuxième pierre fondamentale est un saphir. Dans la vision d'Ézéchiel, i, 26 et x, 1, au-dessus des chérubins s'étendait un firmament et sur le firmament on voyait « comme une pierre de saphir en forme de trône. » De même lorsque Moïse et les anciens contemplent le Dieu d’Israël, Exod., xxiv, 10, ils voient sous ses pieds « comme un ouvrage de saphir, pur comme le ciel même ». D’après ces textes nous pouvons conclure que le saphir hébreu est une pierre très précieuse, d’une belle couleur bleue, qui se laisse assez aisément graver et peut parfois se trouver en très gros morceaux. Le livre de Job, xxviii, 6, nous offre une description très caractéristique du saphir. En montrant l’homme pénétrant jusque dans les entrailles de la terre pour en extraire les pierres précieuses il écrit :

Les roches sont la demeure du saphir, Qui renferme de la poudre d’or.

on ne peut mieux indiquer le lapis-lazuli. Seul parmi les pierres bleues, le lapis-lazuli est semé de petites paillettes de soufre, qui au regard simulent parfaitement l’or. Ni la turquoise ni le vrai saphir ou saphir oriental n’ont ce caractère. De plus les Hébreux ne connaissant pas le vrai diamant, n’auraient pu graver le saphir, au lieu qu’ils pouvaient très bien, à l’exemple des Égyptiens, tailler et graver le lapis-lazuli. Les

Égyptiens nommaient cette pierre

J~

hesbed Ils s’en servaient pour fabriquer quantité d’amulettes et de parures ; ils en employaient les morceaux broyés et réduits en poudre pour faire la couleur bleue. Ils allaient le chercher dans la terre de Pouantt, c’est-àdire en Afrique sur la côte des Somalis.

Le lapis-lazuli était aussi importé de l’extrême Orient par la Médie, en Assyrie ou à Babylone. Dans ces pays, le bleu dont on se servait pour former le fond des émaux, était du lapis-lazuli pulvérisé. Victor Place, Ninive et l’Assyrie, t. ii, p. 253 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, . p. 239. La description d'Ézéchiel, i, 26 et x, 1, a ainsi parfaitement la couleur locale.

Le saphir des anciens est donc d’ordinaire le lapislazuli. Lorsqu’il parle des pierres qu’on taillait pour en faire des sceaux, Théophraste, De lapid., 23, cite le o-omopeipo ; et le décrit comme une pierre bleue foncée, qui est comme semée d’or. Pline, H. N., XXxvii, 39, dit de même que le saphir est bleu et brille de points d’or. Cependant comme pour le hesbed égyptien et le o-âitçsipo ; grec, il est impossible que le mot hébreu sappir soit compris parfois avec le lapis-lazuli, d’autres substances bleues. Plusieurs auteurs croient que ce mot désigne dans les textes bibliques le vrai saphir : cela ne peut guère se justifier dans des textes où l’on suppose que cette pierre était gravée, comme dans la description du rational. Le vrai saphir est certainement exclu aussi dans la description d'Ézéchiel et surtout dans le texte de Job qui suppose la pierre parsemée de paillettes d’or. Mais dans des textes comme l’Apocalypse, xxi, 19, il n’y a rien qui permette d'écarter le saphir oriental, bien que le lapis-lazuli puisse parfaitement convenir. Voir J. Braun, Vestitus sacerdotum hebrseorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 670-683 ; C. R. Lepsius, Les métaux dans les inscriptions égyptiennes, trad. Berend, in-4°, Paris, 1877, p. 29-39 ; Clément-Mallet, Essai sur la minéralogie arabe, in-8°, Paris, 1868, p. 163-173 ; Ch. Barbot, Guide pratique du joaillier, Ed. Baye, in-12, Paris, s. d. ; F. Leteur, Traité élémentaire de minéralogie pratique, in-4°, Paris, p. 97130. E. Levesque.

    1. SAPHIRE##

SAPHIRE (grec : Saïuçsfpti, derâiripecpoî, « saphir » d’après les uns, ou « belle », d’après la signification syriaque du mot), femme d’Ananie, qui ayant vendu un champ avec son mari, se concerta avec lui pour tromper les Apôtres et la communauté chrétienne sur le prix, de la vente ; elle fut punie comme lui par une mort soudaine, afin de servir d’exemple aux premiers chrétiens. Act., v, 1-10. Voir Ananie 6, t. i, col. 540.

    1. SAPHON##

SAPHON (hébreu : Sâfôn, « nord » ; Septante : Saçâv), ville de la tribu de Gad, à l’est du Jourdain. Jos., xiii, 27. Elle est aussi probablement nommée Jud., xii, 1, où nous lisons Sefônâh avec le hé local et où il faut traduire « à Saphon » et non « au nord », ù ; poppdtv, comme on lit dans le Valicanus. VAlexandrinus a Ksçspà et Lucien, Ssïiïivix, parce qu’ils n’ont pas séparé le hé local du nom propre. Vulgate : contra aquilonem. — Saphon avait fait partie du royaume de Séhon, roi d’Hésébon. Le site de cette ville n’a pas été retrouvé.

    1. SAPIENTIAUX##

SAPIENTIAUX (LIVRES), nom donné aux livres de l’Ancien Testament qui s’occupent spécialement de la sagesse dans le sens religieux que lui donne l’Écriture, c’est-à-dire de la connaissance des choses divines et morales : ce sont les Proverbes, l’Ecclésiaste, l’Ecclésiastique, la Sagesse. Un docteur de Sorbonne, Jérôme Besoigne (1686-1763), a publié une Concorde des livres de la Sagesse ou la Morale du Saint-Esprit, in-12, Paris, 1737. Voir Besoigne, t. i, col. 1641.

    1. SAPIN##

SAPIN (Vulgate : abies), traduction du beroS hébreu dans une dizaine de passages de l’Écriture.

I. Description. — On a souvent confondu sous ce nom des arbres appartenant à des groupes variés de Conifères, mais il doit s’appliquer spécialement aux genres Abies et Picea, distingués par Link et qui ont en commun une cime élancée, pyramidale, à branches étalées, couvertes de nombreuses petites feuilles solitaires et persistantes en aiguille courte et rigide. La floraison a lieu au printemps, et les cônes mûrissent la même année. Ceux des Abies sont dressés au sommet de rameaux latéraux, tandis qu’ils sont pendants chez les Picea. Les feuilles des premiers sont plus ou moins comprimées et paraissent distiques par suite d’une torsion horizontale le long des rameaux ; celles des Picea, au contraire, sont cylindracées ou tétragones disposées suivant une spirale plus régulière, et articulées sur un cousinet proéminent qui persiste après leur chute.

Les sapins d’Asie Mineure se rapportent à 2 espèces répandues surtout dans les régions montagneuses de l’Anti-Taurus et du Liban. Le Picea orientalis (fig. 298) diffère de l’Épicéa d’Europe par ses feuilles plus courtes, d’un vert sombre, et ses cônes plus grêles atteignant à peine 1 décimètre de longueur. De même V Abies cilicica (fig. 299) ressemble à notre sapin argenté des Vosges avec un port plus effilé et des branches relativement courtes. Les cônes, au contraire, sont plus longs et plus gros, tandis que leurs bractées sont courtes et demeurent cachées sous les écailles. F. Hy.

II. Exégèse. — On ne trouve pas dans la Bible hébraïque de nom distinct pour le sapin ; il existait cependant des sapins, particulièrement dans la région du Liban, et il en existe encore. Comme chez nous on a sons le nom de sapins confondu souvent plusieurs espèces de conifères. Par contre dans la région orientale le vrai sapin pouvait être compris sous certaines dénominations qui avec un sens précis, ont aussi un sens populaire, plus vague et plus général. C’estce qui explique comment les versions ont pu comprendre dans le beros hébreu, « le cyprès ï par exemple, plusieurs autres


conifères, comme le genévrier, le pin et le sapin. La Vulgate en particulier a dix fois rendu berôs par abies, « sapin ». IV Reg., six, 23 ; Is., xiv, 8 ; xxxvii,

-.* »

298. — Picea orientalis.

24 ; xli, 19 ; lv, 13 ; lx, 13 ; Ezech., xvvii, 5 ; xxxi, 8 ; Ose, , xiv, 9 ; Zach., xi, 2. Voir Cyprès, t. ii, col. 1173. Dans la Genèse, xxi, 15, le mot êiah, « buissons », rendu arbor par la Vulgate, est traduit llâvi, « sapin », par les Septante. Il est à remarquer que Josèphe, Ant.jud.,

299. — Abies cilicica.

I, xiii, 3, se sert également du mot grec êXocty ; . Faut-il voir ici l’influence du mot arabe -^w, Suh, qui désigne

VA bies cilicica ? On sait que les Arabes ont emprunté aussi du grec le nom du sapin qu’ils appellent élati.

E. Levesque. SARA, nom de quatre femmes dans la Vulgate. Deux d’entre elles s’appellent en hébreu Sérah et Sê’herâ.’1. SARA (hébreu : Sdrdh, « princesse » ; Septante : Eotp^a), femme d’Abraham. Elle s’appelait d’abord

V. —47

Saraï. Elle est nommée pour la première fois lorsque Abraham l’épousa. Gen., xi, 29. Il nous apprend lui-même, XX, 12, qu’elle était sa sœur par son père, mais fille d’une autre mère. D’après la tradition juive, attestée parjosèphe, Ant. jud., i, vi, 9, et saint Jérôme, Quœst. heb. ad Gen., t. xxiii, col. 956, Saraï étail fille de Haran et sœur de Lot, et appelée aussi « Jesca, 6uwvj|M>v ». Abraham l’emmena avec lui dans la terre de Chanaan, XII, 5, et ensuite en Egypte, quand la famine l’obligea de s’y réfugier. Il ne la présenta dans ce pays que comme sa sœur, craignant que s’il la reconnaissait en même temps comme sa femme, il n’eût à souffrir à cause d’elle. Il en résulta qu’elle lui fut enlevée et conduite au pharaon, mais il la lui rendit, après lui avoir reproché sa conduite, quand Dieu lui eut révélé la vérité. Gen., xii, 10-20. Voir Abraham, t. i, col. 76. Vingt ans plus tard, Sara courut le même danger à Gérare, et lorsque le roi Abimélech eut connu surnaturellement qu’elle était la femme d’Abraham, il la lui rendit en lui reprochant de ne lui avoir pas fait connaître la vérité, Gen., xx.

Sara étant stérile avait demandé elle-même à Abraham de prendre Agar sa servante pour femme, mais Dieu lui ayant accordé ensuite à elle-même un filslsaac, elle fit chasser Agar et son fils Ismaël, xvi. — Son histoire se confond avec celle d’Abraham. Elle mourut à l’âge de cent vingt ans à Hébron et fut ensevelie dans la caverne de Macpélah qui fut achetée pour lui servir de tombeau. Voir Abraham. — Isaïe, ii, 2, fait allusion à Sara comme mère du peuple élu. Sara est mentionnée aussi par saint Paul, Rom., iv, 19 ; ix, 9 ; cf. Gen., xviii, 14 ; il la présente, Gal., iv, 21-31, comme figurant par son fils Isaac la liberté des chrétiens. Saint Pierre loue sa soumission à son mari. I Petr., iii, 6.

2. SARA (hébreu : Serai} ; Septante : Sapa, Sopé, etc.), fille d v Aser, petite-fille de Jacob. Gen., xlvi, 17 ; Num., xxvi, 46 ; I Par., vii, 30.

3. SARA (hébreu : Sé’érâh ; Alexandnnus : Eaotpâ ; Vaticanus : xai Iv êxet’voiç toï{ xara/ofaoïc), fille d’Éphraïm, qui bâtit ou plutôt rebâtit Béthoron-le-Haut et Béthoron-le-Bas et Ozensara. Voir ces mots. I Par., vii, 24.

4. SARA (Septanle : Eappâ), fille de Raguel et femme de Tobie le jeune. Quand l’ange Raphaël délivra Tobie, auquel il servait de guide, du poisson qui avait failli le dévorer sur les bords du Tigre, il lui recommanda d’en conserver le cœur, le foie et le fiel, Tob., vi, et quand ils furent arrivés à Ecbatane, il lui fit épouser sa cousine Sara, après lui avoir indiqué le moyeu d’exorciser le démon qui avait déjà fait mourir, la nuit même des noces, les sept époux qui avaient été donnés à Sara. Tob., VU. Selon le conseil de Raphaël, Tobie brûla le cœur et le foie du poisson qu’il avait conservés ; le démon Asmodée, 1. 1, col. 1103, chassé par ce moyen providentiel, fut saisi et enchaîné par l’ange Raphaël dans la Haute-Egypte et les deux nouveaux époux passèrent la nuit en prières. Tob., viii, 1-10. Raguel, qui croyait que Tobie serait frappé de mort, heureux de trouver son gendre sain et sauf, lui fit de grandes fêtes pendant quinze jours. Au bout de ce temps, les nouveaux mariés partirent pour Ninive. Tobie le père, guéri de sa cécité par le fiel du poisson conservé par son fils, accueillit sa belle-fille, avec Anne sa femme, en la comblant de bénédictions. Tob., xi. Les deux jeunes époux demeurèrent à Ninive jusqu’à la mort de Tobie et de sa femme Anne et, sur le conseil qu’il leur avait donné avant d’expirer, ils retournèrent auprès de Raguël et de son épouse. Ils les assistèrent à leurs derniers moments et moururent enfin eux-mêmes comblés de jours. Tob., xm.

    1. SARAA##

SARAA (hébreu : Sor’âh ; Septante : Eapà8, Eapaa), ville de la tribu de Dan, patrie de Samson. Voir t. ii, col. 1233, 1. Elle est mentionnée dans le voyage du Mohar égyptien, sous le nom de Zaran, d’après M. Sayce, Higher Critlcium and the Monuments, p. 344, et dans les lettres de Tell-el-Armana, H. Winckler, dans la Keilinschriflliche Bibliotek, t. v, 1896, n. 173 ; Flinders Pelrie, History of Egypt, t. iii, n. cxlix, p. 307, sous le nom de Zarkha. Il y est dit qu’elle est attaquée par les Khabiri.

Elle avait été comptée d’abord parmi les villes de la SéphélaattribuéesàJuda, Jos., xv, 33 (Vulgate : Sarea) ; elle fut ensuite attribuée à Dan. Jos., xix, 41. « Ce village compte trois cents habitants, dit V. Guérin, Judée, t. ii, p. 15. Il couronne une colline dont les flancs rocheux sont percés de plusieurs, grottes sépulcrales. Une source y porte la désignation de’Ain Merdhoum… Bien que située sur une colline assez élevée, le village actuel de Sara’a est effectivement en dehors du massif proprement dit des monts de Judée. Elle fut la patrie de Manué, père de Samson. Jud., xm, 2. Ce fut là qu’il naquit lui-même, annoncé d’avance à ses parents par l’apparition d’un ange, qui leur avait prédit sa grandeur future, s’il observait les prescriptions qui lui étaient faites. Après sa mort, Samson fut rapporté de Gaza par ses frères et ses proches et enseveli par eux entre Sara’a et Esthaol, dans le sépulcre de son père Manué. » Jud., xvi, 31. « Entre Achoua’(Esthaol) et… Saraa, les musulmans vénèrent depuis des siècles un oualy qui porte, il est vrai, vulgairement le nom d’oualy Cheikh Gherib, mais qui m’a été désigné pareillement, dit V. Guérin, ibid., p. 14, sous celui de… tombeau de Samson. » Manué, comme beaucoup de Juifs, devait avoir son tombeau, dans son héritage. — Parmi les Danites qui s’emparèrent de l’idole de Micha et s’emparèrent de Laïs, il y en avait qui étaient originaires de Saraa. Jud., xviii, 2, 8, 11. — Roboam fortifia Saraa à cause de sa situation. II Par., xi, 10-11. — II Esd., xi, 29, nous apprend que des Israélites de la tribu de Juda s’établirent à Saraa au retour de la captivité.

    1. SARABIA##

SARABIA (hébreu : Sérébxjâh ; Septante : Eapaëîa), un des lévites qui se joignirent à Esdras sur les bords du fleuve Ahava pour retourner en Palestine, avec ses fils et ses frères. I Esd., viii, 18. Il fut chargé avec onze autres lévites de la garde des trésors, or, argent et vases sacrés offerts au Seigneur, jL 24. Quand Esdras exposa la Loi au peuple, il fut un de ses assistants, II Esd., viii, 7 (Vulgate : Serebia) ; il prit part aux prières qui eurent lieu ensuite, IX, 4, et il scella l’alliance avec Dieu, x, 12. Son nom figure encore, xii, 8, 24, dans la liste des chefs des Lévites qui chantaient les louanges du Seigneur. La Vulgate, xii, 8, écrit son nom Sarebia, et ꝟ. 14, Sérébia.

    1. SARAI##

SARAI, nom de deux personnes et nom des habitants d’une ville dans la Vulgate.

1. SARAI (hébreu : Saraï ; Septante : Sapa), premier nom de la femme d’Abraham, ainsi appelée de Gen., xl, 29 à Gen., xvii, 15. Dieu l’appela Sara, quand il changea le nom de son mari. Voir Sara 1. Gen., rvn, 5, 15 :

2. SARAI (hébreu : Saraï ; Septante : EapioC), un des fils de Bani qui renvoya du temps d’Esdras la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., ix, 34.

3. SARAÏ’(hébreu : has-Sore’i : Septante : ’H<r » p : ’), probablement habitant de Saraa. I Par., ii, 54. Voir Saraa, ci-dessus. Le passage où est nommé le Sore’i est obscur et paraît altéré dans le texte original. D’après les Septante, c’est un nom d’homme.

    1. SARAÏA##

SARAÏA, SARAÏAS, nom de douze Israélites. Ce nom est écrit en hébreu èerdyâh ; une fois Serdyâhû. Jer., xxxvi, 26.

1. SARAIAS (Vatieanus : Hueâ ; Alexandrinus : 2apxîa ; ), secrétaire du roi David. II Reg., viii, 17.

2. SARAIAS (Septante : Sotpaéac), grand-prêtre sous le règne de Sédécias. I Par., vi, 14, Il fut emmené prisonnier de Jérusalem par Nabuzardan, chef des gardes de Nabuchodonosor après la prise de la ville et conduit à Rebla (Reblatha), col. 999, avec plusieurs autres prisonniers que le roi de Babylone lit mettre à mort. IV Reg., xxv, 18 ; I Par., vi, 14 ; Jer., lii, 24.

3. SARAÏA (Septante : Sape’oeç), fils de Thanehumeth, le Nétophatite, IV Reg., xxv, 23, un des principaux Juifs qui alla trouver à Maspha, avec plusieurs autres, Godolias, gouverneur du pays pour Nabuchodonosor, et, sur son conseil, resta dans le pays. Dans Jérémie, qui raconte le même fait, XL, 8, la Vulgate écrit Saréas.

4. SARAÏA (Septante : 2apa’; a), flls de Cénez, de la tribu de Juda, et père de Joab, qualifié de « père de la vallée des artisans ». I Par., IV, 13-14. Voir JOAB 2, t. iii, col. 1549.

5. SARAÏA (Septante : EocpaG ; Alexandrinus : Sapai’a), chef d’une famille de la tribu de Siméon, un des ancêtres de Jéhu.Voir Jéhu4, t. iii, col. 1247. IPar., iv, 35.

6. SARAlA (Septante : Expouaç), un des Juifs captifs à Babylone qui retourna en Palestine avec Zorobabel. I Esd., Il, 2. Dans II Esd., vii, 7, il est appelé Azarias. Voir Azarias 25, t. i, col. 1301.

7. SARAIAS (Septante : Sapaio-j), père ou ancêtre d’Esdras, le scribe. Voir Esdras 1, t. ii, col. 1929.

I Esd., vil, 1.

8. SARAIAS (Septante : uiôç’Apai’a ; Alexandrinus : uiô ; Sapaia), un des prêtres qui signèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie, II Esd., x, 2.

9. SARAlA (Septante : Eapaîa), flls d’Helcias, prêtre.

II habita Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone. II Esd., xi, 11. Dans I Par., ix, 11, il est appelé Azarias. Voir Azarias 10, 1. 1, col. 1299.

10. SARAlA (Septante : Sapata), chef d’une famille sacerdotale qui revint de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. II Esd., XII, 1. Sous le pontificat de Joacim, Maraïa (t. iv, col. 712), était à la tête de cette famille, ꝟ. 12.

11. SARAlA (hébreu : Èerdyâhû ; Septante : Sapaïa), fils d’Ezriel. C’était un officier du roi de Juda, Joakim, qui reçut de ce prince avec Jérémiel et Sélémias l’ordre d’arrêter Jérémie et Baruch, mais les deux prophètes se cachèrent. Jer., xxxvi, 26..

12. SARAÏA (Septante : Sapas* ; ), fils de Nérias et frère de Baruch. Il est qualifié du titre de sar menûhâh, que la Vulgate traduit par princeps prophétise (Septante : ap^wv ôtôpwv, « chef des dons » ), et que les commentateurs expliquent très diversement. L’explication la plus vraisemblable est celle d’après laquelle tar menûbdh, « chef du repos », est celui qui est chargé de régler les étapes d’une caravane en marche. Il accompagna le roi Sédécias à Babylone, lorsque ce prince se rendit à Babylone, pour rendre hommage à Nabuchodonosor. Saraïas eut sans doute la fonction de régler ce qui concernait les campements et les étapes

pendant le voyage. Jérémie lui confia un rouleau dans lequel il avait écrit la prophétie de la ruine de Babylone et il le chargea, après avoir lu son oracle, de l’attacher à une pierre et de le jeter au milieu de l’Euphrate, en signe du sort qui était réservé à cette ville. Jer., li, 59-64.

    1. SARAIM##

SARAIM (hébreu : Sa’âraîm ; Sepfante : Saxocpîp., Jos., xv, 36 ; t<5v icuXwv, I Reg., xvii, 52), ville de Juda dans la Séphéla. Elle est confondue avec Saarim par beaucoup d’interprètes, mais il convient de les distinguer. Voir Saarim, col. 1285. Saraïm est mentionné entre Azéca et Adithaïm. Jos., xv, 35-36. Lorsque les Philistins s’enfuirent après la victoire de David sur Goliath, les Israélites les poursuivirent et en frappèrent un grand nombre sur la route de Saraïm à Geth et à Accaron. I Reg. (Sam.), xvii, 52.

    1. SARAITES##

SARAITES (hébreu : Sai’e'àtî ; Septante : 2 « pa8aîot), habilants de Saraa. I Par., ii, 53. Voir Saraa, col. 1476.

    1. SARAMEL##

SARAMEL, nom dans les Septante qui est diversement interprété. La Vulgate porle Asaramel. Voir ce mot, 1. 1, col. 1057.

    1. SARAPH##

SARAPH, nom d’homme que la Vuîjate a traduit par Incendens. I Par., iv, 22. Voir Incendiaire, t. iii, col. 864.

    1. SARAR##

SARAR (hébreu : Sdrâr ; Septante : ’Apotf), Arorite, père d’un des vaillants guerriers de David appelé Aïam dans II Reg. (Sam.), xxiii, 33. Le nom de Sarar est écrit Sachar dansl Par., xi, 35. Voir Sachar 1, col. 1309.

    1. SARASAR##

SARASAR, nom d’un Assyrien et d’un Juif.

1. SARASAR (hébreu : Sar’ésér ; Septante : Sapâcrap), fils de Sennachérib, roi d’Assyrie. Avec son frère Adrammélech, il tua son père dans le temple de Nesroch (t. iv, col. 1608) et s’enfuit ensuite en Arménie. IV Reg., xix, 37 ; Is., xxxvi, 38. Cf. II Par., xxxii, 21 ; xxxiii, 24. Le P. Scheil, Zeitschrift fur Assyriologie, t. xi, 1896, p. 427, rapproche son nom de celui d’un fils de Sennachérib, appelé AsSur-Sum-usabSî, mentionné sur une brique. Son petit-fils Assurbanipal fait allusion dans ses inscriptions à l’assassinat de Sennachérib à Babylone. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, 3e édit. par H. Zimmern et H. Winckler, Berlin, 1905, p. 85. D’après la Chronique babylonienne, , i, 34, Sennachérib fut tué par son fils dans une insurrection le 28 tébeth (vers 681). Cf. t. i, col. 240. Voir H. Winckler, KeUinschriflliches Textbuch zuni Alten Testanient, in-8°, 2e édit., Leipzig, 1903, p. 6465. Polyhistor (Bérose) et Abydène mentionnent aussi l’assassinat du roi d’Assyrie, mais ils ne nomment aussi qu’un de ses fils, dont le nom rappelle celui d’Adramélech. Voir Adramélech i, 1. 1, col. 239. Bérose, fragm.12 ; Abydène, fragm. 7, dans Didot, Hist. grsec. fragmenta, t. ii, col. 401 ; t. iv, col. 282.

2. SARASAR (hébreu : Sar’ésér ; Septante : Sapàoap), personnage nommé avec Rogommélech dans le prophète Zacharie, vii, 2. Ce passage est obscur et diversement interprété par les anciens traducteurs. Hébreu : « On avait envoyé à la maison de Dieu Sar’ésér et Régém Mélék avec ses gens. » Septante : « Et envoya à Béthel Sarasar et Arbéséer le roi (’Apëso-eèp ô flacreXe-jç) et ses hommes… » Vulgate : « Sarasar et Rogommélech et les hommes qui étaient avec lui envoyèrent à la maison de Dieu… » Dans la version latine, Sarasar et Rogommélech sont donc ceux qui envoient ; dans le texte hébreu ce sont ceux qui sont envoyés. Dans les Septante, Bêf’El est traduit comme nom de lieu ;

Rogommélech disparaît, la première partie du nom est transformée en Arbéséer et la seconde est considérée comme un titre, mélék, signifiant « roi ». La version syriaque transforme Rogommélech en Rabmag. Ce dernier mot est un titre babylonien (voir Rebmag, col. 999) et il est possible que Rogommélech cache en effet sous sa forme défigurée par les copistes qui n’en comprenaient pas la signification’, le titre de Sarasar : le pronom qui suit, cum eo, « avec lui », est au singulier et l’on peut induire de là qu’un seul personnage est nommé, et non deux.

    1. SARATHASAR##

SARATHASAR (hébreu : Séréf ha$-Sahar ; Vaticanus : SapaSà xal Sirâv ; Alexandrinus : Eàp8 xat Eifip), ville de la tribu de Ruben. Jos., xiii, 19. — Cette localité était située « à la montagne de la vallée », be-har hâ-’Êmèq, in monte convallis, c’est-à-dire à la montagne qui borde la dépression du Ghôr, appelée, en

300. — Bains de CalUrhoé.

D’après la carte mosaïque de Mâdaba.

effet, « la Vallée », ’Êmég, au même endroit, xiii, 27. — Les anciens Arabes ont connu, près de la mer Morte, un lieu du nom de Sàrah ou Sârat, où était un hamfhéh, des « sources chaudes et des bains ». Cf. El-Muqaddasi, Géogr., édit. de Goeje, Leyde, 1877, p. 185186. Au XIIe siècle, Edrisi mentionne ez-Zdrat qui rivalisait avec Sughar (Ségor) pour le commerce des dattes, dont venaient s’emplir les barques qui circulaient sur la mer Morte. Géogr., édit. Gildemeister, Bonn, 1885, p. 3. Sârah, souvent prononcé aussi Zârah, est encore célèbre chez les Bédouins à l’est du Jourdain et « les bains de Sârah », hammam es-Sârah, sont particulièrement renommés chez eux. Ce lieu forme, entre l’ouadi Zerqâ-Mâ’în au nord et l’ouadi Môdjeb, l’ancien Arnon, au sud, comme la base, à l’occident et sur le bord de la mer Morte, des montagnes escarpées au sommet desquelles s’élevait Mâchéronte. Les palestinologues s’accordent assez généralement aujourd’hui

pour reconnaître dans Sârah, l’antique Sarathasar.

On l’identifiait généralement autrefois avec Hammam ez-Zerqâ, voir Callirhoé, t. ii, col. 69 ; mais cf. Procurrteurs romains, col. 702. Sârah est représentée sur la carte-mosaïque de Mâdaba (fig. 300 ; cf. fig.180, col. 696), comme une région plantée de palmiers, où se voient des courants d’eau et des monuments représentant des bains ; elle y est inscrite sous le nom de t bains de Callirhoé », 6EPMA KAAAJPOHS. Ce nom, emprunté à Josèphe, Ant. jud., XVII, yi, 5, et Bell, jud., i,

xxxui, 5, et aux hellénisants du i « siècle, est en effet la traduction, non d’après la vocalisation des massorétes, mais d’après celle des Septante, de Sarat has-Sihôr. Sara{ ou Séréf est une abréviation pour Saharat, splendor, de la racine sahar, splenduit, et Sîhôr désigne incontestablement des « cours d’eau ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1189, 1393. Voir Moab, ii, t. iv, col. 1149, 1152. — Il faut lire, semble-t-il, ce nom : Sarat du Sihor, le Sihor désignant la région et Sarat la ville ou la bourgade qui fut attribuée à Ruben.

— Vers le milieu du plateau incliné, arrosé par les sources thermales et minérales, se voit un emplacement entouré d’épines de séder. C’est l’endroit où les Bédouins de Mekdûer dressent leurs tentes, quand ils viennent pendant l’hiver habiter Sârah avec leurs familles et leurs troupeaux. On y remarque des pierres alignées qui pourraient être les derniers arasements des maisons de l’antique Sarathasar. Sur une terrasse supérieure du pied de laquelle, à 2 kilomètres du rivage, sort une source thermale, à 43° de température, on trouve les restes d’une construction rectangulaire de 31 mètres de longueur et de 20 mètres de largeur, appelée encore du nom A’Es-Sdrâh. À 2 kilomètres plus au nord, un tell semble indiquer une autre forteresse. Plus près du rivage, on remarque les restes d’une construction carrée dont il subsiste une ou deux assises, formées de pierres d’assez grand appareil et très régulièrement taillées. Les Bédouins la désignent par le nom de Kheréïbet es-Sârah, « la petite ruine de Sârah ». Sont-ce des débris de la Callirhoé du l" siècle ? C’est possible. — En ce lieu aurait été, selon le Talmud de Jérusalem, Megillah, ! , et le targum de Jonathan, Gen., x, 19, l’ancienne Lésa, l’œuvre d’Hérode, d’après la conjecture, appuyée sur le récit de Josèphe, du rabbin Schwarz, Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1900, p. 266 ; cf. Lésa, t. iv, col. 187. Rien, en effet, n’empêche que Lésa n’ait été au ëifyôr du rivage oriental de la mer Morte, simultanément avec Sârah ; mais il semble bien que c’est à cette dernière que l’on doit rapporter le nom de Callirhoé. Il n’est pas douteux non plus qu’il n’y ait eu là, quand Hérode y vint aux eaux, des constructions dans son goût et celui de l’époque. On n’en voit toutefois point d’autre trace, ni des monuments figurés sur la carte de Mâdaba, que les ruines dont il a été question. Il est à croire que, se trouvant dans le Ghôr, ou la partie de la vallée bordant la mer Morte, ils auront été submergés par les eaux de ce lac, dont le niveau ne cesse de s’élever. — Voir Aloïs Musil, Arabia Petrœa, Moab, Vienne, 1907, p. 239-241 et 252-253 ; F. Buhl, Géographie des alten Palastina, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 123-124, 268. L. Heidet.

    1. SARATHI##

SARATHI (hébreu : has-$or’âtî ; Septante : ’ApaSi), habitant de Saraa. I Par., iv, 2. Les Saraïtes sont appelés has-Sor’atî ; o>. Sapocôatai ; Saraitse, IPar.. ii, 53, et probablement aussi has-Sôr’î ; ’Hoapf ; Saraï, jt. 54. Voir Saraï, col. 1476 ; Saraïtes, col. 1478.

    1. SARCOPHAGE##

SARCOPHAGE, tombeau en pierre dans lequel on ensevelissait les cadavres en Egypte, en Phénicie, etc. Voir fig. 301. Le « lit de fer » d’Og, roi de Basan, Deut., iii, 10, est, d’après l’explication la plus vraisemblable, le sarcophage en basalte où était couché son cadavre. Voir Og, t. iv, col. 1759. Cf. Tombeau.

    1. SARCOPTE##

SARCOPTE, insecte du genre arachnide et de l’ordre des acarides. Cet insecte est l’agent producteur de la gale. Voir Gale, t. iii, col. 82 et la figure 12. Il est d’un blanc laiteux et mesure un tiers de millimètre de long sur un quart de large. Il a quatre paires de pattes garnies de soies rigides, ainsi que tout le corps, ce qui rend très douloureuse la présence de l’insecte sous la peau. Il s’insinue entre le derme et l’épiderme,

dans les endroits où la peau est le plus mince, et il y trace des sillons au fond desquels il se blottit pour n’en sortir que la nuit, sous l’effet de la chaleur. Son nom, qui vient de o-âp ?, « chair », et de xotitw, « couper », est donc bien mérité. Beaucoup de mammifères et d’oiseaux ont aussi leur sarcoptidés ; le cheval en possède même deux espèces différentes. Les espèces diverses des sarcoptidés peuvent passer des animaux à l’homme et réciproquement, ce qui rend la contagion plus dangereuse. En 1834 seulement, le sarcopte fut signalé par Renucci comme la cause de la gale. Cette dernière n’est donc pas une simple maladie de la peau, comme on l’a cru longtemps. Pour guérir la gale, il faut débarrasser la peau et les vêtements des insectes et de leurs œufs. La loi mosaïque avait donc raison de prendre des mesures pour écarter ceux qui avaient la gale, hommes ou animaux. Lev., xxi, 20 ; xxii, 22.

provenait soit de sa puissance stratégique, dont elle donna des preuves très grandes, soit de ce qu’elle était bâtie sur une voie de communication de premier ordre, qui conduisait de l’intérieur de l’Asie Mineure aux côtes de la Méditerranée, soit enfin de son commerce considérable. L’ancien royaume de Lydie était très avancé sous le rapport des arts industriels, et Sardes était le t centre de manufactures nombreuses. Son industrie principale consistait dans la fabrication et la teinture des étoffes de laine, surtout des tapis. Les Grecs du vi B siècle avant notre ère allaient aussi lui demander une partie de l’or que lui fournissait le Pactole.

2° Histoire de Sardes. — Cette ville remontait à une haute antiquité. Tout porte à croire, en effet, qu’elle ne diffère pas de l’ancienne cité de Hyda, que mentionnait déjà Homère, H., ii, 864, et xx, 385, et qu’il place précisément au pied du mont Tmolos. Voir Strabon,

— Sarcophage phénicien. Musée du Louvre.

Cf. Van Beneden, Commensaux et parasites, Paris,

1883, p. 121, 122.
H. Lesêtre.

SARDE ou pierre de Sardes. Voir Cornaline, t. ii, col. 1007 ; Sardoine, col. 1484.

    1. SARDES##

SARDES (grec : SàpSeiç, au pluriel), une des villes les plus importantes de l’Asie Mineure avant l’ère chrétienne, capitale du royaume de Lydie, titre qu’elle conserva lorsque fut constituée la province romaine du même nom (fig. 302). Voir Lydie, t. iv, col. 449.

1° Situation et importance. — Elle était située dans

302. — Monnaie de Sardes.

KAISAP.EEBAS » ®. Buste deTibère.à droite.— « . LAP4IANQN

OniNAE. AKIAMΠdans une couronne.

la fertile vallée qu’arrose l’Hermos, à environ vingt stades et demi de ce fleuve, Arrien, Anab., i, 17 ; au pied du mont Tmolos, qui forme la chaîne principale de la Lydie. Strabon, XIII, iv, 15. C’est sur un éperon de cette montagne que se dressait l’acropole, sa citadelle, d’un accès très difficile, entourée d’un triple rempart et presque imprenable aux temps reculés. Le fameux Pactole, simple petit ruisseau qui se jette dans l’Hermos à environ 10 kil. de là, traversait son agora. Hérodote, v, 101. — L’importance dont elle jouit d’assez bonne henre et qu’elle conserva durant plusieurs siècles,

XIII, iv, 5 ; Pline, H. N., v, 29 ; Etienne de Byzance, édit. Dindorꝟ. 2 in-12, Leipzig, 1825, t. i, p. 440, et t. ii, p. 395. Les rois de Lydie y établirent leur résidence ; c’est sous le plus illustre et le dernier d’entre eux, Crésus, qu’elle atteignit le comble de la prospérité. Cf. Hérodote, v, 25 ; Pausanias, III, IX, 3. Lorsque ce prince eut été battu par Cyrus à Thymbrée (548 avant J.-C), elle servit de séjour aux satrapes persans placés à la tête du royaume conquis. Elle fut prise et détruite à deux reprises : d’abord par les Cimmériens, dans la première moitié du vu » siècle avant notre ère (vers 635) ; puis, en 498 avant J.-C, par les Ioniens assistés des Athéniens. Strabon, loc. cit. Xerxès passa dans les murs de Sardes l’hiver qui précéda sa campagne contre la Grèce (en 480). Lorsque Alexandre le Grand envahit l’Asie, la ville se rendit à lui sans résistance, après la bataille du Granique (334) ; il récompensa les habitants, en leur rendant leur autonomie et leurs anciennes institutions. Après la mort du conquérant, Sardes passa sous la domination d’Antigone jusqu’en 301, époque à laquelle elle tomba au pouvoir de Séleucus. Antiochus le Grand s’en empara en 218 ; mais il dut l’abandonner aux Romains, après avoir été défait par eux à Magnésie (190 avant J.-C). Cf. Polybe, iv, 48 ; v, 57. Elle fut alors incorporée au royaume de Pergame. Un terrible tremblement de terre la ravagea sous le règne de Tibère (17 avant J.-C) ; mais ce prince la fit immédiatement reconstruire. Cf. Tacite, Ann., Il, 47. Sa résurrection fut si prompte, que, d’après Strabon, XIII, iv, 8, elle ne le céda bientôt à aucune des cités d’alentour sous le rapport de la splendeur. Mais, avec les empereurs byzantins, elle perdit peu à peu de son importance, tout en demeurant encore prospère pendant une certaine période. Les Turcs parvinrent à s’en

emparer dès le xi= siècle. Tamerlan la prit à son tour en 1402, et la détruisit de fond en comble. Elle ne s’est jamais relevée de cette catastrophe (fig. 303). Le vaste emplacement de l’ancienne capitale lydienne n’a aujourd’hui de vie que grâce au misérable village de Sart, composé seulement de quelques huttes bâties au , milieu des ruines. Et celles-ci sont peu considérables, car « les terres éboulées des collines ou portées par les eaux courantes ont recouvert une grande partie de ÎSl ville antique. » E. Reclus, L’Asie antérieure, in-4°, Paris, 1884, p. 606-607. Celles des ruines qui sont restées visibles n’offrent qu’un intérêt très restreint. Elles datent surtout de la période romaine. Sur les bords du Pactole, se dressent deux colonnes solitaires, qui « Affermis ce qui reste et qui est près de mourir. » L’évêque et l’Église sont menacés d’un châtiment soudain, s’ils ne reprennent bientôt leur ferveur première. Il y avait néanmoins à Sardes quelques chrétiens dignes de ce nom, auxquels une belle récompense est promise. — Dans la suite, l’Église de Sardes eut à sa tête plusieurs évêques illustres, entre autres saint Méliton, qui fut au IIe siècle l’une des plus grandes lumières de l’Asie, et qui est spécialement célèbre par le canon des saintes Écritures qui porte son nom. Eusèbe, H. E., iv, 13, 26, t. xx, col. 337, 392-397. Voir F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., t. i, p. 89, n. 3 ; R. Cornely, lntrod. in libros.sacros, Paris, 1885, t. i, p. 76. Plus tard encore, les habitants de Sardes résistèrent

303. — Ruines de l’acropole de Sardes. D’après une photographie de M. Henri Cambournac.

appartenaient vraisemblablement au temple de Cybèle (fig. 304), On voit aussi les restes d’un théâtre. — À une certaine distance de Sart, au nord de l’Hermos, près du lac Gygée, on voit de nombreux monticules coniques, dont quelques-uns ont des proportions gigantesques ; ils représentent l’ancienne nécropole de Sardes. Hérodote la mentionne déjà, i, 93. Cf. Strabon, XIII, iv, 4.

3° Sardes et le Nouveau Testament. — À l’époque du paganisme, la religion particulière de la capitale de la Lydie roulait autour du culte de Cybèle, dont le caractère présentait beaucoup de ressemblance avec celui de la Diane d’Éphèse. Voir Diane, t. ii, col. 14051406. Mais le christianisme pénétra de bonne heure dans Sardes, où nous trouvons, dés la fin du I er siècle, une Église importante, l’une des sept de la province d’Asie auxquelles saint Jean écrivit une lettre spéciale au début de l’Apocalypse, iii, 1-6. Nous ignorons dans quelles circonstances cette Église avait été fondée. La lettre de l’apôtre nous apprend que son ange, c’est-à-dire son évêque, cachait un triste état moral sous de belles apparences : « Tu passes pour vivant et tu es mort, s Cet état était malheureusement aussi celui de la chrétienté qu’il dirigeait, comme l’indiquent les mots

énergiquement aux tentatives faites par Julien l’Apostat pour rétablir parmi eux le culte des idoles.

4° Bibliographie. — Arundell, Discoveries in Asia Minor, 2 in-8°, Londres, 1834, t. i, p. 26-28 ; P. de Tchihatchef, Asie Mineure, Paris, 1852-1869, 8 in-8°, t. i, p. 232-242 ; G. H. von Schubert, Reise in das Morgenland, 3 vol. in-8°, t. i, Erlangen, 1840, p. 347350 ; Fellow, Journal written during an excursion in Asia Minor, Londres, 1839, p. 289-295 ; Ch. Texier, Asie Mineure, description géographique, historique et archéologique, in-8°, Paris, 1862, p. 252-259 ; Ms r Le Camus, Les sept Églises de (Apocalypse, in-4°, Paris, 1896, p. 218-230 ; B. V. Head, Catalogue of the Greek Coins of Lydia, in-8°, Londres, 1901, p. 236-277 ; . W. M. Ramsay, The Letters to the seven Churches of Asia, in-8°, Londres, 1904, p. 354-368.

L. Fillion.

SARDOINE. Ce mot est souvent pris dans le sensde pierre de Sardes, qui n’est autre que la cornalinerouge. Voir Cornaline, t. ii, col. 1007. Le mot sardoine, qui paraît emprunté du latin sardonyx, désigne aussi une variété d’onyx, veinée de deux couleurs. La pierre sardonyx choisie pour la 11e pierre du rational était rouge et blanche. Elle portait probablement le nom de

Joseph dont la descendance forma les deux tribus d’Éphraïm et de Manassé. Voir Onyx, t. iv, col. 1823.

    1. SARÉA##

SARÉA (hébreu : Çor’dh ; Septante : ’Pioc), nom de Saraa dans la Vulgate, Jos., xv, 33. Voir Saraa, col. 1476.

    1. SARÉAS##

SARÉAS (hébreu : Çeràydh ; Septante : Swpac’aç), fils de Thanehumeth, ainsi appelé par la Vulgate, Jer., xl, 8. Voir Saraïas 7, col. 1477.

    1. SARÉBIA##

SARÉBIA, SARÉB1AS, orthographe du nom de

304. — Les deux colonnes du temple de Cybèle. D’après une photographie de M. Henri Camboumac.

Sarabia, lévite, dans II Esd., ix, 14 ; xii, 8. Voir Sarabia, col. 1476.’SARED, nom d’un Israélite et d’une ville dans la Vulgate.

1. SARED (hébreu : Séréd ; Septante : SépeS), fils aîné de Zabulon, petit-fils de.lacob. Gen., xlvi, 14 ; Num., xxvi, 26. Dans le premier passage, la Vulgate écrit son nom Séred, comme les Septante, et à leur exemple, elle écrit Sared dans le second.

2. SARED, orthographe du nom de Sarid, dans la Vulgate. Jos., xix, 12. Voir Sarid.

    1. SAREDA##

SAREDA (hébreu : Hasrêddh, avec l’article ; Septante : ri Sapei’pa ; Alexandrinus : i Saot’Sa), patrie du premier roi d’Israël Jéroboam. III Reg., zi, 26. Elle n’est nommée que dans ce seul passage. Les Septante, à la suite du f 20 de III Reg., xii, ont de plus que le texte hébreu, tel que nous le possédons, et que la Vul gate, un long passage où il est dit que Saréda avait été bâtie pour Salomon par Jéroboam et que ce dernier y revint après son retour d’Egypte. La version grecque substitue aussi le nom de Sapi’pa à celui de Thersa. III Reg., xiv, 17. On ignore sur quoi peut être fondée cette variante. Le texte sacré, outre Saréda, nomme aussi Sarédatha, II Par., iv, 17, et Sarthan, et divers interprètes croient que ces deux localités sont identiques à Saréda. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1185. Cette identification est impossible, si l’on admet le témoignage des Septante qui, dans leurs additions, placent Saréda dans la montagne d’Éphraïm, tandis que Sarédatha et Sarthan étaient dans la vallée du Jourdain, mais l’autorité des additions grecques est sujette à contestation.

    1. SARÉDATHA##

SARÉDATHA (hébreu : Serêdâtâh ; Septante : Sapï)Sa6â), localité de la vallée du Jourdain, près de laquelle Salomon fit fondre les colonnes et les objets en métal destinés au Temple. II Par., iv, 17. Dans le passage parallèle, III Reg., vii, 45, nous lisons Sarthan au lieu de Sarédatha : comme dans les deux livres, le texte du verset est semblable, à l’exception de cette variante, il paraît assez probable que l’une des deux formes est altérée. Voir Sarthan. Plusieurs commentateurs admettent que Sarédatha et Saréda sont une seule et même ville. Voir Saréda.

    1. SARÉDITES##

SARÉDITES (hébreu : has-Sardî ; Septante : i SapsSi), descendants de Sared ou Séred, de la tribu de Zabulon. Num., xxvi, 26.

    1. SAREPHTA##

SAREPHTA, SAREPTA (hébreu : Çarfaf ; Septante : SâpETt-ra), ville de Phénicie, aujourd’hui Sarafend, sur un promontoire au bord de laMéditerranée, au sud de Sidon. On y voit encore des ruines qui semblent indiquer que la ville antique fut importante.

— D’après quelques-uns, Sarepta est le Misrefd{ Maïm de Josué, xi, 8 ; xiii, 6 (Vulgate : Aqum Maserephot) mais cela est très douteux (voir Maséréphoth, t. iv, col. 831), quoique la racine du nom soit la même.

— Sarepta était soumise à Sidon au temps d’Achab. III Reg., xvii, 9. Pendant la grande famine qui fut le châtiment d’Israël ^idolâtre, le prophète Élie demeura dans cette ville ; il multiplia miraculeusement la provision de farine et d’huile de la veuve qui lui donnait l’hospitalité, III Reg., xvii, 8-24, et lui ressuscita son fils, mort pendant son séjour dans sa maison. Notre-Seigneur, dans la synagogue de Nazareth, rappela la charité de cette veuve. Luc., iv, 26. — Sarepta est nommée parmi les villes qui furent prises par Sennachérib lorsqu’il attaqua la Phénicie en 701 avant J.-C, dans sa troisième campagne. Eb. Schrader, Die Keilinsckriften und das Aile Testament, 2e édit., 1883, p. 200, 288 ; Id., Keilinsckriftliche Eibliothek, Die Prisma Jnschrift, col. 11, lig. 39 ; t. ii, col. 90. On lit aussi le nom de Sarepta, après celui de Béryte et de Sidon, dans le voyage d’un Égyptien au xive siècle avant J.-C, p. 20, lig. 8, dans Chabas, Voyage d’un Égyptien, in-4°, Chalon, 1866, p. 161, 163. — Abdias, dans sa prophétie, y. 29, mentionne Sarepta comme la frontière septentrionale du pays de Chanaan.

    1. SARÈS##

SARÈS (hébreu : Sàrés, à la pause ; Septante : EoCpoç ; Alexandrinus : Eôpoç), fils de Machir et de Maacha, de la tribu de Manassé, père d’Ulam et de Récem. I Par., vii, 16.

    1. SARGON##

SARGON (hébreu : pjno, ëargôn ; Septante : ’Apva ; Canon de Prolémée : ’Apxéavoi ;  ; assyrien : r^ttl » — U -4 Ji, idéographiquement Sak-Gisa, phonétiquement ëar-ukin, c’est-à-dire « (que le dieu…)

affermisse le roi » ou « roi affermi », et selon A. H. Sayce, dans Hastings, Dictionary of ihe Bible, t. iv, p. 406, « le puissant » ; nommé aussi dans les textes Sarukin-arku, Sargon le récent, par opposition à Sargon l’ancien, roi d’Assyrie (fig. 305), qui succéda à Salmanasar IV et régna de 722 à 705. Il ne se rattache à ce dernier monarque ni dans ses inscriptions, ni dans

et à la prise de possession du trône babylonien par Sargon lui-même ; enfin plusieurs contrats servent encore à documenter ce règne. Malgré ces textes multiples, et malgré ses hauts faits, Sargon demeura totalement inconnu des historiens classiques ; comme souverain de Babylone son nom paraît dans le Canon de Ptolémée, mais défiguré sous la forme Arkéanos ; seule la Bible nous a

_^4~tix±£^

305. — Le roi Sargon enU’e deux de ses grands officiers Bas-relief. Musée du Louvre.

les généalogies de ses successeurs : il inaugura donc une dynastie nouvelle qui porta à son apogée la puissance assyrienne et ouvrit l’ère des lointaines conquêtes, mettant ainsi Israël et Juda aux prises avec l’Assyrie. Son règne nous est connu par un grand nombre d’inscriptions généralement assez développées, et reproduites avec variantes dans la décoration des salles du palais de Khorsabad, Dur-Sar-ukin, puis sur des cylindres d’argile et sur une stèle élevée dans l’Ile de Chypre à Larnaka. Les listes des limu ou Éponymes assyriens nous ont conservé la chronologie exacte de son règne ; le texte dit Chronique babylonienne nous donne le résumé de ses relations avec Babylone, lesquelles aboutirent à l’expulsion du souverain national

conservé le souvenir de son règne et, dans le texte hébreu et la Vulgate, la forme véritable de son nom. Is., xx, 1. — Quand ce prince monta sur le trône, l’armée assyrienne était occupée à la conquête du royaume d’Israël et depuis deux ans déjà tenait Samarie assiégée : les textes de ses Annales (A) et de son Inscription triomphale (B) qui se complètent ou se superposent par endroits, nous apprennent comment cette campagne fut terminée en quelques mois. « (A) Au commencement de mon règne… j’assiégeai et je pris Samarie : 27 290 de ses habitants j’ai pris comme butin, 50 chars d’au milieu d’eux j’emportai ; aux autres je maintins leurs biens ( ?) ; mon lieutenant sur eux j’établis, le tribut du roi précédent je leur imposai ; (B) à la place

de ceux qui y étaient auparavant je fis habiter les hommes des pays que ma main avait conquis ; à ceuxlà je (n’)imposai de tribut (que) comme aux Assyriens. »

Un peu plus loin dans les Annales, après le récit des campagnes de Babylonie et d’Arabie, nous lisons encore : « (DeMérodach-baladanquitint)contre la volonté des dieux la royauté de Babylone, sept ( ? mille) hommes avec leurs biens, je transportai et les fis habiter (dans le pays des) Hatti (c’est-à-dire la Syrie). — Ceux de Tamud, d’Ibadid, de Marsimani, de Hayapa, ces Arabes éloignés, habitants du désert, que ni savant ni envoyé ne connaissait, qui n’avaient jamais payé tribut aux rois mes pères, sous la protection du dieu Asur mon maître je subjuguai, leurs restes je transportai et fis habiter dans la ville de Samarie. »

Ces textes ont leur contre-partie dans l’histoire des Rois : « Et le roi d’Assur monta contre Samarie qu’il assiégea pendant trois ans. La neuvième année d’Osée le roi d’Assur prit Samarie (au chapitre xviii, 10 : Et ils la prirent ou on la prit) et il emmena Israël captif en Assur. Il les fit habiter à Chalach et sur le Chabor, fleuve de Gozan et dans les villes des Mèdes… Le roi d’Assur fit venir des gens de Babylone, de Cutha, d’Avva. de Hamath et de Sépharvaïm (cités babyloniennes, sauf Hamath, qui était au pays des Hatti, c’est-à-dire en Syrie) et les fit habiter dans les villes de Samarie à la place des enfants d’Israël. » II (IV) Reg., xvii, 5, 6, 24.

Il faut remarquer le parallélisme exact de ces récits quant aux faits : en ce qui concerne leur attribution, la variante du chapitre xviii du récit des Rois semble indiquer que le prince qui commença le siège de Samarie ne le termina pas, mais que même en son absence ou après sa disparition, la ville fut prise cependant par les Assyriens. Nous savons qu’en effet l’assiégeant fut Salmanasar IV et que le destructeur fut son successeur Sargon, opérant soit pour le compte de Salmanasar, soit pour son compte personnel, dans les quelques mois qui précèdent la première année officielle de son règne, ina ris" Sarrutiya, suivant le comput habituel des annalistes assyriens. Voir Salmanasar IV.

La conquête du royaume d’Israël était une menace nouvelle pour les royaumes environnants : sur les conseils d’Isaïe qui avait prédit à Achaz le sort de Samarie, Juda semblait vouloir se tenir à l’écart et rester vassal fidèle de l’empire assyrien ; mais au sudouest l’Égj’pte, au nord l’Urarthu (Arménie), au sud-est le pays d’Elam, avaient tout à craindre de leur puissant voisin, et tout intérêt à lui susciter des difficultés sans cesse renaissantes ; au midi Babylone, récemment conquise, supportait impatiemment la domination ninivite. C’est elle qui entra la première en lutte : à . l’instigation et avec l’appui des rois d’Élam, Humbanigas et plus tard Sutruk-nahunta, elle secoua le joug et mit sur le trône un prince chaldéen, Mérodach-Baladan (721). La lutte fut longue et incertaine : les succès que Sargon s’attribue dans ses inscriptions ne furent pas, d’après la Chronique babylonienne, sans mélange de revers : en tout cas Mérodach-Baladan se maintint douze ans sur le trône, malgré le pillage de quelques villes et la transplantation de leurs habitants au pays des Hatti ; ces détails des Annales sont en parfait accord du reste avec le récit de II (IV) Reg., xvii, 24 : « Le roi d’Assur fit venir des gens de Babylone, de Cutha, d’Avva, de Sépharvaïm et les établit dans Samarie à la place des enfants d’Israël. » Il fit de même pour quelques tribus arabes qu’il eut l’occasion de soumettre entre la frontière babylonienne et la Palestine. Pour en finir avec Babylone, Sargon en 710 et 709 entreprit une nouvelle campagne où il réussit à isoler Mérodach-Baladan de l’Élam, le chassa de sa capitale, le poursuivit jusqu’à Dur-Yakin dans la Basse-Chaldée, l’y assiégea et le laissa échapper, tandis qu’il allait se faire couronner lui-même roi de Babylone. Le fugitif

devait reparaître plus tard, sous^Sennachérib, ressaisir sa couronne, et exciter en Syrie de nouvelles révoltes contre l’empire assyrien : c’est dans ce but qu’il envoya une ambassade à Ezéchias. Voir Mérodach-Baladan, t. iv, col. 1001. — À l’autre extémité du royaume, sous Bocchoris le Saïte, d’après M. Maspero, ou sous èabaq l’Ethiopien, d’après la plupart des historiens, l’Egypte, selon sa politique traditionnelle et pour se mettre elle-même à l’abri contre toute agression assyrienne, soudoyait une coalition des rois de Syrie, dont le chef avoué était Yaubid, roi d’Hamath, avec les princes de Damas et d’Arpad, les Tyriens, les Phéniciens, les Philistins et Hanon de Gaza comme auxiliaires principaux : Juda, toujours porté à se laisser entraîner par la politique égyptienne, fut cependant maintenu dans la soumission par Ezéchias et Isaïe. Sargon accourut aussitôt, et par deux victoires consécutives à Harhar et à Raphia (720) anéantit les forces des conjurés : Yaubid d’Hamath fut écorché vif, Hanon de Gaza fait prisonnier, 20 000 captifs furent transplantés en masse, et cantonnés au moins partiellement en Samarie, comme nous l’apprenons par le IIe (IVe) livre des Rois. Quant à l’Égyptien Sab’i-i ou Sib-’i qui porte dans les textes assyriens le titre de turtannu, « général », ou Siltannu, « prince », et non celui de pir-’u, pharaon, roi d’Egypte, il réussit à prendre la fuite sans être autrement inquiété : mais Sargon se vante d’avoir alors reçu madattu êa pir’u $ar Mutsuvi, « le tribut de pharaon, roi d’Egypte ». L’énergie déployée par Sargon dans cette campagne assura la pacification de la Syrie durant sept années consécutives : mais en 7Il la conquête inopinée de l’Egypte par l’Éthiopien Sabacon fit espérer de trouver dans ce prince égyptien un libérateur : et de nouveau Édom, Moab, la Phénicie et la Philistie s’agitèrent. Sargon ne leur laissa guère le temps de s’organiser : son turtannu ou général en chef (voir Is., xx, 1), se précipita sur les conjurés, Azot et les villes révoltées furent prises et saccagées, la population déportée en masse et remplacée par les « habitants des pays du soleil levant. » — Le nord de l’empire n’était guère plus tranquille : l’Arménie (Urarthu) y formait le centre de la résistance : les rois Ursa et Argistis II d’Urarlhu, l’Ararat biblique, Ulussun de de Van (Minni) et quelques princes voisins, de 719 à 713, obligèrent Sargon à entreprendre dans ces’régions d’accès difficile plusieurs campagnes où il déploya toute son énergie et toute sa rigueur sans résultats bien appréciables : elles lui permirent du moins de soumettre au passage quelques États environnants qui n’avaient pas eu la prudence de se tenir à l’écart de ces querelles, comme la Comagène (708) et le territoire de Gargamis (717) ; la Médie fut également parcourue et munie de garnisons assyriennes (715-712) ; les habitants furent aussi déportés en masse, et installés à Hamath à la place de ceux qu’on avait déportés en Samarie : les Mèdes furent remplacés par des Israélites de, Samarie, comme nous l’apprenons par le livre des Rois.

Entre temps, Sargon fut grand constructeur, sans doute pour utiliser ses prisonniers de guerre. Il fit élever à 10 kilomètres au nord de Ninive une ville nouvelle du nom de Dur-Sar-ukin, au village moderne de Khorsabad, Sargoun des géographes arabes : Botta et V. Place ont exploré les ruines du palais qu’il s’y bâtit, en ont reproduit les plans et les bas-reliefs, et copié les nombreuses inscriptions. Une partie des basreliefs du palais de Khorsabad sont conservés aujourd’hui au Musée du Louvre.

Malgré ses conquêtes, Sargon fit une triste fin : Sutruk-nahunta, roi d’Élam, reprit en 706 les provinces qu’on lui avait enlevées quatre ans plus tôt, et s’empara même de quelques villes assyriennes de la frontière ; l’année suivante (705), Sargon mourait, peut-être assasÏ92

sine, dans son palais de Dur-Sar-ukin, laissant la couronne à son fils Sennachérib.

Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 513-595 ; Schrader-Whitehouse, The cuneifomi Inscriptions and the Old Testament, 1885-1888, t. i, p. 263-277 ; t. ii, p. 82-99 ; G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, t. iii, Les Empires, p. 221-273 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, 1874, p. 155-209 ; F. Peiser, dans Eb. Scbrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 34-80 ; 276-279 ; J. Oppert, dans Records of the past, t. vii, I rc série, p. 2156, Retranslation of the Annals of Sargon ; t. ix, p. 120, Great Inscription in the Palace of Khorsabad ; H. Winckler, Die Keilinschrifitexte Sargon’s, 1889, p. 100 ; H. Rawlinson, The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 36 ; pi. 6 ; t. ii, pi. 69 ; t. iii, pi. Il ; pi. 3 ; Botia, Le monument de Ninive, t. iii, Inscriptions, pi. 70, 154. E. Paumer.

    1. SARIA##

SARIA (hébreu : Se’aryâh ; Septante : Sapocia), le quatrième des six fils d’Asel, descendant du roi Saiil, de la tribu de Benjamin. I Par., viii, 38 ; ix, 44.

    1. SARID##

SARID (hébreu : Sârîd ; Septante : ’EusSex^uXâ, Jos., xix, 10 ; Se850-jx, ꝟ. 12 ; Vulgate : Sared, ꝟ. 10 ; Sarid, J. 12), ville frontière de Zabulon, située à l’ouest de Céséleth-Thabor. Conder, s’appuyant sur la leçon grecque EaSSôux, l’identifie avec les ruines de Tell èadûd, dans’la partie septentrionale de la plaine d’Esdrelon, à l’ouest d’Iksdl, identifié avec Céséleth-Thabor. On y trouve au sud de beaux puits. Voir Palestine Exploration Fund, Memoirs, t. ii, p. 49, 70.

    1. SARION##

SARION (hébreu : Siryôn ; Septante : Saviûp), nom donné par les Sidoniens au mont Hermon. Deut., m, 9. Au Ps. xxix (Vulgate, xxviii), 6, au lieu de la traduction de la Vulgate : « Le bien-aimé sera comme un petit de licorne, » le texte hébreu porte : « (La voix de Jéhovah, c’est-à-dire le tonnerre fera bondir) le - Liban et le Sirion comme les petits des buffles. » Dans ce passage, l’hébreu porte Siryôn, au lieu de Siryôn, et les Septante avec la Vulgate l’ont traduit comme un nom commun « bien-aimé ». Voir Hermon, t. iii, col. 633.

    1. SARKIS SCHENORHALI##

SARKIS SCHENORHALI (Serge le Gracieux), docteur de l’Église arménienne au XIIe siècle, né vers 1090-1095 et mort en 1166 environ. Il a laissé un double Commentaire des sept Epîtres catholiques dont le premier, rédigé en 1156, est fort étendu et porte pour

titre. ( ^fai $ Xy-blfbrti-phujlj to/ofti Pqjjnyh l^tup nu^qj>l£fcij ; dix ans plus tard il en achevait l’abrégé, intitulé : ^^bjîhnL-Pfiifh bap-uhitj

pnOng IfiuPn^i^lfhuijg- — Ces commentaires comprennent en tout 43 homélies, suivies chacune d’une exhortation : les onze premières sont consacrées à l’interprétation de l’Épttre de saint Jacques, les dix-huit suivantes à celle de saint Pierre, les onze autres aux trois Épitres de saint Jean et enfin les trois dernières à celle de saint Jude. À la fin, il y a un discours sur les « Motifs des sept Épitres catholiques par les quatre saints Apôtres « .L’auteur suit en général dans son travail les explications de saint Grégoire le théologien, de Cyrille d’Alexandrie, de Basile de Césarée, d’Ephrem et surtout de Jean Chrysostome, auquel il emprunte parfois des exhortations entières presque mot à mot. Le premier de ces commentaires a été publié à Constantinopleen 1744 et le second en 1826-1828.

J. Miskgian.

SARMENT. Voir Vigne.

    1. SAROHEN##

SAROHEN (hébreu : Sarûl.ién), ville de la tribu de Siméon. Jos., xix, 6. Elle est appelée ailleurs Saarim. I Par., iv, 31. Voir Saarim, col. 1285.

    1. SARON##

SARON (hébreu : Sârôn ; Septante : Eapwv), nom d’une ville et d’une plaine de la Palestine occidentale et d’une ville ou d’une contrée à l’est du Jourdain.

1. SARON (hébreu : Lassârôn ; Seplante : Vaticanus : ’Ap<ix ; Aleœandrinus : omis), cité chananéenne, dont le roi fut vaincu par Josué. Jos., XII, 18. Son existence est mise en doute pour des raisons de critique textuelle. Le Codex Vaticanus des Septante porte, au ji. 18 : paccXsa’0 : pèx tïj{’Apiix ; le mot’Aprâx semble bien une corruption de Saptôv. La version grecque suppose donc en hébreu la lecture : [in^] Tnwb ps « tj’îd, mé lêk’Afëq las-Sârôn [’éhâd], « le roi d’Aphec en Saron, [un]. « Elle supprime ainsi’él}dd après’Afêq et niélék avant las-Sârôn, ne voyant ici qu’une seule ville qui aurait appartenu « à [la plaine ou au district de] Saron. » Le Codex Alexandrinus omet même xfj ; ’Apwx. Il est donc possible que le texte massoré tique actuel soit fautif. Ce qui rend cette opinion plus probable encore, c’est l’expression singulière mélék las-Sârôn, « le roi à Saron », à moins qu’on ne doive prendre LaUârôn pour le nom propre de la ville, hypothèse tout à fait douteuse. Si l’on accepte la leçon des Septante, l’Aphec dont il est questiou ici aurait donc été dans la plaine de Saron. Voir Saron 2. Quelques-uns veulent le placer dans la région située entre le mont Thabor et le lac de Tibériade appelée Saronas, d’après Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 154. 296. Mais il est plus probable que la vieille cité chananéenne appartenait au midi, et non au nord du pays, bien que son emplacement soit tout à fait incertain. Voir Aphec 1, t. i, col. 726. Si l’on prend Saron pour une ville spéciale, on pourra penser à Sarona, qui so trouve près de Jaffa, ou à Sarona, située à l’ouest et vers la pointe méridionale du lac de Tibériade, qui rappelle la région mentionnée par Eusèbe et S. Jérôme. Cette dernière se retrouve sous le même nom dans la liste de Thothmès III, d’après G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmos III, qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, 1886, p. 5. Mais Saron, comme Aphec, devait plutôt faire partie du midi de Chanaan. Dans l’embarras du texte et faute de renseignements, de points de comparaison, nous sommes ici dans la plus complète

incertitude.
A. Legendre.

2. SARON (hébreu : has-Sârôn, avec l’article ; Septante : Vaticanus : ’Aceioûv ; Alexandrinus : Éaptiv, I Par., xxvii, 29 ; tô m-816v, Cant., ii, 1 ; à Saptiv, Is., xxxm, 9 ; Vat. : omis ; Alex. : à ïapûv, Is., xxxv, 2 ; 6 3pU(io ; , Is., lxv, 10 ; à Eapciv, Act., ix, 35), plaine de la Palestine, s’étendant de Jaffa au Carmel. I Par., xxvii, 29 ; Cant., ii, 1 ; Is., xxxiii, 9 ; xxxv, 2 ; lxv, 10 ; Act., ix, 35.

Le mot Sârôn vient probablement de ydsar, « être droit », comme mîsôr, qui a la même signification de « plaine, plateau ». Il est toujours accompagné de l’article ; d’où il suit qu’il désigne une région déterminée, bien connue des Israélites, comme « l’Arabah », hâ-’Arâbâh, Deut., Il, 8 ; iii, 17, etc., « la Séphélah », has-Sefêlâh, Deut., i, 7 ; Jos., XI, 2, etc., bien que les documents topographiques ne la présentent pas avec celles-ci parmi les divisions du pays. Les Septante traduisent ce. mot tantôt par un nom propre, 6 Sapmv, I Par., xxvii, 29 ; Is., xxxiii, 9, xxxv, 2 ; tantôt par un nom commun : tô toSio’v, « la plaine », Cant., II, 1 ; ô 8puu.ôç, « la forêt ». Is., lxv, 10. Cette dernière expression est singulière.

On la rapproche du même terme employé par Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 3 (oi Sp-jpioî) ; Bell, jud., i, xiii, 2, pour désigner un territoire voisin du Carmel. Strabon, xvi, p. 758, signale aussi « un grand bois », 8pu(ioç asyacTic, entre le Carmel et Jaffa. Il est certain d’ailleurs que la plaine de Saron possédait autrefois des forêts. On en trouve encore une vers Qaisariyéh, composée de chênes clairsemés, Quercus cerris et Quercus crinita ; c’est le reste de celle qui, à l'époque des croisades, est appelée foret d’Arsouf, parce qu’elle se prolongeait, vers le sud, jusque dans les environs de cette ville. Cf. V. Guérin, La Samarie, t. ii, p. 388.

La plaine de Saron est surtout connue dans l'Écriture pour sa beauté et sa fertilité. Isaïe, xxxv, 2, associe « la magnificence du Carmel et de Saron » à « la gloire du Liban. » Pour représenter, au contraire, le pays dans le deuil et la tristesse, il dit que « le Liban est confus, languissant ; Saron est semblable au désert, Basan et le Carmel perdent leur feuillage. » Is., xxxiii, 9. Pour montrer comment le pays redeviendra un jour agricole, c’est-à-dire pacifique et heureux, il annonce que « Saron deviendra une prairie pour les moutons. » Is. lxv, 10. L'Épouse du Cantique des Cantiques, ii, 1, se compare au narcisse (fyâbassélef) de Saron. Sous David, les troupeaux que l’on faisait paître en Saron étaient confiés à l’administration de Sétraï le Saronite. I Par., xxvii, 29. — Les Talmuds célèbrent aussi la richesse de Saron. Ils prétendent que les veaux destinés aux sacrifices provenaient, pour la plupart, de cette plaine. On y cultivait la vigne, et l’on en prenait le vin mêlé d’un tiers d’eau. Mais le pays fournissant peu de pierres de construction, on se servait, pour bâtir les maisons, de briques peu solides, qui ne résistaient pas suffisamment aux intempéries des saisons, aux vents de la mer, ni aux longues pluies de l’hiver. Les reconstructions étaient donc un fait général et très connu. Le jour de Kippour, dans sa prière pour le peuple, le grand-prêtre ajoutait un paragraphe spécial pour les habitants de Saron, et disait : « Dieu veuille que les habitants de Saron ne soient pas ensevelis dans leurs maisons. » Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 48-49. — Le miracle opéré par saint Pierre à Lydda fut bientôt connu dans la plaine de Saron, et y produisit d’heureux résultats. Act., IX, 35.

La plaine de Saron, large de 13 kilomètres à Qaisariyéh, en a une vingtaine autour de Jaffa. Parsemée de mamelons, elle remonte doucement vers la montagne jusqu'à une altitude de 60 mètres. Marécageuse par endroits, elle est en général bien cultivée. Elle est coupée par différents fleuves qui déversent dans la Méditerranée les eaux descendues des montagnes samaritaines : le nahr ez-Zerqa, le nahr et Akhdar ou elMefdjir, le nahr Iskanderûnéh, le nahr et Fdléq et le nahr el Audjéh. Voir Palestine, aux sections : plaines et vallées, fleuves et rivières, fertilité, flore, etc., col. 1987, 1991, 2031, 2036. Elle avait une grande importance au point de vue des routes militaires et commerciales.

Voir Routes, col. 1230.
A. Legendre.

3. SARON (hébreu : Sârôn ; Septante : Vaticanus : Tipiâu. ; Alexandrinus : Sapiiv), ville ou contrée située à l’est du Jourdain. I Par., v, 16. Il s’agit dans ce passage des Parab’pomènes de familles de la tribu de Gad qui « habitèrent en Galaad, en Basan et dans ses bourgs et dans tous les faubourgs, ou les pâturages (hébreu : migresê) de Saron. » Il est à remarquer que Sdrôn n’a pas ici l’article, comme il l’a régulièrement lorsqu’il désigne la plaine de Saron. En dehors de cette raison, il est facile de comprendre qu’il est question d’une contrée voisine de Galaad et de Basan, et non de la plaine maritime. Mais le mot désigne-t-il une ville avec ses faubourgs, ou une contrée avec ses pâturages ? On ne sait. En tout cas, la ville est inconnne. On pense plutôt

que Sârôn serait l'équivalent de Misôr, qui indique le haut plateau moabite, et a la même racine. Voir Misor 1, t. iv, col. 1132. La stèle de Mésa parle, ligne 13, « des gens de Saron », mais cet endroit appartenait sans doute au cœur même du pays de Moab. Voir Mésa 3,

t. iv, col. 1014.
A. Legendre.

4. SARON, SARONA (grec : tôv Hapwvàv). « Tous ceux qui habitaient Lyddee et Saronas, lisons-nous dans la Vulgate, ayant vu la guérison miraculeuse du paralytique Éuée par saint Pierre, se convertirent. » Act., x, 35. Lydda étant une ville, plusieurs interprètes en ont conclu que Saron ou Sarona l'était aussi, mais il n’y a guère lieu de douter que le nom propre, tôv Sapiovâv, qui est précédé de l’article, ne désigne la plaine de ce nom. Voir Saron 2.

    1. SARONiTE##

SARONiTE (hébreu : Jias'-Sârônî ; Septante : ô Eoepwvitr]ç), habitant de la plaine de Saron. Sétraï, qui fut chargé par David defaire paître ses troupeaux dans la plaine de Saron, en était originaire. I Par., xxvii, 29.

    1. SARSACHIM##

SARSACHIM (hébreu : Sarsekim ; Septante : NaSoutrixap), un des généraux de Nabuchodonosor qui s’emparèrent de Jérusalem. Jer., xxxix, 3. Il parait avoir porté le titre de Rabsaris. L’orthographe de son nom est altérée et l’on n’a pu jusqu'à présent en rétablir la forme primitive. Cf. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, 2e édit., p. 416.

    1. SARTHAN##

SARTHAN (hébreu : Çârtân ; omis dans les Septante), localité mentionnée dans Jos., iii, 16, pour déterminer la position de la ville d’Adom où commencèrent à s’arrêter les eaux du Jourdain, lors du passage de ce fleuve par les Israélites. Le site est incertain. Voir Adom, t. i, col. 221. — Dans III Reg., IV, 12, nous lisons que « Bethsan est près de Sarthana, au-dessous de Jezraël. » Un certain nombre de commentateurs croient que Sarthana n’est pas différent de Sarthan. Salomon fit fondre les objets en métal destinés au Temple entre Sochoth et Sarthan. III Reg., vii, 46. Ce Sarthan est le même que celui de Jos., iii, 16, d’après un grand nombre de commentateurs, quoique d’autres le contestent. Le second livre des Paralipomènes, IV, 17, appelle le Sarthan de III Reg., vii, 46, Sarédatha. Voir Sarédatha, col. 1486.

SARTHAN A(hébreu : ÇartanàAySeptante-.EecraÛixv), localité nommée III Reg., iv, 12, pour marquer le site de Bethsan. Sa situation précise est inconnue. Comme son nom ne diffère de celui de Sarthan que par la terminaison, beaucoup de commentateurs croient que ce ne sont que deux formes diverses désignant le même lieu. Voir Sarthan, col. 1494.

    1. SARUG##

SARUG (hébreu : Serûg ; Septante : Eepoû^ ; dans Luc, iii, 35, Sapoûx), un des patriarches postdiluviens, fils de Reu, père de Nachor et grand-père d’Abraham. A l'âge de 30 ans (130 dans les Septante), il engendra Nachor et vécut 230 ans (330 dans les Septante, qui augmentent de cent ans l'âge des patriarches postdiluviens depuis Sem jusqu'à Tharé). Gen., xi, 20-23. On peut conclure de Josué, xxiv, 2, 14, que Sarug fut idolâtre. S. Épiphane, De hœr., i, 6, t. xli, col. 188. Voir Calmet, Dissertation sur l’origine de l’idolâtrie, en tête du livre de la Sagesse, p. 304. Plusieurs commentateurs allemands veulent que Sarug ait été primitivement le nom géographique d’un district situé dans le voisinage de Haran. H. Guthe, Kurzes Bibelwôrterbuch, 1903, p. 612. SARVA (hébreu : Serû’dh ; Septante ! III Reg., xi, 26. Alexandrinus : Eocpoyâ ; omis dans Vatïcanus, xii 24. Vaticanus et Alexandrinus : Eapeira), mère de Jéroboam, premier roi d’Israël. Les Septante, dans leur addition à xii, 24, qualifient Sarva de « Spvr], « courtisane » ; mais xi, 26, dans tous les textes elle est appelée < veuve ».

SARVIA (hébreu : Serûyâh ; dans II Sam., xiv, 1 : Seruyyâh ; Septante : Eapomà), sœur de David et mère des trois généraux de leur oncle, Abisaï, Joab et Asaël. Elle est souvent nommée à ce titre, I Reg. (Sam.), xxvi, 6 ; II Reg. (Sam.), ii, 13, 18 ; iii, 39 ; viii, 16 ; xvi, 9, 10 ; xviii, 2 ; xix, 21, 22 ; xxi, 17 ; xxiii, 18, 37 ; III Reg., i, 7 ; ii, 5, 22 ; I Par., ii, 16 ; xi, 6, 39 ; xviii, 12, 15 ; xxvt, 28 ; xxvii, 24. Une autre de ses sœurs, Abigaïl, est nommée comme elle dans la généalogie de la famille de David, I Par., ii, 16, et aussi II Reg. (Sam.), xvii, 25. Dans ce dernier passage, Abigaïl est appelée « fille de Naas », en même temps que « sœur d’Abigaïl ». Quelle que soit l’explication que l’on donne de cette difficulté, voir Abigaïl 2, t. i, col. 49, sur laquelle on a fait toute sorte d’hypothèses, il n’est dit nulle part que Sarvia fût aussi fille de Naas. On note aussi comme une singularité que le nom de son mari ne se lit nulle part dans l’Écriture, contrairement à l’usage de joindre au nom des fils celui du père. La proche parenté de Sarvia avec David peut expliquer pourquoi le nom de la mère est jointe celui des fils, afin de rappeler ainsi leurs liens de famille et de rendre compte de la condescendance et de la patience que leur oncle témoigna à Abisaï et à Joab, quoiqu’il eût souvent lieu de se plaindre de leur conduite. Josèphe, Ant.jud., VII, i, 53, appelle le mari de Sarvia 20upf.

SASSABASAR (hébreu : Sêsbassar ; Septante : Xa<j<7af3acr(ip), nom chaldéen de Zorobabel. I Esd., i, 8, 11 ; v, 14, 16. On a donné diverses explications de ce nom, dont les manuscrits grecs offrent des leçons très différentes. On a proposé, entre autres, deux lectures principales : ëamasbil (ou bal)-usur, « Samas (le dieu Soleil), protège le maître ou le fils », et Sin-balusur, « Sin (le Dieu Lune), protège le fils ». La plupart des commentateurs ont jusqu’à nos jours identifié Sassabassar avec Zorobabel, comme semble l’avoir fait Josèphe, Ant. jud., XI, i, 3. Les doubles noms des principaux Hébreux captifs à Babylone sont un fait constaté par le livre de Daniel, i, 7 ; cf. Daniel, t. ii, col. 1248 ; par le quatrième livre des Rois, xxiii, 34 ; xxiv, 17, et par les monuments assyriens, qui nous montrent les étrangers recevant un nom assyrien sur les bords de l’Euphrate, sans qu’ils perdissent leur nom national auprès de leurs compatriotes. Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 277. L’identification de Sassabasar avec Zorobabel résulte d’ailleurs du livre d’Esdras lui-même. La reconstruction du temple de Jérusalem est attribuée I Esd., iii, 8, à Zorobabel et v, 16, à Sassabasar. On objecte aujourd’hui, il est vrai, que les noms de Daniel et de ses compagnons sont des noms hébreux indigènes qui sont changés en noms babyloniens, tandis que Zorobabel doit être un nom étranger comme Sassabasar, mais cela n’est pas prouvé. On s’appuie surtout sur le fait qu’il, n’est jamais dit expressément que Sassabasar et Zorobabel sont une seule et même personne ; cet argument n’est pas convaincant, puisqu’on attribue les mêmes actes à Zorobabel et à Sassabasar. Cf. I Esd., v, 2 ; v, 14-16. Quelques-uns sont allés jusqu’à soutenir que Sassabasar n’était point juif, ce qui est en contradiction avec la politique de Cyrus qui, rendant la liberté aux captifs, voulut mettre à leur tête un de leurs anciens chefs, « un prince de Juda. » I Esd., i, 8. Voir Zorobabel.

SATAN (hébreu : édtân ; Septante : StdcëoXoç, (kxtixv, <raravîç ; Vulgate : adversarius, Satan, Satanas), l’adversaire de l’homme.

Nom commun.

Le mot hébreu vient du verbe sâtan, « être ennemi ». Il s’emploie parfois dans le simple sens d’adversaire. L’ange du Seigneur apparaît à Balaam sur le chemin leSâtân lô, a. en adversaire devant lui », BtaëaXsïv aù-r<Sv, contra Balaam. Num., xxii, 22. Les Philistins craignent que David, réfugié auprès d’Achis, ne devienne pour eux un èâlân, ËmêouXo ?, adversarius. I Reg., xxix, 4. À ceux qui lui conseillent de mettre à mort Séméï, David reproche d’être pour lui leSâtân, eîç èjui’ëouXov, in Satan, « . en ennemis ». II Reg., xix, 22. Salomon constate qu’il n’existe plus autour de lui d’adversaire, Sâtân, i%iêailo(, satan. lit Reg., v, 4. Cependant, à la fin de son règne, il voit s’élever contre lui plus d’un Sâtân, o-a-câv, adversarius. III Reg., xi, 14, 23, 25. Le Psalmiste souhaite que l’ennemi, sâtân, BiiêoXaç, diabolus, se tienne à la droite du méchant pour l’accuser. Ps. cix (cvm), 6. À Pierre, qui veut le détourner de penser à sa passion, le Sauveur dit dans le même sens : « Retiretoi de moi, satan, » c’est-à-dire adversaire, mauvais conseiller. Matth., xvi, 23 ; Marc, viii, 23.

Nom propre.

Le mot sâtân désigne particulièrement le diable, l’adversaire par excellence du genre humain.

1. Dans l’Ancien Testament, on attribue à Satan, SiccëoXoç, Satan, l’inspiration qu’eut David de faire le dénombrement d’Israël. I Par., XXI, 1. Dans Job, i, 6-ii, 6, il apparaît comme l’instigateur de tous les maux qui, avec la permission de Dieu, fondent sur le juste. Zacharie, iii, 1, 2, le représente devant l’ange de Jéhovah, à la droite du grand-prêtre Jésus, en qualité d’accusateur.

2. Dans le Nouveau Testament, il est toujours appelé Saxavâç, Satanas. Saint Jean l’identifie avec le diable et l’antique serpent. Apoc, xii, 9 ; xx, 2. Voir Démon, t. ii, col. 1366 ; Diable, col. 1400. Satan est le tentateur. Matth., iv, 10 ; Marc, i, 13 ; Act., v, 3 ; I Cor., vii, 5. Il enlève le bon grain, c’est-à-dire la vérité semée dans les âmes. Marc, iv, 15. Il est l’auteur de certains maux physiques. Luc, xiii, 16. Il circonvient les âmes pour les faire tomber dans le mal, II Cor., ii, 11 ; se transfigure en auge de lumière pour les tromper, II Cor., xi, 14 ; excite les passions mauvaises, II Cor., xii, 7 ; cherche à persécuter les prédicateurs de l’Évangile, Luc, xxii, 31 ; les empêche de remplir leur mission, I Thés., ii, 18, et exerce partout une action néfaste. II Thés., ii, 9. Jésus-Christ l’a vu tombant du ciel. Luc, x, 18. Il exerce sa puissance sur la terre, Act., xxvi, 18, et se garde bien d’agir contre ses propres intérêts en chassant les démons. Matth., xii, 26 ; Marc, iii, 23, 26 ; Luc, xi, 18. Il s’est emparé de Judas pour lui faire commettre son forfait. Luc, xxiii, 3 ; Joa., xiii, 27. Il a ses adeptes, qui forment la synagogue de Satan et propagent sa domination en certains lieux. Apoc, ii, 9, 13 ; iii, 9. Il a ses doctrines mensongères qu’il fait appeler les « profondeurs de Satan ». Apoc, ii, 24. On livre à son pouvoir les pécheurs scandaleux. I Cor., v, 5 ; I Tim., i, 20. Certaines âmes se convertissent d’elles-mêmes à lui. I Tim., v, 15. Mais Dieu l’écrasera sous les pieds des fidèles chrétiens. Rom., xvi, 20. À la fin des temps, Satan sera momentanément relâché de sa prison pour séduire les nations. Apoc, xx, 7.

H. Lesêtre
.

'{'SATISFACTION, compensation ordinairement exigée de Dieu, à la suite du péché, même après qu’il a élé pardonné. — Quand le péché a lésé le prochain en quelque manière, il est naturel et nécessaire que le dommage soit compensé. Voir Restitution, col. 1062. Mais il y a aussi lieu à satisfaction envers Dieu.

1° Dans l’Ancien Testament, Dieu exige plusieurs fois cette satisfaction. II l’impose à Adam et Eve et à tous leurs descendants, même après leur repentir et 1497

SATISFACTION — SATRAPE

leur pardon. Gen., iii, 14-19. Àaron et Moïse sont privés d’entrer dans la Terre Promise, à cause de leur manque de foi à Meriba. Num., xx, 12, 24 ; Deul., xxxii, 50, 51. Job, xlii, 6, se condamne et fait pénitence, à cause des paroles inconsidérées qu’il a prononcées. Les sacrifices pour le péché et pour le délit sont de véritables satisfactions offertes à Dieu, l’homme s’imposant ou subissant une peine et une privation pour compenser le plaisir illicite qu’il s’est permis en désobéissant à Dieu. Voir Sacrifice, col. 1319. David, pardonné de son péché, verra cependant mourir son fils, parce qu’il a fait mépriser Jéhovah par ses ennemis. II Reg., xii, 13, 14. À la suite du dénombrement, David se repent encore, mais il lui faut subir un fléau qui l’atteindra ainsi que son peuple. II Reg., xxiv, 10-14. Les iléaux particuliers ou généraux que Dieu envoie frappent à la fois ceux qui se repentent et ceux qui s’obstinent dans le mal. Pour les premiers, ils ont le caractère de satisfactions. II en a été ainsi de la captivité, à laquelle ont été soumis même des Israélites pieux ou repentants. La pénitence volontaire constitue une satisfaction dont Dieu se contente souvent. Joël., ii, 12-17. Voir Pénitence, col. 39. Enfin, les sacrifices pour les morts supposent que ceux-ci doivent encore des satisfactions à Dieu dans l’autre vie. II Mach., xii, 43-46. Voir Purgatoire, col. 874.

2° Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur dit que le coupable ne sortira pas de prison avant d’avoir payé jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire avant d’avoir donné toute satisfaction à son débiteur. Matth., v, 26 ; xvin, 30, 34. Lui-même a souffert et est mort afin de nous racheter, c’est-à-dire afin de fournir à Dieu, en notre nom, les satisfactions que nous étions incapables de lui offrir. Voir Rédemption, col. 1007. Néanmoins les salisfactions surabondantes du Christ ne dispensent pas le chrétien d’apporter les siennes. « Ce qui manque aux souffrancesdu Christen ma propre chair, je l’achève pourson corps, qui est l’Église », dit saint Paul. Col-, i, 24. Le chrétien unit ainsi ses satisfactions personnelles à celles du Christ, non que ces dernières soient insuffisantes, mais parce que le chrétien se les applique surtout en y prenant part, pour que le corps mystique du Christ, qui est l’Église, soit associé en tout au corps naturel que le Christ a pris dans l’incarnation. Or le corps mystique de l’Église ne se compose que de l’ensemble des chrétiens, dont chacun, par conséquent, comme membre de ce corps, doit partager le sort du corps tout entier. I Cor., xii, 30. Voir Mortification,

t. iv, col. 1313.
H. Lesêtre.
    1. SATRAPE##

SATRAPE (hébreu, aupluriel : ’âJfaSdarpenîm, ; chn]déen dans Daniel : ’âfiâsdarpenîn ; grec classique, t&zç. i 306. — Satrape perse Tissapherae.

Tète du satrape Tissapheroe, coiffé de la tiare perse. — fi). BAEI-AEQS. Le roi Artaxercès II Mnémon, en archer mélophore, à demi agenouillé, à droite ; derrière, mie galère avec un rang de rameurs. Le tout dans un carré creux.

îtTjc et o-oreporar, ?), gouverneur d’une province dans l’ancienne Perse (fig. 306). — 1° Étymologie. L’hébreu est la reproduction, avec Valeph prosthétique, du perse khSatrapâvan, par abrévation khsafrdpa, formé des deux mots khsatra, « c royaume, empire », et pâ, « protéger ». Satrape est donc l’équivalent de « protecteur de

l’empire ». Les dérivations qu’on donnait autrefois et qui rattachaient, par exemple, le mot satrape au sanscrit asatrapé, « guerrier de l’armée », etc., sont fausses. Voir Gesenius, Thésaurus, t. i, p. 73-74 ; A. F. Pott, Etymologische Forschungen, in-8°, Lemgo, 1859, p. 68 ; F. von Lagarde, Armenische Studien, in-4°, Gœttingue, 1877, n. 1667, 1856 ; F. Spiegel, Die altpersische Keilinschriften, in-8°, Leipzig, 2e édit., 1881, xxii, 26, p. 215 ; K. Marti, Grammatik der bibl. aram. Sprache, in-8°, Berlin, 1896, note de Andréas dans le glossaire, au mot’Ahasdarpan ; G. Rawlinson, The History of Herodotus, 4 in-8°, 2= édit., Londres, 1862, t. ii, p. 481. On trouve ce nom sur plusieurs anciennes inscriptions en langue perse ou mède, notamment dans celle de Béhistoun. Cf. J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879, p. 136, 178. — 2° Les satrapes et la Bible. Il est question des satrapes dans plusieurs passages de l’Ancien Testament : Esd., viii, 36 ; Esth., ni, 12 ; viii, 9 ; ix, 3 ; Dan., iii, 2, 3, 27 (Vulgate, 94) ; vi, 1, 2, 3, 4, 7. Mais le mot hébreu’ahaÇdarpan n’est pas toujours traduit de la même manière dans nos anciennes versions officielles. Les Septante le traduisent par 5101xr]Tai dans Esdras ; par o-tp<itïjyoî etap^ovreç téôv <Txcpa7rà>v dans Esther ; par ooecpâTC* : , ûua-roi et tonâp /ac dans Daniel. La Vulgate a le plus souvent satrapes ; principes pour Esth., viii, 9 ; duces pour Esth., IX, 3. — 3° Institution et nombre. Les satrapes furent institués par Darius I", fils d’Hystaspe (521-486 av. J : -C), lorsque, après son installation sur le trône de Perse, il divisa son vaste empire en provinces ou satrapies, qui correspondaient à un ou à plusieurs des royaumes conquis. À la tête de chacune de ces provinces il établit un satrape comme gouverneur. Hérodote, iii, 89. Sous les Achéménides, à l’époque la plus florissante de la Perse, il y avait vingt satrapies seulement, et il ne paraît pas que ce chiffre ait jamais été beaucoup dépassé. Hérodote, iii, 89 ; J. Oppert, loc. cit., p. 112-114. Si donc il est parlé de 120 satrapes au livre de Daniel, ce ne peut être que dans un sens large. « Dans ce chapitre (vi) les 120 satrapes ne sont évidemment pas des satrapes dans le sens strict de l’expression… C’est ainsi que le titre marzban, qui, sous la dynastie sassanienne, correspondait à l’ancien mot satrape, est parfois employé par les écrivains arabes postérieurs, pour désigner les officiers persans en général. » A. Bevan, À short Commentary on the Book of Daniel, in-8°, Cambridge, 1892, p. 109. Il faut expliquer de même II Esd., i, 1 ; viii, 9 et îx, 30, où il est question des 127 provinces de l’empire perse ; il s’agit là de districts d’un ordre inférieur. Voir aussi Esth., viii, 9. — 4° Les pouvoirs dont les satrapes étaient investis furent considérables dès l’origine. En réalité, ils exerçaient les fonctions de vicerois, au nom du monarque, qui s’était réservé la juridiction suprême. Cependant, tout en jouissant d’une large autonomie, ils n’étaient chargés que de l’administration civile et politique ; ils ne possédèrent pas d’abord l’autorité militaire, qui était confiée à un fonctionnaire spécial, lequel dépendait aussi directement du « grand roi ». Hérodote, iii, 89. Les satrapes étaient chargés de l’exécution des ordres royaux, du recouvrement des impôts, de l’entretien des routes, de divers travaux agricoles, etc. À côté d’eux, il y avait un scribe ou chancelier, également indépendant. Des inspecteurs officiels, qui se rendaient chaque année dans les provinces, et qu’on appelait « les yeux et les oreilles du roi », leur faisaient rendre compte de leur administration. Les moindres négligences étaient sévèrement punies. Hérodote, i, 114 ; Xénophon, Cyrop., VIII, yi, 17. Pour leurs communications directes avec le roi, ils employaient des messagers spéciaux, nommés a-j-fapoi, qui portaient les dépèches de station en station, montés sur des coursiers rapides. Hérodote, viii, 98 ; Xénophon, Cyrop., VIII, VI, 17. Ils étaient choisis parmi les descendants des anciennes

familles nobles de la Perse, et tenaient une cour princière, à la façon du roi. Hérodote, i, 192. À l'époque de la décadence de l’empire, leurs pouvoirs s’accrurent, et ils possédèrent souvent, d’une manière simultanée, l’autorité civile et militaire ; ils abusèrent alors fréquemment de leur puissance presque royale, pour opprimer leurs administrés. En fait, ils étaient devenus semblables à des princes indépendants ou à des rois vassaux. Alexandre le Grand, après sa conquête de la Perse, maintint le système des satrapies, avec quelques modifications. Au-dessous des satrapes, il y avait le pétjLâh, placé à la tête d’un district moins considérable. C’est ainsi que Zorobabel et Néhémie furent pahôt (gouverneurs)de la Judée sous les satrapes persans de Syrie. Cf. I Esd., IV, 3, 6 ; II Esd., ii, 9. Après la conquête de Babylone par Cyrus, la jalousie des satrapes fit jeter Daniel dans la fosse aux lions, mais ceux qui l’avaient dénoncé y furent jetés à leur tour, le prophète ayant été miraculeusement sauvé. Dan., vi, 1-24. — Sous Xerxès, Aman fit envoyer aux satrapes des lettres pour la proscription des Juifs. Esth., iii, 12. Ils en reçurent ensuite en sens contraire. Esth., viii, 9 ; ix, 3. Quand Esdras retourna en Judée, il remit aux satrapes et aux pafyôt qui gouvernaient à l’ouest de l’Euphrate des édits royaux favorables aux Juifs. I Esd., viii, 36. — Les Septante et la Vulgate ont employé plusieurs fois improprement o-arpocjcai, salrapse, pour traduire seranîm, le nom des chefs philistins. Voir Philistins, col. 290. — Satrapa, dans IV Reg., xviii, 24, traduit l’hébreu pafyat (Septante : Tonipxiç), de même que II Par., ix, 14 (Septante : axzpiizai). — VoirL. Dubeux, La Perse, in-8°, Paris, 1841, p. 97-98 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Test, , 3e édit., revue

307. — Cynocéphale. Figurine de terre verte émaillée provenant de Goptos. D’après Maspero, Hist. ancl des peuples de VOrient, t. i, p. 145.

par Zimmern et Winckler, in-8°, Berlin, 1903, p. 116117, 188 ; A. Buchholz, Qusestiones de Persarum satrapis satrapiisque, in-8°, Leipzig, 1894.

L. Fillion. SATUM, mot par lequel la Vulgate traduit ordinairement le nom de mesure hébreu se"dh. Voir Mesure, iv, 30, t. iv, col. 1043 ; Sê'Ah.

    1. SATYRE##

SATYRE, mot par lequel certains traducteurs rendent le mot hébreu se'îrîm, qui signifie « velus ».

Saint Jérôme, Comm. in Is., xiii, 21, t. xxiv, col. 159, l’explique ainsi : (Seirim) vel incubones vel salyros vel sylvestres quosdam komines, quos nonnulli fatuos ficarios vocant, aut dsemonum gênera intelligunt. — 1° Les se’irim désignent dans le Lévitique, XVII, 7, de fausses divinités ou des animaux divinisés (Septante : ot |i<x7a ! o !  ; Vulgate : dsemonia) auxquels les ' Israélites avaient rendu un culte en Egypte. Plusieurs croient qu’il s’agit de boucs ; d’autres, de cynocéphales (fig. 307), qu’on voit souvent représentés sur les monuments égyptiens. Voir Singe. Il est aussi question de ces mêmes se'îrîm (Septante : oi pazaioi ; Vulgate : dsemonia) dans II Par., XI, 15. Jéroboam I er, roi d’Israël, qui s'était réfugié en Egypte pendant les dernières années du règne de Salomon, établit dans son nouveau royaume des prêtres des hauts-lieux, des se’irim et des veaux (bœuf Apis). — Isaïe parle des se'îrîm dans deux passages, xiii, 21 ; xxxiv, 14 (Septante : Sæjiôvia ; Vulgate : pilosi, pilosus) ; il peut désigner par ce mot « les boucs ». Voir Bodc, t. i, col. 1871.

SAUL, nom d’un Iduméen, de trois Israélites et premier nom de saint Paul.

1. SAUL (hébreu : Sâ'ûl ; Septante : 2ao-jX), roi d'Édom. Gen., xxxvi, 37 ; I Par., xlvii, 49. Il avait succédé à Semla et résidait à Rohoboth. Voir Roiioboth, col. 1113.

3. SAUL (hébreu : Ëâ'ûl ; Septante : Eao-j).), le premier roi d’Israël (1095-1055).

I. Son élection. — 1° Sa jeunesse. — Saül était fils de Cis, de la tribu de Benjamin. Voir Cis, t. ii, col. 680. La Sainte Écriture signale sa beauté singulière et sa taille, par laquelle il dépassait de la tête les autres Israélites. 1 Reg., ix, 2 ; x, 24. Un seul incident de sa jeunesse est raconté. Les ânesses de son père s'étaient égarées ; Cis envoya Saül pour les chercher en compagnie d’un serviteur. Le jeune homme les chercha en vain dans la montage d'Éphraïm et dans les régions de Salisa et de Salim. Il ne les trouva pas non plus en Benjamin, au pays de Suph. Il eut alors l’idée de retourner vers son père, qui pouvait être en peine de lui, lorsque, sur le conseil de son serviteur, il se décida à aller consulter, dans le voisinage, un homme de Dieu très considéré. Tout l’avoir des deux chercheurs consistait en un quart de sicle d’argent, qu’ils résolurent d’offrir au voyant. À la montée de la ville, des jeunes filles les informèrent que le voyant était là, mais se disposait à se rendre au haut-lieu pour bénir un sacrifice qui devait être suivi d’un festin. Or Jéhovah avait fait connaître au voyant, Samuel, la visite qu’il recevrait et le choix qu’il avait fait du jeune homme qui se présenterait : il devait être ce roi que le peuple avait récemment réclamé. Ayant reconnu Saûl, Samuel le convia à manger avec lui ce jour-là, pour le laisser partirlelendemain.il ajouta d’ailleurs que les ânesses qu’il cherchait depuis trois jours étaient retrouvées.

2° Sort, onction. — Chemin faisant, Samuel dit à Saûl que tout ce qu’il y avait de plus précieux en Israël était pour lui et pour la maison de son père, ce à quoi le jeune homme répondit en faisant remarquer la petitesse de sa famille et de sa tribu. Au festin, auquel trente hommes prenaient part, Samuel fit donner les premières places à Saül et à son serviteur, et ordonna de servir au jeune homme une part de choix qu’il avait réservée. De retour dans la ville, Samuel s’entretint avec Saül sur le toit de la maison, et, le lendemain matin, il le reconduisit hors de la ville. Le priant alors de faire aller le serviteur en avant, Samuel prit une fiole d’huile et la versa sur la tête de Saül en lui disant : « Jéhovah t’oint pour chef sur son héritage. » 1501

SAtlL

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Cet acte pouvait à bon droit étonner Saûl. Pour lui montrer qu’il agissait en connaissance de cause, Samuel lui révéla certains incidents qui allaient lui arriver : deux hommes le rencontreraient près du Tombeau de Rachel (voir col. 925) et lui annonceraient que ses ânesses étaient retrouvées ; près du chêne de Thabor, trois hommes munis de provisions lui offriraient deux pains ; à Gabaa, il verrait une troupe de prophètes et, saisi de l’esprit de Dieu, il se mettrait à prophétiser avec eux. Enfin, il aurait ensuite à se rendre à Galgala et à y attendre Samuel durant sept jours avant d’offrir les sacrifices. Les signes indiqués par Samuel se réalisèrent exactement. Quand Saul fut de retour chez lui, son oncle lui demanda ce qui lui était arrivé avec le prophète. Saùl répondit simplement qu’il lui avait donné des nouvelles de ses ânesses, mais il ne dit rien de l’onction reçue. I Reg., ix, 20-x, 16.

3° Son élection. — Il fallait que le choix du nouveau roi, arrêté par Dieu, fût notifié au peuple. Samuel convoqua les tribus à Masphath et tira au sort pour le désigner. Voir Sort. La désignation porta successivement sur la Iribu de Benjamin, la famillede Métri et Saûl, fils de Cis. Saül s’était dissimulé parmi les bagages du campement. Sur l’indication de Jéhovah, on l’en tira. Samuel lit remarquer au peuple les avantages de sa personne et tous s’écrièrent : « Vive le roi ! » Quand le droit de la royauté eut été lu par Samuel, Saùl s’en retourna dans sa maison, à Gabaa, accompagné d’une troupe d’hommes marquants dont Dieu avait incliné le cœur vers le nouveau roi. Il y eut cependant des opposants qui dirent : « Est-ce celui-là qui nous sauvera ? » Pour témoigner de leur mépris, ils s’abstinrent d’offrir des présents à Saûl. Celui-ci eut la sagesse de fermer les yeux sur cet incident.’I Reg., x, 18-27.

IL La première faute. — 1° La victoire sur les Ammonites. — L’historien sacré se préoccupe surtout de mettre en relief les causes qui ont motivé la réprobation de Saùl. Il ne donne que des détails assez brefs sur ses guerres. Il indiquait l’âge du roi et la durée de son règne ; mais les chiffres ont péri.

I Reg., xiii, 1. On sait par saint Paul que Saùl régna quarante ans. Act., xiii, 21. Josèphe, Ant. jud., VI, XIV, 8, divise ce total en deux parties, dix-huit ans du vivant de Samuel, et vingt-deux après la mort du prophète. Comme, dès le début du règne, le fils de Saûl, Jonathas, est déjà à la têle de mille hommes, ce qui suppose un âge de dix-huit à vingt ans, on conjecture que Saùl avait de trente-cinq à quarante ans quand il fut élu roi, ce qui le ferait vivre jusqu’à près de quatrevingts ans. — Il semble que, dans les premiers temps qui suivirent son élection, Saùl traita la royauté plutôt comme une fonction que comme une dignité. Il était retourné à ses champs et labourait, quand on apporta à Gabaa la nouvelle des insolentes provocations de Naas l’Ammonite, campé devant Jabès en Galaad. Les habitants de Jabès avaient demandé à Naas sept jours de répit, promettant de se rendre s’ils n’étaient secourus. Informé de la situation, Saùl prit aussitôt deux de ses bœufs, les mit en pièces et en envoya les morceaux dans tout Israël, en disant : « Ainsi seront traités les bœufs de quiconque ne marchera pas à la suite de Saùl et de Samuel. » Les hommes vinrent en foule à Rézec, sur la rive droite du Jourdain. Voir Bézec, 1. 1, col. 1774.

II y aurait eu 300000 hommes d’Israël et 30000 de Juda. Josèphe, Ant. jud., VI, v, 3, en compte 700000 et 70000. Les chiffres bibliques paraissent déjà fort élevés, étant donné surtout le peu de temps dont on disposait pour la convocation et le rassemblement. On sait d’ailleurs avec quelle facilité les nombres pouvaient être altérés par les copistes. Les messagers de Jabès furent chargés d’annoncer le secours pour le lendemain. Saül passa le Jourdain avec ses troupes, et les disposant en trois

corps, il pénétra dans le camp des Ammonites dès la veille du matin, continua la lutte jusqu’à la chaleur du jour, et dispersa tous ceux des ennemis qui échappèrent à la mort. Voir Naas, t. iv, col. 1429. — Cette victoire, qui justifiait si brillamment le choix du nouveau roi, fut le signal d’une réaction violente contre ceux qui lui avaient manqué de respect au jour de son élection. Saùl voulut qu’aucune rigueur ne fût exercée contre eux, et, sous la conduite de Samuel, tous se rendirent à Galgala pour acclamer à nouveau la royauté de Saùl, désormais acceptée de tous, y offrir des sacrifices d’actions de grâces et se livrer à de grandes réjouissances. I Reg., xi, 1-15.

2° Le sacrifice de Galgala. — Assuré que Saül remplirait dignement sa charge de défenseur du pays, Samuel abdiqua publiquement sa judicature. I Reg., XII, 1-25. Dès lors, Saül s’occupa d’organiser les forces militaires qui lui étaient nécessaires. Il choisit 30000 hommes d’Israël, parmi lesquels 2000 demeurèrent avec lui à Machmas et sur la montagne de Bethel, et 1000 furent sous les ordres de son fils Jonathas à Gabaa. Il renvoya les autres chez eux. Il est probable que les 30000 hommes devaient fournir, par dixièmes successifs, l’effectif de 3000 combattants toujours prêts à marcher. — Jonathas ne tarda pas à se signaler en battant un poste de Philistins en résidence à Gabée. Comprenant que les Philistins ne demanderaient qu’à se venger, Saùl signala le fait à son peuple. Bientôt après, les ennemis étaient sur pied avec 1000 chars (et non 30000), 6000 cavaliers et d’innombrables soldats, et ils vinrent camper à Machmas. Parmi les Hébreux, beaucoup se cachèrent, d’autres passèrent le Jourdain, le reste tremblait derrière Saùl à Galgala, sur le bord du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de Machmas-Conformément à l’ordre précédemment reçu, Saùl attendit Samuel pendant sept jours pour l’offrande des sacrifices qui devaient appeler le secours de Jéhovah. Le septième jour, voyant que Samuel n’arrivait pas et que le peuple se dispersait de plus en plus, Saùl fit procéder à l’offrande des sacrifices. À peine avait-on terminé que Samuel parut. Le roi chercha à s’excuser sur la nécessité imposée par les circonstances ; mais le prophète lui fit savoir que, pour avoir transgressé l’ordre de Jéhovah, son règne serait éphémère et ne serait pas affermi pour toujours, c’est-à-dire pour sa descendance. I Reg., xiii, 2-14. La faute commise par Saùl était évidemment grave pour mériter une telle sanction. Consista-t-elle en ce qu’il prit sur lui d’offrir les sacrifices comme s’il était prêtre ? Josèphe, Ant. jud., VI, VI, 2, semble le penser. Mais le texte sacré peut s’entendre en ce sens que le roi commanda d’offrir les sacrifices, et d’ailleurs Samuel ne lui reproche pas une ingérence dans les fonctions sacerdotales, mais seulement une décision prématurément prise avant son arrivée. Saùl s’est rendu coupable en oubliant que son pouvoir royal restait subordonné au pouvoir théocratique représenté par le prophète de Jéhovah, et en manquant de la confiance nécessaire en Dieu qui connaissait mieux que lui l’urgence du péril et se réservait de l’écarter à son heure. De plus, même en s’abstenant d’offrir en personne les sacrifices, le roi s’était permis une intervention abusive dans les choses religieuses, et la volonté manifeste de Dieu était qu’en Israël, à rencontre de ce qui se passait chez les autres peuples, le pouvoir sacerdotal demeurât absolument distinct du pouvoir royal. Ces vérités devaient être fortement inculquées dès l’origine de la royauté en Israël.

3° La guerre contre les Philistins. — Saùl, abandonné par Samuel qui s’était retiré à Gabaa, ne trouva plus avec lui que 600 hommes. Il se posta avec eux à Gabée, à quatre kilomètres au sud-ouest de Machmas. De leur côté, les Philistins envoyèrent trois troupes en différentes directions pour ravager le pays. La situation

des Israélites paraissait d’autant plus lamentable que les Philistins étaient leurs fournisseurs d’armes. Il fallait descendre chez eux, même pour faire aiguiser les instruments de culture. Les Philistins avaient accaparé le monopole de l’industrie métallurgique ; ils tenaient ainsi à leur discrétion leurs imprévoyants voisins qui, en cas d’hostilités, en étaient réduits à se passer d’armes et d’outils. Les hommes de Saùl n’avaient donc ni lances ni épées ; seuls, le roi et Jonathas en possédaient. En voyant les Israélites postés à Gabée, les Philistins occupèrent une position en avant de Machmas, en haut de la vallée qui séparait les deux armées. Jonathas mit à profit cette circonstance pour tenter un coup d’audace, avec la confiance que Jéhovah saurait bien lui venir en aide. Seul avec son écuyer, il gravit les rochers, arriva au premier poste des Philistins et leur tua une vingtaine d’hommes. La panique se mit aussitôt dans le camp ennemi et tut encore augmentée par un tremblement de terre. Témoins du mouvement qui agitait le camp philistin, les Israélites s’approchèrent et reconnurent que, dans la confusion provoquée par la panique, les ennemis s’entretuaient. Aussitôt, des Israélites précédemment cachés ou en fuite surgirent de toutes parts et poursuivirent les Philistins jusqu’à Béthaven, à trois ou quatre kilomètres au nord de Machmas. Saül fit alors jurer à tout le peuple que personne ne prendrait rien avant que la déroute des ennemis fût achevée. Jonathas, qui n’avait pas eu connaissance du serment prescrit par son père, mangea un peu de miel en passant par la forêt. La poursuite se continua jusqu’à Aïalon, à vingt-cinq kilomètres à l’ouest de Machmas. Le soir, le peuple se jeta sur le butin et, exténué par la faim, mangea des animaux avec le sang. C’était une faute contre la Loi. Lev., iii, 17. Par son serment inconsidéré, Saùl avait donné occasion à cette transgression. Pour l’expier, il fit dresser une pierre, sur laquelle il donna l’ordre d’égorger les animaux avant de s’en nourrir, et il éleva un autel à Jéhovah. Vers le milieu de la nuit, le roi voulait reprendre la poursuite, quand le grand-prêtre l’avertit d’avoir d’abord à consulter Dieu. Comme aucune réponse ne fut obtenue, on crut qu’une faute cachée motivait le silence de Jéhovah et l’on jeta le sort pour savoir quel était le coupable. Jonathas fut désigné. Il avoua qu’il avait mangé un peu de miel le jour précédent, et Saül voulut le faire mourir. Le peuple s’y opposa énergiquement et Jonathas eut la vie sauve. La poursuite s’arrêta là. Les Philistins survivants regagnèrent leur pays et Saül s’en retourna à Gabaa. Jéhovah avait visiblement secouru les Israélites dans leur situation désespérée ; à combien plus forte raison l’eût-il fait si le roi s’en était tenu fidèlement aux prescriptions de Samuel ! Saül fit encore d’autres guerres contre les ennemis d’alentour, Moab, Ammon, Édom, les rois de Soba et, de nouveau, les Philistins. Mais l’historien sacré se contente de les mentionner. I Reg., xiii, 15-xiv, 47. Voir Jonathas, t. iii, col. 1616.

III. La deuxième faute. — 1° La guerre contre les Amalécites. — Sur l’ordre de Samuel, Saül partit en guerre contre les Amalécites, qui jadis avaient montré tant d’hostilité contre les Hébreux après leur sortie d’Egypte. Exod., xvii, 8-16. Il lui était enjoint de tout exterminer, parce que tout ce peuple avait été voué à l’anathème par Jéhovah. Exod., xvii, 14. Le roi partit avec 200000 hommes de pied et 10 000 de Juda. Il avertit d’abord les Cinéens d’avoir à se retirer du milieu des Amalécites, et il battit ces derniers depuis Hévila jusqu’au désert de Sur, près de la frontière égyptienne. Voir Hévila, t. iii, col. 688, et la carte, t. i, col. 429. Seulement il épargna le roi, Agag, et ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux. Après la victoire, il se rendit à Carmel de Juda, voir Carmel 1,

t. ii, col. 290, où il s’éleva un monument, une « main » voir Main, t. iv, col. 585, et descendit à Galgala. Samuel parut alors de nouveau et reprocha à Saùl sa transgression. Le roi prétendit qu’il avait gardé les troupeaux pour offrir des sacrifices à Jéhovah ; mais il s’attira cette réponse : « Jéhovah prend-il autant de plaisir aux holocaustes et aux sacrifices qu’à l’obéissance à sa voix ? Mieux vaut l’obéissance que le sacrifice et la soumission que la graisse des béliers. Car la rébellion est aussi coupable que la divination, et la résistance autant que l’idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de Jéhovah, il te rejette aussi pour que tu ne sois plus roi. » I Reg., XV, 22, 23. Ainsi, après avoir mérité la réprobation pour sa descendance, Saûl la faisait remonter jusqu’à lui-même. Il reconnut sa faute et voulut implorer son pardon, mais ce fut en vain. Tout ce qu’il obtint, c’est que le prophète, pour lui faire honneur devant les Israélites, consentît à demeurer quelque temps avec lui, pour qu’ensemble ils adorassent Jéhovah. Quant à Agag, Samuel le fit comparaître et tailler en morceaux. Puis il partit pour Rama, pendant que Saùl s’en retournait à Gabaa. 1 Reg., xv, 1-35.

2° Les conséquences. — « Jusqu’à quand pleureras-tu sur Saù], que j’ai rejeté, afin qu’il ne règne plus sur Israël ? » dit le Seigneur à Samuel, affligé de la réprobation de celui sur lequel il avait compté. Pour obéir à Dieu, Samuel oignit le jeune David comme roi d’Israël. I Reg., xvi, 1-13. Si l’on s’en rapporte à l’indication de Joséphe, Ant. jud., VI, xiv, 8, Saül n’avait pas encore atteint la moitié de son règne à cette époque. Pendant plus de vingt ans, il était donc destiné à traîner une vie maudite et misérable. « L’Esprit de Jéhovah se retira de lui et un mauvais esprit, venu de Jéhovah, le troublait. » Une noire mélancolie, mêlée d’accès de fureur, s’empara de lui. Cf. W. Ebstein, Die Medizin im A. T., Stuttgart, 1901, p. 115. Pour calmer la surexcitation nerveuse du roi, on chercha quelqu’un qui pût lui jouer de la harpe. Le jeune David fut choisi. Quand les accès du roi commençaient, celui-ci jouait de son instrument, Saül s’en trouvait bien et se calmait. I Reg., xvi, 14-23.

IV. La poursuite de David. — 1° Le combat contre Goliath. — Une nouvelle attaque des Philistins obligea Saûl à rentrer en lutte avec eux. Le géant Goliath vint alors défier insolemment les Israélites, et personne n’osait se mesurer avec lui. Voir Goliath, t. iii, col. 268. Saül promit sa fille à celui qui combattrait le philistin, avec exemption de toute charge pour sa famille. David s’offrit à affronter la lutte et il vint à bout du terrible ennemi, ce qui détermina la fuite des Philistins, le massacre d’un grand nombre d’entre eux et la poursuite des autres jusqu’à Accaron. I Reg., xvii, 1-54. Au retour, on fit une ovation à David. Les femmes chantaient en dansant :

Saiil a tué ses mille,

Et David ses dix mille.

Le roi se montra fort irrité de la préférence ainsi marquée au jeune héros. « Il ne lui manque plus que la royauté ! » disait-il avec amertume, sans se douter que David avait déjà reçu l’onction royale ; et, à partir de ce jour, il le vit de mauvais œil. I Reg., xviii, 6-9.

— Entre les deux passages I Reg., xvii, 54, et xviii, 6, ont été intercalés deux courts morceaux. Dans le premier, Saûl et Abner, son cousin et le chef de son armée, ne connaissent pas David et demandent qui il est. I Reg., xvii, 55-58. Ce fragment a sa place dans le récit de la présentation de David, quand il vint pour la première fois jouer de la harpe devant Saûl. Le second épisode raconte la liaison de Jonathas et de David, qui n’eut lieu qu’après la victoire remportée sur Goliath. I Reg., xviii, 1-5. Ces deux morceaux manquent

dans le Codex Vaticanus. Ils ont été sans doute insérés à une place gui ne convenait pas.

2° Les attentats. — Le lendemain de la victoire sur les Philistins, Saül fut saisi d’un accès, et, pendant que David lui jouait de la harpe, il chercha à le percer de sa lance. David esquiva le coup par deux fois. Alors Saûl prit peur ; il l’éloigna de lui, le mit à la tête de mille hommes et l’envoya guerroyer contre divers ennemis. David réussissait partout, le peuple l’aimait, et Jonathas en vint à le chérir « comme son âme » et à lui en donner la preuve. N’ayant pu réussir à le faire périr, Saül l’engagea contre les Philistins, dans l’espoir qu’il y trouverait la mort. Au lieu de lui donner pour épouse sa fille ainée, Mérob, il avait accordé celle-ci à un autre. David était aimé de Michol, autre fille du roi. Saûl la lui promit, s’il lui rapportait en dot les dépouilles de mille Philistins. David le fit heureusement et Saül fut obligé. d’exécuter sa promesse. Mais ceci ne l’empêcha pas de renouveler ses attentats. Il chercha encore à percer David de sa lance. Puis il envoya des gens dans sa maison pour le tuer. Grâce à une ruse de Michol, David échappa et se réfugia auprès de Samuel. Saûl se rendit en personne à Rama, et là, l’Esprit de Dieu le saisit, de sorte que, pendant un jour et une nuit, il fut incapable d’agir par lui-même, ce qui permit à David de se mettre à l’abri. I Reg., xviii, 10-xix, 24. De retour chez lui, Saül s’irrita de l’absence de David et voulut percer de sa lance Jonathas lui-même, à cause de son amitié pour le persécuté et des excuses qu’il faisait valoir en sa faveur. I Reg., xx, 24-34. Peu après, ayant appris que David se trouvait dans le pays de Juda, Saül reprocha à ses compatriotes de Benjamin de laisser son fils soulever son serviteur contre lui. David chercha un refuge auprès du grand-prêtre Achimélech, à Nobé. Doëg l’Iduméen le dit au roi qui, faisant venir Achimélech et les prêtres de Nobé, mit à mort le grand-prêtre et quatre-vingt-cinq prêtres. Doëg fut l’exécuteur, car les officiers royaux se refusèrent à porter la main sur les ministres du Seigneur. De plus, tout ce qui se trouvait dans Nobé, hommes et animaux, fut passé au fil de l’épée. I Reg : , xx, 21-xxir, 23. La folie de Saül devenait de plus en plus furieuse.

3° La campagne contre David. — David ayant pris la ville de Ceïla aux Philistins, Saül partit en guerre pour l’y assiéger. David quitta la ville, afin de ne pas l’exposer à la vengeance du roi, et se retira au désert de Ziph. Les Ziphiens le dénoncèrent à son persécuteur qui chercha à s’emparer de lui ; mais le fugitif passa dans le désert de Maon, où Saül le serrait de près, quand une incursion des Philistins l’obligea à se tourner ailleurs. Au retour de l’expédition, Saül se remit à sa poursuite à travers les rochers d’Engaddi, à la têle de trois mille hommes. Obligé d’entrer dans une caverne, il fut magnanimement épargné par David, qui se trouvait au fond avec ses hommes. Il rentra alors en lui-même, reconnut l’innocence de celui auquel il en voulait tant, et, se rendant compte qu’un jour David serait roi, il le conjura d’épargner sa postérité. La promesse en fut faite, Saül retourna chez lui et David alla en lieu sûr. I Reg., xxiii, 1-xxiv, 23. Samuel mourut sur ces entrefaites. — La paix ne pouvait être définitive de la part de Saûl. Contre tout droit, il donna sa fille Michol, déjà femme de David, à Phalti. I Reg., xxvii, 43, 44. Sur une nouvelle dénonciation des Ziphiens, Saül revint avec trois mille hommes pour s’emparer de sa victime. David s’approcha de son camp, y pénétra la nuit avec un seul compagnon, trouva Saûl endormi dans le parc des chars au milieu des siens, et se contenta d’emporter la lance et la cruche d’eau qui étaient à son chevet. Saül fut encore obligé de rendre justice à la générosité et à l’innocence de David, et il retourna dans sa maison. I Reg., xxvi, 1-25. Il est évident que tous ces événements ont dû s’espa

cer notablement dans le cours du règne de Saûl, dont ils occupent une grande partie. Saül devait avoir d’assez longues périodes de lucidité, durant lesquelles il s’occupait de guerres ou d’administration, dans des conditions passées sous silence par l’écrivain sacré. Voir David, t. ii, col. 1311-1314. Cf. Meignan, David, Paris, 1889, p. 6-27.

V. La fin de Saûl. — 1° L’évocation d’Endor. — Pour tenter un effort plus décisif contre Israël, les Philistins réunirent toutes leurs forces en une seule armée. Saül vint camper à Gelboé avec l’armée israélite. Mais, à la vue du camp des Philistins, le cœur lui manqua. Il consulta en vain Jéhovah : ni songes, ni Urim, ni prophètes ne lui donnèrent de réponse. Il se déguisa alors pour aller trouver à Endor une évocatrice des morts et la pria de lui faire apparaître Samuel. L’apparition se produisit. Voir Évocation des morts, t. ii, col. 2129. Condamné par le prophète, Saül partit la nuit même pour retournera son camp. Il n’ignorait pas combien sa démarche était criminelle, puisque lui-même il avait sévi contre les devins et les nécromanciens. I Reg., xxviii, 9.

2° La dernière bataille. —Les Philistins attaquèrent les Israélites et en tuèrent un grand nombre à Gelboé. Ils s’acharnèrent spécialement à la poursuite de Saûl et de ses fils. Jonathas et ses deux frères périrent. Le roi, serré de près par les archers, commanda à son écuyer de prendre son épée et de l’en percer. Celui-ci n’osa ; Saül se saisit alors de l’épée et se jeta dessus. D’après un récit inséré plus loin, un Amalécite prétendit avoir donné la mort à Saül sur sa demande. II Reg., i, 2-10. Il se vantait de ce qu’il n’avait pas fait, dans l’espoir, qui fut trompé, de gagner la faveur de David. Josèphe, Ant. jud., VI, xiv, 7, combine ensemble les deux récits. Tous les Israélites s’enfuirent, ce qui permit aux Philistins d’occuper le territoire et les villes qu’ils abandonnaient. Le lendemain de la bataille, les Philistins trouvèrent le roi et ses trois fils parmi les morts. Ils coupèrentla tête de Saûl, prirent ses armes pour les déposer dans le temple d’Astarté et suspendirent son cadavre aux murs de Bethsan. Les habitants de Jabès en Galaad, reconnaissants de ce que Saül avait fait jadis pour leur délivrance, vinrent prendre son corps et celui de ses fils, les rapportèrent dans leur ville, les y brûlèrent, enterrèrent les restes et jeûnèrent pendant sept jours. I Reg., xxxi, 1-13 ; I Par., x, 1-14.

8° Après la mort de Saûl. — David avait toujours eu de grands égards pour son persécuteur, parce qu’il était « l’oint du Seigneur ». Trois jours après le désastre, il mit à mort l’Amalécite qui venait se vanter d’avoir donné à Saûl, sur sa demande, le coup fatal. Puis il célébra un grand deuil et composa le « chant de l’Arc », élégie funèbre sur la mort de Saül et de Jonathas, son ami si cher et si dévoué. II Reg., i, 1-27. Il envoya ensuite féliciter les habitants de Jabès de leur acte d’humanité. II Reg., ii, 5-7. La maison de Saûl, soutenue par Abner, ne laissa pas que de lui causer encore de graves difficultés. Pendant qu’il régnait sur Juda, Isboseth, autre fils de Saûl, régna sur le reste d’Israël durant deux ans. C’était comme un essai du schisme définitif qui divisa le pays en deux après la mort de Salomon. Abner, mécontenté par Isboseth, travailla ensuite à ramener tous les Israélites à la cause de David. Isboseth tomba bientôt après sous le fer de deux assassins, et tous se rallièrent au roi de Juda. II Reg., ii, 8-iv, 12. David se montra plein de bienveillance pour le fils de Jonathas, Miphiboseth. II Reg., ix, 1-12. Mais, par la suite, il fut obligé de céder aux instances des Gabaonites, qui se plaignaient du grand mal que leur avait fait Saûl, au mépris de la foi jurée. Jos., ix, 15. Sauvegardant Miphiboseth, il leur livra, comme ils le réclamaient, deux fils que Saül avait eus

V. - 48

de Respha, et cinq fils que Mérob, fille de Saûl, avait eus d’Hadriel. Les Gabaonites les pendirent sur la montagne. David fit recueillir leurs restes, et, y joignant ceux de Saül et de Jonathas qu’il prit à Jabès, il les inhuma à Séla de Benjamin, dans la sépulture de Cis. II Reg., xxi, 1-14.

4° Le caractère de Saûl. — Si rien n’avait naturellement préparé Saül à l’exercice du pouvoir royal, il faut convenir que le choix dont il fut l’objet de la part de Dieu supposait en lui les qualités nécessaires à sa fonction. En fait, il se montra, dès le début, intelligent, énergique, homme de décision et maître de lui-même. Il aurait pu continuer à l’être, s’il avait su comprendre les conditions spéciales dans lesquelles il avait à régner.

Au lieu de prendre exemple sur les rois voisins qui ne connaissaient d’autre loi que celle de leur caprice et de leurs passions, et qui, en conséquence, prétendaient tout régir, dans le domaine religieux comme dans les affaires profanes, il aurait dû se rappeler que Dieu commandait toujours en Israël et que le pouvoir royal était nécessairement subordonné, au moins en certains cas, au pouvoir théocratique représenté par les prophètes autorisés. Pour expliquer les excès du premier roi d’Israël, saint Jérôme, In Ose., ii, 8, t. xxv, col. 883, dit que « Saül ne fut pas fait roi par la volonté de Dieu, mais par l’erreur du peuple, et comme il n’avait pas de fond de piété, dès le début de son règne, il fut dévoré par l’impiété. » Saül a été désigné directement par Dieu, et cette désignation ne pouvait certainement tomber que sur un homme capable de bien régner. Saül est donc seul responsable de ses égarements, de ses cruautés et de sa ruine. Après avoir manqué gravement vis-à-vis de Dieu, il se fit sans raison le persécuteur de David. Cf. S. Augustin, . Epist. xliii, 8, 23, t. xxxiii, col. 171 ; Serm. cclxxix, 5, t. xxxviii, col. 1278. Sa maladie pourrait l’excuser, si elle n’avait été la conséquence ou le châtiment de ses fautes, comme l’insinue le texte sacré. Elle rendit malheureuse la seconde partie de son règne et le conduisit à un véritable désespoir, qui lui fit abandonner les principes les plus sacrés pour aller consulter une nécromancienne. S’il avait écouté Samuel, il eût pu être un prince digne de sa mission, comme son fils Jonathas, plein de cœur et de droiture, promettait de l’être, si sa famille n’avait été reprouvée de Dieu. L’auteur de l’Ecclésiastique, xlvi, 1320, ne mentionne pas nommément Saûl. Il ne fait allusion à ce roi qu’en parlant de Samuel.

H. Les être.

4. SAUL (hébreu : Sd’ûl ; Septante : Saoû), ), ancêtre de Samuel, de la tribu de Lévi et de la famille de Caath. 1 Par., vi, 24 (hébreu, 9). Il est appelé probablement Johelaujfr. 36 (hébreu, 21). Voir Johel 2, t. iii, col. 1593.

5. SAUL (grec : SaO.o ?), premier nom de l’apôtre saint Paul. Act., vii, 57, 59 ; viii, 3 ; ix, 1, 4, 8, 11, 17, 22, 24 ; xi, 25, 30 ; xii, 25 ; xiii, 1, 2, 7, 9 ; xxii, 7, 13 ; xxvi, 14. Son changement de nom apparaît pour la première fois Act., xiii, 9. Étymologiquement c’est le même nom que celui du roi Saûl. Voir PA.UL, t. iv, col. 2189.

    1. SAULE##

SAULE (hébreu : safsafâh ; Septante : lntôïnô>.i~ vov ; Vulgate : in superficie ; Hébreu : ’ârabim ; Septante : kÉa, Lev., xxiii, 10 ; Ps. cxxxvi, 2 ; Is., xxuv, 3, 4 ; xXffivEç, Job, XL, 17 (hébreu, 22) ; "Apaêa ; , Is., XV, 7 ; Vulgate : salices), arbre croissant d’ordinaire au bord des eaux.

I. Description. — Ainsi qu’il a été dit en parlant des peupliers, avec lesquels ils forment nne famille très naturelle, les saules s’en distinguent surtout par le moindre nombre de leurs étamines, et par la forme

rétrécie du limbe des feuilles. Ce sont des arbrisseaux, parfois même de vrais arbres, qui abondent principalement au bord des eaux. On peut les ranger en deux

308. — Salix Babylonica.

séries, les saules précoces dont les chatons floraux, presque sessiles, croissent avant les feuilles, et les saules tardifs où le développement est simultané sur

— Salix Safsaf.

de courts ramuscules. Parmi ces derniers le plus remarquable est le Salix Babylonica (fig. 308), à longs rameaux pendants, appelé pour cela vulgairement le saule-pleureur, et qui, malgré son nom, n’est vraisemblablement que naturalisé dans l’Asie occidentale, sa patrie étant, il semble, le Japon. L’espèce spontanée en Mésopotamie et nommée parBoissier S. acmophylla,

a des étamines plus nombreuses, 4 ou 5 dans chaque fleur, au lieu de 2. On en compte jusqu’à 8 dans le S. safsaf (fig. 309) des bords du Nil. Le S. alba est aussi un bel arbre de la même série, à feuillage argenté. Le S. fragilis lui ressemble beaucoup, mais ses feuilles sont plus franchement vertes, glabrescentes à l’état adulte, avec une pointe oblique et allongée. — Les saules précoces comprennent, oulre la série des marsaules à rameaux tortueux et feuillages ternes, les S. viminalis à longs rejets flexibles, qui sont coupés tous les ans sous le nom d’osiers pour l’usage de la vannerie. Il faut y joindre le S. purpurea qui semble n’avoir qu’une étamine par fleur, les filets étant soudés au-dessous des antères, et qui se distingue en outre à des feuilles dont plusieurs sont opposées. F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Safsafâh, ne se rencontre qu’une fois dans la Bible. Ézéchiel, xvii, 5. Dans cette prophétie symbolique, le prophète, sous l’image d’un aigle qui s’abat sur le Liban et enlève la cime d’un cèdre, représente le roi de Babylone, Nabuchodonosor, fondant sur la maison de David et enlevant Joachin pour l’emmener captif. « Puis il prit du plant du pays et le plaça dans un sol fertile ; il le mit près d’une eau abondante et le planta safsafâh. Ce rejeton ayant poussé devint un cep de vigne…, etc. » Les Septante et la Vulgate n’ont pas vu dans safsafâh un nom de plante : 1a version grecque traduit È7riêXe7tô(ji.evov, c’est-à-dire, « il le (ce plant) plaça de manière à être vu » ; la version latine rend le mot hébreu par in superficie, « il le mit sur la surface ». Éclairés surtout par le rapprochement du mot arabe ^LojLo, safsaf, « saule », les rabbins ont été unanimes à traduire *le mot hébreu en ce sens. 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 107. Le Talmud, Tr. Succah, iii, 3, indique même la différence du saule appelé safsaf et du saule appelé’ârabdh. Aussi paraît-il plus probable de traduire ainsi : « et il le planta comme un saule, » ou « il le planta dans une saulaie. » J. D. Michaëlis, Supplementa ad lexica hebraïca, in-8°, Gcettingue, 1792, t. ii, p. 213, accepte ce sens et cherche à expliquer la pensée du prophète en disant : le plant est placé près des eaux abondantes dans une saulaie, ou bien le plant de vigne est mis au pied d’un saule pour lui servir d’appui et pour que ses branches se marient aux siennes ; ou bien encore le plant désigné est appuyé le long d’une perche ou échalas en bois de saule. Et il regarde l’espèce safsafâh comme un saule plus grand et plus beau que le saule ordinaire désigné par’ârabim.

2° ’Arabim, qui ne se présente qu’au pluriel, se rencontre cinq fois dans la Bible. Dans le Lévitique, Xxiii, 40, pour la fête des tabernacles, on prescrit aux Israélites le premier jour de la solennité de prendre f du fruit de beaux arbres, des branches de palmier, des rameaux d’arbres touffus et des’arebê de torrent. » Job, XL, 22, dans sa description de Behêmoth ou l’hippopotame dit que : « Les lotus le couvrent de leur ombre, les’arebê du torrent l’environnent. » Aux’ârabim de Babylone les Juifs captifs suspendent leurs harpes. Ps. cxxxvii, 2. « La prospérité d’Israël, dit Isaïe, xliv, 3, 4, croîtra comme les’ârabim le long des eaux courantes. » Dans le pays de Moab est mentionné « le torrent des’ârabim ». Is., xv, 7. On voit par ces textes que les’ârabim sont des arbres croissant au bord des eaux. Ces arbres ont été identifiés sur le saule par les Septante, la Vulgate, les targums, les versions syriaques et arabes, la Mischna et les anciens rabbins.’Arabàh ou’ârabim rappelle un des noms arabes du saule, (_> »  », gharab. O. Celsius. Hierobotanicon, t. i, p. 304-308. Ce n’est pas le Populus alba, peuplier blanc, ou le Populus euphratica, comme quelques exégétes l’ont pensé ; le peuplier se dit haur en arabe et non g/tarab ; et les versions ont nettement

désigné le saule. I. Low, Aramâische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 300.

Le saule était connu dans la vallée du Nil. Job, xl,

22. L’arbre J I, ter ou tori, fréquemment men tionné sur les bords du Nil, est le saule. Les feuilles du Sàlix safsaf, « pliées en deux, cousues ensemble et ornées de pétales de fleurs, servaient à faire des guirlandes dont on décorait les momies, » on en a trouvé dans plusieurs tombes. V. Loret, Flore pharaonique 2e édit., in-8°, Paris, 1892, p. 43 ; Fr. Woenig, Die Pflanzen im Alten Aegypten, in-12, Leipzig, 1886, p. 340. — On rencontre en Palestine plusieurs espèces de saules, le Salix safsaf et le Salix fragilis, le Salix alba, que les Arabes désignent par le même nom, Safsaf. Le Salix babylonica, saule-pleureur, se trouve fréquemment près des fontaines ou des piscines, H. B. Tristram, The natural History of tke Bible, in-12, Londres, 1889, 8e édit., p. 415. E. Levesque.

SAULES [TORRENT DES] (hébreu : Nahal hâ-’Arâblm ; Septante : V) çâpafÇ "A pagaç ; Vulgate : torrens salicum), torrent du pays de Moab, mentionné par Isaïe, xv, 7. L’identification en est incertaine. D’après plusieurs commentateurs, c’est Youadi Safsaf, dont le nom a la même signification, « saule ». Vouadi Safsaf est le nom d’une des parties principales du ravin qui descend de Kérak au nord A’eULisan. — On croit assez généralement que le nahal hâ-’Arâbàh, ouadi de l’Arabah ou « du saule » mentionné par Amos, vi, 14, et qui paraît indiquer la frontière méridionale du royaume d’Israël quelques années avant ce prophète, est le même que celui dont parle Isaïe. Son nom devait lui venir des saules qui croissaient sur ses rives (Septante : à "/et’jiappoç ™v Sujjiwv ; Vulgate : torrens deserti). — À l’ouadi Safsaf, plusieurs préfèrent l’ouadi el-Hasa, qui débouche dans le Ghôr es-Safiéh au sud-est de la mer Morte. Voir t. iv, col. 1151, et la carte de Moab, fig. 300, t. iv, col. 1145.

SAUL1TES (haS-Sd’ûli ; Septante : 5 Saou). ! ), descendants de Saûl, fils de Siméon et petit-fils de Jacob. Num., xxvi, 13.

    1. SAURA##

SAURA (grec : Soeuapâv), père de l’Éléazar qui tua un éléphant et mourut écrasé par la chute de sa victime. I Mach., vi, 43. Voir Éléazar 8, t.n, col. 1651.

    1. SAUTERELLE##

SAUTERELLE, nom par lequel on désigne, dans le langage populaire, toute une classe d’insectes orthoptères. Voir Insectes, t. iii, col. 885.

I. Histoire naturelle. —1° Conformation. — L’ordre des orthoptères se divise en coureurs et en sauteurs ;

310. — Locusta viridissima.

les sauteurs comprennent trois familles : les locustiens, dont le type est la sauterelle, les acridiens, dont le type est le criquet, et les grylliens, dont le type est le grillon. La sauterelle proprement dite, locusta viridissima (fig. 310), plus commune dans nos contrées, a de

longues antennes ; une gaine, appelle oviscapte et prolongeant l’abdomen, sert à la femelle à déposer ses œufs dans une sorte de tube foré dans la terre ; le mâle fait entendre un chant composé d’une série de sons aigus et criards que l’insecte produit en frottant l’une contre l’autre ses deux entres, munies chacune d’un appareil spécial. Les sauterelles ravageuses appartiennent à la famille des acridiens. Le type des acridiens, le criquet pèlerin, acridiumperegrinum (fi g. 311),

311. — Acridium peregrinum.

a les antennes courtes et rigides. La gaine abdominale est remplacée par quelques pièces rudimentaires, cornées et crochues. Au moment de la ponte, la femelle appuie sur le sol l’extrémité de cet abdomen, y creuse une cavité en quelques instants, si la terre est ameublie, et y dépose ses œufs ; les Arabes disent qu’elle les « plante ». Les œufs de l’acridium peregrinum sont au nombre de 80 à 90 ; chez d’autres espèces, ils sont moins nombreux. Pondus un à un, ils sont réunis en paquet et agglutinés par un liquide spécial qui, avec le temps, devient comme de l’écume sèche et forme autour des œufs un revêtement protecteur. Ainsi déposés en avril, ou mai, les œufs subissent une incubation plus ou moins longue, de 20 à 25 jours pour l’acridium peregrinum, de’àO à 40 pour d’autres espèces et même de neuf mois pour certaines. À partir de son éclosion, l’acridien passe par plusieurs stades (fig. 312),

312. — Stades de croissance de la sauterelle.

séparés par cinq mues, avant d’atteindre son développement parfait et de pouvoir se servir utilement de ses ailes. L’appareil sonore de l’acridien ne réside pas exclusivement à la base des élytres, comme chez le locustien. Les cuisses des pattes postérieures de l’acridien ont une petite côte saillante garnie d’aspérités que. l’insecte, en se tenant sur les quatre pattes antérieures, frotte rapidement le long d’une forte nervure longitudinale des élytres. Ce frottement produit une stridulation qui a fait donner à l’animal, par onomatopée, le nomd’àxpîç, « criquet ».

2° Alimentation. — « Comme tous les vertébrés

herbivores, lesærîdiens sontadmirablement organisés pour transformer les tissus végétaux en tissus animaux ; malheureusement, pour approprier les substances nécessaires à leur accroissement et à leur entretien, ils s’attaquent aux plantes les plus utiles à l’homme. Les graminées constituent la nourriture de prédilection des acridiens ; dans les conditions naturelles, celles qui vivent à l’état sauvage auraient seules à souffrir de leur voracité ; mais l’homme leur offrant d’immenses espaces couverts de plantes savoureuses, blé, seigle, orge, avoine, ils sont trop heureux de faire la moisson pour leur propre compte et ils ne se font pas faute de manger leur blé en vert. La faim toutefois est un grand maître, et lorsqu’ils sont privés de leurs aliments favoris, ils attaquent tous les végétaux cultivés, quels qu’ils soient : bourgeons, feuilles, grappes de la vigne, pousses, feuilles, tiges des arbres, tombent sous leurs mandibules. Pressés par la famine, ils ne dédaignent même pas les plantes qu’ils respectent ordinairement ; lauriers roses, lentisques, palmiers-nains, sont rongés faute de mieux. Mourant de faim, ils s’attaquent aux écorces et l’on en a vii, captifs, dévorer des voiles de bateaux, abrilés sous des hangars, déchiqueter des rideaux, du linge, des habits, et ronger du papier. Malheur à celui qui périt, son cadavre est immédiatement dévoré par ses compagnons. » Kunckel d’Herculaïs, Les sauterelles, les acridiens et leurs invasions, au Congrès d’Oran, 1888, Paris, p. 15.

3° Translation. — Les acridiens sont surtout des sauteurs, qui se servent de leurs ailes pour accroître la longueur de leur saut. En général, ils « sont attachés au sol dont ils ne s’éloignent que pour y revenir un instant après ; mais, sous des influences qui nous échappent, certains d’entre eux deviennent tout à coup des insectes bons voiliers et sont susceptibles de s’élever dans les airs et de parcourir des espaces considérables. Tout concourt chez ces êtres à favoriser le vol : ils ont des muscles puissants qui mettent en jeu des élytres et des ailes qui ont une grande surface et sont admirablement adaptés pour la locomotion aérienne. L’élytre a la consistance du parchemin desséché ; la portion antérieure de l’aile est épaisse et rigide : élytre et aile réunissent ainsi les conditions essentielles pour fendre l’air. Les muscles sont baignés de sang en mouvement perpétuel, qui trouve à sa portée de l’air constamment renouvelé ; de nombreuses ampoules tiennent de l’air en réserve pour assurer un approvisionnement constant. » Kunckel d’Herculaïs, Les sauterelles, p. 13. Les acridiens émigrent quand ils cessent de trouver à leur lieu d’origine la subsistance nécessaire. On a observé que ces insectes ont un habitat fixe et permanent, où se rencontrent les conditions les plus favorables à leur pullulation. De là s’élancent périodiquement des essaims d’invasion, là reviennent les essaims composés des survivants. Cf. A. Dastre, Les sauterelles, dans la Revue des Deux Mondes, l « r août 1901, p. 696-707. Les acridiens sont à la merci du vent qui les transporte d’un endroit à l’autre, souvent à des distances considérables. Quand des vols successifs s’abattent sur une même contrée, ils couvrent des espaces immenses, de 40 à 50 hectares jusqu’à 1000, 2000 et plus, ce qui, dans le dernier cas, représente de 2 à 6 milliards d’êtres affamés.

4° Ravages. — De tous temps et dans presque toutes les contrées, les criquets ont exercé d’énormes ravages. Les monuments anciens, les écrivains de l’antiquité et d’autres de toutes les époques en font mention. Leurs méfaits ne se bornent pas toujours à détruire toute végétation. En 1749, l’armée de Charles XII, vaincue à Pultawa, battait en retraite en Bessarabie, lorsque tout d’un coup, au milieu d’un défilé, une grêle vivante de criquets fondit sur elle, jeta le désarroi parmi les hommes et les chevaux et changea la retraite en déroute.

En 1901, à Lézignan (Aude), les sauterelles ont immobilisé un train dont les roues, empâtées dans une bouillie vivante, patinaient sur place. Il ne se passe guère d’années sans que l’on ait à enregistrer quelque invasion désastreuse, dans un pays ou dans un autre. Voici la description d’une invasion de criquets dans une ferme du Sahel, en Algérie : « Tout à coup, à la porte-fenêlre fermée pour nous garantir de la chaleur du jardin en fournaise, de grands cris retentirent : Les criquets ! les criquets ! Mon hôte devint tout pâle comme un homme à qui on annonce un désastre, et nous sortîmes précipitamment. Pendant dix minutes, ce fut dans l’habitation, si calme tout à l’heure, un bruit de pas précipités, de voix indistinctes, perdues dans l’agitation d’un réveil. De l’ombre des vestibules où ils s’étaient endormis, les serviteurs s’élancèrent dehors en faisant résonner avec des bâtons, des fourches, des fléaux, tous les ustensiles de métal qui leur tombaient sous la main, des chaudrons de cuivre, des bassines, des casseroles. Les bergers soufflaient dans leurs trompes de pâturage. D’autres avaient des conques marines, des cors de chasse. Cela faisait un vacarme effrayant, discordant, que dominaient d’une note suraiguë les you ! you ! you ! des femmes arabes accourues d’un douar voisin. Souvent, paraît-il, il suffit d’un grand bruit, d’un frémissement sonore de l’air, pour éloigner les sauterelles, . les empêcher de descendre. Mais où étaient-elles donc, ’ces terribles bêtes ? Dans le ciel vibrant de chaleur, je ne voyais rien qu’un nuage venant à l’horizon, cuivré, compact, comme un nuajfe de grêle, avec le bruit d’un vent d’orage dans les mille rameaux d’une forêt. C’étaient les sauterelles. Soutenues entre elles par leurs ailes sèches étendues, elles volaient en masse, et malgré nos cris, nos efforts, le nuage s’avançait toujours, projetant dans la plaine une ombre immense. Bientôt il arriva au-dessus de nos têtes : sur les bords on vit pendant une seconde un effrangeaient, une déchirure. Comme les premiers grains d’une giboulée, quelques-unes se détachèrent, distinctes, roussâtres ; ensuite toute la nuée creva, et cette grêle d’insectes tomba drue et bruyante. À perte de vue, les champs étaient couverts de criquets, de criquets énormes, gros comme le doigt. Alors le massacre commença. Hideux murmure d’écrasement, de paille broyée. Avec les herses, les pioches, les charrues, on remuait ce sol mouvant, et plus on tuait, plus il y en avait. Elles grouillaient par couches, leurs hautes pattes enchevêtrées ; celles du dessus faisaient des bonds de détresse, sautant au nez des chevaux attelés pour cet étrange labour. « Les chiens de la ferme, ceux du douar, lancés à travers champs, se ruaient sur elles, les broyaient avec fureur. A ce moment, deux compagnies de turcos, clairons en tête, arrivèrent au secours des malheureux colons, et la tuerie changea d’aspect. Au lieu d’écraser les sauterelles, les soldats les flambaient en répandant de longues tracées de poudre. Fatigué de tuer, écœuré par l’odeur infecte, je rentrai. À l’intérieur de la ferme, il y en avait presque autant que dehors. Elles étaient entrées par les ouvertures des portes, des fenêtres, la baie des cheminées. Au bord des boiseries, dans les rideaux déjà tout mangés, elles se traînaient, tombaient, volaient, grimpaient aux murs blancs avec une ombre gigantesque qui doublait leur laideur. Et toujours cette odeur épouvantable. À dîner il fallut se passer d’eau. Les citernes, les bassins, les puits, les viviers, tout était infecté… Le lendemain, quand j’ouvris ma fenêtre comme la veille, les sauterelles étaient parties ; mais quelle ruine elles avaient laissée derrière elles ! Plus une fleur, plus un brin d’herbe : tout était noir, rougi, calciné. Les bananiers, les abricotiers, les pêchers, les mandariniers, se reconnaissaient seulement à l’allure de leurs branches dépouillées, sans le charme,

le flottant de la feuille qui est la vie de l’arbre. On nettoyait les pièces d’eau, les citernes. Partout des laboureurs creusaient la terre pour tuer les œufs laissés par les insectes. Chaque motte était retournée, brisée soigneusement. Et le cœur se serrait de voir les mille racines blanches, pleines de sève, qui apparaissaient dans ces écroulements de terre fertile. » A. Daudet, Lettres denion moulin, xxi, Paris, 1884, p. 333-335. Si l’on ne réussit pas à éloigner les sauterelles, quand elles sont repues, elles souillent tout ce qui reste d’une bave qui corrode et brûle la végétation. Elles causent encore plus de mal après leur mort ; leurs cadavres entassés répandent l’infection et engendrent des maladies contagieuses qui font périr les hommes après les récoltes. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 338.

5° Ennemis. — Les criquets ont desennemisqui mettent obstacle à leur multiplica tion excessive. Une chasse active leur est faite par des oiseaux de la famille des étourneaux, le martin rose, pastorroseus, qui a la faculté d’absorber les sauterelles presque sans limites, à cause de la rapidité extraordinaire de sa digestion, et vit en troupes nombreuses, cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 215, le martin triste, acridotheres tristis, l’oiseau des sauterelles, glareola melanoptera, etc.

313. — Œdipoda migrator ia.

Certaines mouches, Yanthomyaangustifrons, l’épicaute rayée, epicauta vittata, détruisent une grande quantité d’oeufs d’acridiens. Enfin, des champignons parasites, spécialement l’entomophtora Grilli, envahissent l’organisme des criquets, s’y développent, paralysent les organes et amènent la mort de l’insecte. Tous ces ennemis n’arrivent pas à arrêter la multiplication des acridiens. Aujourd’hui, l’on a recours à divers moyens mécaniques pour détruire sur place les œufs ou les insectes encore incapables de voler. Mais, pas plus qu’autrefois, l’on ne peut empêcher les criquets nés dans les déserts, de fondre tout d’un coup sur les régions cultivées par les hommes.

II. Les sauterelles dans la Bible. — 1° Leurs noms divers. — Les Hébreux connaissaient diverses variétés de sauterelles ; ils ont plusieurs mots pour désigner soit les espèces différentes, soit la même espèce à ses différentes périodes de développement. 1.’Arbéh, de rdbdh, « être nombreux », ixp£c noX^, locusta, la sauterelle considérée au point de vue de la multitude des individus, telle qu’on la constata à la huitième plaie d’Egypte. Exod., x, 4. Il s’agit ici d’acridiens migrateurs tels queYacridium peregrinumet Vœdipoda migratoria (6g. 313). On a constaté que ces insectes viennent en Egypte de l’est, et en Syrie du sud et du sud-est ; par conséquent ils se multiplient dans les déserts de l’Arabie. — 2. Gêb, gôb ou gôbay, âxp’ç, bruchus, locusta, sans rien qui indique une espèce particulière. Is., xxxiii, 4 ; Am., vii, 1 ; Nah., iii, 17.

— 3. Gdzâm, de gdzam, « couper », x<z|im), eruca, « chenille », probablement la sauterelle encore à l’état de larve, comme l’indique la place qu’elle occupe dans l’énumération de Joël, 1, 4 ; ii, 25 ; Am., iv, 9. — 4. I).âgàb, àzptc, locusta, sauterelle comestible et sauteuse. Lev., xi, 22 ; Num., xiii, 33 ; Is., XL, 22 ; Eccle., xii, 5. — 5. Jfasîl, « dévorante », (JpoOxoc, bruchus, Deut., xxviii, 38 ; III Reg., viii, 37 ; Ps. lxxviii, 46 ; Is, , txxra, 4 ; Jo., i, 4. — 6. Ifargôl, £f iGu.dr/11,

ophiomachus, sauterelle comestible, Lev., xi, 22, peut-être le truœalis (fig. 314). Les versions en font un insecte qui « combat les serpents ». Le truxalis est herbivore, comme les autres sauterelles. — 7. Yélêq, PpoOxo ? » bruchus, la sauterelle qui peut s’envoler. Nah., iii, 16 ; Jer., ii, 27 ; Ps. cv, 34 ; Jo., i, 4 ; ii, 25.

— 8. Sâl’dm, àrréxTK, attacus, sauterelle comestible, Lev., xi, 22, probablement du genre truxalis, très commun en Palestine. — 9. i$elâsal, « bourdonnant », le même que l’assyrien sarsaru, sauterelle ravageuse. Deut., xxviii, 42. Les versions l’identifient avec la nielle ou rouille du blé, èpiaûëiri, rubigo. 2° La huitième plaie d’Egypte. — Moïse annonça

314. — Truxalis.

la plaie des sauterelles (fig. 315) au pharaon en ces termes : « Elles couvriront la face de la terre et l’on ne pourra plus voir la terre ; elles dévoreront le reste qui a échappé, ce que vous a laissé la grêle, et tous les arbres qui croissent dans vos champs ; elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et celles de tous les égyptiens. » Exod., x, 5, 6. Ces sauterelles vinrent en effet, amenées par le vent d’est, et bientôt il ne resta plus trace de verdure ni dans les champs ni sur les arbres. Ps. lxxviii (lxxvii), 46 ; cv (civ), 34 ; Sap., xvi, 9. Ensuite un violent vent d’ouest les rejeta dans la mer Rouge. Les invasions de sauterelles ne sont ni très fréquentes ni très désastreuses en Egypte. Cependant elles n’y sont pas étrangères.

315. — La sauterelle sur les monuments égyptiens.

D’après Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient

Egyptians, t. ii, p. 113, fig. 369, n. 21.

Les anciens monuments prévoient que « les sauterelles aient organisé le pillage, » et les voyageurs ont souvent signalé leur apparition dans la vallée du Nil. Cf. Vigouroux, La Bible, t. ii, p. 339, 340. Les insectes, portés par les vents, passent aisément les mers. Cf. Tite Live, xlii, 10. « Vingt-quatre heures d’un vent violent venant d’est sont plus que suffisantes pour faire lever les sauterelles des déserts qui s’étendent derrière les montagnes de Djedda et les pousser pardessus l’étroite mer Rouge. Ce vent les jette dans les plaines de l’Egypte, et surtout dans celles de la Basse Egypte et dans les environs de Memphis. » L. de Laborde, Comment, géogr. de l’Exode, Paris, 1841, p. 44. Le caractère surnaturel de l’invasion ressort de ce fait qu’elle se produisit et disparut sur l’ordre de Moïse, parlant au nom de Jéhovah ; il faut ajouter que le désastre dépassa de beaucoup les limites ordinaires. Exod., x, 12-19. Le pharaon demanda à être débarrassé

de « cette mort », ham-mâvëf hazzéh, c’est-à-dire de cette infection pest-ilentielle qu’apportent avec elles les sauterelles, surtout quand elles meurent sur place. Exod., x, 17. On peut juger de l’effet produit au dehors et dans les maisons mêmes par la description citée plus haut d’une invasion dans le Sahel, et par ces remarques de Pline, H. N., xi, 35 : « Devenues grandes, elles volent avec un tel bruit d’ailes qu’on les prendrait pour des oiseaux ; elles voilent le soleil, pendant que les populations regardent avec inquiétude, craignant

316. — Sauterelles et grenades

offertes en tribut au roi d’Assyrie. Bas-relief de Koyoundjik.

D’après Layard, Discoveries in the Ruins

of Nineveh and Babylon, 1853, p. 339.

qu’elles ne recouvrent leurs terres. Elles le peuvent en effet, et comme si c’était peu pour elles de franchir les mers, elles traversent d’immenses espaces, les couvrant d’une nuée fatale aux moissons, brûlant tout ce qu’elles touchent et rongeant de leur morsure tout ce qu’elles rencontrent, même les portes des maisons. » Les Arabes appellent les sauterelles danahsah, « qui cachent le soleil ».

3° Les sauterelles comestibles. — La Loi permet de mangerquatre espèces de sauterelles, ’arbéh, hdgâb, har gôl et sdl’dm.Lev., xi, 22. On ne peut dire si cette énuméralion est exclusive ou si elle comprend les autres sauterelles désignées par des noms différents. Il est probable qu’on ne les mangeait que quand elles avaient atteint leur plein développement. La nourriture de saint Jean-Baptiste au désert se composait de sauterelles et de miel sauvage. Matth., iii, 4 ; Marc, i, 6. Plusieurs

peuples anciens faisaient entrer les sauterelles dans leur alimentation. Cf. Hérodote, iv, 172 ; Diodore de Sicile, iii, 29 ; Strabon, xvi, 772 ; Pline, H. N., vi, 35. Saint Jérôme, Adv. Jovin., ii, 7, t. xxiii, col. 295, l’atteste pour les Orientaux et les Lybiens. Il est à croire qu’on mangeait aussi des sauterelles chez les Assyriens. Sur une des parois du palais de Sennachérib, à Koyoundjik, on voit représentés des porteurs de différents mets, sans doute destinés à la table royale, et entre autres des serviteurs qui tiennent en mains des brochettes de sauterelles (fig. 316). Sur les invasions de sauterelles en Chaldée, voir Olivier, Voyage dans l’Empire othoman, Paris, 1802-1807, t. ii, p. 424-425 ; t. iii, p. 441. En Grèce, on vendait des sauterelles au marché, cf. Aristophane, Acharn., 1116, et on les employait en médecine. Cf. Dioscoride, ii, 57. En Orient, on les trouve encore sur les marchés et on les mange de différentes manières. On les sèche au soleil, on les réduit en poudre qu’on mélange avec du lait, qu’on pétrit avec de la farine et dont on fait une pâte avec addition de beurre et de sel. D’autres fois, après leur avoir enlevé les pattes, les ailes et la tête, on les fait bouillir ou rôtir ; leur goût rappelle alors celui de l’écrevisse. Cf. Pierotti, La Palestine actuelle et la Palestine ancienne, Paris, 1865, p. 75. En tous cas, c’est un aliment simple, sain, facile à recueillir et à préparer, à la portée des pauvres et de ceux qui, comme le précurseur, vivent au désert, et d’ailleurs agréable aux Orientaux. Lady Blunt, Pèlerinage au Nedjed, berceau de larace arabe, dans le Tour du monde, 1882, 1 er sem., p. 62-63, raconte à ce sujet ce qui suit : « Les sauterelles sont devenues une partie de notre ordinaire de tous les jours… Après en avoir goûté sous plusieurs formes, nous en vînmes à conclure qu’elles étaient meilleures bouillies. On rejette leurs longues jambes, on les tient par les ailes et on les trempe dans du sel avant de les manger. Quant à la saveur de l’insecte, c’est une saveur végétale plutôt que celle de la viande ou du poisson ; elle ne diffère pas trop de celle du blé vert qu’on mange en Angleterre. Pour nous, elle remplacerait les végétaux qui nous font défaut… Le matin est le moment favorable pour faire la chasse aux sauterelles ; elles sont alors engourdies par le froid et leurs ailes mouillées par la rosée, ce qui les empêche de fuir. On les rencontre à cette heure-là groupées par centaines dans les buissons du désert. Il n’y a que la peine de les. ramasser et de les mettre dans un sac ou dans une corbeille. Plus tard, le soleil sèche leurs ailes ; elles sont plus difficiles à prendre, car elles ont assez d’intelligence pour se dérober aux poursuites. Leur vol est assez semblable à celui des mouches de mai ; elles prennent le vent et savent se diriger comme le poisson… Elles dévorent tous les végétaux, et tous les animaux les dévorent à leur tour, alouettes du désert, outardes, corbeaux, faucons, buses… Les chameaux les mangent avec leur nourriture ordinaire, les lévriers les happent au passage tout le long de la journée et en mangent autant qu’ils peuvent en attraper. Les nomades aussi en donnent souvent à leurs chevaux… Cette année un grand nombre de tribus n’ont eu à manger que des sauterelles et du lait de chameau, de sorte que si les sauterelles sont la perte du désert, elles compensent cet inconvénient en servant de nourriture à tous ses Habitants. »

4° Les sauterelles en Palestine. — Les sauterelles sont indiquées à l’avance comme l’un des fléaux qui doit ravager les récoltes des Israélites infidèles. Deut., Xxvin, 38, 42. On priait au Temple pour que ce fléau fût écarté du pays. III Reg., viii, 37 ; II Par., VI, 28 ; vil, 13. L’auteur des Proverbes, xxx, 27, observe que les sauterelles n’ont pas de roi et sortent par bandes. Amos, iv, 9, signale une invasion de sauterelles en Israël : jardins, vignes, figuiers, oliviers, tout a été

dévoré et cependant les coupables ne se sont pas repentis. Le même prophète annonce une autre invasion pour le temps où le regain commence à pousser après la coupe du roi ; les sauterelles achèveront de dévorer l’herbe de la terre. Am., vii, 1. Mais c’est le prophète Joël qui décrit avec le plus de détails les ravages des sauterelles :

Ce qu’a laissé le gâzâm a été dévoré par Y’arbéh, Ce qu’a laissé Y’arbéh a été dévoré par le yéléq, Ce qu’a laissé le yéléq a été dévoré par le hasîl. « Car un peuple est venu fondre sur mon pays, peuple puissant et innombrable ; ses dents sont des dents de lion et il a des mâchoires de lionne. Il a dévasté ma vigne et il a mis en morceaux mon figuier ; il les a dépouillés de leur écorce et les a abattus ; les rameaux sont devenus tout blancs… Les champs sont ravagés, le sol est dans le deuil, car le blé est détruit, le vin nouveau est à sec, l’huile languit. Les laboureurs sont confus, les vignerons se lamentent, à cause du froment et de l’orge ; car la moisson des champs est anéantie. La vigne est desséchée et les figuiers languissent ; grenadier, palmier, tous les arbres des champs sont desséchés. » Joël., i, 4-12. Le Seigneur cependant doit écarter le fléau.

Celui qui vient du septentrion, je l’éloignerai de vous

Et je le chasserai vers une terre aride et déserte,

L’avant-garde vers la mer orientale,

L’arrière-garde vers la mer occidentale ;

Il s’en élèvera une infection…

Je vous compenserai les années dévorées par Y’arbéh,

Le yéléq, le hasîl, et le gâzâm.

Ma grande armée que j’avais envoyée sur vous.

Jo., ii, 20-25.

Cf. Van Hoonacker, Caractère littéraire des deux premiers chapitres de Joël, dans la Revue biblique, 1904, p. 358-364. On remarquera que, sur les quatre espèces de sauterelles nommées par Joël, il n’y en a qu’une, Y’arbéh, qui figure dans l’énumération du Lévitique, xi, 22. Le prophète suppose l’invasion des sauterelles venue par le nord du pays ; elles vont être chassées au désert, vers le sud ; mais l’invasion était si étendue que ses deux extrémités atteindront la mer Morte, à l’Orient, et la Méditerranée, à l’Occident, et que les sauterelles y périront. « Même de nos temps, dit saint Jérôme, In Joël., ii, t. xxv, col. 970, nous avons vu des troupes de sauterelles couvrir la terre de Judée… Puis, comme les rivages des deux mers étaient remplis de monceaux de sauterelles mortes, que les eaux avaient rejetées, leur pourriture et leur puanteur devinrent nuisibles au point d’infecter l’air et d’engendrer la peste pour les animaux et pour les hommes. » Le même Père, col. 955, constate que toute l’industrie humaine était incapable de résister au nombre et à la force des sauterelles. Cf. Tristram, The natural Uistory of the Bible, Londres, 1889, p. 306-318.

5° Les sauterelles dans les comparaisons. — Les sauterelles sont de petite taille. Les explorateurs envoyés par Moïse en Chanaan reviennent en disant qu’auprès des habitants du pays, de la race des géants, eux-mêmes n’étaient que des sauterelles. Num., xiii, 33. Isaîe, XL, 22, dit que devant Dieu les habitants de la terre sont comme des sauterelles. — Les sauterelles forment des multitudes innombrables. On leur compare les nombreux guerriers des Madianites, Jud., vi, 5 ; vii, 12, des Assyriens, Judith, ii, 11, et des Chaldéens. Jer., xlvi, 23 ; Nah., iii, 15. — À un moment donné, les sauterelles s’envolent ; ainsi disparaîtront les défenseurs de Ninive :

La sauterelle ouvre ses ailes et s’envole :

Tes gardes sont comme la sauterelle

Et tes chefs comme un amas de jeunes sauterelles ;

Elles se posent sur les haies en un jour froid ;

Dès que le soleil parait, elles fuient,

Et l’on ne connaît plusleur séjour : oùsont-ellesîNah., 111, 16-17.

Le froid de la nuit engourdit les sauterelles ; elles cherchent un abri dans les buissons, puis, réchauffées par les rayons du soleil, prennent leur vol et disparaissent. Cf. S. Jérôme, In Naum, iii, t. xxv, col. 1268, 1269. « Les bandes d’acridiens voyagent ainsi, tout le jour, à la surface du sol, dévorant la végétation qu’ils rencontrent. Ils s’arrêtent le soir, pour reprendre leur course au matin, dès que les rayons du soleil ont recommencé à réchauffer la terre. » Dastre, Les sauterelles, p. 705. Le malheureux est « emporté comme la sauterelle » que le vent pourchasse d’un lieu à un autre. Ps. ctx (cvin), 23. — La sauterelle ravage tout ; ainsi sera ravagé tout ce que possède Assur :

Votre butin sera ramassé comme ramasse la sauterelle, On se précipitera dessus comme un essaim de sauterelles.

Is., xxxiii, 4.

— Dans l’Écclésiaste, xii, 5, la sauterelle qui devient pesante, qui s’engraisse et ne peut plus beaucoup se mouvoir, figure le vieillard qui s’alourdit avec le temps. — Le cheval bondit comme la sauterelle. Job, xxxix, 20. Jéhovah doit remplir Babylone d’ennemis comme de sauterelles et lancer contre elle les chevaux comme des sauterelles hérissées. Jer., li, 14, 27. Saint Jean voit sortir du puits de l’abîme des sauterelles qui ressemblent à des chevaux. Apoc, ix, 3, 7. Le prophète Joël, décrivant les ennemis sous la figure de sauterelles envahissantes, en fait cette autre peinture qui résume tous les traits précédents :

Le pays est comme un jardin d’Éden devant lui,

Et derrière lui c’est un désert affreux.

Rien ne lui échappe ; on les prendrait pour des chevaux

Et ils courent comme des cavaliers.

On entend comme un bruit de chars

Quand ils bondissent sur le sommet des montagnes,

C’est comme le bruit de la flamme qui dévore le chaume ;

C’est comme un peuple robuste rangé en bataille…

Ils escaladent la muraille comme des hommes de guerre,

Ils marchent chacun devant soi, sans s’écarter de la route.

Ils ne se poussent point les uns les autres,

Chacun suit son chemin,

Ils se précipitent au travers des traits

Et ne rompent point leurs rangs.

Ils se répandent dans la ville,

S’élancent sur les murs, entrent dans les maisons,

Pénètrent par les fenêtres, comme le voleur. Jo., ii, 3-9.

La comparaison de la sauterelle avec le cheval est doublement justifiée, par la vive allure des deux animaux et par la similitude que présentent leurs têtes. Saint Jérôme, In Joël., Il, t. xxx, col. 964, dit à propos de cette description : « Nous avons vu cela récemment dans cette province. Quand arrivent les bataillons de sauterelles, occupant l’atmosphère entre le ciel et la terre, elles volent dans un tel ordre, par la volonté de Dieu qui leur commande, que, pareilles à ces petites pierres dont les artisans font des pavages, elles se tiennent à leur place sans s’écarter de l’épaisseur d’un ongle, pour ainsi dire… Rien n’est impraticable aux sauterelles : champs, guérets, arbres, villes, maisons, chambres retirées, elles pénètrent partout. »

6° Béhémoth et les sauterelles. — On sait que les anciens commentateurs n’ont pas pu identifier lebehêmô { de Job, XL, 10-19. Voir Béhémoth, t. i, col. 1551. Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1793, t. ir, p. 754, fut le premier, au XVIIe siècle, à y reconnaître l’hippopotame et son identification a été adoptée depuis lors par les interprètes de Job. Les commentateurs égyptiens, qui connaissaient les hippopotames, n’avaient pas eu l’idée de ce rapprochement. Cf. Origéne, Cont. Cels., t. xii, col. 1048 ; S. Athanase, Fragm. in Job, t. xxvii, col. 1348 ; Olympiodore, t. xciii, col. 42L Les commentateurs syriens, Jacques d’Édesse, au vir siècle, Jacques Bar Salibi, au XIe, et Bar-Hébræus, au xiie, ont identifié à tort béhémôt et la sauterelle. Voir E. Nau, t Béhé moth » ou « la sauterelle » dans la tradition syriaque dans la Revue sémitique, Paris, 1903, p. 73-74.

H. Lesêtre.

1. SAUVEUR (grec : Eoir/iç.), celui qui sauve. Le nom de Jésus signifie « sauveur ». Voir Jésus, t. iii, col. 1424. Le Nouveau Testament l’appelle souvent o-wTïjp. Le latin classique n’avait pas de terme correspondant. Hoc quantum est ? dit Cicéron, In Verr., ii, 63. lia magnum ut latino uno verbo exprimi non possit. Is est nimirum o-u>tï)P, qui salutem dédit. Les premiers chrétiens traduisirent le mot par Salvator. Les Grecs l’appliquaient aux dieux, aux rois, aux grands hommes qui avaient été les bienfaiteurs, de leur patrie. Les Apôtres l’appliquèrent à Dieu, Luc, i, 47, etc., et spécialement à Notre-Seigneur, l’auteur de notre salut par la rédemption. Luc, ii, 11 ; Joa., iv, 42 ; Act., v, 31 ; xin, 23 ; II Tim., i, 10 ; Tit., i, 4 ; ii, 13 ; iii, 6 ; I Joa., iv, 14 ; II Pet., i, 11 ; ii, 20 ; iii, 2 ; iv ; Phil., iii, 20 ; Eph., iii, 23. Voir Rédemption, col. 1007.

2. SAUVEUR DU MONDE, titre donné par le pharaon â Joseph, fils de Jacob, en Egypte, Safenat pa’enêah. Gen., xii, 45. Voir Joseph 1, t. iii, col. 1868. La Vulgate a traduit Salvator mundi. Le titre égyptien signifie littéralement « celui qui approvisionne (soutient) la vie ».

SAVÉ [VALLÉE DE] (hébreu : ’éméq Sâvêh ; Septante : -cr, v xoiXâStx toû Saêû), partie supérieure de la vallée orientale de Salem ou Jérusalem, appelée aussi « vallée du roi s.Gen., xiv, 17. Voir Salem 1, col. 1371. On retrouve ce dernier nom de « vallée du roi » dans II Sam. (Reg.), xviii, 18, où il est raconté qu’Absalom s’y fit élever un yad (Vulgate : titulus). D’après Josèphe, Ant. jud., VII, X, 3, ce yad était à deux stades de Jérusalem. Le tombeau connu aujourd’hui sous le nom de tombeau d’Absalom, voir t. i, col. 98, n’est pas authentique. Voir Main d’Absalom, t. iv, col. 585.

    1. SAVÉ CARIATHAÏM##

SAVÉ CARIATHAÏM (hébreu : Èavêh KiryâÇaïm ; Septante : èv Socuyi t7 rcoXei), localité où Chodorlahomor battit les Émim. Gen., xiv, 5. D’après plusieurs, ces mots désignent une plaine qui tirait son nom de la ville de Cariathaïm, dans le pays de Moab. Jer., xlviii, 1, 2, 3 ; Ezech., xxv, 9. On l’identifie avec el-Kareiyat, entre Dibon et Madaba. Voir Cariathaïm 1, t. ii, col. 270, 271.

    1. SAVEUR##

SAVEUR (hébreu : ta’am ; Septante : y^^a ; Vulgate : sapor), impression produite sur le palais par les substances que l’on mange ou que lion boit. — Le jus d’une herbe insipide n’a pas de saveur. Job, vi, 6. — La manne avait la saveur d’un gâteau à l’huile. Num., XI, 8. Elle était appropriée à tous les goûts, feOuiç, soit qu’elle eût des saveurs différentes selon les goûts de chacun, soit plutôt parce que sa saveur tenait lieu de toutes celles qu’on aurait pu souhaiter. Sap., xvi, 20. — Moab a gardé sa saveur, comme un vin resté sur sa lie, c’est-à-dire il n’a pas émigré de son pays primitif et a toujours conservé son caractère originel. Jer.,

xLvm, 11.
H. Lesêtre.

1. SCANDALE (hébreu imiksôl, négéf ; Seplante : oxâvSaÀov, Vulgate : offendiculum, scandalum), obstacle pouvant causer la chute de quelqu’un.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Au sens physique, la loi défend de mettre devant l’aveugle le scandale, la petite pierre qui le ferait tomber. Lev., xix, 14. De là vient qu’au sens moral on appelle « pierre de scandale » tout acte propre à faire tomber le prochain dans le mal. Voir Pierre, col. 418. — Les fils de Béan plaçaient sur le chemin de# obstacles et des embûches

pour faire tomber les Juifs. I Mach., v, 4. — 2° Au sens moral, Jéhovah est pour les deux maisons d’Israël unepierre d’achoppement, zpâa-x.oy.y.a, lapis offensionis, et un rocher de scandale, n-noiioc, scandalum, Is., viii, 14, c’est-à-dire que les événements qu’il permet deviennent pour les Israélites, par leur faute, une occasion de chute. Il veut que, pour le retour, on enlève les obstacles, oxwXoc, offendicula, du chemin de son peuple. Is., lvii, 14. Jérémie, vi, 21, dit aussi que Dieu met devant son peuple une pierre d’achoppement, « (jOsvsia, ruina. Dieu, pour éprouver le juste, met devant lui le scandale, pâo-jtvoç, offendiculum. Ezech., in, 20. Les idoles sont un scandale, x<5Xa<ri ; , scandalum. Ezech., xiv, 3, 7. Il en est de même de l’iniquité, x6Àa<riç, ruina, Ezech., xviit, 30, et des lévites infidèles à leur devoir. Ezech., xuv, 12. Les prêtres prévaricateurs ont fait trébucher les Israélites contre la Loi. Mal., Il, 8. Mais il n’y a point de scandale pour ceux qui aiment la Loi. Ps. cxix (cxviii), 165. — 3° Les versions appellent encore « scandale » la parole calomniatrice, dâfî, Ps. l (xlix), 20, et surtout le môqês, ou piège qui fait tomber dans le mal. Voir Piège, col. 356. Les Égyptiens donnaient ce nom à Moïse, à cause des plaies qu’il déchaînait contre eux. Exod., x, 7. Les Chananéens devaient être une occasion de chute pour les Israélites. Exod., xxiii, 33. Saûl donna Michol à David, afin qu’elle devint l’occasion de sa ruine par les Philistins. I Reg., xviii, 21. Les idoles sont un piège scandaleux pour les Israélites. Ps. cvi (cv), 36. On souhaite que les persécuteurs trouvent une cause de ruine à leur table même. Ps. lxix (lxviii), 23.

II. Dans le Nouveau Testament. — Il y a différentes sortes de scandales, selon la cause qui les produit. 1° Certains scandales sont inspirés par la malice de leurs auteurs. Notre-Seigneur maudit ceux qui scandalisent les petits, en les éloignant de Dieu et en les portant au mal. Matth., xviii, 6 ; Marc, ix, 41 ; Luc, xvii, 2. Les scandales du monde sont nécessaires, en ce sens qu’il est impossible qu’ils n’arrivent pas. Notre-Seigneur maudit le monde à ce sujet. Matth., xviii, 7 ; Luc, xvii, 1. À la fin du monde, les anges feront disparaître ces scandales et leurs auteurs. Matth., xiii, 41. Saint Jean signale à Pergame des corrupteurs qui renouvellent les scandales de Balaam et de Balac. Apoc, ii, 14. — 2° Il y a des scandales qui peuvent être donnés sans mauvaise intention. Le Sauveur veut que si le pied, la main ou l'œil scandalisent, on les sacrifie sans hésiter. Matth., v, 29, 30 ; xviii, 8, 9 ; Marc ix, 4246. C’est dire qu’il faut renoncer aux choses et aux personnes auxquelles on est le plus attaché, si l’on y trouve une excitation au péché. Pour ne pas causer de scandale, Notre-Seigueur fait un miracle permettant à Pierre de payer en son nom le tribut du Temple. Matth., xvii, 26. Il prédit à >=es Apôtres les persécutions, afin qu’ils ne soient pas scandalisés quand elles se déchaîneront. Joa., xvi, 1. Saint Paul recommande de se priver de certains aliments dont les frères pourraient se scandaliser, Rom., xiv, 21 ; I Cor., viii, 13, car lui-même est tourmenté quand quelqu’un se scandalise. II Cor., XI, 29. Aussi défend-il au chrétien de rien faire qui scandalise son frère. Rom., xiv, 13. D’ailleurs celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n’y a pas de scandale en lui, I Joa., ii, 10, il ne donne ni ne subit le scandale. À Pierre, qui le dissuadait de songer à sa passion, Jésus dit sévèrement : « Tu m’es on scandale. » Matth., xvi, 23. Pierre ne croyait pas mal parler et, d’autre part, le Sauveur ne pouvait pas se scandaliser ; mais, en cette circonstance, il importait de redresser vivement une idée fausse. — 3° Les scandales proviennent parfois de la faiblesse des témoins. Notre-Seigneur était venu au monde

pour la chute et la résurrection d’un grand nombre et pour devenir un signe en butte à la contradiction. Luc, II, 34. Aussi il déclare heureux ceux qui ne seront pas scandalisés à son sujet, Matth., xi, 6 ; Luc, vu, 23, c’est-à-dire ceux qui ne trouveront pas dans sa conduite et dans ses humiliations des prétextes pour ne point croire en lui. Quand vient la persécution, ceux-là se scandalisent et s'éloignent, en qui la parole de Dieu n’a pas pris racine. Matth., xiii, 21 ; Marc, iv, 17. Cf. Matth., xxiv, 10. Le Sauveur prédit à ses Apôtres qu’ils seraient scandalisés à cause de sa passion. Matth., xxvi, 31 ; Marc, xiv, 17. Pierre se fit fort d'échapper au scandale, Matth., xxvi, 33 ; Marc, xiv, 29 ; mais il fut aussi faible que les autres. — 4° Enfin, il y a d’autres scandales qui n’existent que par la malice de ceux qui se scandalisent. Les gens de Nazareth se firent de Jésus une pierre de scandale. Matth., xiii, 57 ; Marc, VI, 3. Les pharisiens et les Juifs se scandalisaient des paroles du Sauveur. Matth., xv, 12 ; Joa., VI, 62. La croix devint un scandale pour les Juifs. I Cor., i, 23 ; Gal., v, 11. Jésus-Christ, pierre fondamentale de l'édifice du salut, est pour les incrédules une pierre de scandale. IPet., ii, 8.

H. Lesêtre.

2. SCANDALE (MONT du). IV Reg., xxiii, 13. Voir Offense (Mont de l'), t. iv, col. 1758.

    1. SCARABÉE##

SCARABÉE, coléoptère de la famille des lamellicornes, ayant un corps ovoïde et convexe, de courtes antennes, de grandes élytres recouvrant les ailes, et pouvant marcher sur la terre ou voler d’un endroit à un autre. — Le scarabée était célèbre chez les Égyptiens, pour une raison tout accidentelle. On adorait le soleil sous différents noms, entre autres sous celui de Khopri, « celui qui est ». Or le nom du scarabée, était khopirrou. La similitude du nom amena les Égyptiens à représenter le soleil avec la figure d’un scarabée. Tantôt l’insecte figure dans le disque même du soleil, tantôt il sert de tête au dieu Khopri monté sur sa barque. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 103, 139. — Les conditions climatériques de la Palestine sont très favorables aux scarabées. On en a décrit plus de quatre cents espèces, dont quelques-unes, comme les buprestidæ, sont remarquables par leur brillant éclat métallique. Quelques-uns ont pensé que le scarabée était désigné en hébreu par le mot hargôl. Lev., xi, 21. Mais ce nom est celui delà sauterelle qu’il est permis de manger, ce qui ne saurait s’appliquer au scarabée. En réalité, le scarabée n’est pas nommé dans la Bible.

H. Lesêtre.
    1. SCEAU##

SCEAU (hébreu : hôfdm, ! , iôtémé(, tabbu’at ; Septante : <T<ppaYfç, àîroiKppiY[CF|ii, SaxTjXioç ; Vulgate : annulas, signaculum ; et dans l’Apocalypse sigillum), objet en forme d’anneau ou de plaque, de cylindre, de rouleau, portant ou non une pierre précieuse avec ou sans inscription. À cause de la pierre gravée en creux on l’appelle encore intaille. Voir Anneau, t. i, fig. 152, 154, 155, 156, col. 634-635.

I. Matière, forme, emploi.— Lessceaux despays bibliques étaient en or, en argent, en bronze, en

marbre, en cornaline (fig. 317), calcédoine, cristal de roche, etc., et même en bois. Ils avaient plusieurs formes, ronde, ellipsoïde bombée, scarabéoïde (fig. 318) percée ou non, ou très peu allongée, cylindrique, conoïde, octogonale, etc. L’anneau se portait à l’index de la main

317. — Sceau en cornaline saphirine de Hananyahû, fils de 'Azaryahû. Dans une couronne ovale de grenades. Ellipsoïde bombé. Trouvé à Jérusalem par M. ClermontGanneau, Juurnala&iatique, 1883, 1. 1, p. 129.

droite. Jer., xxii, 24. Le pharaon le retire du sien pour le mettre à celui de Joseph. Jer., xli, 42. Assuérus en fait autant pour Aman et

pour Mardochée. Esth., iii,

10, 12 ; viii, 2, 10. Il se por tait aussi au cou suspendu

à un cordon ou à une

chaîne et reposait sur le

cœur ou sur le bras. Cant.,

vin, 6. C’est l’objet que

Thamar réclame à Juda

comme gage de sa propre

donation, Gen., xxxviii, 18,

25, et elle le veut attaché

à Yarmilla, c’est-à-dire au

encore les Arabes. Voir

318. — Sceau de Karouzi.

Hématite en forme de scara bée. D’après M. de Vogué,

Mélanges cCarchêologie

orientale, 1868, p. 125.

cordon comme le portent

Bijou, t. i, col. 1907.

II. Légende. — Chaque sceau portait une légende. Elle était gravée en une ligne ou plusieurs lignes séparées par un double trait et après chaque mot on mettait un point. L’alphabet employé pour les intailles hébraïques est l’alphabet archaïque dérivé du phénicien ou l’alphabet carré dérivé de l’araméen. Le cachet à double légende sur deux faces servait peut-être aux usages civils et religieux, suivant le besoin et comme le semble indiquer la nature du sujet figuré. Le fait d’avoir un sceau prouve qu’on avait peu l’habitude d’écrire. Les Orientaux illettrés sont de nos jours dans le même cas. Il y a plusieurs sortes de légendes, avec ou sans le lamed : 1° Celle avec le nom pur et simple, t. i, fig. 387, col. 1315. 2° Avec le nom accompagné du patronymique (voir t. iii, fig. 68, col. 310) ou du nom du mari. 3° Avec le nom pur et simple ou le nom avec le patronymique (voir t. iii, fig. 68, col. 310) précédé du lamed d’appartenance(voirt.m, fig.69, col.310). 4° Avec le nom suivi du mot hébreu’ébéd, serviteur (voir t. iii, fig. 66, col. 310). Cette formule vise moins un individu de condition servile qu’un personnage parfois fort important. 5° Avec le nom précédé du mot « sceau », formule spécialement araméo-perse. 6° Avec le nom précédé de « à la mémoire de » suivi du nom propre : formule vraisemblablement israélile. Quelquefois elle peut être mise pour « au nom de » et c’est alors une formule de délégation. 7° Avec l’indication de la fonction par exemple, scribe (voir t. i, fig. 125, col. 518), juge. 8° Avec une formule de prière, une devise, une exclamation.

III. Gravures. — Elles représentent des caractères, des symboles, des mythes, des astres, des animaux de toutes sortes et en toutes

positions, en général avec

beaucoup de symétrie. Il

y avait des types consacrés,

adoptés dans certaines con trées et à certaines épo ques qui se reproduisaient

continuellement. Une di vinité ou une cérémonie

sert de thème ordinaire en dehors d’Israël. Les Héthéens introduisent quelques éléments nouveaux ; les Kassites réduisent la gravure à un seul personnage et y joignent une longue dédicace à la divinité ; les Sémites développent l’art de la glyptique, chacun suivant son genre particulier. Par exemple le sceau d’Hananyahu représente la palmette phénicienne (t. iii, fig. 67, col. 310), celui de Raphati (fig. 319) un lion. Le sens de ces symboles est inconnu et on ne peut assurer la vérité des explications avancées par les rabbins. Les Arabes, les Persans et les Hébreux ont imprimé leurs sceaux avec une espèce de couleur blanche, avec de la peinture ou de l’encre. Ezech., IX, 4. — Pour corroborer l’empreinte du sceau le pos 319. — Sceau de Raphati.

sesseur ajoutait parfois la marque de son ongle sur les contrats assyro-baby Ioniens, écrits sur des briquesnon cuites. Voir Contrat, t. ii, col. 930. — Pour divers sceaux orientaux, voir aussi t. ii, fig. 182, col. 528 (Chamosihi ) ; t. v, fig. 35, col. 180 (Phadata) ; fig. 152, col. 577 (empreintes d’estampilles royales).

IV. Usage. — Le sceau était très fréquemment employé en Orient. On en a retrouvé par centaines en Babylonie, en Assyrie, en Egypte, en Perse. — En Palestine, le sceau est le gage de la fidélité du peuple à l’alliance divine, alors il est apposé par les prêtres. II Esd., ix, 38. Beaucoup avaient le leur. Cf. Exod., xxxv, 22. On les gravait avec beaucoup de soin. Eccli., xxxviii, 28. Hérodote, i, 195, nous dit que chaque Babylonien devait avoir son bâton et son sceau. Reste à savoir si ce sceau n’était pas un talisman dans certains cas, comme chez les Arabes et les Persans d’aujourd’hui. On voit, Exod., xxxv, 22, les hommes et peut-être les femmes offrir leurs anneaux pour exécuter l’œuvre du tabernacle. Cependant il ne paraît pas que la généralité des femmes en aient usé en Palestine avant la captivité de Babylone. Mais c’est un des ornements que Dieu enlève aux filles de Sion dans leur luxe. Is-, iii, 21. Comme exemple de sceau appartenant à des femmes on peut citer celui d’Abigaïl, femme de’Asyahou (t. iii, fig. 69, col. 310).

Nous en avons de presque toutes les époques. L’époque des rois d’Ur est celle qui nous fournit le plus de cachets datés. Les cylindres datés deviennent rares après la première dynastie babylonienne. Quelques cylindres ou intailles portent en eux-mêmes la précieuse indication de l’époque à laquelle ils furent gravés. Tels contiennent le nom d’un prince, roi ou patesi et doivent être des cylindres royaux. Leur origine peut nous être connue par les emblèmes ou les personnages dont ils sont ornés. — C’est un signe de royauté, Esth., iii, 10, 12, d’investiture ; Joseph, Gen., xli, 42, Aman, Mardochée le reçoivent. Esth., viii, 2, 8, 10. Cf. Cant., viii, 6 ; I Math., vi, 15 ; xv, 22. — C’est une preuve de possession, Jer., xxii, 24 ; dans les contrats civils on faisait ordinairement deux originaux ; l’un demeurait ouvert et conservé par celui au profit duquel était le contrat ; l’autre était scellé et mis en dépôt dans un lieu public comme le temple. Jérémie le remet à un de ses disciples. Jer., xxxii, 10, 14. — Si une contestation s’élevait, on l’ouvrait et la teneur de l’acte tranchait le différend. Certains contrats sont signés par un grand nombre de témoins et des plus hauts rangs. L’un d’entre eux est signé par seize personnes dont la plus importante est le roi. D’après le Talmud, Le Talmud de Jérusalem, traduct. Schwab, t. v, p. 295296 ; t. xi, p. 197, les cachets servaient à distinguer des offrandes faites au temple et garantissaient leur identité. Le sceau, en effet, servait à sceller les documents officiels pour en confirmer l’authenticité. Esth., iii, 12 ; Dan., vi, 17. Jézabel écrit et scelle au nom du roi. IIIReg., xxi, 8. Isaïe, viii, 17, sur l’ordre de Dieu enveloppe, attache et scelle le livre des prédictions. Daniel, Xli, 4, reçoit le même ordre afin que personne ne puisse ni lire ni falsifier le contenu de la prédiction jusqu’à son accomplissement ou au temps marqué.

On ne pouvait s’opposer, en Perse, à l’exécution d’un document scellé. Les ordres de Mardochée scellés du sceau royal détruisent ceux d’Aman, venus aussi un peu avant au nom du roi. Esth., viii, 10. Les prêtres de Bel prièrent le roi de sceller de son anneau la porte du temple de leur dieu. Dan., xiv, 10. Tout objet scellé devient inviolable : telle est la fontaine scellée, Cant., iv, 12 ; la fosse aux lions où est enfermé Daniel, vi, 17. Le tombeau du Christ, Math., xvii, 66, est scellé par le sanhédrin pour empêcher l’enlèvement du corps. Des

320. — Sceau de Hadraqia.

D’après M. de Vogué, Mé langes d’archéologie orien tale, in-8° Paris, 1868,

p. 120.

empreintes de sceaux ont été aussi relevées sur des objets de différente nature, par exemple, sur des anses d’amphore, sur des coupes de bronze, sur un gouvernail de bronze, sur une rame autour de laquelle s’enroule un dauphin.

L’importance attachée au sceau nous est prouvée par Aggée, îi, 24. Dieu, dit le prophète, gardera Zorobabel comme un sceau (hôlém). Dans le Cantique, viii, 6, l’époux demandant à son épouse un attachement inébranlable lui dit : « Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. » Dans Jérémie, xxii, 24, le Seigneur dit qu’il rejettera Joachim, même s’il s’attachait à lui comme un anneau s’attache au doigt.

V. Science des sceaux. — Multiples sont les renseignements fournis par les sceaux. La paléographie, l’onomastique, la mythologie, la

philologie, l’art de la gra vure, le symbolisme, l’his toire et la géographie sont

éclairés par les légendes

ou leur représentation. La

forme et la matière des

sceaux doivent être étu diées attentivement, parce

qu’elles nous donnent un

critérium pour préciser

leur âge ou leur origine.

C’est ainsi que, d’après les

sceaux assyriens, M. Me nant partage l’histoire

antique de l’Asie occidentale en trois périodes : la première commence 2 200 ans avant notre ère, la seconde 1100 ans avant J.-C ; la troisième l’an 600. La plupart des noms sémitiques étant formés de noms divins nous avons par là le moyen de retrouver l’origine du possesseur, exception faite pour ceux on entrent les divinités d’une nature générale. L’analogie de détails extérieurs comme le style de la gravure servent alors de guide. Les sceaux araméens découverts dans les fondements du palais de Khorsabad ont fait retrouver les origines de l’écriture carrée ; Ces sceaux remontent au VIIIe siècle avant J.-C. À cette époque les sceaux araméens ou hébraïques sont encore presque identiques aux phéniciens. Le sceau araméen ayant pour légende « À Hadraqia’, fils de Horbad » est un des plus anciens monuments de l’écriture araméenne remontant au VIIe ou vme siècle avant notre ère. Il est en calcédoine et appartient au British Muséum (fig. 320). Un personnage debout en costume assyrien y est représenté. L’inscription prouve qu’à cette époque l’écriture phénicienne et l’écriture araméenne étaient identiques. Sur l’emplacement de l’ancienne Mageddo, le Palâstina-Verein a trouvé un sceau datant probablement de Jéroboam II, roi d’Israël, c’est-à-dire du vin » siècle avant J.-C. Il a pour légende : « À Schéma, serviteur de Jéroboam. »

VI. Comparaisons ET symboles. — Au sens symbolique le mot sceau revient fréquemment sous la forme de nom, d’adjectif ou de verbe. Job montre à Baldad les étoiles enfermées par Dieu comme sous un sceau. Job, IX, 7. Ailleurs il nous dit que Dieu a scellé ses offenses. Job, xiv, 17. Il compare, xxxviii, 14, la formation de la terre sous lamaindivineà del’argile qui reçoit l’empreinte du sceau. Au Cantique, iv, 22, l’épouse est comparéeà une fontaine scellée. Un enchâssement d’or embellit un sceau comme un concert embellit un festin où l’on boit du vin. Eccli., xxxii, 7-8. Les sceaux sont un butin offert au Seigneur. Num., xxxi, 50. Dans Ézéchiel, ix, 4, 6, Dieu fait marquer du Thau comme d’un signe ceux qui lui sont restés fidèles. Pour le Psalmiste, iv, 7, la lumière du visage divin s’impriraant sur nous est comparée à un sceau. Il est employé pour symboliser

l’incompréhensibilité des visions. Ts., xxix, 11 ; Deut., xxxii, 34 ; Dan., ix, 4, 9 ; Apoc, v, 1, 5, 9 ; vi, 1. Dans saint Paul la circoncision est le sceau de l’alliance, Rom., iv, 11 ; la fondation de l’Église sur la doctrine apostolique est sûre puisqu’elle est munie du sceau de Dieu. II Tim., 11, 19. Dieu nous marquepar sa grâce comme d’un sceau. II Cor., 1, 22 ; Eph., 1, 13 ; iv, 30 ;

1 Cor., ix, 2.

VII. Bibliographie. — A.-J. Corbierre, Catalogue des sceaux orientaux, dans la Revue de sigillographie, 1910 ; Babelon, Manuel d’archéologie orientale, in-12, Paris, 1886 ; Clermont-Ganneau, Le Journal asiatique, an 1883 et 1885 ; M.-L. Delaporte, Catalogue des cylindres orientaux du musée Guimet, Paris, 1909 ; Id., La glyptique de Sumer et d’Akhad, Paris, 1909 ; de Clercq, Catalogue de la collection de Clercq,

2 in-f », 1886-1890 ; M. de Vogué, Mélanges d’archéologie orientale, in-8°, Paris, 1868 ; de Sarzec et Heuzey, Découvertes en Chaldée, 1885 ; J. Menant, Recherches sur la glyptique orientale, 2 in-8°, Paris, 1883-1886, 3e série ; S. Reinach, Chroniques d’Orient, 2 in-8°, 1896 ; Ward, Cylinders and other oriental seals in the library of P. Morgan, New-York, 1909 ; Levy, Siegel und Gemmen mit aramâischen, phônizischen, allhebrâischen Inschriften, in-8°, Breslau, 1867 ; Low, Graphische Requisiten und Erzengnisse bei den Juden, Leipzig, 1870 ; G. A. Seyler, Geschichte der Siegel, in-8°, Leipzig, 1894. Corbierre.

    1. SCEPTRE##

SCEPTRE (hébreu : Ubét ; Septante : <rxf, itTpov, fâ680ç ; Vulgate : sceptrum, virga), l’un des insignes

321. — Sceptre égyptien. Bibliothèque nationale.

du pouvoir royal. Le sceptre était originairement un bâton de commandement, que l’on décora de différentes manières à l’usage des rois. Voir Bâton, t. i, col. 1509.

1° Au sens propre. — Le roi Assuérus sur son trône tient en main un sceptre d’or, qu’il incline et fait toucher à ceux qui sont l’objet de sa faveur. Esth., viii, 4 ; xv, 14. Les rois aiment les trônes et les sceptres. Sap., vi, 22. — Baruch, vi, 13, parle de divinités babyloniennes tenant un sceptre en main, bien que totalement impuissantes.

2° Au sens figuré. — Le sceptre est pris pour la puissance même dont il est le symbole. Un sceptre est

attribué à Dieu. Ps. xlv (xliv), 7 ; Esth., xiv, 11 ; Ezech., XX, 37. — Le sceptre symbolise la primauté de la tribu de Juda, Gen., xlix, 10 (voir Juda 6, t. iii, col. 1770) ; Num., xxiv, 17 ; l’autorité de Joseph sur toute l’Egypte, Sap., x, 14, et les différents pouvoirs que Dieu abaissera, parce qu’ils sont ennemis de son peuple. Is., ix, 4 ; Ezech., xix, 11, 14 ; xxx, 18 ; Hab., m. 14 ; Zach., x, 11 ; Eccli., xxxv, 23. Les rois d’Egypte, dont le sceptre est ainsi menacé par Dieu, aimaient à porter cet insigne de la puissance souveraine. La Bibliothèque nationale conserve un sceptre égyptien (fig. 321) en terre vernissée et très soigneusement travaillé. — Le sceptre de fer, Ps. ii, 9, est le symbole d’un pouvoir exercé durement.

H. Lesêtre.

SCEVA (Nouveau Testament : Σϰευᾶς), grand-prêtre (ἀρχιερεύς) juif, dont les sept fils essayèrent d’exorciser les démons à Éphèse au nom de Jésus. Act., xix, 14. Ce fut sans succès. Un des possédés leur répondit : « Je connais Jésus et je connais Paul, mais vous, qui êtes-vous ? » et il chassa deux d’entre eux nus et blessés de la maison. Cet événement produisit une grande impression. On apporta à l’Apôtre des livres magiques, d’une valeur de 50 000 drachmes (environ 45 000 francs), et on les livra aux flammes. Act., xix, 14-19. Voir Magie, t. iv, col. 567.

SCHAF1R, ville. Mich., i, 11. Voir Saphir 2.

    1. SCHALLÉKETH##

SCHALLÉKETH (hébreu : Sallékêt ; Septante : ἡ πυλὴ παστοφορίου ; Vulgate : porta quæ ducit [ad viam ascensionis], une des portes du Temple de Jérusalem. I Par.-, xxvi, 16. Elle était placée à l’ouest de la cour extérieure, derrière l'édifice du temple proprement dit, là où est aujourd’hui Bâb es-Silsiléh. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1355.

SCHANZ Paul, théologien catholique allemand, né le 4 mars 1841 à Horb dans le Wurtemberg, mort à Tubingue le 1er juin 1905. Après avoir commencé ses études classiques dans sa ville natale, il les acheva à Rottweil ; puis il suivit les cours de philosophie et de théologie à l’université de Tubingue, où il conquit le grade de docteur avec un grand succès. Le 10 août 1866, il fut ordonné prêtre à Rottenbourg. Après quelques mois de vicariat à Schramberg, il fut appelé, en 1867, à l’internat théologique de Tubingue, comme répétiteur de mathématiques. En octobre 1870, il passa au gymnase supérieur de Rottweil, avec le titre de professeur de mathématiques et de sciences naturelles. Le 21 janvier 1876, il fut chargé d’enseigner l’exégèse du Nouveau Testament à la Faculté catholique de l’université de Tubingue, en remplacement de son maître Aberle ; enfin, au printemps de 1883, il échangea sa chaire d'Écriture sainte contre celle de dogme, où il succéda à Kuhn. Durant l’année scolaire 1899-1900, il remplit les fonctions de recteur de l’université de Tubingue. — Il a composé, sur les questions bibliques et en particulier sur les évangiles, plusieurs ouvrages remarquables, dans lesquels, tout en se conformant d’une manière très fidèle à la tradition, il adopte une méthode franchement scientifique. Nous citerons de lui : Die Komposition des Matthäusevangeliums, in-4°, Tubingue, 1877 ; Das Aller des menschlichen Geschlechts, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1895 ; Commentar über das Evangelium des heiligen Matthäus, in-8°, Fribourg-en-Br., 1879 ; Commentar über das Evangelium des heil. Markus, in-8°, Fribourg-en-Br., 1881 ; Commentar über das Evangelium des heil. Lukas, in-8°, Tubingue, 1883 ; Commentar über das Evangelium des heil. Johannes, in-8°, Tubingue, 1884-1885. Le Dr Schanz a aussi publié de nombreux articles scripturaires dans le Literarischer Handweiser de Munster-en-Westphalie, dans la Literarische Rundschau de Fribourg-en-Brisgau, dans la revue Natur und Offenbarung, et surtout dans la Theologische Quartalschrift de Tubingue. — Voir A. Koch, Zur Erinnerung an Paul von Schanz, dans la Theol. Quartalschrift, 1906, p. 102-123 ; Beilage zur (Münchener) allgemeinen Zeilung, 15 juin 1905, et aussi Reden gehalten am 3. Juli 1905 anlässlich der Beisetzung der sterblichen Hülle des hochw. H. Dr Paul von Schanz, Stuttgart, in-8°, 1905.

L. Filliok.

SCHEAR JASUB (hébreu : Še’âr Yâšûb ; Septante : ἡ ϰαταλεφθεὶς Ἰασούϐ ; Vulgate : qui derelictus est Jasub), fils du prophète Isaïe, qui accompagna son père quand il alla à la rencontre du roi Achaz au champ du Foulon. Is., vii, 3. Voir Champ 3, t. ii, col. 529. Ce nom était prophétique, comme devait l'être celui de son frère, Maher-schalal-khasch-baz (t. iv, col. 577) ; il annonçait par sa signification : « le reste reviendra ou se convertira », que Juda, après avoir été frappé et captif pour ses péchés, aurait un reste qui reviendrait à la terre de ses pères. Is., x, 20-22.

SCHEGG Pierre Jean, théologien catholique allemand, né le 6 juin 1815, dans la petite ville de Kaufbeuren en Bavière, mort à Munich, le 9 juillet 1885. Il fit ses études classiques à Kempten, puis il suivit les cours de philosophie et de théologie à Dillingen et à l’université de Munich, de 1832 à 1837. Il fut ordonné prêtre en 1838. Après avoir fait du ministère pastoral pendant quelques années, 1838-1842, il se lança dans l’enseignement exégétique et philologique, sous l’impulsion du Dr Haneberg (t. iii, col. 416). En 1843, il fut nommé répétiteur pour l’exégèse biblique au lycée de Freising ; il devint professeur titulaire en 1847. Il fut appelé à l’université de Wurtzbourg, en 1868, comme professeur d’exégèse pour le Nouveau Testament et de langues orientales. Quatre ans après, en 1872, on lui offrait, à la Faculté de théologie à Munich, la chaire d'Écriture sainte, devenue vacante par la mortde Reithmayr(t. v, col. 1031), et il occupa ce poste jusqu'à sa mort. Durant l’année scolaire 1881-1882, il remplit les hautes fonctions de Rector magnificus à l’université de Munich. — Le Dr Schegg a publié un assez grand nombre d’ouvrages sur les matières qui furent l’objet de son cours pendant ses quarante-deux ans d’enseignement. On a de lui : 1° sur l’Ancien Testament, Die Psalmen übersetzt und erklärt fur Verständniss und Betrachtung, 3 in-8°, Munich, 1845-1847 ; 2e édit., 1857 ; Der Prophet lsaias übersetzt und erklàrt, 2 in-8°, Munich, 1850 ; Die Geschichte der letzten Propheten, ein Beitrag zur Geschichte der biblischen Offenbarung, 2 in-8°, Ratisbonne, 1853-1854 ; Die kleinen Propheten übersetzt und erklärt, 2 in-8°, Ratisbonne, 1854 ; Das hohe Lied Salomons von der heiligen Liebe, in-8°, Munich, 1885 ; — 2° sur le Nouveau Testament, Evangelium nach Matthäus übersetzt und erklärt, 3 in-8°, Munich, 1856-1858 ; Evangelium nach Lukas übersetzt und erklärt, 3 in-8°, Munich, 1861-1865 ; Evangelium nach Markus übersetzt und erklärt, 2 in-8°, Munich, 1870 ; Sechs Bücher des Lebens Jesu, 2 in-12, Fribourg-en-Brisgau, 1874-1875 ; Evangelium nach Johannes übersetzt und erklàrt, 2 in-8°, Munich, 1878-1880, ouvrage publié d’après les notes' de Haneberg ; Das Todesjahr des Königs Herodes und des Todes Jesu Christi, in-8°, Munich, 1882 ; Jacobus der Bruder des Herrn und sein Brief, in-8°, Munich, 1883 ; — 3° sur d’autres sujets bibliques, Gedenkbuch einer Pilgerreise nach dem heiligen Land über Aegypten und dem Libanon, 2 in-12, Munich, 1867 ; Biblische Archäologie, ouvrage publié après sa mort par J. B. Wirthmûller, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1887. Malgré certaines longueurs et quelques opinions originales, l’auteur interprète les saints Livres d’une manière remarquable. — Voir la notice bibliographique placée en tête de la Biblische Archeologie, 1. 1, p. v-xvii ; Allgäuer Geschichtsfreund, t. viii, 1895, p. 3842 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2° édit., t. x, col. 1768-1770 ; H. Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, t. iii, 2e édit., Inspruck, 1895, p. 1282-1283 ; Schanz, dans les Histor.-politische Blätter, t. XC, p. 794-798 ; Schœfer, dans le Literarischer Handweiser, 1885, col.. 629.

L. Fillion.

SCHEMINITH (hébreu : Šemînîṭ). Ps. vi, 1 ; xii(xi), l ; I Par., xv, 21. Voir Octave, t. iv, col. 1785.


SCHEOL (hébreu : Še’ôl), nom donné au séjour des morts dans l’Ancien Testament. Voir Enfer, t. ii, col. 1702 ; Hadès, t. iii, col. 394.

SCHIBBOLETH (hébreu : šibbôléṭ). Voir Sibboleth.


SCHIGGAYON (hébreu : šiggayôn ; Septante : ψαλμὸς… μετα ῴδῆς ; Vulgate : Psalmus), terme obscur dans le titre du Ps. vii. On le trouve aussi au pluriel dans Habacuc, iii, 1. Comme ce mot dérive de Sâgâh, « errer », beaucoup de modernes entendent par ce terme un poème ou chant dithyrambique, caractérisé par la variété du rythme, mais la vraie signification est douteuse. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1362 ; J. Fürst, Hebräisches Wörterbuch, t. ii, 1876, p. 410.


SCHILÔH (hébreu : Šilôh). Dans sa bénédiction prophétique, Jacob dit de son fils Juda :

Le sceptre ne sera point ôté à Juda,
Le législateur à sa race
Jusqu’à ce que vienne Schilôh.

Gen., xlix, 10.

Tous les anciens exégètes, juifs et chrétiens, ont entendu le troisième vers du Messie, quoiqu’ils aient traduit le mot Silôh de façons diverses. Septante : ἕως ἐὰν ἐλθῃ τὰ ἀποκείμενα αὐτῷ, donec veniant quœ reposita sunt ei ; Vulgate : donec veniat qui mittendus est. Saint Jérôme a lu שילוח, avec un ḥeth, au lieu de שילוה, avec un . Mais, quoique les traductions soient différentes, tous les anciens ont entendu le mot Šilôh du Messie. Les Septante, comme le Targum, Aquila, Symmaque, les versions syriaque et arabe ont divisé le mot שילה en deux et l’ont lu še, « qui, que », et lôh ou , « à lui », entendant ainsi le troisième vers : « jusqu’à ce que vienne celui que à lui (le sceptre). » Cette explication est confirmée, d’après beaucoup de commentateurs, par Ézéchiel, xxi, 27, qui paraphrase ainsi ce passage du Pentateuque : ʾad bʾôʾăšér lô ham-mišpât, « jusqu’à ce que vienne celui à qui appartient le jugement. » Les exégètes modernes, qui croient à l’existence des prophéties dans l’Ancien Testament, expliquent en général le mot Schilôh par « Pacifique », titre qui désigne le Messie, appelé par Isaïe, IX, 6, « prince de la paix ». Voir F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., 1906, 1. 1, p. 733-738. Les rationalistes soutiennent à tort qu’il faut entendre par Schilôh la ville de Silo où fut dressé le Tabernacle du temps de Josué, xviii, 1.


SCHISME (grec σχίσμα ; Vulgate : schisma, scissura), division qui sépare les membres d’une même société.

Dans l’Ancien Testament. — 1. La première division de ce genre fut celle qui mit en lutte tout Israël contre la tribu de Benjamin et faillit amener la destruction de cette dernière. Jud., xx-xxi. — 2. Durant sept ans, David, sacré roi par Samuel, ne fut reconnu que par Juda et eut Israël contre lui. II Reg., ii, 1-v, 1. — 3. Après la révolte d’Absalom, qui avait causé un schisme momentané dans le royaume, Séba en tenta un autre en disant : « Nous n’avons point de part avec David… Chacun à sa tente, Israël ! » II Reg., xx, 1, 2. Cette tentative fut bientôt réprimée par Joab. II Reg., xx, 14-22. — 4. Le schisme le plus grave et le plus durable fut celui qui suivit la mort de Salomon. Il avait pour cause lointaine les antiques prétentions d’Éphraïm à l’hégémonie de la nation. Les services éminents rendus par Joseph, père de cette tribu, le rôle joué par Josué, qui était Ëphraïmite, l’arrogance de cette tribu, fière de sa puissance, et de son magnifique territoire, Jud., viii, 1-3 ; x, 9 ; xii, 1-6, la longue présence sur son sol de l’Arche et du Tabernacle, à Silo, l’influence prépondérante exercée par elle sur les autres tribus du nord, lui firent supporter avec impatience les règnes de Saül, de la tribu de Benjamin, de David et de Sâlomon, de la tribu de Juda. Les Éphraïmites n’attendaient donc que l’occasion favorable pour se séparer d’une monarchie dont ils étaient jaloux. — La cause prochaine est indiquée par le texte sacré : ce furent les infidélités de Salomon. III Reg., xi, 11-13. Sur l’ordre du Seigneur, le prophète Ahias fit savoir à Jéroboam, un Éphraïmite, que Dieu lui destinait dix tribus, pour n’en laisser qu’une au successeur de Salomon. III Reg., xi, 26-32. Dans le plan divin, la rupture de l’unité nationale ne devait aucunement entraîner l’abandon de la loi religieuse formulée par Moïse. Car il était promis à Jéroboam que, s’il était fidèle à cette loi, Dieu lui bâtirait une maison stable, comme il avait fait pour David. III Reg., xi, 38, 39. La fréquentation du Temple eût parfaitement pu être rendue possible par une entente entre les deux rois d’Israël et de Juda. — Quand Roboam eut manifesté sa volonté d’aggraver encore le régime paternel, l’ancien cri de révolte retentit à nouveau : « Quelle part avons-nous avec David ? Nous n’avons point d’héritage avec le fils d’Isaï ! À tes tentes, Israël ! Quant à toi, pourvois à ta maison, David ! » III Reg., xii, 16. Le schisme fut alors consommé : d’un côté le royaume de Juda, comprenant la tribu de Juda et ce qui, de la tribu de Benjamin, n’en pouvait être séparé, avec Jérusalem pour capitale ; de l’autre, tout le reste des tribus, avec un roi siégeant à Samarie à partir du règne d’Amri. — Au point de vue politique, le schisme affaiblit les deux royaumes, en les mettant souvent en lutte l’un contre l’autre, parfois avec appel au concours des étrangers, et en les rendant incapables de résister efficacement aux invasions de ces derniers. Au point de vue religieux, les conséquences furent plus graves encore. Jéroboam prit tous les moyens pour empêcher ses sujets de se rendre à Jérusalem. Le culte qu’il installa en Israël, en opposition avec la loi mosaïque, céda bientôt presque complètement la place aux cultes idolâtriques. Voir Jéroboam, t. iii, col. 1301. Le royaume schismatique d’Israël compta dix-neuf ro13, appartenant à neuf dynasties différentes, et tous infidèles à Jéhovah ; après 254 ans d’existence, il tomba sous les coups des Assyriens. Les rois de Juda, tous de la dynastie de David, ne furent pas non plus toujours fidèles, et leur royaume tomba sous les coups des Chaldéens, 134 ans après le premier. — 5. Après le retour de la captivité, les traces du schisme disparurent ; tous les descendants des anciennes tribus ne firent plus qu’un seul peuple. Toutefois, à raison de leur origine, les Samaritains formèrent une sorte de schisme irréductible à côté des Juifs. Voir Samaritains, col. 421. Les Juifs eux-mêmes se divisèrent entre eux et donnèrent naissance à deux partis opposés, qui tenaient plus ou moins du schisme par rapport au judaïsme pur, les Pharisiens et les Sadducéens. Voir Pharisiens, t. v, col. 205 ; Sadducéens, col. 1337.

Dans le Nouveau Testament. — 1. Saint Jean, ix, 16, appelle « schisme » la division qui régnait au sanhédrin, composé d’ailleurs de Pharisiens et de

céens. — 2. Saint Paul recommande aux Corinthiens d’éviter les schismes. I Cor., i, 10 ; XII, 25. Il a appris qu’il en existe parmi eux. I Cor., XI, 18. Ceux dont il parle à l’occasion des repas eucharistiques sont des divisions plus pratiques que doctrinales. Elles consistent dans des inégalités choquantes à l’occasion de ces repas pris en commun, mais où l’on ne partage que la table et non les aliments. Saint Paul avait eu à blâmer des divisions beaucoup plus graves dans l’Église de Corinthe. L’esprit de parti s’y exerçait à un tel point que, parmi les fidèles, les uns tenaient pour Paul, ceux-ci pour Apollos, ceux-là pour Céphas. C’était un commencement de schisme, prenant pour prétexte la diversité des prédicateurs de la foi, et menant à croire à une diversité des doctrines. « Le Christ est-il divisé ? « leur écrit l’Apôtre, I Cor., i, 13, et il coupe court à toute division en rappelant que, quel que soit le prédicateur, c’est toujours le Christ seul dont il annonce le mystère. En conséquence, « que personne ne mette sa gloire dans des hommes ; car tout est à vous, et Paul, et Apollos, et Céphas, … mais vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu. » I Cor., iv, 21-23. — 3. Saint Paul eut à combattre beaucoup plus longtemps et plus sévèrement les prédicateurs judaïsants qui, à l’Évangile du Christ, ajoutaient l’obligation des pratiques de la loi mosaïque. Gal., i, 11-iv, 31. Voir Judaïsants, t. iii, col. 1778. — 4. Diotréphès est signalé par saint Jean comme un agent de schisme. III Joa., 9.

H. Lesêtre.

SCH1TTIM (hébreu : nahal haS-Sittim ; Septante : 6 x^’M-âppo ; twv « t/oi’vwv ; Vulgate : torrens spinarum), nom dans Joël, iv(iii), 18, d’une vallée située probablement dans le voisinage de Jérusalem et qui devait tirer son nom des acacias (Httîm) qu’on y trouvait. La dernière station des Israélites avant de traverser le Jourdain sous Josué porte le nom de haS-Sittîm dans le texte hébreu. La Vulgate l’appelle Selim. Voir Sétim.

    1. SCHLEUSNER Johannes Friedrich##

SCHLEUSNER Johannes Friedrich, lexicographe allemand, né à Leipzig, le 16 janvier 1756, mort à Wittenberg le 21 février 1831. Il devint professeur de théologie à Gœttingue en 1784 et à Wittenberg en 1795. Il s’occupa surtout du grec de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ses principaux ouvrages sont : Lexicon grssco-latinum in Novum Testamentum, 2 in-8°, Leipzig, 1792 ; 1819 ; Novus Thésaurus phllologicocriticus sive Lexicon in LXX et reliquos interprètes grsecos ac scriptores apocryphos Veteris Testamenti, 5 in-8°, Leipzig, 1820-1821. Ce dernier ouvrage, qui est encore utile, a été réimprimé à Glasgow et à Londres.

SCHOFAR. Voir Trompette.

    1. SCHÔSCHAN##

SCHÔSCHAN (hébreu : jtfw, Jtfitf, ]wvû, « t Us » ). Ce mot se trouve aux titres de quatre Psaumes : ’al-sôsannim, Ps. xlv (xliv), 1 ; lxix(lxvhi), 1 ; ’al-Sôëan, ’édû{, Ps. lx (us), 1 ; ’al-sôsannim, ’édût, Ps. lxxx (lxxix)> 1. Les Septante traduisent, d’après la racine waf, « changer » : ÛTOp TÛV àWatMÔTidOftÉVMV, Ps. XLIX, LXVIII,

lxxtx, et àXXatw6/]uo|jivo[i ; , Ps. Lix ; la Vulgate : pro Us qui commutabuntur et immuiabuntur. Ce mot’édût n’est pas en dépendance du mot sôSannim qui le précède au Psaume lxxx (lxxix) ; il doit pareillement être disjoint de Sôsan au psaume lx (lix). On l’a d’ailleurs interprété isolément. Voir t. ii, col. 1598. Quant à Sâsan et son pluriel Sôsannîm, qui se présentent construits par’al comme les autres noms d’instruments et termes musicaux, il est difficile d’en préciser le sens. Quelques-uns se sont représenté un instrument de musique en forme de lis, d’après la signification usuelle du nom hébreu, qui désigne le lis, la tulipe, l’anémone et généralement les fleurs à calice évasé ; telles seraient

des sonnettes ou clochettes, ou des cymbales hémisphériques, ou d’après un plus grand nombre, des trompettes, dont le pavillon évasé rappelle le calice de cette fleur : Quod etiam lilia referantur ad formant instrumentorum musicorum, quss essent formata in forniam lilii repandi, quod Kimhi et post illum Cajetanus volunt, nihil obstat, potius juvat. G. de Pineda, De rébus Salomonis, V, iii, 5, Mayence 1616, p. 351 x. Ce mot grec r.a>8wv désigne pareillement l’ouverture de la trompette ou du cor, Suidas h. v., et la trompette elle-même ; Sophocle, Ajax, v, 17. Cf. x<o6hiv, « pot », xtiSsca, « tête du pavot ».

Ce mot pourrait aussi se rapprocher de ses, « six », et en dériver à l’aide de an, suffixe instrumental. Il correspondrait alors à âSâr et à Semînît. Mais la formation est douteuse.

La lexicographie syro arabefourniraitd’autres rapprochements, dont on peut retenir fjôLm, nom d’un bois précieux, de couleur noire, peut-être l’ébène, et qui servait, selon le Kamus, à la fabrication de meubles et d’objets divers. Le ûûêan serait ainsi un instrument non déterminé, construit en bois. — D’un autre côté, si l’introduction en Syrie de la musique persane était démontrée, on dériverait de Suse, jsriw, l’instrument,

le rythme ou le mode musical indiqué dans ces quatre Psaumes. — On peut retenir encore la racine toi*, d’où Saêôn, « joie ». — Le plus grand nombre des interprètes voient dans l’expression’al-sôSannim ou’alsûSôn, les premiers mots d’une formule rappelant un rythme et une mélodie. On applique volontiers cette explication aux titres qu’on ne peut éclaircir autrement. Jusqu’ici on n’a démontré dans ce sens que la formule’al-tashét. — Ces données ne constituent que des conjectures, et le terme de Sôsan demeure énigmatique dans sa signification musicale.

G. Parisot.

SCIE (hébreu : megêrâh, de gârar, « scier », masiôr, de êûr, « scier » ; Septante : irpi’wv ; Vulgate : serra), outil de métal, formé d’une lame rectiligne pourvue de dents aiguës et qui, par un mouvement de va-etvient, coupe le bois, la pierre et les substances analogues. — L’usage de la scie remonte aux plus anciens temps. À l’âge préhistorique, les hommes fabriquaient des scies avec des silex. Cf. N. Joly, L’homme avant les métaux, Paris, 1888, p. 104. On en a trouvé assez

322. — Scie assyrienne.

D’après Layard, Discoveries, p. 195.

fréquemment en Palestine. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 388. Quand ils surent travailler le métal, ils firent des scies en cuivre, en bronze et en fer (fig. 322) comme on en voit chez les Égyptiens (fig. 322) et chez les Assyriens. Cf. A. Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh, Londres, 1853, p. 108, 134. Dans la Bible, la première mention des scies remonte à l’époque de David. Après la prise de Rabbath, le roi réduisit en servage les Ammonites, et il mit un certain nombre d’entre eux « sur les scies », c’est-à-dire les préposa aux scies, en fit des scieurs de bois ou de pierre. En traduisant par serravit, « il les scia », la Vulgate prête à David une cruauté dont il n’est question ni dans l’hébreu ni dans les Septante. II Reg., xii, 31 ; I Par., xx, 3. Les pierres du Temple furent soigneusement sciées à la scie. III Reg., vil, 9. — La scie ne peut rien

par elle-même ; elle n’a pas à s’élever contre celui qui la meut. Is., x, 15. — Isaïe, xxviii, 27, dit qu’on ne foule pas la nigelle avec le traîneau, harûs. Les versions traduisent ce mot par ux>.71pôTri ?, « dureté », et serra, « scie ». Ailleurs, il parle d’un chariot à deux tranchants, ba’al pîfiyôt ; les versions en font un chariot 7rpi<ro)poe : ?T| ; , « semblable à une scie », habens rostra serrantia, « ayant des éperons en forme de scies ».

323. Soie égyptienne.

D’après Wilkinson, Manners, t. iii, pi. lxii.

Is., xli, 15.-t. L’Épitre aux Hébreux, xi, 37, mentionne des serviteurs de Dieu qui ont été sciés, èirp ! (18r|(Tav, secti sunt. La tradition range le prophète Isaïe parmi les victimes de ce supplice. Voir Isaïe, t. iii, col. 944.

H. Lesêtre.
    1. SCIENCE##

SCIENCE (hébreu : da’af ; Septante :-fvw<Ti< ; ), un des dons du Saint-Esprit, qui éclaire l’homme par la grâce sur la nature de Dieu et sur nos devoirs envers lui. Is., xi, 2. — Dans son acception générale, le mot scientia dans la Vulgate a les différentes acceptions de ce mot, connaissance des choses par la raison, l’observation, l’expérience, etc., et il s’applique aussi à Dieu. I Sam. (I Reg.), ii, 3 ; Jac, I, 5. Sur l’omniscience de Dieu, voir Jéhovah, viii, t. iii, col. 1240. — L’Écriture recommande particulièrement la science des choses saintes et de la religion. Prov., ix, 10 (cf. xxx, 3) ; Sap., x, 10 ; Ps.’cxviii (cxix), 66 ; Mal., ii, 7 ; Ose., iv, 6, etc. — Sur l’arbre de la science du bien et du mal dans le paradis terrestre, voir t. i, col. 896.

    1. SCIO DE SAN MIGUEL Philippe##

SCIO DE SAN MIGUEL Philippe, traducteur de la Bible en espagnol. Voir Espagnoles (Versions) de la Bible, t. ii, col. 1962-1963.

    1. SCORIE##

SCORIE (hébreu : sîg [chethîb], sûgr/pluriel, siggîm, sigîm, siggîm), matière qui se sépare pendant la fusion des métaux que l’on purifie. Ce mot est employé métaphoriquement dans l’Écriture pour exprimer ce qui est sans valeur. Il est appliqué Ps. cxix (cxviii), 119, aux méchants ; à Israël infidèle, Is., i, 2-2, 25 ; Ezech., xxii, 18, 19. L’argent qui n’est pas encore purifié est appelé késéf sigîm, « l’argent des scories ». Prov., xxvi, 25. Le Sage recommande de séparer les scories de l’argent. Prov., xxv, 4.

1. SCORPION (MONTÉE DU), montée qui marquait la frontière méridionale de la Palestine. Num., xxxiv, 4 ; Jos., xv, 3 ; Jud., i, 36. Voir Acrabim, t. i, col. 151.

2. SCORPION (hébreu : ’aqràb, correspondante l’assyrien akrabu ; Septante : <yxopiuioç ; Vulgate : scorpio), nom d’un animal, d’un fouet et d’une machine.

I. Scorpion, animal. — 1° Histoire naturelle. — Le scorpion (fig. 324) appartient à la classe des arachnides,

bien qu’il ait les apparences d’un crustacé. En avant de la bouche, il dispose de deux palpes. munies de pinces analogues à celles des homards. Le corps, composé de segments distincts, comprend un tronc pourvu de huit pattes, un abdomen uni au tronc dans toute sa largeur, une queue longue et grêle, formée de six articles dont le dernier s’effile en pointe aiguë. Cette pointe, appelée dard, a vers sa base deux orifices d’où sort un liquide venimeux sécrété par un appareil spécial. Le scorpion est vivipare et Carnivore ; il se nourrit de vers, d’insectes, de sauterelles et, au besoin, de ses semblables. Il vit sous les pierres, dans les troncs d’arbres et même dans l’intérieur des maisons. Le scorpion d’Europe, scorpio flavicaudus, est brun et n’a guère plus de 3 centimètres de long ; sa piqûre est rarement dangereuse. Le scorpion d’Afrique, scorpio occitanus, est d’un gris roussâtre et atteint jusqu’à 15 centimètres. Sa piqûre peut causer de désagréables accidents, si on ne la combat par la succion, la cautérisation ou par une application d’ammoniaque. Cf. Tertullien, Scorpiace, l, t. ii, col. 121, 122. — Dans l’énu 324. — Scorpion.

mération des mésaventures qui menaçaient le soldat égyptien, on notait celle-ci : « Un scorpion le blesse au pied et son talon est percé par la piqûre. » Papyrus Anastasi III, pi. vi. Le scorpion pullule dans la presqu’île Sinaïtique. Il abonde en certains endroits de la Palestine. Avant de dresser une tente, il faut avoir soin de retourner toutes les pierres si l’on ne veut s’exposer à leurs attaques. On en compte au moins huit espèces, dont la couleur et la dimension varient. La plus dangereuse est noire et a 15 centimètres de long. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 303. Les Arabes distinguent surtout deux espèces, le noir et le chaqrâ, dont la piqûre est rarement mortelle. Cf. Revue biblique, 1903, p. 246. Il y avait, à la frontière méridionale de la Palestine, une montée d’Acrabim, qui devait son nom à la quantité de scorpions qu’on y rencontrait. Voir Acrabim, 1. 1, col. 151. De Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 77, dit, en parlant de l’Ouad-ez-Zouera, au sud-ouest de la mer Morte : « Je défie que l’on retourne un caillou du Nedjd, je dis un seul caillou, sans trouver dessous un de ces désobligeants animaux. Dans notre tente même, ces vilaines bêtes que nous dérangeons se promènent de ci, de là. Au reste, l’habitude est une seconde nature…Il y a un mois, la vue d’un scorpion m’agaçait cruellement les nerfs ; aujourd’hui son apparition, même inopinée, ne me cause plus la moindre émotion, et je marche dessus fort tranquillement. Ceci revient à dire que, sans aimer plus tendrement les scorpions, je ne m’en effraie plus. » C’est donc que, pour l’ordinaire, le danger couru n’est ni extrêmement grave, ni sans remède. Quand ils ne trouvent pas de pierres pour s’abriter, les scorpions se creusent dans le sol des galeries en zigzag, communiquant avec l’extérieur par de petites ouvertures d’en

viron 12 millimètres de diamètre. Par ces ouvertures, ils tiennent leurs pinces ouvertes, prêtes à saisir la proie qui se présente. La multitude de ces ouvertures indique la présence des scorpions de plaine. Ils ne sortent pas en plein jour, restent blottis dans leurs galeries et chassent la nuit de préférence. Le jour, ils ne prennent guère que les insectes qui s’aventurent à l’entrée de leur retraite. Cf. R. P. Féderlin, dans La Terre sainte, 15 novembre 1903, p. 343, 344. — Dans le poème de GiJgamès, il est question d’hommes-scorpions, aqrabamêlu (fig. 325), qui gardent, au mont Mâschou, l’entrée du passage ténébreux qui conduit au séjour des dieux infernaux. Cf. Haupt, Dus babylonische Nimrodepos, p.59-61 ; Sauveplane, Une épopée babylonienne, tabl. ix, col. ii, p. 34, 35 ; Dhorme, Choix de textes religieux, Paris. 1907, p. 16, 23, 35, 39, 271, 273.

2° Dans la Bible. — Le désert du Sinaï était un pays de serpents brûlants et de scorpions. Deut., viii, 15. Les Israélites méchants et impies sont comparés à des scorpions ; Dieu dit à son prophète de ne pas les redouter. Ezech., ii, 6. Qui possède une méchante épouse, a mis la main sur un scorpion, F.ccli., xxvi, 10. Les bêtes féroces, le scorpion et la vipère ont été créés

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325. — Les hommes-scorpions.

D’après Lajard, Culte de Mithra, pi. xxviii, n. il.

pour le châtiment des hommes. Eccli., xxxix, 36. — Noire-Seigneur donne à ses disciples le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, figures de Satan et des ennemis de l’Évangile. Luc, X, 19. Il demande si un père serait assez dénaturé pour donner un scorpion à son iils qui lui demande un œuf. Luc, xi, 12. Quand un scorpion de couleur claire se replie sur lui-même, il peut avoir quelque ressemblance avec un œuf. Cf. Bochart, Hierozoicàn, Francfort-s.-M., 1675, II, iv, 29, p. 636, 641. Dans une de ses visions, saint Jean voit des saulerelles ressemblant à des scorpions, qui, sans causer la mort, tourmentent par les piqûres faites avec l’aiguillon’de leur queue. Apoc, ix, 3, 5, 10.

II. Scorpion, espèce de fouet. — À l’instigation de ses jeunes conseillers, Roboam dit aux Israélites que, si son père les a châtiés avec des fouets, lui les châtiera avec des scorpions. III Reg., xii, 11, 14 ; II Par., x, 11, 14. Il s’agit ici de fouets ou de verges armés de piquants ou de pointes de fer, pour rendre les coups plus douloureux. Ces scorpions pourraient être aussi des branches épineuses.

III. Scorpion, <rxop7ti’o’iov, machine à lancer des traits.

— Le roi Antiochus V, assiégeant le Temple de Jérusalem, avait dans son attirail de guerre « des scorpions pour lancer des flèches. » I Mach., vi, 5l. Le scorpion servait à lancer des pierres, des balles de plomb et des flèches. C’était une espèce d’arbalète maniée par un seul homme et dont la forme rappelait celle de l’animal. Cf. Végèce, Mil., iv, 22 ; Ammien, xxiii, 4 ; Vitruve, x, 1,

3 ; César, Bell, gall., VII, xxv, 2, 3.
H. Lesêtre.
    1. SCRIBE##

SCRIBE, Juif qui se consacrait spécialement à l’étude de la Loi.

I. Le nom. — 1° Celui qui était versé dans la connaissance de la loi mosaïque s’appelait primitivement sôfêr, de sâfar, « écrire ». Le sôfêr fut tout d’abord un secrétaire, II Reg., viii, 17 ; xx, 25 ; IV Reg., xii, 11 ; xrx, 2 ; xxii, 3, etc., ou même un chef militaire « inscrivant » et enrôlant des soldats. Jud., v, 14 ; IV Reg., xxv, 19 ; Jer., xxxvii, 15 ; lii, 25, etc. Ce fut ensuite un légiste. Le nom de sôfêr, ctwetô ; , lilteratus, est attribué à Jonathan, oncle de David. I Par., xxvii, 32. Esdras surtout est désigné sous le nom de sôfêr, Ypaji[Ji.oT£j{, scriba, 1 Esd., v », 6, 11 : « scribe instruit dans les paroles et les préceptes du Seigneur et dans ses cérémonies en Israël, » vii, 12, 21 ; II Esd., vin, 1 ; xii, 26, 36. Esdras était à la fois prêtre et scribe. Mais, avec le temps, des Juifs qui n’étaient pas prêtres s’appliquèrent de plus en plus nombreux à l’étude de la Loi et devinrent ainsi capables d’enseigner le peuple. — 2° À l’époque évangélique, le scribe porte habituellement le nom de ypa[i[jiaTEj ; , scriba, qui correspond à l’hébreu sôfêr. À côté de ce nom, plus communément usité, se rencontrent ceux de vou.tx6ç, legis doctor, Matth., xxii, 35, legisperitus, Luc, vii, 30 ; x, 25 ; xi, 45 ; xiv, 3, et de vo[io518à(rz.a), oç, legis doctor. Luc, v, 17 ; Act., v, 34. Josèphe appelle les scribes iracp ! o)v élt-(rTci : vôfiwv, « ceux qui expliquent les lois des pères », Ant. jud., XVII, vi, 2, a-oiptoraL, « les sages », Bell, jud., i, xxxii, 2 ; II, xvii, 8, 9, et UpoypaiJiiJ.aTefç, « ceux qui s’occupent des Saintes Lettres ». Bell, jud., VI, v, 3. La Mischna réserve le nom de sôfrim aux anciens scribes qui faisaient encore autorité de son temps et appelle hakâmim, i sages », les contemporains. Vebamoth, ii, 4 ; IX, 3 ; Sanhédrin, xi, 3 ; Kelim, xxii, 7, etc. — 3° On donnait aux scribes, au moins à l’époque de Jésus-Christ, le nom de rabbbi, « mon maitre ». Matth., xxiii, 7. Le Sauveur fut souventappelé de ce nom par ses disciples, Matth., xxvi, 25, 49 ; Marc, ix, 4 ; xi, 21 ; xiv, 45 ; Joa., IV, 31 ; IX, 2 ; xi, 8, et même par d’autres. Joa., i, 38, 49 ; iii, 2 ; vi, 25. Saint Jean-Baptiste était aussi appelé rabbi par ses disciples. Joa., iii, 26. Rabbi devenait quelquefois poc6ëouvi, rabboni, de rabbôn ou rabbûn, forme araméenne renforçant rabbi. Marc, x, 51 ; Joa., xx, 16. Ce dernier mot, avec son suffixe personnel, ne s’emploie dans le Nouveau Testament que quand on s’adresse à une personne. Plus tard, il devint un titre dont on faisait précéder le nom d’un docteur, Rabbi Éliézer, Rabbi Akiba, etc., de la même manière que nous mettons les mots « monsieur, monseigneur », devant le nom d’une personne, même sans s’adresser directement à elle. Dansle NouveauTestament, le mot rabbi est souvent remplacé par d’autres : Kûpie, Domine, « Seigneur », Matth., viii, 2, etc. ; SiSiirxaXe, magisler, « maître », Matth., viii, 19, etc. ; ë7titrnïTa, prseceptor, « maître », Luc, v, 5, etc. ; y.a9r,-f » )Tiriç, magister, « maître », correspondant à l’hébreu môréh, « docteur », Matth., xxiii, 10, et itoct^p, pater, « père », Matth., xxiii, 9, correspondant à l’araméen’abbd’, « père », dont la Mischna fait souvent précéder le nom des docteurs, Abba Saul, Pea, vm, 5 ; Abba José, Middoth, ii, 6, etc.

II. Rôle des scribes. — 1° Constitution du droit. — Les scribes travaillaient tout d’abord au développement théorique du droit. La loi mosaïque formulait les préceptes, mais elle n’entrait pas dans le détail. Les scribes examinaient les différents cas qui pouvaient se présenter dans son application et ils les résolvaient en conformité avec l’esprit de la loi. Leur science devenait donc de plus en plus compliquée, à mesure que les solutions s’ajoutaient aux solutions et que les circonstances provoquaient de nouvelles difficultés. Ils transmettaient ces solutions oralement, et non encore par

écrit, comme le firent plus tard les rédacteurs de la Mischna. D’autre part, elles résultaient de l’accord des docteurs, ce qui nécessitait de perpétuelles discussions des uns avec les autres. L’écho de ces discussions se retrouve dans la Mischna, Pea, vi, 6 ; Terumoth, v, 4 ; Schabbath, viii, 7 ; Pesachim, i, 2, 5, etc. C’est ce qui obligeait les docteurs les plus autorisés à adopter le même séjour, Jérusalem, jusqu’à la ruine de la ville, et plus tard Jabné et Tibériade. Bien que certaines parties du droit ainsi fixé n’eussent qu’une valeur théorique, l’ensemble n’en constituait pas moins un code de vie pratique. Les pharisiens firent prévaloir leurs doctrines dans cette œuvre ; ils étaient en réalité comme des législateurs devant lesquels les sadducéens et le sanhédrin lui-même étaient obligés de s’incliner.

2° Enseignement du droit. — Les scribes avaient ensuite à enseigner le droit. Chaque Israélite, pour se conduire suivant la loi, devait la connaître. Les docteurs les plus célèbres l’enseignaient après la captivité, et avaient pour auditeurs une nombreuse jeunesse. Josèphe, Bell, jud., i, xxxiii, 2, parle de deux docteurs qui enseignaient ainsi à la fin du règne d’Hérode. Les disciples portaient le nom de talmîdîm, I Par., xxv, 8, de lâmad, « enseigner ». Ils avaient surtout à apprendre de mémoire les nombreuses décisions des docteurs, dont l’enseignement consistait principalement à répéter, sândh, d’où le nom de Mischna donné à cet enseignement. Voir Mischna, t. iv, col. 1127. Puis le docteur posait des cas à résoudre, ou les disciples en apportaient eux-mêmes à leur maître. Tout l’enseignement était strictement traditionnel ; le disciple devait retenir ce qu’il avait appris et à son tour l’enseigner aux autres dans les mêmes termes, bilesôn rabbô, « avec la langue de son maître », c’est-à-dire avec ses expressions mêmes. Eduyoth, i, 3. Un bon disciple était comparé à « une citerne enduite déciment, qui ne laisse pas perdre une goutte d’eau. » Aboth, II, 8. Les scribes enseignaient dans des écoles. Voir École, t. ii, col. 1565. À Jérusalem, ils enseignaient dans le Temple. Luc, ii, 46 ; Matth., xxi 23 ; xxvi, 55 ; Marc, xiv, 49 ; Luc, xx, 1 ; xxi, 37 ; Joa., xviii, 20. Saint Paul apprit la loi « aux pieds de Gamaliel ». Act., xxii, 3.

3° Intervention dans les tribunaux. — Les scribes remplissaient aussi les fonctions de juges, auxquelles leurs connaissances juridiques les rendaient plus aptes que les autres. Les petits tribunaux n’avaient souvent que des juges laïques ; les scribes assistaient ces juges ou jugeaient eux-mêmes, comme ils le faisaient au sanhédrin. On les agréait, pour juges au même titre que pour législateurs et l’on avait confiance dans leurs jugements, à cause de leur compétence reconnue, qu’ils fussent seuls, Baba kamma, viii, 6, ou plusieurs opérant ensemble.

4° Travail sur les Saintes Ecritures. — Bien que spécialement voués à l’étude et à l’interprétation de la loi, les scribes ne’pouvaient se désintéresser des autres parties de la Sainte Écriture. À la Halacha, qui s’appliquait aux textes législatifs, ils ajoutèrent donc la Hagada, qui développait et complétait l’histoire. Leurs travaux furent parla suite consignés dans le Midrasch. Voir Midrasch, t. iv, col. 1078. À raison de leur érudition, les scribes prenaient la parole dans les synagogues. Enfin, ils veillaient sur le texte sacré, afin d’en assurer la conservation et l’intégrité. Ils préparèrent ainsi les matériaux qui, à un âge postérieur, furent mis en œuvre par la massore. Voir Massore, t. IV, col. 854.

III. Situation sociale des scribes. — 1° Leur influence. — La science des scribes et leur autorité de législateurs et d’interprètes de la loi assuraient aux scribes une grande place dans la société juive. Il devait naturellement en être ainsi chez un peuple dont toute la vie religieuse et sociale dépendait du livre sacré, et qui


avait d’autant plus besoin d’être authentiquement informé qu’une plus grande importance tendait à s’attacher aux prescriptions extérieures. Les scribes, parles maximes qu’ils mettaienten cours, ne se faisaient pas faute d’attirer à eux les honneurs. Ils disaient : « Les paroles des scribes sont plus aimables que les paroles de la Loi ; car, parmi les paroles de la Loi, les unes sont importantes et les autres légères : celles des scribes sont toutes importantes. » 1er., Berachoth, ꝟ. 3, 2. Par des maximes de ce genre, souvent reproduites dans le Talmud, les scribes se plaçaient au-dessus de Moïse et des prophètes, et à plus forte raison de leurs contemporains. Ils en tiraient les conséquences pratiques : « Le respect pour ton ami va jusqu’à l’honneur dû à ton maître, et l’honneur dû à ton maître touche à l’hommage dû à Dieu. » À both, iv, 12. En bien des cas, le maître devait être préféré par le disciple à son propre père, à moins que ce dernier ne fût scribe lui-même ; car, si le père donnait la vie qui fait entrer dans le monde présent, le maître donnait la sagesse qui fait entrer dans le monde futur. Baba mezia, ii, 11. « Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes rabbi. » Matth., xxiii, 6, 7 ; Luc, xi, 43. « Ils aimaient àse promener en longues robes. » Marc, xi], 38 ; Luc, xx, 46. Cf. Matth., xxiii, 5. On leur rendait donc honneur, mais il est douteux que l’amour accompagnât le respect. Nulle part on ne trouve employée à leur adresse la formule « bon maître », dont on se sert pour Notre-Seigneur. Matth., xix, 16 ; Marc, x, 17,

2° Leurs vues intéressées. — Les scribes faisaient profession de désintéressement. On ne devait pas se servir de l’enseignement de la Loi comme d’un outil avec lequel on gagne de l’argent. Aboth, i, 13 ; IV, 5. Quand on rendait la justice pour de l’argent, le jugement était sans valeur. Berachoth, iv, 6. Pour vivre, les docteurs exerçaient un métier, r donnant peu à ce métier, et s’occupant beaucoup de la Loi. » Aboth, iv, 10. Saint Paul suivit cette tradition. Act., xviii, 3 ; xx, 34, etc. Néanmoins ce désintéressement n’était souvent que de surface. Notre-Seigneur dit des scribes : « Ces gens qui dévorent les maisons des veuves et font pour l’apparence de longues prières, subiront une plus forte condamnation. » Marc, xii, 40 ; Luc, xvi, 14 ; xx, 47. On retrouve dans le Zohar, i, 91 b, édit. Lafuma, Paris, 1906, p. 521, un écho des prétentions intéressées des scribes : « Nous savons par une tradition, Pesachim ; 49 a, dit Rabbi Abba, que l’homme est tenu de sacrifier toute sa fortune pour obtenir en mariage la fille d’un docteur de la loi ; car c’est aux docteurs de la loi que Dieu confie le dépôt des bonnes âmes. » Cf. Schûrer Geschichte des jùdischen Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 312-328.

IV. Les scribes célèbres. — 1° Les plus anciens. — La Mischna, Aboth, I, enregistre le nom d’un certain nombre de docteurs dont l’enseignement a fait autorité : Simonie Juste et AntigonedeSocho, José ben Joéser et José ben Jochanan, Josué ben Pérachya et Nittaï d’Arbèle, Juda ben Tabbaïet Simon ben Schetach, Schemaya et Abtalyon, Hillel et Schammaï, Gamaliel et son fils Simon. Simon le Juste n’est autre probablement que le grand-prêtre du même nom. Josèphe, Ant. jud., XII, ii, 4. Sur la plupart des autres, on n’a que de vagues renseignements. Gamaliel est mentionné dans les Actes, v, 34 ; xxii, 3. Voir Gamaliel, t. iii, col. 102.

2° Hillel et Schammaï. — Les plus intéressants sont Hillel et Schammaï, dont les doctrines avaient eu un grand. retentissement et dont l’influence s’exerçait encore puissamment au temps de Notre-Seigneur. Les deux docteurs vivaient à l’époque d’Hérode le Grand. Cf. S. Jérôme, In 1$., iii, 8, t. xxiv, col. 119 ; Schabbath, 15 a. Hillel l’Ancien, de la race de David, 1er. Taa V. - 49

nith, iv, 2, fol. 68a, était venu de Babyloneen Palestine. Pauvre, il se louait à la journée pour son entretien et celui de sa famille, ainsi que pour payer ses frais d’instruction. Un jour, n’ayant pu payer son entrée dans l’école, il se hissa à la fenêtre pour entendre la leçon. Comme c’était en hiver, on l’y trouva bientôt tout engourdi. Il acquit des connaissances incroyables sur tous les sujets et devint l’un des docteurs les plus en renom. La douceur et la bonté formaient le fond de son caractère. Schammaï, au contraire, était la rigidité même. Son zèle intransigeant l’entraînait toujours à l’application la plus stricte de la loi. Il ne frayait pas, . comme Hillel, avec les Hérodes, et son patriotisme farouche le rendait plus populaire auprès de ceux qui abhorraient la domination étrangère. Il obligeait son fils en bas âge à jeûner le jour de la fête des Expiations. Un petit-fils lui étant né pendant la fête des Tabernacles, il fit enlever le plafond de la maison et le remplaça par des feuillages, afin que l’enfant observât la loi dès son entrée en ce monde. Sukka, ii, 8. Dès le troisième jour avant le sabbat, il évitait d’envoyer des lettres, afin qu’elles ne voyageassent pas le jour du repos. À un païen qui lui promettait de se convertir s’il pouvait lui enseigner la loi pendant qu’il se tiendrait sur un pied, il répondit par un coup de bâton. Hillel, au contraire, satisfit à la même demande en disant : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit ; c’est toute la loi, le reste en découle. » Bab. Schabbath, 31 a. Les deux docteurs exigeaient l’accomplissement intégral de la loi, mais l’un en restreignait autant que possible l’obligation, tandis que l’autre retendait au maximum. Dans bien des cas Cependant, Schammaï se montrait plus large qu’Hillel. Au fond, les deux docteurs tenaient surtout à ne pas donner les mêmes décisions ; quand l’un avait pris parti dans un sens, l’autre décidait dans un sens opposé ou différent. Ainsi, sur la question du divorce, Schammaï se montrait fort rigoureux, tandis qu’Hillel le permettait pour la cause la plus futile. Ce fut aussi Hillel qui inventa la wpouêoXvi, formalité qui permettait d’éluder la libération des dettes à l’année sabbatique. Voir Sabbatique (Année), col. 1302. Le même docteur se préoccupa de mettre par écrit la loi orale, c’est-à-dire l’interprétation de la loi mosaïque par les docteurs, ses devanciers. Il classa leurs sentences sous six titres différents et posa ainsi les bases de la Mischna. Au temps de Notre-Seigneur, le recueil rédigé par écrit sous sa direction existait probablement déjà. Hillel formula aussi sept règles d’interprétation qui furent développées par la suite. Ces règles, consignées dans le traité Sanhédrin, vii, étaient les suivantes : 1. Conclusion d’un sujet à un autre par a fortiori. — 2. Conclusion d’après l’analogie.. — 3. Examen d’un principe contenu dans un seul texte. —4. Comparaison des textes contenant des principes semblables. — 5. Solution d’un cas particulier d’après des cas généraux. — 6. Citation d’exemples. — 7. Sens général résultant de l’ensemble d’un passage. Ces règles étaient sages, mais leur application poussée jusqu’à l’outrance amena souvent des conclusions inacceptables. Hillel n’en exerça pas moins une très grande influence et ses disciples finirent par l’emporter sur ceux de son rival. Ils firent preuve d’une certaine tolérance à l’égard des chrétiens. Héritiers de la rigueur de leur maître, les disciples de Schammaï comptèrent sans nul doute au nombre de ceux qui poursuivirent le Sauveur avec le plus d’acharnement, en lui reprochant son relâchement. Les discussions entre Hillélistes et Schammaïstes furent des plus violentes. Elles frappèrent d’autant plus qu’à l’époque évangélique les scribes ne s’enfermaient plus dans leurs écoles, mais enseignaient dans les rues et les places publiques. Cf. Pesachim, ꝟ. 26, 1 ; Erubin, ꝟ. 29, 1 ; Moed Katon, t. 16, 1.

3° Les scribes postérieurs. — Après Hillel et Schammaï, parurent Simon, fils d’Hillel, sur lequel on n’a que des données problématiques, Gamaliel I er, contemporain de Notre-Seigneur, puis son fils Simon, dont la renommée fut extraordinaire. Cf. Josèphe, Bell, jud., IV, iii, 9 ; Vit., 38, 39, 44, 60. II vivait à l’époque de la guerre. Après la ruine de Jérusalem, les scribes se réunirent à Jabné et à Tibériade. Ils cessèrent dès lors d’être en contact direct avec les chrétiens. Cf. Schiirer, Geschichte, t. ii, p. 351-366 ; Stapfer, La Palestine au temps de J.-C, Paris, 1885, p. 273-296. — Parmi les anciens scribes, plusieurs furent sans nul doute des hommes de haute vertu, comme, par exemple, Esdras, Simon le Juste, etc. L’Église le suppose quand, dans l’antienne de Magnificat aux premières vêpres de la Toussaint, elle invoque, après les anges, « les patriarches, les prophètes, les saints docteurs de la loi, tous les apôtres, etc. »

4° Notre-Seigneur indépendant des scribes. — L’enseignement de Notre-Seigneur, malgré quelques maximes communes dans la forme, ne s’inspire en aucune manière de celui des scribes. On a tenté parfois de rapprocher Hillel de Jésus. Delitzsch conclut son écrit Jésus und Hillel, Erlangen, 1879, en disant : « Les tendances de l’un sont aussi loin des tendances de l’autre que le ciell’estde la terre. Hillel fait de la cas uistiquepour son peuple, Jésus fait de la religion pour l’humanité. » V. Les scribes dans le Nouveau Testament, — 1° Pendant l’enfance de Notre-Seigneur. — À l’arrivée des Mages à Jérusalem, Hérode consulta les princes des prêtres et les scribes pour savoir d’eux où le Christ devait naître. Matth., ii, 4. Les princes des prêtres et les scribes désignent ici le sanhédrin. Cette assemblée comprenait en effet des princes des prêtres, des scribes et des anciens. Voir Sanhédrin, col. 1459. À titre de membres du sanhédrin, les scribes sont souvent mentionnés dans l’Évangile, conjointement avec les deux autres ordres. Matth., xvi, 21 ; xx, 18 ; xxvi, 57 ; xxvii, 41 ; Marc, viii, 31 ; x, 33 ; xi, 18 ; Luc, ix, 28 ; xxra, 10 ; etc. — À l’âge de douze ans, Jésus resta à Jérusalem après les fêtes de la Pâque, au lieu de retourner à Nazareth avec ses parents. Au bout de trois jours, ceux-ci « le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. » Luc., ii, 46-47. Les docteurs sont seuls nommés ici, à l’exclusion des prêtres et des anciens, parce que ces derniers ne s’occupaientpas d’enseignementet d’ailleurs n’avaient pas la compétence pour le faire. Jésus était assis au milieu des docteurs, non pas sur un de leurs sièges, mais à leurs pieds, comme Saùl aux pieds de Gamaliel, Act., xxii, 3, dans l’attitude qui convenait au disciple. Il interrogeait et il répondait, comme le faisaient habituellement les auditeurs des scribes. L’auteur de l’Évangile arabe de l’enfance, 50-52, prétend savoir que la discussion porta d’abord sur la question du Messie, puis sur la Loi et ses préceptes, les prophéties et leurs mystères, l’astronomie, etc. Il est possible que les interrogations et les réponses aient concerné principalement le Messie attendu ; c’est même assez probable. Toutefois l’Évangile n’en dit rien ; il se contente de noter l’effet produit par l’intelligence du divin Enfant. Il est certain d’ailleurs que, dans la circonstance, Jésus n’agissait ni par ostentation ni par vaine curiosité, mais pour « être aux affaires de son Père ». Luc, ii, 49. 2° Pendant la prédication de Notre-Seigneur. — Le Sauveur prêchait son Évangile sans avoir fréquenté les écoles des docteurs, Joa., vii, 15, sans avoir sollicité leur approbation et sans se rattacher à aucune de leurs traditions. Il était inévitable que, dans ces conditions, la susceptibilité des scribes fût froissée, que leur attention fût éveillée et que leur orgueil blessé suscitât à Notre-Seigneur des difficultés et des persécutions. C’est

ce qui arriva. Le Sauveur commença par signifier que, pour faire partie du nouveau royaume qu’il venait fonder, il fallait une justice supérieure à celle des scribes et des pharisiens. Matth, , v, 20. Les deux sont mentionnés ensemble parce que, si les pharisiens ne pouvaient tous être des scribes, ces derniers du moins étaient pharisiens, et que la justice des uns et des autres consistait surtout dans l’observance de leurs traditions humaines, au détriment de la loi divine et morale. Matth., xv, - 3. L’enseignement du Sauveur, parlant de sa propre autorité et toujours d’accord avec le bon sens et les sentiments de la conscience, contrastait avec celui des scribes, qui se référaient constamment à l’opinion de leurs devanciers et qui en tiraient des conséquences parfois révoltantes. Le peuple ne tarda pas à en faire la remarque. Matth., vii, 29 ; Marc., i, 22. Les scribes se pressèrent dès lors sur les pas du Sauveur. Il en venait de Jérusalem, delà Judée et de toutes les parties de la Galilée. Marc, iii, 22 ; vii, 1 ; Luc, x, 17. Bien que la juridiction du sanhédrin ne s’étendît pas en Galilée, les scribes de cette assemblée croyaient utile de surveiller le nouveau docteur et au besoin de combattre son influence. Ils témoignaient d’ailleurs des sentiments les plus divers. Quelques-uns venaient avec un sincère désir de s’instruire et se laissaient gagner. Un jour l’un d’eux demanda à suivre Notre-Seigneur. Matth., viii, 19. En lui opposant son propre dénûment, le divin Maître sembla dresser devant le scribe un obstacle que celui-ci n’eut pas le courage de franchir. Plus tard, saint Paul recommandera à Tite un docteur de la loi, Zénas, devenu chrétien. Tit., iii, 13. D’autres scribes interrogeaient Notre-Seigneur. Ils lui demandaient ce qu’il faut faire pour posséder la vie éternelle, Luc, x, 25, quel est le premier commandement de la loi. Matth., xxii, 35 ; Marc, XII, 28. Ils l’approuvaient d’avoir bien réfuté les sadducéens. Luc, xx, 39. Mais, la plupart du temps, ils cherchaient à le prendre en défaut, en lui posant hypocritement des questions captieuses, comme celle delà femme adultère, Joa., viii, 3, du tribut à César. Luc, xx, 20-26. Ils réclamaient un signe dans le ciel. Matth., xii, 38. Ils jetaient les hauts cris quand il remettait les péchés, Matth., ix, 3 ; Marc, , ii, 6 ; Luc, v, 21, quand il allait avec ceux qu’ils appelaient les pécheurs, Marc, ii, 16 ; Luc, v, 30 ; xv, 2, quand il guérissait le jour du sabbat, Luc, vi, 7 ; xiv, 3, quand il laissait ses disciples transgresser leurs traditions, Matth., xv, 1 ; Marc, vii, 1, 5, quand on l’acclamait à son entrée à Jérusalem sans qu’il l’empêchât. Matth., xxi, 15. Ils attribuaient ses miracles à la puissance du démon. Marc, iii, 22. Quand ils trouvaient les apôtres seuls, ils discutaient avec eux pour les mettre dans l’embarras aux yeux de la foule. Marc, ix, 13.

3° Condamnation des scribes. — Les scribes s’étaient abstenus du baptême de Jean. Luc, vii, 30. Ils se montrèrent finalement encore plus hostiles à Notre-Seigneur. Après l’avoir interpellé violemment dans le Temple, Marc, xi, 27, ils poussèrent énergiquement à sa condamnation et vinrent se moquer de lui au pied même de sa croix. Marc, xv, 31. Il était donc nécessaire qu’avant de quitter ce monde Notre-Seigneur prémunit ses disciples contre l’influence néfaste des scribes. Il les traite d’hypocrites, Marc, vii, 5, et un jour adresse au peuple de sévères conseils à leur sujet. Il reconnaît qu’ils sont assis dans la chaire de Moïse et qu’il faut leur obéir, en tant qu’ils interprètent véritablement Moïse. Mais, en même temps, il leur reproche de ne pas faire eux-mêmes ce qu’ils commandent aux autres, d’accabler ceux-ci de fardeaux qu’ils dédaignent de toucher du doigt, de tout faire par ostentation, de rechercher pour eux tous les honneurs, de ne pas vouloir entrer dans le royaume des cieux et d’en interdire l’accès aux autres, de dévorer les maisons des veuves sous prétexte de piété, de se donner mille peines

pour faire un prosélyte qu’ils mènent à la damnation, d’être pour le peuple des guides aveugles, de s’attacher à des minuties tout en négligeant les préceptes les plus graves de la loi divine, de n’avoir au fond du cœur que rapine et intempérance, de ressembler ainsi à des sépulcres blanchis pleins de pourriture, enfin de continuer l’œuvre homicide de leurs pères qui ont mis à mort les prophètes. « Serpents, race de vipères, conclut-il, comment éviterez-vous d’être condamnés à la géhenne ? » Matth., xxiii, 2-36 ; Luc, xi, 45-53. « Gardez-vous des scribes ! » dit-il encore. Marc, xii, 38 ; Luc, xx, 46. Cf. Rom., Il, 19-24 ; I Cor., i, 19-20. Ce réquisitoire vise à la fois les scribes et les pharisiens, mais surtout les premiers, parce qu’ils ont la direction morale de la nation et égarent les pauvres âmes dont ils sont les guides. Le Sauveur n’a pas pu exagérer. Il en faut conclure qu’on est obligé de porter au compte des scribes l’hypocrisie, l’orgueil, la dureté, la cupidité, la Violence. Notre-Seigneur leur oppose « le scribe versé dans ce qui regarde le royaume des cieux, » c’est-à-dire celui qui possède la science et l’esprit de l’Évangile. Celui-là « ressemble au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Matth., xin, 52. Il tient compte des traditions dans la mesure nécessaire, puisque la loi nouvelle ne fait qu’accomplir et perfectionner l’ancienne ; mais il ne se fait pas l’esclave de ces traditions, surtout dans ce qu’elles ont de provisoire et de purement humain, et il ne craint pas d’y adjoindre ce que l’Évangile apporte aux hommes de vérités et de grâces.

VI. Les docteursde la loi nouvelle. — Les chrétiens n’ont qu’un docteur, le Christ, leur seul maître, SiSi<7xa>.o ; , xoe9ïiyï)Tvi ; . Matth., XXHI, 8, 10. Sous son inspiration et en conformité parfaite avec sa doctrine, d’autres sont docteurs dans l’Église. Il y en avait dans l’église d’Antioche. Act., xiii, 1. Saint Paul fut particu- * lièrement établi prédicateur, apôtre et docteur des gentils. II Tim., i, 11. Après les apôtres et les prophètes, Dieu a institué des docteurs, et c’est là un don particulier que tous ne peuvent avoir. I Cor., xii, 28, 29 ; Eph., iv, 11. L’évêque doit posséder ce don.

I Tim., iii, 2 ; Tit., i, 9. Quelques nouveaux chrétiens, venus du judaïsme, avaient la prétention d’être des docteurs de la loi, sans rien comprendre de ce qu’ils affirmaient. I Tim., i, 7. Il y eut même beaucoup de faux docteurs dans la primitive Église. II Tim., iv, 3, 4

II Pet., ii, 1-3. Les Apôtres mettent les vrais disciples en garde contre leurs enseignements et leurs exemples. Voir Judaïsants, t. iii, col. 1778. H. Lesètbe.

    1. SCULPTURE##

SCULPTURE, art de tailler des objets en relief dans une matière dure, pierre, bois, etc. La sculpture est appelée par saint Paul xâpocyna tt-/iyit, sculptura artis. Act., XVII, 29. Les objets sculptés prennent les noms de miqla’at, de gala’  « tailler », et pi((ûal.i, de pdfal}, « ouvrir », au pihel « sculpter ». Les versions rendent ces mots par xoXaTmî, éyxaXaTtxâ, cœlatura, qui conviennent surtout à la gravure. Voir Gravure, t. iii, col. 308. Le mot sculptile, employé souvent par la Yulgate, désigne ordinairement l’idole, qui est un ouvrage de sculpture exécuté plus ou moins artistiquement. — 1 « La Loi défendait de faire des images taillées représentant des êtres vivants pour leur rendre un culte. Exod., xx, 4 ; Lev., xxvi, 1 ; Deut., iv, 16, 23 ; v, 8 ; xxvii, 15. Elle ne prohibait donc la sculpture que quand celle-ci avait un but idolâtrique. Le Seigneur lui-même commanda de sculpter les chérubins de l’Arche. Exod., xxv, 18. Voir Chérubin, t. iii, col. 660. Plus tard, Salomon introduisit dans son Temple différentes représentations sculpturales. Bien que la sculpture en elle-même ne fut pas prohibée, les Hébreux, soit au désert, soit dans les premiers temps de leur établissement en Chanaan, n’eurent pas à s’y exercer. La ciselure

et la gravure leur servirent à préparer différents objets destinés au culte. Exod., xxviii, 11, 21, 36 ; xxxix, 6. La sculpture n’intervient fort sommairement que dans la fabrication hâtive du veau d’or, Exod., xxxii, 4, et dans celle du serpent d’airain. Num., xxi, 9. — 2° Pour l’ornementation sculpturale du Temple, comme pour sa construction, Salomon fît appel aux Phéniciens. Hiram était habile en sculpture, comme en toutes sortes de travaux d’art. II Par., ii, 14. Tout l’intérieur de l’édifice reçut des parois de cèdre, qui furent décorées de miqla’at, « sculpture », mot qui ne dit pas par lui-même s’il s’agissait de taille du bois en relief ou en creux. Les motifs de sculpture étaient des coloquintes et des guirlandes, soit en très-bas relief, soit en relief plus accentué sur un fond creusé à l’entour. Les versions diffèrent ici dans leur manière d’entendre les mots techniques. III Reg.. vi, 18. Salomon lit aussi sculpter

327. — Sculpteur égyptien.

D’après Champollion, Monuments de l’Egypte et île la Nubie,

1845, t. il. pi. 180.’pour le Saint des saints deux chérubins en bois d’olivier, de dix coudées ou environ cinq mètres de haut. Ils avaient des ailes de cinq coudées chacune qui, déployées, allaient d’une muraille à l’autre. Le Saint des saints ayant vingt coudées de large, les deux chérubins occupaient toute cette largeur par leurs ailes déployées. Ils étaient debout sur leurs pieds, la face tournée vers le Temple. II Par., iii, 13. Des feuilles d’or recouvraient complètement le bois dont étaient fabriquées ces hautes statues. III Reg., vi, 28. Le texte ajoute ici que sur les murailles, tout autour, on sculpta une ornementation en creux, figurant des chérubins, des palmiers et des guirlandes de Heurs, à l’intérieur et à l’extérieur. III Reg., vi, 29. Cette ornementation ne fut vraisemblablement appliquée qu’au Saint des saints, puisque le reste du Temple en avait une autre un peu différente. III Reg., vi, 18. La mention « à l’intérieur et à l’extérieur » indique que cette partie de l’édifice comportait une décoration plus complète que le reste. La porte du Saint des saints reçut des vantaux en bois d’olivier, avec des sculptures représentant encore des chérubins, des palmiers et des guirlandes de fleurs, le tout rehaussé’d’or. III Reg., vi, 32. Des vantaux à deux valves en bois de cyprès, destinés à la porte du Temple, eurent une décoration sculpturale reproduisant les mêmes motifs. III Reg., vi, 34, 35. Cf. II. Vincent, La description du

Temple de Salomon, dans la Revue biblique, 1907, p. 515-542. Les sculpteurs phéniciens travaillèrent encore aux différents objets que contenait le Temple. Ils firent les deux colonnes d’airain, voir Colonnes du Temple, t. ii, col. 856, la mer d’airain, soutenue par douze taureaux et ornée de bas-reliefs sur ses panneaux, ainsi que les dix bassins d’airain. Voir Mer d’airain, t. iv, col. 982-986. Salomon voulut aussi avoir un trône avec deux lions sur les bras et douze autres sur les six degrés. III Reg., x, 19, 20 ; II Par., ix, 18. Voir Lion, t. IV, col. 279. Lorsque les Chaldéensse furent emparés de Jérusalem et du Temple, ils brisèrent à coups de hache « ses sculptures », pitfvhêyâh. Ps. lxxiv(lxxih)

328. — Porte dorée du Temple de Jérusalem. D’après de Saulcy, Derniers jours de Jérusalem, p. 240.

6. Les versions ont traduit « ses portes », comme s’il y avait en hébreu pifljéyâh. Dans sa description du Temple, Ézéchiel, xli, 18-20, 25, suppose aussi des chérubins à deux visages d’homme et de lion avec des palmiers sur les murailles de l’édifice et sur les battants des portes du Temple lui-même et du Saint des saints. — Isaïe, xlix, 13-15, et la Sagesse, xiii, 13, montrent à l’œuvre le sculpteur qui fabrique des idoles (fig. 327). Zacharie, iii, 9, parle d’une pierre dont Jéhovah doit sculpter la gravure, probablement la pierre qui doit couronner le fronton du Temple et qui, comme une stèle, sera décorée de bas-reliefs.

3° On ne sait rien de la place, probablement fort minime, que la sculpture occupait dans le second Temple. Mais, après le retour de la captivité, l’opinion juive devint très intransigeante à l’égard des représentations sculpturales. On regarda comme contraires à la Loi les taureaux de la mer d’airain et les lions du trône de Salomon. Josèphe, Ant. jud., VIII, vii, 5. On en vint à tenir pour prohibée toute figure divine ou humaine, non seulement dans le Temple, mais encore dans tout 329. — Tombeau des rois. D’après de Saulcy, Derniers jours de Jérusalem, p. 214.

330. — Tombeau de Josué. D’après la Revue biblique, 1893, p. 613. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6- édit., t. iii, fig. 3, p. 17-29.

endroit profane de la contrée. Josèphe, Bell, jud., II, x, 4. De là l’antipathie absolue des Juifs pour les trophéeset lea enseignes militaires dans lesquels entraient des figures sculptées. Josèphe, Ant. jud., XV, viii, I ; XVIII, iii, 1 ; v, 3 ; Bell, jud., II, rx, 2. Sur l’ordre du sanhédrin, on détruisit par le feu le palais que le tétrarque Hérode avait bâti à Tibériade, parce qu’il était

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331. — Chapiteau d’un hypogée juif. D’après la Bévue biblique, 1899, p. 300.

décoré de figures d’animaux. Josèphe, Vit., 12.- On supposait d’ailleurs que la Loi n’interdisait que les représentations d’hommes ou celles d’animaux réels. Josèphe, Ant. jud., III, vi, 2. Par égard pour le préjugé des Juifs, Hérode s’abstint de faire représenter des figures humaines ou animales sur ses monnaies. Le tétrarque Hérode Philippe II, puis Agrippa I er et Agrippa II se le permirent. Les procurateurs eux-mêmes ne mirent que des emblèmes végétaux sur les monnaies de cuivre

332. —’Ornement d’un soffite d’un hypogée juif D’après la Revue biblique, 1899, p. 300.

qu’ils frappèrent pour l’usage du pays. Voir Monnaie, t. iv, col. 1246-1250. Mais les monnaies d’or et d’argent frappées en dehors de la Palestine y circulaient libre-ment, bien qu’elles portassent l’image de l’empereur. Matth., xxii, 20 ; Marc, xii, 16 ; Luc, xx, 24. Seule, une petite monnaie de cuivre, datant probablement des dernières années d’Hérode I er, porte un aigle. On sait que sur la fin de son régne, le prince tenait beaucoup moins compte des idées de ses sujets. Cf. Th. Reinach, Les monnaies juives, Paris, 1887, p. 32. Il avait aussi fait placer sur la porte du Temple un grand aigle d’or que des zélateurs de la Loi abattirent un jour. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 2 ; Bell, jud., i, xxxii, 2..On constate néanmoins que la Loi n’était pas toujours comprise d’une manière aussi étroite. Sur le château fort, tout entier de marbre blanc, dont les restes subsistent encore au delà du Jourdain, à Araq-el-tmir, l’ornementation comportait d’énormes animaux sculptés. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 11, en attribue la construction à

Jean Hyrcan. Il esta croire que l’édifice est antérieur à ce prince, qui n’aurait fait que le réparer et l’occuper. Cf. Revue biblique, Paris, 1893, p. 140 ; Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit. J. C, t. ii, p. 49. Hérode-A grippal" fit reproduire en sculpture l’image de ses filles. Josèphe, Ant. jud., XIX, ix, 1. Les Juifs de la dispersion admettaient volontiers les images

333. — Ossuaire en pierre blanche. D’après la Revue biblique, 1904, p. 262.

d’animaux dans l’ornementation de leurs monuments. Cf. Schûrer, Ibid.

4° Dans sa restauration du Temple, Hérode dut naturellement s’abstenir de froisser les idées reçues parmi les Juifs de son temps. La sculpture, réduite au minimum, ne comporta probablement que les ornements essentiels à l’aspect archictectural du monument. Josèphe, Bell, jud., V, v, 2, dit que les colonnes de marbre blanc qui constituaient les portiques étaient polies avec soin mais n’avaient reçu aucune décoration de peinture ou de sculpture. Les portes étaient ornées

334. — Couvercle d’un sarcophage juif. D’après V. Ancessi, Atlas, pi. xix.

de plaques d’or et d’argent ; mais seule la porte principale du Temple proprement dit avait pour décorer son sommet une gigantesque vigne d’or, dont les grappes avaient la hauteur d’un homme. Josèphe, Bell, jud., V, v, 4 ; Ant. jud., XV, xi, 3. Ailleurs cependant, Josèphe, Ant. jud., XV, XI, 5, dit que les colonnes des portiques du Temple, que trois hommes pouvaient embrasser de leurs bras, avaient des chapiteaux corinthiens sculptés d’une manière admirable, et que les boiseries de la toiture étaient ornées de sculptures en haut relief de différentes formes. Cette décoration sculpturale ne

pouvait procéder que de l’art grec, alors prédominant en Palestine. Les pilastres de l’ancienne Porte dorée (fig.328)sontencore surmontés dechapiteaux corinthiens de l’époque hérodienne.

5° Les sépultures juives ont gardé quelques morceaux de sculpture caractéristiques de l’art palestinien. Les rosaces forment toujours le principal motif de leur décoration. Voir t. ii, lig. 146, col. 437. On les retrouve, avec des guirlandes au Tombeau des rois (fig. 329) et beaucoup plus sobrement au Tombeau de Josué (fig. 330). VoirToMBEAU. Dans un hypogée juif, découvert en 1897 1 les pilastres ont des chapiteaux à triple rangée de rosaces, de palmettes et d’oves (fig. 331), et un soffite est orné de quatre rosaces différentes (fig. 332). Dans d’autres ossuaires, les rosaces habituelles sont plus simples (fig. 333). Voir Revue biblique, 1899, p. 299-301 ; 1901, p. 449-451 ; 1902, p. 103 ; 1904, p. 262, 263 ; 1907, p. 410, ’411. La décoration végétale est la seule qui ait été employée par les sculpteurs juifs ; le couvercle d’un sarcophage du Tombeau des rois en offre un riche spécimen (fig. 334). Au tombeau d’Absalom, 1. 1, fig. 10, col. 98, la frise qui surmonte les chapiteaux ioniques très simples présente une alternance de triglyphes et de métopes ornées de rosaces sculptées, comme dans les monuments grecs. Souvent, d’ailleurs, les ouvriers phéniciens ont dû exécuter, pour le compte des Juifs, des sculptures dans le style composite qui leur était habituel, tout en l’accommodant au goût de leurs clients.

H. Lesêtre.
    1. SCYTHES##

SCYTHES (grec : Sxjâv) ; ), mot employé par saint Paul, Col., iii, 11, non comme terme ethnique, mais

335. — Scythe. Statuette en terre cuite de Kertch.

D’après N. Kondakof, Antiquités de la Russie méridionale,

in-8>, Paris, 1891, p. 204.

comme synonyme de grossier, d’ignorant. Dans II Mach., IV, 47, il désigne le peuple connu sous ce nom (fig. 335), mais il est pris seulement comme terme de comparaison dans le sens de « barbares ». L’auteur du même livre appelle Bethsan « ville des Scythes », XII, 29, Scythopolis. Voir Scïthopolis.

    1. SCYTHOPOLIS##

SCYTHOPOLIS (grec : Sxueûv itoXîc ; Vulgate : civitas Scytharuni), nom de Bethsan dans II Mach.,

xii, 29. Elle porte aussi ce nom dans le texte grec de Judith, iii, 10. Sur l’origine de cette dénomination, voir Bethsan, 1. 1, col. 1738-1739.

SCYTHOPOLITES(grec : 2xu60TtoXÎT : ai ; Vulgate : Scythopolitœ), habitants de Scythopolis.il Mach., xii, 30.

SÉAH (hébreu : se’âh), mesure hébraïque. C’était le tiers de l’éphi. La Vulgate a traduit ordinairement se’âh parsatum. Voir Mesures, iv, 5°, t. iv, col. 1043.

SEAU (hébreu : delî eldôlî ; Septante : xâSo ;  ; Vulgate : situla), récipient servant à puiser de l’eau. Le mot hébreu vient de dâlâh, « être suspendu » ; il indique donc un récipient suspendu (fig. 336). Voir

336. — Seau assyrien attaché à une corde, qu’on tait manœuvrer avec une poulie, d’une forteresse assiégée. Un soldat assiégeant coupe la corde avec son arme. D’après Layard, Mneveh and its remains, 1849, 1. 1, p. 32.

aussi t. iii, fig. 181, 182, 184, col. 927, 928. Cf. Eccle., xii, 6 ; Cruche, t. ii, col. 1136. La forme et la matière en sont naturellement variables. — Dans un de ses oracles sur Israël, Balaam s’exprime ainsi :

L’eau déborde de ses deux seaux,

Sa race croît sur des eaux abondantes. Num., xxiv, 7.

L’eau qui déborde des deux seaux figure la fécondité d’Israël, dont ensuite les fils croissent sur le bord des eaux abondantes, par conséquent dans les meilleures conditions de prospérité. La Vulgate traduit : « L’eau coulera de son seau. » Mais les Septante rendent différemment le passage : « Un homme sortira de sa race et il sera maître de beaucoup de nations. » Plusieurs cependant trouvent qu’il y a quelque incohérence à voir l’eau désigner, dans ces deux vers, tantôt la race elle-même et tantôt la bénédiction qui fait prospérer la race. Ils rattachent donc delî à ddlîf, « rameaux », Jer., xi, 16 ; Ezech., xvii, 6 ; etc., et traduisent : c L’eau déborde de ses rameaux, » c’est-à-dire Israël est comme un arbre recevant à la fois les eaux du ciel, qui découlent de ses rameaux et les eaux de la terre, qui arrosent ses racines. Cf. Rosenraûller, In Num., Leipzig, 1798, p. 300 ; Fr. de Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 290 La plupart néanmoins s’en tiennent au premier sens. — Isaïe, XL, 15, dit qu’aux yeux de Dieu « les

nations sont comme la goutte suspendue à un seau, » quand il remonte de la fontaine ; la moindre secousse la fait tomber. —La Samaritaine dit à Notre-Seigneur, Joa., IV, 11, qu’il n’a pas de seau, avrXïuxa, pour puiser l’eau dans le puits de Jacob qui est profond.

H. Lesêtre.

SÉBA (hébreu : Séba’; Septante : Saëeé), benjamite, fils de Bochri, qui se mit à la tête de la révolte contre David, après la mort d’Absalom. II Sam. (Reg.), xx, 1-22. Il habitait la montagne d’Éphraïm, ꝟ. 21. Il réussit à soulever toutes les tribus d’Israël, excepté celle de Juda qui resta fidèle. C’était comme le prélude de la révolte de Jéroboam. David donna l’ordre à Amasa de réunir aussitôt les hommes de la tribu de Juda, mais comme ce dernier n’exécuta pas ses ordres tout de suite, le roi, qui sentait qu’il n’y avait pas de temps à perdre, fit poursuivre aussitôt le rebelle par Abisaï, qui fut accompagné par Joab et ses hommes. Joab devait être irrité de voir le commandement des troupes confié à Amasa ; l’ayant rencontré près de Gabaon, il le tua et, avec son frère Abisaï (voir 1. 1, col. 60), il poursuivit sans perdre de temps Séba jusqu’à Abel-Beth Maacha. Là, une femme de la ville fit jeter à Joab la tète du rebelle, sur la promesse que la place serait épargnée. Ainsi finit la révolte.

SÉBÉ (hébreu : Sêba’; Septante : Esële), troisième fils d’Abihaïl et petit-fils d’Hnri, un des chefs de la tribu de Gad, dans le pays de Basan. I Par., v, 13.

    1. SÉBÉNIA##

SÉBÉNIA (hébreu : Sebanyâhû, Septante : Valicanus : Eaêavii ; Alex., Sin. : Seêavidt), lévite qui signa l’alliance avec Dieu du temps d’Esdras. IIEsd., x, 10. Voir Sabania 1, col. 1288.

    1. SÉBÉNIAS##

SÉBÉNIAS, nom de deux Israélites, dont le nom n’est pas toujours écrit de la même manière.

1. SÉBÉNIAS (hébreu : Sebanyâhû ; Septante : Valicanus : 20, uvtà ; Alexandrinus : Swëeviâ ; Sinaiticus : So6vsiœ), prêtre qui vivait du temps de David et jouait de la trompette devant l’arche. I Par.,

xv, 24 2. SÉBÉNIAS (hébreu : Sebanyâhû ; Septante : Valicanus : ’Eëavei’; Alexandrinus : Ssëavi, II Esd., x, 4 ; omis dans Valicanus, xii, 14), prêtre ou lévite qui signa l’alliance avec Dieu du temps d’Esdras. Il s’était établi à Jérusalem au retour de la captivité de Babylone. II Esd., xii, 3 (hébreu : Sekanyâh [chetib] et [fterï] Sebanydh).

    1. SÉBÉON##

SÉBÉON (hébreu : Sibe’ôn ; Septante : SeëEYwv), troisième fils de Séir l’Horréen, un des’alloufde l’Idumée, père d’Aïa et d’Ana (voir Aïa 1, Ana 2, t. i, col. 295, 532), de Dison 2 (t. ii, col. 1441) et grand-père d’Oolibama 1, femme d’Ésaù (t. iv, col. 1826). Gen., xxxvi, 2, 14, 20, 24, 29 ; I Par., i, 38, 40. Il est qualifié, jr. 2, d’Hévéen, hd-lfivvi, nnn, mais il y a tout lieu de croire

que c’est une fausse lecture pour nnn, ha-Hôri, « l’Horréen ». Cf. jꝟ. 20, 21, 29, 30. Voir Horréen, t. iii, col. 758. Ana est appelé ꝟ. 2 « sa fille » et ꝟ. 24, « son fils ». Le texte samaritain porte p, « fils », au lieu de iii, « fille ». Si l’on conserve la leçon « fille », il faut la rapporter, non au nom d’Ana qui précède immédiatement, mais à celui d’Oolibama placé avant Ana. Voir Ana 2, t. i, 532.

    1. SÉBÉTHAÏ##

SÉBÉTHAÏ (hébreu : Sabtaï ; Septante : Eas-o-aOn’), lévite qui vivait du temps d’Esdras. I Esd., x, 15. Son nom est écrit Sabathaï, I Esd., x, 15 ; Septhaï, II Esd., vu, 8. Voir Sabathaï, col. 1290.

    1. SÉBIA##

SÉBIA, nom d’un homme et d’une femme israélilès dans la Vulgate.

1. SÉBIA (hébreu : Sibyâ’; Septante : Esëià), benjamite, le second fils qu’eut Saharaïm d’une de ses femmes appelée Hodès, dans le pays deMoab. I Par., viii, 9.

2. SÉBIA (hébreu : Sîbyâh, « gazelle » ; Septante : Eaéiâ), mère du roi de Juda, Joas. Elle était originaire de Bersabée. IV Reg., xii, 1 ; II Par., xxiv, 1.

    1. SEBNIA##

SEBNIA (hébreu : Sebanyâh ; omis dans les Septante), lévite, II Esd., ix, 5. Il est appelé ailleurs Sabania. Voir Sabania 2, col. 1288.

    1. SEBQIM##

SEBQIM, nom d’une plaine et d’une vallée de Palestine.

1. SEBoilM (hébreu : Seboïm, Sebffim ; Septante : Eeëwîfi), une des cinq cités de la Pentapole voisine de la mer Morte, dont Sodome était la principale, avant la catastrophe qui les engloutit. Gen., x, 19 ; xiv, 2, 8 ; Deut, xxix, 23 ; Ose., xi, 8. Elle est nommée à côté d’Adama. Elle formait une des limites du pays de Chanaan. Gen., x, 19. Lors de l’invasion de Chodorlahomor et de ses confédérés, Séméber, roi de Seboïm, s’unit aux autres rois de la Pentapole pour tenter de les arrêter, mais il fut battu avec ses alliés dans la vallée de Siddim (Vulgate, Vallis Silvestris). Gen., xiv, 2, 8 ; Voir Adama, t. i, col. 207. Le Deutéronome, xxix, 23, mentionne Seboïm parmi les villes qui furent ruinées avec Sodome. Osée, xi, 9, menace Éphraïm du sort d’Adama et de Seboïm. F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 19, croit avoir retrouvé l’emplacement de Seboïm à Talda et Kharbet Sebdan, entre la mer Morte et Kérak, mais ce site ne répond point aux données bibliques.

2. SEBOÏM (hébreu : Gê has-Sebô’im, « Vallée des Hyènes » ; Septante : Tai tï|v EaSiV-), gorge des envivons de Machmas et probablementà l’est de cette ville, dans la tribu de Benjamin, I Reg. (Sam.), xiii, 18. Une bande de Philistins, du temps de Saùl, partit de Machmas, pour ravager le pays « qui regarde la vallée de Seboïm du côté du désert. » Ce désert est sans doute la partie inculte située entre les hauteurs de Benjamin et la vallée du Jourdain. On trouve dans cette région une gorge sauvage qui porte le nom de Suq ed-Dubba, ce qui signifie comme gê has-Seboïm, « vallée de l’hyène ». G. Grave, dans Smith’s Dictionary of tlie Bible, t. iii, 1863, p. 1819. — Le livre de Néhémie nous apprend qu’il y avait dans cette vallée un village porlant aussi le nom de Seboïm qui fut habité par des Benjamites au retour de la captivité de Babylone. II Esd., XI, 34.

    1. SÉCHEM##

SÉCHEM, nom de deux Israélites dans la Vulgate. Le texte hébreu appelle aussi Sechém le fils d’Hamor dont la Vulgate écrit le nom Sichem.

1. SÉCHEM (hébreu : Sékém ; Septante : Euyê », descendant de Manassé, par Galaad. De lui vint la famille des Séchémites, Num., xxvi, 31, qui, sous Josué, reçut sa part de la Terre Promise dans l’est du Jourdain. Jos., xvii, 2.

2. SÉCHEM (hébreu : Sékém ; Septante : 2ux^C-)i de la tribu de Manassé, second fils de Sémida, qui était le frère cadet de Séchem 1. I Par., vii, 19.

    1. SÉCHÉMITE##

SÉCHÉMITE (hébreu : haS-sikmî ; Septante : 6 Suy_e|ju)i nom de la famille qui eut pour ancêtre Séchem 2. Mura., xxvi, 31.

    1. SÉCHÉNIA##

SÉCHÉNIA, SÉCHÉNIAS (hébreu : Sekanyâh), nom de huit Israélites dans la Vulgate. En hébreu deux d’entre eux sont appelés Sekanyâhû. Un neuvième, II Esd., xil, 3, est nommé en latin Sébénias. Voir Sébénias 2, col. 1551..

1. SÉCHÉNIAS (Septante : 2e-/eW<xç), fils d’Obdia et père de Sémaïa, descendant de Zorobabel et de David. IPar., iii, 21-22.

2. SÉCHÉNIA (hébreu : Sekanyâhû ; Septante : EE-/svtaç), chef de la dixième classe des vingt-quatre familles sacerdotales du temps de David. I Par., xxiv, 11.

3. SÉCHÉNIAS (hébreu : Sekanyâhû ; Septante : Ee^ovi’ac), prêtre qui vivait sous le règne d’Ezéchias, un de ceux qui furent chargés de distribuer à leurs frères dans les villes sacerdotales la part qui leur revenait des offrandes faites au Temple. II Par., xxxi, 15.

4. SÉCHÉNIAS (Septante : Sayavîac), ancêtre d’une famille dont cent cinquante membres retournèrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Esdras.

I Esd., viii, 3.

5. SÉCHÉNIAS (Septante 2e-/sv ! ac), chef d’une famille dont trois cents descendants, sous la conduite d’Ezéchiel, retournèrent de captivité en Palestine avec Esdras. I Esd., viii, 5.

6. SÉCHÉNIAS (Septante : Seyevc’n ; ), fils de Jéhiel, des fils d’Élam, qui vivait du temps d’Esdras et lui proposa de couper court à l’abus des mariages étrangers contractés après le retour de la captivité de Babylone. IEsd., x, 2.

7. SÉCHÉNIAS (Septante : Sey.evfa ; ), père de Sémaïa. Sémaïa était gardien de la porte orientale du Temple et travailla à la reconstruction des murs de Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone.

II Esd., iii, 29.

8. SÉCHÉNIAS (Septante : Se/eviac), fils d’Aréa et beau-père de Tobie l’Ammonite, du temps de Néhémie. II Esd., vi, 18.

    1. SÉCHERESSE##

SÉCHERESSE (hébreu : bassoréf, héreb, horéb, yabbâS ; Septante : àëpoxt’a, $ipôv, Çrpac-i’a ; Vulgate : siccitas, arida), absence d’humidité. La sécheresse est mentionnée dans la Sainte Écriture comme état normal, comme état transitoire ou comme fléau.

1° Par comparaison avec la mer, la terre est appelée yabbâs, (|ï)pi, arida), ce qui est sec. Gen., i, 9, 10 ; Matth., xxiii, 15. Cf. Jon., i, 9, 13 ; ii, 11. Le rivage est un endroit sec par rapport au fleuve. Exod., iv, 9 ; Tob., vi, 4. Certaines parties du continent sont particulièrement désolées par la sécheresse et forment des déserts arides. De là des noms comme ceux de Arabah, « terre stérile », voir Arabah, t. i, col, 820, Horeb, « terre sèche », voir Horeb, t. iii, eol. 753 ; Désert, t. ii, col. 1387. Les terres desséchées sont appelées hnrbdh, Èori’jo : , desertum. Is., xlviii, 21.

2° Il y a sécheresse relative et momentanée quand les eaux se retirent du lit de la mer ou d’un fleuve pour donner passage à des hommes, comme il arriva à la mer Rouge, Exod., xiv, 16, 21, et au Jourdain pour les Hébreux, Jos., iii, 17, puis pour Élie et Elisée. IV Reg., ii, 8, 14. À la demande de Gédéon, la rosée laissa à sec tantôt la toison et tantôt l’aire qui était dessous. Jud., vi, 37, 39.

3° La sécheresse est parfois une calamité par laquelle Dieu châtie les hommes. Les Hébreux infidèles auront

à souffrir h-éréb, èps6t(71j.d ?, sestus, la sécheresse, Sidddfôn, àveixoç60p ; a, aer corruptus, le charbon qui ronge les grains, etyerdqôn, wy.pa, rubigo, la nielle qui fait périr les végétaux. Deut., xxviii, 22. En Palestine, la pluie est de nécessité absolue à certaines époques. Voir Pluie, col. 470. Sans elle, il.n’y a pas de récolte et la famine en est la conséquence. Voir Famine, t. iii, col. 2173. Au temps d’Achab, Élie annonça une terrible sécheresse sans pluie ni rosée. III Reg., xvii, 1. Le fléau dura trois ans et demi. Jacob., v, 17, 18 ; III Reg., xviii, 41-46. Isaïe, l, 2, dit que Dieu enverra une sécheresse telle que la mer et les fleuves n’auront plus d’eau et que les poissons périront. Jérémie, xiv, 3-6, décrit en ces termes les effets d’une sécheresse :

Les grands envoient les petits chercher de l’eau ;

Ceux-ci vont aux citernes, ne trouvent pas d’eau,

Reviennent avec des vases vides,

Confus et honteux, et se couvrent la tête.

A cause du sol crevassé, faute de pluie sur la terre,

Les laboureurs confondus se couvrent la tête.

La biche dans la campagne met bas

Et abandonne ses petits, parce qu’il n’y a pas d’herbe ;

Les onagres, sur les hauteurs, aspirent l’air comme des chacals,

Leurs yeux s’éteignent, parce qu’il n’y a pas de verdure.

Cf. Joël, i, 18 ; Am., IV, 7 ; Agg., i, 11.

L’homme qui se confie en lui-même sera comme celui qui habite les lieux déserts et desséchés. Par contre, celui qui a confiance en Jéhovah sera comme l’arbre planté au bord des eaux : son feuillage reste vert, il ne s’inquiète pas de l’année de sécheresse et il ne cesse de porter du fruit. Jer., xvii, 5-8.

H. Lesêtre.
    1. SÉCHIA##

SÉCHIA (hébreu : ëobyâh’; plusieurs manuscrits : Sokyâh, Sokyâ’; Septante : Xoc6ti), fils du benjamite Saharaïm, né dans le pays de Moab ; sa mère s’appelait Hodès. Voir Saharaïm, col. 1360.

    1. SÉCHRONA##

SÉCHRONA (hébreu : Sikrônâh) à la pause ; Septante : Soxx&’û) Àlexandrinus : ’Axxaptovâ), ville de la frontière septentrionale de la tribu de Juda. Jos., xv, 11. Elle était située entre Accaron et le mont Baalah, à l’est de Jabnéel. Le site est inconnu.

    1. SECRET##

SECRET (hébreu : sâd, sêtér, ta’âlumâh ; chaldéen : ’"i’àz ; Septante : pj(rrrçpiov, xpu7rTov, xpuçLov, xexpyp.uivov ; Vulgate : arcanum, secretum, absconditum, absconsum, sacramentum), ce qui est caché et ne peut ou ne doit pas être connu. Ce mot désigne trois sortes de choses cachées.

1° Les choses inconnaissables par elles-mêmes. — Il y a les secrets de la sagesse de Dieu, c’est-à-dire les choses que Dieu seul connaît, Job, xi, 6, les secrets de l’avenir, Dan., xiii, 42, les secrets du gouvernement divin, Eccli., xi, 4 ; Luc, xix, 42, les secrets de la vie divine, Eccli., xlhi, 36 ; II Cor., xii, 4, les secrets de la nature, Job, xxviii, 11 ; Is., xlv, 3, les secrets des cœurs que Dieu connaît, Ps. XLiv (xlhi), 22, et qu’il manifestera un jour. I Cor., iv, 5. Le Seigneur révèle ses secrets à ses prophètes, Am., iii, 7, et à ceux qui en sont dignes. Eccli., iv, 21. Il a révélé à Daniel les secrets des songes. Dan., ii, 18, 19, 29, 30, 47 ; iv, 6 ; v, 12 ; Ezech., xxviii, 3. Notre-Seigneur a révélé tous les secrets utiles au salut de l’homme. Matth., xiii, 35 ; Marc, iv, 22 ; Luc, viii, 17 ; xii, 2 ; Joa., xv, 15 ; Eph., i, 9 ; iii, 3, 9.

2° Les choses confidentielles. — Le mot sôd signifie originairement « divan », puis « conseil », ou réunion de ceux qui prennent place sur le divan, enfin, par extension, « secret », c’est-à-dire ce qui se traite au conseil et ne doit pas être divulgué. Grand fut l’émoi du roi de Syrie quand il apprit que tout ce qu’il décidait dans son conseil était connu d’Elisée, qui en informait le roi d’Israël. IV Reg., vi, 8-12. Aod prétexte un

secret à communiquer pour arriver jusqu’à Églon. Jud., ni, 19. Il ne faut pas révéler le secret du roi, Tob., ii, 17, ni celui de ses amis. Prov., xxv, 9 ; Eccli., xxvii, 17 (19). C’est pourtant ce que font le médisant, Prov., xi, 13, et le bavard. Prov., xx, 19. D’après la Vulgate, « point de secret là où règne l’ébriété. » Prov., xxxi, 4. Au lieu de le-rôznim’ê sêkdr, « aux princes, où est la liqueur ? » elle a lu probablement, en empruntant un mot chaldéen lo’rdzîn’ê sêkar, « point de secrets où est la liqueur. » — On envoie des espions en secret. Jer., ii, 1. Il y en a qui, en secret, font acception des personnes. Job, xiii, 10. Jésus-Christ n’a jamais parlé dans le secret. Joa., xviii, 20.

3° Le lieu secret. — Dieu cache dans le secret de sa tente ceux qu’il veut protéger. Ps. xxvii (xxvi), 5 ; xxxi (xxx), 21. Il voit l’homme qui agit dans le secret. Jer., xxiii, 24. Isaïe, xlv, 19 ; xlviii, 16, n’a point parlé en secret, dans un lieu obscur. Jérémie, xiii, 17, pleure en secret. Celui qui fait le mal, hait la lumière. Joa., m, 20. Malgré les malédictions de la loi, Deut., xxvii, 15, des Israélites se livraient à l’idolâtrie dans le secret. Job, xxxi, 27 ; Ezech., VIII, 12. Le méchant se tient aux aguets dans le secret, Ps. x fxi), 9, comme le lion dans son embuscade. Lam., iii, 10. — Notre-Seigneur veut que, pour éviter la vaine gloire, son disciple fasse l’aumône, prie et jeûne dans le secret, là où le Père des cieux sera seul à le voir. Matth., vi, 4, 6, 18.

H. Lesêtre.
    1. SECRÉTAIRE##

SECRÉTAIRE (hébreu : sôfèr ; Septante : tpxy.j.axe-j « ; Vulgate : scriba), écrivain attaché à la personne d’un, roi ou d’un grand personnage pour rédiger ses lettres, transmettre ses ordres, etc. Voir Scribe, col. 1536.

— Plusieurs secrétaires sont nommés dans la Sainte Écriture : Saraïas, secrétaire de David, II Reg., viii, 17, dont le nom est reproduit sous les formes Siva, II Reg., xx, 25, Susa, I Par., xviii, 16, et Sisa. III Reg., iv, 3 ; Élihoreph et Abia, fils de Saraïas, secrétaires de Salomon, III Reg., iv, 3 ; le secrétaire de Joas, qui, de concert avec le grand-prêtre, comptait l’argent qui était offert au Temple, IV Reg., xii, 10 ; II Par., xxiv, 11 ; Sobna, secrétaire d’Ézéchias, que le roi envoya successivement auprès de l’assyrian Rabsacès et du prophète Isaïe, IV Reg., xviii, 18 ; xix, 2 ; Is., xxxvi, 3, 22 ; xxxvii, 2 ; Saphan, secrétaire de Josias, qui alla trouver le grand-prêtre Helcias de la part du roi, rapporta le livre de la loi nouvellement découvert et le lut devant Josias, IV Reg., xxiii, 3-12 ; II Par., xxxiv, 15, 20 ; Gamarias, fils de Saphan, secrétaire sous Joakim, ainsi qu’Élisama ; tous deux entendent lire les prophéties de Jérémie et le second en donne lecture au roi, Jer., xxxvi, 10, 12, 20-23 ; Jonathan, secrétaire sous Sédécias ; on fait de sa maison une prison pour Jérémie. Jer., xxxvii, 14, 19. Xerxès a des secrétaires pour expédier ses ordres. Esth., iii, 12 ; viii, 9. Samsaï, secrétaire de la province de Syrie pour le compte du roi de Perse, écrit au roi Artaxerxès au sujet de la reconstruction de Jérusalem. I Esd., lv, 8, 9, 17, 23. — Le prophète Jérémie avait pour secrétaire Baruch, qui transcrivait ses oracles. Jer., xxxvi, 26, 32. — Il y avait aussi des secrétaires attachés au service des prêtres et du Temple, Séméias, au temps de David, I Par., xxiv, 6, et des secrétaires surveillant les travaux du Temple sous Josias. II Par., xxxiv, 13. — Les secrétaires écrivaient avec agilité à l’aide du calame. Ps. xlv (xliv), 2. Jérémie, viii, 8, accuse certains secrétaires d’écrire des mensonges. — Sur le magistrat d’Éphèse portant le titre de i-pa^naTe-Jç, voir GRAMMATE, t. iii, col. 294. — Il est possible que plusieurs écrivains sacrés aient eu, comme Jérémie, des secrétaires. Moïse a pu se servir de secrétaires pour rédiger par écrit le Pentateuque. Saint Paul en a eu. Ainsi Tertius a écrit l’Épître aux Romains. Rom., xvi, 22. La première Épltre aux Corinthiens a été écrite par nn secrétaire, puisque l’Apôtre note que la salutation est de

sa propre main. I Cor., xvi, 21. Il en est de même de l’Épître aux Colossiens, iv, 18, et de la seconde aux Thessaloniciens, iii, 17. Silvain a écrit la première Épître de saint Pierre, v, 12.

H. Lesêtre.
    1. SECUNDUS##

SECUNDUS (grec : SexoûvSoç), Thessalonicien qui accompagna saint Paul lorsqu’il partit de Philippes. Act., xx, 4. Il fut probablement un de ceux qui portèrent les aumônes des fidèles de Macédoine à Jérusalem. On trouve le nom de Secundus, avec le nom de Sosipater, voir Sopater, sur une liste de politarques de Thessalonique. Voir Corpus inscriptionum grœcarum, t. ii, n. 1697 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes modernes, 2e édit., p. 241.

    1. SEDADAH##

SEDADAH (hébreu : $edâddh, avec hé local ; Septante : SapâSax ; Alexandrinus : SaôiBax), localité mentionnée Num., xxxiv, 8, et Ezech., xlvii, 15, pour marquer la limite septentrionale de la Palestine. Quelques critiques, acceptant la leçon Sedâd, ont essayé d’identifier cette localité avec Sadad, sur la route de Riblah à Qaryaten, mais Sadad est trop septentrional et trop à l’est. Le P. Van Kasteren, dans la Revue biblique, 1895, p. 30, a proposé de l’identifier, en acceptant la lecture Sarad, avec Khirbet Serâdâ, au nord i’Abil et à l’est du Merdj Ayûn.

    1. SÉDÉCIAS##

SÉDÉCIAS (hébreu : Çidqîyâhû, Çidqiyâh ; Septante : Ss6ex(a, 2s8£xi’aç), nom de six Israélites dans le texte hébreu, de sept dans la Vulgate. Voir Sédécias 6.

1. SÉDÉCIAS, fils de Chanaana, un des principaux parmi les quatre cents prophètes du roi Achab. III Reg., xxii, 11, 24-25 ; II Par., xviii, 10, 23-24. Quand Achab voulut entreprendre sa campagne contre Ramoth Galaad, ses faux prophèles lui prédirent la victoire. Mais son allié, Josaphat, roi de Juda, demanda au roi d’Israël de consulter un prophète de Jéhovah sur l’issue de la guerre. Michée, fils de Jemla, fut appelé. Pendant ce temps, Sédécias, qui s’était fait des cornes de fer, disait à Achab : « Avec ces cornes, tu frapperas les Syriens » qui se sont emparés de Ramoth. A son arrivée, Michée annonça d’abord ironiquement la victoire à Achab, mais il ajouta aussitôt qu’il voyait Israël errer comme un troupeau sans pasteur et il dénonça les mensonges de ses faux prophètes. Sédécias irrité frappa alors Michée sur la joue ; celui-ci lui répondit en lui annonçant qu’il serait réduit à se cacher. Nous ne savons plus rien sur Sédécias. Voir Michée 1, t. iv, col. 1062.

2. SÉDÉCIAS (hébreu : Sidqîydhû ; Septante : SeSs xîccç), dernier roi de Juda (598-587). — Sédécias était fils de Josias, roi de Juda, Jer., xxxvii, 1, frère de Joachaz, qui eut comme lui pour mère Amital, fille de Jérémie de Lobna, IV Reg., xxlll, 31 ; xxiv, 18, et oncle de Joachin. Ce dernier venait d’être emmené captif à Babylone avec un grand nombre de ses sujets. Voir Jéchonias, t. iii, col. 1210. Nabuchodonosor, qui tenait alors Juda dans une étroite vassalité, donna lui-même pour successeur à Joachin un prince de la famille royale, un fils de Josias appelé Mathanias, Malnydhû, « don de Jéhovah », dont il changea le nom en celui de Çidqiyâhû, « justice de Jéhovah », pour bien marquer que le nouveau roi était sa créature. Le pharaon Néchao avait naguère procédé de même lorsque, substituant à Joachaz son frère Éliacim, il avait changé son nom en celui de Joakim. IV Reg., xxiii, 34. Le petit royaume de Juda se trouvait alors en effet comme écrasé entre les deux grandes monarchies d’Egypte et de Chaldée. Pour le moment, la lutte entre ces deux empires avait assuré l’avantage aux Chaldéens. Le salut de Juda n’eût pu être procuré que par Tinter

vention divine. Malheureusement Sédécias ne travailla guère à l’obtenir. « Il fit ce qui est mal aux yeux de Jéhovah, son Dieu, et il ne s’humilia point devant Jérémie le prophète, qui lui parlait de la part de Jéhovah. » IV Reg., xxiv, 19 ; II Par., xxxvi, 12. Josèphe, Ant. jud., X, vii, 2, 5, dit que Sédécias devint roi à yjhgt et un ans, et qu’il méprisait ce qui est juste et honnête, parce qu’il était entouré d’impies, ce qui ne l’empêche pas d’ajouter qu’il avait une bonne nature et l’amour de la justice ; Jérémie, xxxvil, 2, résume tout le règne en disant que Sédécias « n’obéit point, ni lui, ni ses serviteurs, ni le peuple du pays, aux paroles que Jéhovah avait prononcées par Jérémie, le prophète, » alors l’organe autorisé de la pensée théocratique.

Habitués de longue date à la suzeraineté égyptienne, et voyant avec terreur l’empire du nord étendre de plus en plus sa domination de leur côté, les hommes de Juda comptaient que l’Egypte serait pour eux une protection efficace. Néchao intervint en effet un moment et réussit à exercer sur Juda un pouvoir plus exigeant que bienveillant. Mais Nabuchodonosor reprit bientôt le dessus, et le « roi d’Egypte ne sortit plus de son pays ; car le roi de Babylone avait pris tout ce qui était au roi d’Egypte, depuis le torrent d’Egypte jusqu’au ileuve de l’Euphrate. » IV Reg., xxiv, 7. Joachin, qui avait tenté de s’émanciper du joug chaldéen, avait été déporté après trois mois de règne. Sédécias reçut le pouvoir dans ces circonstances. Tout un parti, composé de faux prophètes et de devins, s’en allait répétant : « Vous ne serez pas assujettis au roi de Babylone. » Jer., xxvii, 9. Jérémie proclamait au contraire que le salut était dans la soumission aux Chaldéens. Il le répéta à Sédécias. Il insista auprès des prêtres et du peuple, auxquels les faux prophètes annonçaient que les vases sacrés déjà emportés à Babylone avec Joachin en reviendraient bientôt. « Soumettez-vous au roi de Babylone et vous vivrez, » Jer., xxvii, 17, leur redisait-il. Il n’était pas écouté. La quatrième année de Sédécias, le faux prophète Hananias annonça que, dans deux ans, Jéhovah ferait revenir les vases sacrés et les captifs. Jérémie réitéra l’assurance du contraire, et, en preuve de ce qu’il avançait, il prédit qu’Hananias mourrait dans l’année. Deux mois après, le faux prophète mourait. Jer., xxviii, 1-17. Cette année-là même, Sédécias s’était rendu à Babylone pour renouveler ses hommages au puissant suzerain. Jer., lii, 59. L’accueil qu’il reçut fit peut-être concevoir à Hananias de trop belles espérances, qu’il eut la témérité de présenter comme des certitudes.

Le pharaon Ouahibri, Apriès ou Éphrée, venait de monter sur le trône égyptien. Voir Éphrée, t. ii, col.1882. Jeune et ambitieux, il ne demandait qu’à se mesurer avec l’adversaire chaldéen, dont le domaine arrivait maintenant jusqu’à ses propres frontières. Les espérances que faisait concevoir l’avènement du nouveau pliaraon, peut-être même des propositions directes, Ezech., xvii, 15, surexcitèrent les esprits en Juda, à Tyr et chez les Ammonites, Jer., xxvii, 2, 3, tandis qu’Édom, Moab et les Philistins se tenaient sur la réserve. Sédécias, poussé par l’enthousiasme inconsidéré de son entourage, « se révolta contre le roi Nabuchodonosor, qui l’avait fait jurer par le nom de Dieu. » II Par., xxxvi, 13. Le roi chaldéen partit aussitôt en campagne. Êzechiel, xxi, 25-27, le montre au carrefour des chemins qui mènent d’un côté à Rabbathd’Ammon, de l’autre en Juda, et demandant au sort l’indication du parti qu’il doit prendre. Puis il vint camper à Ribla, surl’Oronte, et envoya de ce point central deux armées, l’une contre Tyr et l’autre contre Juda. Celle-ci, après avoir tout ravagé, se présenta devant Jérusalem, la neuvième année de Sédécias, le dixième mois. Jer., xxxix, 1.

Sédécias envoya demander à Jérémie de consulter Jéhovah, dans l’espérance de son intervention comme au temps d’Ezéchias. Le prophète ne put qu’annoncer la catastrophe imminente. Jer., xxi, 1-14. Menacé et persécuté par le parti des optimistes, il n’en continuait pas moins à dire la vérité : la ville sera prise, le roi déporté et la résistance inutile. Jer., XXXII, 2-5. Ses menaces étaient cependant accompagnées de la promesse d’une restauration dans l’avenir. Jer., XXXIII, 2-26. Renouvelant ses prophéties, alors qu’en dehors de Jérusalem les.Chaldéens n’avaient plus à réduire que Lachis et Azéca, il assurait à Sédécias qu’il tomberait aux mains du roi de Babylone, mais que cependant il ne mourrait pas par l’épée. Jer., xxxiv, 2-7. Au cours du siège, Sédécias provoqua une mesure équitable, l’affranchissement de tous les esclaves de condition hébraïque ; mais bientôt après, on revint sur la décision prise, ce qui était contraire à la Loi, ainsi que le rappela Jérémie, en prédisant aux transgresseurs l’esclavage dont ils auraient bientôt à souffrir eux-mêmes. Jer., xxxiv, 8-22. Le prophète suppose l’éloignement de l’armée assiégeante et son retour prochain. Il est à croire que, se croyant délivrés, les habitants se repentirent de la généreuse décision que leur avaient inspirée le malheur du siège.

Éphrée s’était mis en route avec une armée pour refouler les Chaldéens. En l’apprenant, ceux-ci abandonnèrent le siège de Jérusalem pour se porter au-devant des Égyptiens. À Jérusalem, on se crut sauvé. Jérémie cherche à dissiper les illusions : « L’armée du pharaon, qui est sortie pour vous secourir, va retourner au pays d’Egypte ; les Chaldéens reviendront combattre contre cette ville, ils la prendront et la brûleront. » Jer., xxxvii, 7. Les deux adversaires n’en vinrent pas aux mains. Éphrée hésita à risquer sa belle armée et se retira, tandis que Nabuchodonosor ne se souciait pas davantage d’affronter un ennemi redoutable. Josèphe, Ant. jud., X, vii, 3, dit que Nabuchodonosor mit les Égyptiens en déroute. Le texte de Jérémie semble plutôt supposer une simple démonstration militaire, suivie d’un retour en arrière sans coup férir.

Le siège de Jérusalem reprit donc. On avait abattu des maisons de la ville et même des constructions royales pour se mettre en état de mieux résister aux machines de guerre et aux assauts de l’ennemi. Jer., xxxiii, 4. Jérémie qui, pendant l’absence de l’armée ennemie, avait voulu sortir pour aller au pays de Benjamin recueillir des biens, avait été accusé de trahison et jeté en prison. Sédécias, voyant la tournure que prenaient les événements, commençait à croire au prophète. Il lui avait naguère envoyé dire : « Intercède pour nous, je te prie, auprès de Jéhovah, notreDieu. » Jer., xxxvii, 3. Il ordonna de le traiter avec humanité. Il le fit même venir pour l’interroger secrètement. Jérémie lui répéta ses précédentes prédictions et ajouta : « Où sont les prophètes qui annonçaient : Le roi de Babylone ne reviendra pas contre vous, ni contre ce pays ? » Jer., xxxvii, 16-18. Au peuple, il faisait dire que l’épée, la famine ou la peste feraient périr ceux qui resteraient dans la ville, tandis que ceux qui passeraient aux Chaldéens auraient la vie sauve. On se récria contre lui, et Sédécias, l’ayant abandonné à la discrétion de ses ennemis, ceux-ci le jetèrent dans une citerne à moitié pleine de boue. Le roi l’en fit tirer et le remit dans la cour des gardes ; il lui promit ensuite de ne pas le livrer à ses ennemis. Le prophète lui dit alors que, s’il sortait pour se rendre au roi de Babylone, il aurait la vie sauve avec sa famille et la ville ne serait pas brûlée ; dans le cas contraire, la ville serait prise et brûlée et lui-même captif. Sédécias craignait que, sorti de la ville, il fût livré comme un jouet aux Juifs qui avaient passé aux Chaldéens, et peut-être accusé par eux auprès de Nabuchodonosor, qui le mettrait à mort. Josèphe, Ant. jud., X, vii, 6. Malgré les assurances de Jérémie, il ne sut pas prendre son parti. Jer., xxxviii, 1-29. Cependant la famine se faisait de plus en plus sentir dans la ville. Jer., xxxviii, 2, 9 ; IV Reg., xxv, 3. La résistance ne pouvait se prolonger. Le quatrième mois de la onzième année de Sédécias, dix-huit mois après le commencement du siège, Jérusalem fut forcée. Les chefs chaldéens se postèrent à la porte du milieu. Mais pendant la nuit, Sédécias et les hommes de guerre s’enfuirent par une autre porte. Cf. Ezech., xii, 2-16. Les Chaldéens les poursuivirent et saisirent Sédécias dans la plaine de Jéricho. Ils le conduisirent à Nabuchodonosor, toujours en résidence à Ribla. Celui-ci, irrité de la longue résistance qui avait arrêté son armée, fit égorger les fils de Sédécias sous les yeux’de leur père, ainsi que tous les grands de Juda. Ce fut le dernier spectacle que vit Sédécias, car on lui creva les yeux aussitôt après et on le lia dédoubles chaînes d’airain pour l’emmener à Babylone. Il Reg., xxv, 3-7 ; II Par., xxxvi, 11-16 ; Jer., xxxix, 2-7 ; iii, 1-11. Ainsi s’accomplit une double prophétie, celle de Jérémie, xxxii, 5 ; xxxiv, 3, annonçant que Sédécias serait déporté à Babylone, et celle d’Ézéchiel, xii, 13, disant qu’il ne verrait point la ville, mais qu’il y mourrait. Il y fut tenu en prison jusqu’à sa mort. Jer., lii, 11. Il mourut en paix, on brûla pour lui des parfums comme pour ses pères et on le pleura avec des lamentations. Jer., xxxiv, 5. Cf. Maspero, histoire ancienne, t. iii, p. 538546. — Sédécias aurait pu se sauver lui-même et prolonger les jours de son royaume. Mais il eût fallu pour cela suivre les conseils de Jérémie, accepter franchement la suzeraineté chaldéenne et en acquitter les charges. Le parti dominant à Jérusalem se crut plus sage en provoquant une rupture et Sédécias n’eut pas assez d’énergie pour lui résister. Il se souvint de Jéhovah dans les circonstances critiques, mais les historiens sacrés donnent clairement à entendre qu’il laissa le champ libre à tous les excès de l’idolâtrie et de l’immoralité. Êzéchiel, xxi, 30-32, lance l’imprécation contre le « profane, le méchant prince d’Israël », auquel la couronne est ôtée et qui ne laisse après lui que bouleversement et ruine complète. Zacharie, xi, 17, résume en ces quelques mots la fin misérable de Sédécias : « Malheur à mon pasteur vil, qui abandonne le troupeau ! Que le glaive frappe son bras et son œil droit ! Son bras se desséchera, et son œil droit sera frappé de cécité. » Cf. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes,

Paris, 1908, p. 678.
H. Lesêtre.

3. SÉDÉCIAS (hébreu : Çidqiyâhû ; Septante : 2e-Ssxt’aç), fils de Joakim et petit-fils de Josias, d’après I Par., iii, 16. Voir Clair, Les Pàralipomènes, 1880, p. 87.

4. SÉDÉCIAS (hébreu : Sidqiydhû ; Septante : Se8exf « ; )i ^ s de Maasias et faux prophète de Babylone, où il avait été emmené captif avec le roi Jéchonias. Jérémie, xxix, 21-23, prédit que Sédécias, ainsi qu’un autre faux prophète, Achab, fils de Colias, parce qu’ils ont prophétisé des mensonges et commis des adultères, seront condamnés à être brûlés par Nabuchodonosor, roi de Babylone.

5. SÉDÉCIAS (hébreu : Sidqhjâhû ; Septante : SsâexÊa ; ), fils d’Ânanias, un des principaux de Juda, conseillers du roi Joakim, auxquels Michée, fils de Gamarias, rapporta les paroles de la prophétie de Jérémie que Baruch avait lues devant le peuple et qu’ils se firent lire ensuite par Baruch lui-même. Jer., xxxvi, 12. Voir Baruch 1, t. i, col. 1475 ; Joakim, t. iii, col. 1553-1554.

6. SÉDÉCIAS (Septante : — eôezii ; ), bisaïeul du prophète Baruch. Bar., i, 1.


7. SÉDÉCIAS (hébreu : Sidqîyâh ; Septante : 2e-Sexiaç), prêtre qui signa l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie. II Esd., x, 1.

SEDÉI (grec : ’AïoeBio ; ), fils d’Helcias, ancêtre du prophète Baruch. Bar., 1, 1.

SÉDÉUR (hébreu : ëedê’ûr ; Septante : ÏESioûp), père d’Élisur. Ce dernier était le chef de la tribu de Ruben au temps de l’Exode. Num., i, 5 ; ii, 10 ; vii, 30, 35 ; x, 18. Le premier élément de ce nom est peut-être Saddaï, « le Tout-Puissant ».

SÉDITION (hébreu : mérêd ; chaldéen : merad ; Septante : CTautç, àmxrnicri ; , àxaTacTottri’a ; Vulgate : seditio), mouvement populaire dans lequel le mécontentement tend à se manifester par la violence.

La Sainte Écriture mentionne un bon nombre de séditions. Au désert, ce sont les séditions des Hébreux pour obtenir de l’eau potable, Exod., xv, 24 ; xvii, 2, 4 ; Num., xx, 2, oudes viandes, Exod., xvi, 2 ; Num., xi, 4-10 ; celle qui aboutit à la fabrication du veau d’or, Exod., xxxii, 1, 25, celle qui suivit le retour des explorateurs envoyés en Chanaan, Num., xiv, 1-4, la révolte de Coré et de ses partisans, Num., xvi, 1-15, la sédition sur la route d’Édom. Num., xxi, 4, 5. Cf. Deut., ix, 1-24. Sous les Juges, la tribu d’Éphraïm se soulève contre le reste d’Israël, Jud., xii, 1-6, et les tribus s’unissent pour combattre Benjamin. Jud., xx, 1-48. Une sédition, suscitée par Absalom, oblige David à prendre la fuite, II Reg., xv, 7-37, et un soulèvement de dix tribus, sous Roboam, cause le schisme d’Israël. III Reg., XII, 12-24. Artaxerxès fait allusion aux séditions dont Jérusalem a été le théâtre. I Esd., iv, 19. D’autres séditions sont mentionnéesà l’époque desMachabées.IIMach., iv, 30 ; xiv, 6. — Barabbas avait pris part à une sédition avec des complices. Marc, xv, 7 ; Luc, xxiii, 19, 25. Le Sauveur prédit que la ruine de Jérusalem serait précédée de guerres et de séditions. Luc, xxi, 9. Sur l’accomplissement de cette prédiction, voir Jérusalem, t. iii, col. 1393-1395. Des séditions se produisent, à l’occasion de saint Paul, à Thessalonique ; Act., xvii, 5, 9, à Corinthe, Act., xviii, 12, à Éphèse, Act., xix, 23-40, à Jérusalem. Act., xxi, 27-36. L’Apôtre rappelle les émeutes au milieu desquelles il s’est trouvé. II Cor., VI, 5. Il ne veut pas que de pareils mouvements existent parmi les chrétiens. II Cor., xii, 20.

H. Lesêtre.

SÉDUCTION (hébreu : maddûhîm, Lam., ii, 14 ; Grec : àitâr/i ; Vulgate : seductio), action exercée sur quelqu’un pour lui persuader le mal ou l’erreur. En hébreu, les verbes hâbal, zânâh, hâta’, tâ’âh, nddafy, niâssà’, êûgâh, qui marquent des actes repréhensibles, ont à l’hiphil le sens de séduire, c’est-à-dire de faire accomplir le mal. Il en est de même de pâtdh au niphal. La séduction peut entraîner à des maux de différentes sortes, qui sont :

Le péché.

Eve, la première, se laissa séduire par Satan, caché sous la forme du serpent, et désobéit à Dieu. Gen., iii, 13 ; II Cor., xi, 13 ; I Tim., ii, 14, Beaucoup d’autres, à sa suite, ont été séduits et portés au mal. Js., ix, 16 ; II Esd., i, 7 ; Eccli., xiii, 10, 11. Jacob fut préservé de la séduction par la sagesse. Sap., x, 12. Dieu connaît les séducteurs et les séduits. Job, xii, 16. Satan et ses adeptes chercheront, surtout à la fin des temps, à séduire les hommes. II Thess., ii, 10 ; II Joa., 7 ; Apoc, ii, 20 ; xii, 9 ; xiii, 14 ; xix, 20 ; xx, 3, 7, 9.

L’impureté.

La courtisane séduit les hommes. Prov., vii, 21. Il faut se défendre contre cette séduction. Prov., v, 20. Job, xxxi, 9, l’a fait avec succès. L’Israélite qui avait séduit une jeune fille était tenu ensuite à l’épouser. Exod., xxii, 16. L’idolâtrie.

La Loi défendait formellement les unions avec des étrangères, qui auraient pu séduire les Israélites et les entraînera l’idolâtrie. Exod., xxiii, 33 ; xxxiv, 16 ; Deut., vii, 4. Il y avait des faux prophètes séducteurs qui entraînaient à l’dolâtrie. Deut., xiii, 13 ; Jer., xxiii, 16 ; Lam., ii, 14. Plusieurs rois sont accusés d’avoir exercé ce genre de séduction, Jéroboam, IV Reg., iii, 3 ; Nadab, III Reg., xv, 26 ; Amri, IIIReg., xvi, 26 ; Manassé. IY Reg., xxi, 9 ; II Par., xxxiii, 9.

L’erreur.

Les faux prophètes séduisaient le peuple pour lui persuader le contraire de ce que Dieu faisait annoncer. Jer., xiv, 14 ; xxiii, 26, 32 ; xxix, 8 ; L, 6 ; Ezech., xiii, 10. Les ennemis de Jésus-Christ le traitèrent de séducteur. Matth., xxvii, 63 ; Joa., vii, 12, 47. Les Apôtres furent traités de même. Il Cor., vi, 8. Simon le magicien fut un vrai séducteur des foules. Act., viii, 9. Les faux docteurs s’appliquèrent à séduire les premiers chrétiens. II Tim., iii, 13 ; Tit, , i, 10 ; I Joa., ii, 26. Les Apôtres recommandent de ne pas se laisser séduire par les discours de ces docteurs. Eph., v, 6 ; Col., ii, 18 ; II Thés., ii, 3 ; I Joa., iii, 7. Les séducteurs seront particulièrement nombreux et dangereux aux derniers temps du monde. Matth., xxiv, 4, 5, 11 ; Marc, xiii, 5, 6, 22 ; Luc, xxi, 8.

L’illusion.

Le rabsacès assyrien dit à Ézéchias de ne pas se séduire lui-même, en comptant sur son Dieu pour le protéger. IV Reg., xviii, 29 ; xix, 10 ; Is., xxxvi, 14. L’Idumée a été séduite par son propre orgueil. Jer., xlix, 16. Les chrétiens ne doivent pas se séduire eux-mêmes, en se faisant des illusions trompeuses. I Cor., iii, 18 ; xv, 33 ; Gal., vi, 3 ; Jacob., i, 26 ; I Joa., i, 8.

H. Lesêtre.

SEGOND Jean-Jacques-Louis, théologien protestant, Suisse, né, de parents français, à Plainpalais, banlieue de Genève, le 3 mai 1810, mort à Genève, le 18 juin 1885. Après avoir terminé ses études littéraires et théologiques dans cette ville, Segond suivit les cours de la faculté de théologie à l’université de Strasbourg où il prit les grades de bachelier, licencié et docteur (1834-1836). Aussitôt après, il professa un cours libre d’exégèse de l’Ancien Testament à la faculté de théologie de Genève (1836-1340). Nommé pasteur de ChênesBourgeries en 1840, il dirigea cette paroisse jusqu’en 1864. À cette date il fut rappelé à Genève pour y travailler à la version de l’Ancien Testament, à laquelle Segond doit sa notoriété. Pendant ce temps il devint professeur titulaire d’exégèse de l’Ancien Testament à la faculté de théologie de Genève. On a de lui : Rut ii, étude critique, 1834 ; L’Ecclésiaste, élude critique et exégétique, 1835 ; De voce Scheol et notione Orci apud Èebrseos, 1835 ; De la nature de l’inspiration, 1836 ; Traité élémentaire des accents hébreux, 2° édit., 1874 ; Chrestomathie biblique, 1864 ; Le prophète Isaîe, 1866 ; L’Ancien Testament, traduction nouvelle d’après le texte hébreu, 2 in-8°, 1874, plusieurs éditions ; Le Nouveau Testament, traduction nouvelle d’après le texte grec, 1880, plusieurs éditions. — Cf. Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, t. xiii, 1882, p. 196. O. Rey.

SEGOR (hébreu : Sô’ar, « petitesse » ; Septante : 2° lY(ip, Sdyopa, Soyôp), ville de la Pentapole.

I. Identifications.

Les opinions sont diverses.

1° Cl. R. Conder croit avoir retrouvé le nom de Ségor au tell es-Saghûr, à 12 kilomètres au nord-est de la mer Morte et à 2 à l’est de’er-Râméh. Handbook to the Bible, Londres, 1873, p. 38 ; Id., Heth and Moab, Londres, 1880, p. 154-155. Les explorateurs anglais ont généralement accepté cette identification. Cf. G. Armstrong, Names and Places in the Old Testament, 1887, p. 185 ; Pal. Expl. Fund, Quarterly Slatement, 1879, p. 15.

2° La plupart des auteurs modernes s’accor dent à chercher Ségor vers le sud de la mer Morte. Outre les arguments généraux déterminant à placer la Pentapole et par conséquent Ségor dans la partie la plus méridionale du Ghôr, il en est plusieurs de spéciaux pour cette ville.

1° Elle était « voisine » de Sodome, Gen., xix, 20, que l’on doit chercher à proximité du djebel’Esdoum. Et, en effet, parti de Sodome vers l’aurore, Lot arriva à Ségor au soleil levant, ꝟ. 15, 23. Rien que l’expression haS-sahar’aldh puisse s’entendre : « l’aurore approchait, » et avec assez d’ampleur, comme les crépuscules du pays atteignent à peine 1 heure, on ne peut guère attribuer plus de deux heures à la fuite de Lot.

2° Ségor sert à marquer la limite méridionale extrême de « la région du Jourdain » ou du Ghôr. Gen., xiii, 10 ; Deut., xxxiv, 3. Cf. Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 360.

3° Dans Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 4, Zoara d’Arabie (Ségor) marque l’extrémité méridionale du lac Asphaltite. Cf. Eusèbe, Onom., au mot 0a).a<T<rx t, à).uxr, édit. Larsow, p. 212.

Les modernes qui placent Ségor au sud, le cherchent les uns du côté occidental, les autres du côté oriental du Ghôr.

A). Les premiers le placent à éz-Zûeirat et-Tahtà ou à ez-Zûeirat el-Fôqd, le dernier à deux kilomètres environ au nord-ouestdud/e’6eJ’£'sdottm /l’autre à 6 ou 7 plus haut au nord-est, sur les hauteurs qui dominent à l’ouest, la partie inférieure de la mer Morte. Ed. Robinson, Bibl. Researches, Boston, 1841, t. ii, p. 480481, fait remarquer que Zûeirah, manquant du’aïn(’), n’est pas identique avec $ô"ar, qui d’ailleurs est indiqué au pays de Moab ou à l’Orient, Gen., xix, 30, 37 ; Is., xv, 5 ; Jér., xlviii, 34.

B) La plupart des savants modernes conviennent qu’il faut placer Ségor dans la partie méridionale de Moab et vers le sud de la mer Morte. Les uns la cherchent au Ghôr es-Sâfiéh. Burekhardt, Travelsin Syria and Roly Land, Londres, 1822. p. 391, semble l’avoir reconnu dans la localité d’es-Sâ/iéh. D’après Kitchener, P. E. F. Quarterly Statemenls, 1884, p. 126, on ne trouve point là des ruines anciennes ; le seul lieu de la région où se voient des restes importants est le Khirbet-Labrush, au pied de la montagne du même nom. Riehm propose Qal’at es-Çdftéh, Handiobrterbuch des bibl. Altertums, art. Zoar, 1844, p. 1874.M.Clermont-Ganneau aime mieux les Ta’ouahîn es-Sukkar, dont le nom peut s’interpréter « les moulins de Sughar » ou de Ségor. P. E. F., Quart. Stat., 1886, p. 19-22. Al. Musil s’arrête à el-Qarêiyé, ruine située non loin delà précédente, à l’issue du seil elQérdhi, qui termine e’ouâd’el-]}ésâ. Les Bédouins de l’endroit s’appellent, dans leur cri de guerre, « enfants de Zughar ». Arabia Petrsea, Moab, t. i, in-8°, Vienne, 1907, p. 70, 74, note 4.

D’autres cependant, parmi lesquels Raumer, Ritter, E. Robinson, Neubauer, croient que Ségor doit être cherché vers l’embouchure de l’ouadi Kérak-Derâ’a, ou au Lisdn actuel. La mer Morte des textes indiquant Ségor à son extrémité ne s’étendait pas au delà. Elle ne pouvait, au temps que subsistait au nord « la langue (lasôn) delà mer », Jos., xv, 5 ; xviii, 19, figurée encore sur la carte de Mâdaba et dont l’îlot aujourd’hui disparu était le reste, avoir franchi le seuil la séparant du territoire de la Pentapole décrit par ces textes. Le Ghôr e$-Sâfiéh est distant d’au moins 20 kilomètres de ce seuil. Dans l’étendue de 580 stades (= 108 kilomètres) attribuée par Josèphe, loc. cit., au lac Asphaltite, ses eaux se seraient avancées, il est vrai, au sud surtout, bien au delà des limites actuelles et elles auraient même submergé le Ghôr es-$àfiéh tout entier ; mais les chiffres de l’historien juif sont sujets à caution et souvent exagérés. Ils sont ici rectifiés par la description de la Sodomitide, ibid., identique au fond à celle de ces textes et ne pouvant s’appliquer qu’au territoire aujourd’hui inondé s’étendant au sud du Lisdn. Une carte du siv » siècle, conservée à Florence, ’représente Ségor à l’extrémité

méridionale de cette presqu’île et vers l’est de Petra deserti, c’est-à-dire du Kérak. Dans Zeitschrift des deut-. schen Palâlina-Vereins, t. xiv, pi. I.

Les explorateurs qui cherchent au Lisan le site de Ségor, le voient les uns, avec Irby et Mangle, Travels, p. 448, à Çera’a, les autres, avec Robinson, toc. cit., au Mezra’a où 1 on trouve aussi des ruines appelées tdoua/iïn es-Sukkar, « moulins à sucre », comme on en rencontre d’ailleurs sur divers points du Ghôr. — Le nom de

Sughar, ji ;  ; presque toujours employé par les anciens

écrivains arabes pour désigner la ville de Lot, paraît bien avoir été le nom usité dans le pays, comme le montre le cri de guerre traditionnel des gens d’ei-Qereiyé. Le fait que ces habitants du Ghôr n’appliquent point ce nom à cet endroit ni à aucun autre du Ghôr es-Sâfîeh n’est-il pas l’indice qu’ils l’ont apporté d’une émigration et comme on ne le retrouve nulle part ailleurs, ne doit-on pas induire de là qu’ils ont dû émigrer devant les eaux envahissantes de la mer Morte qui, après avoir franchi le seuil séparant le bassin du lac des terres de l’ancienne Pentapole, ont fini par gagner le territoire de Ségor et la ville elle-même ? Comprendrait-on autrement comment une ville toujours en vue dans l’histoire et jusqu’après les croisades, et dont le nom s’est perpétué dans le souvenir des Ghoârnéh, a pu tout d’un coup disparaître, au point que l’on ne sache même plus où retrouver son site ? Il nous semble donc inutile de la rechercher au Ghôr es-ipâfîeh pas plus qu’au Lisân : elle devait plus probablement, semble-t-il, se trouver au sud de ce dernier territoire. II. Description et histoire. — « Bala qui est Ségor », nommée la dernière parmi les villes de la Pentapole et dont le nom du roi n’est pas prononcé, Gen., xiv, 2, était sans doute la moindre, « la petite », Gen., xix, 20, tô àll-fo-/, Josèphe, Ant. jud., i, xi, 4, selon l’expression par laquelle Lot la désigna et qui resta son nom. C’est à la prière de Lot demandant aux anges de lui permettre de s’y réfugier, qu’elle dut d’échapper au cataclysme qui frappa ses voisines. Gen., xix, 19-23, 29. Il craignit cependant de s’y arrêter et se retira dans la montagne voisine où il donna naissance à Moab à qui Ségor resta en partage, 30, 37. Son territoire avait paru à Lot, l’observant des montagnes, pareil à celui de l’Egypte. Gen., xiii, "10. N’ayant point été bouleversé avec les régions voisines et étant arrosé par les courants descendant des montagnes de l’Est, le pays de Ségor conserva ses avantages. C’est sans doute à cet état de prospérité et à la vie commode que menaient les habitants de Ségor que font allusion les prophètes, Is., XV, 5 ; Jer., xlviii, 34, quand ils l’appellent « une génisse de trois ans » ; mais c’est aussi aux vices qui en sont souvent la conséquence et qui étaient déjà ceux des anciens habitants de la Pentapole, l’orgueil, la paresse, les excès de table et la débauche. Ils lui annoncent, comme aux autres villes de Moab, la douleur et la désolation qui en seront le châtiment. — Ségor fut enlevée aux Arabes et soumise aux Juifs par Alexandre Jannée. Ant. jud., XIII, xv, 4. Elle est une des douzes villes qu’Hyrcan II promit au roi de Pétra, Arétas, de lui rendre, s’il l’assistait contre son frère Aristobule. Ibid., XIV, 1, 4. — Elle dut être évangélisée dès les premiers temps et devint un siège épiscopal dépendant de Pétra, qui paraît s’être maintenu jusque vers l’époque des croisades. Cf. Lequien, Oriens chritianus, Paris, 1740, t. iii, Ségor, p. 738-746. — Les Romains avaient placé à Ségor une garnison. Onomasticon, au mot Bala, p. 94, 95. Ségor est figurée sur la carte de Madaba (fig. 337), comme une forteresse à tours nombreuses et élevées, au bord de la mer, dans une plaine plantée d’arbres, parmi lesquels domine le palmier. À l’entrée de la montagne voisine, à l’est, une église près de laquelle un grand bâtiment représente sans doute un monastère, était dédiée

à un saint dont il reste seulement l’initiale L (A.). On a supposé qu’elle consacrait la mémoire de Lot. Cf. E. Stevenson, Di un insigne pavimento in musaico, dans Kuovo Bulletino di Arch. Crist., 3e année, n. 1 et 2, tirage à part, Rome, 1897, p. 56. Le monument renfermait vraisemblablement la grotte où Lot s’était retiré, Gen., six, 30, et que sainte Paule paraît avoir visitée, en 383. S. Jérôme, Ep. cviii, t. xxil, col. 887. Le culte de Lot, dans les églises orientales, est attesté par les anciens ménologes.Cf. Actasanct., t. ivoctobris, p. 565. Le baume était cultivé à Ségor, Onomasticon, loc. cit. Mais son principal produit était la datte, poma palmarum. Ibid., p. 97. Elle est appelée « la ville des Palmiers », dans la Mischna, Yebamoth, xvi, 10, et les

337. — Ségor. D’après la carte mosaïque de Madaba. Au-dessus le monastère en l’bonneur de L[ot].

Talmuds, Schebiith, vu. Il était permis, lîinnée sabbatique, de manger des dattes jusqu’à ce qu’il n’en restât plus à $ô’ar. Talmud Bab., Pesahim, 53 a. — Le nom de « mer de Zughar » était un de ceux usités chez les Arabes pour désigner la mer Morte. Elle ne cessait d’être sillonnée par les barques qui transportaient les dattes de Sughar. Edrisi, Geogr., édit. Gildemeister, Bonn, 1855, p. 3. Le commerce de la substance sucrée de ce fruit appelée par les Arabes suqan ou sugar, et particulier à Ségor, avait depuis longtemps répandu au loin son nom, qui devait demeurer aux produits similaires. Cf. Moab, t. iv, col. 1155. — Au xir » et au xme siècle, les Croisés admiraient encore les plantations de palmiers de Ségor et l’appelaient aussi « la ville, le pays des Palmiers », Palmer, Paumier. Cf. Foulques de Chartres, Guillaume de Tyr, Jacques de Vitry, dans Bongars, Gesta Dei per Francns, Hanau, 1611, p. 306, 307, 405, 1041, 1076. Le roi Baudouin I », en 1100, parcourant les régions au sud de son royaume, parait avoir trouvé encore Ségor à l’extrémité de la mer. C’est au xive siècle ou au XVe qu’il semble avoir disparu. Voir Ed. Robinson, Zoar, dans Biblical Researches in

Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 648-651 ; Ad. Neubauer, Çoar, dans Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 256-257 ; de Luynes, Ségor et la Pentapole, dans Voyage d’exploration à la mer Morte, t. 1, Appendice iv, p. 358-375 ; Clermont-Ganneau, Gomorrhe, Ségor et les filles de Lot, dans la Revue archéologique, 1877, p. 193199 ; Birch, Zoar, dans Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1879, p. 15-18, 99-101, 144-154 ; Guy le Strange, Zughar and ihe Cities of Lot, dans Palestine under the Moslems ; Londres, 1890, p. 286-292 Max Blankenhorn, Zoar, dans Zeitschrift des deutschen Palestina-Vereins, Leipzig, t. xix (1896), p. 54-55.

L. Heidet. SEGUB (hébreu : Segûb), nom de deux Israélites.

. 1. SEGUB (hébreu : èegûb [keri, Segîb [chethib] ; Septante : He-joiê), le plus jeune fils d’Hiel, qui rebâtit la ville de Jéricho.Il v mourut lorsque son père éleva les portes de la ville, III Reg., xvi, 34, en exécution de la malédiction qui avait été portée contre celui qui entreprendrait de relever Jéricho de ses ruines. Jos., vi, 26.

2. SEGUB (Septante : Eepoy-/ ; À lexandrinus : Eeyo-jë), fils d’Hesron et père de Jaïr, de la tribu de Juda.

I Par., ii, 21, 22.

    1. SÉHÉSIMA##

SÉHÉSIMA (hébreu : Sahâsûmàh [kefîb] ; Sahasinidh [keri], avec hé local ; Septante : SocXeip. xoctà 6aXa<7<rav, la finale a été prise pour riD', yammdh,

T « près de la mer s), localité de la tribu d’Issachar entre le mont Thabor et le Jourdain, à la frontière orientale de cette tribu. Jos., xrx, 22. Le site précis est inconnu.

    1. SÉHON##

SÉHON (hébreu : Sihôn ; Septante : Syiwv), roi des Amorrhéens, du temps de Moïse. Son royaume était situé à l’est du Jourdain et avait Hésébon pour capitale. Num., xxi, 21. C'était un ennemi redoutable pour les Israélites, à qui il barrait l’entrée de la Terre Promise à leur sortie de la péninsule du Sinaï et du pays de Moab. Peu de temps auparavant, il avait conquis sur les Moabites une partie de leur territoire et les avait refoulés au sud de l’Arnon. Les Israélites lui demandèrent le droit de passage, en s’engageant à respecter ses champs et ses vignes et à ne pas boire l’eau de ses puits. Il refusa et marcha contre eux à Jasa. Il fut battu et son royaume, depuis l’Arnon jusqu’au Jaboc et à la frontière des Ammonites, tomba entre les mains de ses vainqueurs, qui célébrèrent cet événement par un chant de triomphe conservé dans le livre des Nombre », xxi, 21-30. C'était, en effet, un grand succès dont nous retrouvons l'écho dans le Deutéronome, i, 4 ; ii, 24-32 ; xxix, , 27 ; xxxi, 4, dans Josué, ii, 10 ; ix, 10 ; xii, 2 ; xiii, 10, 21, 27 ; dans les Juges, xi, 19 ; dans III Reg., iv, 19 ; dans Jérémie, xlviii, 45 ; dans II Esd., ix, 22, et dans les Psaumes cxxxiv (cxxxv),

II ; cxxxv (cxxxvi), 19. Son nom est écrit Séon dans Jérémie, xlviii, 45.

    1. SEIGNEUR##

SEIGNEUR, traduction dans les Septante, Kipioc, et dans la Vulgate, Dominus, du nom propre de Dieu Jéhovah. Voir Jéhovah, t. ut, col. 1220. — Le mot Dominus traduit aussi dans notre version latine l’hébreu 'Adonaï, qui se dit de Dieu, voir À don aï, t. i, col. 223, et'âdôn qui est employé par respect en s’adressant à un personnage respectable ou en parlant de lui. Cf. MaItre 1, 1°, t iv, col. 597. La femme appelle son mari 'âdôn, Gen., xviii, 12, etc. ; les enfants, leur père, Gen., xxxi, 35, etc.

SEIN (hébreu : hob, hôq, héq, hêsén, hosén ; Septante : xoXicoç ; Vulgate : sinus), la partie extérieure du

corps qui est formée par la poitrine et peut être entourée par les deux bras.

1° Au sens propre. le sein de la mère est la place ordinaire des petits enfants. Ruth, iv, 16 ; III Reg., iii, 20 ; xvii, 19 ; Lam., ii, 12. Le nourricier porte aussi l’enfant sur son sein. Num., xi, 12. Cf. Is., lxvi, 12. Une brebis ou des agneaux peuvent être portés sur le sein de celui qui les aime. II Reg., xii, 3 ; Is., XL, 11. C’est de cette manière que les nations ramèneront un jour les exilés d’Israël, Is., xlix, 22. — Reposer sur le sein de quelqu’un, c’est lui être lié par une union légitime, Gen., xvi, 5 ; Deut., xiii, 6 ; xxviii, 54, 56 ; II Reg., xii, 8 ; III Reg., i, 2 ; Cant., i, 12 ; Mich., vii, 5 ; Eccli., ix. 1, ou même illégitime. Prov., v, 20. — À la dernière Cène, saint Jean reposa sur le sein de Jésus, en signe de tendre affection. Joa., xiii, 23.

2° Par extension, on appelle sein la cavité plus ou moins ample formée par la partie antérieure du vêtement. Les Orientaux portent de larges vêtements ordinairement relevés et serrés au moyen d’une ceinture. Ces vêtements ont leur ouverture par devant, de sorte que, entre la poitrine et la robe, sont ainsi ménagées comme des poches dans lesquelles on place les objets les plus divers. Moïse reçut ordre de mettre la main dans son sein et il la retira toute blanche de lèpre, puis guérie. Exod., iv, 6. Celui qui tient la main dans son sein ne peut agir ; il faut qu’il la retire pour faire acte d'énergie. Ps. lxxiv (i.xxiii), 11. On cache dans son sein les objets que l’on veut donner en présents. Prov., XVII, 23 ; xxi, 14. « De là ce geste, si commun chez les Orientaux, de saisir leur vêtement sur la poitrine entre le pouce et l’index de chaque main, et de le secouer pour dire : Je n’ai rien, tu le vois ; — ou bien : Je ne suis pour rien dans.l’affaire dont tu parles ; elle ne me concerne pas. Néhémie fit le même geste dans une circonstance solennelle. Au temps de la famine, il avait promis, lui et les siens, de ne rien réclamer de leurs débiteurs ; les principaux du peuple, assemblés, avaient fait la même promesse, les prêtres l’avaient juré. « Après cela, dit Néhémie, je secouai le vêtement de mon sein et je dis : Que Dieu secoue de la sorte tout homme qui n’accomplira pas cette parole, le rejetant loin de sa maison et le privant du fruit de ses travaux ; qu’ainsi secoué, il reste vide de tous biens. » II Esd., v, 13 ; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 253. On mettait dans son sein des provisions, des épis, Ps. cxxix (cxxviii), 7, ou du grain, Luc, vi, 38, comme font encore les Bédouines d’aujourd’hui. On n’y aurait pu mettre du feu sans brûler ses vêtements. Prov., vi, 27. C’est dans le sein, ou dans un pan de la robe formant poche, qu’on plaçait les cailloux pour tirer au sort. Prov., xvi, 33.

3° À u sens figuré, le sein désigne la conscience, Job, xxxi, 33, 1'âme elle-même, Job, xix, 27 ; Ps.xxxv(xxxiv), 13 ; Eccle., vil, 10. Verser le châtiment dans le sein de quelqu’un, c’est lui faire porter la peine de fautes commises par lui ou par d’autres. Ps. lxxix (lxxviii), 12 ; lxxxix (lxxxvhi), 51 ; Is., lxv, 6, 7 ; Jer., xxxii, 18. — Le fils de Dieu est dans le sein du Père, Joa., i, 18, c’est-à-dire ne faisant qu’un avec lui. — Sur le sein d’Abraham, Luc, xvi, 22, voir t. i, col. 83. — On appelle encore « sein » la cavité d’un char, III Reg., xxii, 35, celle de l’autel, Ezech., xliii, 13, et même une

baie maritime. Act., xxvii, 39.
H. Lesêtre.
    1. SEINE##

SEINE (Vulgate : sagena). Voir Filet, t. ii, col. 2248.

    1. SEINS##

SEINS (hébreu : daddîm, Saddîm ; Septante : naato£ ; Vulgate : ubera, mammse), organes de l’allaitement. Ces organes s’appellent aussi mamelles. Ils se forment au temps voulu, Cant., viii, 8 ; Ezech., xvi, 7, pour préparer la nourriture du petit enfant. L’enfant à la mamelle, Ps. viii, 3 ; Jo., ii, 16, est celui qui n’a pas encore été sevré. Is., xxviii, 9. Voir Sevrage. Job,

m, 12, se plaint d’avoir trouvé des mamelles à sucer, c’est-à-dire d’avoir été nourri et d’avoir été ainsi maintenu dans la vie. Un sein stérile et des mamelles desséchées sont une malédiction. Ose., IX, 14. Des femmes se frappent ou se déchirent les seins sous l’empire du chagrin. Is., xxxii, 12 ; Ezech., xxiii, 34. Pendant la persécution d’Antiochus Épiphane, deux enfants ayant été circoncis malgré la défense du tyran, on les attacha aux seins de leurs mères, et celles-ci furent traînées par la ville et précipitées du haut des murs. II Mach., vi, 10. — Les mamelles de l'Épouse sont célébrées dans le Cantique, i, 1, 3 ; iv, 5, 10 ; vii, 3, 7, 8 ; viii, 10. Il est parlé des seins à propos de l’amour légitime, Prov., v, 19, ou illégitime. Ezech., xxiii, 3, 8, 21 ; Ose., ii, 2. — Sucer le sein de la mère de quelqu’un, c’est être son frère. Cant., viii, 1. Recevoir une grâce dès les mamelles de sa mère, c’est la recevoir dans le plus bas âge. Ps. xxii (xxi), 10. Une femme proclame heureuses les mamelles qui ont allaité Notre-Seigneur, Luc., xi, 27, félicitant ainsi celle qui a été sa mère. Le Sauveur déclare au' contraire heureuses les mamelles qui n’auront pas allaité, c’est-à-dire les femmes qui n’auront pas eu d’enfants au moment du siège de Jérusalem. Luc, xxiii, 29. — Isaïe, lxvi, 11, promet aux amis de Jérusalem qu’ils seront « allaités et rassasiés à la mamelle de ses consolations, » c’est-à-dire qu’ils auront part aux faveurs dont elle sera l’objet. — À Joseph sont promises « les bénédictions des mamelles et du sein. » Gen., xlix, 25. Les monstres marins présentent leurs mamelles à leurs petits et les allaitent, ce que n’ont pu faire les mères pour leurs enfants pendant le siège de Jérusalem. La m., iv, 3. Voir Cachalot, t. ii, col. 6. — D’après le code d’Hammourabi, art. 194, on conpait les seins â la nourrice qui, après la mort d’un enfant qu’on lui avait confié, en acceptait un autre sans que les père et mère fussent instruits du premier accident.

H. Lesêtre.

1. SÉIR (hébreu : Sê'îr, « velu » ; Septante : 2ï]st’p), Horréen, chef du pays qui s’appela de son nom et qui prit ensuite le nom d'Édom ou d’Idumée. Gen., xxxvi, 20-21.

2. SÉIR (hébreu : Sé'îr ; Septante : ~2,-ttip), appelé souvent mont Séir, parce qu’il désigne la partie montagneuse qui s'étend de la mer Morte au golfe Élanitique, le long du côté oriental de la vallée del’Arabah. Son nom vient-il du chef horréen, Séir, ou bien celui du chef, du pays qu’il possédait ? Il est difficile de le décider. Le pays peut avoir tiré son nom de son aspect rude et sauvage. Josèphe, Ant.jud., II, i, 2 ; Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit. Larsow et Parthey, 1864, p. 230, 231, 210, 211, 336, 337, l’appellent Gabalène ou Gébalène, « le montagneux ». Il était borné à l’ouest par l’Arabah, Deut., ii, 1, 8 ; et s'étendait au su ! jusqu’au golfe d’Akabah, y. 8. La frontière septentrionale n’est pas déterminée d’une façon précise dans l'Écriture. Cf. Jos., xi, 17. Avant qu'Ésaû s'établit dans cette région, elle était habitée par les Horréens. Voir Horréen, t. iii, col. 757. Quand le frère de Jacob se fut emparé du pays, l’histoire de Séir se confondit avec celle des Iduméens. Voir Iduméens, t. iii, col. 834. Ceux-ci occupèrent la place des Horréens. Deut., ii, 12. Les livres historiques rappellent le nom du pays, Jos., xi, 17 ; xii, 7 ; xv, 10 ; xxiv, 4 ; Jud., v, 4 ; I Par., iv, 42 ; II Par., xx, 10. Du temps de Josaphat, les habitants de Séir s’unirent aux Moabites et aux Ammonites contre Juda. Ils furent battus et Moab et Ammon se tournèrent alors contre les Séirites. y. 22-23. Nous lisons dans Isaïe, xxi, 11-12, une prophétie obscure dans laquelle une voix de Séir annonce des malheurs à Duma. Ezéchiel, xxv, 8-14, prophétise contre Séir et l’Idumée, et surtout, xxxv, 1-15, où il prédit la désolation et la ruine de ce pays, dont son état actuel atteste

l’accomplissement. L’auteur de l’Ecclésiastique, L, 2728, nous fait connaître l’aversion que les habitants de Séir avaient inspirée aux Juifs :

Mon âme hait deux peuples…

Ceux qui demeurent sur le mont Séir,

Et les Philistins…

    1. SÉIRA##

SÉIRA (hébreu : Çd'îrdh, avec hé local ; Septante : Siiip), ville inconnue de l’Idumée, s’il n’y a pas de faute de lecture dans le seul endroit où ce nom se rencontre, IV fieg., viii, 21. Dans le passage parallèle, II Par., xxi, 9, au lieu de ce nom propre, on lit : « avec ses princes », et de même dans Josèphe, Ant.jud., IX, v, 1. Quelques critiques pensent que cette diversité provient de ce que si les uns ont lu §â'irâh comme le porte le texte massorétique des Rois ; d’autres ont lu : 'îm-Sârâv, « avec les princes », comme le portent les Paralipomènes. Une autre hypothèse, en laveur de laquelle on peut s’appuyer sur la Vulgate, Séira, et sur la version arabe, Sait ; c’est que Sd’irdh est une altération de Sê'ir et désigne le pays appelé Séir et non une ville. Quoi qu’il en soit, sous le règne de Joram, fils de Josaphat, Édom se révolta contre l’autorité de Juda et se donna un roi. Joram marcha contre les Iduméens avec ses chars, mais il paraît avoir été enveloppé par eux et ne s'être sauvé que grâce à ses chars pendant la nuit.' C’est ainsi qu'Édom s’affranchit de la domination des rois de Juda. IV Reg., viii, 20-22 ; II Par., xxi, 8-10.

    1. SÉIRATH##

SÉIRATH (hébreu : ha ?-§e’irah, avec l’article ; Septante : SeTstpâôa ; Alexandrinus : SeEtpwOa), localité où se réfugia Aod, juge d’Israël, après avoir tué Églon, roi de Moab. Jud., iii, 26. Le site n’en a pas été retrouvé. Nous savons seulement que Seirath se trouvait dans la partie montagneuse de la tribu d'Éphraïm et il est à croire qu’elle n'était pas loin de Galgala où Aod avait frappé l’oppresseur de son peuple. Voir Aod, t. i, col. 714.

SEL (hébreu : mélah ; Septante : âX ; , âXa ;  ; Vulgate : sal), substance composée de chlore et de sodium, chimiquement appelée chlorure de sodium. Elle se trouve en dissolution dans l’eau de mer, qui en renferme 3 pour 100, dans l’eau de certains lacs et de quelques sources, et à l'état solide, dans les mines de sel gemme, résultant d’anciens dépôts marins. Le sel sert à bon nombre d’usages, particulièrement à assaisonner les aliments, à conserver les substances organiques, etc. Par contre, sa présence dans une terre peut constituer un obstacle à la végétation. La Sainte Écriture parle du sel à différents points de vue.

i" Dans l’alimentation. — L’Ecclésiastique, xxxix, 1, range le sel parmi les objets de première nécessité, et Job, vi, 6, demande comment on peut se nourrir de mets fades et sans sel. Le sel est, en effet, nécessaire à l’homme, mais le besoin n’en est pas aussi général qu’on pourrait le croire. On a remarqué que les peuples qui mènent la vie pastorale et se nourrissent du lait et de la chair de leurs troupeaux se passent volontiers de sel ; les peuples agricoles, qui vivent surtout de végétaux, en ont au contraire un pressant besoin. La même constatation peut s'étendre aux animaux ; les carnivores dédaignent le sel, les herbivores l’aiment et le recherchent. La nourriture naturelle est par elle-même faiblement salée, et le sel est nécessaire à l’organisme humain, dans lequel il existe partout ; ainsi le sang a un goût de sel, toutes les sécrétions sont salées, la salive, qui tire son nom du sel, les larmes, etc. Au point de vue physiologique, le sel ne rend pas seulement plus facile et plus agréable l’absorption des aliments ; il active la sécrétion du suc gastrique dans l’estomac et fournit les éléments chlorés qui entrent

dans la composition de ce suc. Il est donc nécessaire qu’un minimum de sel entre dans l’alimentation, et l’expérience montre que le régime végétal en fait sentir le besoin beaucoup plus impérieusement que le régime animal. Cf. A. Dastre, Le sel, dans la Revue des Deux Mondes, 1 er janvier 1901, p. 197-211. Les Hébreux, dont la vie en Palestine était surtout agricole, avaient donc besoin de sel. Ils l’empruntaient à la mer Morte. Dans sa description de la nouvelle Terre Sainte, Ézéchiel, xlvii, 11, prévoit que les eaux de cette mer seront assainies et nourriront des poissons, mais que les lagunes et les mares seront abandonnées au sel. De décembre à avril, le niveau monte dans la mer Morte, à cause de l’apport plus considérable des torrents et du Jourdain. Quand il baisse ensuite, l’eau demeure dans certaines dépressions environnantes et s’y évapore peu à peu à la grande chaleur du soleil. Comme la proportion du sel y atteint plus de 6 pour 100, celui-ci se dépose en grande quantité. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1294, 1300 ; F. -M. Abel, dans la Revue biblique, avril 1910, p. 217-222. « Manger le sel du palais, » I Esd., iv, 14, c’était être nourri aux frais du prince. Il en était ainsi particulièrement des soldats auxquels on donnait de l’argent pour s’acheter du sel ; cet argent s’appelait solarium, « salaire », nom qui, à partir d’Auguste, servit à désigner toute espèce de soldes et d’appointements. Cf. Dion Cassius, lii, 23 ; lxxviii, 22 ; Pline, H. N., xxxi, 7, 41 ; xxxiv, 3, 6. Les rois ne manquèrent pas de tirer profit du besoin que les populations avaient du sel. Le roi de Syrie, Démétrius II, touchait des droits sur le sel et sur les marais salants ; il voulut bien en exempter les Juifs. I Mach., x, 29 ; xi, 35.

2° Dans les sacrifices. — Il était prescrit de mettre du sel sur toute oblation présentée au Seigneur. Lev., ii, 13. Ezech., xliii, 24 ; Marc, ix, 48. Le parfum destiné à être brûlé devant l’Arche devait également être salé, memulld/f. Exod., xxx, 35. Les versions traduisent par |ie[UY[iivov, mixtum, « mélangé », ce qui donne à penser qu’elles ont Ju mimsâk. Les prescriptions de la loi mosaïque sur l’emploi du sel étaient si connues, que les rois de Perse, Darius et Artaxerxès, ordonnèrent de fournir à Esdras tout le sel nécessaire pour le service du Temple. I Esd., VI, 9 ; vii, 22. Le sel ne paraît pas avoir été employé dans le culte des Égyptiens et des Assyriens ; il le fut plus tard dans celui des Grecs et des Romains. Comme il préserve de la corruption, il était un symbole de pureté et de vie incorruptible. Cf. Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 326, 336. On mettait du sel sur tout ce qui s’offrait à l’autel, cf. Josèphe, Ant.jud., III, ix, 1, excepté le vin des libations, le sang et le bois. Cf. Siphra, ꝟ. 78, 2 ; 79, 2. Les victimes le recevaient sur la rampe même qui conduisait à l’autel, cf. Gem. Mcnachoth, 21, 2 ; au sommet de cette rampe et auprès de l’autel même, on salait la farine, l’encens, les gâteaux offerts par les prêtres, ceux qui accompagnaient les libations et les holocaustes d’oiseaux. On se servait de préférence de sel de Sodome, c’est-à-dire de celui qui provenait de la mer Morte et dont les qualités étaient plus appréciées. À défaut de ce sel, on en faisait venir d’Ostracine et du lac Sirbon, sur la côte d’Egypte, entre Péluse et Rhinocolure. Voir la carte, t. ii, col. 1606. Cf. Reland, Palxslina illustrata, Utrecht, 1714, p. 60. Dans le second Temple, il y avait au nord une chambre du sel, pour l’usage de l’autel. Dans une chambre voisine, appelée Parva, on salait les peaux des victimes qui revenaient aux prêtres. Cf Gem. Pesachim, 57, 1. Comme la rampe qui menait à l’autel était fort lisse et devenait glissante par le fait de la pluie ou des matières adipeuses qui tombaient des victimes, on y jetait du sel afin que les prêtres pussent s’y tenir sans danger. Cf. Erubin, x, 14 ; Reland, Antiquitates sacrx, Utrecht, 1741, p. 52, 54, 165.

DICT. DE LA. BIBLE.

3° Dans les alliances. — Le sel qui doit être mêlé aux offrandes est appelé mélah berît, « Xac S(a6rjr.r, c, sal feederis, « sel de l’alliance ». Lev., ii, 13. Cette expression se retrouve ailleurs sous une autre forme. Le don que Dieu fait à Aaron et à ses fils de certains prélèvements sur les choses saintes est appelé berît mélah, « alliance de sel », dans le sens de convention perpétuelle et irrévocable. Num., xviii, 19. Il est dit également que Dieu a attribué la royauté à David et à ses fils par une « alliance de sel ». II Par., xiii, 5. Le sel est un principe conservateur contre la corruption ; à ce titre, il peut donc symboliser la durée et la fidélité d’une alliance que rien ne pourra et ne devra corrompre ni altérer.. Cf. Bàhr, Symbolik, t. ii, p. 324. Mais le sens de cette expression est plus clairement expliqué par les coutumes arabes. Chez les Arabes, « ceux qui mangent la même nourriture sont censés avoir le même rang. La nourriture prise en commun oonfirme la parenté et la fait naître, quoique à un degré moindre. C’est l’alliance du sel, qui unit ceux qui ont pris part au même repas. » Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 252. « Ils ont une grande vénération pour le pain et pour le sel, en sorte que lorsqu’ils veulent faire une instante prière à quelqu’un avec qui ils ont mangé, ils lui disent : Par le pain et par le sel qui est entre nous, faites cela. Ils se servent encore de ces termes pour jurer en niant ou en affirmant une chose. » De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 137. Cet usage est encore en vigueur. « Deux Arabes qui veulent prendre un engagement réciproque, conclure un traité, cimenter leur amitié, trempent deux bouchées de pain dans le sel et les mangent ensemble. L’alliance ainsi conclue est indissoluble. À celui qui tenterait de la rompre, ils répondraient infailliblement : C’est impossible, il y a entre nous le pain et le sel. Dans leur langage, manger ensemble le pain et le sel signifie faire un traité ou se jurer amitié. Les Persans parlent de même ; pour flétrir le traître, ils l’appellent traître jusqu’au sel. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 273. Il est fort présumable que cette coutume était en vigueur chez les anciens Hébreux, comme chez leurs voisins du désert, . et que l’expression biblique doit s’expliquer dans ce sens. Le sel avait la même signification symbolique chez les Grecs. « Avoir mangé ensemble un boisseau de sel « voulait dire : « être de vieux amis ». Plutarque, Moral., édit., Dûbner, 94 a. Cf. Bahrdt, De fœdere salis, Leipzig, 1761 ; Rosenmûller, Das alte und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. ii, p. 150.

4° Pour la conservation. — On frottait de sel le corps des enfants à leur naissance. Ezech., xvi, 4. Saint Jérôme, In Ezech., iv, 16, t. xxv, col. 127, dit que les nourrices agissent ainsi pour sécher et raffermir le corps. Galien, .De sanit., 1, 7, observe que cette pratique rendait plus épaisse et plus solide la peau de l’enfant. Aujourd’hui encore, « dans le but de fortifier les membres de l’enfant nouveau-né, les Arabes font dissoudre du sel dans de l’huile (ou, à son défaut, dans de l’eau) et avec cette solution oignent le corps de l’enfant, jusqu’à l’âge d’un an. » A. Jaussen, Coutumes arabes, dans la Revue biblique, 1903, p. 245. — On salait les poissons. Les Hébreux mangeaient beaucoup de poissons séchés ou salés. Tels étaient ceux qui servirent à la multiplication des pains. Matth., xiv, 17 ; xv, 34. Il n’est pourtant question qu’une seule fois de saler nn poisson, celui que le jeune Tobie a pris dans le Tigre. Tob., VI, 6. — Le prophète Elisée assainit la fontaine de Jéricho en y jetant du sel. IV Reg., Il, 20, 21. Voir Elisée (Fontaine d’), t. ii, col. 1696 ; Jéricho, t. iii, col. 1285. Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 3, dit qu’auparavant l’eau de cette fontaine produisait toutes sortes d’effets pernicieux. Le sel employé par le prophète ne put être la cause de l’assainissement ; il n’en

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fut que le symbole et le prophète dut faire appel à son pouvoir miraculeux.

5° Pour, la destruction. — Le sel marin, en petite quantité, est un amendement employé en agriculture comme stimulant de la végétation. En grande quantité, il devient une cause de stérilité pour une terre. Dans le poème babylonien Éa et Atarhasis, ii, 33 ; iii, 48, la plaine se couvre de sel, pour empêcher la plante de sortir et de germer. Cf. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, 1907, p. 131, 137. Ainsi quand fut creuséle canal de Suez, on crut que le canal d’eau douce pratiqué latéralement permettrait le développement d’une végétation luxuriante. Tout commença bien, en effet. Mais quand les racines atteignirent le sous-sol, saturé de sel marin, la végétation languit, se dessécha et finit par disparaître. L’eau douce s’infiltrait d’ailleurs dans le sable et, sous l’influence du soleil d’Egypte, venait s’évaporer à la surface en entraînant avec elle le sel dont elle s’était chargée. Cf. Jullien, L’Egypte, p. 110112. Les anciens s’étaient facilement rendu compte que « tout sol où l’on trouve du sel est stérile et ne produit rien. » Pline, N. H., xxxi, 7. Cf. Virgile, Georg., ii, 238. Les régions qui avoisinent la mer Morte ont toujours été pour les Hébreux le type de ces terres stériles, à cause de la forte proportion de sel qu’elles contenaient. Ils donnaient à ces terres le nom de melèhah, iX(*upc’ç, salsugo. Job, xxxix, 6 ; Ps. cvii (cvi), 34 ; Jer., xvii, 6. Le sol renferme, surtout au sud-ouest, de considérables dépôts de sel gemme, dont se saturent les torrents qui descendent à la mer, ce qui explique la forte salure de cette dernière. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1305, 1306. Les terrains imprégnés de sel à dose considérable sont nécessairement impropres à toute j végétation. Seuls, les roseaux apparaissent au bord de la mer, et, à travers les rochers arides, quelques bouquets de verdure signalent la présence des fontaines ou les bas-fonds bien arrosés. À cause de la méchanceté de ses habitants, Dieu a changé ce pays fertile en plaine de sel. Ps. cvn (cvi), 34 ; Eccli., xxxix, 23. Il menace les Israélites infidèles de faire de leur pays une terre de soufre et de sei, comme l’emplacement de Sodome. Deut., xxix, 22. Moab deviendra, comme Sodome, une carrière de sel. Soph., ii, 9. Au Djebel Usdum, au sud-ouest de la mer Morte, des masses énormes de sel gemme alternent avec des brèches de marbre et des blocs de jaspe vert foncé ; c’est une vraie carrière de sel. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1881, p. 433. Là se trouve la colonne de sel que les Arabes appellent « la femme de Lot ». Gen., xix, 26. Voir Lot (La. femme de), t. iv, col. 365. Les déserts arides et salés servaient de demeure aux onagres. Job, xxxix, 6. L’homme qui se confie en l’homme plutôt qu’en Dieu mérite d’y habiter. Jer., xvii, 6. Quand Abimélech eut pris Sichem, « il rasa la ville et y sema du sel ». Jud., IX, 45. Les rois assyriens avaient aussi coutume de semer du sel sur l’emplacement des villes qu’ils avaient rasées. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 638, 655. Cet acte n’avait évidemment pas pour but d’empêcher une ville de se relever de ses ruines, ni de rendre son sol impropre à la culture. Il marquait seulement que, dans la pensée et les désirs du vainqueur, l’emplacement de cette ville devait rester à l’état de champ stérile et de lieu inhabité.

6° Dans les comparaisons. — Le sel est assez lourd ; il pèse un dixième de plus que le volume d’eau équivalent. Le sable, le sel, le fer sont moins lourds à porter que le sot. Eccli., XXH, 18. — Le givre répandu sdf la terre ressemble à du sel. Eccli., xliii, 21. — Notre-Seigneur dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa vertu (u.<i)pav8r„ « devient fou », evamterit), avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds. »

Matth., v, 13 ; Luc, xiv, 34. Le sel peut devenir ava-Xov, insulsum, « non salé ».Marc, IX, 49. Pline, H. N., xxxi, 39, 44, parle de sal iners, « sel inactif », et dit que sal tabescit, « le sel se dissout », devient impropre à saler. Cet effet pouvait se produire quand le sel restait longtemps exposé à la chaleur du soleil, ou que, plus ou moins mélangé à des matières terreuses, il fondait en ne laissant subsister que ces dernières. Le sel représente ici la sagesse chrétienne personnifiée dans les disciples et les apôtres. Si, en ceux qui sont chargés de conserver et de propager cette sagesse, elle devient folie, |iMpav6° ), comment les rendra-t-on sages eux-mêmes ? Si la grâce perd en eux son efficacité, comment la communiqueront-ils aux autres ? Aussi le Sauveur dit-il : se Ayez en vous le sel, » Marc, IX, 49, c’est-à-dire ce qui doit préserver de la corruption et de la folie, vous et les autres. « Que votre parole soit toujours assaisonnée de sel, » c’est-à-dire de sagesse, « en sorte que vous sachiez comment il faut répondre, » dit aussi saint Paul. Col., iv, 6. Dans sa liturgie, l’Église emploie le sel à la bénédiction de l’eau, pour le « salut des croyants » et la « santé de l’âme et du corps ». Au baptême, elle l’appelle « sel de la sagesse » devant acheminer à la vie éternelle. L’imposition du sel était particulière au rit romain. Cf. Duchesne, Origines du

culte chrétien, Paris, 1903, p. 297.
H. Lesêtre.

2. SEL (MER DE) OU TRÈS SALÉE. Voir MORTE

(Mer), t. iv, col. 1289.

3. SEL (ville DE) (hébreu : ’Ir ham-mélah ; Septante : al îto), et ; Sa8ûv ; Vulgate : civitas Salis), ville de Juda, située dans le désert appelé du nom de cette tribu. Jos., xv, 62. Elle pouvait être dans le voisinage de la mer Morte non loin d’Engaddi qui la suit dans l’énumération des six villes du désert de Juda. Le site précis en est incertain. Des savants la placent dans la vallée des Salines où Amasias, roi de Juda, battit les Édomites, IV Reg., xiv, 7 ; II Par., xxv, 1 1, ou bien près de cette vallée. Voir col. 1373. On connaît maintenant à l’est de Bersabée une vallée du sel, ouadi Milh, ou Melh qui passe au pied du Tell Melh, « la colline du sel » (voir Juda 6, carte, t. iii, col. 1156), et divers savants localisent en cet endroit la défaite des Édomites. Voir F.-M. Abel, dans la Revue biblique, avril 1910, p. 229. Ce site paraît trop éloigné d’Engaddi pour y placer la ville de Sel.

SÉLA, nom d’homme et nom de ville, dans la Vulgate. — Pour la capitale de l’Idumée, qui est appelée has-Séla’, dans le texte hébreu, voir Pétra, col. 166.

1. SÉLA (hébreu : Sêldh ; Septante : Sr, Xii ; j.), le plus jeune fils de Juda et d’une Chananéenne, dont le père se nommait Sué ; petit-fils de Jacob. Gen., xxxviii, 5 ; xi.vi, 12 ; Num., xxvi, 20 ; I Par., ii, 3 ; iv, 21. Ses descendants furent appelés Sélaïtes. Num., xxvi, 20. Une partie d’entre eux esténumérée, I Par., iv, 21-23. Juda avait promis à Thamar, sa belle-fille, qui était veuve, de lui donner Séla comme époux, quand il aurait grandi, mais il ne tint pas sa promesse Gen., xxxviii, 10-11, 14, 26.

2. SÉLA (hébreu : Séla’; omis dans l’édition sixtine des Septante, Jos., xviii, 28 ; dans II Reg. (Sam.), xxi, 14, Septante : it).eypi ; Vulgate : latus), ville de la tribu de Benjamin, nommée entre Tharéla et Éleph (t. ii, col. 1657) et située dans la partie sud-ouest de cette tribu. C’est là qu’était le tombeau de la famille de Cis, père du roi Saûl. David, après l’exécution des fils de Respha, fit transporter dans ce tombeau familiatles restes de Saül et de Jonathas et les y fit ensevelir avec les fils de Respha. II Reg. (Sam.), xxi, 12-14. Les Sep

tante et la Vulgate ont pris Sêla' pour un nom commun dans ce passage, dont le sens véritable paraît avoir été oublié de bonne heure. L’identification de la localité est d’ailleurs très problématique. Plusieurs ont proposé d’identifier Séla avec le village actuel de Beit Djala, à l’ouest de Bethléhem, mais il est plus probable que le tombeau de la famille de Saül était plus au nord dans le voisinage de Rama de Benjamin. Voir Rama. 1, col. 941.

    1. SÉLAH##

SÉLAH (hébreu : nbD ; Septante : 8° â'iaXu.a) terme indiquant une pause du chant.

I. Passages ou est employé sélah. — Cette indication se lit soixante-quatorze fois dans le texte hébreu de la Bible, soit soixante-et-onze fois dans trente-neuf Psaumes et trois fois au cantique d’Habacuc. Ps. Ht,

3, 5, 9 ; iv, 3, 5 ; vii, 6 ; iv, 17, 21 ; xx, 4 ; xxi, 3 ; xxiv, 6, 10 ; xxxii, 4, 5, 7 ; xxxix, 6, 12 ; xliv, 9 ; xlvi, 4, 8, 12 ; xlvii, 5 ; xlviii, 9 ; xlix, 14, 16 ; l, 6 ; iii, 5, 7 ; liv, 5 ; lv, 8, 20 ; lyii, 4, 7 ; lix, 6, 14 ; lx, 6 ; lxi, 5 ; lxii, 5, 9 ; lxvi, 4, 7, 15 ; lxvii, 2, 5 ; lxviii, 8 ; 20, 33 ; lxxv,

4, lxxvi, 4, 10 ; lxxvii, 4, 10, 16 ; lxxxi, 8 ; lxxxii, 2 ; lxxxiii, 9 ; lxxxiv, 5, 9 ; lxxxv, 3 ; lxxxvii, 3, 6 ; lxxxviii, 8, 11 ; lxxxix, 5, 38, 46, 49 ; cxl, 4, 6, 9 ; cxliii, 6. Hab. iii, 3, 9, 13. Les Septante donnent soixante-sept fois 81ài}13(Xu.a comme équivalent de l’hébreu sélah, mais ce mot a été omis par les traducteurs, ou plutôt -a disparu par la faute des copistes au dernier verset des Ps. iii, xxiii (xxiv), xlv (xlvi) et au ꝟ. Il du Ps. lxxxvii 4 lxxxviii). On le trouve par contre aux Psaumes ii, 4 ; xxiii (xxiv), 11, et xcm (xciv), 15, où il manque dans le texte massorétique. Enfin au Psaume ix, 37, le traducteur grec s’est servi de la tournure tîiôï] Sia|àX[i.aToç pour rendre higgdyôn, sélah. Voir Musique des Hébreux, i, 2, t. IV, col. 1348. Parmi les autres interprètes grecs, quelques-uns font du terme SiàipaXna le même usage que les Septante. La version des Hexaples d’Origène (lxx), t. xvi, col. 578, l’indique au Ps. ii, 4. La cinquième version donne 61° ]vsxûç, Ps. xx, 3, col. 669. La sixième version a eîç teXoj, Ps. iii, 3, 9 ; eiç tô téXoç, col. 582. 'Les autres versions grecques ont 8tâ<j/aXfi « , es ; « ei, 980-, 'Yo ; àsi, Théodotion, Ps. ix, 17, [i.ï]X16ôr, jj.ot àsi, col. 614. On rencontre enfin le Siâ^aXtuc dans le texte, .grec du Psautier de Salomon (xvii, 31 ; xviii, 10). Fabri-cius, Codex pseudepigraphus V. T., t. 1, p. 966, 971.

Le diapsalma était aussi exprimé dans les anciennes versions latines. On peut voir, pour l’ancien Psautier romain, Tommasi, Opéra omnia, édit. Vezzosi, 'Rome, 1749, 1. 11, p. 4 sq., et pour le Psautier gallican, Tommasi, ibid., et t. iii, p. 4 sq. ; Bible de Vence, Dissertation sur Lamenazeah et Sela, 1829, t. ix, p. 452, note. Ces versions suivent généralement la disposition des Septante. Au Psautier gallican, diapsalma se lit soixante-seize fois, spécialement, en plus des endroits où il répond au sélah original, Ps. 11, 4 ; iii, 9 ; xxxii, 10 ; xlv, 12 ; lxxvii, 4, 14, 26 ; lxxxviii, 11. L’ancien romain l’ajoute Ps. xxxii, 10, lxvii, 1, 4, 26 ; lxxxvii, 11, 15. Il l’omet Ps. iii, 2 ; xxiii, 10 ; xlv, 12. Le diapsalma s’est conservé dans le Psautier mozarabe ; on l’y retrouve trente-sept fois, notamment aux psaumes 11, 4 ; lxxviii, 8 ; LXXix, 9, où les Septante, non plus que les autres versions grecques, ne le contiennent pas. Voir Lorenzana, Breviarium golhicum secundum régulant S. Isidori, Madrid, 1775, p. I et suiv. Ximénès avait laissé de côté le diapsalma, dans son édition du Psautier mosarabe. Patr. lai., t. lxxxvi, col. 21. On le rétablit parce qu’il servait de point de repère dans les divisions de la psalmodie. Son usage est attesté en outre par Optât, Contra Parmen., iv, 3, t. xi, col. 10301031 ; Haimon, In Ps. xxxiii, t. cxvi, col. 330, et Cas-siodore, dont le texte est décisif pour l’usage du diapsalma dans la psalmodie en dehors du cursus romain.. « Ce mot s’intercale bien là où l’on reconnaît un chan gement de sens ou de personne ; c’est pourquoi nous faisons régulièrement les divisions partout où le diapsalma peut se trouver dans les Psaumes. Pour les autres divisions, nous cherchons à les faire de la meilleure manière possible, au moins dans les endroits où nous nous croyons autorisés à placer ce mot. » In PsalteriumPrsefatio, xi, t. lxx, col. 17. D’autre part, le diapsalma n’existe ni dans le Psautier romain ni dans l’ambrosien. Les Psaumes se disent sans divisions dans l’office romain ; de là, inutilité du signe de coupure. À Milan, au contraire, les divisions des Psaumes multipliées, pour ainsi dire, à l’infini, rendirent le diapsalma insuffisant ; de là, sans doute, son absence dans le Psautier milanais.

D’après la Synopsis Scripturss, l’indication S'.âiaXjjia se lisait aussi, comme dans les Hexaples, au Psaume 11, 3, où nous avons vu que les Psautiers gothiqne et gallican l’ont conservée ; quatre fois, au lieu de trois, au Ps. lxvii et cinq au Ps. lxxxviii. Elle manquait au contraire dans les passages suivants : Ps. iii, 9 ; ix, 21 ; xix, 4 ; xx, 3 ; xxiii, 10 ; xxxi, 7 ; xlv, 12 ; xlix, 6 ; lxxxiii, 9 ; lxxxvii, 8 et 11. Patr. gr., t. xxiii, col. 337 sq., ce qui donne seulement soixante-cinq S'.a<J/âX[iara au lieu du nombre indiqué plus haut. Voir toutefois saint Jérôme, Epist. xxviii, ad Marcell., De diapsalmate, t. xxii, col. 433-435. L’omission de ce mot à la fin des Ps. iii, xxiii et xlv dans ces versions grecques est peut-être volontaire : elle s’explique si ce mot est pris pour une pause au milieu du Psaume.

II. Opinions sur la signification de sélah et de ses traductions. — On relève trop de diversités entre les explications que les auteurs donnent du terme sélah, pour que l’on puisse penser à tirer parti de chacune d’elles. On éliminera par conséquent celles qui manquent de fondement, pour retenir les plus probables et voir jusqu'à quel point elles peuvent être rapprochées et concilées. Une première série d’interprètes rattachent sélah et diapsalma au texte lui-même ; les autres tiennent ces termes pour une indication, ou, si l’on veut, une rubrique, indépendante du texte.

1° Sélah et diapsalma rattachés au contexte. — 1. La tradition juive, représentée par les targums et un grand nombre de rabbins, explique communément sélahm :

— a) par le'ôlâm, le'ôlâmîm, « à jamais », « dans les siècles ». Voir Buxtorf, Lexicon hebraicum, au mot nbD. La Peschito a suivi la tradition juive en rendant sélah par le'ôlâm et le'ôlâmîn. On trouvera ci-dessous l’explication du diafsalma de la version hexaplaire syrienne.

— b) par des expressions synonymes telles que lenêsal)., infinem (Aben Esra, Commentaire sur le Psaume ni), dont il faut rapprocher les traductions citées ci-dessus de la sixième version : eî ; téXoç, et ; t’o téXoç, SianavToç ; de la cinquième version, Siaracv-rd ; , SirivExû ; , àeî ; Aquila suit la même tradition et donne « ei, tandis que la quatrième version transcrit sans traduire : <teXcx. Cf. <xÉX. Origenis Hexapl., t. xvi, col. 579, 583, 595 ; Selecta in Psalmos, t. XII, col. 1059. Saint Athanase adopte la traduction àsc, De titulis Ps., t. xxvii, col. 657. Saint Jérôme, après avoir exposé les autres opinions, retient l’interprétation d’Aquila et traduit semper. Divina Bibliotheca, t. xxviii, col. 1190 sq. ; Comment, in Habacuc, m, 3, t. xxv, col. 1311. Voir aussi S. Isidore de Séville, Etymol., vi, 19, t. lxxxii, col. 253. Les Juifs continuent de nos jours à employer sélah comme synonyme de le'ôlâm, dans leurs formules de prières et dans leurs inscriptions tumulaires. Si en certains cas la signification de semper ou in seternum a paru convenir assez bien au sens général pour qu’on ait pu joindre au texte cette expression comme si elle en faisait partie, et la transporter même dans les versions, Ps. LXI, 9, dans la Vulgate, Ps. li, 7, dans Symmaque, t. xvi, col. 845, il ne manque pas de passages où ce sens devient difficile à détendre. Voir par exemple Ps. xxxii, 4 ; lxxxj (lxxx), 8.

2. D’autres exégètes juifs prennent sélah pour une interjection ou une exclamation analogue aux mots’amén, « fiât », ou’érnéf, « veritas ». Voir Aben Esra, In Ps. III ; David Kimchi, In Ps. in ; Vatable, Bibliotheca sacra, au mot sélah. Peut-être cette explication s’accorderait-elle plus facilement que la précédente avec le contexte. Voir cependant Ps. iv, 3, 5 ; lxxxix (lxxxviii), 49, où l’on attend une négation. Puis on se demande pourquoi le mot sélah ne se rencontre que dans certaines pièces lyriques. Enfin, ici encore, la preuve grammaticale fait défaut.

2° Ceux qui considèrent sélah comme un mot en dehors du texte en font soit un signe grammatical ou prosodique, soit une abréviation, soit une indication musicale. — 1. À l’exception des lettres’s et’d, qui, soigneusement distinguées du texte, servent dans le Pentateuque à établir les divisions pour la lecture publique, pefû/Fiof et sefûmô{, la Bible hébraïque ne contient d’autres signes de lecture, de ponctuation grammaticale ou de notation que les accents massorétiques, placés en dehors du texte. Si le mot sélah n’est qu’une indication de cette sorte, ou s’il n’équivaut qu’à un signe prosodique, à une formule ou à une exclamation pour réclamer l’attention, on se demande pourquoi il se rencontre uniquement dans des pièces lyriques déterminées et pourquoi il y est reproduit un si grand nombre de fois, tandis qu’on ne le lit nulle part ailleurs dans l’Écriture. Au reste, nulle preuve n’est apportée à l’appui de cette assertion, et l’exclamation hâzaq, dans les formules finales des copistes hébreux, , n’a pas d’analogie avec sélah.

2. La clé de l’abréviation de sélah, supposé être un signe acrologique, est proposée de façons multiples. En voici quelques-unes : Sélah Lânû (ou Lî) RaSSém « Le Nom (divin), aide-nous (ou aide-moi) ! » H. Gottlieb Reine. De voce Selah, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxii, p. accxxvij. Plusieurs auteurs se sont ingéniés à découvrir dans l’énigmatique sélah les initiales de mots représentant un verset de l’Écriture, entre autres celui-ci des Nombres : Selah-nâ La’âvôn Ha’âm hazzéh « Remets le péché de ce peuple. » Num., xiv, 19. On peut voir d’autres solutions du problème acrologique dans Noldius, Concordantia particularum hebraicarum, au mot rfiD. Il est difficile d’accepter ces suppositions, dont les unes n’ont aucun rapport avec le texte ou l’exécution des pièces où elles se trouvent, et les autres sont affirmées gratuitement ou manquent de vraisemblance. De plus, les signes et abréviations, fréquents à l’époque talmudique, ne se rencontrent pas dans la Bible elle-même. Nous signalerons toutefois les deux explications suivantes, à cause de leur rapport avec les significations musicales qui seront proposées -ci-après : Sîmdn Luènôt Haqqôl, « signe pour changer de voix » ou de « ton » ; ou bien : Sôb Lëma’âldh, Haisar, « Chantre, élève le ton ».

3° Il nous reste à examiner les arguments de ceux qui considèrent sélah comme une indication musicale. <2’est l’interprétation commune des interprètes grecs et latins, mais ces auteurs sont loin d’être d’accord sur la définition qu’il convient de retenir, et le désaccord entre eux est d’autant plus sensible qu’ils s’efforcent de préciser davantage. Ainsi : — a) parmi les Juifs, quelques rabbins ont accepté, ou du moins mentionné cette première définition musicale : « élévation de la voix », David Kimchi, cit. Mais cet auteur allègue comm&racine Yid, qui grammaticalement aurait donné un dérivé à consonne redoublée. Il conviendrait de se rapporter à tv : d, « élever t. Cf. mâsâh, Rac. ntn, I Par., xv, 27 ; Zach., xii, 1. — 6) D’autre part, n^D, « étendre, prosterner », donnerait t abaissement (de la voix) », d’où, selon Buxtorf, « repos, silence ». Lexic. hebraic., au motnSo. On doit, en effet, comparer nVrf, ~hs, « reposer » ^Lu) et « .1 « c, < être en suspens, attentif, silencieux », et

cette comparaison confirme le sens attribué à sélah ou à sa traduction 81â< ! /oeX(j.a par les interprètes que l’on va citer. Pour saint Grégoire de Nysse, Sii^aly-a est une pause, £irï)pé(iE(j : <. Tract. Il in Ps. x, t. lxix, col. 703, et pour saint Augustin : interpositum in canendo silentium, Enarrat. in Ps. IV, t. xxxvi, col. 80, en opposition avec <TÛ(j.^a).[ia, l’accord des voix et des. instruments. On trouve de même : intervalla psalmorum. J. Meursy, Glossarium grœco-barbarum, au mot Diapsalma. Voir Eusèbe, De diapsalmale, dans Tommasi, cit., t. ii, p. viij ; « division ou coupure >S de la psalmodie, Siaxoitïj Tfj ; i « >.(i<o81 « i ; , Scarlatus de-Byzance, Lêxicon, Athènes, 1852, au mot 81âi)/aX[i.a ; « pause de pseaume, » Glossarium latino-gallicutn^ dans Ducange, Glossarium novum, supplem., t. ii, . Paris, 1766, p. 92 ; ou encore « signe je séparation entre deux versets, servant à faire observer une pause dans la psalmodie et à régler le chant en écoutant les notes musicales. » Voir Lorenzana, Breviarium gothicum, dans Préface. Patr. lat., t. lxxxvi, col. 22 xxi. Ceci semble se rappporter à l’usage moderne ; toutefois H. Estienne avait déjà fourni l’explication de « mélodie musicale », jjiouffixôv (léXoç, d’après Origène, Selecta in Ps., t. xii, col. 1060, qu’il faut rapprocher de l’une des explications données par Euthyme : àva60Xvjv riva xpc’J|xotTO « , « prélude des instruments ». Dans Schleussner, Novus thésaurus sive Lexicon in LXX, Londres, 1822, t. i, p. 597. L’intervalle des repos strophiques pouvait, en effet, être rempli par le jeu des instruments. Voir encore R. Cornely, Introd. spec, t.n, Paris, 1887, p. 95 ; Munk, Palestine, Paris, 1845, p. 457 ; Suicer, Thésaurus ecclesiasticus, t. i, p. 890.

3° D’autres auteurs ajoutent à ces données. Scarlatus de Byzance représente 8tâ<j/a), |ia comme une « exclamation » intercalée dans le psaume : êTnq><iv7)j/.a, za onoiov tyiWtto év rû> (isxaiiù tb xaS’aûrè iWXp.oû. Lexicon. cit. D’après la préface sur les Psaumes, que l’on trouve à la suite des œuvres de saint Jean Chrysostome, c’est un « changement de chœur », t. lx, col. 533 ; ou encore un « changement de mélodie ou de rythme », Origène, dans Pitra, Analecta sacra, Frascati, 1882, t. ii, p. 435 ; voir aussi Théodoret, Prxf. in Ps., t. lxxx, col. 864, 865 ; un « changement de sens et de mélodie », Euthyme, dans Schleussner, loc. cit. /Maxime, Quae.it., xviii, t. xx, col. 800 ; |jiXouç ivaXXocyvi, Suidas, du mot êiâ+aXjjia ; demutationem aut personse aut sensus, sub conversione metri musici. S. Hilaire, Prologus in Ps. xxiii, t. lx, col. 246. Cf. Tractât, in Ps.,

col. 319, 366, 419, 431. Le dîafsalma, )<*.£ » <*} -T

9 = 9 *-a=

| Sft m Qt. « ou diafsalmôn.* <*^ <* » °> - ; , de la

version syra-hexaplaire du Psautier, transcription du mot grec en lettres syriaques, est aussi interprété comme un changement de sens et de mélodie par lelexicographe Barali. Payne Smith, Thésaurus syriacus, col. 871, 882, 889. D’après Bar Bahlul, c’est « le changement d’une voix (ou d’un ton) à un autre, » ou un intermède, une sorte de refrain, ûnità. Voir Refrain, col. 1016 ; R. Duval, Lexicon syriacum, auctore H. Bar-Bahlule, Paris, 1890, p. 557.

III. Signification de sélah. — Ces dernières citations nous amènent à établir d’une manière très vraisemblable la signification de sélah et diapsalma comme une indication musicale destinée à marquer les repos et à diviser les strophes : è7TY)pl|iÈ<xe{, intervalla, êiocxoroj. Dans la musique arabe, les strophes ou lesincises du chant sont coupées par de longues pauses, que remplissent au besoin un intermède instrumental ou une sorte de vocalise fredonnée, ou bien des exclamations ou des soupirs. La tradition juive elle-même prouve que les chanteurs du Temple séparaient par

des intervalles les divisions des psaumes. Thamid, 7. « Les trois psaumes intermédiaires du chant [du sacrifice ] étaient remplis chacun par trois sonneries de trompettes, en tout neuf sonneries. » J. Weiss, Die musikalischen Instrumente in den heiligen Schriften des A. T., Graz, 1895, p. 98. Cette signification ressort des racines^Lm, ^L*o, nbD, aho, nbur, « repos, silence, abaissement de la voix », indiquées ci-dessus, et la traduction des Septante, 8tài|/aX(jia répond à ce sens d’une manière très suffisante, sans qu’il soit nécessaire de recourir aux corrections Si, i(o<>{’oiX|j.a, « à chanter deux fois », àvâil/a>(/.a, « à chanter à nouveau », proposées à titre de conjecture par Meibomius (Schleussner, Thesaurus, loc. cit.), et qui équivaudraient à notre signe « bis » ; et l’on peut considérer 81âi|/aXu.a comme synonyme de (ôia)J/ » )Xd(9vi|xa ( « pi ! ), « tact » ). Voir Vincent, Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, … publiés par l’Institut de France, t. xvi, I’e partie : Notice sur divers manuscrits grecs relatifs à la musique, note 0, p. 218. Il désigne ainsi l’interlude, ixouaixbv jiiXoci xpoOfia, la vocalise, l’exclamation ou îe refrain, èraçivvima, ’ûnî(â, exécuté pendant l’interruption momentanée du chant entre les strophes, après quoi la strophe suivante était reprise, soit par les mêmes chanteurs, soit par un chœur alternant. Ainsi s’expliquent d’autre part les traductions aXXw, XÔpw, … Stafiox* ! T °û i>oi).o), demutatio personse, et aussi, jusqu’à un certain point, piéXouî ou puOjjtoû H£-agoX/|, conversione modi musici, y.e.zâêa.o(i. L’unité de composition du psaume ou de l’ode n’exige pas nécessairement que le mètre, le rythme et la mélodie soient les mêmes pour toute une pièce ; ces éléments peuvent varier, à titre exceptionnel. En fait les chants orientaux sont construits parfois sur différents rythmes, et assez souvent, malgré un même rythme, sur des mélodies différentes. Voir J. Parisot, Rapport sur une mission scientifique en Turquie d’Asie, dans les Nouvelles archives des Missions scientifiques et littéraires, 4. ix, Paris, 1899, n. 238, 257, 284, 289 ; t. x, p. 209222. Voir aussi Id., Note sur un très ancien document liturgique, dans la Science catholique, 1890, p. 250. Cette ritournelle instrumentale pouvait être remplacée par un trait mélodique exécuté avec la voix, faisant suite à la mélodie de la strophe chantée. L’usage des instruments de musique était exclu de la synagogue et ne passa pas dans le service ancien de l’Église. C’est pourquoi le diapsalma, s’il était autre chose qu’une pause, ne pouvait représenter ici qu’une mélodie vocale. Mais la substitution à cette modulation sans paroles de la reprise par l’assistance d’un mot ou d’un texte, faisait de cet intermède un refrain, lequel est devenu l’antienne de la psalmodie ecclésiastique.

Par analogie avec les autres termes musicaux employés dans la Bible, sélah ne se lit que dans le Psautier et au cantique d’Habacuc. Il manque totalement au quatrième livre des Psaumes dans le texte hébreu et ne se présente que quatre fois dans le cinquième. Cette anomalie s’explique de la même manière que l’absence aux mêmes livres du Psautier d’une autre indication musicale lamnaséah, qui par contre se trouve fréquemment dans les autres livres, voir Chef des chanteurs, t. ii, col. 646 ; par le fait que la collection des cinq livres des Psaumes n’a pas été faite dans les mêmes circonstances de temps et de lieu. Quant à l’usage de cette indication dans la Bible, il faut reconnaître que, laissée de côté ou employée arbitrairement par les copistes ou les traducteurs, à mesure que les traditions musicales et la signification des termes spéciaux tombaient dans l’oubli, non seulement elle ne marque plus exactement les divisions strophiques, mais encore elle se lit parfois à contre-sens. Voir Ps. lv (liv), 20 ; lvii (lvi), 4 ; lxvii (lxvi), 2 ; lxxxvh (lxxxvi), 6 ; Hab, iii, 3, 9.

Conclusion. — Sélah doit être considéré comme une sorte de rubrique musicale, destinée à marquer les divisions des strophes et les pauses du chant psalmique, pauses remplies, dans la liturgie du Temple, par le jeu des instruments, et au défaut de ceux-ci par une modulation vocale ou un refrain. Dans la liturgie chrétienne, le diapsalma servit à la division des psaumes en sections. Il n’en est pas fait usage dans la psalmodie romaine. J. Parisot.

SÉLA’HAM-MAHLEKÔT.nom hébreu du rocher appelé par les Septante raTpà ^|j.Epitj6eï17° et par la Vulgate : Petra dividens. I Sam. (Reg.), xxiii, 28. Voir Pierre 5, 3°, col. 415.

    1. SELAHI##

SELAHI (hébreu : Seilkî ; Septante : SaXî), père de la reine Azuba, qui fut la mère de Josaphat, roi de Juda. II Par., xx, 31. Voir Azuba 1, t. i, col. 1311.

SÉLAi’TES (hébreu : haS-Ëêldnî ; Septante : ô Sr ; -Xwvi), descendants de Séla, fils de Juda et petit-fils de Jacob. Num., xxvi, 20. Voir SélaI.

    1. SELCHA##

SELCHA (hébreu : Salkâh ; Septante : ’EXxâ-SeXà), ville de la tribu de Gad. Deut., iii, 10 ; I Par., v, 11. Ce nom est écrit ailleurs Salécha. Voir Salécha, col. 1369.

    1. SELDEN John##

SELDEN John, jurisconsulte et érudit protestant anglais, né à Salvington, dans le comté de Sussex, le 16 décembre 1584, mort le 30 novembre 1654. Il fut un des hommes les plus instruits de son temps dans les antiquités sacrées et profanes. Il publia de nombreux ouvrages écrits eri-latin et en anglais. Après sa mort, Wilkins recueillit ses Opéra omnia, 3 in-f », Londres, 1726, parmi lesquelles on remarque : De diis Syris syntagmata duo (1617), sur les fausses divinités adorées en Syrie et mentionnées dans l’Écriture ; De successione in bona defuncti ad leges Ebrseorum, publié en 1631 ; une nouvelle édition de cette œuvre imprimée en 1636 contenait en plus De successione in pontificatum Ebrseorum, et le tout fut retouché dans une autre édition en 1638 ; De jure naturali et gentium juxta disciplinant Ebrssorum libri septem, 1640 ; Vxor hebraica ; seude nuptiis et divortiis ex jure civili, id est, divino et talmudico, veterum Ebrœorum 1res libri, 1646 ; De synedriis et prsefecturis juridicis veterum Ebrseorum, 1650. Il y a accepté avec trop de crédulité les dires des rabbins. La plupart de ces ouvrages sont à V Index. On trouve sa biographie dans l’édition de ses Œuvres par Wilkins.

SÉLÉB1N (hébreu : Sa’âlbîn ; Septante : SaXaiuV), ville de la tribu de Dan. Jos., xix, 42. Son nom est écrit ailleurs Salébim. Jud., i, 35 ; III Reg., iv, 9. Voir col. 1369.

    1. SÉLEC##

SÉLEC (hébreu : Séléq ; Septante : EeXt), I Par., Xi, 39), Ammonite (Vulgate : de Ammoni, dans II Reg. (Sam.), xxiii, 27), un des vaillants soldats de David, II Reg. (Sam.), xxiii, 27 ; I Par., xi, 39.

    1. SÉLÉMIA##

SÉLÉMIA, SÉLÉMIAS (hébreu’: Sélémydhû ; dans Jer., xxxvii, 4, 13 ; I Esd., x, 39 ; II Esd., iii, 30 ; sin, 13, Sélémyâh, « récompensé par Yah » ; Septante : SeXejiïai ; , 2eXe|xi’a), nom, dans le texte hébreu, de neuf Israélites. Dans la Vulgate, le nom de deux d’entre eux est écrit Salmias, I Esd., x, 39 (voir col. 1379), et Sélémiaû, I Esd., x, 41.

1. SÉLÉMIA, portier du Temple de Jérusalem. I Par., xxvi ; 14. Il est appelé ilésélémia I Par., xxvi, 1, 2, t. iv, col. 1021 ; Mosollamia, I Par., ix, 21, t. iv, 4579

SÉLÉMIA — SELEUCUS I er NIGATOR

1580

col. 1323 ; et aussi, d’après plusieurs, Sellura, I Par., IX, 17, 31 ; I Esd., ii, 42 ; x, 24 ; II Esd., vii, 45. Voir Sellum 9, col. 1585. Cf. Mésélémias, t. iv,-col. 1021.

2. SÉLÉMIAS, père d’Hananias, qui rebâtit une partie des murs de Jérusalem du temps de Néhémie. II Esd., m, 30. Voir Hananias 6, t. iii, col. 415.

3. SÉLÉMIAS, prêtre qui fut chargé avec quelques autres par Néhémie de la garde des greniers ou magasins qui contenaient les dîmes de froment, de vin et d’huile offertes par les Israélites. II Esd., xiii, 13.

4. SÉLÉMIAS, fils de Chusi et père de Nathanias. Jer., xxxvi, 14. Voir Nathanias 3, t. iv, col. 1484.

5. SÉLÉMIAS, fils d’Abdéel, un des personnages qui furent chargés par le roi Joakim d’arrêter Baruch et le prophète Jécémie qu’ils ne trouvèrent point. Jer., xxxvi, 26.

6. SÉLÉMIAS, père de Juchai, qui vivait du temps du prophète Jérémie, xxxvii, 3 ; xxxviii, l. Voir Juchal, t. iii, col. 1755.

7. SÉLÉMIAS, fils d’Hananias et père de Jérias. Ce dernierjarrêta Jérémie sortant de Jérusalem. Jer., xxxvii 12. Voir Jérias, t. iii, col. 1281.

    1. SÉLÉMIAU##

SÉLÉMIAU (hébreu : Sélémyâhû ; Septante : 2e).e[ifa), descendant de Bani. Il avait épousé une femme étrangère. Esdras le força à la répudier. I Esd., x, 41.

    1. SELÉMITH##

SELÉMITH (hébreu : Selômôf fkerî : Selômif] ; Septante : SaXo>|xto6), lévite, descendant d’Éliézer et de Moïse. Sous le règne de David, il fut chargé avec ses frères de la garde des trésors des choses saintes. Son père s’appelait Zéchri. I Par., xxvi, 25, 26, 28.

    1. SÉLEPH##

SÉLEPH (hébreu : Sâlâf ; Septante : 2e)io), père de Hanun. Ce dernier vivait du temps d’Esdras et fut un de ceux qui travaillèrent au relèvement des murs de Jérusalem. II Esd., iii, 30.

    1. SÉLÉTHAI##

SÉLÉTHAI (hébreu : SUfaï ; Septante : S « >a6î), le cinquième fils de Séméi, de la tribu de Benjamin, un des chefs de famille qui habitèrent Jérusalem. lPar., viii, 20. -’-Un autre Israélite qui porte en hébreu le même nom est appelé parla Vulgate Salathi. Voir Salathi, coi. 1368.

SÉLEUCIDES. On donne ce nom à la dynastie royale fondée par Séleucus, un des généraux d’Alexandre le Grand. Elle régna depuis l’an 312 jusqu’à l’an 65 avant J.-C. Antioche fut la capitale du royaume des séleucides. L’étendue de ce royaume varia aux diverses époques de son histoire. La Palestine en fit partie pendant un certain temps, et les Juifs adoptèrent l’ère dite des Séleucides qui est usitée dans les livres des Machabées. Voir Ère des Séleucides, avec la chronologie des rois de cette dynastie, t. ii, col. 1906-1908. Les rois séleucides nommés par leur nom ou désignés sans être nommés expressément dans l’Ecriture sont : Séleucus I er Nicator, Antiochus II Théos, Séleucus II Callinicus, Séleucus III Céraunus, Antiochus 1Il le Grand, Séleucus IV Philopator, Antiochus IV Épiphane, Antiochus V Eupator, Démétrius I er Soter, Alexandre I er Bala, Démétrius II Nicator, Antiochus VI Dionysios » Tryphon et Antiochus VII Sidétes. Voir ces noms. — Voir Reineccius, Familiæ Seleucidarum, in-8°, Wittemberg, 1571 ; FayVaillant, Seleucidarum Imperium, 2e édit., La Haye, 1732 ; Frœlich, S. J., Annales compendiarii regum et rerum Syrise nummis veteribus illttslrati, Vienne, 1744 ; Id., De fontibus historiés Sy rise in libros Machabœorum Prolusio in examen vocata, Vienne, 1746 (contre E. F. Wernsdorff, Prolusio de fontibus historiée Syrise in libris Machabseorum, Leipzig, 1746) ; P. Gardner, Catalogue of Greek Coins. The Seleucid Kings of Syria, in-8°, Londres, 1878 ; E. Babelon, Les rois de Syrie, in-4°, Paris, 1890 ; J. N. Strassmaier, Einige chronologischen Daten aus astronomischen Bechnungen, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. vii, Berlin, 1892, p. 201-202 ; E. R. Bevan, The House of Séleucus, 2 in-8°, Londres, 1902 ; B. Niese, Geschichte der griechischen und makedonischen Staaten aus der Schlacht bei Cheronsea, 3 in-8°, Gotha, 1893-1903 ; Kærst, Geschichte des hellenistischen Zeitalters, in-8°, Leipzig, 1901.

F. Vigotjroux.

    1. SÉLEUCIE##

SÉLEUCIE (grec : 2e>eûxeia), ville de Syrie (iig. 338). Elle reçut son nom de son fondateur, Séleu 338. — Monnaie de Séleucie Piéria. Tète laurée d’Auguste à droite. — fi). ZEAETKEQN THS IEPAS KAI ArTOKOMOr. Foudre posé sur un coussinet muni de bandelettes que supporte un trône.

eus I er Nicator, qui la construisit presque en même temps qu’Antioche, sa capitale, afin qu’elle lui servît de port de mer, en 300 avant J.-C, non loin et au nord de l’embouchure de l’Oronte. Pour la distinguerde plusieurs autres villes qui portèrent également le nom de Séleucie, on l’appela aussi Seleucia ad Mare, î] 7tapa8a).auo-ca, I Mach., xi, 8, à cause de sa situation sur la Méditerranée, et Seleucia Pieria, à cause du voisinage du mont Piérius. C’était une place très fortequi n’était facilement accessible que par la mer, et sa position entre Cypre, la Cilicie et la Phénicie, aux portes d’Antioche, en avait fait un centre de commercetrès important sous la domination des Séleucides et puis des Romains. C’était pour elle la source degrandes richesses et elle fut remarquable parla beautéde ses monuments. Elle comprenait la ville commerçante, la ville royale, la forteresse et une nécropole taillée dans le roc avec de nombreux tombeaux. Sous ladomination romaine, elle devint ville libre, urbs libéra. Pline, H. N., v, 18. Elle fut prise par le roi d’Egypte Ptolémée Évergète, I Mach., xi, 8, mais reconquise par-Antiochus Épiphane. Elle tomba au pouvoir des Romains en 64 avant J.-C. et continua à être très florissante sous leur administration. Saint Paul s’y embarqua avec Barnabe à son premier voyage de mission pour l’île de Cypre. Act., xiii, 4. Elle conserva de l’importance jusqu’au vie siècle de notre ère. On n’en voit plus que les ruines au nord-ouest du port de Soueidiéh, près du village de Kepse. F. Vigodroux.

    1. SÉLEUCUS##

SÉLEUCUS (grec : Eêàe-j^oc), nom de plusieurs rois de Syrie. Voir Séleucides. Un seul, Séleucus IV Philopator, est désigné nommément dans l’Écriture, , mais trois autres, Séleucus I", II et III, sont prophétisés par Daniel.

1. SÉLEUCUS I er NICATOR, fondateur de la dynastie des Séleucides (fig. 339). Il était né en 354 avant J.-C. et fut d’abord un des lieutenants d’Alexandre le Grand. A la mort du conquérant, il reçut seulement, en 323, le commandement de la cavalerie alliée, mais s’étant 1581

SÉLEUCUS 1° NICA.TOR — SELEUCUS IV PHILOPATOR

1582

uni avec Antigone, surnommé le Cyclope, qui avait obtenu le gouvernement de la Lydie, de la Phrygie et de la Pamphylie, et qui disputait à Perdiccas la puissance suprême, il réussit à obtenir la province de Babylonie (320), après la défaite d’Eumène, qui combattait pour la cause de Perdiccas. Il la perdit cependant en 315, mais il la recouvra après avoir remporté une victoire à Gaza (312) et obtint en plus en 3Il l’Assyrie et la Médie, et ensuite la Perse et la Bactriane jusqu’à l’Indus à l’est. Il prit le titre de roi en 306. Le gain de la bataille d’Ipsus en 301 lui valut la confirmation de ce titre et la possession de la Syrie, de la Phrygie, de l’Arménie et de la Mésopotamie. La défaite de Lysimaque en 282 à Cyropédion lui permit d’ajouter à son empire la Macédoine, la Thrace et ce qu’il n’avait pas

S39. — Tétradrachme de Séleucus Ie’Nicator. Tête de Zeus laurée, â droite. — ù) dæiæqs | ERAErKOr. Athénê brandissant un foudre, debout, sur un cbar traîné, à droite, par quatre éléphants cornus. Dans le champ, une ancre, le monogramme À et la lettre O.

encore de l’Asie Mineure. Sept mois après, il fut assassiné par Ptolémée Céraunus, fils de Ptolémée I er, qu’il avait reçu à sa cour. — Daniel, xi, 5, avait prédit la grande puissance que devait acquérir Séleucus I er : « Le roi du midi (d’Egypte), avait-il dit, deviendra fort, mais un de ses princes (Séleucus I er) sera plus fort que lui et dominera ; sa domination sera puissante. » Le royaume de Syrie fut en effet le plus fort de ceux qui furent fondés par les successeurs d’Alexandre. Il faut observer du reste que tous les interprètes n’appliquent pas à Séleucus I er les paroles de Daniel, mais à quelqu’un de ses successeurs. Voir Trochon, Daniel, 1882, p. 231. — Séleucus avait été un grand roi. Il avait donné à son royaume Antioche pour capitale, fondé ou agrandi beaucoup de villes, Séleucie, Apamée sur l’Oronte, Laodicée, Édesse, Bérëe. Il établit des Juifs à Antioche et dans plusieurs des autres villes qu’il avait élevées et leur conféra le droit de cité. Josèphe, Anl. jud., XII, iii, 1 ; Cont. Apion., ii, 4.

2. SÉLEUCUS II CALLINICUS (le Victorieux), troisième roi de Syrie, 246-226 avant J.-C. (fig. 340), fils

340. — Tétradrachme de Séleucus II Callinicus. Tète de Séleucus, à droite, diadémée. — r$. BASlAEQE||£E.Er-KOr. Apollon, nu, debout, à gauche, tenant une flèche et s’accoudant sur un trépied surmonté de la cortine. Dans le champ, deux monogrammes.

d’Antiochus II Théos et deLaodice. Celle-ci était sœur d’Antiochus II. Son frère la répudia en 250 pour épouser Bérénice, fille de Ptolémée II, roi d’Egypte.

Après la mort de Ptolémée, Antiochus II rappela Laodice, mais irritée contre son mari et voulant protéger ses deux fils Séleucus II et Antiochus Hiérax contre un nouveau caprice possible de leur père, elle l’empoisonna. Séleucus II monta sur le trône de son père et fit assassiner Bérénice et son fils. Le roi d’Egypte, Ptolémée III Evergète, voulut venger sa sœur : il envahit la Syrie et fit périr Laodice en 240. Daniel, xi, 7-9 ; avait prophétisé les victoires de Ptolémée III. Voir Ptolémée 3, col. 849. Ce roi avait pris Séleucie qui resta assez longtemps au pouvoir des Égyptiens. Séleucus II chercha plus tard à prendre sa revanche et entreprit une expédition contre l’Egypte, mais sa tentative échoua. L’empire séleucide se démembra sous son règne : Antiochus Hiérax, son frère, se créa un royaume en Asie Mineure ; la Perse reprit son indépendance sous Arsace : la Bactriane sous Théodote. Il fut enfin vaincu par les Parthes et mourut, dil-on, prisonnier, mais la fin de son règne est mal connue.

3. SÉLEUCUS lil CÉRAUNUS (le Foudre), quatrième roi de Syrie, 226-222 avant J.-C. (fig. 341), fils de Sé 341. — Monnaie de Séleucus III Céraunus. Tête diadémée de Séleucus III Céraunus, avec des favoris. — ft). BASIAEQS lEAErKOr. Apollon, nu, la tête laurée, assis à gauche sur l’omphalos, sa chlamyde sous lui et ramenée sur la jambe droite. Ses cheveux, relevés en chignon, retombent en tresse sur ses épaules. Dans la main droite étendue il tient une flèche et de l’autre il s’appuie sur son arc posé à terre. Dans le champ, deux monogrammes.

leucus II et frère d’Antiochus III le Grand. Daniel, xi, 10, dit en parlant des deux frères’: « Ses fils (de Séleucus II) se mettront en campagne contre l’Egypte. » Séleucus III, d’après ce que l’on sait de son court règne, ne combattit pas directement contre l’Egypte, mais il fit contre l’Asie Mineure une expédition qui peut être considérée comme le commencement de la guerre égyptienne. Il périt empoisonné par deux de ses officiers au cours même de son expédition asiatique. Voir Trochon, Daniel, in-8°, Paris, 1882, p. 233.

. 4. SÉLEUCUS IV PHILOPATOR, roi de Syrie, 187175 avant J.-C, fils d’Antiochus III (fig. 342). Il est le seul des Séleucus désigné par son nom dans l’Écriture. I Mach., vii, 1 ; II Mach., iii, 3 ; iv, 7 ; v, 18 ; xiv, 1. Daniel, xi, 20 (d’après le texte hébreu), résume ainsi son règne sans le nommer : « Celui qui le remplacera (Antiochus III) fera venir un exacteur (Héliodore) dans la gloire du royaume (la Palestine), et en quelques jours il sera brisé et ce ne sera ni par la colère ni par la guerre. » La traduction de la Vulgate ne rend pas exactement la première partie du texte original : « Un homme très vil et indigne de la majesté royale s’élèvera à sa place et en peu de jours il sera brisé, non par la colère ni dans le combat. » Le qualificatif « très vil » n’est ni dans l’hébreu ni dans les Septante. Le peu de jours qui suffirent pour le briser ne doit pas s’entendre de la durée totale de son règne, qui fut de douze ans, mais du temps qui s’écoula entre le pillage du Temple de Jérusalem, lequel devait le rendre particulièrement odieux aux Juifs, et son assassinat. Le premier livre des Machabées, vii, 1 ; et II Mach., xiv, 1, 1e nomment seulement comme père de Démétrius I er Soter ; mais II Mach., raconte en détail l’acte de cupidité qui avait si profondément blessé tout Israël. Séleucus IV, accablé sous le poids du tribut que les Romains avaient imposé à son père, I Mach., viii, 7, cherchait partout avec rapacité à ramasser de l’argent. Il avait d’abord, sous le pontificat d’OniasIII, contribué aux dépenses des sacrifices offerts dans le Temple. II Mach., iii, 3. Plus tard, à l’instigation

342. — Tétradrachme de Séleucus IV Philopator. Tète de Séleucus à droite diadémée. — r). BAEIAEQS EEAEr-Kor. - Apollon, nu, assis à gauche, les cheveux relevés en chignon, la main droite tenant une flèche, la gauche appuyée sur un arc. Dans le champ à gauche, une palme et une couronne.

d’Apollonius, gouverneur de la Cœlésyrie, voir Apollonius 4, 1. 1, col. 777, il envoya Héliodore à Jérusalem pour en piller le trésor sacré, mais une intervention miraculeuse empêcha son envoyé d’accomplir sa mission. II Mach., iii, 4-40 ; v, 18. Plus tard, Séleucus IV périt assassiné par cet Héliodore. Appien, Syriac. 45. Voir Héliodore, t. iii, col. 570-571. À part cette tentative de rapine, il s’était montré bienveillant pour les Juifs, dans l’espoir sans doute de s’en faire des auxiliaires contre les Ptolémées d’Egypte.

F. Vigouroux.

    1. SÉLIM##

SÉLIM (hébreu : Silhîm ; Septante : Sa).vi), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 32. Elle apparaît sous le nom de Sarohen dans Jos., xix, 6, et de Saarim dans I Par., iv, 31. Voir Sarohen, col. 1492 ; Saarim, col. 1284.

1. SELLA (hébreu : Silldh ; Septante : EeXXâ), seconde femme de Lamech. Gen., IV, 19. Elle fut la mère de Tubalcaïn et de Noéma, j>. 22. La Genèse, i. 23-24, a conservé un chant adressé par Lamech à ses deux femmes. Voir Lamech, 1, t. iv, col. 41.

2. SELLA (hébreu : Silld’; - Septante : SeXâ). Le roi de Juda, Joas, fut assassiné par Josachar et Jozabad, ses serviteurs, « dans la maison de Mello, qui est à la descente de Sella. » IV Reg., xii, 20. Le site est incertain. Voir Mello 2, t. iv, col. 948.

    1. SELLAI##

SELLAI (hébreu : Sallaï), nom de deux Israélites.

1. SELLAI (Septante : E » |AÉ), un des chefs benjamites qui s’établit à Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone avec 928 Israélites de sa tribu. II Esd., xi, 8.

2. SELLAÏ (Septante : EaXa’i), un des chefs des prêtres qui retournèrent en Palestine avec Zorobabel. II Esd., xii, 20. Au j>. 6 (hébreu, 7), il est appelé Sellum.

    1. SELLE DE CHAMEAU##

SELLE DE CHAMEAU (hébreu : kar hag-gâmâl ; Septante : aâ-(La-ca. tï, ç xaiiïjXov ; Vulgate : stramenta cameli), appareil à l’usage des femmes qui voyagent à dos de chameau. Voir t. ii, fig. 179, col. 523. Cette selle

ne se compose pas seulement de tapis, comme le dit la Vulgate ; ce sont des <sâyy.aT a, tout un attirail permettant d’être assis commodément et peut-être aussi à l’abri du soleil. En Perse, en Egypte, on se sert de selles de ce genre. À des espèces d’anneaux fixés de chaque côté, sont attachés des rideaux qui dérobent la voyageuse aux regards et la préservent de la chaleur. Cf. Kœmpfer, Amœnitat. exolic, Lemgow, 1712, p. 724 ; Rosenmûller, In Gènes., Leipzig, 1795, p. 275. — Quand Laban poursuivit Jacob et ses filles, il réclama ses téraphim qu’on lui avait dérobés. Rachel les avait emportés, en effet, et les avait cachés dans son kar. Cette selle ne comportait vraisemblablement pas de pavillon, car on l’avait mise dans la tente de Rachel qui s’était assise dessus. Mais le siège avait assez d’ampleur pour qu’à l’intérieur on pût cacher certains objets. En tous cas, ce n’était pas une selle plate ou pleine, comme celle qui servait pour les chevaux. Gen., xxxi, 34, 35. On mettait aussi des selles aux chameaux pour leur faire porter des fardeaux, mais il n’en est pas question dans la Bible.

H. Lesêtre.
    1. SELLEM##

SELLEM (hébreu : Sillêm ; Septante : SeXXyJu.), quatrième et dernier fils nommé de Nepthali, chef de la famille des Sellémites, petit-fils de Jacob. Num., xxvi, 49. Son nom est écrit Sallem (col. 1374), Gen., xlvi, 24, et Sellum, I Par., vii, 13.

    1. SELLÉMITES##

SELLÉMITES (hébreu : has-Sillêmî ; Septante : h SeXXr]u, i), descendants de Sellem. Num., xxvi, 49.

    1. SELLÉS##

SELLÉS (hébreu : Sêlés ; Septante : EeXXr, ; ), le troisième (d’où peut-être son nom) des quatre fils d’Hélem, delà tribu d’Aser. I Par., vii, 35.

    1. SELLUM##

SELLUM, nom dans la Vulgate de quinze Israélites. Le nom de Sellum 13, 14, 15 est écrit différemment en hébreu.

1. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : Ee).).o-V), roi d’Israël (772). Zacharie, fils de Jéroboam II, régnait depuis six mois à Samarie, lorsque Sellum, fils de Jabès, le frappa à mort devant le peuple, à la suite d’une conspiration, et occupa le trône à sa place, la trenteneuvième année d’Ozias, roi de Juda. Il ne régna qu’un mois et subit lui-même le sort qu’il avait infligé à son prédécesseur. Il fut assassinée Samarie par Manahem, fils de Gadi, qui prit sa place. IV Reg., xv, 10-15. C’est tout ce que l’on sait de Sellum. Osée, vil, 3-7, fait allusion au règne sanglant et rapide de Sellum. Cf. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908,

p. 72.
H. Lesêtre.

2. sellum (hébreu : Sallûm ; Septante : SeaXoûuJ, le plus jeune fils de Nephthali. I Par., vii, 13. Il est appelé Sallem, Gen., xlvi, 24, et Sellem, Num., xxvi, 49. Voir Sellem.

3. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : 2eXX>î[i), fils de Thécua, mari de la prophétesse Holdah, du temps du roi Josias. Il était gardien des vêtements sacerdotaux. IV Reg., xxii, 14 ; II Par., xxxiv, 22. Plusieurs croient qu’il est le même que l’oncle de Jérémie de ce nom. Jer., xxxii, 7.

4. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : EaXoûp), fils de Sisamoï et père d’Icamia, de la tribu de Juda, descendant de Sésan. I Par., Il, 40-41.

5. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SaXotifi), fils de Joas, roi de Juda. I Par., iii, 15 ; Jer., xxil, 11. Il fut roi de Juda, sous le nom de Joachaz. Voir Joachaz 2, t. iii, col. 1549. 1585

SELLUM _ SEM

1586

6. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SœXén), fils <ie Saiil et père de Mapsam, de la tribu de Siméon. I Par., iv, 25.

7. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SaXcôp.), fils de Sadocet père d’Helcias, de la descendance d’Aaron, et grand-prêtre. I Par., vi, 12-13. Il est appelé Mosollam, I Par., ix, 11 ; II Esd., xi, 11. Voir Mosollam 6, t. iv, col. 1321. Cf. Grand-prêtre, t. iii, col. 305, n° 26. Il fut un des ancêtres d’Esdras le scribe. I Esd., vu, 27.

8. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SocV^p.), lévite, fils de Coré, chef des portiers chargés de la garde du sanctuaire du temps de David. I Par., ix, 17, 19, 31. C’est vraisemblablement le même dont les descendants retournèrent de la captivité de Babylone à Jérusalem avec Zorobabel. I Esd., Il, 42 ; II Esd., vii, 46.

9. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SeXXrm), père d’Ezéchias l’éphraïmite. Il Par., xxviii, 12. Voir ëzéchias 3, t. ii, col. 2148.

10. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : So).^), lévite, un des portiers du temple de Jérusalem qui fut obligé du temps d’Esdras de renvoyer la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 24.

11. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : SeXXouja), prêtre de la descendance de Bani qui avait épousé unefemme étrangère. Esdras l’obligea à la renvoyer. I Esd., x, 42.

12. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Septante : EaXXoûy.), fils d’Alohès. Du temps de Néhémie, il rebâtit avec ses filles une partie des murs de Jérusalem. Il est appelé « hef de la moitié du district (hébreu : pélek) de Jérusalem. II Esd., iii, 12.

13. SELLUM (hébreu : Sallûm ; Se])lante : EaXa>|i<iv), fils de Choloza, chef d’un district (hébreu : pélek) de Maspha, travailla du temps de Néhémie à la reconstruction de Jérusalem. Il répara la porte de la Fontaine (voir Jérusalem, plan, au sud-est, fig. 249, t. iii, col. 13554356) et fit le mur de l’étang de Siloé. II Esd., iii, 15.

14. SELLUM (hébreu : Sallu’; Septante : Sr^ti), benjamite, fils de Mosollam, qui s’établit à Jérusalem au retour de la captivité de Babylone. II Esd., XI, 7. La Vulgate écrit son nom Salo. I Par., IX, 7. Voir Salo, col. 1379.

15. SELLUM (hébreu : Sallû ; Septante : SaXo-j), prêtre qui retourna de captivité en Palestine. II Esd., -xii, 6 (hébreu, 7). Au y. 20, il est appelé Sellai. Voir "Sellai 2, col. 1583.

    1. SELMAI##

SELMAI (hébreu : Salmâï ; Septante : SsXtisi), un des chefs des Nathinéens dont les descendants retournèrent de la captivité de Babylone avec Zorobabel. II Esd., vu, 48. Dans I Esd., ii, 46, la Vulgate écrit son nom "Semlaï.

1. SELMON (hébreu : Salmôn ; Septante : ’EXXwv), Ahonite (voir t. i, col. 296), un des vaillants guerriers de David. II Sam. (Reg.), xxiii, 28. Dans I Par., xi, 29, il est appelé Haï. Voir Ilaï, t. iii, col. 841.

2. SELMON (hébreu : Salmôn ; Septante : EsXpLciv ; Alexandrinus et manuscrit du Vaticanus : ’Epu.wv), montagne boisée des environs de Sichem où Àbimélech coupa les branches d’arbre qui lui servirent à mettre le

feu à la tour de Sichem, faisant ainsi périr mille personnes qui s’y étaient réfugiées. Jud., ix, 48. Voir Abimélech 3, 1. 1, col. 57. On donne aujourd’hui le nom de Suleimiyéh à la partie sud-est du mont Ilébal. Voir Rosen, Zeitschrift der deutschen morgenlàndischen Gesellchaft, t. xiv, p. 634. — Le nom de Selmon se retrouve dans un passage difficile du Ps. Lxvii (hébreu lxviii), 14, qu’on interprète diversement. On peut traduire le texte hébreu : « Quand le Tout-Puissant dispersa les rois, la terre devint blanche comme la neige du Selmon. » L’événement auquel le Psalmite fait allusion est incertain ; une des explications qui paraissent les plus vraisemblables de la métaphore de la neige est que les osssements desséchés des ennemis vaincus blanchirent le sol comme la neige sur le Selmon. Cf. JEn., XII, 36 : campi ossibus albent ; Ovide, Fast., i, 558 ; humants ossibus albet humus. Certains interprètes placent le Selmon du Psalmiste dans le pays de Basan, où Ptolémée, v, 15, mentionne le mont Asalmanos et voient dans ce paysage une allusion à une victoire remportée sur Og, roi de Basan, à l’entrée des Hébreux dans la Terre Promise. Voir H. Guthe, Kurzes Bibelwôrlerbuch, 1903, $.738.

    1. SELOMITH##

SELOMITH (hébreu : Selômît ; Septante : 2eÀiu.oû8), chef de famille dont les descendants, au nombre de cent soixante hommes, retournèrent en Palestine avec Esdras sous là conduite de Josphia. I Esd., viii, 10. La leçon des Septante est différente. Voir Josphia, t. iii, col. 1684. — D’autres personnes portent en hébreu le même nom. Voir Salomith, col. 1382.

    1. SELSAH##

SELSAH, localité de la frontière méridionale de la tribu de Benjamin. Samuel dit à Saùl cherchant les ânesses de son père : « Quand tu m’auras quitté, tu trouveras deux hommes près du tombeau de Rachel à Selsa/f. » Les Septante ont traduit Selsah par àXXo(j.évooç HeydXa, « courant vite » ; Vulgate : inmeridie, « aumidi ».

I (Reg.) Sam., x, 8. Le tombeau de Rachel se trouve sur la route de Jérusalem à Belhléhem, non loin de cette dernière ville. Voir B. Meistermann, Nouveau Guide de Terre Sainte, 1907, p. 209. Certains commentateurs placent Selsah au village actuel de Beit Djala, mais les opinions sont très partagées sur ce point ; l’exacte correction du texte actuel est révoquée en doute et la diversité des traductions anciennes rend bien difficile de trancher le problème. "VoivZeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. IV, p. 249.

SEM (hébreu : Sêm, « nom » ; Septante. 2ïj|i), fils de Noé. Gen., v, 32. Il se maria à l’âge de 98 ans et, au moment du déluge, il n’avait pas encore d’enfant.

II entra dans l’arche avec sa femme, son père, ses frères et ses belles-sœurs et quand la terre fut desséchée et qu’il fut sorti de l’arche, il reçut la bénédiction de Dieu en même temps que son père et ses frères. Gen., ix, 1. À l’âge de cent ans, il eut un fils appelé Arphaxad et plus tard d’autres enfants. Gen., xi, 10. Le respect qu’il témoigna pour son père que l’ivresse avait fait tomber dans un état de sommeil indécent, lui valut la bénédiction du patriarche, qui bénit aussi son autre fils Japhet, mais maudit Cham avec Chanaan, fils de ce dernier, parce qu’ils l’avaient tourné en dérision. Gen., ix, 20-28. Sem mourut à l’âge de 600 ans, xi, 10-11. Parmi ses nombreux descendants, x, 21-31 ; xi, 10-26, se trouve Héber, père des Hébreux, ancêtre d’Abraham et de Notre-Seigneur Jésus-Christ. La plupart des commentateurs ont cru que Sem était le fils aine de Noé, parce qu’il est nommé le premier, avant Cham et Japhet, ses frères, Gen., v, 31 ; vi, 10 ; vii, 13j îx, 18, 23 ; xx, 1 ; quelques-uns cependant soutiennent que c’est seulement par honneur qu’il est nommé le premier, quoique Gen., x, 1, comme v, 33 ; vi, 2,

s’entende naturellement de l’ordre chronologique. La prophétie de Noé relative à Sem annonce que Chanaan, fils de Chain, sera le serviteur ou l’esclave de ses frères. Gen., ix, 26. Elle se réalisa d’abord en faveur de Sem, quand les Hébreux, ses descendants, conquirent la Palestine sous la conduite de Josué. Cf. II Par., viii, 8-9. Noé ajoute, ꝟ. 27, d’après l’interprétation commune : « Que Dieu étende (les possessions de) Japhet et qu’il habite dans les tentes de Sem, » ce qui s’explique par la conquête de la Palestine par les Romains et par la conversion des Gentils. Eph., iii, 6. Certains interprètes veulent cependant que les mots JiabiCet in tabernaculis Sem aient Dieu pour sujet et signifient que Dieu habita d’une manière spéciale au milieu des Juifs, de la race desquels est issu Notre-Seigneur. — Sur les pays habités par les descendants de Sem énumérés dans Genèse, x, 21-31, voir les articles qui leur sont consacrés. — Le nom de Sem, en dehors de la Genèse, ne se lit plus que dans I Par., i, 4, 17, 24 ; Eccli., xlix, 12, et dans la généalogie de Jésus-Christ, Luc, iii, 36.

    1. SEMAATH##

SEMAATH (hébreu : Sime’df ; Septante : ’IsyLovâO), femme ammonite, mère de Josachar, un des deux

moisson suivraient désormais leur cours régulier. Gen. » vm, 22. Il faut semer le matin et encore le soir, car on ne sait pas ce qui viendra. Eccle., xi, 6. C’est ce que fait le semeur diligent. Matth., xiii, 3 ; Marc, iv, 3 ; Luc, viii, 5 (fig. 343). Voir t. ii, fig. 214, col. 603. Mais celui qui s’amuse à observer le vent ne sème pas. Eccle., XI, 4. Le désert est une région qu’on n’ensemence pas, Jer., ii, 2, mais on est heureux quand on peut semer près des eaux. Is., xxxii, 20. Quand les récolte » sont abondantes, les vendanges rejoignent les semailles. Lev., xxvi, 5. Mais il n’en est pas toujours ainsi. Si l’Israélite est infidèle à Dieu, il sème en vain, Lev., xxvi, 16 ; il sème du froment et récolte des épines, Jer., xii, 13 ; il sème et ne récolte pas, Mich., vi, 15 ; il sème beaucoup et récolte peu. Agg., i, 6. En général, on moissonne ce qu’on a semé, Gal., VI, 8 ; Il Cor., rx, 6. Le semeur n’est pas toujours celui qui moissonne, mais tous deux ont droit au salaire, Joa., IV, 36, 37, d’autant plus que le semeur n’a que de la peine, et que l’on sème dans les larmes tandis que l’on moissonne dans l’allégresse. Ps. cxxvi (cxxv), 5. Joseph donna aux Egyptiens du grain pour faire leurs semailles. Gen., xlvii, 23. En Egypte, on faisait piétiner par des troupeaux le champ ensemencé. Voir t. ii, fig. 263,

343. — Les semailles en Egypte. À gauche : 1. Un Égyptien met la semence dans une corbeille ; 2. Un autre ensemence le champ r 3. Un troisième laboure le champ avec une paire de bœufs, précédé d’un chien. — D’après Wilkinson, À popular Account ofthe ancient Egyptians, 1854, t. ii, p. 40, fig. 366.

meurtriers de Joas, roi de Juda. IV Reg., xii, 21 ; II Par., xxiv, 26. Dans ce dernier passage, Josachar est appelé Zabad. Voir Josachar, t. iii, col. 1647.

    1. SÉMAIA##

SÉMAIA, nom de deux Israélites, que la Vulgate a écrit exceptionnellement ainsi, au lieu de Séméia. Voir Séméias.

1. SÉMAIA (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : Ei^ai’a), fils de Séchénias, gardien de la porte orientale de Jérusalem, au retour de la captivité. Il travailla à la réparation des murs de la ville sous Néhémie. II Esd., m, 29.

2- SÉMAIA (hébreu : §emi’eyâh ; Septante : Esus’i), fils de Dalaïa, faux prophète, soudoyé par Tobie et Sanaballat afin d’empêcher Néhémie de restaurer les murs de Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone. Il conseilla à Néhémie de s’enfermer dans le Temple pour échapper à une conjuration imaginaire, mais il ne réussit pas à le tromper et son piège fut déjoué. II Esd., vi, 10-13.

    1. SEMAILLES##

SEMAILLES (hébreu : zéra’; Septante : c-ip|iï, oitôpo ;  ; Vulgale : semenlis), opération agricole consistant à jeter la semence dans le sol. — En Palestine, les semailles suivaient la première pluie, qui commence en octobre et devient plus fréquente en novembre. Cette pluie ameublissait le sol et permettait le labour préparatoire aux semailles. En mars et en avril, la seconde pluie arrosait le grain déjà en herbe, Is., xxx, 23 ; d’elle dépendait la moisson. Voir Pluie, col. 472. — 1° Après le déluge, Dieu promit que les semailles et la

col. 694. Job, xxxi, 8, demande que, s’il est coupable, un autre récolte ce qu’il a semé. — 2° La Loi ne permettait de faire les semailles que pendant six ans consécutifs ; la septième année ou année sabbatique, la terre se reposait. Exod., xxiii, 10 ; Lev., xxv, 3. On ne devait pas semer dans le même champ deux espèces de grainsmélangés les uns aux autres, Lev., xix, 19, ni semer du grain dans une vigne. Deut., xxii, 9. Cette prohibition était sans doute édiclée pour faire entendre aux Israélites qu’ils ne devaient pas eux-mêmes mêler leurrace avec celle des étrangers. Le contact du cadavred’un animal impur ne rendait pas le grain impropreaux semailles, autrement il y aurait eu de trop grande dommages causés aux cultivateurs. Mais la souillure atteignait le grain sur lequel on mettait de l’eau, c’est-à-dire sur celui dont on se servait pour les usages culinaires. Lev., xi, 37, 38. — 3° Au figuré, on sème la discorde, Prov., vi, 19, la justice, Prov., xi, 18, l’injustice, Prov., xxii, 8, ou dans les sillons de l’injustice, Eccli., vu, 3, et l’on en récolte les fruits. Job, iv, 8. Le fruit dejustice se sème dans la paix. Jacob., iii, 18. Qui sème le vent récolte la tempête, Ose., viii, 7, c’est-à-dire qui pose une cause mauvaise doit s’attendre à des effets demême nature. Les Juifs ont été semés parmi les autres peuples. Zach., x, 9. Saint Paul a semé les biens spirituels. I Cor., IX, 11. Un maître qui entend récolter cfr qu’il n’a pas semé est un maître exigeant. Matth., xxv

24 ; Luc, xix, 21,
H. Lesêtre.
    1. SEMAINE##

SEMAINE (hébreu : sabû’â, sabbâf ; Septante : ééSofii ;  ; Vulgate : hebdomas, hebdomada), division septennaire du temps.

1° Chez les Égyptiens. — Les Égyptiens partageaient leurs mois en trois décades, avec cinq jours complémentaires â la fin de l’année. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 208. Ce n’est donc pas chez eux qu’il faut chercher l’origine de la semaine, malgré l’affirmation de Dion Cassius, xxxvii, 18.

2° Chez les Babyloniens. — Le nombre sept jouait-un rôle considérable chez ces derniers. Il figure cons tamment dans les monuments, non comme simple abstraction, mais comme la forme consacrée d’importantes réalités concrètes. Dans les poèmes chaldéens, les périodes septennaires sont beaucoup plus fréquentes que les autres. On compte sept planètes et sept grands dieux. Cependant, l’association des planètes et des dieux ne fut plus tard que le résultat des spéculations alexandrines ; à Babylone, on n’y songea jamais. Les dieux y deviennent les patrons des jours, mais sans aucune trace de spécification septennaire. Ainsi, sur un calendrier du mois intercalaire Élul, le 12 du mois est consacré à Bel et à Beltis, le 13 à la Lune, le 14 à Beltis et à Nergal, le 15 à Samas, le 16 à Mardouk et à Zirbanit, le 17 à Nébo et à Taâmit, le 18 à Sin et à Samaâ, le 19 à Goula. Cf. Rawlinson, Cun. Inscr. West. As., t. îv. pi. 32, 33 ; Schrader, Uer babyl. Vrsprung der siebentâgigen Woche, dans Theol. Stud. und Kritik. , 1874, p. 343-353 ; Die Keilinschriften und das A. T., 1883, p. 18-22. Il n’apparaît nullement ici que les jours soient divisés par périodes septennaires avec des noms distinctifs. On sait aussi que certains sacrifices étaient prescrits et des abstentions commandées les 7, 14, 21, 28 du mois, et en plus le 19, c’est-à-dire le 49e (7x7) jour après le commencement du mois précédent. Voir Sabbat, col. 1292. La division septennaire est ici manifeste ; mais elle ne constitue pas encore la semaine proprement dite, puisqu’elle reprend un nouveau point de départ au début de chaque lunaison. Il n’est point prouvé d’ailleurs que la signitication de ces dates ait eu quelque valeur en dehors du domaine liturgique. Un manuscrit grec, publié par M. de Mély pour l’Académie des sciences, contient la description, par le grammairien alexandrin Harpocration, de ce qui restait à son époque du Birs Nimroud, restauré par Nabuchodonosor. Voir Babel (Tour de), 1. 1, col. 1347. La tour se composait de six étages surmontés d’un petit sanctuaire, soit en tout sept étages. On accédait au sanctuaire par 365 marches, dont 305 en argent et 60 en or. Les 365 jours de l’année sont donc représentés ; mais les sept étages figurent les sept dieux ou les sept planètes, nullement les sept jours de la semaine. Pour que cette dernière fût rappelée clairement, il eut fallu à la tour non pas 7, mais 52 étages. En somme, les anciens Hébreux purent emporter de Chaldée une inclination très accentuée pour les divisions septennaires ; rien ne permet d’affirmer qu’ils y aient pris la semaine proprement dite, sinon peut-être comme coutume particulière à une tribu, mais dont rien n’indique l’origine.

3° Chez les Hébreux. — La semaine est en usage chez les Hébreux antérieurement à la législation mosaïque. Exod., XVI, 26. Ceux-ci ne l’ont certainement pas empruntée aux Égyptiens. Il la connaissaient donc avant d’occuper la terre de Gessen et ont dû régler leur vie d’après cette division septennaire, au moins tant qu’ils ont joui de la liberté. Il est difficile d’admettre que la semaine ait été, à leurs yeux, une conséquence de la lunaison. Sans doute, les grands luminaires du ciel étaient destinés à marquer te les époques, les jours et les années. » Gen., - i, 14. Dieu « a fait la lune pour marquer les temps. » Ps. civ (cm), 19. Mais le rôle de cet astre se borne à « indiquer les temps de l’année » et à « donner le signal des fêtes. » Eccli., xliii, 6, 7. D’elle dépendent les néoménies et la date des solennités. Mais les unes et les autres demeurent toujours indépendantes de la division

septennaire, et cette dernière a pour caractéristique dese poursuivre sans discontinuité et d’enjamber sur les mois. En cela, elle diffère radicalement de toutes lespériodes septennaires des Babyloniens. La semaine divise le mois en quatre parties d’une manière tropimparfaite pour en être dérivée directement. Les-Hébreux tenaient le nombre sept en aussi grande estimeque leurs ancêtres. Voir Nombre, t. iv, col. 1689, 1694.. Il est donc probable que, l’ayant adopté pour la division du temps, ils appliquèrent le système septennairebeaucoup plus exclusivement que ne l’avaient fait leurs devanciers. Moïse consacra cette antique division par l’application qu’il en fit au récit de la création. Dans le poème chaldéen de la création, v, 17, 18, il est question d’un septième et d’un quatorzième jour de la lune. Mais la division en sept jours est tout à fait inconnue. Cf. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, . 1907, p. 61. Moïse est le premier à diviser l’œuvre créatrice en six jours, suivis d’un jour de repos. L’intention de donner ainsi une base religieuse à l’institution de la semaine est d’autant plus accusée que l’écrivain sacré énumère huit œuvres distinctes. Il en réunit deux ensemble au troisième et au sixième jour. Il aurait pu noter huit jours de création au lieu de six s’il l’avait voulu. C’est donc qu’il tenait à faire de la semaine divine le type de la semaine hébraïque. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ], p. 218-235 ; Durand, La semaine chez les peuplesbibliques, dans les Etudes religieuses, 15 juin 1895, p. 214-222 ; Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 292-294 ; J. Hehn, Siebenzahl und Sabbat, Leipzig, 1907. — La division septennaire se reproduit sous différentes formes dans le calendrier hébraïque. La semaine a sept jours. Les fêles de la Pâque et des Tabernacles durent sept jours. Lev., xxiii, 8, 34. Celle de la Pentecôte a lieu sept semaines aprèsle sabbat de la Pâque. Lev., xxiii, 15. Pour cette raison, on l’appelle la Fête des semaines. Exod., xxxiv, 22 ; Deut., xvi, 10, etc. Les fêtes des Expiations et des-Tabernacles sont fixées au septième mois. Lev., XXIII, .. 27, 34. Dans le Temple, les prêtres et les lévites exerçaient leurs fonctions à tour de rôle par semaines, I Par., xxiv, xxv ; Luc, 1, 8. La septième année est. l’année sabbatique. Voir Sabbatique (Année), col. 1302. Sept semaines d’années aboutissent à l’année jubilaire. Voir Jubilaire (Année), t. iii, col. 1750. Dans sa prophétie sur le Messie, Daniel, IX, 24-27, compte parsemaines d’années. Voir Daniel, t. ii, col. 1277.

4° Chez les Grecs et les Romains. — Les Grecs divisaient leurs mois, alternativement de 30 et de 29jours, en trois périodes de dix jours, la troisième n’en ayant que neuf dans les mois de 29 jours. Ce système, analogue à celui des Égyptiens, n’avait rien de commun avec la semaine. Chez les Romains, le premier du mois portait le nom de calendes ; les ides tombaient le 13 ou le 15, et les nones, huit jours avant les ides. Cette division s’inspire approximativement des phases de la lune, mais demeure tout à fait étrangère à l’idée de semaine. L’usage de la semaine hébraïque ne prévalut d’ailleurs que tardivement en Orient ; les Arabes eux-mêmes l’empruntèrent aux Hébreux. Cf. Schrader, dans les Stud. und Kritik., 1874, p. 344. La diffusion du christianisme entraîna peu à peu l’adoption de la semaine dans le monde gréco-romain. Les chrétiens, obligés de férier le dimanche, qui succédait pour eux au sabbat hébraïque, ne pouvaient se dispenser de diviser les jours en semaines. On garda aux sept jours les noms des planètes, à la manière babylonienne. Mais le langage chrétien substitua toujours le nom de « jour du Seigneur » ou dimanche à celui de « jour du soleil ». Voir Dimanche, t. ii, col. 1430. Cf. Martigny, Dict. des antiq. chrél., Paris, 1877, p. 729. En grec, le mot è680ji.â ; désigne soit le nombre sept, soit un groupe

quelconque de sept, soit une période de sept jours. Il ne prend le sens de semaine que dans les Septante. Il en est de même du latin hebdomas, qui désigne une simple période de sept jours quelconques dans le latin classique. Le mot septimana, d’où vient « semaine »,

appartient à la basse latinité.
H. Lesêtre.
    1. SEMAINES##

SEMAINES (FÊTE DES), un des noms de la fête de la Pentecôte. Exod., xxxiv, 22 ; Deut., xxi, 10. Voir Pentecôte, col. 119. Elle était ainsi appelée, parce qu’elle se célébrait sept semaines après la Pâque.

    1. SÉMARITH##

SÉMARITH (hébreu : Simrit ; Septante : 2afiapr|8), femme moabite, mère de Jozabad, un des deux meurtriers de Joas, roi de Juda. II Par., xxiv, 26. Dans IV Reg., xii, 21, elle est appelée Somer, qui est le même nom dont la terminaison a disparu.

    1. SÉMATHÉENS##

SÉMATHÉENS (hébreu : ha’ê-Sumâtî ; Septante : ’H(7a[ia6[V)i nom d’une des quatre familles originaires de Cariathiarim. I Par., ii, 53. On ne peut dire si les membres de cette famille tiraient leur nom de leur ancêtre ou du lieu où elles s’établirent.

    1. SÉMÉBER##

SÉMÉBER (hébreu : Sém’éber ; Septante : 2u|io66p), roi de Séboïm, le quatrième des rois des environs de la mer Morte qui furent vaincus du temps d’Abraham par Chodorlahomor, roi d’Ëlam, et ses alliés. Gen., xiv, 2.

    1. SÉMÉGARNABU##

SÉMÉGARNABU (hébreu : Samgar-nebû ; Septante : SapiaY116), un des chefs de l’armée de Nabuchodonosor qui assiégèrent et prirent Jérusalem sous le roi Sédécias. Jer., xxxix, 3. Son nom peut signifier « Nébo, sois bienveillant », mais il n’est pas sûr que la véritable orthographe en ait été conservée, les manuscrits grecs ne reproduisant ce nom qu’avec des variantes très différentes.

    1. SÉMÉI##

SÉMÉI, nom de plusieurs Israélites, au nombre d’environ 17 dans la Vulgate. Leur nom n’est pas tou 344. — Sceau de Semâyâhû.

Taureau passant, entre deux lignes d’écriture.

Cône de calcédoine.

jours écrit de la même manière en hébreu. — Un sceau, publié par M. de Vogué, Mélanges d’archéologie orientale, p. 131, porte le nom de Semâyâhû, fils d’Azriâhû

<fig. 344).

1. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Ssjjieeî), second fils de Gerson et petit-fils de Lévi. Exod., vi, 17 ; Num., iii, 18 ; I Par., vi, 17 ; xxiii, 7, 10, 11. Son nom se lit aussi I Par., xxiii, 9, mais ou bien ce nom est altéré dans ce verset où il désigne un autre Séméi, descendant de Léédam (Lebni), comme le porte la fin du verset. Cf. Zach., xii, 13, et Séméi 17.

2. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Eeu.et’), fils de Géra, de la tribu de Benjamin, qui habitait Bahurim sous le règne de David. Quand ce prince s’enfuit de Jérusalem au moment de la révolte d’Absalom, Séméi, qui était très irrité contre lui, parce qu’il avait supplanté sur le trône la famille benjamite de Saûl, lui lança des pierres et l’accabla d’insultes. Abisaï voulut le mettre à mort, mais David s’y opposa. II Sam. (Reg.), xvi, 5-13. Effrayé des conséquences que devait avoir son insolence, lorsque David revint après la défaite et

la mort d’Absalom, Séméi fut le premier à aller au-devant de lui près du Jourdain pour solliciter sa grâce. Le roi empêcha une seconde fois Abisaï de lui ôter la vie et usa de clémence à son égard, xix, 16-23. Cependant les outrages qu’il en avait reçus au moment de sa fuite lui avaient été sensibles, et sur son lit de mort, ’il les rappela à Salomon son fils, et le chargea de les punir. II ! Reg., 8-9. Salomon interna Séméi à Jérusalem et lui défendit de retourner à Bahurim. Il se soumit, ꝟ. 36-38. Cependant trois ans après, des esclaves de Séméi, au nombre de deux porte le texte hébreu, j. 39, s’étant enfuis et réfugiés auprès d’Achis, roi de Geth, leur maître partit à leur poursuite et les ramena. Salomon le fit mettre à mort par Banaïas, pour avoir violé son serment, , *. 3946.

3. SÉMÉI (hébreu : Sommai ; Septante : Sau-ai), fils d’Onam, descendant de Jéraméel, de la tribu de Juda. Il eut pour fils Nadab et Abisur. I Par., ii, 28. L’hébreu et la Vulgate le nomment une seconde fois au j). 32, comme frère de Jada, mais dans ce second passage, les Septante, au lieu de’âld Sammaî, « frère de Sammaï », font un seul nom propre de ces deux mots : ’A/iirajvctç.

4. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Se(jie’[ ! )i fils de Phadaïa, frère cadet de Zorobabel, et petit-fils de Jéchonias, roi de Juda, descendant de David. I Par., iii, 19.

5. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : Esixsf), fils de Zachur, qui eut seize fils et six filles. Il était de la tribu de Siméon. I Par., iv, 26-27.

6. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : 2su.£i), fils de Gog, et père de Micha, de la tribu de Ruben. I Par.,

v, 4.

7. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : Hejisf), lévite, descendant de Mérari, fils de Lobni et père d’Oza

I Par., vi, 29 (hébreu, 14).

8. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Ssjjisi), lévite, fils de Jeth et père de Zamma, un des ancêtres d’Asaph qui fut chez des chantres et des musiciens du temps de David. I Par., vi, 42-43. Voir Asapii 1, 1. 1, col. 1056.

9. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : Sà[i « 18 ; A lexandrinus : 2au.ou), chef d’une famille benjamite établie à Jérusalem. I Par., viii, 21. Cette famille avait d’abord habité Aïalon, et Séméi doit être le même que le chef de famille d’Aïalon appelé Sama ꝟ. 12. Voir Sama 2, col. 1399.

10. SÉMÉI (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2a[m ! ac), lévite, fils aîné d’Obédédom. I Par., xxvi, 4, 6, 7, aux ꝟ. 4 et 7, la Vulgate l’appelle Séméias. Lui et ses fils furent portiers de la maison du Seigneur. Voir Séméias 8.

11. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Se^Ei), lévite, descendant d’Héman. Il vivait du temps du roi Ézéchias et prit part à la purification du Temple. II est peut-être le même que Séméi 12. II Par., xxix, 14.

12. SÉMÉI (hébreu : Sime’î ; Septante : Se|xsc), lévite, qui sous le règne d’Ezéchias, fut chargé commet second de son frère Chonénias de la garde des offrandes et des dîmes qui étaient apportées au Temple.

II Par., xxxi, 12-43. Il n’est peut-être pas différent de Séméi 11.

13. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : ïajioû), lévite qui, au retour de la captivité, du temps d’Esdras,

renvoya la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 23.

14. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : 2su.si), un des descendants d’Hasom qui renvoya du temps d’Esdras la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd.,

15. SÉMÉI (hébreu : Sime’i ; Septante : Se^ei’ou), benjamite, fils de Cis et père de Jaïr, un des ancêtres de Mardochée. Esth., ii, 5 ; xi, 2.

16. SÉMÉI (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : Saivoaoy), père du prophète Urie, de Cariathiarim. .1er., xxvi, .20.

17. SÉMÉI (hébreu : has-Sime’â ; Septante : 2u[i.£<Jv), famille lévitique descendant de Gersom, mentionnée dans Zacharie, xii, 13. Voir Séméi 1.

18. Séméi (grec : Se^si). fils de Joseph et père de Matbathias, dans la généalogie de Notre-Seigneur. Luc, iii, 26. Divers commentateurs l’identifient avec Séméia, I Par., iii, 22.

    1. SÉMÉIAS##

SÉMÉIAS, nom, dans la Vulgate, de vingt-quatre Israélites, dont le nom n’est pas toujours écrit de la même manière en hébreu. La version latine n’a pas, déplus, une orthographe régulière dans la transcription des noms hébreux Sema’eyâh (fig. 344), &im’£ ; Sema’. Voir Samaïas, Samaa, Sémaïa, Séméias, Séméi.

1. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2a-Hat’ac), prophète qui vivait sous le règne de Roboam. Lorsque ce roi eut assemblé une armée nombreuse pour soumettre les dix tribus qui s’étaient révoltées et avaient mis à leur tête Jéroboam, Séméias, au nom de Dieu, empêcha cette guerre fratricide. III Reg., xii, 2124 ; II Par., xi, 1-4. — La cinquième année du règne de Roboam, Sésac, pharaon d’Egypte, prit plusieurs villes de Juda et alla mettre le siège devant Jérusalem. Séméias annonça au roi et aux princes réunis dans la ville que Dieu les avait abandonnés aux mains du roi d’Egypte. Ils s’humilièrent alors devant le Seigneur qui leur promit par son prophète de ne pas tarder à les secourir. Sésac, se contenta, en effet, de piller les trésors du temple et du palais royal. II Par., XII, 2-9. — Séméias écrivit une chronique du règne de Roboam. II Par., xii, 15. —Une addition qu’on lit dans les Septante, III Reg., x, ii, à la suite du ꝟ. 24, fait donner à Jéroboam par Séméias dix parts sur douze de son manteau. Dans III Reg., xi, 28-31, cette action symbolique est attribuée à Ahias le Silonite.

2. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2aliata), fils de Séchénias, père de Hattus, de Jégaal, de Baria, de Naaria et de Saphat. Le texte ajoute a au nombre de six », quoique cinq seulement soient énumérës. Les uns appliquent à Séchénias le nombre de six ; d’autres l’expliquent d’autres manières. Le syriaque et l’arabe nomment Hazarias pour sixième fils.

I Par., iii, 22. Il était de la tribu de Juda et descendait de Zorobabel.

3. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2ajiocia), lévite, fils d’Hasub, descendant de Mérari, qui habitait Jérusalem après la captivité. Il Par., IX, 14. Il fut chargé avec quelques autres lévites de la direction des travaux qui furent faits à l’extérieur du Temple.

II Esd., xi, 15.

4. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2apaix), fils de Galal et père d’Obdia, lévite. Son fils

Obdia habita « dans les villages de Nétophati », après le retour de la captivité de Babylone. I Par., ix, 16. Son nom est écrit Samua, II Esd., xi, 17, et celui de son fils, Àbda (t. i, col. 19).

5. SÉMÉIAS (hébreu : Sem’eyàh ; Septante : Ssjjlsi), lévite, descendant d’Élisaphan et chef, sous le règne de David, de la famille lévitique de ce nom, comprenant deux cents hommes, qui prirent part au transport de l’arche, de la maison d’Obédédom à Jérusalem. I Par., xv, 8, 11.

6. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2aixataç), lévite, fils de Nathanæl, scribe de la tribu de Lévi, qui enregistra officiellement les divisions des vingt-quatre familles sacerdotales, selon l’ordre fixé par le tirage au sort, du temps de David. I Par., xxiv, 6.

7. Séméias (hébreu : Sima’i ; Septante : Ssuuvfa), lévite, chef de la dixième division des musiciens, comprenant douze de ses fils et de ses frères, au temps de David. I Par., xxv, 17. Il était un des fils d’Idithun, dont cinq seulement sont nommés au ꝟ. 3, quoique le total soit donné au nombre de six. Le Codex Alexandrinus et quelques manuscrits grecs le nomment le cinquième au jt. 3.

8. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : Sajiaiaç), l’aîné des huit fils d’Obédédom, de la tribu de Lévi. Il eut plusieurs fils remarquables par leur force, Othni, Raphaël, Obed, Elzabad et aussi Éliu et Samachias, qui remplirent les fonctions de portiers ou gardes de la maison du Seigneur. I Par., xxvi, 4, 6-7. Voir Séméi 10.

9. SÉMÉIAS (hébreu : Sime’î ; Septante : Esu.£ï) » intendant ou chef des vignerons de David. Il était originaire de Rama de Benjamin. Voir Romathite, col. 1177. I Par., xxvil, 27.

10. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : 2 « [i.aiaç), un des lévites qui, sous le règne de Josaphat, accompagnèrent les princes et les deux prêtres que ce roi avait chargés d’instruire le peuple de la loi du Seigneur. II Par., xvii, 8. Séméias est nommé le premier parmi ces lévites.

11. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : 2 « [jia[a ; ), lévite descendant d’Idithun, qui vivait sous le règne d’Ézéchias et prit part aux cérémonies de la purification du Temple. II Par., xxix, 14.

12. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : 2e[i£i), un des lévites qui, sous le règne d’Ézéchias, fut chargé de distribuer les dîmes à leurs frères dans les villes sacerdotales. II Par., xxi, 15. Il n’est peut-être pas différent de Séméias 11.

13. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : 2a(JLata ; ), un des principaux lévites qui, sous le règne de Josias, fournirent aux autres lévites cinq mille têtes de bétail et cinq cents bœufs pour la célébration solennelle de la Pâque. II Par., xxxv, 9.

14. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : Sepic’ca), un des principaux Juifs captifs à Babylone qu’Esdras réunit près du fleuve qui coule vers Ahava, afin qu’ils amenassent de Casphia des lévites et des Nathinéens pour le service du temple de Jérusalem. I Esd., viii, 16.

15. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyâh ; Septante : Sajjiafa), un des prêtres « des fils de Harim », qui avait

épousé une femme étrangère et qui la répudia au retour de la captivité de Babylone. I Esd., x, 21.

16. SÉMÉIAS (hébreu : Séma’eyâh ; Septante : 2a[ia ; aç), Israélite « des fils de Hérem », qui, après le retour de la captivité, répudia une femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 31.

17. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’; Septante : Safiixia ; ), un des principaux Juifs qui se tinrent à la droite d’Esdras quand il fit au peuple la lecture solennelle de la Loi. II Esd., viii, 4.

18. SÉMÉIA (hébreu : Séma’eyâh ; Septante : Sepisia ; ), un des chefs des prêtres qui retournèrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. II Esd., XII, 6, 16. Il signa le renouvellement de l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie. II Esd., x, 8.

19. SÉMÉIA (hébreu : Séma’eyâh ; Sapixiaç), un des chefs de Juda qui prit part à la procession organisée par Néhémie sur les murs de Jérusalem quand on en lit la dédicace après leur réédification. II Esd., xii, 33 (hébreu, 34).

20. SÉMÉIA (hébreu : Séma’eyâh ; Seplante : Eaijuua), père ou ancêtre de Zacharie, le premier nommé des prêtres qui jouèrent de la trompette à la solennité de îa dédicace des murs de Jérusalem par Néhémie. II Esd., xii, 34 (hébreu, 35). Voir Jonathan 13, t. iii, col. 1616.

21. SÉMÉIA (hébreu : Séma’eyâh ; Septante : 2a[tai ; a), prêtre musicien qui prit part à la dédicace des murs de Jérusalem quand ils eurent été rétablis au retour de la captivité. II Esd., xii, 35 (hébreu, 36).

22. SÉMÉIA (hébreu : Séma’eyâh ; Septante : Sensi’aç), un des prêtres qui assistèrent à la fête de la dédicace des murs de Jérusalem et s’arrêtèrent avec Néhémie dans la maison de Dieu. II Esd., xii, 41 (hébreu, 42).

23. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : Sapiaîa ; ), faux prophète qui, de Babylone, écrivit au prêlre Sophonie et aux habitants de Jérusalem contre Jérémie, afin de le faire mettre en prison. Jérémie lui prédit les châtiments de Dieu et l’anéantissement de sa postérité. Jer., xxix, 24-32.

24. SÉMÉIAS (hébreu : Sema’eyahû ; Septante : 2e).Enîou), père de Dalaïas. Dalaïas était un des grands ile la cour de Joakim devant qui Baruch lut les prophéties de Jérémie. Jer., xxxvi, 12. Voir Dalaïas, t. ii, col. 1208.

    1. SÉMÉITIQUE##

SÉMÉITIQUE (FAMILLE) (hébreu : has-Sim’eî ; Septante : S<i|ia ; toO Ssjjls’i ; Vulgate : familia Semeitica), une des deux familles issues de Gerson, de la tribu de Lévi, par Séméi, fils cadet de Gerson. Voir Séméi 1, col. 1591.

    1. SEMENCE##

SEMENCE (hébreu : zéra’; chaldéen : zera’; Septante : uitépfta ; Vulgate : semen, semenlis), graine du végétal jeté en terre en vue de la reproduction.

I. Sens propre. — 1° La semence proprement dite. — Dieu a créé les végétaux, herbes, plantes, arbres, etc., ayant en eux la semence destinée à les reproduire, Gen., i, 11, 12, 29. On se sert de cette semence pour faire les semailles. Gen., xlvii, 19 ; Lev., xi, 37 ; Eccli., xi, 6, etc. Chaque semence a son caractère propre, selon la plante d’où elle provient et qu’elle doit reproduire ; jetée en terre, elle s’y transforme, se décompose et donne naissance au germe par lequel commence le

végétal, <t Ce que tu sèmes ne reprend pas vie, à moins de mourir auparavant. Ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps qui sera un jour, c’est un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre semence ; mais Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu, et à chaque semence il donne le corps qui lui est propre. » I Cor., xv, 3638. Cf. Matth., xiii, 4-8, 24, 25, 31 ; etc. — 2° Le produit de la semence. — La dîme est prélevée sur les semences, Lev., xxvii, 30, c’est-à-dire sur ce qu’elles ont produit. Cf. I Reg., viii, 15 ; Is., xxiii, 3 ; Job, xxxix, 12 ; Zach., viii, 12. — 3° Le rejeton végétal. — Dieu a planté une vigne dont le plant était franc. Jer., ii, 21. Il a pris du plant du pays, et il l’a planté comme un saule et il est devenu un cep de vigne. Ezech., xvii, 5.

IL Sens figuré. — Le mot zéra’a un sens physiologique, Gen., xxxviii, 9 ; Lev., xv, 16 ; xviii, 21 ; xix, 20 ; xxii, 4 ; Sap., vii, 2, etc., duquel dérivent divers autres sens. — 1° La descendance, les enfants, la postérité issue d’un même homme ; la race de la femme, Gen., ni, 15, c’est-à-dire toute l’humanité ; Seth, semence donnée à Eve à la place d’Abel, Gen., iv, 25 ; cf. I Reg., I, 11 ; la semence ou postérité d’Abraham, Gen., XII, 7 ; xm, 15 ; xv, 5 ; xvi, 10, celle d’Isaac, Gen., xxi, 12 ; xxvi, 3, 4, 24, celle de Jacob, Gen., xxviii, 4, 14 ; xxxii, 12 ; XL viii, 4, celle de Joseph, Gen., xlviii, 11, celle d’Onan, Gen., xxxviii, 8, 9, celle de Job, v, 25, etc. Les descendants d’un personnage sont appelés sa semence : la semence d’Abraham, Ps. cv (civ), 6 ; Is., xli, 8 ; Jer., xxxiii, 25 ; Joa., viii, 33 ; etc., la semence d’Aaron, Lev., xxi, 21 ; xxii, 4, la semence d’Israël, IV Reg., xvii, 20 ; Is., xlv, 25 ; Jer., xxxi, 36, 37 ; II Esd., ix, 2, la semence d’Éphraïm, Jer., vii, 15, la semence de David, III Reg., xi, 39 ; Jer., xxxiii, 22 ; Rom., i, 3 ; II Tim., ii, 8. La loi du lévirat oblige un parent à susciter au défunt une semence, c’est-à-dire une postérité. Gen., xxxviii, 8 ; Ruth, iv, 12 ; Matth., xxii, 24 ; etc. Voir une semence, c’est avoir une postérité. Is., lui, 10. La semence de la semence, ce sont les petits-enfants. Is., lix, 21. Il y a également la semence de l’adultère, c’est-à-dire les fils nés hors du mariage. Is., lvii, 3. — 2° La similitude de race. — Être de semence royale, c’est avoir eu des rois pour ancêtres. IV Reg., xi, 1 ; xxv, 25 ; Jer., xli, 1 ; Dan., i, 3. La semence mèae désigne la nation des Mèdes. Dan., ix, 1. — 3° La similitude morale. — La semence sainte désigne Israël. Is., vi, 13 ; I Esd., vi, 13. Les hommes fidèles à Dieu sont appelés semence des justes, Prov., xi, 21, semence des serviteurs de Jéhovah, Ps. lxix (lxviii), 37, semence des bénis de Jéhovah, Is., lxv, 23. La même expression se prend souvent en mauvaise part. La semence du serpent, ce sont ceux qui agissent sous l’inspiration de Satan. Gen., iii, 15. Ils sont encore appelés semence de méchants, Is., i, 4 ; Ps. xxxvii (xxxvi), 28, semence de menteurs. Is., lvii, 4.

III. Comparaisons. — Dans ses paraboles, Notre-Seigneur compare à la semence la parole de Dieu, qui produit plus ou moins de fruits suivant les dispositions de l’âme dans laquelle elle tombe, Matth., xiii, 18-23 ; Marc, iv, 13-20 ; Luc, viii, 11-15 ; le développement de l’Évangile qui se produit par une force indépendante de l’homme, Marc, iv, 26-29 ; la prédication de l’erreur, qui est comme l’ivraie semée au milieu du bon grain, Matth., xiii, 24-30, 36-43 ; le progrès de l’Église, qui ressemble à celui du grain de sénevé. Matth., xiii, 31-33 ; Marc, iv, 30-32 ; Luc, xiii, 18, 19. Saint Jean dit que « la semence de Dieu », c’est-à-dire la vie divine produite par la grâce, demeure en celui qui est né de Dieu et ne commet point le péché. I Joa.,

m, 9.
H. Lesêtre.
    1. SEMER##

SEMER, orthographe du nom de Somer dans certaines éditions de la Vulgate. III Reg., xvi, 24. Voir Somer.

    1. SÉMÉRIA##

SÉMÉRIA (hébreu : Scmarydh, « gardé par Yâh » ; Septante : Sapapt’a), un « des fils de Bani » qui répudia, après le retour de la captivité, la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 41. —Trois autres personnages qui portent le même nom dans le texte hébreu sont appelés dans la Vulgate Samaria, I Par., xii, 5 ; Somorias, II Par., xi, 19 ; et Samarias, I Esd., x, 32.

    1. SÉMERON##

SÉMERON, nom d’une ville et d’une montagne, dont le nom est différent en hébreu.

1. SÉMERON (hébreu : Simrôn, « [lieu de] garde ou d’observations ; Septante : Xunoûv ; Al. : Ssppuàv), ville de Palestine qui fut attribuée à la tribu de Zabulon après la conquête du pays. Jos., xix, 15. Elle est nommée entre Naalol et Jédala. C’est la même ville, d’après l’opinion générale, qui est appelée Simrôn Mer’ôn, dans Josué, xii, 20. Septante : ’A|jiapa>v ; Vulgate : Semeron. Le site en est incertain. Bædeker, Palestine et Syrie, 1882, p. 446, la place au nord de Ptolémaïde, sur la route de cette dernière ville à Tyr, et l’identifie avec le Casale Sonielaria Templi des Croisés, Ves-Sémiriyéli actuel, au nord du Nakr Sémiriyéh, mais ce territoire appartenait à la tribu d’Aser et non à celle de Zabulon. Voir la carte d’AsER, t. i, vis-à-vis col. 10831084. D’autres ont tenté de le reconnaître dans le Simonias de Josèphe, Vita, 24, édit. Didot, t. i, col. 804, le Sémuniyéh d’aujourd’hui à deux heures à l’ouest de Nazareth ; d’autres à Marôn, à l’ouest du lac de Houléh, ou à Mérôn, à l’ouest de Safed (Séphet), mais toutes ces opinions sont fort contestables. Voir Palestine Exploration Fund, Memoirs, i. i, p. 339. — Le roi de Sémeron entra dans la confédération des rois de Palestine qui, sous la conduite de Jabin, roi d’Asor, essaya d’arrêter la marche conquérante de Josué et il fut défait avec ses ralliés. Jos., xi, 1 ; xii, 20.

2. SÉMERON (hébreu : Semdraîm ; Septante : 20[j.6pwv), montagne en Éphraim qui tirait vraisemblablement son nom de la ville de Samaraïm dont le nom est identique en hébreu. II Par., xiii, 4. Le roi de Juda, Abia, harangua du haut de cette montagne Jéroboam 1er, ro i d’Israël. Voir Abia 5, t. i, col. 43 ; Samakaïm, col. 1400.

    1. SÉMIDA##

SÉMIDA (hébreu : Semîda’; Septante : 2y ; j.alp, "2-JlJ.apt’jj., Sc(upi), le cinquième et avant-dernier fils de Galaad, de la tribu de Manassé, de qui vint la famille des Sémidaïtes. Num., xxvi, 32 ; Jos., xvii, 2. Il eut .pour fils Ahin, Séchem, Lccie etvniam. I Par., vii, 19.

    1. SÉMIDAÏTES##

SÉMIDAÏTES (hébreu : has-Semidâ’i ; Septante : é Supiæpt), descendants de Sémida, de la tribu de -Maaassé. Num., xxvi, 32. Cf. Jos., xvii, 2.

    1. SÉMIRAMOTH##

SÉMIRAMOTH (hébreu : Semîrâmôf, Septante : 2s ; i.ipa(io6), nom de deux lévites.

1. SÉMIRAMOTH, lévite, un des musiciens du second ordre, qui jouait du nébel au temps de David dans les cérémonies religieuses. I Par., xv, 18, 20 ; xvi, 5.

2. SÉMIRAMOTH, un des lévites que Josaphat, roi de Juda, chargea, la troisième année de son règne, d’aller enseigner dans les villes de son royaume la loi de Moïse. II Par., xvii, 8.’SÉMITIQUES(LANGUES), nomdonnéaux langues parlées par les Hébreux et autres descendants de Sem. Cette dénomination n’est pas tout à fait exacte, comme l’était moins encore celle de langues orientales qu’on leur donnait autrefois, car tous ceux qui les ont parlées ne sont pas des Sémites, les Phéniciens, par exemple, unais l’usage s’en est encore conservé pour la commo dité du langage. Ce nom fut proposé par Schlôzer, en 1781, et recommandé par ^ichhorn, Allgemeine Bibliothek der Biblischen Literatur, t. vi, 50, p. 772 sq. Cf. E.Renan, Histoii’e générale des langues sémitiques, Paris, 1855, p. 1-2. Sur la subdivision des langues sémitiques, voir Arabe (Langue), t. i, col. 835, et sur chacune des langues sémitiques en particulier, voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 465-512 ; Arabe (Langue), t. i, col. 835-845 ; Assyrienne (Langue), t. i, col. 1169-1174 ; Éthiopienne (Langue), t. ii, col. 20142020 ; Syriaque (Langue). Voir Frd. Delitzsch, Studien ûber indo-germanisch-semitische Wûrzelverwandtschaft, in-12, Leipzig, 1873.

    1. SEMLA##

SEMLA (hébreu : Samlâh ; Septante : 2 « [j.aSâ, Gen., xxxvi, 36 ; Siffla, I Par., i, 47, 48), roi d’Édom, successeur d’Adad et prédécesseur de Saùl l’Iduméen. Il était de Masréca et régna avant que les Israélites eussent des rois. Voir Masréca, t. iv, col. 852.

    1. SEMLAI##

SEMLAI (hébreu : [chetîb] Samlaï ; [kerî] Salmaï, I Esd., ii, 46 ; Septante : EcXocui), chef d’une famille de Nathinéeng dont les descendants retournèrent en-Palestine avec Zorobabel. Dans II Esd., vii, 48, son nom est écrit Selmaï. Voir Selmaï, col. 1585.

    1. SEMMA##

SEMMA (hébreu : Sammâh), nom de trois vaillants soldats de David dans la Vulgate. L’hébreu nomme deux autres ëammdh dont la Vulgate a écrit le nom plus exactement Samma. Gen., xxxvi, 13, et I Sam. (Reg.), xvi, 9.

1. SEMMA (Septante : Eafjwaa), fils d’Agé, d’Arari, un des plus braves soldats de David. Le peuple s’étant enfui devant les Philistins, Semma leur tint tête dans un champ de lentilles et leur résista avec succès. II Reg. (Sam.), xxiii, 11-12 ; I Par., xi, 13-14, qui contient le récit du même fait. Dans ce second passage, le champ où a lieu le combat est planté d’orge, au lieu de lentilles, soit qu’il y eût les deux à côté, soit qu’il se soit glissé dans le texte original une faute de copiste ou une erreur de lecture, parce que la confusion entre l’orge, DHlrt, se’ôrim, et les lentilles, a’tfiy, ’âdasîm, est très facile. Cet exploit eut pour théâtre Phesdommim. I Par., xi, 13. Voir Phesdommim, col. 252. — Dans les Paralipomènes, par suite d’une lacune dans le texte, le fait d’armes de Semma se trouve attribué à Éléazar fils de Dodo. Voir Éléazar 3, t. ii, col. 1650-1651.

2. SEMMA (Septante : Saint » ), surnommé le Harodite, un des vaillants soldats de David. II Sam. (Reg.), xxm, 25. Voir Harodi, t. iii, col. 433. Dans I Par., xi, 27, il est appelé Sammoth l’Arorite. Voir Sammoth, col. 1431. Des commentateurs l’identifient aussi avec Samaoth le Jézérite, un des généraux de David. I Par., xxvii, 8. Voir Samaoth, col. 1400.

3. SEMMA (Septante : Saiivâv), un des braves de David. Dans la liste de II Sam. (Reg.), xxiii, 33, il semble y avoir une lacune entre les versets 33 et 34, où nous lisons : « Les fils de Jassen, Jonathan, Semma d’Orori, » car dans le texte parallèle, I Par., xi, 33, nous lisons dans la Vulgate : « Les fils d’Assem le Gèzonite, Jonathan, fils de Sage l’Ararite, etc. » Les hébraïsants, dans les deux passages, au lieu de traduire « les fils de Jassen » ou « les fils d’Assem », ce qui ne convient guère au contexte, considèrent Benê-Assem et Benê-Jassen comme un nom propre d’homme dans les deux passages, benê formant le premier élément du nom de ce soldat de David, tandis que la Vulgate (et les Septante dans les Rois), l’ont pris pour un nom commun, « fils ». — PourOrori et Ararite, voir ces mots, t. iii, col. 1897 ; t. i, col. 882.

    1. SEMMAA##

SEMMAA (hébreu : Sim’âh ; Septante : Socjjuxà), frère de David, père de Jonathan et de Jonadab. II Sam. (Reg.), xxii, 3, 32. Il est appelé Samma, I Sam. (Reg.), xi, 9 ; Simma, I Par., ii, 13, et Samaa, II Reg., xxi, 21 ; I Par., xx, 7. Voir Samaa 1, col. 1399.

    1. SEMMAATH##

SEMMAATH (hébreu : Sim’àt ; Septante : Sa(j.adc6), femme ammonite, mère de Zabad, un des deux assassins de Joas, roi de Juda. II Par., xxiv, 26 ; IV Reg., xii, 21. Dans ce dernier passage, son fils est appelé Josachar.

    1. SEMRAMITES##

SEMRAMITES (hébreu : ItaS-Simrôni ; Septante : . ô 20c|ipa|xî), famille issue de Semran, fils d’Issachar, Num., xxvi, 24.

    1. SEMRAN##

SEMRAN (hébreu : Simrôn ; Septante : Ea^pip.), quatrième et dernier fils d’Issachar et petit-fils de Jacob, chef de la famille des Semranites. Num., xxvi, 24. Son nom est écrit Semron, Gen., xlvi, 13.

    1. SEMRI##

SEMRI (hébreu : Simri), nom de deux Israélites dans la Vulgate. Dans l’hébreu, deux autres Israélites portent aussi le nom de Simri. La Vulgate les appelle Samri, IPar., xi, 45, et II Par., xxix, 13. Voir Samri 1 et 2, col. 1431.

1. SEMRI (Septante : ïe ; ipt), un des principaux chefs de la tribu de Siméon, fils de Samaïa et père d’Idaïa. I Par., iv, 37.

2. SEMRI (Septante : çîAâtfsovTEç, l’hébreu Simri ayant été lu somrê), lévite, fils de Hosa, descendant de Mérari, établi par son père chef de ses frères, quoiqu’il ne fût pas l’aîné, un des portiers de l’arche, du temps de David, gardant le côté de l’occident. I Par., xxvi, 10, 16.

    1. SEMRON##

SEMRON, fils d’Issachar. Gen., xlvi, 13. Son nom est écrit Semram dans Num., xxxi, 24. Voir Semran.

SEN (hébreu : has-Sèn, « la dent » ; Septante : fl ratXocïa), localité ou rocher mentionné seulement.

I Sam. (Reg.), vii, 12. Samuel éleva entre Masphalth et Sen une pierre commémorative de la victoire remportée en ce lieu sur les Philistins. Cette pierre fut appelée’Ében hd-’Ézér, Vulgate : Lapis adjutorii. Voir Ében-Ézer, t. ii, col. 1526.

    1. SENAA##

SENAA (hébreu : Senâ’âh ; Septante : Sevai), peut-être nom d’homme, mais plus probablement nom d’une ville, d’ailleurs inconnue, dé Palestine, dont les anciens habitants ou plutôt leurs descendants retournèrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 35 ; II Esd., vii, 38. Ils étaient au nombre de 3630 d’après le premier passage et de 3930 d’après le second ; le chiffre peut avoir été exagéré par les copistes dans les deux endroits. Ils rebâtirent à Jérusalem la Porte des Poissons. Voir Jérusalem, t. iv, col. 1364 [2° ]. II Esd., iii, 3. Dans ce passage, le nom de Senaa est précédéen hébreu de l’article has-Senâ’dh, ce qui est cause que la Vulgate a transcrit le nom en cet endroit Âsnaa. Voir Asnaa, t. i, col. 1104.

    1. SENAT##

SENAT (grec : ^Epoust’a), mot qui traduit dans la Bible grecque l’expression ziqnê Isrâ’êl, « les anciens d’Israël ». Exod., iii, 16, 18 ; iv, 29 ; xii, 21, etc. Les auteurs classiques employaient cette expression spécialement pour désigner un corps délibérant ou légiférant. repo’Jcn’a, irpenâyrepiôv, iz}.rfio ; TfÉpovTwv, dit Hésychius. Dans les livres deutérocanoniques, 7£po-j<n’a, se dit du sanhédrin. Judith., iv, 8 (7) ; xv, 9 (8) ;

II Mach., i, 10 ; iv, 44. La Vulgate a traduit le mot grec

par Sénat dans II Mach., 1, 10, et iv, 44. Le Nouveau Testament grec, Act., v, 21, emploie le mot ^epouat’a pour désigner le sanhédrin. La Vulgate a traduit par concilium. Le sénat romain s’appelait aussi en grec yzpovaîa, mais il n’est pas nommé dans l’Écriture. Voir Sanhédrin, col. 1459.

SÉNÉ (hébreu : Senéh, « buisson » ; Septante : Eewâ), un des deux rochers entre lesquels passa Jonathas, fils de Saül avec son écuyer pour aller attaquer les Philistins. L’autre rocher s’appelait Bosès. Voir Bosès, t. i ? col. 1856. I Sam. (Reg.), xiv, 4. Le ravin qu’escalade Jonathas est l’ouadi Soueinet, qui sépare Gabaa de Machmas. Il est très escarpé. « De l’un et de l’autre côté se dressent deux collines rocheuses qui se répondent l’une au nord, l’autre au sud, » dit V. Guérin, Judée, t. iii, 1869, p. 64. Voir Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 2e édit., 1856, t. i, p. 441 ; R. Conder, Tentwork in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 112-114.

    1. SÉNEVÉ##

SÉNEVÉ (grec : aham ; Vulgate : sinapis), plante dont la graine sert à faire la moutarde.

I. Description. — C’est le nom vulgaire de la plante dont les graines fournissent la moutarde. Le Sinapis

345. — Sinapis nigra.

nigra (fig. 345) est une grande herbe annuelle de la famille des Crucifères, croissant dans les lieux vagues, surtout au bord des eaux, dans la plupart des régions tempérées de l’ancien monde, et qui abonde notamment en Palestine. Ses caractères morphologiques la rapprochent du genre des choux, dont elle diffère par son feuillage hérissé, sans teinte glauque, et surtout par la saveur brûlante développée dans la graine quand on la broie avec de l’eau. Il se produit alors une huile essentielle très acre et rubéfiante par la réaction réciproque de deux substances localisées dans des cellules différentes des tissus de l’embryon, la myrosine et le

myronate de potassium que l’écrasement suffit pour mettre en présence. La tige, qui dans les endroits favorables peut dépasser deux mètres, se termine par des rameaux étalés, à feuilles toutes pétiolées, les inférieures découpées-lyrées, celles du sommet presque entières. Les fleurs jaunes, en grappes plusieurs fois ramifiées, ont 4 sépales étalés en croix, autant de pétales à long onglet, et 6 étamines dont 2 plus courtes. À la maturité le fruit forme une silique appliquée contre l’axe, conique, un peu bosselée’et glabre, surmontée d’un bec grêle 4 fois plus court que les valves, qui sont marquées d’une forte nervure sur le dos. Les graines sont noires et globuleuses, nettement ponctuées à la surface, et sur un rang dans chaque loge. F. Hy.

II. Exégèse. — Le sénevé n’est point mentionné dans l’Ancien Testament ; il se rencontre seulement dans une comparaison et dans une parabole des Évangiles synoptiques. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, est-il dit dans Matth., xvii, 20, vous diriez à cette montagne : Passe d’ici là et elle y passerait. » La comparaison est analogue dans Luc., xvii, 5. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier : Déracine-toi et plante-toi dans la mer, et il vous obéirait. » C’est l’exiguité du grain de sénevé qui sert ici comme terme de comparaison : un peu de foi ferait faire à l’homme des choses humainement impossibles. — Dans la parabole des synoptiques, Matth., xiii, 31-32 ; Marc, iv, 31-32 ; Luc, xiii, 18-19, le royaume deDieu est comparé à un grain de sénevé, semé dans un jardin, qui croît et devient un arbre où les oiseaux du ciel viennent se reposer. Avec la petitesse de la graine, ce qui est souligné ici c’est de plus sa force d’expansion. Les textes précédents mettent en relief les caractères suivants du sénevé : C’est une graine extrêmement petite, non pas absolument la plus petite de toutes les semences, mais la plus petite de celles qu’on a l’habitude de semer ; et cette petitesse est mise en opposition avec la grandeur des résultats, c’est-à-dire l’expansion relativement considérable de cette plante. Elle devient un arbre. Il y a lieu de remarquer que les plus anciens et les meilleurs manuscrits, nBDL etc., dans saint Luc n’ont pas l’adjectif [ilya, « grand », joint à 8év-Soov, « arbre ». Ce que le texte veut faire ressortir, c’est qu’une graine si petite, presque microscopique donne naissance à un arbre : on oppose un arbre à des plantes qui ne sont que des légumes et non pas un grand arbre à de petits. La moutarde atteint en Orient, et même parfois dans le midi de la France, la grandeur de nos arbres fruitiers : elle s’élève à la hauteur déplus de deux mètres : avec sa tige semi-ligneuse, ses branches bien étalées, c’est vraiment l’aspect d’un arbre. W. M. Thomson, TheLandand the Book, in-S", Londres, 1885, p. 414. Cette disproportion entre cette quasi invisible semence et la grandeur de son développement, peintadmirablement le royaume de Dieu si faible et exigu à son origine etdont l’épanouissement final couvrira le monde. La graine de sénevé, (lardai, était employée proverbialement chez les anciens rabbins pour désigner une chose très petite, et on parle dans le Talmud de Jérusalem, Pea, 7, d’un plant de sénevé ayant les proportions d’un figuier, où le Rabbi Siméon ben Colaphta avait l’habitude de monter, et dans le Talmud de Babylone, Ketub., ni 1 ", d’un sénevé qui avait produit neuf cabs de graines et était capable de couvrir de son bois la maison d’un potier. Quelles que soient les exagérations du Talmud, il est bien certain qu’on donnait le nom d’arbre à des plants de sénevés largement développés. Tout s’explique donc naturellement dans la comparaison et la parabole de l’Évangile.

Certains auteurs cependant, croyant que le sénevé ne répondait pas suffisamment à la qualification d’arbre et surtout de « grand arbre », et aux exagérations des rabbins, ont voulu voir dans le aivaxi de l’Évangile le


Sàlvadora persica. C’est le D r Royle, dans un article paru dans le Journal of theR. asiatic Society, en 1844, qui lança cette idée, en prétendant que cet arbre était appelé arbre à moutarde par les Arabes, et qu’il croissait sur les bords du Jourdain et du lac de Tibériade. Mais qui jamais a rangé cet arbuste parmi les plantes potagères, Aajrâvtov, comme il est dit dueri’vairi dans Matth., xm, 32 ? Cela suffit à écarter le Sàlvadora persica. De plus, comme le remarque très justement G. E. Post, dans Hastings’Dictionary of the Bible, t. iii, p. 463, cetteplante ne se trouve pas, comme le prétendait le D r Royle, sur les bords du lac de Génésareth, mais seulement autour de la Mer Morte ; elle ne pouvait donc être bien connue des auditeurs du divin Maître et être prise par lui comme terme de comparaison dans ses paraboles. On ne la sème pas non plus dans les jardins ; ce n’est pas une plante annuelle dont on puisse remarquer la rapide croissance et il ne semble pas exact que les Arabes lui aient appliqué le nom de Khardal, « moutarde ». Le Sàlvadora persica est appelé Arac par les Arabes et son fruit Kebath. H. B. Tristram, The natural History of the Bible, in-12, Londres, 1889, 8e édit., p. 473. 0. Celsius, Hierobotanicon, xi-% Amsterdam, 1748, t. ii, p. 253-259. E. Levesque.

    1. SENNA##

SENNA (hébreu : Sinnâh, avec hé local ; Septante : ’EvvâI. ; Alexandrinus : SEcvvdtx), orthographe du nom du désert de Sin dans la Vulgate. Num., xxxiv, 4. Voir SiN.

    1. SENNAAB##

SENNAAB (hébreu : Sin’àb ; Septante : Sewoâp), roi d’Adama, à l’époque de l’invasion de la Palestine par Chodorlahomor. Gen., xiv, 2. Voir t. ii, col. 711.

    1. SENNAAR##

SENNAAR (hébreu : Sin’âr ; Septante : Sevvoâp), Sevaâp), nom donné à la Babylonie dans la Genèse et dans quelques prophètes. Avant le déchiffrement des inscriptions cunéiformes, on avait fait toute sorte d’hypothèses sur l’origine de ce mot. Les documents assyriens ont mis les assyriologues à même de constater que Sennaar n’est que l’ancienne forme du mot Sumer qu’on lit si fréquemment sur les monuments antiques du pays, mât Sumeri u Akkadi, « terre de Sumer et d’Accad ». Dans les lettres de Tell el-Amarna, H. Winckler, Altorientalische Forschungen, t. ii, 1898, p. 107, Keilinschriftenunddas Aile Testament, p. 238, le nom est écrit Sanhar, d’après une explication assez vraisemblable. La langue sumérienne paraît avoir été parlée en Babylonie avant qu’un idiome sémitique, celui que nous désignons sous le nom d’assyrien, y fût en usage.

Le royaume primitif de Nemrod comprenait Babylone, Arach, Achad et Chalanné, dans la terre de Sennaar. Gen., x, 10. Avant de se disperser, les hommes rassemblés dans la plaine de Sennaar, lorsqu’ils se furent multipliés après le déluge, y élevèrent la tour de Babel. Gen, , xi, 9. Voir Babylone, 1. 1, col. 1351. — Amraphel, c’est-à-dire Hammurabi, un des rois confédérés qui firent la guerre en Palestine, ayant à leur tête Chodorlahomor, était roi de Sennaar. Gen., xiv, 119. Voir le portrait d’Hammurabi, t. iv, fig. 108, col. 336. Cf F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., 1906, t. i. fig. 51, p. 475. — On ne retrouve plus le nom de Sennaar dans l’Écriture qu’à l’époque des prophètes. Isaïe, xi, 11, appelle la Babylonie Sennaar. Daniel, i, 2, et Zacharie, v, 11, font de même. — Voir Eb. Schrader, Keilinschriftenund Geschichtsforschung, 1878, p. 533-534 ; Weissbach, Zur Lôsung der Sumerischen Frage, Leipzig, 1897 ; G. Pinches, Languages of the early Inhabitants of Mesopotamia, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, 1884, p. 301 sq. ; Id., Sumerian or Cryptography, dans la même revue, 1900, p. 25 sq., 343, 351.

V. - 51

    1. SENNACHÉRIB##

SENNACHÉRIB (hébreu : anrac, Sanhêrîb ; Septante : ’Sivtàxiiçsty. ; assyrien : ] ►*— J ^ >^- J- «-m ^|]T Sin-ahi-erib, c’est-à-dire « (le dieu lunaire) Sin a multiplié les frères » ), roi d’Assyrie, fils et successeur de Sargon, et qui régna de 705 à 681 (fig. 316). Son règne nous est connu par les textes bibliques, les extraits des historiographes grecs, et surtout de nombreuses inscriptions cunéiformes dont un bon nombre rédigées par Sennachérib même, et dont les renseignements peuvent être contrôlés, complétés et même corrigés par l’important document dit Chronique babylonienne : malheureusement ces inscriptions sont presque toutes antérieures aux dernières années de son règne, sur lesquelles nous sommes par conséquent moins bien renseignés. Le principal de ces documents est l’inscription du prisme hexagonal, dit de Taylor, du nom de son premier propriétaire, actuellement au Musée britannique

346. — Cylindre de Sennachérib.

D’après Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh,

in-8°, Londres, 1853, p. 160.

et publié dans Rawlinson, The cuneiform Inscriptions of the Western À sia, t. i, pi. 37-42 ; rédigé en forme d’annales, il nous conduit jusqu’à la fin de la neuvième campagne de Sennachérib ; les lacunes peuvent être partiellement comblées par les autres inscriptions, spécialement par le cylindre du Musée britannique n. 103000 publié par King dans le t. xxvi des Cuneiform Texts du Britisk Muséum.

Sennachérib s’attacha à continuer la politique de Sargon vis-à-vis de Babylone qu’il finit par soumettre, et du côté de l’Occident vis-à-vis de l’Egypte, qui essayait sans cesse d’ébranler la domination assyrienne en Phénicie, en Palestine et en Philistie ; de ce côté Sennachérib fut moins heureux. Comme’d’ordinaire, la mort du conquérant Sargon et l’avènement du nouveau monarque excitèrent parmi tous les peuples conquis ou menacés des mouvements hostiles contre l’Assyrie ou des velléités de révolte. Mérodach-Baladan, précédemment détrôné, avait ressaisi la royauté en Babylonie et s’était hâté d’envoyer une ambassade à Ézéchias de Jérusalem, moins apparemment pour le féliciter de sa guérison, que pour ébranler sa fidélité au suzerain de Ninive et constater quelles étaient les ressources et les forces du royaume de Juda : on sait quel accueil on lui fit à Jérusalem, et le mécontentement et les oracles d’Isaïe qui en furent la suite. Là aussi un parti national voulait faire rejeter le joug assyrien, en recourant à l’appui de l’Egypte malgré les avertissements du prophète : Ézéchias se laissa entraîner, et cessa d’envoyer le tribut annuel, payé à l’Assyrie depuis Achaz.

Dès sa première campagne, c’est-à-dire vraisemblablement vers l’année 701 ou 703, Sennachérib entreprit de réduire la Babylonie : après une période de luttes mentionnée dans le Canon de Ptolémée comme un interrègne de deux ans, aidé par les Élamiles,

Mérodach-Baladan de (Bet)-Yakin était remonté sur le trône : l’Élam jouait à Babylone le même rôle que l’Egypte en Palestine, excitant la révolte et fournissant des troupes pour garantir sa propre indépendance ; mais Sennachérib survenant à l’improviste écrasa les coalisés à KiS, au sud de Babylone ; Mérodach-baladan se réfugia une fois encore dans les marais inaccessibles de la Basse-Chaldée, puis en Élam, tandis que son vainqueur pillait ses palais et ses trésors, or, argent, pierres précieuses, objets de prix, femmes et officiers, esclaves des deux sexes ; il s’emparait de 89 villes fortes outre des localités moins importantes sans nombre ; il plaçait sur le trône Bel-ibni, le Belibus des historiographes, et rentrait en Assyrie traînant à sa suite 208000 captifs, 7200 chevaux et mulets, 11113 ânes, 5230 chameaux, 80100 bœufs, 800500 brebis, etc.

L’année suivante, une deuxième campagne mit sous le joug ou fit rentrer dans l’obéissance les tribus de Bisi et de Yasubigalli, puis le pays d’Ellipi, et même les contrées éloignées qu’habitaient les Mèdes, c’est-à-dire l’Aram du moyen Euphrate, puis les régions montagneuses du Nord et de l’Est de la Mésopotamie : il y fit beaucoup de butin et y construisit quelques forteresses où il laissa des gouverneurs assyriens, mais vraisemblablement sans grand profit réel, au moins pour ce qui concerne les régions les plus éloignées et les plus inaccessibles.

La troisième campagne fut d’une bien autre importance, et d’un plus grand intérêt ; elle eut pour théâtre le pays des Hatti, c’est-à-dire la Syrie, la Palestine, la Phénicie et les royaumes voisins. Arvad, Gebal, Azot, Accaron étaient demeurées fidèles à l’Assyrie, mais Sidon, Ascalon et Juda avaient cessé de payer le tribut imposé par Sargon : Ce que voyant, les gens d’Accaron se révoltèrent également, se saisirent de leur prince Padi qui voulait rester fidèle à Sennachérib, l’enchaînèrent et le livrèrent à Ézéchias, pour qui un pareil hôte ne pouvait qu’être fort compromettant. Au fond ces quatre petits royaumes ne pouvaient espérer de lutter avantageusement contre l’Assyrie sans l’appui de l’Egypte, l’inspiratrice habituelle de toutes ces coalitions. Selon Maspero, le pharaon était alors Sabitkou, fils de Sabacon, nommé Séthos par Hérodote ; selon M. de Rougé, Oppert, Sayce et Rawlinson, d’accord avec le texte biblique, Tharaqa ou Tirhakah, également de la dynastie éthiopienne, l’avait déjà remplacé ; les textes assyriens mentionnent simplement le roi d’Ethiopie et les princes d’Egypte sans donner aucun nom. Suivant son habitude le roi d’Assyrie déjoua la coalition par son apparition subite en Palestine, à la tête d’une puissante armée. Les pays demeurés fidèles, et ceux qui étaient restés hésitants comme Moab, Amon et Édom, se hâtèrent de faire leur soumission et d’envoyer à l’envahisseur des tributs, et sans doute aussi des troupes de renfort. Quant à Luli-Elulseus, roi de Sidon, il se réfugia par delà la mer, tandis que Sennachérib dévastait à loisir ses possessions continentales et lui donnait pour successeur Tubal (Ethbaal ou Ithobal). La Philistie subit un sort analogue : le territoire d’Ascalon fut ravagé, Zidqa son roi fait prisonnier et Sar-lu-dari mis à sa place ; Beth-Dagon, Joppé, Benê-Baraqet Hazor, qui dépendaient d’Ascalon, furent prises et dévastées au passage. Il arrivait à Accaron quand survint l’armée égyptienne, les princes d’Egypte avec la cavalerie, les chars et les archers de Méroé. On choisit pour livrer la bataille Altaqu, TElteqê de Joseph, Ant. jud., XIX, 44, dans la tribu de Dan, aux environs de Thamnath et d’Accaron : « Mettant ma confiance dans le dieu Assur mon maître, écrit Sennachérib dans ses Annales, je les attaquai et les défis ; les chefs des chars et les princes d’Egypte, les chefs des chars du roi deMeroé (Mutsru, Miluljhu r

1605

SENNACHÉRIB

1606

ma main les prit au milieu de la bataille. » Altaqu et Thamnath furent emportées d’assaut, et tout aussitôt après Accaron, où les chefs et les grands, auteurs de la révolte et coupables d’avoir livré Padi à Ezéchias, furent mis à mort et empalés autour de la ville, les habitants qui avaient participé à la rébellion, emmenés en captivité, et Padi remis en liberté par Ezéchias sans qu’on nous dise en quelles circonstances, replacé sur le trône moyennant un nouveau tribut. De toute la coalition, il ne restait plus que le roi de Juda. Sennachérib (701) commença par dévaster systématiquement son royaume : 46 grandes villes, des places fortes sans nombre furent attaquées par le fer et la flamme ; 200150 hommes réduits en esclavage, rien ne fut épargné : c’est de ces dévastations que nous trouvons soit l’annonce, soit la peinture dans Isaïe, i-x et xxxm. Cf. II Reg., xviii, 20. Le roi de Ninive, sans doute pour menacer à la fois Tirhakah et Ezéchias, descendit jusqu’à Lachis (Tellel-Hésy près de Umm-Lachis) sur le chemin de Gaza à Jérusalem, à la jonction des routes d’Egypte, de Palestine et de la Philistie septentrionale : un bas-relief conservé au Musée britannique de Londres nous représente le monarque recevant les envoyés et les dépouilles de Lachis (voir Lachis, t. iv, fig. Il et 12, col. 23-24) ; c’est là également qu’Ézéchias effrayé lui envoya ses ambassadeurs pour solliciter la paix. Déjà les territoires ravagés avaient été attribués par le conquérant aux princes philistins restés fidèles, à Mitinti d’Azot, à Padi roi rétabli d’Accaron, à Ismi-Bel roi de Gaza. Ezéchias offrait en outre 38 talents d’or, 800 talents d’argent (ou 300 selon le texte hébreu, divergence résultant soit d’un changement de chiffre, soit même de la différence du talent hébreu et du babylonien), quantité d’objets précieux, de pierreries, et quantité d’esclaves. D’après le texte assyrien, tout cela fut envoyé à Ninive par Ezéchias, détail qui cadre assez mal avec les lignes précédentes où Sennachérib est précisément représenté assiégeant Jérusalem et y tenant Ezéchias « enfermé comme un oiseau dans sa cage, après le blocus de la cité, et toute sortie par la grande porte coupée aux habitants de la ville. » On se demande ensuite pourquoi l’ennemi aurait abandonné le siège au lieu de prendre la ville d’assaut, de la livrer au pillage, d’en emmener la population en captivité, d’en détrôner le roi, comme il le fit dans toutes les autres capitales révoltées, à Sidon, à Ascalon et à Accaron : cette clémence du vainqueur serait d’autant plus inexplicable qu’Ézéchias était le plus compromis, et le plus persévérant dans sa révolte. On est de la sorte amené à reconnaître ici l’un de ces insuccès sur lesquels les annales officielles sont obstinément muettes, et qu’il faut apprendre par la relation des adversaires : un peu plus tard Sennachérib nous en fournira un exemple analogue, en s’attribuant dans ses annales le gain de la bataille de Halulê, alors que la victoire est au contraire attribuée aux Ëlamites dans la Chronique babylonienne. La Bible nous donne une explication de ces réticences assyriennes, et présente les faits dans un ordre tout différent : tandis que Sennachérib est à Lachis, Ezéchias sollicite la paix et envoie son tribut ; le tribut est accepté, mais la paix est refusée : au même instant on signale l’approche de Tirhakah et de l’armée égyptienne ; Sennachérib remonte jusqu’à Lobna et Altaqu ; mais il envoie d’abord ses officiers exiger la reddition de Jérusalem : Ezéchias refuse et le rabsacès va rapporter ce refus au roi d’Assyrie à Lobna ; nouvelles menaces de destruction de la ville et de déportation pour le peuple : oracle d’Isaïe assurant à Ezéchias que Sennachérib ne tirera même pas une flèche contre Jérusalem ; désastre final de l’armée assyrienne : « Et il arriva la nuit même que l’ange de Jahvéh sortit et tua 185000 hommes du camp assyrien ; et quand on se leva le matin ce n’étaient que

des cadavres. Et Sennachérib leva son camp, s’en alla et se tint à Ninive. » L’Écriture ne précise pas davantage le lieu ni le mode de cette intervention surnaturelle. Du même coup l’Egypte, menacée depuis la défaite de son armée à Altaqu, se voyait délivrée de toute crainte d’invasion assyrienne ; elle attribua cet anéantissement des forces ennemies à l’intervention du dieu Ptah, Vulcain dans le récit d’Hérodote, lequel sollicité par le pharaon Séthos de lui venir en aide au moment où la caste militaire l’abandonnait sans ressources devant l’invasion de Sennachérib, roi des Arabes et des Assyriens, « envoya une multitude prodigieuse de rats de campagne qui rongèrent les carquois, les arcs et les courroies des boucliers dans le camp ennemi… On voit encore aujourd’hui dans le temple de Vulcain une statue qui représente ce roi ayant un rat sur la main, avec l’inscription : Qui que tu sois, apprends en me voyant à respecter les dieux. y> On sait le rôle attribué aux rats dans la transmission de la peste : peut-être est-ce la statue qui a donné naissance à la légende rapportée par Hérodote, ii, 141. Josèphe explique également par une peste surnaturelle la destruction de l’armée assyrienne. Ant. jud., X, il, 5. Voir Ezéchias. Quant à Tharaca, l’adversaire de Sennachérib, suivant de Rougé, Sayce, et Oppert, il mentionne parmi les peuples qu’il a vaincus Assur et Naharain, les Assyriens et les troupes de Mésopotamie. E. de Rougé, Étude sur les monuments de Tahraka, p. 13. Rawlinson place de même ces événements sous Tharaca, mais il dédouble en deux campagnes (701 et 699) l’invasion palestinienne, le siège de Jérusalem et la lutte contre l’Egypte ; et il fait de Shabatok et de Séthos deux vice-rois de la Basse-Egypte sous la dépendance de Tharaca. History of ancient Egypt, 1881, t. ii, p. 450. Mais les annales assyriennes, dans le prisme de Taylor et dans l’inscription des Taureaux de Koyoundjik, renferment toujours tous ces événements dans la troisième campagne exclusivement.

Le texte hébreu termine son récit en ces termes : « Sennachérib retourna à Ninive… et y demeura. — Et pendant qu’il adorait Nesroch son dieu dans son temple, Adrammélech et Sarasar ses fils le tuèrent à coupsd’épée. » Le texte juxtapose les deux événements parce que seuls ils intéressent désormais l’histoire juive ; il est certain que Sennachérib retourna à Ninive aussitôt après le désastre survenu à son armée ; mais sa mort n’eut lieu qu’en 685 ; dans l’intervalle il conduisit encore plusieurs expéditions contre différents adversaires, mais aucune contre la Palestine ni l’Egypte.

Les menées de Mérodach-Baladan de (Bit)-Yakin, tant de fois détrôné déjà, rappelèrent les Assyriens en Babylonie : avec le secours des Élamites, ce prince avait chassé de Babylone Bel-ibni et s’était de nouveau emparé du pouvoir. Dans une quatrième campagne Sennachérib reparut en Chaldée et mit en fuite Morodach-baladan, le poursuivit sans l’atteindre jusque dans le Bet-Yakin qu’il ravagea : les villes furent rasées, les habitants réduits en esclavage, le pays changé en désert ; finalement il mit sur le trône son propre fils Assur-nadin- (sum), qui ne fut pas plus heureux que ses prédécesseurs. Aussi une sixième, une septième et une huitième campagnes (la cinquième fut dirigée par Sennachérib dans les régions montagneuses et peu accessibles du nord de la Mésopotamie, sans résultats bien intéressants) furent encore nécessaires contre les mêmes ennemis toujours vaincus, s’il faut croire le témoignage des annales ninivites, mais jamais découragés, Nergal-uâezib et Musezib-Marduk (le Suzub des Annales), remontés sur le trône de Babylone, et leurs auxiliaires Kudur-Nahunti et Ummanminanu, rois d’Élam. Sous ce dernier les Élamites aidés des tribus de Parsua, d’Anzan, d’Ellipi et du bas Euphrate organisèrent avec les Babyloniens une vaste

coalition : Sennachérib rencontra leurs troupes à Halulé sur le Tigre (690) et prétend, par la protection d’Assur et des autres grands dieux, les avoir battues, avoir fait un grand carnage et un butin plus grand encore : mais la Chronique babylonienne attribue au contraire la victoire aux Élaraites : ce fut évidemment une lutte terrible, et sans résultat décisif, après laquelle chacun des adversaires épuisé se hâta de retourner dans ses terres. — L’année suivante, Umman-minanu ayant été réduit à l’extrémité par la maladie, Sennachérib en proQta pour tomber à l’improviste sur Babylone : cette fois MuSezib-Marduk, incapable de résister seul, se rendit, et Sennachérib saccagea et rasa la ville « renversant tout, des fondations au faite, sapant,

terre depuis la mer supérieure du soleil couchant jusqu’à la mer inférieure du soleil levant, » Sennachérib joignit le faste des grandes constructions pour lesquelles il utilisa les immenses richesses et les esclaves sans nombre, ramenés de ses lointaines et multiples expéditions. Ninive surtout, délaissée par Sargon, son père, fut son séjour favori : il en répara les murailles, les quais, les édifices publics et surtout le palais des rois ses prédécesseurs qu’il décora de cèdre et de reliefs d’albâtre, où il fit représenter avec un réalisme puissant et une infinie variété ses conquêtes, les pays lointains qu’il avait traversés, les constructions monumentales qu’il avait fait ériger, et jusqu’aux détails de sa vie quotidienne : des légendes

347. — Le roi Sennachérib sur son trône devant Lachis. D’après Layard, Diacoveries in the ruins of Nineveh, 1860, p. 150. Pour les eunuques qui entourent le roi et les autres détails de la scène, voir Lachis, t. iv, fig. 11, col. 23.

brûlant, abattant les remparts, les temples des dieux, les ziggurat ou pyramides, et comblant le grand canal de l’Euphrate de tous ces débris. » Les détails de ce dernier siège sont contenus non plus dans le prisme de Taylor qui fut rédigé sous l’éponymat du limu Belimur-ani, c’est-à-dire en 691-690, la quinzième année du règne, mais dans l’inscription de Bavian de date postérieure. Le conquérant laissa pour régner sur ces ruines un autre de ses fils, Assur-ah-iddin, Asarhaddon, qui devait neuf ans plus tard lui succéder à Ninive.

Vers la fin de son règne Sennachérib mena encore une expédition contre les Arabes, s’empara d’une ville du nom d’Adumu, s’y assujettit un roi appelé Hazailu et une reine dont le nom et le pays, sont illisibles : au nord, il paraît même avoir fait envahir la Cilicie par ses troupes et avoir pris contact avec les Grecs d’Asie. Cuneiform texts du British Muséum, t. xxvi, pi. 15, col. IV ; P. Dhorme, Les sources de la Chronique d’Eusèbe, dans la Revue biblique, avril "1910, p. 235.

Au prestige de la victoire qui lui faisait commencer ses inscriptions en ces termes : « Assur, le maître souverain, m’a confié la royauté de tous les peuples, il a étendu ma domination sur tous les habitants de la

cunéiformes expliquent le contenu des bas-reliefs ; les grands vides entre les ailes et les jambes des Kirubi et des nirgalli, les taureaux et les lions protecteurs, sont couverts de longues inscriptions ; les plus considérables recouvraient des prismes d’argile enfouis dans les fondations de ses palais. Des bas-reliefs, il faut citer principalement celui qui représente la reddition de Lachis en Palestine. Voir Lachis, t. iv, fig. 11, col. 23. La Bible parlait de cet événement que les annales assyriennes n’avaient pas mentionné, II Reg., xviii, 14 : le roi, de très haute stature, siège sur un trône élevé, ayant sur la tête une couronne en forme de tiare d’où pendent deux fanons, vêtu d’une tunique frangée recouverte d’une sorte de chasuble richement brodée, portant de splendides bijoux, bracelets et boucles d’oreilles, élevant d’une main une flèche, et s’appuyant de l’autre sur l’arc royal (fig. 347) : derrière lui, les eunuques agitent les flabellum ; par devant, plusieurs Juifs sont agenouillés, d’autres élèvent les mains d’une façon suppliante : le croisillé du fond indique une région montagneuse ; les arbres qu’on y a représentés semblent être principalement des vignes et des figuiers. — La Bible, IV Reg., xix, 37 ; Is., xxxvii, 38 ; les historiographes et les textes cunéiformes sont unanimes sur la tragédie qui mit fin à ce règne glorieux. Les Livres Saints, comme nous l’avons vu col. 1606, racontentcommentvdrammélechetSaréser ses fils tuèrent Sennachérib à coups d’épée. Asarhaddon son fils régna à sa place. Voir ces noms. — La Chronique babylonienne lit de même : « Le 20 (du mois) de Tebet, Sennachérib fut tué dans une révolte par son fils. Durant (24) années Sennachérib avait gouverné le royaume d’Assur : depuis le 20 Tebet jusqu’au 2 Adar la révolte continua en Assur. Le 18 Adar, Asarhaddon son fils s’assit sur le trône d’Assur. » Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e éd., t. iv, p. 7-65 ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform iriscnptions and ihe Old Testament, 18851888, t. i, p. 278-310 ; t. ii, p. 1-17 ; G. Maspéro, Histoire ancienne de l’Orient, t. iii, p. 272-345 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, 1874, p. 225-230 ; Bezold, dans Eb. Schrader, Keilinschiflliche Bibliothek, t. ii, p. 80-113 ; Records of the Past, I™ série, t. i, p. 23-32 ; 2e série, t. IV, p. 21-28 ; H. Rawlinson, The cuneiform Inscriptions of the Western Asia, t. i, pi. 16-43 ; t. iii, « p. 13 sq. ; Pinches, The Babylonian Chronicle, p. 2, 3, 21-24 ; G. Rawlinson. The five great monarchies, 1879, t. ii, p. 155-185 ; G. Smith, History of Sennachérib, 1878 ; Sayce, dans Hasting’s Dictionary of the Bible, t. IV, p. 436 ; Pognon, L’inscription de Bavian, fasc. 39 et 42 de la Bibliothèque des Hautes Études.

E. Pannier.
    1. SENNÉSER##

SENNÉSER (hébreu —.Sén’assar ; Septante : Exve<rip), fils du roi de Juda, Jéchonias. I Par., iii, 18.

    1. SENNIM##

SENNIM (hébreu : Sa’ànanîm ; Septante : ttXeovextouvtwv), orthographe dans la Vulgate, Jud., iv, 11, de la localité dont elle écrit ailleursle nom Saananim. Voir Saananim, col. 1283.

SENS, organes au moyen desquels l’homme entre en rapport avec les êtres matériels qui l’entourent. — La Bible parle, à l’occasion, soit des sens, soit de leurs opérations. Voir Main, t. iv, col. 580 ; Œil, col. 1748 ; Oreille, col. 1857. À propos d’un enfant sans vie, il est dit qu’il n’a plus de qéSéb, « attention », àxpôaceç, sensus. IVReg., lv, 31. La Vulgate mentionne une fois le « sens des oreilles », c’est-à-dire l’impression faite sur les oreilles, là où le grec parle seulement d’audition. Judith, xiv, 14. Les idoles n’ont pas l’usage des sens, le sentiment, aïddïiot ; , sensus. Bar., vi, 41. Cette pensée est reproduite avec le dénombrement des sens qui manquent aux idoles, malgré l’apparence d’organes. Ps. cxv (cxm), 5-7 ; Sap., xv, 15. Les sens, au moyen desquels on peut distinguer ce qui est bon et ce qui est mauvais, sont une fois appelés aï<r6r, Tr, pta, sensus. Ileb., v, 14. Le même mot se trouve déjà dans les Septante, Jer., iv, 19, pour désigner l’intérieur de l’homme qui sent la douleur. Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 233. — Dans d’autres passages, la Vulgate emploie le mot sensus pour rendre des termes qui se rapportent à l’intelligence et à la pensée, comme lêb, voûc, vo^u. « , etc. — Sur les différents sens de la Sainte Écriture, voir Allégorie, t. i, col. 368 ; Littéral (Sens), t. iv, col. 294 ; Mystique (Sens), col. 1369 ; Mythique (Sens),

col. 1376.
H. Lesêtre.

SENS DE L’ÉCRITURE. — I. Notion. — Le mot « sens », qui dérive du latin sensus, a les mêmes acceptions que le terme latin qu’il traduit. L’une d’elles est l’idée, la pensée, et elle comprend non seulement l’idée conçue dans l’esprit, mais aussi et surtout l’idée exprimée et manifestée au dehors par des signes, le geste, la parole, l’écriture. La manifestation de la pensée par le geste, quoique parfois très expressive, est la plus imparfaite. Sauf dans le langage non articulé des sourds-muets et dans la mimique

elle n’est employée qu’accessoirement et d’ordinaire les gestes accompagnent seulement la parole ou la lecture pour en fortifier et augmenter l’expression. Régulièrement, la manifestation de la pensée intérieure se fait donc par la parole ou l’écriture ; l’orateur et l’écrivain communiquent leurs idées, leurs sentiments leurs volontés au moyen des mots d’une langue comprise de leurs auditeurs et de leurs lecteurs. Ces mots expriment les concepts, les idées, que l’orateur et l’écrivain qui les emploient, veulent manifester et ils présentent par suite le sens déterminé qu’on a l’intention de leur donner en les proférant par la parole ou en les écrivant sur le papier. Ce sens, fixé par le contexte et par l’ensemble de la phrase, est l’une des significations diverses que les mots employés ont d’après leur étymologie ou l’usage et qui sont indiquées par les lexiques ou dictionnaires. De soi, un mot peut avoir et prend souvent des acceptions diverses ; mais, dans une phrase prononcée ou écrite, il n’a normalement, sauf le cas d’amphibologie voulue, qu’un sens, celui que l’orateur ou l’écrivain a voulu lui donner et manifester par lui dans l’emploi particulier qu’il en fait. Ce sens unique, qu’il soit propre ou figuré, selon que le mot est pris dans une acception primitive ou détournée, représente la pensée de l’orateur ou de l’écrivain, le concept ou l’idée qu’il a voulu communiquer à ses auditeurs ou à ses lecteurs. C’est cette idée que ceux-ci doivent saisir et comprendre, à moins d’entendre à contresen la phrase parlée ou écrite.

L’Écriture Sainte étant, par définition, la parole de Dieu écrite par l’intermédiaire des écrivains inspirés, le sens qu’elle présente et qu’elle exprime, est l’idée, la pensée, que l’Esprit inspirateur a voulu ou a laissé, sous sa garantie, manifester aux hommes par les auteurs sacrés des livres bibliques. Le sens de l’Écriture est donc la vérité religieuse, morale, historique, etc., que le Saint-Esprit, auteur principal des Livres Saints, a eu l’intention de faire communiquer en langage humain aux hommes, auxquels s’adressaient ces livres, par l’organe des écrivains qu’il inspirait.

II. Espèces. — 1° Sens véritables et authentiques. — 1. Sens littéral. — Comme tout livre, les Livres Saints présentent un sens direct, qui est exprimé immédiatement par le texte sacré, par sa lettre. Aussi est-il dit le sens littéral. Il est conforme aux règles de la langue employée, et il est propre ou métaphorique, selon que les mots sont usités dans leur signification première ou dans une des significations détournées que l’usage leur a données. Ce sens est unique et se distingue des conclusions qu’on en tire logiquement, conclusions qui expriment ce que l’on appelle parfois le sens conséquent du texte. Voir t. iv, col. 294-300. C’est à ce sens conséquent qu’il faut rapporter, si l’on veut l’entendre exactement, le sens théologique de la Bible, que quelques critiques récents ont distingué du sens biblique. Correctement interprétée, cette dénomination ne peut désignerque les conclusions que les théologiens tirent légitimement du sens réellement exprimé dans les Livres Saints.

2. Sens spirituel. — Une particularité des Livres Saints est que, indépendamment de la lettre et par le moyen des choses exprimées par la lettre, l’Esprit inspirateur a voulu parfois faire énoncer une autre idée, cachée sous la lettre signifiée médiatement par elle et saisie par l’esprit du lecteur dans les vérités qui résultent du sens littéral. C’est le sens spirituel, mystique ou typique de l’Écriture. Ce sens ne se trouve pas dans tous les passages de l’Écriture inspirée, mais seulement dans quelques-uns, et par la volonté formelle de l’Esprit inspirateur. Son existence ne se présuppose pas ; elle a besoin d’être démontrée, et les sens spirituels certains de l’Écriture doivent être soigneusement distingués des interprétations mystiques. 1611

SENS DE L’ÉCRITURE — SENTINELLE

4612

proposées par les Pères et les exégèles. Voir t. iv, col. 1369-1376.

2° Sens conventionnels ou faux. — À ces deux sens véritables on a joint un sens d’application dit sens accommodatice, qui n’est pas exprimé par la lettre, ni par conséquent voulu par le Saint-Esprit, mais qu’on tire de la lettre elle-même par extension ou par simple allusion, et parfois à contresens. Voir t. i, col. 112-115, et J.-V. Bainvel, Les contresens bibliques des prédicateurs, 2e édit., Paris, 1906 ; et une interprétation fausse de certains passages de l’Écriture que l’on considère, comme des mythes et auxquels on attribue un sens mythique, qu’ils n’ont pas. Voir t. iv, col. 1376-1424.

IIL La théorie des sens scripturaires exposée

DANS LES TRAITÉS D’INTRODUCTION GÉNÉRALE OU DANS CEUX

d’herméneutique. — Bien que l’herméneutique, prise en rigueur, soit réservée à l’exposé des règles de l’interprétation biblique, voir t. iii, col. 612-613, on y introduit généralement la théorie des sens scripturaires en vertu de cette liaison logique que ces règles ont pour but d’aider à faire découvrir le véritable sens de l’Écriture, Mais les lois de la logique amènent quelques théoriciens à la distinguer de cette partie de l’herméneutique, qu’ils désignent sous le nom de heuristique (art de trouver le vrai sens), et à lui donner le titre spécial de propédeulique, V. Zapletal, Hermeneutica biblica, Fribourg (Suisse), 1897, p. 1157, ou de normatique, S. Székely, Hermeneutica generalis secundum principia catholica, Fribourg-en-Brisgau, 1902, p. 28-50. Plus généralement les auteurs des traités d’herméneutique négligent ces dénominations techniqnes et se bornent à placer la théorie des sens bibliques avant l’exposé des règles d’interprétation. Les auteurs d’Introductions générales à l’Écriture Sainte font de même et traitent seulement des sens bibliques dans un chapitre spécial de leurs ouvrages. Pour la bibliographie du sujet, voir les traités d’herméneutique cités, t. iii, col. 628-633, et les Introductions générales mentionnées ibid., col. 915-919.

E. Mangenot.

    1. SENSENNA##

SENSENNA (hébreu : Sansennâh ; Septante : Ssôsvvix ; Alexandrinus : Eav<xavvà), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 31. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 172-173, l’identifie, mais avec hésitation, à Hasersusa. Voir t. iii, col. 447. « Parmi, les villes antiques du district montagneux de Juda, dit-il, il n’en est aucune dont le nom se rapproche de celui de Sousiéh, mais, au nombre de celles qui étaient assignées à la tribu de Siméon, il en est une appelée… en latin Hasersusa, Jos., xix, 5 ; Hasarsusim, I Par., iv, 31… Le nom de Sousa, au pluriel Sousim, a un rapport frappant avec celui de Sousiéh ; d’un autre côté, le Khirbet Sousiéh semble plutôt avoir appartenu à la tribu de Juda qu’à celle de Siméon. Cette identification est donc douteuse. » Sousiéh est situé à l’est T nord-est d’es-Semu’à (Isthemo). Cf. Hasersusa, t. iii, col. 447.

    1. SENSIBILITÉ##

SENSIBILITÉ, faculté qu’a l’âme d’être impressionnée par les objets extérieurs, grâce à l’intermédiaire des sens ! — Les Hébreux ne distinguaient pas avec beaucoup de précision les facultés et les opérations diverses de l’âme. Ils appelaient bétén le sens intérieur en tant que siège de la sensibilité, sans exclusion de l’intelligence et de la volonté. Job, xv, 35. On souhaite que les douleurs fondent sur l’impie et que son ventre, bitnô, yaffrïip, venter, en soit rempli. Job, xx, 23. Habacuc, ut, 16, dit : « Mon ventre a tressailli, » bitnî, xoiXt’a, venter, c’est-à-dire : ma sensibilité a été ébranlée. Les choses qui émeuvent fortement vont jusqu’aux hadrê bétén, aux « chambres du ventre », au plus intime de la sensibilité. Prov., xviii, 8 ; xxvi, 22. Le ventre, xot).îa, venter, s’émeut à la recherche de la sagesse. Eccli.,

li, 21 (29). Voir Entrailles, t. ii, col. 1818. Cf. Frz. Delitzsch, System der bibl. Psychologie, Leipzig, 1861, p. 265. Sur les causes qui émeuvent la sensibilité, voir Plaisir, col. 456 ; Souffrance ; Deuil, t. ii, col. 1396.

Cf. Eccli., xxxviii, 17-20.
H. Lesêtre.
    1. SENSUALITÉ##

SENSUALITÉ, inclination qui porte à rechercher et à se procurer avec excès les plaisirs des sens. Voir Plaisir, col. 456. Au point de vue de ses appétits sensuels, l’homme est désigné dans la Sainte Écriture par le mot « chair », qui marque la prédominance déréglée de la partie matérielle sur l’esprit. Voir Chair, t.’ii, col. 487. L’homme qui suit les instincts de la sensualité est’appelé * vieil homme », par opposition avec l’homme nouveau qui obéit à la grâce, Rom., VI, 6 ; Col., HT, 9, « homme animal », par opposition avec l’homme spirituel, I Cor., ii, 14, et « . homme terrestre », par opposition avec l’homme qui vient du ciel. I Cor., xv, 47. Les désirs grossiers de la concupiscence sont sa loi. Rom., vi, 12 ; Gal., v, 24 ; Jacob., iv, 1, 3 ; II Pet., iii, 3 ; I Joa., H, 16. Saint Paul appelle « corps du péché » cette inclination de la nature déchue qui fait des hommes les « esclaves du péché », et que Jésus-Christ est venu détruire.

Rom.,-vi, 6.
H. Lesêtre.
    1. SENTINELLE##

SENTINELLE (hébreu : sôfêh, somêr ; Septante : oxoitô ; , ipyXaJ ; Vulgate : custos, speculator), celui qui est chargé de veiller pour avertir du danger. — À la guerre, des sentinelles sont chargées de veiller sur un camp ou sur un poste, afin d’avertir les soldats de l’approche des ennemis. Quand Gédéon et ses hommes arrivèrent au camp des Madianites au milieu de la nuit, on venait de relever les sentinelles, c’est-à-dire que les sentinelles qui avaient monté la garde pendant une veille étaient allées réveiller celles qui devaient prendre la garde pendant la veille suivante. Le moment était donc favorable pour faire invasion dans le camp. Jud., vii, 19. — Pendant que les Philistins et les Israélites campaient en face les uns des autres, les premiers à Machmas, les seconds à Gabaa, Jes sentinelles de Saùl remarquèrent le tumulte occasionné dans le camp ennemi par l’exploit de Jonathas et elles en donnèrent avis. I Reg., xiv, 16. Après le meurtre d’Amnon par Absalom, une sentinelle vit venir de loin la troupe des autres fils du roi. II Reg., xiii, 34. À la suite de la défaite d’Absalom dans la forêt d’Éphraïm, une sentinelle placée à la muraille vit accourir un homme et cria pour avertir David ; elle en vit ensuite un autre et reconnut en lui Achimaas, fils de Sadoc, qui apportait la nouvelle de la victoire. Il Reg., xviii, 24-27. Pendant que les deux rois Joram et Ochozias étaient à Jezraël, la sentinelle placée sur la tour signala l’arrivée d’une troupe, puis l’attitude imposée aux deux cavaliers envoyés successivement vers elle, enfin l’approche de Jéhu qu’elle reconnut au train désordonné de son char. IV Reg., IX, 17-20. Dans le Cantique, v, 7, il est question de gardes qui font la ronde dans la ville et veillent sur les murailles. Les Assyriens mirent des sentinelle’s auprès des sources de Béthulie, afin d’empêcher les Hébreux d’y venir puiser. Judith, vii, 9. Après son exploit, Judith, xiii, 13, cria aux sentinelles de la ville de lui ouvrir les portes. Averti que les Syriens devaient le suspendre pendant la nuit, Jonathas commanda aux siens de se tenir sur pied et détacha des sentinelles avancées tout autour de son camp. IMach., xii, 27. — Dans sa prophétie contre Babylone, Isaïe, XXI, 5-9, met en scène une sentinelle qui fait le guet, crie aux armes et, debout tout le jour et toute la nuit sur la tour, décrit l’arrivée des envahisseurs. Dans la prophétie contre Édom, on demande à la sentinelle : « Où en est la nuit ? » Elle répond que le matin vient, mais refuse d’en dire plus long. Is., XXI, 11, 12. Les sentinelles de Sion élèvent leur voix joyeuse, car elles voient revenir Jéhovah

dans sa ville. Is., lii, 8. Sur les murs da Jérusalem, Dieu placera des sentinelles qui ne se tairont ni jour ni nuit et imploreront le secours de Jéhovah pour la restauration de la ville. Is., lxii, 6. Jéhovah a mis des sentinelles sur son peuple pour qu’il soit attentif aux sons de la trompette, et le peuple a répondu : « Nous n’y ferons pas attention ! » Jer., vi, 17. Ces sentinelles sont les prophètes qui ont mission d’annoncer les châtiments divins. Un jour viendra, après la restauration, où les sentinelles postées sur les montagnes d’Éphraïm crieront : « Allons à Sion ! » Jer., xxxi, 6. Le prophète invite les ennemis de Babylone à élever leurs étendards, ’à renforcer le blocus, à poser des sentinelles et à dresser des embuscades pour forcer la ville. Jer., li, 12. Ezéchiel, m. 17, a été donné pour sentinelle à la maison d’Israël, afin de l’avertir d’avoir à se convertir. Quand la sentinelle sonne delà trompette pour signaler l’approche des ennemis, ceux qui ne tiennent pas compte de son avertissement sont responsables de leur sort. Mais si la sentinelle ne sonne pas de la trompette quand elle voit venir les ennemis, c’est elle qui est responsable. Ezech., xxxiii, 2-6. Osée, ix, 8, est aussi établi pour être la sentinelle d’Israël. — Les gardes postés au sépulcre du Sauveur ont mal fait leur devoir de sentinelles, si, comme on leur fit dire, les disciples ont pu enlever le corps. Matth., xxvii, 66 ; xxviii, 4, 11. — Des gardiens étaient chargés de faire fonction de sentinelles pour protéger les cultures dans les champs et les vignes. Voir Tour, Vigne. — Sur les sentinelles placées à la porte des prisons, voir Geôlier, t. iii, col. 193.

H. Lesêtre.
    1. SENUA##

SENUA (hébreu : Hassenû’dh ; Septante : ’Auavâ), père de Judas, contemporain de Néhémie. II Esd., xi, 9. Voir Judas 1, t. iii, col. 1790.

SÉON (hébreu : Si’ân ; Septante : Stwvà), ville d’Issachar. Jos., xix, 19. Elle est nommée seulement dans ce passage, où elle est placée entre Apharaïm et Anaharath. Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 341, disent, qu’on la montrait de leur temps près du mont Thabor. Divers géographes la placent aujourd’hui à Ayûn esch-Schaïn, à 5 kilomètres environ à l’est de Nazareth, à 4 kilomètres au nord-ouest du Thabor. Le Talmud mentionne une ville de Siftin. près de Sepphoris : Ad. Neubauer, La Géographie du Talmud, 1868. p. 202. — Jérémie, xlviii, 45, dans la Vulgate, parle de « la ville de Séon » (hébreu : Sihon). Il s’agit, non de la ville d’Issachar, mais de la ville d’Hésébon, capitale du royaume de Séhon, comme le montre le parallélisme. Cf. Hésébon, t. iii, col. 662.

SÉOR (hébreu : Sôhar ; « lumière, splendeur » ; Septante : 2aip), père d’Éphron. Éphron habitait Hébron et vendit à Abraham la caverne de Macpélah qui lui servit à ensevelir Sara. Gen., xxiii, 8 ; xxv, 9. Voir Macpélah, t. iv, col. 520. — Deux Israélites portent le même nom en hébreu. Ils sont appelés dans la Vulgate : Sohar, Gen., xlvi, 10, etc., et Isaar (kerî), I Par., ^ 7. Voir Isaar 2, t. iii, col. 936,

SEOR1M (hébreu : Se’ôrîm, « orge » ; Septante : Esropi’n), chef de la quatrième des vingt-quatre divisions établies par David parmi les enfants d’Aaron pour l’accomplissement des fonctions sacerdotales dans le sanctuaire. I Par., xxiv, 8.

    1. SÉPHAATH##

SÉPHAATH (hébreu : Sefat ; Septante : Se^sS), nom chananéen de la ville que les Hébreux, à l’époque de l’Exode, appelèrent Horma. Jud., i, 17. Voir Horma 1, t. iii, col. 754.

    1. SEPHAM##

SEPHAM (hébreu : Suppim ; Septante : Eairçsv), nom d’un descendant de Benjamin, frère de Hapham

et fils de Hir. I Par., vii, 12. Ce nom est diversement écrit dans l’Écriture. Voir Hapham, t. iii, col. 420.

    1. SÉPHAMA##

SÉPHAMA (hébreu : Sefâmâh, avec le hé locatif ; Septante : Sempasiâç), localité indiquée dans les Nombres, xxxiv, 10, 11, comme une des frontières orientales de la Palestine. Le site est inconnu. Lé Targum du Pseudo-Jonathan l’identifie avec Apamée, mais cette ville est trop au nord. — L’intendant des celliers de David, Zabdias, était de Séphamfa], d’après le texte hébreu, I Par., xxvii, 27 (Vulgate : Aphonites), selon quelques interprètes, mais, selon d’autres, il faut entendre has-Sifnû de Séphamoth, ville du sud. de la Palestine, et non de Séphama. Voir Aphonite, 1. 1, col. 735.

    1. SEPHAMOTH##

SEPHAMOTH (hébreu : Sifmôt ; Septante : 2 « ? f, SaiiapLwc), ville du sud de Juda, aux habitants de laquelle David, après avoir défait les Amalécites, à la fin de la persécution de Saùl, envoya une partie du butin qu’il avait pris à ses ennemis. I Reg. (Sam)., xxx, 28. Elle est nommée entre Aroër et Esthamo. Le site en est inconnu et elle ne figure pas dans l’Onomasticon d’Eusèbe et de saint Jérôme. — Sur la patrie de Zabdias, voir SÉPHAMA.

    1. SEPHAR##

SEPHAR (hébreu : Sefârâh, avec hé locatif ; Septante : Sa ?r, p « ; Alexandrinus : Sw ?-/-pa), montagne qui marque une des limites des Jectanides qui s’étendirent en Arabie « depuis Messa jusqu’à Séphar. » Gen., x, 30. Ptolémée, VI, vii, 25, 41, mentionne Sômpapct ; cf. Pline, H. N., vi, 26, en Arabie, et les voyageurs modernes signalent deux Zafâr, dans l’Arabie du sud. L’une est la capitale des Himyarites « près de Sanaa dans l’Yémen, » l’autre est une ville de la côte sud-est qu’Ibn Batuta appelle « la ville la plus lointaine de l’Yémen. t> R. von Riess, Biblische Géographie, 1872, p. 83. Voir Ed. Glaser, STdïze der Geschichte und Géographie des Arabiens, t. ii, 1890, p. 437.

    1. SÉPHARAD##

SÉPHARAD (hébreu : Sefârâd ; Septante : ’Eçpaxæ ; Vulgate : Bosphorus), nom de lieu dans la prophétie d’Abdias, ꝟ. 20. Des Juifs étaient captifs dans ce pays. Les plus anciens traducteurs de la Bible ignoraient ce qu’était Sépharad. Vbi nos posuimus Bospeorum, dit saint Jérôme, in Ilebraico "habet Sapharad : quod nescio cur Septuaginta Ephratha transferre voluerint, cum et Aquila et Symmachus et Theodotion cum hebraica veritate concordent. Nos autem ab Hebrxo, qui nos in Scripturis sanctis erudivit, didicimus Bosphorum sic vocari : et quasi Judxus. Ista inquit, est regio, ad quant Hadrianus captivos transtulit. In A bd., ꝟ. 20, t. xxv, col. 1115. Pour trouver le Bosphore, dans Abdias, les Juifs devaient considérer la préposition b, placée devant Sefàràd comme partie intégrante du nom propre et supprimer le d final Ils entendiréntaussi par ce nom l’Espagne et imaginèrent à ce sujet beaucoup de fables. Voir Calmet, Dictionnaire de la Èible, Sepharad, édit. Migne, t. iv, col. 451. Le Targum de Jonathan et la Peschito voient l’Espagne dans Sépharad et c’est par suite de cette interprétation que les Juifs d’Espagne portent le nom de Sepharadim, pour se distinguer des Juifs d’Allemagne appelés Aschkenazim. — Les inscriptions assyriennes fournissent la clef du passage d’Abdias. Il s’agit d’un pays habité par un peuple dont le nom Saparda apparaît pour la première fois, d’après ce qui en est connu jusqu’ici, du temps d’Asarhaddon, roi d’Assyrie, et qu’on trouve établi en Asie Mineure, dans les inscriptions de Darius, fils d’Hystaspe, à Béhistoun el à Naksch-i-Reustam. Le pays de Saparda paraît avoir été situé dans la partie septentrionale de l’Asie Mineure. Voir A. Sayce, The Land of Sépharad, dans Expository Times, mars 1902.

    1. SÉPHARVAIM##

SÉPHARVAIM (hébreu : Sefarvaïm ; Seplante : 2eirçafoyai[i), ville d’où Sargon II, roi d’Assyrie, après la conquête de la Samarie et la déportation de ses habitants, fit venir des colons pour la repeupler. On l’identifie avec la ville babylonienne de Sippar. IV Reg., xvii, 24-31.

Sippar (Sippara) est le nom sémitisé de l’antique cité sumérienne de Zimbir. F. Hommel, Grundriss der Géographie und Gesckichte des Allen Orients, Erste Hàlfte, Munich, 1904, p. 341 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, -1881, p. 210. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, 3e édit., Berlin, 1902, p. 532 ; Encyclopsedia biblica, Londres, 1903, t. IV, col. 4371. C’était une ville très importante dont le site a été reconnu, en 1880-1881, par Hormuzd Rassam, à Abou-flabba, au nord de Babylone et à environ 30 milles anglais dans le sud-ouest de Bagdad, à peu près à mi-chemin entre ces deux localités. Ses ruines occupent, sur la rive gauche de l’Euphrate, une étendue considérable, de plus de 3 kilomètres de circonférence, et elles sont limitées, au sud-ouest, par le canal desséché de Ruthwanieh. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, p. 572 ; Frd. Delitzsch, dans Calwer, Bibellexikon, 1885, p. 865 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 367. L’opinion la plus généralement admise voit dans Sippar une double ville, F. Vigouroux, loc. cit., p. 572 ; Frd. Delitzsch, Calwer, Bibellexikon et Wo lag das Paradies ? ibid., partagée par l’Euphrate qui passait, à cette époque lointaine, 12 kilomètres plus à l’est que son cours actuel, et que les inscriptions appellent : « le fleuve de Sippar x. F. Hommel, loc. cit., p. 341. L’une de ces villes avait nom : Siip-par sa Sa-mas : la Sippar de Samas (le dieu Soleil), et l’autre : Si-ip-par sa A-nunit : la Sippar d’Anounit (la déesse Istar, étoile du matin). F. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 209. Les tells d’Abou-Habba, où Hormuzd Rassam a découvert d’importants documents se rapportant au culte du soleil, occuperaient spécialement l’emplacement de la ville de Sippar proprement dite, la Sippar de Samas. La Sippar d’Anounit est identifiée par les assyriologues avec une autre antique cité, celle d’Aganè ou Agadê, dont le nom en se sémitisant est devenu Akkad. Le D r Ward veut placer cette seconde ville à peu de distance de Sufeira, dans I’ouest-nord-ouest de Bagdad, aux ruines d’el-’Anbar, qui représenteraient à la fois la Sippar d’Anounit et Agadê. Les tells de cette région témoigneraient en laveur d’une cité encore plus importante que ceux d’Abou-Habba, rattachée à l’Euphrate par un canal. J.P.Peters, Kippur or Explorations and Advenlures on the Euphrates, New-York et Londres, 1897, t. i, p. 176, . 335. Mais cette opinion n’est pas admise sans réserves. A. Jeremias, Das Alte Testament ini Lichle des Allen Orients, 2e édit., Leipzig, 1906, p. 545, On veut même ne reconnaître dans Sippar qu’une seule ville, désignée sous deux vocables différents. Encyclopsedia biblica, t. iv, col. 4371. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas qu’on puisse, avec autorité, l’appuyer sur la leçon massorétique du texte hébreu : a’Tiro ; si même on doit

considérer cette lecture comme une forme duelle authentique. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 211 ; Encyclopsedia biblica, t. IV, col. 4371. À ce sujet, il y a lieu de rappeler que le D r P. Haupt a proposé la correction de enro en en isd (ou tsd) :

la Sippar des eaux (du fleuve). Cf. IV Reg., xviii, 34, Seirqjapo-Jiiaiv (dans B 1), que l’on peut rapprocher de la dénomination de l’Euphrate : « le fleuve de Sippar ». L’histoire de Sippar, d’après les vieux récits transmis par Bérose, remonte au delà du déluge. C’est en cette ville que Xisuthrus, sur le conseil de Kronos, s’en fut cacher les écrits mystérieux antérieurs à ce grand événement. La première mention de cette ville, dans les

textes historiques originaux, est de Lugalzaggisi, roi d’Érech, et on en retrouve d’autres dans les inscriptions archaïques de Gudéa, patési de Lagas, de Manistusu, roi de Kis, ainsi que de Sargon l’Ancien, roi d’Agadê. Les premiers chefs de la dynastie d’Hammourabi firent leur capitale de cette antique Sippar, qui, après avoir perdu son autonomie, garda néanmoins un rang important parmi les villes babyloniennes. F. Hommel, loc. cit., p. 341. Elle fut du nombre de celles dont la révolte mit à l’épreuve la valeur du monarque assyrien Assurbanipal. Keilinschriftliche Bibliolhek, t. ii, 1890, p. 192. Nabonide, vers la fin du second empire chaldéen, y releva son célèbre temple, et ses inscriptions nous ont gardé le souvenir des travaux que Naramsin, le fils de Sargon l’Ancien, y avait fait antérieurement exécuter, car sa fondation doit être de beaucoup plus ancienne. F. Hommel, loc. cit., p. 342.

Ce temple, qui était le centre du culte du Soleil pour le nord de la Babylonie, s’appelait VE-Babbara, « la maison blanche », désignation que portait également celui de Larsa, centre du même culte pour les villes, du sud. F. Hommel, loc. cit., p. 342 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 367 ; A. Jeremias, loc. cit., p. 106. Les premiers habitants sumériens de l’endroit y adoraient le soleil, sous le nom d’Utu, que les Sémites conquérants changèrent en celui de Samas, nom qui se retrouve dans les autres langues sémitiques. Eb. Schrader, loc. cit., p. 367. Avec Samas, l’Illuminateur et le Juge suprême, son épouse Axa, et ses enfants, Kettu, « le Droit », et Mcsaru, « la Justice », voire même le conducteur de son char Bunênê, recevaient dans Sippar les hommages des pieux fidèles. Eb. Schrader, loc. cit., p. 367 ; A. Jeremias, loc. cit., p. 106. Quant au temple d’Anounit, dans la Sippar de ce nom, il s’appelait’E-ul-mas. F. Hommel, loc. cit., p. 343, 400. — Il y avait encore d’autres villes de Sippar, mais elles ne nous sont, pour ainsi dire, connues que par leurs noms : la Sippar du dieu Amnanu et la Sippar de la déessemère Aruru. F. Hommel, loc. cit., p. 344 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 430.

Au point de vue assyriologique, quelques difficultés s’élèvent, tant au sujet de l’identification de la Sépharvaïm de IV Reg., xvii, 24, avec la cité babylonienne de Sippar, que de la colonisation de la Samarie par seshabitants, sur l’initiative de Sargon II. Aussitôt après la> prise de Samarie (722), le roi d’Assyrie eut à lutter contre Mérodach-Baladan, roi du Bît-Vakin, qui, soutenu par le roi d’Élam Ummanigas, avait envahi la Babylonie-Cette première campagne de 721 fut plutôt malheureuse, Keilinschriftliche Bibliolhek, t. ii, p. 276, et il ne semble pas que Sargon ait pu, à la suite de cette opération militaire, organiser l’émigration officielle des gens de Sippar, en Samarie. Lorsque ce roi effectua le repeuplement de la terre d’Omri, dont il avait exilé les habitants, il le fit, nous dit-il lui-même, au moyen detribus arabes conquises, Keilinschriftliche Bibliothek y t. ii, p.42. Il ne put prendre sa revanche sur Mérodach-Baladan qu’en 709, et, alors, on trouve bien, dans les textes originaux, la mention expresse des habitants de Sippar et d’autres villes babyloniennes, mais Sargon se donne, en quelque sorte, comme leur libérateur, et il déclare qu’il les rélablit en possession de leurs terreset de leurs biens. Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, , p. 72, 276. Ailleurs, il se flatte d’avoir richement dotéla ville de Sippar, et quelques autres. Keilinschriflliche Bibliolhek, t. ii, p. 40, 52.

Si le texte de IV Reg., xvii, 24-31, où des villes babyloniennes bien authentiques se rencontrent avec desvilles syriennes, autorise, jusqu’à un certain point, , l’ancienne interprétation, il n’en est pas de même des autres textes où Sépharvaïm est citée, et qui n’offrent guère qu’une énumération de villes syriennes : IV Reg. r xviii, 34, et xix, 13, rapprochés de leurs parallèles r

Is., xxxvi, 19, et xxxvii, 13. Aussi le problème ne paraît pas résolu pour tous les exégètes. Enr.yclopxdia bMica, IV, col. 4372 ; A. Jeremias, loc. cit., p. 545. A propos d'Àdramélech et d’Anamélech, divinités auxquelles les gens de Sépharvaïm immolaient leurs enfants par le feu, nous avons vii, plus haut, que la grande divinité de la Sippar babylonienne était Samas, « le Soleil ». Ajoutons que le premier élément du second de ces deux noms a été seul lii, avec certitude, dans les textes cunéiformes : Anu, le dieu du Ciel et le père des dieux. Il se manifeste actuellement une tendance à voir dans Adramélech et Anamélech des divinités syriennes, A. Jeremias, loc. cit., p. 546, et à reporter dans la même région la Sépharvaïm de IV (II) Reg., xvil, 24-31, ellemême, en ne séparant pas cette citation des autres passages de la Bible, où Sépharvaïm est mentionnée.

Y. Le Gac. SEPHATA (hébreu : Sefâtâh), vallée située dans le territoire de la tribu de Juda, d’après l’hébreu et la Vulgate. Les Septante, au lieu de Sefâtâh ont lu Sefôndh, îcaxà ëoppâv Mapïjirâ, « au nord de Marésa ». Ce mot ne se retrouve pas ailleurs comme nom propre et les Septante l’ont pris pour un nom commun, II Par., xiv, 10, ce qui porte plusieurs critiques à douter que Sephata soit une expression géographique. On l’accepte cependant communément comme telle. Ed. Robinson, Biblical Researches, t. ii, 1856, p. 31, rapproche hypothétiquement Sephata du Tell es-Safiéh actuel. On objecte contre cette identification la trop grande distance de Tell es-Safiéh à Marésa. Voir Marésa 3, t. iv, col. 757 ; Maspha 3, col. 837-838. C’est dans la vallée de Sephata que le roi de Juda, Asa, remporta une grande victoire contre Zara l'Éthiopien. II Par., xiv, 10.

    1. SÉPHATIA##

SÉPHATIA (hébreu : Sefalyâh ; Septante : Sa ?aTi’a). Les « fils de Séphatia » revinrent au nombre de 372 de la captivité de Babylone en Palestine. I Esd., ii, 4. La Vulgate écrit ce nom propre Saphatia dans II Esd., vii, 59. Voir Saphatia 8.

    1. SÉPHÉI##

SÉPHÉI (hébreu : Sife’i ; Septante : Eaqm), fils d’Allon et père de Ziza.de la tribu de Siméon, l’un des chefs de famille de cette tribu. II Par., Iv, 37. Du temps du roi Ézéchias, Ziza avec d’autres membres de sa tribu alla attaquer les descendants de Cham qui habitaient à Gador et qui, s'étant emparés de leurs pâturages, s’y établirent, ꝟ. 39-41.

    1. SÉPHÉLAH##

SÉPHÉLAH (hébreu : has-sefêldh, avec l’article, « la plaine » ou mieux : « le pays bas » ; grec :-cô îisêt’ov, Deut., i, 7 ; Jos., xi, 2 ; xii, 8 ; I Mach., iii, 24 ; xiii, 13 ; ï| iteSivï) (y91), Jos., ix, 1 ; x, 40 ; xi, 16 ; xv, 33 ; Jud., i, 9 ; I (III) Reg., x, 27 ; I Par., xxvii, 28 ; II Par., i, 15 ; xxviii, 18 ; Jer., xvil, 26 ; Zach., vii, 7 ; I Mach., iii, 40 ; Se ?r, ).â, II Par., xxvi, 10 ; Jer., xxxii, 44 ; xxxiii, 13 ; Abd., 19 ; I Mach., xii, 38 ; Vulgate : humiliora loca, Deut., i, 7 ; canipestria, Jos., ix, 1 ; xi, 2 ; xv, 33 ; Jud., 1, 9 ; III Reg., x, 27 ; I Par., xxvii, 28 ; II Par., i, 15 ; xxvi, 10 ; Abd., 19 ; Zach., yn, 7 ; campestris (terra), Jos., x, 40 ; I Mach., iii, 40 ; campestres (urbes, civitates), II Par., xxviii, 18 ; Jer., xvil, 26 ; xxxii, 44 ; xx.xin, 13 ; campus, I Mach., iii, 24 ; xiii, 13 ; planities, Jos., xi, 16 ; plana, Jos., xii, 8 ; Sephela, I Mach., xii, 38), plaine du sud-ouest de la Palestine, dont le nom se trouve une seule fois dans la Vulgate, I Mach., xii, 38 ; mais qui est mentionnée, sous forme de nom commun, en plusieurs endroits de la Bible. Le même mot, Se fêlait, de la racine sdfêl, « être bas », se rencontre partout en hébreu ; mais, les versions, on le voit, l’ont rendu par différents synonymes.

I. Situation, étendue. — Le mot sefêldh est employé dans l'Écriture conjointement avec ceux de har, « montagne » ; négéb, « midi » ; 'âràbâh, « vallée » (du Jourdain), pour indiquer les différents caractères topographiques de la Palestine. Cf. Deut., i, 7 ; Jos., IX, 1 ; x, 40. Il ne désigne donc pas une plaine en général, et c’est ainsi qu’il n’est jamais appliqué, par exemple, à la plaine d’Esdrelon. Voir Esdrelon, t. ii, col. 1945. Mais il détermine une région spéciale du territoire. D’après l'étymologie, il signifie « pays bas », et se distingue de biq’dh, de mîsôr, etc. Voir Plaine, col. 454. Il désigne la plaine qui s'étend de Jaffa à Gaza et est le prolongement méridional de celle de Saron. Mais il ne serait pas exact de restreindre la Séphélah à cette bande de terrain. Elle comprend aussi l’ensemble des basses collines qui forment comme les premiers contreforts de la montagne judéenne. La preuve est facile à tirer de Jos., xv, 33-47, où l’auteur sacré, énumérant les villes de la tribu de Juda, et distinguant celles qui appartenaient au négéb ou « midi », à « la montagne », au « désert », de celles qui faisaient partie de la « séphélah », place dans cette dernière des cités qui dominaient la mer de trois à quatre cents mètres et occupaient un niveau moyen entre la plaine maritime et l’arête montagneuse, , dont l’altitude va de sept à huit cents mètres. Telles sont Saréa, Azéca, Céila, etc. Voir Juda 6, Villes de la plaine, t. iii, col. 1759. Il ne faudrait pas cependant, d’un autre côté, restreindre la dénomination de Sefê-lâh à ces collines basses situées entre la montagne et la plaine maritime. C’est ce que fait à tort G. A. Smith, Historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 201 sq. Il prétend d’abord que les villes assignées à la Séphélah par l’Ancien Testament, Jos., xv, 33-47 ; II Par., xxviii, 18, étaient toutes situées sur les basses collines et non dans la plaine. Cette assertion est fausse en ce qui concerne le dernier groupe, ꝟ. 45-47, c’est-à-dire Accaron ÇAqîr), Azot (Esdùd) et Gaza. Notre auteur s’en tire, il est vrai, en attribuant ce groupe à une addition postérieure. Il faudrait premièrement prouver cette interpolation. En second lieu, fût-elle démontrée, il n’en résulterait pas moins que, au temps de l’interpolateur, l’usage donnait au mot sefêldh l’extension qu’on lui reconnaît généralement. On peut ajouter que, I Mach., xii, 38, la ville d’Adiada est représentée comme bâtie par Simon èv-uT t 2£Ç7)Xa, « dans la Séphélah » ; or, elle est bien identifiée aujourd’hui avec le village de Hadithéh, qui se trouve dans la plaine, près de Ludd-Lydda. Voir Adiada, t. i, col. 216. — Smith s’appuie ensuite sur deux autres passages de l'Écriture : II Par., xxviii, 18, il est dit que les Philistins firent une incursion dans les villes de la Séphélah, qui devait donc être distincte de leur propre pays, la plaine maritime ; Zach., vii, 7, il est question du temps où les Juifs habitaient la Séphélah ; or, ils n’habitèrent jamais la plaine côtière. Les passages cités prouvent bien que la Séphélah s'étendait jusqu'à la région moyenne où se trouvaient Bethsamès, Socho, Thamna etc., mais ils ne prouvent pas qu’elle y était exclusivement restreinte. — Smith rapporte enfin cette division de la Judée d’après la Mischna, Schebiith, IX, 2, en « montagne [har), plaine (sefêldh) et vallée ('éméq) ». Mais le Talmud de Jérusalem porte ici négéb, « midi », au lieu de 'éméq. L’auteur ajoute ces paroles de R'. Yohanan : « Depuis Béthoron jusqu'à Emrnaùs, c’est la montagne ; d’Emmaûs à Lod, la plaine (sefêldh) ; de Lod jusqu'à la mer, la vallée. » Ces distinctions géographiques du Talmud ne sont pas si claires qu’elles en ont l’air. C’est ainsi qu’on lit dans un autre endroit : « Les montagnes de la Judée sont le mont Royal ; sa plaine est la plaine de Darom ; le pays entre Jéricho et En-Gédi, c’est la vallée de la Judée. » Or, le Darom talmucHque est la plaine de la Judée en général ; il s'éleDd de Lod jusqu’au sud. Ce dernier passage do nne donc la triple divi

sion de la Judée : plaine ou sefêldh à l’ouest ; vallée à l’est ; montagne entre les deux. On peut alors conclure avec A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 61 ; « La contrée depuis Belh-Horon jusqu'à la mer a en effet ses trois subdivisions si on la considère isolément ; dans l’ensemble, elle est prise comme pays de plaine de la Judée. »

Smith a en outre contre lui : 1° les Septante, qui traduisent toujours sefêldh par tteoi’ov, ïi tieôivyi (y ?, ), « la plaine », mots dont ils se servent aussi pour rendre biq’dh, 'êméq, « vallée ; » miSôr, « plateau », et qu’ils n’auraient pu employer s’il s'était agi uniquement d’une région accidentée comme celle des basses collines de Juda ; — 2°Eusébe et saint Jérôme, qui, dans l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 154, 296, nous apprennent que, jusqu'à leur époque, on appelait Séféla toute la plaine qui s'étend aux environs d'Éleuthéropolis et se dirige vers le nord et l’occident. On pourrait croire que l’expression hôf hay-yâm, « le rivage de la mer », qui, Deut., i, 7 ; Jos., ix, 1, rentre dans les traits caractéristiques du pays, indique la plaine côtière, par opposition à la Sefêldh ; mais elle désigne plutôt la plaine maritime qui, au sud de cette contrée, se dirige vers Vouadi el-Arisch, frontière de la Palestine, ou celle qui va vers le nord, du côté du Liban. Le mot sefêldh s’applique même en deux endroits, Jos., xi, 2, 16, à la plaine côtière qui s'étend au-dessous ou au-dessus du Carmel ; il est question, au j. 16, de « la montagne d’Israël et de sa sefêldh, » c’est-à-dire de la partie basse qui la séparait de la mer comme la montagne de Juda. — Jusqu’où s'étendait la Séphélah du côté du nord ? Il est impossible de déterminer la limite d’une façon exacte. On peut la chercher cependant du côté de Adiada et dans les environs de Jafla.

II. Description. — La Séphélah est donc le lowland, « le pays bas », de la Palestine. Elle peut se partager en trois zones parallèles. C’est d’abord une plage sablonneuse qui court le long de la mer, mais cette région des dunes est susceptible de culture, et les villes qu’elle renferme, Gaza, Azot(Êsdûd), Jamnia(yeina), etc., sont entourées de jardins et de bosquets d’arbres fruitiers, bien que l’envahissement des sables et les ruines -donnent souvent à cette partie un aspect désolé. Vient ensuite une large étendue de plaines boisées par endroits et arrosées par des rivières encombrées de roseaux. C’est, sur une longueur d’environ 75 kilomètres, une vaste plage légèrement ondulée, qui, aux dernières époques géologiques, émergea du sein des eaux, quand la mer cessa de battre le pied des montagnes de Juda. Parsemée de hauteurs qui vont de 50 à 60, 80 mètres et plus au-dessus du niveau de la Méditerranée, elle est composée d’une arène fine et rougeâtre que la pluie ou de fréquentes irrigations transforment en un véritable terreau extrêmement fertile. L’eau s’y trouve à quelques mètres seulement de profondeur. Aussi, malgré la déchéance du pays, la richesse de ses produits rappelle-t-elle l’Egypte. À certains moments de l’année, les moissons y forment une immense nappe verte ou jaune suivant leur degré plus ou moins avancé. D’endroits en endroits, l’uniformité de la plaine est coupée par des bouquets de verdure qui marquent les villages. Ceux-ci sont placés sur de petits monticules, collines souvent artificielles composées par les restes des anciennes habitations écroulées. Ils sont entourés de palmiers élancés, de figuiers, de sycomores et d’impénétrables haies de cactus. Les maisons sont bâties en pisé ou terre mélangée de paille hachée. Cette contrée est, en somme, comme le prolongement du delta égyptien. Après elle, vient enfin la région de la basse montagne, qui est en quelque sorte le premier étage du massif judéen. Elle s'étend comme en amphithéâtre au-dessus de la plaine. Les collines qui la composent ne se rattachent pas aussi étroitement à l’arête monta gneuse que celles qui bordentla plaine de Saron. Elles en sont séparées par une série de vallées, tantôt larges, tantôt étroites, qui courent vers le sud, et laissent au massif moyen son groupement à part. Aussi, quiconque les possédait n'était pas pour cela maître du territoire de Juda. Elles en formaient comme les avant-postes ; c'était comme un rempart de bastions qui le défendait de ce côté ; mais, pour arriver au cœur du pays, il fallait s’engager dans d'étroits défilés et escalader la montagne. Elles sont également coupées de l’est à l’ouest par de nombreux torrents qui descendent dans la plaine. Voir Juda 6, Description, t. iii, col. 1767.

III. Histoire. — On voit dès lors quelle fut l’importance historique de la Séphélah. Sa situation et sa fertilité devaient attirer des étrangers comme les Philistins, dont elle lit plus tard tout à la fois la richesse et l’orgueil. L'Écriture parle des sycomores, des oliviers et des figuiers qui y croissaient, des troupeaux qu’on y élevait. Cf. I Reg., x, 27 ; I Par., xxvii, 28 ; Il Par., i, 15 ; xxvi, 10. Mais en même temps, elle devait être un perpétuel champ de bataille entre Philistins et Hébreux, j C’est dans les immenses moissons de blé de la plaine, i alors que le soleil desséchait la paille et les épis mûrs, que Samson lança ses chacals. Jud., xv, 1-5. Toute l’histoire de ce héros, du reste, se rattache à cette contrée. Voir Samson, col. 1434. Il en est de même pour certains épisodes de la vie de David. Voir David, t. ïi, col. 1311 ; Philistins, col. 286. Les grandes vallées qui coupent les collines de la Séphélah étaient des voies naturelles conduisant au cœur du pays, et c’est par là que les armées ennemies cherchaient à y pénétrer. Mais la plaine elle-même a une importance assez considérable dans l’histoire, parce qu’elle fut un tronçon de la grande route qui allait d’Egypte en Syrie et en Assyrie. Voir Routes, col. 1229. — Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 255-260 ; G. A. Smith, HistoricalGeography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 201-244 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine,

Londres, 1889, p. 273-288.
A. Legendre.
    1. SÉPHER##

SÉPHER (hébreu : Sd/e>, à la pause ; Septante : Saçàp), montagne auprès de laquelle campèrent les Israélites pendant leur séjour dans le désert. Elle « st nommée entre Céélatha et Arada. Num., xxxiii, 23, 24. L’identification en est incertaine. Le P. Lagrange, Itinéraire des Israélites du pays de Gessin aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 278, propose le Djebel 'Araïf, montagne isolée et abrupte, à six heures au nord de Vouadi Qoureyé. « De loin, dit-il, il ressemble à une pyramide ; de près on peut penser avec les Arabes qu’il a la forme d’un gigot. Aucun rapport ni de sens ni de consonnance avec [Sâfêr], mais il faut avouer que cette montagne intéressante se rencontre ici à point nommé. »

    1. SÉPHET##

SÉPHET, ville de la tribu de Nephthali, nommée seulement dans la Vulgate. « Tobie, de la tribu et de la ville de Nephthali, qui est dans la Haute-Galilée, au-dessous de Naasson, derrière le chemin qui conduit à l’occident, ayant à gauche la ville de Séphet. » Tob., i, 1. On ne connaît pas de ville ayant porté le nom de Nephthali. Il faut donc entendre que Tobie était originaire d’une localité peu connue de la tribu de Nephthali dont la situationest indiquée par rapport à Naasson (inconnue, voir Naasson 2, t. iv, col. 1430) et à Séphet, ville encore importante pour les Juifs de nos jours. Ni Naasson ni Séphet ne sont nommés dans le texte grec qui porte : « Tobie, .., de Thisbé, qui est à droite de Cydios (à lire : Cédés) de Nephthali en Galilée… » Les. divers manuscrits grecs diffèrent d’ailleurs entre eux dans les noms et l'énumération de ces noms propres.

Séphet ne peut être que la ville appelée aujourd’hui Safed (fig. 348), où habite, à côté des musulmans et de

quelques chrétiens, une colonie juive importante. Le climat en est très sain, à cause de sa situation élevée, à 845 mètres d’altitude. Une inscri ption placée sur l’entrée de l’église catholique, assimile Safed à la ville « située sur la montagne » dont parle Notre-Seigneur dans le discours qu’il prononça sur le mont des Béatitudes, Matth., v, 14, parce que de cette monlagne on peut voir la ville de Safed et que les habitants supposent que Jésus montrait leur cité en s’exprimantde la sorte. Voir E. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, 3 in-12, 1890, t. ii, p. 258-265.

    1. SÉPHI##

SÉPHI, nom de deux Iduméens dans la Vulgate-Ils ne s’appellent pas de la même manière en hébreu.

des Séplionites. Gen., xlvi, 16 ; Num., xxvi, 15. Dans ce dernier passage, son nom est écrit Séphon.

    1. SÉPHO##

SÉPHO (hébreu : Sefô ; Septante : Smifip), chef iduméen. Gen., xxxvi, 23. Son nom est écrit Séphi, IPar., 1, 40. Voir Séphi 2.

    1. SÉPHON##

SÉPHON (hébreu : Sefôn ; Septante : Saotiv), fils aîné de Gad. Num., xxvi, 15. Il est appelé Séphion, Gen., xlvi, 16. Voir Séphion.

    1. SÉPHONÏTES##

SÉPHONÏTES (hébreu : has-Sefônî ; Septante : 6 Saowvt), famille gadite, descendant de Séphion ou Séphon. Num., xxvi, 15. » r

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348. — Safed (Séphet). D’après une photographie de M. L. Heidet.

1. SÉPHI (hébreu : Sefi ; Septante : Sœjpip), le troisième des sept fils d’Éliphaz, un des fils d’Ésaû.I Par., i, 36. La Genèse, xxxvi, 11, ne nomme que cinq fils d’Éliphaz. Elle écrit le nom de Séphi, Sépho et, x, 15, elle le nomme parmi les chefs (’allufim) iduméens.

2. SÉPHI (hébreu : Sefi ; Septante : Sioçi’), le qua-trième nommé des cinq fils de Sobal, descendant de Séïr l’Iduméen. I Par., i, 40. Dans la Genèse, xxxvi, 23, il est appelé Sépho.

    1. SÉPHIM##

SÉPHIM (hébreu : Suppim ; Septante : omis), lévite qui fut chargé avec Hosa de la garde de la porte sallékét, du coté de l’occident, lorsque l’arche eut été transportée à Jérusalem du temps de David. I Par., xxxvi, 16. Voir Hosa2, t. iii, col. 759.

    1. SÉPHION##

SÉPHION (hébreu : Sifyôn ; Septante : 2a ?râv), fils aîné de Gad et petit-fils de Jacob, chef de la famille

    1. SÉPHOR##

SÉPHOR (hébreu : Çippôr, a passereau » ; Septante : S£7c(fwp), père de Balac, roi de Moab. Num., xxii, 2, 10, 16 j xxiii, .18 ; Jos., xxiv, 9 ; Jud., xi, 25. Voir Bxlac, t. i, col. 1399.

    1. SÉPHOR A##

SÉPHOR A, nom, dans la Vulgate, de deux femmes qui portent un nom différent en hébreu.

1. SÉPHORA (hébreu : Sifrâh ; Septante : Esxswpâ), une des deux sages-femmes égyptiennes, chargées par le pharaon de faire périr les enfants mâles des Hébreux au moment de leur naissance. Exod., i, 15. VoirPHUA. 2, col. 336.

2. SÉPHORA (hébreu : Sippôrâh, forme féminine de sippôr, « passereau s ; Septante : Se7ttpwpà), une des filles de Jéthro ou Éaguël, prêtre de Madian, femme de Moïse et mère de Gersom et d’Éliézer. Exod., il, 21-22. Moïse, s’étant enfui d’Egypte dans le désert du Sinaï, y protégea les sept filles de Jéthro contre les bergers des pays et fit boire leurs troupeaux. C’est à la

Suite de ce service qu’il épousa Séphora. Lorsqu’elle accompagna son mari en Egypte, elle circoncit en chemin son fils Gersam. Exod., IV, 24-26. Sur ce fait, dont les circonstances sont obscures, voir Moïse, t. iv, col. 1194-1195. À l’époque de la sortie d’Egypte, Moïse avait renvoyé sa femme et ses enfants à son beau-père. Celui-ci les lui ramena dans le désert. Exod., xviii, 2-3, 6. Voir t. iv, col. 1200.

    1. SEPHTAN##

SEPHTAN (hébreu : Siftân ; Septante : SaêsBâ), un des chefs de la tribu d’Éphraïm du temps de Moïse. Num., xxxiv, 24. Il était père de Camuel.

    1. SEPHUPHAN##

SEPHUPHAN (hébreu : Sefûfdn ; Septante : 2e ?ovçâji ; Alexandrinus : Soipav), fils de Balé et petit-fils de Benjamin, chef d’une famille benjamite. 1 Par., vin, 5. Ce nom est écrit Mophim, Gen., xlvi, 21 ; Sepham, I Par., vii, 12 ; Supham, Num., xxvi, 39, d’après l’explication commune. Voir ces noms, t. iv, col. 1258 ; t. v, col. 1613.

SEPT, nombre. Voir Nombre, t. iv, col. 1089, 10911095.

    1. SEPTANTE##

SEPTANTE (VERSION DES), la première de toutes les traductions de l’Ancien Testament hébreu, faite en grec vulgaire avant l’ère chrétienne.

I. Importance. — Son importance provient de l’antiquité même de cette version, qui est la première en date. Aristohule, dans un fragment conservé de son I er livre à Ptolémée VI Philométor, écrit vers 170-150, a bien prétendu qu’avant Démétrius de Phalère, avant Alexandre, avant même la dominaliou des Perses, ce qui concernait les événements postérieurs à la sortie d’Egypte, la conquête de la Palestine et la législation hébraïque, avait été traduit en grec. Clément d’Alexandrie, Strom., i, 22, t. viii, col. 839 ; Eusèbe, Prmp. evang., xiii, 12, t. xxi, col. 1097. Mais le but qu’il se proposait, à savoir montrer que Platon avait tiré une partie de sa sagesse des livres de Moïse, rend son témoignage douteux. D’ailleurs, il ne parlait peut-être pas d’une traduclion grecque du Pentateuque, mais seulement d’un abrégé grec des origines et de la loi du peuple juif. Voir t. i, col. 965. Quoi qu’il en soit, la version des Septante, comprenant toute la littérature hébraïque, a pour nous plus de valeur que cette soidisant traduction antérieure du Pentateuque, que nous ne connaissons pas autrement.

Multiples sont les avantages à retirer de l’étude de cette version. >— 1° Comme elle représente le texte hébreu de l’Ancien Testament à un stade bien antérieur à la fixation du texte massorétique, la traduction des Septante a une importance considérable pour la reconstitution du texte original de la plupart des livres de l’ancienne alliance. — 2° Comme elle a été employée et citée par les apôtres et les écrivains du Nouveau Testament, nascentis Ecclesise roboraverat fidem, dit saint Jérôme, Prsef. in l. Paralip., t. xxviii, col. 1323, son texte doit servir à confirmer une partie des témoignages apostoliques et des fondements de la foi chrétienne.

— 3° Comme elle a été faite dans la même langue, le grec vulgaire, que les livres du Nouveau Testament, son texte aide à comprendre, non seulement le style, mais encore le sens de beaucoup de passages de ces écrits. Voir Swete, An introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 433-461. — 4° Comme elle a été citée et commentée par les Pères grecs, qui pour la plupart n’ont connu l’Écriture Sainte des Juifs que par son intermédiaire, ce même texte avec ses particularités et ses leçons propres peut seul rendre compte du sens que les écrivains ecclésiastiques de langue grecque ont reconnu à la Bible juive. Swete, op. cit., p. 462-477. — 5° Comme les "plus anciennes versionse

latines de l’Ancien Testament ont été faites directement sur la Bible des Septante, les plus anciens Pères latins ont connu, cité et commenté indirectement le texte biblique de cette version grecque, voir t. iv, col. 99-102, et la connaissance de la Bible grecque est ainsi fort utile pour l’intelligence de la littérature patristique latine. — 6° Comme cette version a servi aussi de prototype à plusieurs traductions syriaques, éthiopiennes, coptes, arabe, arménienne, géorgienne, gothique et slavonne, l’étude de son texte sert donc aussi à l’intelligence des citations bibliques dans toutes les littératures ecclésiastiques de ces diverses langues. 7° Enfin, le rôle que ces versions dérivées jouent dans la critique biblique pour la reconstitution du texte original de l’Ancien Testament montre indirectement l’influence exercée durant des siècles par la traduction des Septante, et par suite l’importance de son étude.

II. Nom. — Gette première traduction grecque de la Bible hébraïque a été désignée dans l’Église catholique sous le nom de version ou de traduction des Septante, en sous-entendant vieillards, ou interprètes, ou traducteurs. La traduction latine de saint Irénée, Cont. hser., iii, 21, n. 4, t. vii, col. 950, 951, la désigne par les mots : in senioribus, ou seniores. Tertullien, Apologet. , 18, t. i, col. 380, dit : In septuaginla et duobus interpretibus. Origène l’appelle tïiv épu.r, vsfav t<5v O’, Ad Africanum, 5, t. xi, col. 60, ou en parle en disant deux fois, Ttapà toïç éeôonifaovra. In Mallh., tom. xv, 14, t. xiii, col. 1293. Eusèbe de Césarée emploie aussi cette dernière indication. In Psalmos, Ps. ii, t. xxiii, col. 81. Saint Jérôme dit couramment Septuaginta interprètes ou translatores, Prsefat. in Isaiam, in Job, in l. Par., in Ezram, t. xxviii, col. 772, 1079, 1323, 1403 ; Commentarioli in Ps., iv, ix, xxi, cxv, cxxxiii, dans Morin, Anecdola Maredsolana, Maredsous, 1895, t. m a, p. 11, 21, 33, 83, 91 ; Tractatus de Ps., ix, ibid., 1897, t. m 6, p. 26, ou Septuaginta tout court. Commentarioli in Ps., xv, cxxxi, cxi.iv, ibid., t. in a, p. 26, 90, 98. En parlant des 72 docteurs envoyés à Alexandrie par le grand-prêtre Éléazar, saint Augustin dit d’eux : Quorum interpretatio ut Septuaginta vocetur jani obtinuit consueludo. De civilate Dei, xviii, 42, t. xli, col. 603. La version porte aussi ce nom dans les anciens manuscrits grecs. Ainsi la suscription de la Genèse dans le Valicanus B est : «  « a touc e680pu)y.ovira ; en tête et à la fin des Proverbes dans YEphrsemiticus E, on lit : iiapa £ôSo(iï]xovTa. Une note du Marchalianus Q sur Isaïe l’appelle : tj t<5v lô80fi.vîy.ovTa e-/.80<r ;  ; . Le nom courant de cette version dans les manuscrits est : tj tô>v o’(ou oS’) ép[/.7)veïa (ou ËxSotrt ; ), et on la désigne ordinairement par les signes : oi o’ou oê’. Ce nom a passé dans toutes les langues, et en français on dit : la version des Septante, ou les Septante. Par ellipse, les protestants français disent souvent : la Septante, désignation qui n’a pas encore été admise dans le Dictionnaire de l’Académie française. Ce nom d’un emploi universelprovient évidemment de la légende des 72 traducteurs du Pentateuque. La conjecture de Richard Simon, que ce nom lui vient, non pas des septante interprètes qui en furent les auteurs, mais des septante juges du Sanhédrin qui l’approuvèrent pour l’usage des Juifs hellénistes dans leurs synagogues oa au moins dans leurs écoles, Histoire critique du Vieux Testament, 1. II, c. ii, Rotterdam, 1685, p. 191, est sans aucun fondement et contraire à toute vraisemblance. M. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, t. i, n. 365, note 5, l’a acceptée trop facilement. Si le fait avait eu lieu, le pseudo-Aristée l’eût relaté pour faire valoir la version grecque du Pentateuque.

Les critiques modernes, qui ne peuvent tenir compte de la légende des 72 traducteurs, proposent de nommer la version dite des Septante « version alexandrine »,

parce qu’elle a été faite à Alexandrie, ou au moins pour les Juifs d’Alexandrie. Cette dénomination est juste, mais elle n’a pas prévalu contre l’usage reçu, et ces critiques suivent eux-mêmes le courant et parlent avec tout le monde de la version des Septante.

III. Origine d’après la légende. — La première mention de cette légende se rencontre dans la Lettre du pseudo-Aristée à son frère Philocrate. Voir t. i, col. 963-964. Deux éditions critiques de cette Lettre ont paru récemment : Thackeray, The Letter of Aristeas, en appendice à An Introduction to the Old Testament, Cambridge, 1900, p. 501-574 ; Wendland, Aristese adPhilocrateni epislola cuni ces teris de origine versionis LXX interpretum testimoniis, Leipzig, 1900. Ce dernier en avait publié une traduction allemande, dans Kautzsch, Die Apokryphenund Pseudepigraphen des Allen Testaments, Tubingue, 1900, t. ii, p. 4-31. M. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volhes im Zeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iii, p. 468470, place la composition de cette Lettre aux alentours de l’an 200 avant Jésus-Christ. Aristobule la connaissait déjà de 170 à 150. L’auteur ne sait rien de la domination des Séleucides sur la Palestine, domination qui commença en 187 ; il ne parle que du grand-prêtre juif et ne connaît pas les princes Machabéens à Jérusalem, il semble ignorer la persécution d’Antiochus et il présente la Judée tranquille et heureuse sous le gouvernement des Ptolémées. Cf. Ed. Herriot, P/iiiora le Juif, Paris, 1898, p. 58. Wendland, dans Kautzsch, op. cit., t. ii, p. 3-4, la reporte à la seconde moitié du I er siècle, de 96 à 63, plus près de 96 que de 63. Gràtz la rabaissait même au début de notre ère, aux années 15-20, Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1876, p. 289, et Willrich, Judaica, Gœttingue, 1900, p. 111-130, après l’an 33. Ces dates semblent trop basses, car la Lettre d’Aristée manifeste une connaissance très exacte de l’époque des Ptolémées, telle que nous Font révélée les inscriptions et les papyrus du temps. « Chose frappante : il n’est pas un titre de cour, une institution, une loi, une magistrature, une charge, un terme technique, une formule, un tour de langue remarquable dans cette lettre, il n’est pas un témoignage d’Aristée concernant l’histoire civile de l’époque, qui ne se trouve enregistré dans les papyrus ou les inscriptions et confirmé par eux. » Lombroso, Recherches sur l’économie politique de l’Egypte sous les Lagides, Turin, 1870, p. xm. Les découvertes plus récentes n’ont pas infirmé cette conclusion et ont montré que la lettre était écrite dans le grec vulgaire alexandrin, qui est la langue des inscriptions et des papyrus. Les arguments des critiques, qui rabaissent la date d’apparition de cette Lettre, sont peu solides et n’infirment pas les précédents.

Or, cette Lettre, qui est un panégyrique de la loi juive, de la sagesse juive, du nom juif, est l’œuvre d’un Juif alexandrin, sous le couvert d’un écrivain païen, qui rend hommage au judaïsme. Officier des gardes de Ptolémée Philadelphe, très estimé du roi, Aristée est un des envoyés du prince qui, sur le conseil de Démétrius de Phalère, voulait enrichir sa bibliothèque, déjà très riche en volumes, de la traduction grecque de la législation hébraïque. Après avoir rendu à la liberté les 100000 Juifs que son père avait ramenés captifs en Egypte, Philadelphe écrivit au grand-prêtre Éléazar pour lui faire part de son désir et lui demander des traducteurs instruits. Aristée décrit longuement la ville de Jérusalem et les cérémonies du temple. Il réussit dans son ambassade. Le grand-prêtre choisit 72 Israélites, six de chaque tribu, dont les noms sont donnés, , et les envoya en Egypte avec un exemplaire de la loi juive, transcrit en lettres d’or, et des présents. Philadelphe reçut avec honneur les députés juifs. Pendant sept jours, il leur offrit de grands repas,

et leur posa toute sorte de questions difficiles, auxquelles ils répondirent avec sagesse, à la grande admiration du roi. Ces fêtes terminées, les 72 envoyés furent conduits dans l’île de Pharos et placés dans un palais royal pour y accomplir dans le silence leur travail de traduction. Chaque jour, ils en faisaient une partie, qu’ils comparaient entre eux pour se mettre d’accord sur le sens à donner au texte. Au bout de 72 jours leur tâche fut terminée. La traduction tout entière fut lue aux Juifs assemblés, qui louèrent son exactitude et sa fidélité. On la lut au roi, qui admira la législation hébraïque et fit mettre la version dans sa bibliothèque. Il chargea enfin les traducteurs de présents pour eux-mêmes et pour le grand-prêtre, avant de les congédier.

Dans un fragment, conservé par Eusèbe, Prsep. evang., xm, 12, t. xxi, col. 1097, de son Explication de la loi mosaïque, Aristobule rappelait à Ptolémée Philométor que, sous son aïeul Philadelphe, une traduction entière de la législation juive avait été faite par les soins de Démétrius de Phalère. Ce dernier renseignement prouve qu’Aristobule connaissait la Lettre d’Aristée, et il est peu vraisemblable qu’il parlait ainsi d’après une tradition indépendante du pseudo-Aristée. Philon, De vita Mosis, II, 5-7, édit. Mangey, t. ii, p, 138-141, a connu le fond de cette légende, sans nommer pourtant Aristée. Il l’a toutefois modifiée en un point important. Il a prétendu que tous les traducteurs, travaillant chacun séparément, se trouvèrent d’accord non seulement pour le sens, mais encore par l’emploi d’expressions absolument identiques, comme s’ils avaient été inspirés par Dieu lui-même. Il ajoute encore qu’on célébrait chaque année, en souvenir de cet événement mémorable, une fête dans l’île de Pharos, où beaucoup de Grecs se rendaient avec les Juifs. L’historien Josèphe reproduisit presque mot pour mol une bonne partie de la Lettre d’Aristée, en résumant le tout. Ant. jud., XII, 2, édit. Dindorf, t. i, p. 435. Voir aussi Ant. jud., proœm., 3, p. 2 ; Cont. Apion., ii, 4, t. ii, p. 371.

Le récit d’Aristée, connu directement ou par l’intermédiaire de Philon et de Josèphe, trouva créance parmi les chrétiens. Saint Justin en rapporte le fond, mais avec des erreurs, en faisant, par exemple, envoyer des ambassadeurs à Hérode par Ptolémée Philadelphe. Apol., i, 31 ; Dial. cum Tryphone, 71, t. vi, col. 376, 641-644. L’auteur de la Cohortatio ad Grsecos (ouvrage qu’on a attribué à saint Justin, mais qui plus probablement n’est pas de lui), 13, ibid., col. 265, 268, apporte aux récits de Philon et de Josèphe cette variante, qui aura du succès : il dit que les 72 interprètes furent enfermés isolément dans des cellules distinctes, dont il a vu les vestiges dans l’île de Pharos, et que, par une influence spéciale du Saint-Esprit, leurs traductions se trouvèrent parfaitement identiques. Saint Irénée admet la même légende des cellules, Cont. hssr., iii, 21, n. 3, 4, t. vii, col. 949-950, ainsi que Clément d’Alexandrie, qui parle de Ptolémée Lagus. Stroni., i, 22, t. viii, col. 889-893. Terlullien, Apologet., 18, t. i, col. 378-381, reconnaît l’inspiration des Septante. Anatolius de Laodicée, dans Eusèbe, H. E., vii, 32, t. xx, col. 728, met Aristobule au nombre des Septante. Eusèbe lui-même cite textuellement une bonne partie de la Lettre d’Aristée. Prsep. evangel., viii, 1-5, 8, 9 ; ix, 34, t. xxi, col. 588-597, 624-636, 757. Cf. Chronic, an. 1736, Pat. Lat., ï. xxvii, col. 485. Saint Cyrille de Jérusalem, Cal., iv, 34, t. xxxiii, col. 497, admet le fond de la légende d’Aristée, ainsi que saint Hilaire de Poitiers, In Psalmos, prol., 8 ; Ps. ii, 2, 3 ; cxviii, litt. iv, 6, t. ix, col. 238, 262-264, 529, en considérant les Septante comme des interprètes très sérieux, mais laissés à leurs propres lumières. Saint Épiphane rapporte des détails nouveaux ; il dit notamment que les Septante, enfermés deux à deux en 36 cellules, s’étaient partagé les 22 ou 27 livres de la Bible hébraïque,

puis, leur besogne terminée, avaient contrôlé avec’l’original leur propre traduction, qui s’était trouvée absolument exacte, ce qui supposait qu’ils avaient reçu l’inspiration divine. De mensuris et ponderibus, 3, 6, 9-11, 17, t. XLiir, col. 241, 246, 249-256, 265 ; De LXX interpretibus, col. 373-376. Le Dialogue de Timothée et d’Aquila, qu’on rapporte au v siècle, se rapproche beaucoup de saint Épiphane, quoiqu’il soit plus précis que lui sur les détails ; comme lui, il dit que les Septante furent enfermés deux à deux en 36 cellules et il fonde leur inspiration divine sur l’accord de leur traduction. F. Conybeare, The Dialogues of Athanasius and Zachseus and of Timothy and Aquila, dans Anecdota Oxoniensia, classical séries viii, Oxford, 1898, p. 90-91. Saint Jérôme a repoussé vivement la légende des cellules séparées, n’y voyant qu’une invention mensongère : Nescio quis primus auctor Septuaginta cellulas Alexandriss mendacio suo extruxerit quibusdivisieademscriptitarent, quumvrislœas, ejusdem Plolemasi ûnspa<T7Ei<jrïj ; , et multopost tempore Josephus nihil taie retulerint : sed in una basilica congregatos conlulisse scribant, non prophetasse. Aliud est enim vatem, aliud esse interprètent. Ibi Spirilus ventura prsedicit, hic eruditio et verborum copia ea qux intelligit transfert. Prmfatio in Pentateuchum, t. xxviii, col. 150-151. Plus tard, il reproduisit ce texte pour répondre au bruit calomnieusement répandu qu’il avait réprouvé ce sentiment. Apologia adversus lib. Ruftni, 24, 25, t. xxiii, col. 448, 449.Il n’admettait donc pas l’inspiration des Septante, car dans sa préface au Pentateuque il ajoute : llli interpretati sunt ante adventum Christi, et guod nesciebant dubiis protulere sententiis. Aussi Érasme a-t-il conjecturé avec quelque vraisemblance que, lorsque dans sa lettre à Domnatianus et à Rogalianus, il écrit qu’il n’attribue pas d’erreur aux Septante, qui, Spiritu Sancto pleni, ea quse vera fuerunt translulerunt, mais aux copistes, il parlait selon la pensée de ses correspondants plutôt que selon son sentiment personnel. Prxfatio in lib. Parai., t. xxix, col. 402. Il aimait à faire ressortir les différences du texte hébreu et de la version grecque. Cf. Epist. LVir, adPammach., 7-11, t. xxii, col. 572-578 ; Comment, in 1er., 1. V, c. xxrx, 10, 11, t. xxiv, col. 855, 856, etc. Bien qu’il sût que, suivant Aristée, Josèphe et tous les Juifs, les Septante n’avaient traduit que les cinq livres de Moïse, dont le texte (il l’avait constaté) se rapprochait le plus de l’hébreu, Liber hebraic. qusest. in Gen., præf., t. xxiii, col. 936-937, ’il pensait cependant que leur version comprenait toute la Bible hébraïque, Comment, in Ezech., 1. II, VI, 12, 13, t. xxv, col.’55, et il déclarait qu’ils ont modifié la traduction du titre du Ps. IX, 1, quoniam Ptolomeo gentili régi ïnterpretabantur. Tractatus de Ps. IX, dans Anecdota Maredsolana, Maredsous, 1897, t. m b, ’p. 26. Une fois néanmoins, il doute que la version grecque de Michée soit des Septante ; Si tamen Septuaginta est. Comment, in Mich., I, c, ii, 9, 10, t. xxv, col. 1171. Saint Augustin admettait l’inspiration des Septante, malgré le désaccord de leur texte d’avec l’hébreu. De Civitate Dei, xvin, 42, 43, t. xli, col. 602-604. Cette inspiration résultait de la tradition des cellules, ut fertur ; tradition qui n’était pas indigne de foi ; elle n’était pourtant pas certaine, puisque Aristée disait que les traducteurs s’étaient concertés. De doctrina christiana, 1. II, c. xv, t. xxxiv, col. 46. Ailleurs, il fonde cette inspiration sur leur admirable fidélité de traduction. Enar. in Ps. Lxxxvii, 10, t. xxxvil, col. 1115-1116. Ébranlé par les raisons de saint Jérôme, il se borne à reconnaître aux Septante la plus grande autorité. Epist., xxviii, ad Hieronymum, II, 2, t. xxxiii, col. 112. Saint Chrysostome savait que Ptolémée Philadelphe a fait traduire en grec toute la Bible hébraïque, et qu’il a déposé cette version dans le temple de Sérapis. Adversus

Judseos, i, 6, t. xlviii, col. 851 ; In Gen., c. i, homil. iv, 4, t. un, col. 42 ; De prophetiarum obscuritate, ii, 2, t. lvi, col. 178. Il n’a jamais dit un mot de l’inspiration des Septante, et il reconnaissait seulement à leur œuvre l’autorité de traducteurs dignes de foi. In Matth., homil. v, 2, t. lvii, col. 57. Théodore de Mopsueste, In Soph., i, 4-6, t. lxvi, col. 452-453, et saint Cyrille d’Alexandrie, Adversus Julianum, 1. I, t. lxxvi, col. 521, 524, résument les données de la Lettre d’Aristée, et par conséquent ne parlent pas de l’inspiration des Septante. Théodoret croyait à cette inspiration, InPsalmos, præf., t. lxxx, col. 864, comme saint Philastre deBrescia, sur la foi de la légende des cellules. Eser., 142, t. XII, col. 1277-1278. Saint Isidore de Séville est du même sentiment. Etym., VI, iii, 5 ; iv, 1, 2, t. lxxxii, col. 236 ; De ecclesiasticis offrais, I, xii, 4, 5, t. lxxxiii, col. 747-748. Le pseudo-Athanase, Synopsis Scripturæ Sacrée, 77, t. xxviii, col. 433, admet seulement le fond de la Lettre d’Aristée, aussi bien que Cosmas Indicopleuste, Topographia christiana, xii, t. lxxxviii, col. 460. Nicétas d Héraclée, Catena, t. lxix, col. 700, est renseigné par Philon et le pseudo-Justin, il connaît les deux traditions de la réunion des Septante dans un palais et de leur isolement dans des cellules séparées. Saint Julien de Tolède, De comprobatione setatis sexti, iii, 16, t. xcvi, col. 576-578, suit le sentiment de saint Épiphane et de saint Augustin. Raban-Maur, De universo, v, 4, t. cxi, col. 121-122, ne parle des cellules distinctes que sur l’affirmation de quelques-uns (ut quidem asserunt). Rémi de Saint-Germain, Enarratio in Psalmos, t. cxxxi, col. 143, et Bernon de Reichenau, De varia psalmorum atque canticorum modulatione, 2, t. CXLil, col. 1131-1133, rapportent les opinions divergentes de saint Augustin et de saint Jérôme. Jean Malalas, Chronographia, viii, t. xcvii, col. 309, fait remonter cette version au règne de Ptolémée Lagus et dit qu’elle a été faite en 72 jours. Le Chronicon pascale, t. xcii, col. 425, admet les cellules séparées. Georges le Syncelle joint aux détails de’la Lettre d’Aristée la mention des 36 cellules et reconnaît l’inspiration des traducteurs. Chronographia, édit. Dindorf, Bonn, 1829, t. i, p. 516-518. George Cedrenus, Hist. compendium, t. cxxi, col. 325, rapporte que cette version a été laite à l’instigation de Démétrius de Phalère et en 72 jours. Jean Zonaras, Annal., iv, 16, t. cxxxiv, col. 360-364, a pris ses renseignements dans Josèphe. Hugues de SaintVictor, De Scripturis et scriptoribus sacris, c. ix, t. clxxv, col. 17 ; Adnotat. elucidatorise in Pentateuchon, c. I, ibid., col. 31-32 ; Erudit. didascalise, 1. IV, c. v, t. clxxvi, col. 781, se range résolument du côté de saint Jérôme et répète sa parole que les Septante n’ont pas été plus inspirés du Saint-Esprit que Cicéron, lorsqu’il traduisait en latin des ouvrages grecs. Hugues de Saint-Cher est du même avis. Opéra omnia in universum V. et N. T., t. i, p. 308, 309 ; t. v, p ! 2. Au contraire, Vincent de Beauvais, Spéculum doctrinale, 1. XVII, c. xl, t. ii, col. 1576, admet l’inspiration des Septante. Galland, Bibliotheca veterum Patrum, Venise, 1788, t. ii, p. 805-824, a réuni la plupart des témoignages des anciens Pères sur la version des Septante. Tous croyaient que les Septante avaient traduit la Bible hébraïque en entier, et ceux qui admettaient qu’ils avaient travaillé dans des cellules séparées, attribuaient leur accord merveilleux à l’action évidente du Saint-Esprit ; aussi plaçaient-ils les interprètes alexandrins à côté des prophètes et des apôtres. Au xv" siècle, Denys le Chartreùj réfute les arguments de saint Jérôme, que Henri de Hesse avait adoptés, et pense que l’autorité de saint Augustin est sur ce point supérieure à celle de son contradicteur. In Genesim enarratio, 1-3, dans Opéra omnia, Montreuil, 1896, t. i, p. 5-12. Mais son contemporain,

Alphonse Tostat, niait l’inspiration des Septante. Au xvie siècle, Sixte de Sienne l’admettait, Bibliolheca sancla, 1. VIII, hær. xiii, ainsi que Ange Rocca. Opéra, t. i, p. 276 ; t. ii, p. 8. Le futur cardinal Sirlet, en 1546, s’appuyait sur l’autorité de Philon ; mais, en 1575, Bellarmin lui exposait dans une lettre le sentiment opposé, fondé sur la comparaison critique du texte des différents livres. H. Hôpfl, Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum Neuen Testament, dans les Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1908, t. xiii, fasc. 2, p. 6, note. Bellarmin avait donc changé d’avis. Cf. J. delà Servière, La théologie de Bellarmin, Paris, 1908, p. 16. Dans la préface à l’édition romaine de 1587, Pierre Morin écrivait encore des Septante : Constat enim eos Interprètes, natione quidem Judseos, doctos vero grsece, trecentis uno plus annis ante Christi adventum, cum in Egyplo regnaret Ptolemxus Philadelphus, Spiritu Sancto plenos sacra Biblia interprétais esse, et de leur version : nimirum quse instinclu quodanx divinitalis elaborata bono generis humani prodierit in luceni. D’autres écrivains du même siècle et du siècle suivant ont maintenu ce sentiment, qui n’est plus reçu aujourd’hui par personne et qui n’a jamais été dans l’Église qu’une opinion particulière.

Le Talmud de Babylone, traité Meghilla, i, fol. 9 a, admet la légende des 72 cellules. Les Samaritains l’admettent aussi. Voir un extrait de la Chronique samaritaine, dans Silvestre de Sacy, Chrestomathie arabe, t. i, p. 347, 348.

Jusqu’au xvie siècle, la Lettre d’Aristée fut tenue pour authentique. Louis Vives émit le premier des doutes dans une note sur le De civitate Dei, xviii, 42, de saint Augustin, Bâle, 1522. Son sentiment finit par prédominer. Voir t. i, col. 963-964. Il n’est plus nécessaire aujourd’hui de prouver l’inauthenticité de cette Lettre. On sait depuis longtemps que Démétrius n’était plus en charge sous le règne de Ptolémée Philadelphie ; il avait été banni d’Alexandrie immédiatement après la mort de Ptolémée Lagus. Voir Hemippus, cité par Diogène Lærce, v, 78, dans Millier, Fragmenta hist. grsec., t. iii, p. 47. La victoire navale, remportée par Philadelphe sur Antigone, n’a probablement pas eu lieu. L’intervention officielle du roi et celle du grandprêtre paraissent invraisemblables. La distinction des tribus n’existait plus depuis la captivité des Juifs à Babylone. On se demande seulement si la Lettre pseudonyme est purement fictive et constitue un roman historique, ou bien si la fiction ne contient pas quelques faits réels. Nous nous efforcerons plus loin d’en dégager le fond historique. Il n’est plus nécessaire non plus de prouver la non-inspiration des Septante. Il suffit de noter que cette inspiration n’a jamais été enseignée par l’Église. Elle a été admise par quelques Pères seulement sur la foi de la légende des cellules séparées et dans le dessein de justifier contre les Juifs qui s’appuyaient exclusivement sur la « vérité hébraïque », les passages et les leçons, propres à la traduction grecque. Saint Jérôme l’a vivement combattue et saint Chrysostome n’en a pas parlé. Les modernes la rejettent avec raison et se rangent au sentiment de saint Jérôme, suivant lequel les traducteurs grecs ont été des interprètes et non des prophètes. F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 81-84.

IV. Origine d’après les vraisemblances historiques. — 1° La traduction grecque de la Bible hébraïque ne s’est pas faite d’un seul coup, et les divers livres ont été traduits par divers auteurs et à des époques différentes. Les interprètes n’ont pas suivi les mêmes principes de traduction ni employé les mêmes mots grecs pour rendre les mêmes termes hébraïques. Le Ps. xvii (héb. xviii) n’est pas traduit dans le psautier de la même manière qu’au IIe livre de SamueL, xxii. Les passages parallèles qu’on lit dans les Rois ou les

Paralipomènes, dans les Rois ou Jsaïe et Jérémie, dans les Psaumes et les Paralipomènes, appartiennent à des versions différentes. Le même terme a été différemment compris. Les noms divins n’ont pas été rendus de la même façon. Voir Loisy, Histoire critique du texte et des versions de la Bible, dans L’enseignement biblique, 1893, p. 21, 143-145. Ainsi encore d’Pw^b est toujours traduit ^uXtorieiij. dans le Pentateuque et le livre de Josué, et àXXô ?yXo ! dans les autres livres. nDs est rendu par -Kaaxa dans tous les livres, sauf les Paralipomènes et Jérémie où il est rendu par çadlz. >DiN est traduit par êyco s ?|it dans les Juges, Ruth et les Rois et par èyw seul partout ailleurs. T3D

est rendu dix-sept fois par xtv-’px, qui n’est que la forme grécisée du nom hébreu, et vingt fois par x19âpa, une fois par ô’pyava et une autre fois par 6aXTr, pcov. Voir F. Vigouroux, La Sainte Bible polyglotte, Paris, 1903, t. iv, p. 644, note 9. Sa : est rendu

ordinairement par vâSXa, dix fois par ^aXtiîptov, deux fois par ôpyâvov et une fois par ij/aXpid ; . lbid., p. 645, note 5. dh=in est traduit SïjXaxiiç ou 8-rp.oi dans le Pen tateuque, mais ç&m’ÇovTe ; , <pwiri<7wv dans les livres d’Esdras. n » sn devient àlffiua dans l’Exode et téXsiov

dans le I er livre d’Esdras. bnp est rendu trj’jxyu>ir,

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dans les quatre premiers livres de Moïse et dans les prophètes, mais êxxXï)<jt’a dans le Deutéronome (sauf une exception) et dans les derniers livres historiques. Beaucoup d’autres exemples ont été recueillis par Hody, De Bibliorum lextibus originalibus, versionibus grsecis et latina vulgata, Oxford, 1705, p. 204-217. Le caractère de la traduction, dans les différents livres, est très variable, tantôt libre, tantôt littéral à l’excès et très lourd. Saint Jérôme avait déjà remarqué que celle du Pentateuque était la plus fidèle. Liber hebraic. qusest. in Gen., prœf., t. xxiii, col. 937. Celle des autres livres historiques, quoique moins soignée que la précédente, l’emporte cependant en exactitude sur celle des livres poétiques. Pour ceux-ci, la traduction des Proverbes est la meilleure ; celle des Psaumes est trop littérale et peu poétique, quoique suffisante ; celle de l’Ecclésiaste est parfois inintelligible. On y trouve ait pour traduire nx. Celle de Job est très médiocre

dans les parties poétiques. Les livres des prophètes n’ont pas toujours été compris, et la version est obscure. Origène et saint Jérôme avaient constaté que celle de Jérémie est fort défectueuse. Celle d’Isaïe présente les mêmes défauts. Ézéchiel et les petits prophètes sont mieux interprétés. Daniel était si mal rendu que l’Église grecque adopta la version de Théodotion pour ce livre. Voir Trochon, Introduction générale, t. i, p. 372375. On n’a pas encore étudié le texte de tous les livres. Nous indiquerons plus loin les ouvrages publiés sur chacun d’eux au point de vue de la valeur critique.

2° La version du Pentateuque. — C’est la plus ancienne et la seule qu’Aristée, Philon, Josèphe et tous les Juifs aient attribuée aux Septante. Les critiques qui tiennent la Lettre d’Aristée pour purement fictive, n’admettent même pas qu’elle ait été faite sous le règne de Ptolémée Philadelphe. Gràlz retient seulement des sources helléniques et talmudiques qu’elle a eu un Ptolémée pour promoteur, et il ne voit que Ptolémée VI Philométor (180-145 avant Jésus-Christ), qui ait témoigné un véritable intérêt aux Juifs hellénistes et au judaïsme. Aussi place-t-il la version grecque du Pentateuque sous ce roi, ami des Juifs. Histoire des Juifs, trad. Wogu’e, Paris, 1884, t. ii, p. 406-407. Selon lui, Philométor en aurait chargé le Juif Aristobule. Sinaî et Golgotha, trad. Hess, Paris, I 1867, p. 81-84. Cf. Jeivish Quarterly Bevieiv, t. iii,

p. 150-156, où Grâtz prétend que la traduction du Lev., xxiii, 16, indique une différence d’opinion entre les Sadducéens et les Pharisiens sur la date de la Pàque. Voir t. iv, col. 2101. Plus généralement cependant, on la rapporte au règne de Ptolémée Philadelphe. Quelques-uns pensent qu’elle avait déjà été commencée sous Ptolémée Soter, fils de Lagus, parce que quelques Pères nomment ces rois en parlant des Septante.

Il paraît plus vraisemblable qu’elle a vu le jour sous Ptolémée Philadelphe. La Lettre d’Aristée la rattache à ce prince. Or, quels qu’aient été les embellissementsde la légende, on peut reconnaître au récit d’Aristée un fond de vérité. En effet, si cette Lettre a été rédigée vers 200, cinquante ans environ après la mort de Philadelphe, elle n’aurait guère pu être reçue et se répandre si tout le contenu en était fictif et si l’époque indiquée ne répondait même pas à la réalité. La fiction sans aucun fondement historique n’aurait eu aucun succès ; il fallait qu’elle gardât au moins quelque vraisemblance. Ptolémée Philadelphe aurait été mentionné dans la Lettre, parce que la version avait été réellement faite sous son règne. Le Talmud de Jérusalem, traité Meghilla, I, 9, trad. Schwab, Paris, 1883, t. vi, p. 213, qui reconnaît que la seule langue étrangère permise pour la transcription de la Loi est le grec, parce que, après examen, on a observé que le texte peut le mieux être traduit en cette langue, ajoute, p. 217218, que les sages ont modifié pour le roi Ptolémée 13 passages bibliques : Gen., i, 1, 25, 27 ; ii, 2 ; xi, 7 ; xvin, 12 ; xlix, 6 ; Exod., iv, 20 ; xii, 40 ; Lev., xi, 6 ; Num., xvi, 15 ; Deut., iv, 9 ; xvii, 3. La raison de ces’modifications n’est indiquée que pour le 10 « : « Au lieu du mot lièvre (Lev., xi, 6), dans l’énumération des animaux impurs, on dit « la bête aux courtes pattes » ; car la mère du roi Ptolémée portait le nom d’Arnatha. » On pense que ce nom ressemblait assez à celui A’amebeth, « lièvre », pour que le roi ait pu s’offenser de la traduction littérale. M. Wogue y a vu sans raison suffisante une allusion à Ptolémée Soter, dont la mère était femme de Lagus (), avùç, lièvre). Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, Paris, 1881, p. 138-139. Les traducteurs y ont pu préférer le nom 8a<rjitou ; à XaY<iç par respect pour n’importe quel prince Lagide.

Il est moins sûr que le désir de Ptolémée Philadelphe d’enrichir sa bibliothèque de la traduction de la législation hébraïque ait été l’occasion de la version du Pentateuque. Ce désir lui aurait été attribué à cause de sa magnificence à accroître les collections de la bibliothèque du Musée, qu’avait fondée Ptolémée Soter. Tout en admettant la possibilité de ce désir du roi, Munk ajoutait : « Mais l’origine immédiate de la version est suffisamment motivée par les besoins religieux des Juifs d’Egypte. Quoique nous ne sachions dire de qui elle est émanée, il est certain qu’elle est l’œuvre d’un ou de plusieurs Juifs d’Egypte, d’éducation grecque. » Palestine, Paris, 1881, p. 487. Les Juifs, en effet, étaient fort nombreux alors en Egypte, et notamment à Alexandrie. Voir t. i, col. 353-354, 355356. Ils avaient un temple à Léontopolis, et il leur importait de posséder dans la seule langue que la plupart connaissaient, leur loi qu’ils ne comprenaient plus en hébreu. La traduction grecque du Pentateuque a donc été faite par des Juifs alexandrins et pour les Juifs alexandrins. On eût peut-être difficilement trouvé à Jérusalem des hommes sachant assez de grec pour traduire le Pentateuque en cette langue. La version porte la marque d’une connaissance peu parfaite de l’hébreu ; elle est faite dans l’idiome vulgaire, parlé à Alexandrie. On y a même relevé des mots d’origine égyptienne, tels que âyju, Gen., xli, 2, 3 ; Jer., six, 7 ; xôv5-j, Gen., xliv, 2 ; ïëi « , Lev., xi, 17 ; Deut., xiv, 16 ; p’Wo ; , Exod., xxv, 4 ; xxvi, 1 ; eî6e ; , Exod., ii, 3, etc.

Mais l’emploi de ces mots ne prouve rien, puisqu’ils appartenaient à la langue vulgaire, parlée même en dehors de l’Egypte. Cependant, les traducteurs de la lettre des Purim dans Esther et du livre de l’Ecclésiastique étaient des Juifs palestiniens ; mais le dernier vivait en Egypte depuis longtemps. Certaines particularités de la traduction du Pentateuque répondent aux idées répandues dans le monde hellénique à l’époque des premiers Ptolémées. Ainsi, les traducteurs ont atténué les anthropomorphismes. Au lieu de se repentir d’avoir fait l’homme, Gen., vi, 6, Dieu pense et réfléchit qu’il l’a créé. Tandis que, dans le texte hébreu, Moïse prie Dieu de se repentir du mal qu’il voulait infliger à son peuple et que Dieu s’en repentit réellement, Exod., xxxii, 12, 14, dans la version grecque, Moïse lui demande seulement d’avoir pitié du malheur de ce peuple, et Dieu en a pitié. Au lieu de voir « la face » de Dieu, Num., xii, 8, on ne voit que sa « gloire ». On a cru remarquer que les deux récits de la création avaient été traduits en conformité avec des idées platoniciennes qu’on retrouve dans Phi-Ion. La terre était « invisible », Gen., i, 2 ; Dieu se reposa de toutes les œuvres qu’il avait commencé à faire, Gen., ii, 3, etc. Trochon, Introduction générale, t. i, p. 372. Mais cette observation est contestable, et il est plus probable que la philosophie grecque n’a pas eu d’influence directe sur les traducteurs de la Bible. A. Loisy, op. cit., p. 146-149. Cf. Freudenthal, Are there traces of greek philosophy in the Sepluagint ? dans Jewish Quarterly Review, 1890, t. ii, p. 205-222. Plusieurs critiques modernes pensent que les auteurs de cette version n’avaient aucune mission officielle. D’abord œuvre simplement individuelle, la traduction grecque du Pentateuque a été bientôt adoptée par la communauté juive. M. Nôldeke cependant la regarde comme l’œuvre de la communauté et comme le modèle de la traduction des autres livres de l’Ancien Testament. Histoire littéraire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1873, p. 359-360.

Le traité Sopherim, c. i, du Talmud de Babylone dit que chacun des cinq livres de Moïse aurait été traduit par un traducteur spécial, et on a remarqué que le même mot hébreu est rendu par des mots grecs différents dans plusieurs de ces livres et dans le même livre. Ainsi ii, « étranger », est traduit tantôt par-reiwpa ; ,

Exod., xii, 19, tantôt par Tipo^/uToc, Exod., xii, 48, 49 ; Lev., xix, 34. ]>n est simplement transcrit iv, Lev.,

xxiii, 13, mais traduit par jroOç, Lev., xix, 36. rotf est

traduit àvâira-jcrt ; , Exod., xxiii, 12, et dàgëa-ca, Exod., xxxi, 13, et les deux traductions sont réunies, Exod., xvi, 23 ; xxxi, 15 ; xxxv, 2 ; Lev., xvi, 31 ; xxiii, 3 ; xxv, 4. Cf. Gràtz, Geschichte der Juden, t. iii, p. 620. Cela prouve seulement que le traducteur, s’il n’y en a qu’un, n’avait pas de principes arrêtés d’interprétation.

Quoi qu’il en soit et à supposer que la traduction grecque du Pentateuque n’ait pas été faite sous le règne de Ptolémée Philadelphe et pour la bibliothèque de ce roi, elle remonte néanmoins au 111e siècle. Des écrivains juifs du IIe et du I er siècle s’en sont servis. On cite l’historien juif Démétrius, qui écrivait sous Ptolomée IV (222-204) ; cf. Schûrer, t. iii, p. 350 ; le philosophe Aristobule dans son explication de la loi mosaïque, qui n’était qu’une libre reproduction du texte du Pentateuque, et le poète juif Ézéchiel qui, à l’imitation d’Euripide, a composé en vers grecs un drame sur la sortie d’Egypte, intitulé : ’EÇa-foi-pi 3° Les autres livres. — Nous manquons de renseignements précis sur la date de la traduction des autres livres de la Bible hébraïque. Le plus sûr nous est fourni par le prologue de la version de l’Ecclésiastique. En l’an 38 de Ptolémée Évergète, le petit-fils de Jésus, ’étant en Egypte, constata, après un assez long

séjour, que tous les Livres Saints de la Bible hébraïque n’étaient pas encore traduits en grec. Il laisse entendre que la loi, les prophètes et une partie au moins des autres livres, c’est-à-dire des hagiographes ou ketûbîm, avaient déjà passé en cette langue, puisque les étrangers mêmes peuvent devenir par leur moyen très habiles à parler et à écrire, puisque ces livres aussi présentent une très grande différence, lorsqu’on les lit dans leur propre langue. Cependant, quelques livres hébreux, qui contiennent une grande et estimable doctrine, ont été laissés sans traduction. De ce nombre était l’ouvrage de son aïeul Jésus, qu’il a pris soin de publier en grec en faveur de ceux qui veulent s’instruire et apprendre de quelle manière ils doivent régler leurs mœurs, quand ils ont résolu de mener une vie conforme à la loi du Seigneur. Ces dernières paroles nous apprennent quel mobile poussait les traducteurs israélites à donner leurs Livres Saints dans une langue étrangère. L’auteur nous apprend aussi quelles difficultés il a dû vaincre pour mener son œuvre à bonne fin, surtout relativement au choix des termes, car les mots hébreux perdent de leur force, lorsqu’ils sont traduits dans une autre langue. Il a constaté cette particularité dans la traduction de la loi, des prophètes et des autres livres, antérieure à celle qu’il a faite du livre de son grand-père. Puisque ce traducteur écrivait la 38e année, non de son âge, mais du règne d’un Ptolémée Évergète, il ne peut être question que de Ptolémée Évergète II ou Physcon (170-117) qui seul a régné plus de 38 ans, et non de Ptolémée III (247-222). Voir t. ii, col. 1445 ; t.v, col.85^ cf. col. 856. Loin d’être superflue, comme on le prétendait, la préposition éro après etel est couramment employée dans les inscriptions de l’époque. Voir Deissmann, Bibelstudien, Marbourg, 1895, p. 255257. La traduction grecque de l’Ecclésiastique a donc été faite en 132. Il en résulte que la version grecque <le la majeure partie de la Bible hébraïque existait en 132. Les livres qui n’étaient pas encore traduits appartenaient à la série des kefiibim. Or, nous possédons des renseignements sur la version de quelques-uns 4’entre eux.

Eupolème, qui vivait sous Démétrius Soter (162-150) et qui écrivait en 158-157, s’est servi de la version grecque des Paralipomènes, puisqu’il a tiré de II Par., ii, 2-15, la correspondance de Salomon avec Hiram, ainsi que l’a démontré Freudenthal, Alexander Polyhistor, 1875, p. 119. Cf. Schùrer, t. iii, p. 311, 353. Les deux livres d’Esdras et de Néhémie, qui ont été longtemps réunis aux Paralipomènes, ont peut-être été traduits en même temps qu’eux. L’historien Aristée, qui est antérieur à Polyhistor et qui vivait au plus tard dans la première moitié du I er siècle, s’est servi de la version grecque du livre de Job, dont il connaît la finale inauthentique. Freudenthal, p. 139 ; Schûrer, t. iii, p. 311, 357. Selon une note du Codex Alexandrinus, le livre de Job aurait été traduit sur la Bible syriaque. Dans la suscription du texte grec d’Esther, si, 1 (Vulgate), Lysimaque de Jérusalem est désigné comme le traducteur de la lettre concernant la fête de Purim, et la version aurait été apportée à Alexandrie par le prêtre Dosithée, la 4e année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre. On pense généralement que ce roi est Ptolémée Philométor (181-175), sans que ce soit absolument certain, voir col. 855, parce que quatre Ptolémées V, VI, VII et VIII) ont eu chacun une femme du nom de Cléopâtre. Quelques critiques pensent à Ptolémée VIII et placent la traduction d’Esther à l’année 114. Willrich, Judaica, Gœttingue, 1900, p. 2, a même voulu y voir, quoique sans grand fondement, Ptolémée XIV (48-47). Le Psaume lxxviii (lxxix), 2, est cité en grec. I Mach., viii, 17. Or, la version grecque du I er livre des Machabées aproba

blement été faite au I er siècle avant notre ère. On attribue la traduction du Psautier en grec à la première moitié du IIe siècle.

Il faut noter que la version grecque, dite des Septante, a compris, dès l’origine, les livres et les parties deutérocanoniques, dont le texte primitif était hébreu. Ainsi la version d’Esther avait les additions de cette nature, quelle qu’en soit d’ailleurs la provenance. Les fragments de Daniel sont écrits en grec dans la même langue que la version du livre protocanonique. C’est donc vraisemblablement le même interprète qui a traduit le tout vers le milieu du n « siècle avant notre ère. A. Bludau, De alexandrinse interpretationis libri Daniel indole critica et hemieneutica, Munster, 1891, p. 5 ; Die alexandrinische Ubersetzung des Bûches Daniel, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 8. La version de Jérémie était complétée par celle du livre de Baruch et de la Lettre’de Jérémie. Il y a une allusion à cette Lettre, Baruch, vi, dans II Mach., ii, 2, 3. Notre IIIe livre d’Esdras, qui est apocryphe, est le [, r de ce nom dans la Bible grecque.

Cette Bible existait dans son entier au v siècle avant notre ère. Elle a été utilisée dans la partie juive des Oracles sybillins. Philon, qui vivait à cette époque, se servait de la version grecque des Livres Saints, quoique L. Cohn en ait douté, Neue Jahrbùcher fur dos klass. Alterthum, 1898, t. i, p. 521 sq., et il en a cité de nombreux passages. On n’a relevé dans ses œuvres aucune citation de Ruth, de l’Ecclésiaste, du Cantique, d’Esther, des Lamentations, d’Ézéchiel et de Daniel. C. F. Hornemann, Spécimen exercitationum criticarum in versionem LXX interpretum ex Philone, Gœttingue, 1773 ; C. Siegfried, Philo und der ûberlieferte Text der LXX, dans Zeitschrift fur wissenchaftliche Théologie, 1873, p. 217 sq., 4Il sq., 522 sq. ; Ryle, Philo and Holy Scripture, Londres, 1895, p. xxxi-xxxii. Mais ces livres existaient alors en grec : Ruth était joint aux Juges, et les Lamentations à Jérémie. De ce que Philon ne les a pas cités, on ne peut pas conclure qu’ils n’étaient pas encore traduits en grec, pas plus qu’il n’en résulte qu’ils n’étaient pas alors reconnus comme sacrés et canoniques. Les écrivains du Nouveau Testament citent souvent les livres de la Bible hébraïque d’après la version grecque, sauf Esdras, Néhémie, Esther, l’Ecclésiaste, le Cantique et quelques petits prophètes, qu’ils n’ont pas eu l’occasion de citer. Il faut en conclure que la version grecque circulait parmi les Juifs de Palestine. Voir plus loin. Josèphe a connu cette version et s’en est servi ; il ne nous a malheureusement rien transmis sur son contenu ni sur son origine, en dehors de la Lettre d’Aristée. Spittler, De usu versionis alexandrinse apud Josephum, Gœttingue, 1779 ; Scharsenberg, De Josephi et versionis alexandrinse consensu, Leipzig, 1780 ; A. Mez, Die Bibel des Josephus untersucht fur Buch V-VIII der Archàologia, Bâle, 1895. Cf. Swete, op. cit., p. 369-380.

V. Langue. — Tout le monde admet que la traduction grecque de la Bible hébraïque a été faite dans le grec vulgaire ou la xoivri SiàXExto ; , et elle apparaît à l’époque où cette langue domine dans le bassin de la Méditerranée. Nous n’aurions pas à revenir sur l’origine et les caractères de cette langue, qui ont été exposés à l’article Grec biblique, t. iii, col. 315-319, si depuis la publication de cet article on n’avait émis sur sa nature, à la suite de la découverte de nombreux papyrus grecs, des considérations nouvelles, qu’il est nécessaire d’indiquer au moins sommairement ici.

On a voulu souvent faire du grec dans lequel l’Ancien Testament a été écrit un idiome particulier, qu’on qualifiait ou bien d’idiome hellénistique (grec de synagogue, disait Richard Simon ; grec judaïque, a-t V. - 52

on dit depuis), ou bien de grec biblique, différencié par quelques-uns en grec des Septante et en grec du Nouveau Testament, et étendu par d’autres jusqu’au grec chrétien ou même ecclésiastique. Le grec des Septante est pour M. Viteau, t. iii, col. 316, « le grec hébraïsant tel qu’on le parlait à Alexandrie au sein de la communauté juive ; » c’est le grec vulgaire d’Alexandrie avec « un énorme mélange d’hébraïsmes. » Pour M. Swete, An Introduction lo the Old Testament in greek, p. 9, c’est le patois des rues et des marchés d’Alexandrie, coloré de sémitismes et d’hébraïsmes sur les lèvres de la colonie juive. M. Deissmann rejette à bon droit toutes ces qualifications et il ne retient que celle de grec hellénistique. Realencyclopâdie fûrprotestantische Théologie und Kirche, 3e édit., t. vii, p. 627-639. Le grec des Septante n’est, à ses yeux, que le grec vulgaire avec ses particularités propres, à peu près sans hébraïsmes. Son argument est la ressemblance parfaite de la langue de cette version avec celle des papyrus et des inscriptions de la même époque au double point de vue phonétique et morphologique. C’est la xoivï| toute pure du temps. Des mots, qui passaient pour uniquement bibliques, ont été retrouvés dans les papyrus ou les ostraka. Cf. Deissmann, Bibelstudien, p. 76-168 ; Neue Bibelstudien, Marbourg, 1897, p. 22-95 ; Licht vont Osten, Tubingue, 1908, p. 45-95. Voir t. iv, col. 2092-2093. La syntaxe des Septante, qui n’a pas son équivalent dans les papyrus, semblerait justifier, de prime abord, l’existence d’une langue spéciale, du grec hébraïsant. Deissmann remarque que cette particularité de syntaxe provient de ce que les Septante sont une version et que leur langue est un grec de traduction de livres hébraïques. Le IVe livre des Machabées, les Épîtres de saint Paul, la Lettre d’Aristée, les écrits de Philon, toutes œuvres d’écrivains juifs, sont écrits dans le grec vulgaire, et non dans le prétendu grec hébraïsant. Le prologue de l’Ecclésiastique et celui du troisième Évangile sont en grec vulgaire sans sémitismes. Si les livres, dont ils sont la préface, ont des hébraïsmes, c’est que l’un est une traduction d’un ouvrage hébreu et que l’autre repose sur des sources hébraïques ou araméennes. Les hébraïsmes de la version des Septante ne sont pas des hébraïsmes usités dans la langue, mais des hébraïsmes exceptionnels provenant de la traduction plus ou moins littérale d’un texte hébraïque. On a donc écarté un grand nombre de sémitismes qu’on croyait retrouver dans les Septante, ce ne sont que des vulgarismes, et on conclut que cette version est un excellent monument littéraire de la xoivï] SiâXsxToç. Deissmann et Moulton sont portés à réduire au minimum le nombre des hébraïsmes ; ils ne veulent voir partout que des vulgarismes. Deissmann, Bibelstudien, p. 61-76. Cette tendance, peut-être trop rigoureuse, a été combattue de divers côtés etpour des raisons différentes. Les uns pensent que les Juifs fort nombreux en Egypte ont exercé une forte inlluence sur le grec parlé et y ont introduit de véritables hébraïsmes, qui sont entrés dans la langue vivante et littéraire. Les autres croient que, dans l’œuvre même de traduction, il s’est introduit des hébraïsmes, provenant non pas de la traduction d’un original hébraïque, mais faisant réellement partie de la langue des traducteurs. Il faudrait donc reconnaître de réels hébraïsmes dans la version des Septante, qui ne serait pas un monument de la xocvtj £[â).ey.toc aussi pur que le grec des papyrus. Cf. Jacquier, Histoire des livres du Nouveau Testament, Paris, 1908, p. 321-334 ; J. Psichari, Essai sur le grec de la Septante, dans la Bévue des études juives, avril 1908, p. 161-208. Cependant, G. Schmidt, De Flavii Josephi elocutione observationes criticse, dans Fleck, Jahrbùcher Suppl., t. xx (1894), p. 514 sq., n’a trouvé en Josèphe, qui a traduit ses œuvres de l’hébreu en grec,

qu’un unique hébraïsme, l’emploi de nposTÉŒrfai pour rendre)d>. Quoi qu’il en soit, le nombre de ce qu’on croyait être des hébraïsmes dans la Bible grecque, doit être beaucoup réduit.

VI. Histoire du texte. — 1° Diffusion chez les Juifset les chrétiens. — Bien que la traduction grecque de chacun des livres de la Bible hébraïque, sauf peut-être celle du Pentateuque, ait été une entreprise privée, comme cela est évident pour l’Ecclésiastique, cependant les différents livres, traduits en grec, ne tardèrent pas à être groupés et à prendre un caractère officiel parmi les Juifs de langue grecque. Il y eut donc bientôt une-Bible grecque à l’usage des Juifs hellénistes. Philon, rapportant l’origine légendaire de la version du Pentateuque, insiste beaucoup sur sa conformité avec le texte hébreu. « Lorsque des Hébreux qui ont appris le grée ou des Grecs qui ont appris l’hébreu lisent les deux textes, dit-il, De vita Mosis, II, Paris, 1640, p. 658 sq., ilsadmirentces deux éditions et les vénèrent comme deux sœurs, ou plutôt comme une seule personne. » Il ajoute que, chaque année, les Juifs faisaient une fête joyeusedans l’île de Pharos en commémoration de la traduction du Pentateuque par les Septante. Il s’est servi lui-même, nous l’avons déjà dit, non seulement de la version grecque des cinq livres de Moïse, mais aussi de celle de la plupart des autres livres de l’Ancien Testarnent. Tous les Juifs hellénistes s’en servaient pareillement, et nous avons cité les écrivains qui ont utilisé le texte grec de différents livres.

Cette version a été aussi connue et employée par des Juifs palestiniens. Les écrivains inspirés du Nouveau Testament, qui étaient des Juifs de Palestine, l’ont citée, en écrivant dans le monde gréco-romain. Plus tard, Josèphe, qui est un palestinien, croit au récit d’Aristée, sur l’origine du Pentateuque grec, et se sert de toute la Bible grecque. Mais Josèphe a hellénisé, et l’usage qu’il fait de la version grecque ne prouve pas absolument un usage semblable de la part des Juifs de Palestine. On a prétendu que le texte grec avait été lu officiellement dans les synagogues de ce pays : On s’est appuyé sur un passage du Talmud de Jérusalem, traité Sola, vii,

I, trad. Schwab, Paris, 1885, t. vii, p. 297, mais il ne s’agil que de la récitation du Schéma, faite en grec, àX>i)vi(rc, à la synagogue de Césarée. D’ailleurs, on y rappelle qu’à la fête de Purim il est permis aux seuls particuliers qui ne savent pas l’hébreu, de lire le livre d’Esther en toute langue étrangère. Cf. traité Meghilla,

II, 1, t. vi, p. 228. L’Épitre aux Hébreux, qui est adressée à l’Église de Jérusalem et qui cite l’Ancien Testament grec, montre que la version des Septante était reconnue en Palestine, au moins parmi les Juifs palestiniens qui parlaient grec. La légende d’Aristée a été reçue en Palestine, et les rabbins ont reconnu plustard que les Livres Saints pouvaient être traduits en grec. Les Juifs palestiniens n’avaient pas de motif de rejeter la version des Septante, tant qu’elle ne fut pasemployée par l’Église chrétienne. Ils la tenaient doncen estime, bien qu’elle n’eût chez eux aucun caractère officiel.

En tous cas, il est certain que les Juifs hellénistes lisaient partout la traduction grecque des Livres Saints. L’exemple de saint Paul suffirait à le montrer. Kautzsch, De V. T. locis a Paulo apostolo allegatis r Leipzig, 1869 ; Monnet, Les cilations de l’A. T. dan » les Épîtres de S. Paul, Lausanne, 1874 ; Vollmer, Die altlest. Cilate bei Paulus, Fribourg-en-Brisgau, 1895 ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 35-44. Saint Justin affirme cet emploi même dans les synagogues, Apol., i, 31 ; Dial. cum Tryphone, 72, t. vi, col. 376, 645, aussi bien que l’auteur de la Cohortalio ad Grsecos, 13, ibid., col. 268, et que Tertullien, Apologet., 18, t. i, col. 381 : Judsei, dit ce dernier, palam lectilant. Des mains des Juifs hellénistes, la

Bible des Septante passa tout naturellement à celles des apôtres et des premiers missionnaires de l'Évan. gile. C’est à elle que sont empruntées la plupart des citations de l’Ancien Testament qui sont faites dans le Nouveau. L. Cappel, Quiestio de locis parallelis V. et N. T., appendice de la Critica sacra, 1650 ; Surenhusius, Loca ex V. in N. T. allegata, Amsterdam, 1713 ; Rcepe, De V. T. locorumin apost. libris allegalione, 1827 ; Tholuck, Dos Alte Testament im N. T., 1836 ; 3e édit., Hambourg, 1849 ; Bôhl, Die alltestamentlichen Citate im N. T., Vienne, 1876 ; Toy, Quo, talions in theNew Testament, NewYork, 1884 ; Clemen, Der Gebrauch des A. T. in den neutest. Schriften, Gûtersloh, 1895 ; Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 381-405 ; Hiihn, Die alttestamentl. Citate und Reminiscenzen im N. T., Tubingue, 1900 ; Dittmar, Vêtus Testamentum m Novo, Gœttingue, 1903. Elle fut lue dans les communautés chrétiennes de langue grecque et elle devint l’Ancien Testament de l'Église. Sur les citations des Septante chez les premiers Pères de l'Église, voir Swete, op. cit., p. 406-432. Plusieurs Pères crurent à son inspiration, et ils faisaient valoir cette croyance, commune aux Juifs et à eux, dans la polémique avec les Juifs qui repoussaient les interprétations chrétiennes des prophéties en s’appuyant sur le texte hébreu. Voir S. Justin, Dial. cwn Tryphone, 68, 71, 84, t. vi, col. 632, 644, 674 ; S. Irénée, Cont. hœr., iii, 21, n. 1, t. viii, col. 946. Parce qu’elle était en crédit parmi les chrétiens, la Bible des Septante tomba en défaveur chez ie3 Juifs. La controverse entre les Juifs et les chrétiens attira l’attention des premiers sur un texte que leurs adversaires leur opposaient victorieusement. Ils remarquèrent ses imperfections et les différences qu’il présentait comparativement au texte hébreu. Quelques-uns entreprirent des traductions plus littérales, nommément Aquila et Théodotion, les Juifs citèrent leur texte aux chrétiens, qui interprétaient les Septante au sens messianique. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 71, t. vi, col. 614, et saint Irénée, Cont. hier., iii, 21, t. vii, col. 946, le constatent. Voir t. i, col. 811, 812. Certains rabbins en vinrent même à dire que les ténèbres couvrirent le monde pendant trois jours lorsque les Septante firent leur version sous le roi Ptolémée, Megilla Taanith, Bâle, 1518, ꝟ. 50, et que le jour où les cinq traducteurs écrivirent la Loi en grec pour ce prince fut pour Israël un jour aussi néfaste que le jour où fut fabriqué le veau d’or. Talmud de Babylone, traité Sopherim, c. i.

La diffusion de la version grecque chez les juifs hellénistes et chez les chrétiens ne fut pas favorable à la pureté du texte. Les citations, faites par Philon et par Josèphe, présentent déjà des variantes. Comme il arrive pour tous les textes fréquemment copiés, la transmission de l’Ancien Testament grec introduisit dans les copies des altérations involontaires, et probablement même des corrections, faites à dessein par des lecteurs qui comparaient le grec à l’hébreu, soit en recourant directement à l’original, soit par l’intermédiaire des versions plus littérales d’Aquila, de Théodotion et de Symmaque. On cherchait à rapprocher le plus possible le grec de l’hébreu ou à rendre clairs les passages obscurs. C’est à ces causes qu’il faut sans doute rapporter l’existence de doubles leçons de certains passages des Septante avant Origène. Les chrétiens, d’autre part, pour des raisons analogues, on fait subir au texte des modifications. Ils ont abandonné, au moins à partir de saint Irénée, la version de Daniel pour celle qui est attribuée à Théodotion. Bien plus, des citations antérieures du texte de Daniel, qui se rapprochent plus de Théodotion que des Septante, si elles n’ont pas été corrigées plus tard par les copistes, ce qui parait impossible en nombre de cas, proviennent plutôt

d’une version antérieure de Daniel, que Théodotion n’aurait que retouchée. Cf. A. Bludau, Die alexandrinische Ùbersetzung des Bûches Daniel, Fribourg-enBrisgau, 1897, p. 8-19 ; Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, p. 47-49. On a donc pu parler avec beaucoup de vraisemblance d’une Bible grecque de Théodotion, antérieure à Théodotion. Voir Théodotion. Les exemplaires dont se servaient les anciens Pères, étaient déjà défectueux, et l’usage augmenta les fautes. Montfaucon, Hexaplorum quse supersunt, Pat. gr., t. XV, col. 65-68 ; Grabe, De vitiis LXX interpretibusante Origenis sevum illatis, Oxford, 1710. Aussi on sentit à la longue la nécessité de corriger un texte si altéré et de le ramener le plus possible à sa pureté première. C’est pourquoi divers essais de correction furent tentés.

2° Corrections critiques d’Origène, de Lucien et d’Hésychius. — 1. Recension d’Origène. — C’est pour corriger le texte des Septante altéré dans les manuscrits, et le rapprocher le plus possible du texte hébreu, comme il l’a déclaré lui-même, Episl. ad Africanum, 5, t. xi, col. 60 ; In Matth., tom. xv, 14, t.xm, col. 1293, qu’Origène entreprit l'œuvre gigantesque, des Hexaples. Voir t. iii, col. 689-701. Dans la cinquième colonne, réservée à la version des Septante, il ne s’est pas borné à reproduire le texte purement et simplement d’après les meilleurs manuscrits du temps, il y a marqué d’obèles ce que ce texte avait en plus que l’hébreu, et il y a ajouté les leçons qu’avait en plus le texte original lui-même, en empruntant la traduction grecque à la version de Théodotion, qui était la meilleure. Mais pour qu’on distinguât ces additions, il les avait fait précéder d’un astérisque et suivre d’un métobèle, o de façon qu’on puisse les négliger, si l’on veut, et que, si l’on s’en trouve choqué, on soit libre de les accepter ou non. » Il adopta, parmi les variantes des manuscrits grecs, celles qui se rapprochaient le plus de l’hébreu. Il avait fait aussi des transpositions de texte, lorsque l’ordre des Septante n'était pas le même que celui de l’hébreu. Il avait adopté l’ordre du texte original, suivi par les versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. Il avait donc voulu donner une édition des Septante aussi conforme que possible au texte hébreu, dont il disposait, tout en gardant le texte entier de la version grecque. Des signes critiques, empruntés aux grammairiens d’Alexandrie, indiquaient les différences de l’hébreu et du grec. Au fond, selon le mot de saint Jérôme, Prsefatio in Par., t. xxviii, col. 1325, Origène a eu l’audace de mêler les leçons de Théodotion, représentant le texte hébreu, aux leçons des Septante. Son travail altérait le texte grec, et préparait pour l’avenir, en raison des modifications des signes critiques, des altérations plus grandes encore.

La recension hexaplaire des Septante ne se répandit qu'à la fin du me siècle. Le martyr Pamphile et Eusèbe, évêque de Césarée, firent copier la cinquième colonne des Hexaples qui contenait le texte des Septante avec les signes critiques. Ils y joignirent des notes ou scolies, qu’ils empruntaient aux Hexaples et dont quelquesunes ont été reproduites dans des manuscrits postérieurs. Ces copies furent reçues dans les églbes de Palestine, au témoignage de saint Jérôme, lbid. Elles y étaient lues à la fin du IVe siècle. Elles constituèrent une recension des Septante, qu’on appelle hexaplaire, pour la distinguer du texte antérieurement reçu, dit la xotvr„ l'édition vulgate ou anté-hexaplaire. Les témoins de cette recension se trouvent dans les citations bibliques faites par les écrivains ecclésiastiques de Palestine, notamment Eusèbe de Césarée et Procope de Gaza, cf. E. Lindl, Die Oktateuchcatene des Prokop von Gaza und die Septuagintaforschung, Munich, 1903, dans les manuscrits grecs où sont reproduits les asté

ristiques et les obèles (onciaux : le Sarravianus G, pour l’O ctateuque, et le Marchalianus Q, pour les prophètes ; cursifs : le Barberinus, pour les prophètes (Holmes 86), et le Chisianus (Holmes 88), pour les grands prophètes, dans la version syro-hexaplaire, de Paul de Telia, calquée sur le texte d’Origène, enfin dans les citations latines des Septante que saint Jérôme a faites dans ses commentaires et dans ses travaux sur Job et le Psautier de l’ancienne Italique. Voir Vêtus Testamentum grsece codicis Sarraviani Colbertini quse supersunt in bibliothecis Leidensi Parisiensi Petropolitana, reproduits par la phototypie avec une préface de H. Omont, in-f », Leyde, 1897 ; Prophetarum codex grsecus Vaticanus 2125, reproduit par héliotypie sous la direction du P. J. Cozza-Luzi, et avec une introduction de McCeriani, De codice Macchaliano (publiée séparément), Rome, 1890. Cꝟ. 0. Frocksch, Studien zur Geschichte der Septuaginta, 1. Die Propheten, Leipzig, 1910.

2. Recension de Lucien. — Du temps de saint Jérôme, elle était usitée à Constantinople et à Antioche. Voir t. iv, col. 403407. Voir aussi E. Hautsch, Der Luciantext des Ockateuch, Berlin, 1910.

3. Recension d’Hésychius.— À la même époque, elle était reçueà Alexandrie et en Egypte. Voir t.m, col.665-667.

3° Manuscrits. — Des notions générales sur les manuscrits des Septante ont été données, t. iv, col. 679682. Les principaux ont été déjà ou seront décrits dans des articles spéciaux. Pour les papyrus, voir t. iv, col. 2087-2088. Cf. G. Brady, Les papyrus des Septante, dans la Revue de philologie, oct. 1909, p. 255-264. Sur l’Alexandrinus, voir t. i, col. 363-364 ; VEphrsetniticus, t. ii, col. 1872 ; le Coislianus, col. 829-830 ; le Cottonianus, col. 1058 ; le Marchalianus, t. iv, col. 745-746 ; le Pelropolitanus, t. v, col. 174. Voir Sinaiticus, Vaticanus.

^Éditions. — 1. Éditions complètes. — a) L’édition princeps est celle de la Polyglotte de Complule ou d’Alcala. Voir t. v, col. 516-517.

6) L’édition aldine, bien qu’imprimée après la précédente, parut avant elle. Commencée par Aide Manuce, elle fut achevée, après la mort de ce dernier (1515), par son beau-père André Asolanus et parut à Venise au mois de février 1518 (nouveau style, 1519), en 3 in-f°. L’éditeur, dans la dédicace au cardinal JEgidius, dit avoir collectionné beaucoup de manuscrits très anciens, avec le concours d’hommes très instruits. On ne sait pas au juste quels sont ces manuscrits. Il est vraisemblable qu’on a consulté le manuscrit de Bessarion conservé à la bibliothèque Saint-Marc de Venise (Holmes 68), et deux autres manuscrits (II et III) de la même bibliothèque (Holmes 29 et 121). Le texte se rapproche de l’édition de Rome plus que celle de Complute. L’édition aldine a été plusieurs fois réimprimée : par Jean Lonicer, Strasbourg, 1526-1528 ; avec une préface de Mélanchthon, Bâle, 1545 ; par H. Guntius, Bâle, 1550, 1582 ; par DraconiteS, Biblia Pentapla, Wittenberg, 1562-1565 ; par F. du Jon (.lunius) ou F. Sylburg, Francfort, 1597 ; par N. Glycas, Venise, 1687.

c) L’édition la plus importante est celle qui fut préparée à Rome et publiée par l’autorité du pape Sixte V, en 1587. Le 17 mars 1546, on avait proposé au concile de Trente, en congrégation générale, les remèdes à apporter aux abus signalés relativement à l’Écriture sainte. Ofc, au second abus, qui était la corruption des manuscrits, on devait obvier, en dehors de la correction de la Vulgate latine, curando etiani ut unum codicem grœcurn, unumgue hebrœum, quod fieri potest, correctum habeat Ecclesia sancta Dei. À la congrégation générale du 1 er avril, le cardinal Polus demanda que le concile approuvât un texte hébreu et un texte grec, ut omnibus Ecclesiis consulatur. Quand on passa aux votes, la plupart des Pères exclurent la correction des textes hébreu et grec et ne votèrent qu’une édition corrigée de la Vulgate. A. Theiner, Acta au thentica SS. œcumenici concilii Tridentini, Agram (1874), t. i, p. 65, 83. L’idée du cardinal Polus devait cependant être réalisée au moins pour le texte grec de l’Ancien Testament. On ne s’occupa que de la Vulgate jusqu’au pontificat de Grégoire XIII. En 1578, le cardinal de Montalte, qui devait être bientôt après le pape Sixte V, suggéra à son prédécesseur le projet d’éditer la Bible des Septante. Une commission comptant Pierre Morin, Antoine Agellius, Emmanuel Sa, Flaminius Nobilius, fut nommée sur les conseils du cardinal Sirlet, et eut pour président le cardinal Carafa, préfet de la bibliothèque Vaticane. Celui-ci fit rechercher les manuscrits des plus célèbres bibliothèques de l’Italie et en relever les variantes. Ces variantes, comparées avec le Vaticanus B, permirent de constater que son texte, d’accord d’ailleurs avec les citations bibliques des anciens écrivains ecclésiastiques (voir les manuscrits 1232, 1244 du fonds grec à la Vaticane), était le meilleur texte des Septante. On résolut donc de l’éditer, sinon mot à mot, du moins après l’avoir complété et corrigé, en l’accompagnant de notes. Deux autres manuscrits, au témoignage de Pierre Morin, furent utilisés : un oncial, provenant de Venise et ayant appartenu à la bibliothèque du cardinal Bessarion ; un autre, venu de la Grande-Grèce et appartenant alors au cardinal Carafa. Ce dernier a passé à la bibliothèque Vaticane avec tous les manuscrits de Carafa ; il est conservé sous le n » 1238. Cf. Bulletin critique, 1889, t. x, p. 113-114. On disposa encore des collations tirées de deux manuscrits de la bibliothèque des Médicis à Florence (Mediceus, X, 8, sur les prophètes ; V, 38, sur le Pentateuque). Elles sont conservées au Vatican, fonds grec, 1242, 1244, 1241, t. II. Les premiers manuscrits servirent à combler les lacunes du Vaticanus B et à corriger les fautes du copiste et les passages suspects d’erreur ; on ne tint pas compte des corrections manuscrites faites par d’autres mains que la première. Selon Nestlé, Septuagintastudien, I, p. 9 ; ii, p. 12, les 46 premiers chapitres de la Genèse auraient été suppléés d’après le Chisianus R, vi, 38 (Holmes 19). Des notes tirées des manuscrits et de leurs scholies, indiquaient les principales variantes anciennes, ou justifiaient les leçons adoptées, ou expliquaient les passages obscurs. Les livres étaient disposés dans l’ordre même du Vaticanus B ; on y avait introduit cependant la division moderne des chapitres, mais non celle des versets.

Le cardinal de Montalte put sanctionner de l’autorité pontificale, dont il était revêtu sous le nom de Sixte V, l’édition des Septante dont il avait suggéré le dessein, huit ans plus tôt à Grégoire XIII. Le 8 octobre 1586, en la seconde année de son pontificat, il publiait ce décret : Cupientes, quantum in nobis est, commissi nobis gregis saluti quacumque ratione ac via prospicere, ad pastoralem nostram curam pertinere vehementer arbitramur Sacrée Scripturse libros, quibus salutaris doctrina continelur, ab omnibus maculis enipurgatos integros purosque pervulgari. Après avoir résumé les phases principales de l’exécution de cette édition, il concluait : Volumus et sancimus ad Dei gloriam et Ecclesise utililatem, ut Vêtus Grœcurn Testamentum juxta Septuaginta ita recognitum et expolitum ab omnibus recipiatur ac retineatur, quo potissimumad Latinsevulgatse edilionis et veterum sanctorum Patrum intelligentiam utantur. Prohibentes ne quis de hac nova Grseca editione audeat in posterum vel addendo vel demendo quicquam immutare. Si quis autem aliter fecerit quam hac nostra sanctione comprehensum est, noverit se in Dei omnipotentis beatorumque aposlolorum Pétri et Pauli indignationem incursuruni. L’édition romaine des Septante, sans avoir l’authenticité doctrinale que le concile de Trente a reconnue à la Vulgate latine, est donc officielle et elle a été officiellement présentée au monde catholique par

Sixte V. Pie IX et Léon XIII ont approuvé de nouvelles éditions du Vaticanus B ; ils ne les ont pas présentées comme devant servir à l’usage des catholiques comme Sixte V l’a fait pour Pédilion de 1586.

L’impression fut achevée en 1586, et cette date est inscrite au frontispice de l’édition. Celle-ci ne fut mise en circulation que l’année suivante. Le bref du pape, accordant privilège pour dix ans au libraire Georges Ferrario, est daté du 9 mai 1587. À la suite des documents que nous avons analysés, vient le texte grec, qui remplit 783 pages in-folio, à deux colonnes, avec deux pages d’additions et de corrections. Le texte du Vaticanus n’est pas reproduit aussi fidèlement que le dit Pierre Morin dans la préface ; il a été corrigé en un assez grand nombre de passages. Les éditeurs romains ne se proposaient pas de faire une édition critique, comme on l’entend aujourd’hui. Comme ils avaient à la base de leur travail un excellent manuscrit, ils ont donné des Septante l’édition qui, sans comparaison, est la meilleure de toutes celles qui l’ont précédée et suivie jusqu’au milieu du xix » siècle. Elle est devenue le textus receptvs de l’Ancien Testament grec.

Elle a été souvent rééditée, par le P. Jean Morin, Paris, 1628, 1641 ; par R. Daniel, in-4° et in-8°, Londres, 1653 ; Cambridge, 1653 ; par B. Walton, dans la Polyglotte dejLondres, 1657, voir t. v, col. 522-523 ; dans une édition faite à Cambridge, 1665 ; par J. Leusden, Amsterdam, 1683 ; à Leipzig, 1697 (avec des prolégomènes de Frick) ; par L. Bos, Francfort, 1709 ; par J. Mill, Amsterdam, 1725 ; par C. Reineccius, Leipzig, 1730 ; à Halle, 1759-1762 (avec une préface de J. G. Kirchner) ; par Holmes et Pearsons, Oxford, 1798-1827 ; à Oxford, 1817 (avec une introduction de J. G. Carpzow) ; par F. Valpy, Londres, 1819 ; dans la Polyglotte de Bagster, Londres, 1821, 1826, 1831, 1851, 1869, 1878 ; à Venise, 1822 ; à Glasgow et à Londres, 1827, 1831 ; par L. Van Ess, Leipzig, 1824, 1835, 1855, 1868, 1879, 1887 ; à Londres, 1837 ; par l’abbé Jager, Paris, 1839, 1840, 1848, 1855, 1878, 1882 ; à Oxford. 1848, 1875 ; par Tischendorf, Leipzig, 1850, 1856, 1860, 1869, 1875, 1880. Beaucoup des premières éditions sont plus défectueuses que l’édition romaine, parce qu’on n’a pas tenu compté des errata. Celles de Tischendorf, au contraire, ont été revues sur le Vaticanus B, dont elles sont des éditions critiques plutôt que des rééditions de la Bible grecque de Sixte V. Cf. E. Nestlé, Septuagintastudien, I, 1886 ; il, 1896 ; P. Batiffol, La Vaticane dePaulIll à Paul V, d’après des documents nouveaux, Paris, 1890, p. 82-94.

d) Édition de Grabe. — JeanErnest Grabe prépara une édition des Septante d’après le codex Alexandrinus, qui se trouvait déjà à Londres, maintenant a.u British Muséum. Elle forma 4 volumes in-fol., dont Grabe publia lui-même à Oxford le I er, qui contient l’Octateuque (1707), et le ive, comprenant les livres poétiques (1709). Après sa mort (1712), deux de ses amis, F. Loe et W. Wigah, publièrent les deux autres : le IIe, contenant les livres historiques (1719), et le IIIe, les prophètes (1720). L’éditeur reproduit assez exactement le texte du manuscrit, sauf pour l’orthographe qui est partout corrigée ainsi que les fautes de copiste. Il adopte les corrections exécutées sur le manuscrit, quand elles lui paraissent fondées, sans indiquer les leçons primitives. Il s’est, en outre, assez souvent écarté de son texte, sans aucune explication. Les lacunes du manuscrit étaient comblées par des emprunts, faits aux éditions précédentes de Rome ou de Complute ; un caractère particulier signalait les compléments. Afin de reproduire aussi fidèlement que possible le texte hexaplaire, Grabe, pour imiter Origène, marquait d’un astérisque les passages qu’il supposait avoir été ajoutés d’après Théodotion, et d’un obèle ceux qui manquaient dans l’hébreu. L’édition donne donc finalement un texte éclectique et mélangé plutôt

qu’ellp n’est la reproduction soignée àe VAlexandrinus. D’importants prolégomènes, en tête de chaque volume, indiquent la méthode suivie et les principes critiques de l’éditeur. L’édition a été reproduite par Breitinger, 4 in-4°, Zurich, 1730-1732, par Reineccius, dans Biblia sacra quatlrilinguia, Leipzig, 1750-1751 et dans la Bible grecque, imprimée à Moscou en 1821, par ordre du Saint-Synode. Enfin, Field l’a prise pour base de son Vêtus Testamentum grsece juxta LXX interprètes, Oxford, 1859. Il en a revu le texte non seulement sur VAlexandrinus, mais aussi d’après d’autres manuscrits, en sorte que l’édition contient un texte mélangé arbitrairement de leçons d’origine différente.

e) Édition de Holmes et de Pearsons. — Elle reproduit l’édition sixtine, mais on y a joint en notes les variantes de 207 manuscrits, des éditions antérieures, des citations dés Pères et des versions anciennes, qui dérivent des Septante. La préparation de cette œuvre immense fut commencée en 1788 par Robert Holmes, professeur à Oxford. Ses notes recueillies de 1789 à 1805, forment 164 volumes, mss. 16455-16617 de la bibliothèque Bodléenne. La Genèse parut à part en 1798, et la même année, le tome I er, contenant le Pentateuque entier sous le titre général : Vêtus Testamentum grascum cum variis leclionibus. Après la mort de Holmes (12 novembre 1805), J. Pearsons édita la suite : t. ii, Josué-Il Par., 1810 ; t. iii, II Esd.-Cantique, 1823 ; t. IV, les prophètes, 1827 ; t. v, I Esd., III Mach., 1827, avec la liste des manuscrits collationnés. Tous ces matériaux ne sont guère utilisables, parce que les collations ont été faites avec peu de soin et que leur classement est fort défectueux.

f) Édition de Tischendorf. — Tischendorf se proposait de publier une édition manuelle des Septante, sur un plan aussi simple que judicieux. Il a pris le texte de l’édition romaine, mais en le revisant et en corrigeant les fautes nombreuses, laissées ou introduites dans les rééditions successives. Il y a joint les variantes de VAlexandrinus, de V Ephrsemiticus et du Friderico-Augustanus (partie du Sinaiticus, éditée en 1846). L’ouvrage parut à Leipzig en 1850, sous le titre : Vêtus Testamentum grsece juxta LXX interprètes, en 2 in-8°. Une seconde édition, munie d’une longue introduction et augmentée du Daniel des Septante d’après l’édition de 1772, parut en 1856. Deux rééditions suivirent en 1860 et 1869, contenant les variantes du Sinaiticus entier et des modifications d’après l’édition du Vaticanus par le cardinal Mai. La 5e édition fut publiée en 1875 après la mort de l’auteur. M. Nestlé a revisé la 6e, en 1880, et la 7e, en 1887, en y ajoutant un Supplementum, édité aussi à part, comparant les divers manuscrits entre eux.

g) Édition du Swete. — En 1883, M. Swete fut chargé, sous la direction d’un comité de savants anglais, de préparer une nouvelle édition des Septante d’après un plan esquissé en 1875 par Scrivener. Elle devait être fondée sur le texte du Vaticanus complété, et reproduire les variantes des principaux manuscrits onciaux. Elle parut en 4 in-12 à Cambridge, de 1887 à 1894 : The Old Testament in Greek according to the Sepiuagint. Une seconde édition revisée a été commencée en 1895 et terminée en 1900. L’apparatus crilicus est plus développé que celui de la première ; il contient les variantes de tous les manuscrits onciaux, d’un nombre considérable de cursifs, choisis parmi différents types de texte, de l’ancienne Italique, des versions copte, syro-hexaplaire et arménienne, des citations de Josèphe, de Phi-Ion et de beaucoup de Pères. Cf. E. Nestlé, Septuagintastudien, v, Stuttgart, 1907.

MM.Brookeet MacLean ont commencé la publication d’une grande édition des Septante, dont le titre est : The Old Testament in Greek according to the Text of Codex Vaticanus (complété par les autres manuscrits

onciaux et accompagné de nombreuses variantes). Du tome i : The Octateuch, il n’a encore paru que Genesis, in-4°, Cambridge, 1906.

2. Éditions partielles. — Nous suivrons l’ordre des livres de la Bible plutôt que l’ordre des temps. — Genèse.

— G. A. Schumann, Pentateuchus hebraice et grsece, 1829, t. i (comprenant la Genèse seule) ; P. de Lagarde, Genesis grsecee fide edilionis Sixtinse addita Scriptural discrepantiae libris manu scriptis a se collatis et editionibus Complutensi ac Aldina adcuratissime enotate, Leipzig, 1868 (les manuscrits collationnés sont les onciaux ADEFGSet les cursifs29, 31, 44, 122, 130, 135).

— Deutéronome. — C. L. F. Hamann, Canticum Moysi ex Psalterio quadriplici… manu scripto quod Banibergse asservatur, Iéna, 1874. —. Josué. — A. Masius (Mæs), Josuse imperaloris historiie, Anvers, 1574 (avec les leçons du manuscrit syro-hexaplaire de la bibliothèque Ambrosienne de Milan). — Juges. — J. Ussérius (Ussher), Syntagma, 1655, dans Works, t. vu (sur deux colonnes parallèles, les textes du Yaticanus et de l’A lexandrinus) ; 0- F. Fritzsche, Liber Judicum secundum LXX interprètes, Zurich, 1867 ; P. de Lagarde, Septuaginta-Studien, 1891, t. I (texte desc. i-v, d’après le Vaticanus et V Alexandrinus) ; A. E. Brooke et N. Mac Lean, The Book of Judges in Greek, according to the text of Codex Alexandrinus, Cambridge, 1891. —Rulh.

— Drusius, 1586, 1632 ; L. Bos, Rulh ex versioneLXX interpretum secundum exemplar Vaticanum, Iéna, 1788 ; 0. F. Fritzsche, ’Po16 r.*zà toÙ ; O’, Zurich, 1867.

— Psaumes.— Éditions du Psautier grec, Milan, 1481 ; Venise, 1486 ; Venise, avant 1498 (Aide Manuce) ; Pellicanus, Hieronymi opéra, Bâle, 1516, t. viJi ; Justinianus, Octaplum Psalterium, Gènes, 1516 ; J.Potken, Psalterium in ivlinguis, Cologne, 1518 ; autres éditions, 1524, 1530 (Psalterium sextuplex), 1533, 1541, 1543, 1549, 1557, 1559, 1571, 1584, 1602, 1618, 1627, 1632, 1643, 1678 (de V Alexandrinus), 1737, 1740 (par Bianchini, texte du Veronensis), 1757, 1825, 1852, 1857, 1879 (en quatre langues, par E. Nestlé), 1880 ; Lagarde, Novae psalterii grseci editionis spécimen, 1887 ; Swete, The Psalms in Greek according to the LXX with the Canticles, 1889, 1896 ; Lagarde, Psalterii grseci quinquagena prima, 1892. —Job. — Patrick Young, Catenaof Nicetas, 1657 ; Franeker, 1663. — Esther. — J.Ussher, Syntagma, 1655, dans Works, t. vu (deux textes, dont l’un est le texte hexaplaire d’après le manuscrit d’Arundel, Holmes93) ; 2e édit., Leipzig, 1695 ; 0. F. Fritzsche, ’E<r8r, p, Zurich, 1848 (deux textes) ; les parties deutérocanoniques ont été publiées par lui dans Libri apocryphi V. T. grseci, Leipzig, 1871. — Osée. — J. Philippeaux, Paris, 1636 (les c. i-iv du Marchalianus) ; D. Parens, Hoseas commentariis illustratus, Heidelberg, 1605. — Amos. — Vater, Halle, 1810. — Jonas. — S. Munster, 1524, 1543. — Isaïe.

— S. Munster, 1540 (hébreu, grec et latin) ; J. Curter, Procopii commenlarii in lesaiam, Paris, 1580 (texte du Marchalianus). — Jérémie. — S. Munster, 1540 ; G. L. Spohn, Jeremias valese versione Judseàrum alexandrinorum ac reliquorum interpretum grsecorum, Leipzig, 1794 ; 2e édit., 1824 ; Kyper, Libri très de re grammatica hebraicse linguat, Bâle, 1552 (contient les Lamentations en hébreu, en grec et en latin). — Ezéchiel. — Vincent de Regibus, ME^exirjX xatà toùç ÊôSojjt^xovTK ht tûv IVrpauÀtùv’Qptyévovç, in-f°, Rome, 1840 (œuvre posthume reproduisant le texte grec du Chisianus avec le texte latin et des notes). — Daniel. — Le texte de Théodotion a été édité à part par Mélanchthon, en 1546, et par Wells, en 1716. Celui des Septante, d’après le Chisianus, a été préparé par Vincent de Regibus et édité par Simon de Magistris, Daniel secundum LXX ex tetraplis Origenis nunc primum ediius e singulari Chisiano codice, Rome, 1772. Il a été réédité par Michælis, Gcettingue, 1773, 1774 ; par Segaar, V trecht, 1775 ; par Bugati, Milan, 1788 ; par Hahn, Leipzig,

1845, et par Drach, Pat. gr., t. xvi, col. 2767-2928 (où on a reproduit même [les fautes de l’édition romaine). Cozza a reproduit plus exactement le Chisianus dans Sacrorum Bibliorum vetustissima fragmenta, Rome, 1877, t. nr. — Deutérocanoniques. — J. A. Fabricius, Liber Tobias, Judith, Oratio Manasse, Sapientia et Ecclesiasticus (grec et latin), Francfort et Leipzig, 1691 ; Francfort, 1694 ; Leipzig, 1804, 1837 ; O. F. Fritzsche, Libri apocryphi V. T. grseci, Leipzig, 1871 ; Reusch, Libellus Tobite codice Sinaitico, Bonn, 1870 ; Baruch a été édité par Kneucker, Leipzig, 1879 ; D. Hœschel, Sapientia Sirachi seu Ecclesiasticus, Augsbourg, 1604 ; Linde, Sententise Jesu Siracidsn ad (idem codicum et versionum, Dantzig, 1795 ; Bretschneider, Liber Jesu Siracidse, Ratisbonne, 1806. Cf. Lelong, Bibliotheca sacra, édit. Masch, t. ii, p. 262 ; Fabricius, Bibliotheca grseca, ’édit. Harless, t. iii, p. 673 ; Rosenmûller, Handbuch, t. i, p. 47 ; Frankel, Vorstudien zu Septuaginta, p. 242 ; Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, p. 171-194.

VIL Valeur critique du texte. — Malgré les nombreux travaux de détail dont elle a été déjà l’objet, la version des Septante n’a pas encore été étudiée en détail sous le rapport de sa fidélité à rendre le texte original. Du reste, le travail de comparaison est très difficile et très délicat. Nous ne pouvons comparer le texte grec des Septante qu’avec le texte hébreu massorétique. Or, nous ignorons au juste dans quelle mesure ce texte hébreu reproduit l’original. D’autre part, le texte grec lui-même a souffert, dans sa transmission, bien des altérations involontaires et volontaires ; les manuscrits diffèrent entre eux et ils représentent des éditions dont le classement et l’étude ne sont pas encore définitifs. Les critiques ne sont pas même complètement d’accord sur les principes à suivre dans la reconstitution du texte grec primitif. Il y a donc beaucoup à faire dans ce travail critique et il est impossible de donner des conclusions absolument certaines.

Néanmoins, le travail déjà accompli est loin d’avoir été stérile, et on a multiplié les constatations de différences de textes. La comparaison du texte grec avec le texte hébreu a fait voir de nombreuses divergences tant dans l’ordre des récits que dans leur sujet lui-même. Les divergences ne sont pas de même nature dans tous les livres et elles diffèrent en chacun d’eux. Elles proviennent ou de l’état des anciens manuscrits hébreux, qui ne reproduisaient pas le même texte, disposé dans le même ordre que celui qu’ont fixé les massorètes, ou des fautes et des erreurs des copistes et même des traducteurs. Quand on a fait la part des divergences qui ont cette dernière cause, et cette part est considérable en quelques livres, il y a encore une somme très notable de variantes plus ou moins graves : additions, omissions, transpositions, qui ne sont pas imputables aux traducteurs, mais qui existaient déjà dans le texte hébreu qu’ils ont traduit. On ne peut pas dire que, dans l’ensemble, les manuscrits que ces traducteurs avaient à leur disposition aient été moins bons que ceux des massorètes. Pour certains livres et sur des points particuliers, ils étaient meilleurs. Aussi la version des Septante, nous l’avons déjà dit, est d’une grande importance pour l’étude du texte primitif.

1° Différences dans la disposition et l’ordre des textes. — Swete, op. cit., p. 231-242, les a toutes notéesr Les plus importantes se trouvent Exod., xxxv-xl ; III Reg., iv-xi, 8 ; Prov., xxiv-xxxi ; Jer., xxv-xli. Pour^ Jérémie, voir t. iii, col. 1277-1278, et pour les Proverbes, t. v, col. 792-793. Elles sont telles qu’il faut en conclure que, pour ces passages, les traducteurs grecs avaient une recension de l’hébreu, différente de celle qu’ont connue et fixée les massorètes.

2° Différences dans les récils eux-mêmes. — Swete, op. cit., p. 242-262. Les plus notables se rencontrent

dans les livres de Samuel et des Rois et dans celui de Jérémie. La recension grecque de Samuel et des Rois offre tantôt un texte plus court, tantôt un texte plus développé. Ce texte est plus court dans les récits des premières relations de Saùl et de David. I Sam., xviii, >6-xix, 1. L’abbé Paulin Martin a constaté que la recension grecque présente les faits avec plus de cohérence et de vraisemblance que le texte hébreu. De l’origine du Pentateuque (lithog.), Paris, 1886-1887, 1. 1, p. 67. Le I er (IIIe) livre des Rois contient, au contraire, dans la version grecque de nombreuses additions, dont il est très difficile d’expliquer l’origine. Indépendamment de la différence de plan, il y a aussi, dans le livre de Jérémie, de nombreuses différences de détails entre le grec et l’hébreu, et certaines additions de l’hébreu ressemblent à des interpolations postérieures. Voir t. v, col. 116. Cf. A. Loisy, Histoire critique du texte et des versions de la Bible, dans L’enseignement biblique, 1892, p. 110126. Le texte grec de Job, tel qu’il était reçu couramment au temps d’Origène, était beaucoup plus court que ie texte massorétique. Les omissions se remarquent surtout dans la seconde partie du livre, dans les passages les plus difficiles. Tantôt un seul vers a été laissé de côté, tantôt plusieurs. Origène, Epist. ad Africanum, 4, t. xi, col. 55 ; S. Jérôme, Prsefatio in Job, t. xxviii, col. 1080. On admet généralement que le plus grand nombre des lacunes est imputable au traducteur, qui abrégeait l’original, soit parce qu’il ne le comprenait pas, soit pour une autre cause. Cependant, le texte hébreu a bien pu subir un remaniement postérieurement à la version grecque. Deux additions, le discours de la femme de Job, après ii, 9, et la généalogie du patriarche, à la fin du livre, après xlii, 17, semblent être des interpolations faites après coup dans la version grecque. Voir t. iii, col. 1564. Cf. A. Loisy, Le livre de Job, p. 17-19. Il suffit de rappeler aussi les parties deutérocanoniques de Daniel et d’Esther. Voir t. ii, col. 1271, 1977,

3° Diversités qui proviennent du fait des traducteurs.

— Elles sont de deux sortes : les unes résultent de la lecture du texte hébreu qu’ils avaient sous les yeux, les autres de leurs principes et de leur méthode d’interprétation.

1. Différences de lecture du texte hébreu. — La version des Septante représente le texte hébreu tel qu’il existait au ni’et au He siècle avant notre ère. Or, à cette époque, ce texte était transcrit, non plus en caractères phéniciens, mais déjà en caractères carrés, d’une façon continue et sans voyelles. Ces trois circonstances ont produit.des lectures du texte différentes des leçons massorétiques. — a) Dans la nouvelle écriture, il était très facile de confondre certaines consonnes, dont la forme extérieure était peu distincte. Ainsi 1 aurait été lu > : I Reg., ii, 29, osôuXjiM (j’y pour py) ; xii, 3, âjtoxpiO/]TS xaT’è[io-j (o > ; y pour 13 l ; >y) ; Is., xxix, 43, pâmv Se créëovTat (ie (>ns Dnsn » inm pour >nN Dn*n> >nm) ; 3 aurait été lu pour 3 et > pour i ; I Reg., vi, 20, 81s), 6eîv (l3ïb pouriDyb ; Jer., xxvi (xlvi), 25, tôv viiôv aÛTÎjc (H33 pour Wd) ; I Reg., IV, 10, Tay[kxtwv ('bnpour >bn ; xxi, 7, Aw^x 6 S-jpoç (>Dixii jnt pour’m » n 3NT). L’écriture défective, lorsque i et > représentaient des voyelles longues, a produit de semblables erreurs de lecture. Ainsi, I Reg., xii, 8, xoà xa-rwxKTEv a-jtoiis (oaiwi pour D13>c>i) ; Ps. v, 1, vmàp if É ; x).7|povof « .o’j<Tïi ; (nbnan bs pour nVjjnan ba) ; Job, xix, 18, eîc tôv aiûva (a’iy pour ciS’iy) ; Jer., VI, 23, ut nOp (ws pour wind). Des erreurs de nombres ont probablement pour cause aussi la confusion de consonnes employées comme chiffres. Ainsi, II(Sam.) Reg.. xxiv, 13, Tpfa ëtti, vient de ce que 5 a été lu pour t.

— 6) L’écriture continue, sans séparation ni intervalle entre les mots, a amené une coupe différente des mots juxtaposés. Ainsi, Gen., xlix, 19, 20, ci-jt<5v xatà uoSaç.’Ao^ p suppose la lecture : iw*t : n3py au lieu de-wxo : 3py ; Deut., xxvi, 5, Evpiav âuÉ6a).£v dérive de ias> dtn, alors que le texte massorétique a 13N >din ; I Reg., i, 1, iv Nadefg, traduisant 2’ssa, alors qu’on lit dans l’hébreu dis p ; Ps. xlhi (xliv), 5, ô 6îôç uou 6 ivie).-Xôjjievo ; , traduction de msD >nhx, au lieu de ms n>nba ; Jer., xxvi (xlvi), 15, êià ts syjyev âitô <roû 6 r A7ttç, qui rend Dn d : yvta, tandis que les massorètes ont lu » ]nw tipd ; Zach., XI, 7, si ; ttiv Xavaav ! t » )v, traduction de U72d lu au lieu de ttay zh. — c) L’absence de ponctuation a produit des vocalisations différentes des mêmes consonnes. Ainsi, Gen., xv, II, 101 (ruvexôdioev aÛToï ; suppose nnx 3tfn au lieu de ont* atf » i ; Num., xvi, 5, èiuaxsitTai rendant if s en la place de -|p3 ; I Reg., xii, 2, xa9r l <TO|icu, répondant à >mitf », alors

qu’on lit en hébreu inannj Nahum, iii, 8, [lepîSa’Au[/.(ôv,

: "t

traduction de ]iDa usa, tandis que la leçon actuelle est ]idn n : d ; Is., ix, 8, Oavavov, traduisant 131, au lieu de

T

131. La différence de vocalisation est encore plus fré T T

quente et plus apparente dans les noms propres. Ainsi MaSian reproduit |hd ; BaXaân, nybs ; Pojioppa, rn^ay ;

XoSoUoyôixop, "ioïVvts ; ^auyà, naos ; Sâu-irav, llufotf.

t : t : t :  :

Cependant les monuments assyriens établissent que l’orthographe des noms propres étrangers est en général plus exacte dans les Septante que dans le texte hébreu actuel. La prononciation s’en était sans doute conservée assez fidèlement dans la tradition, tandis qu’elle s’était de plus en plus altérée à l’époque des. massorètes.

2. Différences dérivant du mode et de la méthode d’interprétation. — Les premiers traducteurs grecs de la Bible hébraïque étaient en face de graves difficultés à vaincre. Ils avaient à rendre un original sémitique en grec, dont le génie était très différent de celui de l’hébreu ; ils n’avaient pas de précédent ni de tradition interprétative ou exégétique ; ils ne savaient peut-être pas tous l’hébreu d’une façon fort approfondie. D’ailleurs, ils ne voulaient pas faire une œuvre scientifique ; leur but était d’ordre pratique : ils voulaient faire servir leur traduction des Livres Saints à l’instruction religieuse de leurs contemporains. Il en résulte qu’ils n’ont pas appliqué la même méthode, non seulement dans des livres différents, mais encore dans le même livre, traduisant tantôt de la manière la plus servile, tantôt avec la plus grande liberté. Cependant dans l’ensemble, la version des Septante est plutôt littérale, quoique dans une mesure inégale. Leur fidélité au texte, lorsqu’elle est servile, les a portés à ne pas tenir compte des règles propres delà langue grecque, et elle explique ce que Deissmann appelle leurs hébraïstnes de traduction. Le chapitre I er de la Genèse, par exemple, est traduit très littéralement. >a est rendu ëv tp.oi. I Reg., i, 26. Par excès de littéralité, des sentences entières sont inintelligibles dans certains livres, tels que le Psautier et Isaïe. Certains mots hébreux ont été simplement transcrits, par exemple â).), 7)Xov>ià, à(iïiv. D’autres ont été tantôt transcrits tantôt traduits, parfois dans le même livre. Ainsi rmya est transcrit’Apa6â, Deut., i, 7 ; 11, 8 ; iii, 17 ; iv, 49 ; Jos., iii, 16 ; xii, 8, tantôt traduit par èTci 8v<ry.ûv, tpô ; Supporte. Deut., 1, 1 ; XI, 30 ; Jos., xi, 16. Quelques-unes des transcriptions prouvent que les traducteurs ignoraient le sens de l’original. Ainsi Iv xaîç àSapxr)vcîv, Jud-, VIII, 7 ; àq> : pa>, IV Reg., n, 14 ; iràvre ; àaapYigiùS éidç ver/aX KeSptôv, Jer., xxxviii (xxxi), 40.

La littéralité des Septante n’est pas à comparer à celle d’Aquila. Comme les targumistes, ils ont fait des additions au texte et quelques omissions ; ils ont expliqué l’original d’après le contexte ; ils ont modifié la construction grammaticale des phrases et parfois le sens de

certaines métaphores. Leur traduction est donc souvent paraphrastique et quelquefois plus concise que l’original. Ils ne se sont pas fait scrupule d’introduire quelques changements dans la personne et le nombre des pronoms ou des verbes, de substituer l’actif au passif et réciproquement, lorsqu’ils croyaient mieux rendre le sens. On leur attribue l’insertion de Ji-fiov avant les citations. Ils ont suppléé le sujet ou le complément, sous-entendus dans l’hébreu. Gen., xxrx, 9 ; xxxiv, 14. Comme exemples de métaphores dont le sens seul a été retenu, nous pouvons citer aXoYÔç sî[i-., traduisant « incirconcis de lèvres », Exod., vi, 12 j tô xiSuip toû â)iy|j.ou, pour « les eaux d’amertume », Num., v, 18 ; sùyjr) pour exprimer la consécration du nazaréen, Num., vi, 1 sq. ; àtocrçopoî àv « TÉ), Xiov, pour « les paupières de l’aurore », Job, iii, 9. On a signalé des euphémismes. Gen., xv, 4 ; xlix, 10 ; Deut., xxiii, 14, grec, 13 ; xxviii, 30. Nous avons déjà indiqué la suppression ou l’atténuation des anthropopathismes dans le Penlateuque. Il y en a aussi dans Job, l, 9 ; n, 2, 3.

L’exégèse de l’époque a influencé la traduction de quelques passages. Ainsi, Jos., xiii, 22, la leçon èv tïj poicîj s’expliquerait par l’hagadah juive, selon laquelle Balaam, s’étant élevé dans les airs par un procédé magique, serait tombé par l’effet des prières de Phineas. Le titre de roi, attribué aux amis de Job, est emprunté à la tradition. L’influence de la philosophie grecque sur les traducteurs est moindre qu’on ne l’a prétendu quelquefois. La version des Septante est une œuvre purement juive, et ses auteurs n’auraient été atteints que très superficiellement par les idées grecques. Les mots <tu-/*i, vo3 ; , 9pôv< ; <ji< ; et autres semblables qu’ils emploient n’ont pas sous leur plume la même signification que dans les écrits des philosophes grecs et même de Philon. Ils étaient d’ailleurs dans l’usage courant de l’idiome helléniste dans lequel les traducteurs écrivaient. Ces mots grecs rendent indifféremment le mot ab. La traduction des Septante n’a pas été dominée par un principe philosophique étranger à la Bible.

Bien qu’elle soit de valeur inégale, elle est substantiellement fidèle à l’original, même dans ses parties les plus faibles. Le sens général est toujours conservé, et les défauts ne portent que sur les détails de l’interprétation. Ce qu’on appelle couramment les contre-sens des Septante ne sont guère que des imperfections provenant des circonstances historiques dans lesquelles cette version a été faite. On en a exagéré le nombre et il en existe de pareilles dans toutes les anciennes traductions de la Bible, même dans celle de saint Jérôme. Elles n’empêchent pas que les Septante aient fidèlement rendu en grec le texte hébraïque de leur époque et qu’on ne puisse se fier à eux pour la représentation de ce texte. Cf. Swete, op. cit., p. 315-341.

4° Différences qui sont l’œuvre des copistes. — Les divergences qui existent entre la version des Septante et le texte hébreu massorétique ne sont pas toutes imputables aux traducteurs ; beaucoup sont le fait des copistes. Nous avons déjà dit que le texte grec avait été altéré, dans sa transmission, durant les premiers siècles de son existence. Les corrections d’Origène, de Lucien et d’Hésychius, loin d’être utiles à sa pureté, lui ont plutôt été nuisibles. Les copistes, en effet, ne se sont pas bornés à reproduire avec plus on moins de fidélité le texte de chacune de ces recensions ; ils ont mêlé leur texte dans une proportion plus ou moins grande, en sorte qu’aux corruptions accidentelles sont venues se joindre des corrections volontaires. Par l’intermédiaire des Hexaples ou de la recension hexaplaire, des leçons des versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion ont pénétré dans le texte des Septante. Aucun des manuscrits qui nous sont parvenus

ne reproduit fidèlement le texte dont il est le témoin ; les altérations de détails y sont nombreuses et c’est le travail des critiques modernes de les constater et de les relever. Ces critiques en sont réduits à distinguer les meilleures copies, à les classer en raison de leur conformité présumée avec le texte primitif et à exposer les règles de leur emploi pour reconstituer le mieux possible l’original. Cf. Swete, op. cit., p. 478497.

En dehors donc des distractions des scribes, des. fautes de lecture et de transcription, dues à la négligence, à l’étourderie, à la maladresse, il y a, dans les manuscrits, des additions, des omissions, des transpositions, qui sont dues à des corrections voulues du. texte transcrit. Parmi les additions assez étendues, il faut signaler celles qui ont été empruntées à des passages parallèles, complétés l’un par l’autre, et celles qui ont le caractère de gloses explicatives ou de doublestraductions. Elles proviennent pour la plupart des recenseurs et des copistes. Les mots xa-rà févoç r répétés Gen., i, 11, 12, peuvent bien n’être qu’une double traduction de Ij’d’t. Ta SixoTojMip.aTa aùtûv, Gen., xv, 11, sont probablement une glose explicative du mot (TtôjjiaTa. Deux leçons sont réunies, Gen., xxii, 13 : Iv çutw aaëk-A. Le traducteur avait simplement transcrit l’hébreu : èv o-aëèvc ; un correcteur a inséré en marge ou dans le texte la traduction : èv çutô ; un copiste enfin a réuni les deux. On trouve I Reg., ii, 10, une longue addition, qui est une citation libre de Jérémie. L’interpolation, introduite Ps. xm (xrv), 3, est formée de différents textes et est due sans doute au même procédé. Au début du Ps. xxviii (xxix), il y a une double traduction du même vers hébreu. Chaque cas particulier doit être spécialement examiné, et la solution de l’origine de la variante dépend de la comparaison des textes.

Aussi, il faut faire suivre ces indications générales de la liste, rangée par ordre des livres bibliques, des monographies nombreuses ou des travaux qui ont été consacrés à l’étude critique et comparative des rapports du texte des Septante avec l’hébreu massorétique. Les lecteurs pourront y recourir pour leurs études spéciales. — Pentateuque. — Amersfoordt, Dissertatiophilologica de variis lectionibus Holmes. Pentateuchi, 1815 ; L. Hug, De Pentateuchi versione alexandrina commentatio, Fribourg, 1818 ; Tôpler, De Pentateuchi interprétations alexandrinx indole crilica et hermeneutica, Halle, 1830 ; J. Thiersch, De Pentateuchi versione alexandrina libri très, Erlangen, 1841 ; Frankel, l, ber den Einfluss der palàstinischen Exégèse auf diealexandrinische Hemieneutik, Leipzig, 1851 ; Howorth, The LXX and Samaritan vers, the Hebrew text of the Pentateuch, dans Academy, 1894. — Genèse. — P. de Lagarde, Genesis grsece, 1868 ; Deutsch, Exegetische Analecten : ur Genesisùbersetzung der LXX r dans Jûd. Litt. Blatt, 1879 ; Spurrell, Genesis, 2e édit., 1898. — Exode. — Selwyn, Notée criticse in versionem Septuagintaviralem, Exod., i-sxrv, 1856. — Nombres. — Selwyn, Notai criticse… Liber Numerorum, 1857 ; Howard, Numbers and Deuleronomy according to the LXX translated into English, 1887’. — Deutéronome. — Selwyn, Notse criticse… Liber Deuteronomii, 1858 ; Howard, op. cit. ; Driver, Critical and exegetical Commentary on Deuteronomy, Edimbourg, 1895. — Josué. — J. Hollenberg, Der Charakter der alex. Ûbersetzung des Bûches Josua und ihr texthritischer Wert, Mors, 1876. — Juges. — Fritzsche, Liber Judicum secundum LXX interprètes, Zurich, 1867 ; Schulte, De restitutione atque indole genuinse versionis grsece Judicum, 1889 ; P. de Lagarde, Septuaginlastudien, i, Gœttingue, 1891 (Jud., i-v, d’après VAlexandrinusel le Vaticanus) ; Moore, Critical and exegetical Commentary on Judges, Edimbourg, 1895. — Ruth. — Fritzsche, ’Poùe xavà toj ; O’, Zurich, 1867. —

I<* et 11° livres de Samuel ou des Rois. — J.Wellhausen, Der Text der Bûcher Samuelis untersucht, Gœttingue, 1871 ; F. H. Woods, The light thrown by the LXX on the Books of Samuel, dans Sludia biblica, Oxford, 1885, t. i, p. 21-38 ; Driver, Notes on the hebrew textof the Books of Samuel, 1890 ; Steinthal, Zur Geschichle Sauls und Davids, 1891 ; Kerber, Syrohexaplarische Fragmente zu den beiden Samuelisbûcher, dans Zeiischrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1898 .1. Méritai), La version grecque des livres de Samuel, Paris, 1898 ; H. P. Smilh, Critical and exegetical commentary on the Books of Samuel, Edimbourg, 1889. Voir t. v, col. 1143-1144. — 111’et IV’livres des Rois.

— S. Silberstein, Uber den. Ursprung der im Codex Alexandrinus und Vaticanus des dritten Kônigsbuches der alexandrinische Ubersetzung ûberlieferlen Textgeslalt, dans Zeiischrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1893, p. 1-75 ; A. Eahlfs, Septuaginta-Studien. I. Studien zu den Konigsbùchern, Gœttingue, 1904. Voir t. v, col. 1161. — l’T et II » livres des Paralipomènes, Esdras et Néhémie. — Howorth, The true LXX version of Chronicles-Ezra-Nehemiah, dans Academy, 1893 ; E. Nestlé, Marginalien, 1893, p. 29 sq. — Psaumes. — Sinker, Some remarks on the LXX version of the Psalms, 1879 ; Bæthgen, Der lext-kritischer Werth deralten Ubersetzung zu den Psalmen, 1882 ; P. de Lagarde, Psalterii grxci spécimen, 1887 ; Psalmorum quinquagena prima, 1892 ; Jacob, Beitrâge zu einer Einleitung in die Psalmen, 1896 ; A. Rahlfs, Septuaginta-Sludien. II. Der Text des Septuaginta-Psalters, Gœttingue, 1907. Voir t. v, col. 828. — Proverbes. — P. de Lagarde, Anmerkungen zur griech. Uebersetzung der Proverbien, Leipzig, 1863 ; Pinkuss, Die syrische Ubersetzung der Proverbien… in ihrem Verhâltniss zu dem Mass. Text, den LXX und dem Targ. untersucht, dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1894. — Cantique. — W. Riedel, Die Auslegung des Hohenliedes, Leipzig, 1898, p. 105109. — Ecclésiaste. — Wright, The book of Koheleth, 1883 ; Gràtz, Koheleth, 1884 ; E. Klostermann, De libri Coheleth versione Alexandrina, Kiel, 1892 ; Dôllmann, Ueber die Gr. Ubersetzung des Koheleth, 1892 ; H. M. Neile, Introduction to Ecclesiastes, Cambridge, 1904, appendix I. — Job. — Kohi, Observationes ad interpret. gr. et lat. vet. libri Job, 1834 ; G. Bickell, De indole ac ralione versionis Alexandrinx in interpretando libro Jobi, Marbourg, 1862 ; Der ursprùngliche LXX Text des Bûches Hio6, dans Zeitschrift fi’tr katholische Théologie, 1886, p. 557-563 ; Hacht, On Origenis revision of the Book of Job, dans Essays in biblical greek, Oxford, 1889 ; A. Dilltnann, Textkritisches zum Bûche Ijob, dans Sitzungsberichte der Bei’liner Akademie, 1890, p. 1345-1373 ; Maude, Die Peschittha zu Hiub nebsl eineni Anhatig uber ihr Verhâltniss zu LXX und Targum., 1892 ; G. Béer, Der Text des Bûches Riob, 1895 ; Texlkritische Studien : « m Bûche Job, dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1896, p. 297-314 ; 1897, p. 97-122 ; 1898, p. 257-286. -Esther. — B. Jacob, Esther bei den LXX, i&id., 1890, p. 241-298 ; G. Jahn, Dos Buch Esther nach den LXX, Leyde, 1901 ; J. Scheftelowitz, Zur Kritik des griechischen und massoretischen Bûches Esther, dans Monatschrifl fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, t. xlvii (1903), p. 24-37 ; Willrich, Esther und Judith, dans Judaica, Gœttingue, 1900, p. 1-39. — Les douze petits prophètes. — K. A. Vollers, Das Dodekapropheton der Alexandriner, Berlin, 1880 (Nahum-Malachie), continué dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1883, p. 219-272 (introduction, Osée, Amos) ; 1884, p. 1-20 (Michée, Joël, Abdias, Jonas) ; Stekhoven, De alex. Vertaling van het Dodecapropheton, 1887 ; L. Treitel, Die alexandrinische Ubersetzung des Bûches Hosea, Karlsruhe,

1887 ; continué dans Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, Breslau, 1897, p. 433454 ; Ryssel, Untersuchungen uber den Textgeslalt des Bûches Micha, 1887 ; Taylor, The Mass. text and the ancient versions ofMicah, Londres, 1891 ; Seydel, Vaticinium Obadise ratione habita translationis Alexandrinx, 1869 ; L. Reinke, Zur Kritik der âlteren Versionen des Proph. Nahums, Munster, 1867 ; Sinter, Psalm of Habakkuk, 1890 ; Lowe, Commentary on Zechariah, 1882. — Isaïe. — A. Scholz, Die Alexandrinische Ubersetzung des Bûches Jesaias, Wurzbourg, 1880 ; Weiss, Peschittazu Deuterojesaia und ihr Verhâltniss zu Mass. Text, LXX und Targum., 1893 ; A. Zillessen, Zur alex. Ubersetzung des Jes. c. 40-66, dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft,

1902, p. 238-263 ; Die crux temporum in den griech. Ubersetzungen des Jes. c. 40-66 und ihren Zeugen,

1903, p. 49-86 ; R. Ottley, The book of Isaiah according to the Septuagint. II. Text and notes, Cambridge, . 1906. — Jérêmie. — F. C. Movers, De ulriusque recensions vaticiniorumJeremix…. indole et origine, Hambourg, 1837 ; J. Wichelhaus, De Jeremise versionis Alex, indole et auctoritale, Halle, 1847 ; Schulz, Zte Jeremise textus hebraici et grseci discrepantia, 1861 ; A. Scholz, Der massoret. Text und die LXX Ubersetzung des Bûches Jeremias, Ratisbonne, 1875 ; E. Kûhl, Das Verhâltniss der Massora zur Septuaginta im Jeremia, Halle, 1882 ; G. C. Workman, The text of Jeremiah or a critical investigation of the Greek and Hebrew with the variations in the LXX, Edimbourg, 1889 ; Coste, Die Weissagungen in den Propheten Jeremias, 1895 ; A. W. Streane, The double textof Jeremiah, Cambridge, 1896 ; J. Thackeray, The Greek translation of Jeremiah, dans Journal oftheologicalstudies, 1903, p. 245-266, 398-411 ; The greek translation of the Prophetical books, ibid. r p. 578-585 ; Goldwitzer, Ubersetzung mit Vergleichung der LXX (Lamentations), 1828. — Ezéchiel. — A. Merx, Der Werth der LXX fur die Textkritik des A. T. am Ezéchiel aufgezeigt, dans Jahrbûcher fur protestantische Tlieologie, 1883, p. 65-77 ; Cornill, Das Buch des Propheten Ezéchiel, Leipzig, 1886 ; G. Jahn, Das Buch EzechielaufGrundderLXX, Leipzig, A$Ç&.— Daniel. — Hahn, Daniel secundumLXX interprètes, Leipzig, 1845 ; A. Bludau, De alexandrinx interpretationis Danielis indole, I, Munster, 1891 ; Die Alexandrinische Ubersetzung des Bûches Daniel, dans Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. ii, fasc. 2 et 3 ; Bevan, The Book of Daniel, Cambridge, 1892 ; M. Lôhr, Texlkritische Vorarbeiten zu einer Erklârung des Bûches Daniel, dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1895, p. 75-103, 193-225 ; 1896, p. 17-39 ; Riessler, Das Buch Daniel, Stuttgart, 1899, p. 52-59 ; G. Jahn, Das Buch Daniel, Leipzig, 1904. —E. Nestlé, Septuagintastudien, III, Stuttgart, 1899 (prière de-Manassé et Tobie) ; IV, 1903 (prière de Manassé, Tobie, Baruch, lettre de Jérémie, IIMach.) ; M. Lôhr, Alexandrinus und Sinaiticus zum Bûche Tobit, dans Zeitschrift fur alttestamentliche Wissenschaft, 1900, t. xx, p. 243-263 ; A. Schulte, In ivelchem Verhâltnis stehl der Cod. Alex, zum Cod. Vat. im Bûche Tobias, dans Biblische Zeitschrift, 1908, t. vi, p. 262-265 ; B. Niese, Kritik der beider Makkabâerbûcher, Berlin, 1900. — Sur les deutérocanoniques, voir Fritzsche, Old Testament in Greek, t. n et m.

VIII. Bibliographie. — La bibliographie sur les Septante, si elle était complète, serait immense. Elle serait, d’ailleurs, peu utile, car beaucoup d’études anciennes n’ont plus aucune valeur. Nous nous bornerons donc à indiquer ici les principaux travaux d’ensemble, en dehors de ceux qui ont été cités déjà au cours de l’article. — L. Cappel, Critica sacra, info, 1651 ; J. Pearson, Prsefatio parxiietica, 1655 ; Ussher, Syntagma, 1655 ; B. Wallon, Prolegomena,

Londres, 1657 ; Hotfinger, Disserlalionum fasciculus, 1660 ; Isaac Vossius, De LXX interpretibus, La Haye, 1661-1663 ; J. Morin, Exercitationum biblicarum de hebrssi grsecique textus sinceritate libri duo, Paris, 1669 ; B. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, t. ii, c. ii-vm, Rotterdam, 1685, p. 186-232 ; H. Hody, De Bibliorum textibus originalibus, versionibus grœcis et latina vulgata, Oxford, 1705 ; J. G. Carpzov, Critica sacra V. T., Leipzig, 1728, p. 481-551 ; H. Owen, Enquiry into the text of the LXX, Londres, 1769 ; Brief account of the LXX, 1787 ; J. "White, Letler to the Bishop of London, Oxford, 1779 ; Fabricius, Bibliotheca grxca, édit. Harless, 1793, t. iii, p. 658 ; R. Holmes, Episcopo Dunelmensi epistola, 1795 ; Prsefatio adPentateuchum, 1798 ; Schleusner, Opuscula critica, Leipzig, 1812 ; Th. Studer, De versionis Alexandrinse origine, historia, usu et abusu critico, Berne, 1823 ; Grinfield, Apology for the LXX, Londres, 1850 ; Z.Frankel, Vorstudien zur der LXX, Leipzig, 1841 ; ÏJber den Einfluss der palâslinische Exégèse auf die alexandrinische Hermeneutik, Leipzig, 1851 ; Uber palâstinische und alexandrinische Schiftforschung, Breslau, 1854 ; Const. Oikonomos, nepiT<T>v 0’Ép(iï|ViuT<5v, 4 vol., Athènes, 1844-1849 ; Churton, On the Influence of the LXX upon the progress of christianity, 1861 ; C. Tischendorf, Prelegomena, dans Vêtus Teslamentum grsece, 6e édit., Leipzig, 1880, t. i, p. xiii-lxxviii ; Buhl, Kanon und Text des A. T., Leipzig, 1891, p. 109-150 ; A. Loisy, Histoire critique du texte et des versions de la Bible, dans L’enseignement biblique, Paris, 1893, p. 3-163 ; Robertson Smith, Old Testament in theJetvish Church, 2e édit., 1892 ; E. Klostermann, Analecta zur Septuaginla, Leipzig, 1895 ; E. Schiirer, Geschichte des jûdischenVolkes imZeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t, iii, p. 308-317 ; B. Swete, An Introduction to the Old Testament in greek, Cambridge, 1900 ; 2e édit., 1903. — On peut consulter aussi les Introductions .générales à l’Ancien Testament, qui s’occupent toutes plus ou moins longuement de la version des Septante. Nommons seulement parmi les catholiques, Danko, De sacra Scriptura, Vienne, 1867, p. 157-168 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 183-199 ; Ubaldi, Introduclio inSacraniScripturam, 2e édit., Rome, 1882, t. i, p. 535-554 ; R. Cornely, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 337-375 ; C. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, p. 363377 ; C. Chauvin, Leç ons d’introduction générale, Paris, s. d. (1898), p. 285-313. — On trouvera aussi d’utiles indications dans les encyclopédies Ihéologiques ou Dictionnaires de la Bible : Kirchenlexikon, t. xi, p. 147159 ; Realencyclopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, t. iii, p. 2-21 ; Encyclopsedia biblica de Cheyne, t. iv, col. 5016-5022 ; Dictionary of the Bible de Hastings, t. iv, p. 437-454. E. Mangenot.

    1. SEPTHAI##

SEPTHAI (hébreu : Sabtaï ; omis dans les Septante), lévite contemporain d’Esdras.II Esd., viii, 7. Il est appelé Sébéthaï, I Esd., x, 15 ; Sabathaï, II Esd., xi, 16. Voir Sabathaï, col. 1290.

    1. SÉPULCRE##

SÉPULCRE (SAINT), tombeau où fut déposé le corps de Xotre-Seigneur quand il fut descendu de la croix. Les mots employés par les Évangélistes pour le désigner sont : u.vr)[iEÏov, Matth., xxvii, 60 ; xxviii, 8 ; Marc, xv, 46 ; xvi, 2, 3, 5, 8 ; Luc, xxiii, 55 ; xxiv, 2, 9, 12, 22, 24 ; Joa., xix, 41, 42 ; xx, 1, 2, 3, 4, 6, 8, 11 ; |ivf, [ia, Luc, xxiii, 53 ; xxiv, 1 ; t « ?o ; , Matth., xxvii, 61, 64, 66 ; xxviii, 1. Son emplacement a été l’objet de longues discussions, mais on peut dire que jusqu’ici elles n’ont rien enlevé à l’autorité de l’opinion traditionnelle. Les découvertes archéologiques sont plutôt venues donner un appui à celle-ci. Nous ne pouvons présenter ici qu’un aperçu de la question.

I. Données scripturaires. — Nous savons par saint Paul, Heb., xiii, 12, que Notre-Seigneur « a souffert hors de la porte » de la ville, et par saint Jean, xix, 20, que « le lieu où futcruciGé Jésus était près de la ville. » Or, « au lieu oùil fut crucifié, il y avaitun jardin, xTj-no ; , et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été mis. » Joa., xix, 41. C’est « parce que ce sépulcre étaittout prés » du Calvaire, « qu’on y déposa le corps du Sauveur, à cause de la Préparation des Juifs. » Joa., xix, 42. Le tombeau appartenait à Joseph d’Arimathie. Matth., xxvii, 57 ; Marc, xv, 42 ; Luc, xxiii, 50-51 ; Joa., xix, 38. Il était taillé dans le roc, Matth., xxvii, 60 ; Marc, xv, 46 ; Luc, xxiii, 53. Une grosse pierre en ferma l’entrée, lorsque la dépouille mortelle de Jésus y eut été déposée. Matth., xxvii, 60 ; Marc., xv, 46. Elle fut scellée, à la demande des Juifs. Matth., xxvii, 66. Mais, au jour de

347. — L’édicule du Saint-Sépulcre.

la résurrection, « un ange du Seigneur, étant descendu du ciel, vint la rouler, àitexj).i<r5v tôv >t’60v, et s’assit dessus. » Matth., xxviii, 2 ; Luc, xxiv, 2 ; Joa., xx, 1. Les saintes femmes et les disciples « entrèrent dans le sépulcre, » qui était ainsi précédé d’une chambre ouverte. Marc, xvi, 5 ; Luc, xxiv, 3 ; Joa., xx, 6. Mais, pour voir l’endroit où avait été mis le corps du Sauveur, il fallait se baisser, Joa., xx, 5, 11, ce qui suppose une porte basse donnant accès au tombeau proprement dit. Ajoutons que le Calvaire était situé près d’une voie fréquentée, d’où l’on apercevait les corps des suppliciés, et « les passants, branlant la tête, blasphémaient le Christ. » Matth., xxvii, 39 ; Marc, xv, 29. Ces détails précis nous transportent donc en dehors, mais près d’une des portes de Jérusalem, dans un jardin ou verger, situé près du Calvaire, et bordé par une colline rocheuse dans laquelle avait été creusé un sépulcre. Les dispositions de ce sépulcre répondent bien à celles des tombes juives en général.

II. Données traditionnelles. — La tradition n’a pu oublier l’emplacement du saint Tombeau. La foi et l’amour qui, au lendemain de la Passion, poussaient vers ce lieu désormais sacré Marie-Madeleine et saint Jean,

ne furent-ils pas aussi forts chez les autres disciples du Sauveur, alors même qu’ils n’espéraient plus y rencontrer le glorieux ressuscité ? Le nier serait méconnaître une des lois les plus intimes et les plus puissantes du cœur humain, le culte du souvenir. Pendant trois siècles, les chrétiens, tranquilles ou persécutés, vivant à Jérusalem ou dispersés, ne purent perdre un

un monument qui, depuis Constantin jusqu’à nos jours, a été l’objet d’une vénération universelle, et que des théories récentes, plus ou moins spécieuses, n’ont pu dépouiller de sa gloire.

III. Emplacement. — Le Tombeau de Notre-Seigneur est enfermé aujourd’hui, comme le Calvaire, dans la basilique du Saint-Sépulcre. Voir la carte de Jérusalem

348, 349. — Le Calvaire et le Saint-Sépulcre en dehors de la seconde enceinte. D’après M. Schick, dans Zeitschrift des Deutschen Pal&stina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, pi. ix.

souvenir qui leur était cher et que transmirent, du reste, des témoignages non interrompus. La haine même servit la cause des Lieux Saints, comme le prouve le monument païen élevé par Hadrien sur le Golgotha et le Saint-Sépulcre. Pour l’ensemble de ces données traditionnelles, voir Calvaire, t. ii, col. 79. La ruine de Jérusalem par Titus, la dispersion des juifs et des chrétiens, et d’autres objections semblables n’ont pu infirmer l’autorité de la tradition. Cf. Mac Coll, The site of Golgotha and the Boly Sepulchre, dans Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1901, p. 273-299. Le témoignage des siècles a pris corps dans

moderne, t. iii, col. 1344. Après avoir décrit son état actuel, nous verrons s’il répond aux données de l’histoire et de l’archéologie.

1° État actuel. — L’édicule qui recouvre aujourd’hui le saint Tombeau se trouve au centre de la rotonde par laquelle se termine à l’ouest la basilique du Saint-Sépulcre ; il est à 25 mètres au nord-ouest du Calvaire. Bâti par les Grecs en 1810, et d’un goût médiocre, il est de forme rectangulaire à Test, de forme pentagonale à l’ouest. Voir fîg. 317. Il mesure 8 mètres 25 de long, sur 5 m ^ de large et 5 m 50 de haut. Revêtu de marbre blanc et jaune, il est orné à l’extérieur de pilas

très en pierre calcaire rougeâtre du pays ; il est couronné d’une balustrade en colonnettes massives et surmonté d’un dôme sphéroïdal supporté par des piliers carrés. La façade, qui regarde l’orient, est décorée de quatre colonnes torses. L’intérieur est divisé en deux parties. La première est la Chapelle de l’Ange, ainsi appelée parce que ce fut là que l’ange du Seigneur annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur. Matth., xxviii, 2-7 ; Marc, xvi, 5-7 ; Luc, xxiv, 4-7 ; Joa., xx, 12-13. Les parois sont ornées de panneaux sculptés en marbre blanc, de pilastres et de colonnettes. Le centre est occupé par la Pierre de l’Ange, fragment de celle qui fermait l’entrée du Saint-Sépulcre, enchâssé dans un piédestal de marbre. À l’extrémité de cette première chapelle, une petite porte cintrée, haute de l m 33 sur m 66 de large, conduit dans la chambre du saint Tombeau, simple réduit, long de 2° 1 07 sur l m 95 de large, avec des pilastres peu saillants aux quatre angles. Les parois intérieures sont revêtues de plaques de marbre blanc qui cachent le rocher. Au-dessus du pavement, à droite et à la hauteur de m 65, se trouve la couche funèbre où fut déposé le corps du divin Crucifié. Elle est inhérente à la masse rocheuse, mais le dessus et le devant sont également masqués par des dalles de marbre blanc. La voûte a malheureusement disparu par suite des bouleversements qu’a subis ce lieu saint ; mais le rocher est demeuré sous le revêtement de marbre à une hauteur d’environ l m 50 tout autour de la chambre sépulcrale. Il est sans doute regrettable que le pèlerin ne puisse contempler de ses yeux et baiser de ses lèvres le rocher lui-même ; mais la piété, en l’enchâssant ainsi, n’a fait que suivre un des penchants les plus irrésistibles du cœur pour les souvenirs qui lui sont chers. Il nous est, du reste, facile de suivre les transformations que les siècles ont apportées ici et de retrouver dans le monument actuel les vestiges exacts du passé.

2e État primitif. — Le Saint-Sépulcre est aujourd’hui englobé dans l’intérieur de Jérusalem, mais, à l’époque de Notre-Seigneur, l’emplacement qu’il occupe était en dehors des murailles de la ville. La seconde enceinte, en effet, ne s’étendait pas aussi loin vers le nord et l’ouest que l’enceinte actuelle, et l’angle qu’elle faisait laissait sans défense de petites collines entourées de jardins, de villas et de tombeaux, que de nouveaux murs enfermèrent quelques années plus tard. Voir Jérusalem, deuxième enceinte, t. iii, col. 1351, et carte de Jérusalem ancienne, col. 1355. Tout près du rempart et de la porte d’Éphraïm, un pli de terrain se déroulait du nord au sud entre deux petites collines rocheuses, dans le flanc desquelles s’ouvraient deux excavations (fig.348 et 349). D’un côté s’élevait le Golgotha, percé d’une grotte, appelée aujourd’hui Chapelle d’Adam ; de l’autre, le rocher dans lequel Joseph d’Arimathie avait fait creuser son tombeau. Le petit vallonnement situé entre les deux était le jardin dont parle saint Jean, xix, 41. À l’extrémité occidentale, le tombeau comprenait un vestibule ou salle creusée dans le rocetjaissée ouverte sur le devant (fig. 350). Au fond de cet atrium, une entrée très basse donnait accès dans la chambre sépulcrale, dont la moitié, en largeur, était occupée par le banc rocheux destiné à recevoir le corps du défunt. À quelques pas de ce tombeau, s’en trouvait un autre dont nous parlerons tout à l’heure. De ce point, le rocher montait assez rapidement vers l’ouest. Signalons enfin tout près du Calvaire, à l’est, une des nombreuses citernes qui percent le sol de Jérusalem. C’est dans celle-ci que furent jetés les instruments de la Passion, le soir du Vendredi-Saint.

3° Sous Constantin. — Lorsque sainte Hélène vint à Jérusalem pour découvrir, purifier et restaurer les Lieux Saints, que l’empereur Hadrien avait cru détruire à jamais, elle trouva l’emplacement nettement indiqué.

Elle n’eut qu’à déblayer le sol factice qui les recouvrait pour voir aussitôt apparaître la roche du Golgotha et celle du Saint-Sépulcre. Cf. Eusèbe, H. E., iii, 28 ; t. xx, col. 1087. Constantin voulut les enfermer dans une magnifique basilique. Mais pour cela, il fallait disposer le terrain. Les premiers travaux furent consacrés au Saint-Sépulcre. Il était difficile de l’enchâsser dans le marbre sans porter atteinte au rocher dans lequel il était taillé. Pour l’isoler et en faire un oratoire distinct, on découpa le flanc de fa colline et on nivela le sol alentour. Le pic, il faut le dire avec regret, alla trop loin. Pour donner au monument, avec une certaine régularité, une forme circulaire ou polygonale, on crut devoir raser la première grotte, qui servait de vestibule au tombeau. Nous en avons un témoignage important dans ces paroles de saint Cyrille, évêque de Jérusalem, Catech. xiv, 9, t. xxxiii, col. 833 : « L’entrée du Saint-Sépulcre, dit-il, était taillée dans le rocher

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350. — Coupe du Saint-Sépulcre dans son état primitif. D’après M. de Vogué, Les Eglises de Terre Sainte, p. 125. !

A, vestibule, restitué d’après les sépulcres de la vallée de Hinnom ; S, chambre sépulcrale, avec, au fond, l’auge funéraire ou la banquette et l’arcade supérieure qui est détruite ; a, feuillure où venait se loger la pierre destinée à fermer l’entrée du tombeau.

comme celle des tombeaux du pays ; elle n’est plus visible depuis que la première grotte a été détruite pourles besoins de l’ornementation actuelle. Mais avant que le sépulcre eût été embelli par une magnificence royale, il y avait un vestibule devant la porte de pierre. » Il ne resta plus ainsi que la chambre sépulcrale, c’est-à-dire la partie du rocher dont la forme générale est indiquée, fig. 350, par la ligne ponctuée XY. Ce fut assurément une modification regrettable. Mais l’étude attentive des lieux actuels et les témoignages anciens nous montrent parfaitement que nous sommes bien en possession du tombeau de Notre-Seigneur, tombeau ne renfermant qu’une ouverture funéraire, puisqu’il n’avait encore servi à personne, Matth., xxvii, 60 ; Joa., xix, 41, et situé près du Golgotha. L’existence du noyau rocheux, aujourd’hui caché à nos yeux par les placages de marbre, a été constatée dans la suite des âges par de nombreux et irrécusables témoins. Vers 670, Arculfe remarquait à l’intérieur du monument les traces des outils qui avaient creusé le SaintSépulcre ; il nous dit que le rocher était blanc, veiné de rouge, sorte de pierre appelée aujourd’hui dans le pays melki, « pierre royale ». Arculfe, Relatio de Locis Sanctis, lib. I, cap. IV ; cf. T. Tobler, ltinei-a Terrse Sonctas, Genève, 1877, t. i, p. 150. D’autres pèlerins attestent l’avoir vii, aux vin 8, . xiie, xill » et xvie siècles. Le sol extérieur qui, vers l’ouest, s’élève de huit ou neuf mètres au-dessus du sol intérieur de la basilique, indique à peu près le niveau de la colline primitive, qui fut évidée tout autour du noyau qu’on voulait garder.

Les préparatifs une fois terminés, on se mit à la construction de l’édifice, qui comprit trois parties distinctes, VAnastasis, le Golgotha et le Martyrium, reliées entre elles par une série de galeries et d’atriums. La figure 351 est un essai de reconstitution qui répond assez bien aux données de l’histoire et permet de comprendre ce que nous dirons dans la suite. Le saint Tombeau occupa le centre de VAnastasis. D’après Eusèbe, De vila Constantini, iii, 34, t. xx, col. 1095, la munificence impériale le décora, comme étant le point principal, avec des colonnes de prix et des ornements de toute nature. La chambre sépulcrale, dégagée comme nous l’avons montré, forma un petit édifice

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351. — Le Saint-Sépulcre à l’époque byzantine. D’après La Palestine par des professeurs de N.-D. de France, in-16, Paris (1904), p. 81. — Noms anciens en majuscules : ANASTASIS, etc. — Noms modernes en minuscules : chapelle

des Franciscains. — Restes encore visibles —. — Lignes

reconstituées vma El. — Rues actuelles. — A, Ruines situées dans l’établissement russe. — b, Édicule du Saint-Sépulcre. — 759, 761. Chiffres indiquant l’altitude en mètres.

séparé, qui fut bien, suivant l’expression de l’évêque de Césarée, wo-avei toû itavrôç xeoocXtjv, « comme la tête du tout ». La surface extérieure du rocher reçut à l’occident la forme polygonale et à l’orient la forme concave qu’elle conserva jusqu’à l’incendie de 1808. Les parois furent couvertes de plaques de marbre, et les angles garnis de colonnes. Voir, pour d’autres détails, Antonin de Plaisance, De Lotis Sanctis, xviii ; cf. T. Tobler, Itinera Terrée Sanctse, t. i, p. 101 ; S. Silviae Peregrinatïo, édit. Gamurrini, Rome, 1888, p. 46. Devant l’entrée se trouvait la pierre qui servit de porte au Tombeau. Cf. S. Cyrille de Jérusalem, Catech. xiii, 29, t. xxxiii, col. 820 ; Antonin, De Lotis Sanctis, xviii, dans T. Tobler, Itinera, t. i, p. 101. L’Anastasis se terminait à l’ouest par un hémicycle à trois absidioles, et l’on reconnaît généralement que cette forme et les dimen sions n’ont pas changé dans les diverses restaurations, et que les vieilles murailles de l’œuvre constantinienne servent encore de soubassement à la rotonde actuelle.

4° Après l’invasion des Perses (614). — Toutes les merveilles de la basilique de Constantin disparurent, l’an 614, sous les coups d’une formidable invasion de Perses, conduits par Chosroès II. Cependant un moine, nommé Modeste, abbé du couvent de Saint-Théodore, entreprit la restauration de l’insigne église. Mais, ne pouvant couvrir l’ensemble des Lieux Saints d’un monument semblable au premier, il dut se borner à construire sur chaque emplacement vénéré un sanctuaire aux proportions réduites, sauf pour la rotonde, qui fut refaite sur les mêmes bases. Trois pèlerins des vil", vme et IXe siècles, Arculfe (vers 670), saint Willibald (723-726) et Bernard le Sage (vers 870), nous montrent

352. — Fac-similé du plan d’Arculfe.

A. Église de la Résurrection. — B. Édicule du Saint-Sépulcre.

— G. Église du Golgotha. — K. Église de Sainte-Marie. — P. Église de l’Invention-de-la-Croix. — a, b, c, autels. — d, d’, autels portant les fragments de la pierre du Sépulcre. — /, baies.

ce que fut cette reconstruction. Le premier surtout, qui visita les Lieux Saints quarante ou cinquante ans après leur restauration, nous en a laissé une description détaillée, avec un plan assez grossièrement exécuté, mais néanmoins très important (fig. 352). Quatre églises distinctes remplacèrent l’édifice de Constantin : celle de VAnastasis, avec le Saint-Sépulcre ; celle du Golgotha ; celle de l’Invention-de-la-Croix ; celle qui fut dédiée à la Vierge, au sud, et qui recouvrait probablement la Pierre de l’Onction.

5° Sous Constantin Monomaque. — Les églises relevées avec tant de peine par Modeste, restées pendant quatre siècles sans grande modification, tombèrent sous le marteau et la torche du khalife Hakem (1010). Bientôt cependant on put réparer les ruines. Le plan de Modeste servit de base pour la restauration ; les sanctuaires furent rebâtis séparément ; mais, après l’achèvement de la grande rotonde, l’argent ayant probablement manqué, les trois autres édifices furent réduits

à la dimension de simples oratoires. C’est ce que constatèrent les croisés. D’après Guillaume de Tyr, Hïst. rerum transmarin, ., 1. VIII, c. iii, t. CCI, col. 408, l’église de la Résurrection était de forme ronde, et située sur le versant d’une colline, de telle sorte que la déclivité du terrain, égalant presque la hauteur des murs, rendait l’intérieur très sombre. Le toit était fait de longues poutres élevées dans les airs, assemblées avec art comme une sorte de couronne dont l’intérieur, ouvert à l’air libre, laissait entrer dans l’église la

353. — Plan de l’Église du Saint-Sépulcre àl’époque des croisades.

D’après M. de Vogué, avec quelques additions

du P. Germer-Durand, Revue biblique, 1896, p. 327.

A. Anastasis. - B. Édicule du Saint-Sépulcre. — C. Chœur.

— D. Cloches. — E. Baptistère. — F. Parvis. — (j. Golgotha.

— H, M, N, R. Chapelles. — P. Coupole. — Q. Lieu de l’Invention de la Sainte-Croix. — n. Escalier de la chapelle de Sainte-Hélène.

lumière nécessaire ; sous cette ouverture était le Tombeau du Sauveur. Sur l’état des Lieux Saints avant les travaux des croisés, cf. Relatio de peregrinatione Ssewulfi ad Hierosolymam et Terram Sanciam, Manusc. Corpus Christi coll. Cambridge, n° iii, 8 ; Michel et Wright, Relations des voyages de Guillaume de Rubruk, Bernard le Sage et Ssewulꝟ. 237-74 ; fragment dans le Survey of Western Palestine, Jérusalem, Londres, 1884, p. 34-38.

6° Sous les croisés. — Le mérite des nouveaux restaurateurs fut de mettre de l’unité dans cet ensemble de constructions relevées avec grande peine de leurs ruines et simplement reliées entre elles par quelques pans de murailles. Leur but fut d’enfermer comme dans une châsse unique les reliquaires que les siècles précédents avaient si constamment vénérés. Guillaume de Tyr, Hist. rerum transmar., 1. VIII, c. iii, t. CCI, col. 408. Faisant disparaître, avec l’église de Sainte-Marie ou l’oratoire de la Pierre de l’Onction, l’abside qui terminait à l’orient la rotonde de la Résurrection, ils cons truisirent, dans l’emplacement occupé par la cour, le transept et le chevet d’une église française duxiie siècle. Nous ne pouvons en donner la description complète. Voir fig. 353. Le Saint-Sépulcre subit d’importantes modifications. La forme ronde, ou plutôt polygonale, de l’édicule fut conservée ; mais le revêtement extérieur du rocher, composé de beau marbre, fut orné d’une élégante arcature ogivale, en harmonie avec le chœur, et entouré de douze colonnettes. Devant la petite porte, , on construisit un portique carré avec deux entrées : par l’une on faisait passer ceux qui arrivaient au Tombeau, et par l’autre ceux qui en sortaient ; en face du chœur s’ouvrait une troisième porte. Cf. Jean de Wurtzbourg, Descriptio Terne Sanctse, c. ix, t. clv, col. 1080 ; Ernoul, La citez de Jherusalem, dans les Itinéraires à Jérusalem, publiés par la Société de

854. — L’édicule du Saint-Sépulcre de 1555 a 1808. D’après M. de Vogué, Les Églises de Terre Sainte, p. 185.

l’Orient latin, Genève, ISSî, p. 36. La forme du monument différait peu de la lurine actuelle.

7° Des croisés à nos jours. — Parmi les restaurations que le Saint-Sépulcre eut à subir après les croisés, la plus importante est celle de Boniface de Raguse qui, en 1555, sur l’ordre de Jules III, renouvela presque entièrement l’édicule. Pour rebâtir plus solidement, il dut jeter à terre le revêtement extérieur qui tombait déjà. Alors apparut à ses yeux le Tombeau du Sauveur taillé dans le rocher. Quand il eut enlevé l’une des plaques d’albâtre que sainte Hélène avait placées dessus pour qu’on pût y célébrer le saint sacrifice de la messe, il contempla « le lieu ineffable dans lequel reposa pendant trois jours le Fils de l’homme. » Cf. Quaresmius, Terras Sanctas elucidatio, Venise, 1881, t. ii, p. 387-388. Il la recouvrit d’une nouvelle table de marbre, qui subsiste encore aujourd’hui. La forme qu’il donna au saint monument différa peu de celle qu’avaient adoptée les croisés. Voir fig. 354. Cette nouvelle construction dura jusqu’à l’incendie de 1808. C’est à la suite de ce triste événement que les Grecs crurent’devoir restaurer le saint édicule, que les flammes avaient pourtant respecté. Telle est l’origine du monument dans sa forme actuelle (fig. 355).

IV. Authenticité. — La description que nous venons de faire est à elle seule une démonstration. Elle prouve que le Tombeau du Sauveur, malgré les modifications qu’il a subies avec le temps, est resté le même et qu’il correspond exactement aux données de l’Écriture et de l’histoire. Aucun des autres sites où l’on a prétendu

le retrouver ne peut présenter de pareils témoignages. Nous n’avons pas seulement ici une tradition écrite ininterrompue ; c’est un monument de pierre qui se dresse comme témoin pendant bientôt seize siècles.L’archéologie vient ajouter ici le poids de son autorité. Les découvertes récentes, en effet, nous permettent de relier le présent au passé et de résoudre certaines difficultés. Une des grandes objections soulevées contre l’authenticité du Saint Sépulcre est tirée de la direction de la seconde enceinte, qui, d’après les adversaires, devait englober le terrain sur lequel s’élève la basilique actuelle. Le tracé qui a été établi à l’article Jérusalem, t. iii, col. 1359-1363, non sur des raisonnements a priori ou de simples conjectures, mais sur un examen attentif

La découverte d’anciens murs dans l’établissement russe (voir Jérusalem, t. iii, col. 1361-1363, fig. 252) s’est complétée depuis 1907 par celle qu’ont amenée les travaux effectués dans les dépendances du patriarcat copte. Ces travaux ont mis à jour le prolongement de la muraille antique qui est regardée à bon droit comme la façade de l’atrium constantinien. La nouvelle section présente les restes d’un grand mur dont la paroi orientale est en magnifique appareil à refends, très soigné, mais percé de petits trous quadrangulaires, vestiges d’un placage ancien. Une large baie, qui devait être jadis munie d’une porte à double battant, coupe la muraille ; mais certaines particularités anormales font penser qu’elle y a été pratiquée après coup. Pour en

355.. — L’église actuelle du Saint-Sépulcre. D’après une photographie.

du sol, donne à cette objection une réponse qui, sans être absolue et définitive, n’en satisfait pas moins les exigences d’une méthode scientifique. Il laisse parfaitement en dehors de la deuxième muraille le Golgotha et le Tombeau du Sauveur ; il les laisse juste à la proximité voulue par les données scripturaires. À ceux qui regarderaient comme un tracé fautif cette ligne brisée de la seconde enceinte, nous opposerons le témoignage d’un homme qui joignait à la connaissance du terrain la science et l’expérience d’un stratégiste : le général C. W. Wilson remarque contre cette théorie qu’  « il y a en Asie Mineure quelques villes grecques dont les remparts ou sections de murailles sont tout aussi mal tracés d’après nos idées modernes. » Cf. C. W. Wilson, Golgotha’and the holy Sepulchre, dans Palestine Exploration Fund, Quatterly Statenient, 1903, p. 247, n. 1. Il aurait pu citer aussi, beaucoup mieux encore, les vieilles cités chananéennes et juives. Il a tort cependant d’attribuer la même incertitude au système topographique qui met les Lieux Saints en dehors du second mur et à celui qui les enferme dans l’enceinte. Ibid., p. 246. Nous croyons que, présentement, le premier est de beaucoup le mieux appuyé.

créer, les montants, on avait régularisé les deux bords, de la brèche en changeant la position de quelques blocs, en entamant quelques autres plus ou moins profondément. A quelques mètres plus loin, ver ; 3 le nord, on a commencé à déblayer une autre porte moins grande, , mais qui correspond exactement, comme distance et dimensions, à celle qu’on avait déjà découverte, au sud, sur le terrain russe. Nous avons donc là le groupe des trois baies symétriques qui décoraient la façade de l’église constantinienne, comme le montre la mosaïque de Màdaba (fig. 356). Ainsi aux vestiges des propylées que nous connaissions déjà viennent s’ajouter d’autres détails archéologiques qui permettent de reconstituer la partie orientale de la basilique de Constantin. Mais ne peut-on pas aller plus loin et rattacher le mur dont nous parlons à la seconde enceinte de Jérusalem ? Quelques savants le pensent, en particulier le P. H. Vincent : « On peut, dit-il, faire la démonstration que le refend du vieux mur qui nous occupe n’est pas médiéval, pas byzantin à coup sûr, probablement même pas romain. De ce chef on acquiert le droit de le raccorder à une construction d’époque juive comme est le second mur de Jérusalem. » Cf. H. Vincent, r Vn

vestige des édifices de Constantin au Saint-Sépulcre, dans la Revue biblique, 1907, p. 603 ; À travers Jérusalem, notes archéologiques, dans la Revue biblique, 1908, p. 276. Les architectes de Constantin auraient donc

356. — L’église du Saint-Sépulcre sur la mosaïque de Mâdaba.

Ce dessin est détaché du plan de Jérusalem représenté sur la carte géographique de Mâdaba. Voir Procurateurs romains, fig. 180. Pris sur l’original en novembre 1897 par C. Mommert {Die heilige Grabeskirche zu Jérusalem, Leipzig, 1898, frontispice), il reproduit la basilique de Constantin vue de face et non par derrière comme on la voit sur la mosaïque. L’auteur de la carte ne pouvait donner qu’une perspective générale du monument ; elle suffit pour en reconstituer les principales parties. La façade, sans les propylées, présente les trois portes dont parle Eusèbe, Vita Constantini, iii, 37, t. xx, col. 1097 : riUi

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se ?o ; i£vii>v u-eSé/ovto, « trois portes équidistantes tournées vers le soleil levant recevaient la foule de ceux qui entraient ». Le fronton est triangulaire, et le toit, sur la mosaïque, est marqué en rouge comme celui des autres monuments de la Ville sainte. Cette première partie figure le Martyrium et le Golgotha (voir fig. 351). LSAnastasis est parfaitement marquée par la rotonde qui termine la basilique.

utilisé les restes de la vieille muraille. « Aussi bien, dit encore le P. H. Vincent, s’ils bâtirent eux-mêmes cet angle de murailles, pourquoi auraient-ils adopté un autre mode de construction que dans les parties supérieures ? pourquoi l’avoir érigé à grands frais en maté riaux magnifiques et d’un travail très fini pour le dissimuler ensuite sous un revêtement de métal ou de marbre ? pourquoi surtout ne l’avoir pas mis dans le même axe que leur monument ? On a dit, il est vrai, sur ce dernier point, qu’ils avaient voulu mettre cette façade à l’alignement de la grande colonnade d’/Elia ; mais cela paraît vain, car il suffisait alors de déplacer d’une quantité peu notable l’axe général de leur édifice. L’orientation en était à peine modifiée et l’on sait quelle latitude on se donnait en ce temps-là avec une loi que l’usage a rendue beaucoup plus stricte. » H. Vincent, La deuxième enceinte de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1902, p. 48.

M. Schick a essayé, dans un double dessin, plan et élévation, de représenter l’aspect de ce coin de Jérusalem au temps de Notre-Seigneur. Cf. Zeitschrift der Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, pi. IX et x. Mais le tracé minutieux du fort qu’il place en cet endroit relève trop de la conjecture, au moins dans ses détails. De même il n’est pas sûr que le fossé eut la régularité et l’étendue qu’il lui donne. Ce qu’il est permis de retenir de cette restitution et des données archéologiques, c’est que les fortifications de la ville appuyaient cet angle nord-ouest, protégées par certaines coupures du terrain, qui servaient de défense. Une des portes de la cité, dont quelques vestiges subsistent peut-être à l’angle sud-est du vieux mur, s’ouvrait sur les jardins qui avoisinaient le Golgotha et le Saint Sépulcre (fig. 348, 349). Les ressauts du terrain peuvent encore être assez facilement vérifiés aujourd’hui, et les différences de niveau qui marquaient le sol primitif se retrouvent en plus d’un endroit sous les débris du passé. C’est ainsi qu’on peut suivre le relief depuis les anciens propylées jusqu’au delà de la basilique du Saint-Sépulcre, en passant par la chapelle de Sainte-Hélène, le Calvaire, le Saint Tombeau, pour remonter aux quartiers plus élevés. Pour les cotes, cf. A. Kuemmel, Materialien zur Topographie des Alten Jérusalem, Halle, 1906, p. 27-29, et la grande carte jointe à cet ouvrage. Mais plusieurs de ces cotes doivent être complétées ou modifiées par suite des fouilles. Cf. H. Vincent, Un vestige dés édifices de Constantin au Saint-Sépulcre, Revue biblique, 1907, p. 587, coupe transversale sur les propylées et l’atrium oriental, et p. 592, n. 2.

L’existence d’hypogées juifs aux abords du Saint-Sépulcre est une autre preuve d’authenticité. À l’extrémité occidentale de la rotonde, se trouve une petite chapelle syrienne, d’où l’on pénètre obliquement par une entrée peu spacieuse dans une salle de dimensions restreintes, qui a été gravement modifiée par le gros mur de la basilique. Cette salle est une chambre funéraire taillée dans le roc, et autour de laquelle sont des ossuaires et des tombeaux juifs réellement anciens. La tradition chrétienne y a vu le tombeau de Joseph d’Arimathie. Cf. Clermont-Ganneau, L’authenticité du Saint-Sépulcre et le tombeau de Joseph d’Arimathie, Paris, 1878 ; Survey of ~Western Palestine, Jérusalem, Londres, 1884, p. 319-331. Il y a là une réponse péremptoire à une autre objection formulée contre l’authenticité du Saint-Sépulcre, à savoir qu’il ne pouvait y avoir de tombe en cet endroit, enfermé dans la ville. — Une autre chambre sépulcrale, plus importante encore, a été découverte en 1885 au nord de l’endroit de la basilique qu’on a appelé la Prison du Christ. Elle est tout entière creusée dans le roc. Une porte donne entrée dans un caveau de deux mètres en longueur, largeur et hauteur, renfermant à droite et à gauche deux bancs funéraires taillés dans la paroi. Une seconde ouverture, faisant face à la première, conduit dans une chambre plus petite, dont les trois côtés sont également occupés par des banquettes. Cf. C. Schick, Neu aufgedeckte Felsengrâber bei der Grabeskirche in Jérusalem, dans Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, t. viii, 1885, p. 171

173 ; pi. v. Il esl donc désormais bien établi que plusieurs familles juives avaient leurs tombeaux dans ce voisinage de la ville sainte.

V. Bibliographie. — Nous en avons dit assez pour montrer que la piété chrétienne ne s’est pas trompée au cours des siècles et ne se trompe pas plus aujourd’hui en allant vénérer le tombeau du Sauveur à l’endroit marqué par une tradition ininterrompue. L’authenticité de ce lieu, le plus saint du monde, acceptée sans contestation jusqu’au XVIIe siècle, attaquée depuis par quelques protestants, est admise actuellement par la majorité des savants, non seulement catholiques, mais hétérodoxes et rationalistes. Des découvertes ultérieures pourront éclairer d’un nouveau jour l’état de la question ; nous ne croyons pas qu’elles le changent jamais. Une bibliographie complète est impossible ici. En dehors des travaux indiqués au cours de cet article, et sans remonter jusqu’à T. Tobler et E. Robinson, nous ne mentionnerons que les suivants : Melchior de Vogué, Les Eglises de la Terre Sainte, Paris, 1860 ; Ch. Warren, The Temple or the Tomb, Londres, 1880 ; H. Guthe, Die zweïte Mauer Jerusalems und die Bauten Constantins am heiligen Grabe, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 245-287, pi. vi-xiii ; Zur Topographie der Grabeskirche in Jérusalem, dans la même revue, t. xiv, 1891, p. 35-40 ; B. Manssurov, Die Kirclie des Heiligen Grabes zu Jérusalem in ihrer âllesten Gestalt, trad. A. Bœhlendorff, Heidelberg, 1888 ; Russische Ausgrabungen in Jérusalem, Heidelberg, 1888 ; V. Guérin, /crusalem, Paris, 1889, p. 305-340 ; A. Legendre, Le Saint-Sépulcre depuis l’origine jusqu’à nos jours, Le Mans, 1898 ; Germer-Durand, La basilique du Saint-Sépulcre, dans la Revue biblique, 1896, p. 321-334 ; La basilique de Constantin au SaintSépulcre, dans les Échos d’Orient, Paris, 1898, p. 204 sq. ; C. Mommert, Die heilige Grabeskirche zu Jérusalem in ihrem ursprûnglichen Zustande, Leipzig, 1898 ; Golgotha und das heil. Grab zu Jérusalem, Leipzig, 1900 ; G. W. Wilson, Golgotha and the Holy Sépulcre, dans Palestine Exploration Fund, Quarlerly Statement, 1902, p. 66-77, 142-155, 282-297, 376-384 ; 1903, p. 51-65, 140-153, 242-249 ; 1904, ’p. 26-41 ; G. Quénard, Le SaintSépulcre, dans les

Échos d’Orient, nov.-déc. 1903.
A. Legendre.
    1. SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE##

SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE (hébreu : Qibrôt-hatfa’âvâh ; Septante : Mv^jjia tt) ;  ! ici<)uqua ;  ; Vulgate : Sepulcra concupiscentise), station des Israélites dans le désert. Num., xi, 34 ; Deut., ix, 22. Elle fut ainsi appelée, parce que les Israélites, dégoûtés de la manne, désirèrent manger de la viande. Dieu leur envoya des cailles (voir Caille, t. ii, col. 33), mais pour les punir de leurs murmures, il frappa « d’une grande plaie » les murmurateurs sur le lieu même, d’où le nom qu’on lui donna de Tombeaux ou Sépulcres de concupiscence. Num., xi. Sur l’identification de cette station, le P. Lagrange, L’Itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 275, dit : « Une seule conjecture paraît avoir de la valeur, c’est celle de Palmer… En quittant la Sinaï, on suit pendant environ dix heures le monotone ouadi Saal. Déjà les dernières heures offrent un spectacle pittoresque : on aperçoit de très vieux seyals devant le Djebel Tih dont un sommet de forme conique attire les regards : au moment où l’on arrive à l’ouadi Khebebé, c’est comme un chaos de petites collines, en partie du moins artificielles, de débris et de groupes de pierres… Palmer a relevé partout des traces de feu et de charbons enfouis dans le sol. Les Bédouins lui ont affirmé que c’était là le campement d’une caravane de pèlerins (le pèlerinage de la Mecque ne saurait suivre cet itinéraire), qui ensuite s’étaient égarés dans le désert. II


considère cette légende comme une tradition authentique. Sans aller aussi loin, on peut reconnaître ici vraiment tout ce qui pouvait faire nommer ce lieu soit Tabe’éra, soit Qibrolh Hattaava. » Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 563-564.

    1. SÉPULTURE##

SÉPULTURE (hébreu : q’ebûrâh ; Septante : za^ ; Yulgate : sepultura), mise au tombeau du corps d’un défunt.

_ I. Son importance chez les anciens. — 1° Chez les Égyptiens. — On sait de quels soins compliqués les Égyptiens entouraient la dépouille de leurs morts. Dans leur idée, l’âme continuait à vivre au tombeau, avec les mêmes habitudes, les mêmes occupations et les mêmes besoins que pendant la vie terrestre. Il était donc nécessaire que le corps demeurât habitable pour elle ; de là, les précautions prises pour assurer la conservation de ce corps et procurer au mort ce dont il avait besoin pour se nourrir, , s’occuper et se distraire comme pendant la vie. Autrement l’âme quittait le tombeau pendant la nuit sous forme de fantôme et venait chercher sur terre, au grand effroi des vivants, ce qui lui était indispensable pour subsister. Pour répondre à ce besoin des morts, on leur portait des offrandes de toutes sortes, ou l’on se contentait de représenter ces objets en peinture dans leurs tombeaux, ce qui équivalait à la réalité. Les combinaisons les plus ingénieuses étaient prises pour empêcher que le mort ne fût dérangé dans sa tombe. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 113-115 ; t. ii, p. 508-524. Les petites gens, enterrés à la fosse commune, n’étaient point dépourvus cependant des objets indispensables. On suppléait au reste par un procédé dont l’efficacité paraissait suffisante aux Égyptiens : « Ils faisaient de petites poupées en bois, qui de loin ressemblaient à des momies ; sur ces poupées, ils faisaient écrire leur nom, et, après les avoir enroulées dans un chiffon de toile, ils les déposaient dans un petit cercueil. Ce petit cercueil était ensuite légèrement enfoui devant l’entrée d’un grand tombeau ; on espérait qu’ainsi le mort, représenté par sa figurine en bois, bénéficierait du bonheur qui attendait l’inhumé du grand tombeau. » A. Erman, La religion égyptienne, trad. Ch. Vidal, Paris, 1907, p. 197, 198. Pendant leur vie, les riches se préoccupaient de se ménager une sépulture conforme à leur rang. Cf. Maspero, Les contes populaires de l’Egypte ancienne, Paris, 3e édit., p. 109.

2° Chez les Chaldéens. — Les Chaldéens ne tenaient pas à conserver dans son intégrité le corps des défunts. Après l’avoir fait passer par le feu, ils plaçaient dans des urnes les os et les cendres, et dans des fosses le corps insuffisamment consumé, avec les débris d’armes et d’ustensiles dont le mort avait besoin dans l’autre vie. Des tuyaux de poterie, s’élevant de la tombe jusqu’à fleur de terre, permettaient à l’eau de parvenir jusqu’au mort pour le désaltérer. Si l’on négligeait de le pourvoir de nourriture et des objets nécessaires, l’esprit du défunt, au lieu de protéger les vivants, attirait sur eux toutes sortes de maux. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 687-689. La sépulture du mort était donc une garantie de sécurité pour les vivants, mais, en même temps, elle assurait le sort du défunt. « Le monde était, aussi loin que nous conduisent les textes, divisé en trois royaumes : celui des dieux, celui des vivants et celui des morts. Celui des morts était sous terre. L’esprit du défunt lui appartenait naturellement. D’autre part, tout lien n’était pas rompu entre le corps et l’âme. Le corps demeurant exposé à l’air, l’âme était empêchée de descendre aux enfers, et se trouvait condamnée à errer sur la terre, dans un domaine qui n’était plus le sien. Le corps enseveli, l’âme pouvait à son gré lui tenir compagnie ou rejoindre

V. - 53

les autres âmes. » Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 331. Le sort de celui qui gisait sans être enseveli était déplorable. Le poème de Gilgamès se termine par cette remarque : « Celui dont le cadavre gitdans la campagne, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu : son ombre ne repose pas dans la terre ! — Celui dont l’ombre n’a pas quelqu’un qui s’en occupe, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu : les rogatons du pot, les restes de la nourriture qui gisent dans la rue, il mange ! » Cf. P. Dhorme, Choix de textes religieux assyriens-babyloniens, Paris, 1907, p. 325. La dépouille du mort ne devait pas être changée de place. Il fallait empêcher que la lumière du soleil pénétrât jusqu’à elle. On tenait enfin à ce que le mort fût enseveli auprès de ses ancêtres. Assurbanipal dit des rois d’Élam, contre lesquels il exerçait sa vengeance : « J’ai emporté leurs ossements en Assyrie ; j’ai privé leurs esprits de repos, je les ai privés d’aliments et de libations. » Cf. Keilinschriflliche Bibliothek, t. ii, p. 206. Les Égyptiens étaient également convaincus de la nécessité d’inhumer ensemble et dans leur pays ceux d’une même famille. Dans le conte de Satni-Khamoîs, l’aventure se termine par l’ordre donné au violateur d’une tombe de ramener à Memphis les momies d’Ahouri et de Maihêt en exil à Coptos, et de réunir ceux que la colère de Tliot avait tenus séparés. Cf. Maspero, Les contes populaires de l’Egypte ancienne, p. lxi, 129.

3° Chez les Grecs et les Romains. — Les idées du monde oriental sur la nécessité de la sépulture ont été complètement partagées par le monde gréco-romain. « L’âme qui n’avait pas son tombeau n’avait pas de demeure ; elle était errante. En vain aspirait-elle au repos, qu’elle devait aimer après les agitations et le travail de cette vie ; il lui fallait errer toujours, sous forme de larve ou de fantôme, sans jamais s’arrêter, sans jamais recevoir les offrandes et les aliments dont elle avait besoin. Malheureuse, elle devenait malfaisante. .. On craignait moins la mort que la privation de sépulture. C’est qu’il y allait du repos et du bonheur éternel. Nous ne devons pas être trop surpris de voir les Athéniens faire périr des généraux qui, après une victoire sur mer, avaient négligé d’enterrer les morts… Dans les cités anciennes, la loi frappait les grands coupables d’un châtiment terrible, la privation de sépulture. On punissait l’âme elle-même, en lui infligeant un supplice presque éternel. » Fustel de Coulanges, La cité antique, Paris, 1890, p. 10-12. Les chrétiens épurèrent ces idées à la lumière de la foi. Cf. H. Leclercq, Amendes dans le droit funéraire, dans le Dict. d’archéologie chrétienne et de liturgie, 1. 1, col. 1575-1598. — Ces idées sur la nécessité de la sépulture n’étaient pas spéciales aux anciens peuples dont les mœurs nous sont connues. Elles régnent encore chez la plupart des non-civilisés. À leurs yeux, la sépulture procure un double avantage : elle procure la paix aux morts et elle garantit les vivants contre les incursions malfaisantes des esprits mécontents de voir leurs corps privés de la sépulture convenable. Cf. A. Bros, Le problème de la mort chez les non-civilisés, dans la Revue du clergé français, l Br octobre 1908, p. 46-56.

II. La sépulture chez les Hébreux. — 1° Ceux qui en ont le moyen s’assurent la possession d’une sépulture de famille. Ainsi fait Abraham. Gen., xxiii, 4-20. Dans la caverne de Macpelah, à Hébron, viennent successivement reposer Sara, Abraham, et Isaac, ainsi <t réuni à son peuple ». Gen., xxxv, 29. Jacob, qui passe les dernières années de sa vie en Egypte, tient aussi à être réuni à son peuple et est inhumé dans la caverne de ses pères. Gen., xlvii, 29 ; xlix, 29 ; L, 5, 13. Joseph veut qu’un jour les Hébreux emportent ses ossements pour les faire reposer dans le pays que Dieu leur donnera. Gen., L, 25 ; Exod., xiii, 19 ; Jos., xxiv, 32.

On tenait beaucoup à être « réuni à son peuple », c’est-à-dire à reposer avec les siens, dans le lombeau de famille. Gen., xxv, 17 ; xxxv, 29 ; xlix, 32 ; I Mach., ir, 69 ; xiv, 30. Il est fréquemment rapporté que des personnages importants, surtout des rois, se sont couchés avec leurs pères, ou ont été ensevelis dans le sépulcre de leur père. II Reg., ii, 32 ; vii, 12 ; xvii, 23 ; xix, 37 ; III Reg., i, 21 ; ii, 10 ; xi, 21, 43 ; xiv, 20 ; xv, 8, 24 ; xvi, 6, 28 ; xxii, 40, 51 ; IV Reg., viii, 24 ; ix, 28 ; x, 35 ; xii, 21 ; xiii, 9, 13 ; xiv, 16, 20, 22 ; xv, 7, 22, 38 ; xvi, 20 ; - xx, 21 ; xxi, 18 ; xxiv, 5. — 2° C’était un châtiment que de ne pas entrer dans le sépulcre de ses pères ; on cherchait du moins à être enseveli en sainte compagnie. III Reg., xiii, 22, 31. — 3° On devait toujours donner la sépulture aux morts. Comme l’âme est dans le sang, voir Sang, col. 1451, le sang répandu, même celui d’un animal, devait être recouvert de terre. Lev., xvii, 13 ; Ezech., xxiv, 7 ; cf. Gen., iv, 10. Le supplicié devait être enterré le soir même. Deut., xxi, 23. On ne refusait pas la sépulture à des étrangers, II Mach., iv, 49 ; Matth., xxvii, 7, ni même à des ennemis. IV Reg., ix, 34. À plus forte raison la procurait-on aux autres. Les gens de Jabès, en Galaad, inhumèrent Saùl et ses fils, tués à la bataille par les Philistins, et David leur en sut grand gré. I Reg., xxxi, 11-13 ; II Reg., ii, 5-7. À la suite des combats, on donnait la sépulture aux morts. III Reg., xi, 15 ; II Mach., xii, 39-43. Tobie exerçait la charité envers les morts, en leur procurant la sépulture, et il en fut récompensé. Tob., i, 21 ; ii, 4-9. Il était recommandé expressément de donner les soins nécessaires au corps des morts et de ne pas négliger leur sépulture. Eccli-, xxxviii, 16. Notre-Seigneur ne contrevient pas à cette loi quand il recommande de laisser les morts ensevelir leurs morts. Matth., viii, 22 ; Luc, IX, 60. Il veut seulement que celui qui aspire à le suivre pour mener une vie parfaite ne s’attarde pas aux longues cérémonies des funérailles et ne s’expose pas au contact des morts, qui entraînait une impureté légale et séparait momentanément de la société. Ces choses n’avaient pas d’inconvénients pour les morts, c’est-à-dire pour ceux qui ne vivaient pas de la vraie vie spirituelle. — 4° La privation dé sépulture constituait une peine très grave. Elle fut infligée à Jézabel. IVReg., ix, 10. L’impie lamenterait ; ainsi l’Ecclésiaste, viii, 10, s’étonne-t-il que les impies soient ensevelis et entrent dans le repos. Isaïe, xiv, 19, 20, annonce au roi de Babylone un sort semblable à celui qu’Assurbanipal devait infliger au roi d’Élam :

Roi, on t’a jeté loin de ton sépulcre, Gomme un rameau qu’on méprise…

Comme un cadavre qu’on foule aux pieds… Tu ne seras pas avec eux dans la tombe.

Amos, ii, 1, reproche à Moab, comme une chose abominable, d’avoir brûlé les ossements du roi d’Édom pour en faire de la chaux, au lieu de les ensevelir. Jérémie menace fréquemment les Israélites infidèles de la privation de sépulture. Les os des rois, des prêtres et des prophètes seront tirés de leurs tombeaux, exposés devant le soleil et la lune qu’ils ont adorés et réduits à l’état d’engrais. Jer., viii, 1, 2. Par la famine et l’épée mourront ceux qui écoutent les faux prophètes, et personne ne leur donnera la sépulture. Jer., xiv, 16. Les coupables mourront, ils n’auront ni larmes ni sépulture, ils seront comme du fumier sur le sol et les bêtes de proie les dévoreront. Jer., xvi, 4, 6 ; xxv, 33. Le roi Joakim sera enterré comme on enterre un âne, qu’on traîne et qu’on jette hors des portes de la ville, et dont les chacals, les hyènes et les autres animaux de proie font leur pâture. Jer., xxii, 19. Un pareil sort semblait si déplorable qu*au jugement de l’Ecclésiaste, vi, 3, un avorton est plus heureux que celui qui, après une vie sans joie, est privé de sépulture. Les perse cutés qui subissent ce sort s’en plaignent au Seigneur. Ps. lxxix (lxxviii), 3 ; I Mach., vii, 17. Sous Antiochus Epiphane, les Juifs fidèles furent privés de sépulture, mais le persécuteur ne fut pas enseveli dans le tombeau de ses pères. II Mach., v, 10 ; ix, 15. Sans doute, les Hébreux ne partageaient pas les idées de leurs voisins sur la fréquentation du cadavre par l’âme que la mort en avait séparé. Rien, dans les textes bibliques, n’appuierait cette croyance un peu enfantine. Néanmoins, ils regardaient la sépulture comme un bien nécessaire dont le défunt ne pouvait être privé sans détriment pour lui. L’obligation d’inhumer les restes des morts était d’ailleurs la conséquence de la loi qui attachait une impureté légale au contact de ces restes. Voir Morts, t. iii, col. 1316. — 5° Les Juifs avaient un certain nombre d’usages concernant la sépulture. On ne pouvait inhumer à Jérusalem que les rois de la race de David et les prophètes. Cf. Schebuoth, ii, 2 ; Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1741, p. 133. On inhumait volontiers dans un jardin, même contigu à la maison. IV Reg., xxi, 18, 26 ; Joa., xix, 41. Les sépultures étaient inviolables. Les musulmans de Palestine ont rigoureusement conservé cette tradition, d’où l’impossibilité de faire des fouilles partout où se trouvent des tombeaux. Hors de Palestine, les Juifs, à l’imitation des autres peuples, portaient des amendes contre ceux qui violaient leurs sépultures ou y introduisaient des étrangers. Cf. Schürer, Geschichte, t. iii, p. 16, 54. Le sanhédrin avait deux sépultures pour les condamnés à mort, l’une pour ceux qui avaient été lapidés ou brûlés, l’autre pour ceux qui avaient subi la décollation ou la strangulation. Quand les chairs étaient consumées, on transférait les ossements dans une sépulture de famille privée. On enterrait avec les condamnés tous les objets qui avaient servi à leur supplice. Cf. Iken, Antiquitates hebraicæ, Brème, 1741, p. 425. La sépulture du Sauveur ne fut pas astreinte à ces règles, parce que le supplice avait été infligé par l’autorité romaine et que le sort du cadavre dépendait de Pilate. Joa., xix, 38. Mais les instruments du supplice durent être enfouis en terre avec ceux qui avaient servi aux deux larrons. — 6° Outre les cadavres humains, il fallait encore enterrer : les victimes vouées au sacrifice qui mouraient avant d’arriver à l’autel ; celles qui avortaient, à moins qu’elles ne donnassent un second produit qui était brûlé à leur place ; le bœuf lapidé, Exod., xxr, 28, ainsi que tous les animaux nuisibles parmi les animaux domestiques ou sauvages et les oiseaux ; la génisse mise à mort à l’occasion d’un meurtre, Deut., xxi, 4 ; l’oiseau du lépreux, Lev., xiv, 6 ; les cheveux du Nazaréen impur ; le premier-né de l’âne ; la viande cuite dans le lait, Exod., xxiii, 19 ; xxxiv, 26 ; Deut., xiv, 21 ; les animaux profanes ou sauvages immolés dans le parvis. Temura, vii, 4. Il était d’ailleurs interdit,

en général, d’enterrer ce qui devait être brûlé ou de brûler ce qui devait être enterré. Cf. Reland, Antiquitates sacræ, p. 168, 169. Tous ces règlements relatifs à l’inhumation avaient pour but de faire disparaître aux regards ce qui pouvait souiller les vivants d’une manière quelconque. Ils pourvoyaient en même temps aux exigences de l’hygiène, dans un pays où les contagions étaient si redoutables.
H. Lesêtre.

SER (hébreu : Sêr ; Septante : Τυρος), ville fortifiée 4e la tribu de Nephthali, nommée seulement Jos., xix, 35. On peut induire de la liste des villes avec lesquelles elle est énumérée qu’elle était située au sud-ouest du lac de Génésareth, mais son site n’a pas été retrouvé.

SERANIM, titre donné dans le texte hébreu aux chefs des cinq principales villes des Philistins. Voir Philistins, col. 289-290.

SÉRAPHINS (hébreu : ṡerafîm ; Septante : Σεραφίμ. ; Vulgate : Seraphim), êtres célestes décrits par Isaïe, vi, 2-6, dans une de ses visions. — Le mot ṡerafîm vient de ṡâraf, « brûler ». Il désigne donc des êtres brûlants, enflammés. Le même mot sert à nommer une espèce de serpents brûlants, voir Serpent, et Isaïe, xiv, 29 ; xxx, 6, parle aussi d’un ṡãrâf meʿôfêf, « serpent ailé » ou dragon. Les séraphins ne sont pas des serpents, mais des êtres intelligents et merveilleux. Ils se tiennent au-dessus du trône de Dieu. Ils ont chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds et deux pour voler. Ils chantent la sainteté de Jéhovah. Comme le prophète se reconnaît pécheur, un des séraphins prend un charbon ardent avec des pincettes sur l’autel, lui touche la bouche et ainsi le purifie du péché. Les séraphins apparaissent dans ce passage, le seul où il soit question d’eux, comme des êtres chargés de proclamer la sainteté de Dieu et de détruire dans l’homme le péché qui outrage cette sainteté. Isaïe emprunte des éléments divers aux êtres visibles pour représenter les séraphins, comme le fait Ézéchiel pour représenter les chérubins. Voir Chérubin, t. ii, col. 662. On connaît les taureaux ailés qui ont servi de base à la description symbolique de ce dernier. Isaïe a pu emprunter la sienne à d’autres éléments ayant cours à son époque. On sait que certains génies chaldéens étaient représentés avec quatre ailes. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 633, 635 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 430. — Dans la hiérarchie angélique, le nom de séraphins est devenu celui des anges du second chœur.
H. Lesêtre.

SÉRARIUS Nicolas, théologien et exégète jésuite, né le 5 décembre 1555, à Rambervillers (Vosges), mort à Mayence le 29 ou le 30 mai 1609. Il entra dans la compagnie de Jésus en 1573, s’appliqua à l’étude des langues et à l’enseignement. Pendant 20 ans, il professa la théologie et l’Écriture Sainte à Würzbourg et à Mayence. On a de lui, entre autres publications, In sacros divinorum Bibliorum libros, Tobiam, Judith, Esther, Machabæos commentarius, in-4°, Mayence, 1609 ; in-f°, 1610, 1611 (des parties de ce commentaire ont été réimprimées par Migne [Tobie, etc.], dans son Cursus Scripturæ Sacræ, t. xii, xiii) ; Josue ab utero ad ipsum usque tumulum, in-f°, Mayence, 1609, 1610 ; Judices et Ruth explanati, in-f°, Mayence, 1609 ; in-f°, Paris, 1611 ; Prolegomena biblica et commentaria inomnes Epistolas canonicas, in-f°, Mayence, 1612 ; Lyon, 1689 ; In libros Regum et Paralipomenon, Commentaria posthuma, in-f°, Mayence, 1617 ; Lyon, 1618. — Voir C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. vii, 1896, col. 1134-1145.

SÉRÉBIA (hébreu : Šérébyâh), lévite qui vivait du temps d’Esdras et prit part à ses réformes. II Esd., viii, 7 ; ix, 5 ; x, 12 ; xii, 24. Son nom est écrit aussi dans la Vulgate Sarabia et Sarebia. Voir Sarabia, col. 1476.

SÉRÉSER (hébreu : Šarʿéṣér), personnage babylonien. Voir Nérégel-Séréser, t. iv, col. 1602.

SÉRETH (hébreu : Ṣéréṭ ; Septante : Σερέθ), fils d’Assur, fondateur de Thécué, et de la première de ses femmes nommée Halaa. I Par., iv, 5, 7.

SERGIUS PAULUS (grec : Σέργιος Παῦλος), proconsul de l’île de Cypre lorsque saint Paul y fit son premier voyage pour y prêcher l’Évangile. Act., xiii, 7-11. H résidait à Paphos. Il avait auprès de lui un devin ou magicien juif appelé Élymas (Barjésu). Voir Barjésu, t. i, col. 1461. Lorsque saint Paul fit connaître

au proconsul la religion nouvelle, Élymas s’efforça d’empêcher le magistrat romain de se convertir, mais l’Apôtre le frappa de cécité et Sergius Paulus embrassa le christianisme. C’est à l’occasion de ce récit que Saûl est nommé pour la première fois Paul dans les Actes, ce qui a fait croire à beaucoup d’exégètes que c’était en souvenir de la conversion du proconsul que l’Apôtre avait changé son nom. Voir Paul, t. iv, col. 2189. Cf. Proconsul, col. 686 ; Cypre, t. ii, col 1170. Saint Luc qualifie Sergius Paulus de ax>vsiàç, prudens, « intelligent ». Act., xiir, 7. On a trouvé à Soles en Cypre une inscription datée de son proconsulat. Voir di Cesnola, Cyprus, in-8°, Londres, 1877, p. 425. D’après une ancienne tradition, Sergius Paulus s’attacha dans la suite à saint Paul, il l’accompagna en Espagne, et il fut établi enfin par l’Apôtre évêque de Narbonne, où il mourut. Sergius Paulus appartenait à une grande famille patricienne de Rome. Virgile, Eneid., v, 121. Voir F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes modernes, 2e édit., 1896, p. 201-209. Sur saint Paul, évêque de Narbonne, voir Acta Sanctorum, 22 mars, t. m martii, p. 371-376.

SERMENT. Voir Jurement 2, t. iii, col. 1868.

    1. SÉRON##

SÉRON (grec : Sr, p « v), général d’Antiochus Ép.iphane qui commanda les troupes de ce roi contre les Machabées. Il fut battu par Judas Machabée à Béthoron. I Mach., iii, 13-23. Cf. II Mach., viii, 5-7. Voir Ed. R. Bevan, The House of Seleucus, 2 in-8°, Londres, 1902, t. ii, p. 176, 298.

    1. SÉROR##

SÉROR (hébreu : Çerôr ; Septante : ’IapIS), benjamite, ancêtre de Cis, le père de Saûl. I Reg. (Sam.), ix, 1.

    1. SERPENT##

SERPENT (hébreu : nâhâS, Sdrâf, tannin, ’aksûb, séfa’, sif’onl, ’êféh ; Septante : ô’<pi ;  ; Vulgate : serpens, coluber), reptile dont le corps allongé, cylindrique et sans pieds, se meut au moyen de replis sur le sol. C’est un animal très souple et très agile. Ses yeux sans paupières ont une grande fixité, sa langue est fendue en deux. Plusieurs espèces sont ovipares et les autres ovovivipares, c’est-à-dire faisant éclore leurs œufs dans le sein même de la mère. Les serpents vivent surtout dans les pays chauds ; la plupart passent l’hiver cachés dans quelque trou et saisis par un engourdissement léthargique. Beaucoup de serpents sont pourvus d’une glande qui produit du venin. Ce venin est conduit à deux dents, appelées crochets, courbes, très pointues, munies d’un canal étroit et placées à la mâchoire supérieure. Les crochets, habituellement repliés et entourés par la gencive, se redressent quand l’animal veut mordre.

I. Les serpents de Palestine. — Les serpents sont très nombreux en Palestine ; les conditions climatériques et la nature du sol leur sont en effet des plus favorables. Une vingtaine d’espèces ont été reconnues, mais il y en a beaucoup d’autres qui n’ont pas été décrites. Treize d’entre elles sont inoffensives. Voir Couleuvre, t. ii, col. 1071. Cependant il y a de grosses couleuvres noires, coluber atro-virens, qui, à raison de leur taille et des dimensions de leur gueule, peuvent faire des blessures très profondes. Mais comme elles sont très craintives et fuient l’approche de l’homme, elles ne cherchent à mordre que quand on veut les prendre. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 314. Les serpents venimeux appartiennent aux genres suivants : le cobra ou aspic, voir Aspic, t. i, col. 1124 ; cinq espèces de vipéridés : deux vipères proprement dites, vipera euphratica et vipera ammodytes ; la daboia xanthina, qui est appelée basilic par les versions, voir Basilic, t. i, col. 1495, le céraste, voir

Céraste, t. ii, col. 432, et le scytale ou echis arenicola. Voir Vipère. À part la daboia, tous ces serpents ne se trouvent guère que dans la faune méditerranéenne etnord-africaine.Cf.Tristram, ThenaturalEistory of the Bible, Londres, 1889, p. 269-280.

II. Les serpents de la Bible. — 1 « Le serpent du paradis. — Ce serpent est appelé du nom général de ndhâS, qui ne désigne aucune espèce particulière. Il était « le plus rusé des animaux des champ : » Gen., m, 1. Il parle à la femme pour la disposer à manger le fruit défendu et, avec habileté, il lui inspire le doute au sujet du commandement et de la menace de Dieu et finit parla persuader. Comme il n’est dans la nature du serpent ni de raisonner ni de parler, il ne faut voir ici dans cet animal que l’instrument ou la représentation d’un être supérieur capable d’entrer en communication avec la femme pour lui parler et la tenter de défiance et d’insoumission envers le Créateur. Cet être est clairement désigné dans d’autres passages bibliques. « C’est par l’envie du diable que la mort est venue dans le monde. » Sap., ii, 24. Satan « a été homicide dès le commencement. » Joa., viii, 44. « Le serpent ancien », c’est « celui qui est appelé le diable et Satan. » Apoc, XII, 9 ; XX, 2. Sur un cylindre babylonien, t. iv, fig. 564, col. 2124, deuxpersonnages sont assis de chaque’côté d’un arbre qui paraît être un palmier et qui porte deux fruits au-dessous du feuillage. Les personnages sont vêtus. Derrière le second personnage se dresse un serpent. Il est difficile de ne pas voir là une allusion à la tentation du paradis. Dans le poème de Gilgamès, quand le héros a trouvé la plante de vie, « un serpent sortit et lui ravit la plante. » Cf. Sauveplane, Une épopée babylonienne, tabl.n, v. 305, p. 62 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit, , t. i, p. 276-282. La sentence portée par Dieu contre le serpent le condamne à être maudit entre tous les animaux, à marcher sur son ventre et à manger la poussière tous les jours de sa vie. Gen., iii, 14. Josèphe, Ant. jud., i, I, 4, conclut du récit biblique que, pour punir le serpent, Dieu lui a ôté la voix dont il avait si mal usé et l’a privé des pieds sur lesquels il marchait auparavant. Cette interprétalion est trop servile. Dieu n’a pas changé la nature du serpent, il s’est contenté d’attacher une idée défavorable à sa démarche rampante. De même, « manger la poussière » veut seulement dire avoir la tête au niveau du sol, comme si l’animal mangeait de la poussière. L’inimitié établie entre la postérité de la femme et celle du serpent ne concerne pas ce dernier, mais seulement celui qui s’en est servi pour tenter.

2° Les verges changées en serpents. — Pour donner à Moïse une preuve de la mission qu’il lui confère, Dieu lui ordonne de jeter son bâton à terre ; ce bâton devient serpent, ndhds ; il lui commande de saisir ce serpent par la queue, et celui-ci redevient bâton. Exod., iv, 3, 4. Devant le pharaon, Moïse et Aaron exécutent le même prodige ; mais les magiciens égyptiens changent aussi leurs bâtons en serpents ; seulement celui d’Aaron dévore ceux des magiciens. Exod., vii, 9-12. Il y a un miracle divin du côté de Moïse et un prestige diabolique du côté des magiciens. Ceux-ci sont fort experts en prestiges. Il importe que les envoyés de Dieu triomphent d’eux sur leur propre terrain. Ceux qui les imitent aujourd’hui sont plus habiles à tromper les spectateurs qu’à exécuter des choses réellement merveilleuses. Voir Charmeur de serpents, t. ii, col. 595. « Dans un de nos voyages au Caire, en 1894, nous n’avions pu découvrir les procédés réels employés par les charmeurs de serpents de nos jours. Dans un nouveau voyage en 1899, nous avons eu la preuve qu’ils ne prenaient pas d’autres serpents que ceux qu’ils avaient habilement cachés ou dissimulés. Le P. E. Chautard, qui prit part avec nous à l’expérience, l’a racontée dans 1673

SERPENT — SERPENT D’AIRAIN

1674

son livre Au f, ays des pyramides, in-4°, Tours, 1896, p. 112-116° (F. Vigouroux).

3° Les serpents brûlants. — Au désert, les Hébreux murmurent à cause de la longueur du chemin et de la monotonie de la nourriture. Alors Dieu envoie des serpents brûlants qui les mordent et en font périr un grand nombre. Num., xxi, 6, 8 ; Deut., viii, 15. Ces serpents sont appelés serdfîm, ô’çsiç oî SavatoOvTsç, « des serpents mortels », igniti serpentes. Ce nom de ierdfîm vient de êâraf, « brûler ». On ne peut dire à quelle espèce appartenaient ces serpents. Mais la presqu’île sinaïtique abonde en serpents très dangereux. Les Hébreux furent effrayés des blessures cuisantes et mortelles qu’ils en reçurent. Pour arrêter le fléau, Moïse dressa le serpent d’airain. Voir Serpent d’airain, col. 1674. Cf. Judith, viii, 25 ; I Cor., x, 9.

4° Les serpents volants. — Isaïe, xiv, 29, dans son oracle sur les Philistins, dit que, si la verge qui les frappait a été brisée, de la race du serpent sortira un basilic, dont le fruit sera un sdrdf me’ôfêf, « un serpent volant ». Ce serpent représente les fléaux qui châtieront les Philistins. Les Septante traduisent par ôfsiî 7reTâ|ievoi, « serpents ailés », et la Vulgate par absorbens volucrem, « dévorant l’oiseau ». Ailleurs, le prophète énumère, parmi les animaux qui infestent le désert entre la Palestine et l’Egypte, e sdrâf me’ôfêf, ê/iyova àuni’SMv Tusïopivcov, regulus volans, « le serpent volant ». Is., xxx, 6. Hérodote, ii, 75 ; iii, 107, 109, parle aussi de serpents ailés qui, au commencement du printemps, volent d’Arabie en Egypte, mais sont arrêtés et tués par les ibis. Il ajoute que ces serpents gardent les arbres à encens en Arabie, et qu’on les en écarte en brûlant du styrax. On ne connaît pas de serpents ailés. Il existe seulement un petit saurien, appelé dragon, draco ou dracunculus, pourvu de deux membranes latérales formées par un repli de la peau. Le dragon ne peut pas se servir de ces appendices pour voler ; il les utilise seulement pour se maintenir en l’air quand il saute de branche en branche. Ce dragon n’habite pas les déserts, mais les forêts, comme le suppose Hérodote qui en fait le gardien des arbres. Il suit de là que les serpents auxquels Isaïe fait allusion sont simplement des serpents de sable, qui se meuvent avec une grande rapidité, à moins que le prophète ne prête des ailes à certains serpents pour marquer qu’ils sont plus agiles et plus dangereux que toutes les autres espèces connues. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, p. 278.

5° Traits bibliques sur les serpents. — 1. Il est souvent question du venin des serpents. Deut., xxxii, 33, Ps. Lvm (lvii), 5, etc. Voir Venin. C’est en mordant que le serpent inocule le venin contenu dans ses crochets ; du reste, pour y réussir, le serpent frappe plutôt avec ses crochets qu’il ne mord. Am., ix, 3 ; Sap., xvi, 5. — 2. Les serpents ont la langue très effilée et très mobile. Les méchants aiguisent leur langue comme le serpent ; mais le venin est sous leurs lèvres et non au bout de leur langue. Ps. cxl (cxxxix), 4. — 3. Le serpent fait entendre un sifflement qui effraie, surtout dans les ténèbres. Sap., xvii, 9. — 4. Les serpents rampent dans la poussière. Deut., xxxii, 24. Pour caractériser cette attitude, les auteurs sacrés disent qu’ils mangent ou lèchent la poussière, Is., lxv, 25 ; Mich., vii, 17, comme nous disons de quelqu’un qui est tombé dans le combat, qu’il mord la poussière. — 5. Le serpent fréquente les rochers ; mais il est impossible de reconnaître sa trace sur le roc. Prov., xxx, 19. On s’expose à la morsure du serpent quand on met la main sur le mur de pierres sèches où il se cache, Am., v, 19, ou qu’on renverse ce mur. Eccle., x, 8. Du reste, le serpent est extrêmement rusé pour fuir le danger. Gen., iii, 1. Notre-Seigneur recommande à ses disciples d’être prudents comme le

serpent, Matth., x, 16, car le serpent ne s’expose jamais au péril et il se dérobe à la moindre menace. — 6. Le serpent venimeux est toujours à craindre et à fuir. Il faut fuir le péché comme le serpent, Eccli., xxi, 2, et se défier du viii, qui finit par mordre comme le serpent. Prov., xxiii, 32. Un père se garde bien de donner un serpent à son fils qui lui demande un poisson. Matth., vii, 10 ; Luc, xi, 11. Notre-Seigneur traite les scribes et les pharisiens de serpents et de race de vipères, à cause de leur influence néfaste sur le peuple. Matth., xxiii, 33. Il faut une protection particulière de Dieu pour fouler aux pieds ou saisir impunément les serpents. Ps. xci (xc), 13. Le Sauveur donne ce pouvoir à ses disciples, Marc, xi, 18 ; Luc, x, 19, indiquant par là qu’il les prémunit contre la malice de tous les ennemis. — 7. Saint Jean voit des chevaux qui ont des queues semblables à des serpents, par conséquent très dangereuses. Apoc, ix, 19. Il voit aussi Satan sous la forme d’un grand serpent. Apoc, xii, 9, 14, 15 ; xx, 2. — Sur le serpent tortueux de Job, xxvi, 13, voir Dragon, t. ii, col. 1504, et sur celui d’Isaïe, xxvii, 1, voir Léviathan, t. iv, col. 213. Sur le qippôz, dans lequel les versions voient un hérisson, Is., xxxiv, 15, et beaucoup d’auteurs un serpent, le serpens jacuhis, voir Duc, 3°, t. ii,

col. 1509.
H. Lesêtre.
    1. SERPENT D’AIRAIN##

SERPENT D’AIRAIN, serpent fabriqué au désert sur l’ordre de Dieu. — Quand les serpents brûlants firent périr en grand nom bre les Israélites révoltés,

Moïse reçut l’ordre de fa briquer un sdrâf sembla ble à ceux qui attaquaient

les coupables et de l’élever

sur un poleau ; ceux qui

étaient mordus et le re gardaient devaient con server la vie. Moïse fit

donc un serpent d’airain,

l’exposa comme le Sei gneur l’avait ordonné et

arrêta ainsi le fléau. Num.,

xxi, 7-9. Les Égyptiens,

chez lesquels le culte du

serpent était en honneur,

cf. Maspero, Histoire an cienne, t. i, p. 120, 121,

représentaient le serpent

dressé sur une tige de lotus

(fig. 357). Cf. Lepsius,

Denkm., Abth, iii, t. vi,

pi. 120. Cette représenta tion apparaît dès la fin de

la XVIII » dynastie, comme

symbole de la royauté sur

l’Egypte du nord (urseus)

et du sud (lotus), dans une

scène de Silsilis, où le roi

Horemheb est allaité par la

déesse Hathor. Chez les

Assyriens, on trouve aussi

Nergal désigné sous le nom

de sarrapu, le même mot

que sdrâf. Cf. Buhl, Ge senius’Handtvôrt., p.8l0.

Les deux Gémeaux, désignés sous les noms de birdu et Sarrapu, étaient considérés comme deux manifestations de Nergal, et figurés par deux serpents enroulés autour d’une perche que surmonte une boule, aux côtés de laquelle leur tête se dégage (fig. 358). Cf. Thureau-Dangin, Le serpent d’airain, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, t. i, 1896 357. — Le serpent urseus, en roulé sur le lotus. L’urœus et

le lotus sont les symboles

de l’Egypte du nord et de

l’Egypte du sud.

D’après Anœss, Atlas, pi. VII 1675

SERPENT D’AIRAIN

SERVITEUR

1676

p. 151-158. Étant donné que Dieu voulait que les blessés fussent guéris miraculeusement par la seule vue de l’image d’un serpent, il était naturel que ce serpent fût élevé sur nn poteau assez haut pour pouvoir être aperçu de tout le camp. — Ezéchias « mit en pièces le serpent d’airain que Moise avait fait, car lesenfants d’Israël avaient jusqu’alors brûlé des parfums devant lui. » IV Reg., xviii, 4. Voir Nohestan, t. iv, col. 1668.

NoireSeigneur a indiqué luimême le caractère figuratif du serpent d’airain : « Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Joa., iii, 14, 15. Notre-Seigneur sera donc dressé sur sa croix comme le serpent sur son poteau. Mais, tandis que le serpent n'était pour les Israélites qu’un « c signe de salut », Sap., xvi, 6, JésusChrist sera la cause même du salut, non plus pour

les corps, mais pour les âmes.
H. Lesêtre.
    1. SERRURE##

SERRURE (grec : xXeïepov ; Vulgate : clausura), appareil servant à tenir une porte fermée. — Les anciens fermaient ordinairement les portes des habitations au moyen de barres et de verrous. Voir Barre. t. i, flg. 453, col, 1468 ; Verrou. Ce genre de fermeture suffisait pour clore une porte de l’intérieur. Quand il était placé à l’extérieur, tout le monde pouvait ouvrir. La serrure permettait de clore une porte du dehors,

358.— Les Gémeaux en Assyrie.

D’après la Revue d’histoire et de littérature, t. i, p. 152.

359. — Ciel et serrure moderne de Palestine. D’après Lortet, La Syrie, p. 252.

tout en réservant au propriétaire de la maison d’ouvrir seul au moyen d’une clef. On trouve aujourd’hui en Palestine des serrures s’ouvrant avec une clef d’après un système ingénieux (fig. 359). Voir Clef, t. H.fig. 290, col. 800. « Ces machines primitives, qui datent évidemment d’une haute antiquité, peuvent être brisées, mais sont difficiles à crocheter. Elles sont, en général, construites en bois de noyer ou de mûrier. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 352. Des serrures analogues étaient en usage en Egypte. — Baruch, vi, 17, dit que les temples des idoles étaient munis de serrures et de verrous, par crainte des voleurs. — Dans les autres passages bibliques, la fermeture au moyen de barres et de verrous est seule mentionnée. Les serrures sont cependant supposées chaque fois qu’il

est question de clef.
H. Lesêtre.
    1. SERUG##

SERUG (hébreu : Serûg ; Septante : Sepoûx), orthographe du nom de l’ancêtre d’Abraham, dans I Par., i, 26. Il est appelé ailleurs Sarug. Voir Sarug, col. 1495.

    1. SERVITEUR##

SERVITEUR (hébreu : 'ébéd, na’ar, mesârêt ; Septante : SoOXoî, rcaïç, TtaiSâpiov, 9spôitwv, XetToupYoç ; Vulgate : servus, puer, minister), celui qui est au service d’un autre.

1° Serviteur d’un homme. — Les fonctions remplies par ceux que nous appelons aujourd’hui serviteurs ou domestiques étaient autrefois confiées aux esclaves. Les Hébreux avaient des esclaves, soit de leur nation, soit étrangers. Ceux d’entre eux qui étaient assez riches pour en posséder les employaient à différents travaux dans la maison ou dans la propriété familiale. Voir Esclave, t. ii, col. 1921. Ceux qui n’avaient pas d’esclaves se servaient eux-mêmes ou utilisaient leurs enfants. Matth., xxi, 28. Pour les travaux nécessaires qu’on ne pouvait exécuter dans la famille, on recourait aux ouvriers. Voir artisans, 1. 1, col. 1044 ; Mercenaire, t. iv, col. 990. En réalité, ceux auxquels les textes donnent le nom de 'ébéd, SoCXoç, servus, sont presque exclusivement des esclaves et non des serviteurs libres. Même dans le Nouveau Testament, il en est ainsi ; le serviteur proprement dit n’y a pour ainsi dire pas de place. Cf. Schwalm, La vie privée du peuple juif à l'époque de J.-C, Paris, 1910, p. 206-261, 433-484. — Parfois cependant, le nom de serviteur est attribué à des hommes qui ne sont pas des esclaves. Josué est le serviteur de Moïse, son na’ar, vlo « , puer, et son mesârêf, ôspâirwv, minister. Exod., xxxiii, 11. Le nom de na’ar, ira18âpcov, puer, est encore donné à Giézi, serviteur d’Elisée, IV Reg., iv, 12 ; v, 20 ; vi, 16 ; viii, 4 ; aux serviteurs des prêtres, I Reg., ii, 13 ; aux serviteurs des chefs de provinces, III Reg., xx, 15, et aux serviteurs du roi d’Assyrie. IV Reg., xix, 6. Le nom demeêârêt, « servant », désigne Josué, 7cape7Tï)x<iî ( minister, Exod., xxiv, 13, le serviteur d’Amnon, itaiôâpiov, puer, II Reg., xiii, 17, 18, le serviteur d’Elisée, Xsitoupy<5ç, minister, IV Reg., iv, 43 ; VI, 15, et les prêtres en général, XeiToupYoïvTeç, ministri. Is., lxi, 6 ; Jer., xxxiii, 21 ; Jo., i, 9, 13 ; ii, 17. Voir Ministre, t. iv, col. 1105. — L’office de serviteur ou de servante est rempli par les anges vis-à-vis du Sauveur après la tentation, Matth., IV, 11 ; Marc, I, 13 ; par la belle-mère de Pierre après sa guérison, Matth., viii, 15 ; Marc, 1, 31 ; Luc, iv, 39 ; par les saintes femmes qui prenaient soin de Notre-Seigneur et des Apôtres, Luc, viii, 3 ; Matth., xxvii, 55 ; Marc, xv, 41 ; par Marthe à l'égard de Jésus et de ses disciples, Luc, x, 40 ; Joa., xii, 2 ; par le Sauveur à l'égard de ses Apôtres, Luc, xxii, 27, et par les disciples de saint Paul vis-à-vis de leur maître. Act., xxiv, 23. Notre-Seigneur témoigne qu’il est venu lui-même pour servir et non pour être servi. Matth., xx, 28 ; Marc, x, 45.

2° Serviteur de Dieu. — Le nom de « serviteur de Jéhovah », 'ébéd yehovàh, désigne trois sortes de personnes : 1. Celui qui honore Dieu et le sert en lui obéissant. Tels ont été Abraham, Ps. cv (civ), 6, 42 ; Josué, Jos., xxiv, 29 ; Jud., ii, 8 ; Job, i, 8 ; ii, 3 ; xlii, 8 ; David, Ps. xviii (xvii), 1 ; xxxvi (xxxv), 1 ; lxxxix (lxxxvih), 4, 21 ; Daniel, Dan., VI, 20 ; etc. Ce nom convient aussi aux Israélites, en tant que peuple de Dieu, I Esd., v, 11 ; II Esd., i, 10, et à tous les hommes pieux, en général. Ps. xxxiv (xxxm), 23 ; lxix (lxviu), 37 ; cxm (cxii), 1 ; cxxxiv (cxxxm), 1 ; Is., uni, 17 ; lxv, 8, 9 ; etc. — 2. Celui qui exécute une mission de la part de Dieu. A ce titre sont appelés serviteurs de Dieu les anges, Job, iv, 18 ; Moïse, Deut., xxxiv, 5 ; Jos., i, 1 ; Isaïe, Is., xx, 3 ; les prophètes, Jer., vii, 25 ; xxv, 4 ; xxvi, 5 ; xxix, 19 ; xxxv, 15 ; Amos, iii, 7 ; Zach., iii, 8, et même le roi de Babylone, en tant qu’exécuteur des arrêts de la justice divine. Jer., xxv, 9 ; xxvii, 6 ; xliii, 10. — 3. Le Messie lui-même qui, par excellence, honore Jéhovah et remplit

en son nom sa mission rédemptrice. Voir Serviteur

DE JÉHOVAH. H. LESÊTRE.

    1. SERVITEUR DE JÉHOVAH##

SERVITEUR DE JÉHOVAH, nom attribué au Messie dans quatre passages d’Isaïe, xlii, 1-9 ; xlix, 1-6 ; l, 4-9 ; lii, 13-liii, 12. — Dans ces passages, il est question d’un serviteur innocent et juste, qui délivre les captifs, meurt pour son peuple, est la lumière des nations et annonce la loi divine aux peuples lointains. Toute l’ancienne exégèse, juive ou chrétienne, a reconnu le Messie dans ce serviteur.

Pour éluder la portée messianique de ces textes, les rabbins du moyen âge ont enseigné que ce serviteur n’était autre que le peuple d’Israël, cf. Driver and Neubauer, The fifty-third Chapter of Isaiah according to the jewish interprétera, Oxford, Londres, 1877, et beaucoup de critiques rationalistes ont adopté leur interprétation, quittée modifier les textes pour la rendre plausible. Cf. Reuss, Les prophètes, Paris, 1876, t. ii, p. 280 ; Giesebrecht, Der Èneeht Jahves des Deuterojesaia, Konigsberg, 1902 ; G. Workman, The Servant of Jehovah, Londres, 1907. Comme il est impossible de justifier l’application des textes à une collectivité, d’autres ont préféré les entendre d’une individualité, Zorobabel ou le roi Joachin, cf. E. Sellin, Serubbabel, Leipzig, 1898, Der Knecht Gottes bei Deuterojesaia, Leipzig, 1901 ; Dos Râlsel des Deulerojesajanischen Bûches, Leipzig, 1908, ou encore un prophète. Cf. W. Stærk, Bemerkungen zu den Ebed Jahwe-Liedem, dans la Zeitschrift fur wissench. Théologie, 1908, p. 28. Mais aucun de ces personnages ne réalise ce qui est dit de la mission d’enseignement du serviteur, Is., xlix, 1, 2 ; l, 4, ni surtout de ses souffrances rédemptrices. Is., lii-13-liii, 12. — À les prendre dans leur sens naturel, les termes employés par le prophète ne conviennent exactement qu’à Jésus-Christ. Cf. H. Monnier, La mission historique de Jésus, Paris, 1906, p. 278-283. L’application formelle lui en est faite par les auteurs du Nouveau Testament : Js., xlii, 1-4 ; Matth., xii, 18-21 ; iii, 17 ; xvii, 5 ; Marc, i, 11 ; Luc, iii, 22 ; — Is., xlix, 6 ; Act., xiii, 47 ; — Is., L, 6 ; Matth., xxvi, 67 ; — Is., lui, 1-12 ; Matth., viii, 17 ; xxvi, 63 ; Marc., ix, 1 1 ; xv, 28 ; Luc., xxii, 37 ; xxiii, 34, Joa., xii, 38 ; Act., viii, 32 ; Rom., x, 16 ; I Cor., xv ; 3 ; I Pet., ii, 22 ; I Joa., iii, 5. Les Pères n’interprètent pas ces passages autrement. Un rabbin du xiv » siècle, Mosé Kohen ibn Crispin, déclare que l’interprétation collective détourne les passages d’Isaïe de leur sens naturel, et que lui-même les entend du Roi-Messie, conformément à la doctrine des anciens maîtres. Cf. Driver and Neubauer, The fifty-third Chapter of Is., xxiv, p. 99. — Voir Isaïe (Le livre d’), t. iii, col 981 ; Knabenbauer, In Is. proph., Paris, 1887, t. ii, p. 331338 ; Peldmann, Der Knecht Gottes in Isaias Kap. 40-55, Fribourg-en-Br. ; Condamin, Le livre d’haie, Paris, 1905, p. 334-341 ; Le serviteur de Iahvé, dans la Revue biblique, 1908, p. 162-181 ; Van Hoonacker, L’Ébed lahvé, dans la Revue biblique, 1909, p. 497-528.

H. Lesêtre.
    1. SÉSAC##

SÉSAC, nom dans la Vulgate d’un roi d’Egypte et d’un Israélite dont le nom est écrit différemment en hébreu.

1. SÉSAC (hébreu : Sisaq ; Septante : So « (raxi|j.)> r °i d’Egypte. — I. Son origine. — Dès l’Ancien Empire, les Libyens sont en contact avec la vallée du Nil, comme tribus pillardes, soumises ou mercenaires. Principalement sous le nom de Timihou, et de Tinihou, plus tard, de Libou etde Masaousa, ils errent dans les vastes solitudes du Sahara. À la XIXe dynastie et à la XXe, ils se multiplient aux portes de l’Egypte, s’unissent aux peuples de la mer et s’abattent sur le Delta occidental. Ménephtah, puis Ramsès III arrêtent leurs flots

envahisseurs. Les Libyens, dès lors plus connus sous le nom de MaSaousa, l’une de leurs principales tribus, deviennent les soldats privilégiés de l’Egypte, et ce qu’ils n’avaient pu obtenir par la force, ils l’obtiennent par une lente et pacifique pénétration. Leurs chefs, généraux de l’armée égyptienne et vrais barons féodaux, ne cessent de grandir à mesure que s’accentue la décadence delà famille royale. Cf. Maspero, Aratoire ancienne des peupleslde’J’Orient classique, t. ii, 1897, p. 766-768. Or, vers la fin de la XXe dynastie ou au début de la XXI », parmi les’[Libyens fixés sur le sol d’Egypte, se trouvait un, certain Bouiouaoua, dont nous pouvons suivre la longue filiation. Stèle d’Horpasen, dans Mariette, Le Serapéum de Memphis, 1857, pi. xxxi. Ses descendants furent d’abord généraux des MaSaousa et prêtres d’Arsaphès dans Héracléopolis-la-Grande. Scheschanq, le quatrième d’entre eux, épousa une femme de sang royal, Mehetnouskhit. Son petit Fig. 360. — Portrait de Sésae.

D’après Lepsius, Denkmàler, Alth.IIJ, pi. 300, n. 76.

fils, s’appelant aussi Scheschanq, effaça tous ses prédécesseurs. Il fut le premier roi de la dynastie bubas tite. C’est notre ( TiTiT TiTiT I, ëaSanq, Scheschanq

ou Scheschonq I er, le EecrâYX’; de Manéthon, le ëisaq de l’hébreu par assimilation de Vn, le Sésac de la Vulgate, le fondateur de la XXII » dynastie (fig. 360). C’est en vain que Birch d’abord, Observations on two egyptian cartouches found at Kimroud, dans Transactions of the Society of littérature, IIe série, t. iii, 1850, p. 165, puis Brugsch, Geschichte Aegyptens, 1877, p. 644, 651-659, et quelques autres, rapprochant les noms d’Osorkon, Takelot et Nimerat, de Sargon, Tiglat etNimrod, ont voulu donner à cette dynastie une origine babylonienne. Pétrie, À History ofEgypt, 1. 111, 1905, p.232, forçant encore ces rapprochements, demeure partisan de cette origine envers et contre tous. Il suffira de rappeler qu’à l’avèDement de la XXII dynastie, l’Assyrie sortait à peine d’une crise d’impuissance et qu’elle n’avait aucun moyen de s’imposer à l’Egypte. Cf. Goodspeed, A History of Babylonians and Assyrians, l’édit., 1906, p. 185-187. D’ailleurs entre les deux pays, s’interdosait le royaume prospère de David et de Salomon.

A peine monté sur le trône, Sésac se hâta de légitimer sa succession en faisant épouser à son fils Osorkon Kamara, la.fille du dernier roi tanite de la XXIe dynastie, Pasebkhanou ou Psousennés II. Cf. G. Legrain, Le dossier de la famille Nibnoutirou, dans Recueil des travaux relatifs à laphilologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, t. xxx, 1908, p. 160 et tableau. De ce fait, il devenait le suzerain incontestable du Delta, et, comme il possédait déjà le fief d’Héracléopolis, comprenant la Moyenne Egypte, de Memphis jusque vers Siout, il ne restait plus en dehors de son influence que le domaine ou la portion d’Amon, c’està-dire Thèbes et la Haute Egypte. Pas plus tard que l’an V, cette principauté lui échut en partage, et il établit Aoupout, son second fils, grand-prêtre d’Amon, Cf. Maspero, Momies royales de Deir el-Bahari, dans Mémoires de la mission française au Caire, t. i, 1884, p. 573.

II. Campagne en Palestine. — Le fait saillant du règne est l’invasion du royaume de Juda. Par malheur la date nous en est inconnue. W. M. Mûller, Eine neue lnschrift zu den asiatischen Zûgen des Pharao Schischaq, dans Orientalische Litteratur-Zeitung, . iv, 1901, p. 280-282, et art. Shishak, dans Cheyne-Black, Encyclopedia biblica, t. iv, col. 4485-4487, pense qu’il est plus naturel de supposer que Scheschanq entreprit son expédition peu après son intronisation, suivant l’usage de plusieurs pharaons. Maspero, Histoire ancienne, t. ir, p. 773, note 1, la place vers l’an XVIII, et Breasted, Ancient Records of Egypl, t, iv, 1906, p. 348, vers 926, dans la dernière moitié du règne. D’après Breasted, À History of Egypt, 1905, p. 529, Sésac aurait été le beau-père de Salomon, tandis que d’après d’autres, c'était Psousennés II. Voir Jéroboam I er, t. iii, col. 1301. C’est aussi prés de Sésac que se réfugia Jéroboam. III Reg., xi, 40. De son invasion en Palestine la Bible nous donne la raison supérieure : l’abandon du Seigneur par fioboam. III Reg., xiv, 24-25 ; II Par., xii, 1-2, 5. Les querelles intestines de Juda et d’Israël étaient d’ailleurs pour Sésac une occasion propice de consolider son trône en jouant aux grands pharaons de naguère et en affirmant à nouveau les prétentions de l’Egypte sur la Palestine. Donc, « la cinquième année du règne de Roboam, Sésac, roi d’Egypte, monta à Jérusalem, » IIIReg., xiv, 25, « avec douze cents chars de guerre et soixante mille cavaliers, et la multitude qui était venue d’Egypte avec lui ne pouvait se compter ; c'étaient des Libyens, des Suhkim (Vulgate, Troglodytes) et des Éthiopiens. Et il prit les places fortes de Juda et s’avança jusqu'à Jérusalem. » II Par., xii, 3, 4. « Et il enleva les trésors de la maison.du Seigneur, et les trésors du roi, et pilla tout. Il prit aussi les boucliers d’or que Salomon avait faits. » III Reg., xiv, 26 ; cf. II Par., xii, 9. Pour les troupes auxiliaires du pharaon, voir Ethiopie, t. ii, col. 2007-2013 ; Libye, t. iv, col. 238241 ; Troglodytes. Sur le fait qu'à rencontre des livres de Moïse le roi d’Egypte est désigné ici par son nom, voir Pharaon, col. 192.

III. Ses constructions. — Ses coffres remplis par le pillage, Sésac pouvait reprendre les grandes constructions interrompues au grand temple de Karnak depuis deux siècles. En l’an XXI, son fils Aoupout, le grand-prêtre d’Amon, dépêcha des ouvriers pour ouvrir une nouvelle carrière à Silsiléh. Le plan royal était de contribuer à l’embellissement de Karnak par l'érection d' « un très grand pylône » dont « les doubles portes monteraient à des myriades de coudées. » Derrière le pylône et * pour la demeure de son père Amon-râ, le roi des dieux, » s'étendrait « une cour entourée d’une colonnade et destinée à la célébration des fêtes jubilaires. » Stèle de Silsiléh, dans Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, 'Bl. 254 c, lig. 1-11. La cour existe encore en

avant de la grande salle hypostyle et du second pylône actuel. Elle a cent trois mètres de largeur sur quatrevingt-quatre de profondeur. À l’ouest, la colonnade a été remplacée par le premier pylône dû aux Ptolémées. Mais elle subsiste aux côtés nord et sud. De ce dernier côté elle franchit le temple de Ramsès III. Entre ce temple et le second pylône, à l’angle sud-est de la cour, s’ouvre la porte de Scheschanq I er, plus connue sous le nom de « Portique des Bubastites » et où les rois et les grands-prêtres delà XXIIe dynastie ont gravé leurs annales. À l’extérieur et à droite du portique, sur la face sud du second pylône, dans le voisinage des exploits syriens de Ramsès II, Sésac consigna (fig. 361) le souvenir de sa campagne en Palestine, donnant ainsi au récit biblique une confirmation éclatante. VoirNo-AMON, t. iv, col. 1645-1646, le plan de Karnak. À droite de la scène, Sésac saisit par les cheveux un groupe de Sémites aux mains levées en signe de merci, et brandit sa massue au-dessus de leurs têtes. À gauche arrive Amon présentant de la main droite la harpe au pharaon et, de la gauche, tenant en laisse cinq rangées de soixante-cinq captifs. Au-dessous, la déesse protectrice de Thèbes en autant de rangées amène quatre-vingt-onze autres prisonniers. L’on a donc cent cinquante-six captifs. Chacun d’eux symbolise une ville fortifiée de la Palestine dont le nom est enclos dans un ovale crénelé. Du captif on ne voit, au-dessus de l’ovale, que les épaules et le profil hardiment sémite. Les deux bras liés pendent en arrière. Malheureusement beaucoup de noms ont disparu sous l’action du temps et des vandales. Il n’en reste que soixante-quinze environ. Faute de ressources ou de temps, les autres constructions de Sésac ne furent pas considérables. C’est à peine si elles se révèlent par de rares fragments à Memphis, à Bubaste, à Phithom, et à Tanis. Près d’El-Hibbéh, dans la Moyenne Egypte, il éleva cependant un temple aujourd’hui à peu près disparu où se voyait une deuxième édition de son triomphe. Annales du service des antiquités, t. ii, 1901, p. 84, 154.

IV. LA liste des villes. — La Bible nous dit seulement que le pharaon « prit les places fortes de Juda et s’avança jusqu'à Jérusalem. » II Par., xii, 4. Mais les villes de Juda ne sont pas les seules dans la liste. Celles d’Israël en occupent la première partie surtout. En parcourant cette liste mutilée et en nous en tenant aux noms géographiquement déterminables, on reconnaît, en effet, Rabbolh, Thanach, iSuneni, Rohob, Hapharaïm, Mahanaïm, Béthoron, Mageddo, toutes villes du royaume d’Israël et qui, dans Lepsius, Denkmâler, 252, 255a, figurent respectivement sous les n. 13-18, 22, 24 et 27. Il faut y ajouter le n. 32, Arouna, qui nous est connue par les Annales de Thotmès III, Lepsius, loc. cit., 31 b, lig. 57, 69, 70, et qui se trouvait sur la pente méridionale du Carmel ; et le n. 56, Adima, qui pourrait bien être l'Édema de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 36. Au royaume de Juda reviennent les n. 19, 23, 26, 38, Aduram, Gabaon, Aïalon et Socho. Gabaon appartenait à la tribu de Benjamin, les trois autres sont de celles que Roboam avait fortifiées. II Par., XI, 7-10. Mais il y avait deux Socho, l’une dans la Séphélah, vers les monts de Juda, l’autre au sud-ouest d’Hébron, sans parler d’une troisième située près de Ramatha, la patrie de Samuel. Cf. W. M. Mûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmâlern, 1893, p. 161. Il y avait également une seconde Aïalon, dans la tribu de Dan. Le n. 59, Yrouzaa, n’est autre que la Yeraza des Annales de Thothmès III, lig. 12, à chercher dans le nord-ouest de la Judée. La liste nous fournit ensuite un certain nombre de noms composés divisés en deux cartouches, une fois même en trois (n. 107, 108, 109), dont le plus intéressant est, s’il était certain, n. 71-72, Pa-houkrouaabaram, « le champ d’Abraham », Breasted, The American Journal of semitic Languages and Littératures, [Image à insérer]

oct. 1904, p. 22-36 ; Ed.Meyer, Die Isræliten und ihre Nachbarstâmme, 1907, p. 266 ; cf. Revue biblique, 1908, p. 457, tous noms d’obscures bourgades de Juda destinés, semble-t-il, à allonger la liste et qu’on ne peut identifier. Il demeure à glaner le n. 100, Adraa, sans doute Adar ou Addar en Juda ; les n. 108 et 110, deux Aarouda, dont l’une doit être VArad du désert méridional de Juda ; le n. 124, la Beth-Analh de Nephtali, Jos., xix, 33, ou mieux la Beth-Anoth de Juda, Jos., xv, 59 ; et le n. 125, la S’aro/iendeJuda, mais appartenant à la tribu de Siméon, Jos., xix ; 6, la Saruhen égyptienne de 17nscriplion d’El-Kab, lig. 15, dans Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, t. i, p. 656, et des Annales de Thothmès III, lig. 12. Récemment deux nouveaux registres ont été mis au jour et on y a lu les noms du Jourdain ; de Raphia ; de Leban, la Lebna (aussi Lobna et Labana), une des stations de l’Exode, Num., xxxiii, 20-21, ou plutôt une place de la Séphclah, Jos., xv, 42, de Ram ou Yehem, Annales de Thothmès III, lig. 12, entre Gaza et Arouna, car il ne peutguère être question de la Ham transjordanienne, Gen. (texte hébreu), xiv, 5. Jérusalem devait se trouver dans l’un des cartouches mutilés ou disparus, peut-être le n. 133.

Reste le n. 29 que nous avons réservé à cause des discussions dont il a été l’objet : You-d-h-melek. Voir Roboam, fig. 237, col. 1103. Par une erreur bien explicable à son époque, Champollion, Lettres écrites d’Egypte, 2e édit., 1833, p. 99-100, le traduisit par « royaume de Juda ». Il fut suivi par Rosellini, Monumenli storici, t. ii, p. 79-80 ; t. iv, p. 158-159, qui lut « roi de Juda », et par E. de Rougé, Mémoire sur l’origine égyptienne de l’alphabet phénicien, datant de 1859, mais publié seulement en 1874, p. 53, et l’on voulut voir dans la tête qui surmontait l’ovale le portrait de Roboam. Cependant, depuis Rrugsch, Geographische. Inschriften, t. ii, 1858, p. 62-63, les égyptologues sont unanimes à ne reconnaître là qu’un nom de ville, tout comme dans les noms qui précèdent et dans ceux qui suivent, portant comme eux le déterminatif d’une contrée, non d’une personne, dans l’ovale crénelé qui caractérise les places fortifiées. « Les deux interprétations — roi ou royaume de Juda — sont impossibles, dit Sayce, The Egypl of the Hebrews, 3e édit., 1902, p. 109. Mélék, il est vrai, signifie « roi » en hébreu, mais pour « roi de Juda » nou3 devrions avoir mélék-Yehoudah, et pour « royaume de Juda », malkout-Yehouda, dans les langues sémitiques le génitif suivant nécessairement le nom qui le gouverne. » Où il y a divergence entre les égyptologues, c’est dans la manière d’expliquer ce nom. Brugsch, loc. cit., avait déjà cru trouver dans le |~l], h égyptien, la transcription de l’article hébreu. W. M. Mûller, The supposed name of Judah in the list of Sheshonq, dans Proceedings of the Society of Biblical Archxology, t. x, 1887-1888, p. 81, et Asien und Europa, p. 163, admet aussi que [l] est l’article hébreu, et, de plus, il lit la première partie du’nom v, yad, ce qui donnerait l ; bErn>, yad-ham-mélék, « la main ou le fort du roi ». Mais une pareille lecture pour la première partie ne répond

pas à l’égyptien 1 1 _ »., youd, et, de plus, comme

chez Brugsch, elle implique la transcription de l’article sémitique par le scribe égyptien, tandis que dans les listes de ce genre, et dans celle de Sésac en particulier, il y a toujours traduction de l’article : ii, ha,

devient "V[, pa. Cf. n. 71, 77, 87, 90, 92, 94, etc.

Breasted, Ancient Records of Egypt, t. IV, p. 351, note d. Il est donc préférable, et le nom égyptien nous y invite, de rattacher |"[] au premier composant et de lire in>, yehoud {-mélék), que, après Blau, Brugsch,

loc. cit., et Maspero, Histoire ancienne, loc. cit., p. 773, note 3, rapprochent de la Yehoud, Jud de la tribu de Dan, Jos., xix, 45, aujourd’hui el-Yehoudîeh au sud-est de Jaffa. Le titre qui lui est adjoint, Yehoud du roi, la désignerait comme étant un apanage de la couronne. Sayce, loc. cit. On pourrait encore songer à la ville de Jota, Yuttâh, Jos., xv, 55, de la tribu de Juda, à dix kilomètres au sud d’Hébron. Mais l’on ne voit pas très bien d’après quel principe philologique le scribe égyptien de Yuttâh aurait fait Yud-h, à moins qu’on admette que le td, t, =-tm..

Au sujet des villes d’Israël mêlées à celles de Juda dans la liste de Sésac, un point d’histoire a été soulevé : Quelle fut la part de Jéroboam dans l’invasion ? Ou il ne lit aucun appel au pharaon, Stade, Geschichte des Volkes Israël, t. i, 1881, p. 354 ; ou, s’il fit appel, le pharaon conquit les villes d’Israël pour son allié. C. Niebuhr, Chronologie der Geschichte Isræls 1896, p. vinIX ; Winckler, Geschichte Tsræls, t. i, 1895, p. 160. On ne peut guère douter que Jéroboam ne fût l’allié de Sésac qui avait reçu le fugitif à sa cour, III Reg., xi, 40, et dont il était même le beau-père, s’il faut en croire les Septante. III Reg., xii, 24. Au milieu des embarras que lui suscitait son rival, Jéroboam implora tout naturellement le secours de l’Egypte. La présence des villes d’Israël dans la liste ne nous oblige nullement à supposer que ces villes aient été attaquées ou prises par Sésac, même pour le compte de son allié, ni que la campagne ait dépassé les limites indiquées par le récit biblique. « En fait, dit Maspero, loc. cit., Sheshonq se borne à suivre l’usage égyptien, d’après lequel toutes les contrées et toutes les villes qui paient le tribut à un pharaon, ou qui reconnaissent sa suzeraineté, figurent ou peuvent figurer sur les listes triomphales, qu’elles aient été prises ou non : la présence de Mageddo, deMakhanaim et des autres prouve, non pas qu’elles aient été conquises par Sheshonq, mais que le prince auquel elles appartenaient était l’allié ou le tributaire du roi d’Egypte. » Cf. W*. M. Millier, Asien und Europa, p. 166, et art. Shishak, loc. cit., §2.

Voir, pour le texte de la liste de Scheschanq, outre Lepsius déjà cité, Champollion, Monuments, pi. ccxxxivcclxxxv ; Rosellini, Monumenli storici, pi. cxlviii ; Mariette, Voyage dans la Haute Egypte, t. ii, pi. 42, Pour l’étude du texte, Blau, Sisaq’s Zug gegenJudaaus den Denkmâler, dans Zeitschrift der deutschen morgenlàndischen Gesellschaft, t. xv, 1875, p. 233-250 ; Brugsch, Geographische lnschriften, t. ii, p. 56-57, et Geschichte Aegyptens, p. 661-663 ; Maspero, Notes sur différents points de grammaire et d’histoire, dans Zeitschrift fur âgyptische Sprache, t. xviii, 1880, p. 44-49 ; Id., Etude sur la liste de Sheshonq à Karnak, dans Transactions of Victoria lnstitute, t. xxvii, 1893-1894, p. 63-122 ; W. M. Miiller, Asien und Europa, p. 166172 ; Breasted, Ancient Records of Egypt, t. iv, p. 348-354. C. Lagier.

2. SÉSAC (hébreu : Sâsdq ; Septante : 2W » ; x), un des fils de Baria, de la tribu de Benjamin. Ses descendants habitèrent Jérusalem. I Par., viii, 14, 25.

    1. SÉSACH##

SÉSACH (hébreu : SéSak ; omis dans Vaticanus ; Alexandrinus : Unaây), désignation cryptographiquede Babylone, selon l’explication la plus commune. D’après le procédé désigné sous le nom d’athbasch, consistant à mettre la dernière lettre de l’alphabet à la place de la première, et ainsi de suite, le if = b et le c = 1, c’est-à-dire Babel. Jer., xxv, 26 ; li, 41. Dans ce dernier passage, Sésach est mis, en effet, en parallélisme avec Babylone. Saint Jérôme, In Jer., xxv, 26, expliqueen détail comment Sésach = Babel, Babylone, t. xxiv, col. 838-839. Cf. A. Berliner, Beitrâge zur hebrâischen

Grammatik im Talmud, in-8°, Berlin, 1879, p. 42-14. "Voir Athbasch, t. i, col. 1210.

    1. SÉSAI##

SÉSAI (hébreu : SêSai ; Septante : ’Zzaae.i, So-jaæi’, Eecræi), un des Énacites qui habitaient à Hébron à l’époque de la conquête de la Palestine et qui en fut chassé par Caleb. Num., xiii, 23 (Vulgate : Sisai) ; Jos., xv, 14 ; Jud., i, 10. Quelques commentateurs croient que le nom de Sésaï, comme celui des autres fils d’Énac qui lui sont associes, Ahiman et Tholmaï, désigne une tribu ou un clan. Voir Ahiman 1, t. i, col. 293 ; Énacites, t. ii, col. 1766.

    1. SÉSAN##

SÉSAN (hébreu : Sêëdn ; Septante : Edxrâv), descendant de Jéraméel, le fils d’Hesron, de la tribu de Juda. Sésan était fils de Jési. Il eut une fille appelée Oholaï, qu’il maria à un de ses esclaves d’origine égyptienne, Jéraa. I Par., ii, 31, 34. Voir Oholaï, t. iii, col. 1760 ; Jéraa, t. iii, col. 1256.

SETH (hébreu : Sêt ; Septanle : S^8), troisième fils d’Adam, Eve l’appela de ce nom disant : « Dieu m"a donné, êât, un autre fils à la place d’Abel que Caïn a tué. » Gen., iv, 25. Il fut le père d’Énos, jt. 26 (voir Énos, t. ii, col. 1812) qu’il engendra à l’âge de 105 ans. Il mourut à l’âge de neuf cent douze ans. Gen., v, 38 ; I Par., i, 1 ; Luc, iii, 38. L’Ecclésiastique, xlix, 16, rappelle comme glorieux son nom avec celui de Sem (le texte hébreu a de plus le nom d’Énos). — Dans les Nombres, xxiv, 17, la Vulgate traduit un vers de la prophétie de Balaam de la manière suivante : « (Une verge d’Israël) ruinera tous les enfants de Seth. » Beaucoup de commentateurs modernes entendent par benê-Sêf, « les enfants de tumulte », c’est-à-dire les belliqueux enfants de Moab, nommés expressément dans le membre parallélique du verset. Jérémie, xlviii, 45, appelle d’une façon analogue les Moabites benê Sâ’ôn, Vulgate : filii tumullus.

    1. SÉTHAR##

SÉTHAR (Sèfâr ; grec Hapaæaîoç), un des sept grands de Perse qui avaient

le privilège d’approcher de

la personne du roi (fig.

362). Esth., i, 14. Le roi As suérus les consulta pour

avoir leur avis sur le traite ment qu’il devait infliger à

la reine Vasthi, rebelle à ses

ordres. Cꝟ. 1 Esd., vii, 14 ;

Ctésias, Persica, 14, édit.

Didot, p. 48-49 ; Hérodote,

ni, 84, édit. Didot, p. 165.

D’après J. Oppert, Conim.

du livre d’Eslher, dans les

Annales de philosophie chré tienne, janvier 1864, 1. lxviii, p. 25, Séthar serait le perse

Saïlar, « dominateur ».

362. — Un grand de Perse.

D’après une pierre pré cieuse. G. Kossowiez,

Inscriptiones palaso persiese, in-8°, Saint Pétersbourg, 1872, In scriptionum transcri ptio, p. 39.

    1. SÉTHRI##

SÉTHRI (hébreu : Sitri ;

Septante : Seypei), lévite,

troisième fils d’Oziel, de la descendance de Caath. Exod., vi, 22. Voir Oziel 1, t. iv, col. 1947.

1. SÉTIM, SETTIM, localité dont le nom complet est Abelsatim. La Vulgate écrit Settim, Num., xxv, 1, et Sétim, Jos., ii, 1 ; iii, 1 ; Mich., vi, 5. Voir Abelsatim, t. i, col. 33.

2. SÉTIM (BOIS DE), Exod., xxv, 5, etc. Voir Acacia, t. i, col. 101.

    1. SÉTRAI##

SÉTRAI (hébreu : Sitraï (chetib), Sirtaï (qeri) ; Septante : Sarpai), Saronite, chargé de faire paître les troupeaux du roi David dans la plaine de Saron. I Par., xxvii, 29.

    1. SEUIL##

SEUIL (hébreu : saf, miftân ; Septante : çXii, upô9upûv, Ttp^nuXov ; Vulgate : limen), pièce de bois ou de pierre placée sur le sol, en travers de l’ouverture d’une porte (fig. 363). — Le lévite d’Éphraïm trouva sa femme morte, étendue à l’entrée de la maison, les mains sur le seuil. Jud., xix, 27. Après l’introduction de l’Arche dans le temple de Dagon, la tête et les mains de l’idole furent trouvées sur le seuil. I Reg., v, 4. Le seuil était considéré comme l’habitation des esprits. Dans le poème de la Descente d’Istar aux enfers, XIV, verso, 26, la déesse infernale prononce cette malédiction : « Les seuils des portes, qu’ils soient ton habitation ! » Cf. Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p.56. La femmede Jéroboam franchissait le seuil de sa maison, à Thersa, quand son enfant mourut. III Reg., xiv, 17. — Dans une vision, Isaïe, vi, 4, constate que, dans la demeure de Dieu, la voix des séraphins ébranle « les fondements des seuils », ’ammô( has-siffîm, xh OitépSypov, « le linteau », superlirninaria cardinum, « les linteaux des gonds ». Amos, ix, 1, entend le Seigneur ordonner que les seuils d’un temple soient ébranlés. Mais comme ils doivent tomber sur la tête des impies, il est possible qu’au lieu de siffîm, « seuils », il y ait à lire siffûn, « plafonds ». Cf. V. Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 278. Dans Zacharie, xii, 2, les versions traduisent : « Je ferai de Jérusalem un seuil d’ébranlement. » Mais saf veut dire à la fois « seuil » et « coupe », et le second sens convient ici, saf-ra’al, « coupe de vertige. » Sophonie, I, 9, annonce le châtiment de ceux qui « sautent par-dessus le seuil » de la maison de leurs maîtres. Plusieurs pensent qu’il s’agit là d’une superstition empruntée aux Philistins : après la mésaventure arrivée à leur idole, ceux-ci évitaient de poser le pied sur le seuil de son temple. I Reg., v, 5. Saint Jérôme, In Soph., t. xxv, col. 1346, mentionne cette interprétation, et le Targum parle ici de « ceux qui vivent d’après les institutions des Philistins. » Mais la persistance d’un pareil usage parmi les Israélites au temps de Josias est fort problématique. Comme le verbe dâlag signifie non pas « sauter par-dessus », mais simplement a sauter », le prophète a vraisemblablement en vue ceux qui sautent sur le seuil des princes, c’est-à-dire les serviteurs qui se montrent empressés et joyeux pour satisfaire leurs caprices impies. Cf. V. Hoonacker, lbid., p. 512, 513. Sophonie, ii, 14, dit encore que la dévastation, horéb, sera sur le seuil du palais d’Assur. Les versions ont lu’orêb, xôpaxeç, corvus, le « corbeau ».

— Ezéchiel parle plusieurs fois de seuils dans ses visions et sa description du Temple. Il voit la gloire de Dieu venir sur le seuil du Temple et s’en retirer. Ezech., ix, 3 ; x, 4, 18. Les Septante traduisent ici, comme plus loin, xlvii, 1, par aî’Opiov, qui est une appropriation grecque du latin atrium, Le seuil du portique du Temple a une canne (3™217) de largeur. Ezech., xl, 6, 7. Les Septante emploient ici et xlvi, 2, le mot atXau, transcription de l’hébreu’êldm, terme d’architecture qui revient plusieurs fois dans ce chapitre XL, mais dont le sens précis n’est pas connu. Les seuils du Temple sont recouverts de bois. Ezech., xli, 16. Le jour du sabbat et de la néoménie, le prince se prosternera sur le seuil du portique. Ezech., xlvi, 2. Le prophète voit des eaux jaillir de dessous le seuil du Temple. Ezech., xlvii, 1. Le Seigneur se plaint de ce que, du temps du premier Temple, les rois avaient mis leur seuil auprès de son seuil, leurs poteaux auprès de ses poteaux, souillant ainsi sa demeure sainte par leurs prostitutions, leurs cadavres et leurs hauts lieux. Ezech., xliii, 7, 8. Le palais royal était en eiïet contigu à l’enceinte du Temple. Voir le plan, t. iii,

col. 1356. — Au miffân, seuil inférieur, correspond le masqôf, seuil supérieur ou linteau. La Vulgate l’appelle superliminare, mais emploie aussi ce mot pour désigner le seuil proprement dit. Is., vi, 4 ; Am., rx, 1 ; Zach., xii, 2. Les Septante devraient le nommer -JTrép-Oupov, mais ils ne se servent de ce mot que dans Isaïe, vi, 4. Il est question du linteau au moment de la première Pàque : les Hébreux doivent le marquer avec le sang de l’agneau pascal. Exod., xii, 7, 22, 23. VoirLus-TRATiON, t. iv, col.425. — Au substantif saf se rattache le verbe sdfaf, se se tenir sur le seuil ». Le Psalmiste préfère se tenir sur le seuil de la maison de Jéhovah plutôt que d’habiter sous les tentes des pécheurs. Ps. lxxxiv (lxxxiii 11. Les versions ont traduit par itapapiTtTSÏffUa’., abjectus esse, n être méprisé », en prenant le verbe hébreu dans un sens moral. — Le nom

l’exercice de la sévérité dans les exhortations et les reproches, mais avec patience et de manière à instruire. II Tim., iv, 2. Cette sévérité sera rigoureuse à l’égard des Cretois, Tit., i, 13, mais elle doit être absente des avertissements donnés aux vieillards. I Tim.,

v, 1.
H. Lesêtre.
    1. SEVRAGE##

SEVRAGE, suppression du lait maternel à un enfant. Cette suppression est indiquée par le verbe gdmal, âitoyaiaxTfïsiv, ablactare, « sevrer ». — Le sevrage des enfants est assez tardif en Orient. « II n’est pas rare en Palestine et en Syrie de voir des enfants jouer en mangeant une galette de pain, et quitter leur jeu pour aller boire au sein de leur mère. Les femmes bédouines donnent le sein à leurs enfants jusqu’à l’âge de cinq et même de sept ans. Cet allaitement mixte

Seuil assyrien. Musée du Louvre.

de Somê has-saf, « gardiens du seuil », o ! cpùâ<j<iovTsç xbv 5ta6 ii, <jv, gui cuslodiunt oslia, est donné aux portiers du Temple, IV Reg., xii, 9 ; xxii, 4 ; xxiii, 4 ; xxv, 18 ;

I Par., ix, 19 ; II Par., xxxiv, 9 ; , 1er., xxxv, 4 ; lii, 24, et à ceux du palais de Suse. Esth., ii, 21 ; vi, 2.

H. Lesêtre.
    1. SÉVÉRITÉ##

SÉVÉRITÉ (grec : à7roro|iîa ; Vulgate : severitas), rigueur dans les procédés dont on use envers quelqu’un.

— Ézéchiel, xxxiv, 2-4, reproche aux pasteurs d’Israël la sévérité égoïste qu’ils ont exercée à l’égard de leur peuple. Daniel, ii, 15, trouve sévère, niehafæfdh, àva161T|Ç, crudelis, la sentence royale qui condamne à mort tous les sages de Babylone. Une sentence semblable envoya à la fournaise les trois jeunes hommes. Dan., iii, 22. Dieu a châtié les Égyptiens en roi sévère, Sap., XI, 11, et il réserve aux puissants un jugement sévère. Sap., VI, 6. Les pharisiens étaient sévères pour les autres, mais indulgents pour eux-mêmes. Malth., xxm, 3, 4. Dieu se présente comme un maître sévère, qui demande un compte rigoureux des biens qu’il a confiés à l’homme. Matth., xxv, 24 ; Luc, xix, 21, 22.

II est sévère contre ceux qui font le mal. Rom., xi, 22. Son jugement sera sans miséricorde pour ceux qui auront été sans miséricorde. Jacob., ii, 13. Voir Jugement de Dieu, t. iii, col. 1837. Saint Paul recommande

et prolongé a sa raison hygiénique dans un pays où les affections intestinales font périr un grand nombre d’enfants ; aucune nourriture sans doute n’est aussi salutaire que le lait maternel. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 263. Voir Enfant, t. ii, col. 1787. — Quand Isaac eut grandi, on le sevra et, à cette occasion, Abraham fit un grand festin. Gen., xxi, 8, 9. Quand Moïse eut été sevré par sa mère, on le conduisit à la fille du pharaon qui l’adopta et le fit élever. Exod., n, 9. Anne sevra son fils Samuel et ensuite le mena dans la maison du Seigneur, à Silo, pour l’y consacrer. I Reg., i, 22-24. Adad, de la race royale d’Édom, reçut pour épouse en Egypte Taphnès, belle-sœur du pharaon. Le fils qu’il en eut, Génubath, une fois sevré, fut élevé à la cour égyptienne. III Reg., XI, 19, 20. Cf. Ose., I, 8. Moïse, Samuel et Génubath furent nécessairement sevrés à un âge assez tardif, alors qu’ils pouvaient se passer des soins immédiats de leur mère. Sous Ézéchias, on exemptait des distributions lévitiques ceux qui servaient dans le Temple et y recevaient le nécessaire pour eux et leurs enfants de trois ans et au-dessus. II Par., xxxi, 16. Les enfants au-dessous de trois ans n’avaient rien à recevoir, parce qu’ils n’étaient pas encore sevrés. La mère des sept frères martyrisés par Antiochus Épiphane rappelle à son plus jeune fils

qu’elle l’a allaité durant trois ans. II Mach., vii, 27. Les Hébreux ne sevraient donc leurs enfants que vers l'âge de trois ans. Les Égyptiens faisaient de même. Voir t. ii, col. 1787. Mahomet, Koran, ii, 233, veut que les mères allaitent leurs enfants deux ans complets, si le père veut que le temps soit complet. — Dans sa description de l'âge messianique, Isaïe, xi, 8, dit que l’enfant à peine sevré mettra sa main, sans dommage, sur la prunelle du basilic. Les Israélites de son temps accusent le prophète de répéter toujours les mêmes choses, comme s’il voulait enseigner la sagesse à des enfants à peine sevrés et détachés de la mamelle. Is., xxxviii, 9. Pour exprimer son humilité et sa confiance en Dieu, l’auteur du Psaume cxxxi (cxxx), 2, s’exprime, ainsi :

l Je tiens mon âme dans le calme et le silence, Comme un enfant sevré sur le sein de sa mère, ,

Comme l’enfant sevré, mon âme est en moi.

Le petit enfant qui vient d'être sevré se tient tout humi ble sur le sein de sa mère ; il attend avec confiance qu’elle remplace par une autre nourriture celle dont

elle vient de le priver.
H. Lesêtre.

SIAA (hébreu : Sï'âhâ ; Septante : Siaà), chef d’une famille de Nathinéens revenue de la captivité avec Zorobabel en Palestine. I Esd., ii, 44 ; II Esd., vii, 48 (hébreu : Si'à", II Esd., vii, 47). Voir Siaha.

    1. SIAHA##

SIAHA (hébreu : $îha ; manque dans les Septante), chef ou ancêtre éponyme d’une famille de Nathinéens qui habitèrent à Ophel au retour de la captivité de Babylone. II Esd., xi, 21. Ce nom peut être identique à Siaa.

SIBA (hébreu : $ibâ', Septante : 2161 SigSâ), serviteur de la maison de Saùl. Il avait lui-même quinze fils et vingt serviteurs ou esclaves. David, à cause des promesses qu’il avait faites à son ami Jonathas, fils aîné de Saùl, s’informa auprès de lui du sort des enfants de Jonathas et il apprit qu’un de ses fils, infirme et boiteux, nommé Miphiboseth, vivait à l’est du Jourdain dans le pays de Galaad. Le roi fit venir ce dernier à Jérusalem, lui rendit les biens de Saûl, lui fit partager sa table etchargea Siba d’administrer ses biens. 1, 1 Sam. (Reg., ix). Siba fut infidèle à son maître au moment de la révolte d’Absalom. Il amena au roi fugitif les ânes et les provisions de Miphiboseth et lui dit que le petit-fils de Saül était resté à J érusalem pour remonter sur le trône de son grand-père. David le crut et donna à Siba tous les biens du malheureux fils de Jonathas. Il Sam., xvl, 1-4. Celui-ci n’eut pas de peine à se justifier au retour de David à Jérusalem, mais le roi ne lui rendit cependant que la moitié de ses biens et laissa l’autre à l’intendant infidèle, II Sam., xix, 24-30, voulant sans doute réparer l’injustice qu’il avait commise envers lui, mais récompenser aussi en même temps le service que lui avait rendu Siba en l’approvisionnant dans sa détresse.

    1. SIBAN##

SIBAN, orthographe dans la Vulgate, Es th., viii, 9, du nom du troisième mois hébreu appelé Sivan. Voir Sivan.

    1. SIBBOLETH##

SIBBOLETH (hébreu : Sibbôlél), prononciation défectueuse du mot Sibbôlêt, « épi », qui fit reconnaître les Ephraïmites par les Galaadites au gué du Jourdain. Jud., xii, 6. Voir Jephté, t. iii, col. 1256.

    1. SIBYLLINS##

SIBYLLINS (ORACLES). Sous le titre de « Oracles des sibylles » (ot ÊiêuXXiaxoî xp » W>0> il exista un recueil de vers en quatorze livres, qui par ses morceaux les plus anciens appartient à la littéra ture hellénistique juive, et qui a été longtemps tenu pour un authentique recueil d’oracles des sibylles païennes. Michel-Ange a peint cinq de ces sibylles à côté de sept prophètes de l’Ancien Testament, à la voûte de la chapelle Sixtine.

On avait dès longtemps, en effet, cru à l’existence de. recueils d’oracles des sibylles. Varron, dans un passage de ses Libri divinarum rerum cité par Lactance, raconte que les livres sibyllins ne sont pas d’une seule sibylle, mais qu’on les appelle sibyllins parce que chez les anciens (les anciens de Varron) toutes les femmes qui vaticinaient portaient le nom de sibylles. Ce nom leur venait de la sibylle de Delphes, suppose Varron. Une étymologie est risquée par Varron : en dialecte éolien, dit-il, on disait oioit pour Œoùï et ëoOXXav pour ëo-jXriv : sibylle était donc synonyme de 8so30-jXyi, volonté ou décret des dieux. Celte étymologie est controuvée, mais on n’en a pas proposé de plus sortable depuis Varron, et le mot sibylle reste d’origine inconnue.

Varron énumère, dans.ce même passage cité par Lactance, les sibylles qu’il connaît, au nombre de dix : — la sibylle de Perse, la sibylle de Libye, la sibylle de Delphes, la sibylle Cimmérienne (en Italie), la sibylle d’Erythrée (en Ionie), la sibylle de Samos, la sibylle de Cumes, la sibylle d’Hellespont, la sibylle de Phrygie, enfin la sibylle de Tibur. Varron rapporte encore que la sibylle de Cumes vint trouver Tarquin l’Ancien et lui offrit neuf livres de prophéties pour trois cents pièces d’or. Le roi ayant refusé de les payer si cher et ayant traité la sibylle de folle, celle-ci jeta trois de ses livres au feu, et offrit les six restants au roi pour le même prix que d’abord. Le roi refusa déplus belle. La sibylle jeta trois autres livres au feu, et offrit les derniers restants toujours pour le même prix. Du coup, le roi se décida à les payer. Tel est le récit de Varron. Lactance, Divin. Institut., i, 6, édit. Brandt, t. i, p. 20-23.

Un auteur du temps d’Auguste, cité là même par Lactance, Fenestella, rapporte que le temple de Jupiter Capitolin, qui avait été incendié en 83 avant notre ère, ayant été relevé, le sénat fit quérir les vaticinia de la sibylle d’Erythrée et recueillit ainsi environ mille vers qui furent apportés à Rome. Lactance ajoute, et ce témoignage vaut pour son temps, c’est-à-dire le commencement du ive siècle : Harum omnium Sibyllarum carmina et feruntur et habentur, prssterquam Cymaise, cujus libri a Romanis occultantur, nec eos ab ullo nisi a quindecimviris inspici fas habent, et sunt singularum singuli libri. Lactance, ibidem. Quoi qu’il en soit des oracles de la sibylle de Cumes soi-disant réservés aux seuls Quindecim vin sacris faciundis, Lactance connaissait des carmina des sibylles qui étaient dans le domaine public. Il en cite de ceux que nous possédons.

Nos Oracula sibyllina ont été édités pour la première fois par Xystus Betulejus à Bâle en 1545 ; réédités en 1555, en 1599, en 1689 ; insérés par Gallandi au tome I er de sa Bibliotheca veterum Patrum, Venise, 1788. Remarquable édition par Alexandre, Oracula sibyllina, Paris, 1841-1856, et editio minor, 1869. Une édition critique récente a été donnée par J. Geffken, Die Oracula sibyllina, Leipzig, 1902, dans Die griechischen christlichen Schriftsteller de l’Académie de Berlin. On doit à M. Geffken un mémoire qui a pour titre Komposition und Entstehungszeit der Oracula sibyllina, Leipzig, 1902. Consulter aussi l’article de Bousset, Sibyllen und sibyllinische Bûcher, dans la Bealencyklopâdie de Hauck, t. xviii (1906) ; O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur, Fribourg, 1903, t. ii, p. 651-625 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkesim ZeitalterJesu, 3 c édit., Leipzig, 1898, t. iii, p. 421-450.

Les Oracula sibyllina nous sont parvenus dans un grand désordre et avec bien des lacunes. On n’a long

temps connu que les huit premiers livres. Le cardinal Mai a le premier publié les livres XI-XIV, les livres IX-X manquent. Les manuscrits qu’on possède des Oracula sibyllina se partagent en trois familles, dont les deux premières ne donnent que les livres I-VIII ; la troisième famille est celle qui a fourni à Mai les livres XI-XIV. Un livre XV est mentionné, dont on n’a rien. Voir F. Blass, dans Kautzsch, Die Apokryphen und Pseudepigraphen des Allen Testaments, Tubingue, 1900, t. ii, p. 181.

Le recueil des Oracula sybillina s’ouvre par un prologue en prose, introduction qui d’ailleurs n’est donnée que par une famille de manuscrits sur trois. L’auteur de cette introduction expose l’intérêt qu’ont pour un chrétien ces oracles païens où le Christ est annoncé. Il énumère dix sibylles, empruntant ses informations à Lactance, qu’il prend pour un philosophe païen, prêtre du Capitule. Ce prologue a dû être écrit après la fin du ve siècle, avant la fin du vie. L’auteur est sûrement un Byzantin, car il appelle Rome . P(i[iY] irpeog’jTspa, expression qui l’oppose à la nouvelle Rome, Conslantinople.

Les oracles eux-mêmes sont en vers hexamètres et écrits dans le dialecte qu’on est convenu d’appeler homérique, eu égard à ce que de vieilles sibylles païennes ne devaient pas s’exprimer autrement qu’Homère : nous avons affaire à un pastiche, qui n’est pas pourtant une œuvre sans beauté, car çà et là on y rencontre des développements animés d’un véritable souffle poétique. Si l’on veut comprendre l’origine première de ces faux oracles, il faut penser à ce qu’était le judaïsme alexandrin, à la prétention qu’il eut d’helléniser la religion juive, de lui donner une sorte de droit decité grecque, en propageant l’idée que les maîtres de la pensée grecque, Heraclite, Pythagore, Platon, et lesautres, n’étaient que des disciples de Moïse. Ce fut là, a pu dire M. Bousset, Die Religion des Tudentums imneutestamentlichenZeitalter, Berlin, 1903, p. 74, le dogme fondamental du judaïsme hellénisé. Pour le mieux établir, on attribua à Orphée, à Homère, à Hésiode, à Pindare, à Eschyle, à Sophocle, à Euripide, etc., des textes apocryphes ou frelatés qui les accordaient avec Moïse pour la plus grande gloire du judaïsme. Il y eut plus encore : à la littérature apocalyptique palestinienne dont le Livre d’Henoch est le spécimen le plus remarquable, littérature violemment nationaliste, s’oppose une littérature alexandrine, d’inspiration universaliste, elle aussi tournée vers l’avenir pour le prophétiser, et de cette littérature les Oracles sibyllins sont le monument. Renan a dit : « La forme de l’apocalypse alexandrine fut ainsi le sibyllisme. » Les Évangiles, p. 162. Et il ajoute : « Quand un juif ami du bien et du vrai, dans cette école tolérante et sympathique, voulait adresser aux païens des avertissements, des conseils, il faisait parler une des prophétesses du monde païen, pour donner à ses prédications une force qu’elles n’auraient pas eue sans cela… À côté de la fabrique juive de faux classiques, dont l’artifice consistait à mettre dans la bouche des philosophes et des moralistes grecs les maximes qu’on désirait inculquer, il s’était établi, dès le IIe siècle avant Jésus-Christ, un pseudo-sibyllisme dans l’intérêt des mêmes idées. » Cf. Schûrer, t. iii, p. 420. Ce sibyllisme juif n’eut que trop de succès, car il fut accepté sans défiance par des écrivains chrétiens, et il se trouva même parmi eux des lettrés assez entreprenants pour continuer le sibyllisme dans l’intérêt des idées chrétiennes. Ainsi se forma anonymement et collectivement cette collection de poèmes, qui, telle qu’elle est, a dit Schûrer, est un chaos désordonné que la critique la plus sagace n’arrivera jamais à passer au crible et à mettre en ordre. Il n’est même pas possible de séparer sûrement les éléments chrétiens des éléments purement juifs. Les plus

anciens morceaux sont en tout cas juifs, mais peut-être contiennent-ils quelques oracles préexistants d’origine païenne. Schûrer, p. 433.

o) On est d’accord pour considérer le livre III des Oracula sibyllina comme la portion la plus ancienne du recueil. Ce livre III n’est d’ailleurs qu’un reste ; en tête on lit-Êx toy SevTÉpou XfSyou et on y compte 829 vers, alors que la suscription de certains manuscrits en annonce 1034. Théophile d’Antioche [Ad Antolyc, ii, 36, t. vi, col. 1109) cite des vers de la sibylle (84 au total) sur la foi monothéiste, vers que l’on ne retrouve pas dans les manuscrits et que l’on pense avoir figurés primitivement en tête du poëme que constitue notre livre III. Par contre, ce livre III a aujourd’hui en têle des vers qui ne lui appartenaient primitivement pas : le morceau 63-96 est d’une main chrétienne ; le morceau 1-62 est à retrancher aussi du reste du livre. L’origine de ce morceau 1-62 semble juive : les vers4662 peuvent dater de l’an 70 de notre ère.

Mais le livre III (97-829), pour le reste, est juif et il constitue ce que Bousset appelle la plus ancienne, la plus importante et la plus riche des sibylles. Sous forme de prophétie de l’avenir, car la sibylle se donne elle-même pour la belle-fille de Noé (v. 827), toute l’histoire juive est décrite à grands traits, en commençant au récit de la tour de Babel et de la confusion des langues, et en menant de front l’histoire du peuple de Dieu et l’histoire de l’humanité telle que les Grecs la racontaient, le règne de Cronos, la révolte des Titans, puis les grands royaumes, Egypte, Perse, Médie, Ethiopie, Assyrie, Macédoine, Egypte à nouveau, Rome enfin. Il y a des redites et des retours, car l’unité de composition est ce qui manque le plus à ce poème : mais il y a insistance sur la gloire d’Israël, sur sa vocation providentielle qui est d’être la lumière des nations pour la connaissance du vrai Dieu. Les épreuves ne manqueront pas à Israël, mais un roi se lèvera un jour, envoyé de Dieu pour détruire les ennemis de son peuple, et la lin des choses viendra après sa victoire. Nous avons là les thèmes bien connus de l’apocalyptique juive. La venue du roi sauveur estannoncée comme devant se produire sous un roi grec d’Egypte, qui est le septième de sa race (v. 608-614), et que les critiques identifient avec Ptolémée VII Physcon (145-117 avant J.-C). On en conclut que le sibylliste du livre III a dû écrire son poème, vers 140, en Egypte.

Cette datation, qui est celle qu’adopte Schûrer, parait probable. Néanmoins, on a voulu reconnaître parmi les événements prédits parle sibylliste du livre III quelques événements plus récents que Ptolémée VII, et faire de l’auteur un contemporain des derniers temps des Machabées, eu égard notamment à ce qu’il viserait la guerre des Romains contre Mithridate, en 88. Schûrer, p. 434-439 ; P. Lagrange, Le messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 81-83 ; Geffken, Komposition, p. 88.

Dans le livre III, les vers 63-96 sont un morceau chrétien, décrivant, sous forme apocalyptique, la mission d’un faux Messie, Béliar, sorti de Samarie. Ce Béliar serait, pour M. Geffken, p. 15, Simon le magicien ; la date de cette petite apocalypse serait indéterminable.

6) Le livre IV (192 vers) est un poème court, mais complet. Il contient un éloge de la justice : Dieu vengera un jour les justes des persécutions qu’ils ont à supporter. Toutes les péripéties de l’histoire se déroulent avant ce jour de Dieu. Suit une description de la fin. Saint Justin (Apolog., xx, 1, t. vi, col. 357) fait allusion à cette description de la fin dumonde parlefeu. L’auteur de cette petite apocalypse, qui est sûrement un juif, connaît la légende de la survivance supposée de Néron, la ruine de Jérusalem par Titus, l’éruption du Vésuve en 79. On suppose qu’il a écrit en 80. Schûrer, p. 441-442 ; Lagrange, p. 64-65 ; Geffken, p. 20.

c) Le livre V (531 vers) est un conglomérat de divers

oracles ou fragments d’oracles, dans lequel on distingue cependant un auteur principal, qui est, semble* t-il, un juif d’Egypte : il parle de la ruine de Jérusalem en 70 comme d’un événement qui est arrivé sous ses yeux : il peut avoir écrit sous Domitien ou Nerva, dans les deux derniers decennia du premier siècle. D’autres morceaux sont plus récents : en tête (1-51) figure une revue des empereurs romains qui va jusqu’à Hadrien, l’auteur est un juif du temps de Marc Aurèle. En guise de conclusion (512-531), peut-être a-t-on affaire à un morceau d’une apocalypse gnostique. Ça et là, quelques interpolations chrétiennes. Schûrer. p. 442-443 ; Geffken, p. 22-29.

d) Le livre VII (162 vers) est une pièce très curieuse, chrétienne d’origine, pas catholique, venue probablement de quelque milieu judéo-chrétien, vers le milieu du second siècle, si nous en croyons M. Geffken, p. 33-37.

e) Le livre VI (28 vers) est une prophétie de la mission du Christ, de ses miracles, de sa mort sur la croix. M. Geffken l’appelle un hymne, l’attribue au second siècle, et y voit l’œuvre d’un hérétique, sans qu’il puisse déterminer à quelle hérésie il appartient. Geffken, p. 31-32. Ce morceau était célèbre : il a élé cité par Lactance, Divin. Institut., iv, 13, 21, édit. Brandt, p. 322.

f) Le livre VIII (500 vers) est, au jugement de Geffken, un vrai modèle du genre. L’auteur est un chrétien. Son poème a été connu par Lactance ; mieux encore, par Théophile d’Antioche, ce qui nous reporte à la fin du second siècle ; ce serait donc au plus tard peu avant 180 que le poème aurait été mis en circulation. Il est pour une part fait de pièces plus anciennes, que Geffken analyse comme suit : 1° une pièce païenne, fragmentaire (131-138, 151-159, 160-168) ; 2° une pièce chrétienne, moitié historique, moitié eschatologique (50-72, 139-150, 169-216, 337-358) ; 3° une pièce chrétienne violemment anti-romaine, en partie eschatologique (1-49, 73-130) ; 4° la fameuse pièce, eschatologique, formant acrostiche sur les mots : ’Iï]<70-j ; Xpetoroç ôeoîj utbç <tù)tï] ? (rraupot ; (217-250) ; 5° un long morceau résumant l’histoire évangélique (251-323), un autre moral (324-336, 480-500), un autre eschatologique (359-428), un autre sur l’incarnation du Verbe (429-479). Si cette répartition des sources du livre Vlllestacceptée. ce livre apparaît comme un agrégat de morceaux très divers et cependant bien fondus dans l’unité de style que lui a donnée le rédacteur final. Ce rédacteur semble devoir être cherché au second siècle, à l’époque des apologistes, vers 150-160 ; c’est un contemporain de saint Justin, au jugement de Geffken, p. 46. M. Bousset, cependant, croit que le compilateur du livre VIII est plus récent ; il le date du 111e siècle, et en fait un contemporain de la reine Zénobie, vers 270. Bousset, art. cit., p. 275.

La pièce acrostiche est peut-être le morceau le plus célèbredes Oracula sibyllina. Au dire de Cicéron les anciennes sibylles usaient d’acrostiches comme d’une forme ënigmalique à donner à leurs oracles [De divinalione, n, 54) : en conséquence, on voyait dans l’acrostiche sur le Sauveur un bon signe de l’authenticité de la prophétie attribuée à la sibylle Erythrée. Saint Augustin raconte, DeCiv. Dei, xviii, 23, t. xli, col. 579, que son ami Flaccianus, qui avait été proconsul et qui était un homme fort instruit, lui montra un jour un manuscrit grec qui se donnait pour des carmina Sibyllse Erythree.se, et où se lisait notre acrostiche. Augustin rapporte là mêmequ’il connaissait une version latine versibus maie latinis et non stantibus, faite par un inconnu, de cet acrostiche fameux. Et il en cite une version latine meilleure et en vers corrects. Eusèbe dans le discours Ad sanctorum cœtum qu’il prête à l’empereur Constantin, cite tout au long l’acrostiche,

comme une prophétie faite du Christ par la sibylle Erythrée, prêtresse d’Apollon, dans la sixième génération après le déluge. Eusèbe, Ad sanctorum cœtum, 18, édit. Heikel, p. 179-181. Eusèbe sait que beaucoup de bons esprits ne croient pas à l’authenticité du prétendu oracle de cette sibylle, mais, pour lui, il n’estime pas ces doutes justifiés, car il sait que, avant la naissance du Christ, Cicéron a connu cette pièce acrostiche et qu’il l’a traduite et insérée dans ses propres écrits. lbid., 19. Cette assertion d’Eusèbe est sans fondement. L’acrostiche de notre sibylliste a été très populaire au moyen âge. C’est à lui que fait allusion le Dies iree (Thomas de Celano, XIIIe siècle) : …solvet sœclum in favilla, teste David cum Sibylla.

g) Les livres I er (400 vers) et II (347 vers) forment un tout, qui serait une réfection chrétienne exécutée dans la seconde moitié du me siècle, d’un écrit sibylliste juif de date indéterminée. Bardenhewer, p.653. Geffken, p. 52. Au livre I er, les vers 319-400 présentent une prophétie de la venue du fils de Dieu parmi les hommes, de sa prédication, de ses miracles, de sa résurrection. Le rédacteur de ce morceau emprunte au livre VIII ». Ce même rédacteur a interpolé la première partie du livre I er d’emprunts aux livres VII et VIII. Dans le livre II, les vers 34-153 sont une suite de maximes de morale, d’une inspiration qui peut être juive ou stoïcienne. Le morceau II, 238-347, est une description du jugement présidé par le Christ. Parmi les pécheurs punis le sibylliste signale des prêtres et des diacres prévaricateurs. Le châtiment des pécheurs ne durera qu’un temps, et ils seront à la fin pardonnes et réunis aux élus dans la vie éternelle des champs Elysées. Sur quoi un lecteur orthodoxe a interpolé sept vers de protestation contre cette erreur et contre Origène qui en est l’auteur.

M. Bousset identifie l’auteur de III, 63-96, avec l’auteur du remaniement dulivrell.et retrouve dans 111, 77 sq., des allusions à Zénobie survivant (267-273) au meurtre de son mari Odenath. Bousset, p. 275.

h) Les livres XI, XII, XIII (324, 299 et 173 vers) semblent à M. Bardenhewer former une suite et avoir été écrits par la même plume : le sibylliste déroule l’histoire universelle depuis l’ancienne Egypte jusqu’au règne de Gallien. Il était chrétien et appartient à la seconde moitié du IIIe siècle. Le livre XIV (361 vers) est peut-être du même écrivain que les livres XII et XIII. Geffken, p. 61-62, rattache XII et XIII au christianisme du temps et de l’entourage de Zénobie ; mais XI serait d’une plume juive du m « siècle, XIV également et du IVe siècle au plus tôt. Bardenhewer, op. cit., p. 655.

L’histoire littéraire témoigne du crédit dont ont joui jadis les Oracula sibyllina. Ils sont connus et cités par Alexandre Polyhistor, vers 80-40, avant notre ère. Schûrer, p. 444. Il est douteux que Virgile, dans sa fameuse quatrième églogue doive rien aux sibyllistes juifs. Ibid., j>. 445. Sur l’usage que les Pères de l’Église ont fait d’eux, voyez Vervorst, De carminibus sibyllinis apud sanctos Patres disceptatio, Paris, 1844 ; Besançon, De l’emploi que les Pères ont fait des oracles sibyllins, Montauban, 1851 ; et Schûrer, p. 446-447. Pour la bibliographie détaillée du sujet, Schûrer, p. 448-450. P. Batiffol.

    1. SICELEG##

SICELEG (hébreu : Siqlag ; Septante : SsxeXctx, SixeXix), ville de la tribu de Juda, Jos., xv, 21, qui fut donnée à la tribu de Siméon. Jos., xix, 5 ; I Par., iv, 30. — 1° Le site n’en a pas été reconnu d’une manière certaine. Les explorateurs anglais ont proposé de l’identifier avec les ruines de Zouheilikéh, à l’est-sudest de Gaza. Ces ruines couvrent trois collines basses, à six kilomètres environ au nord de l’ouadi es Seri’a, qu’on croit être le Besor de I Sam. (Reg.), xxx, 9, 10, 21. Voir la carte de la tribu de Juda, t. iii, visà-vis col. 1759. Cf. Besor, t. i, col. 1641. — 2° Siceleg

était an pouvoir des Philistins du temps de Saûl. Achis, roi de Geth, en donna la possession à David qui s’était réfugié auprès de lui pour échapper à la persécution de Saül et c’est ainsi que cette ville entra dans le domaine des rois de Juda. I Sam. (Reg.), xxvii, 6-7. David y résida jusqu’à la mort de Saûl. Quand les Philistins rassemblèrent leurs forces dans la plaine de Jezraël pour combattre le roi d’Israël, Achis emmena avec lui David et ses compagnons. Les autres chefs philistins ne voulurent point les avoir au milieu d’eux. David revint donc à Siceleg, mais, à son arrivée, il trouva la ville dévastée et pillée par les Amalécites. Il se mit aussitôt à leur poursuite avec ses hommes, dont le nombre s’était augmenté à Siceleg même depuis qu’il s’y était établi, I Par., xii, 1, 20, et il enleva aux pillards tout ce qu’ils lui avaient pris. I Sam. (Reg.), xxx. C’est là, au retour de cette expédition contre les Amalécites, qu’il apprit la mort de Saûl. II Sam. (Reg.), I, 1 ; IV, 10. — Siceleg n’est plus nommée qu’une fois dans l’Écriture : des descendants de Juda s’y établirent au retour de la captivité de Babylone. II Esd., xi, 28.

    1. SICHAR##

SICHAR (Nouveau Testament : Eujrâp), localité de Samarie, où habitait la Samaritaine qui allait puiser de l’eau au puits de Jacob. Joa., iv, 5. Voir Samaritaine, col. 1424. Sichar n’est nommée que dans ce seul passage. Saint Jérôme, dans sa version de VOnomasticon d’Eusèbe, t. xxiii, col. 923, s’exprime ainsi sur sa situation : Sichar, ante Neapolim, juxta agrum quem dédit Jacob filio suo Joseph, in quo Dominus… Samaritanx mulieri ad puteum loquitur, ubi nunc Ecclesia fabricata est. Les ruines de cette église ont été retrouvées ; elle vient d’être relevée par les Grecs, et les pèlerins peuvent boire maintenant de l’eau du puits qui a été très longtemps obstrué. Voir fig. 291, col. 1425 ; cf. Jacob (Puits de), t. iii, col. 1075. L’opinion qui a soutenu pendant longtemps que Sichar était un nom donné par dérision à Siçhem n’est plus soutenable. L’eau abonde à Sichem et la Samaritaine ne serait pas allée la chercher au puits de Jacob, si elle l’avait eue sous la main près de sa demeure. Joa., iv, 15. Le pèlerin de Bordeaux, en 333, distingue nettement Sichar de Sichem, Jtiner., t. viii, col, 790. On peut affirmer aujourd’hui avec la plus grande vraisemblance que Sichar est el-Askar, village situé sur les dernières pentes du mont Hébal. Voir A. Neubauer, Géographie du Tahnud, in-8°, Paris, 1868, p. 169-171 ; Lightfoot, dans la Contemporary Revieiv, mai 1875, p. 860-863.

1. SICHEM (hébreu : Sekém ; Septante : Si>xÉpO, fils d’Hémor l’Hévéen, du temps de Jacob. Il enleva Dina, fllle de Jacob, et ses frères, pour la venger, persuadèrent au ravisseur de se circoncire avec tous les habitants de la ville de Sichem, puis les massacrèrent lorsqu’ils ne pouvaient se défendre. Gen., xxxiii, 19 ; xxxiv, 2-26. Voir Dîna, t. ii, col. 1436. — Sichem est encore nommé comme fils d’Hémor dans Jos., xxiv, 32 ; Jud., ix, 28 ; Act., vii, 16.

2. SICHEM (hébreu : Se kém ; Septante : ~S, J- / s V. ; [xi] Sixtjia ; S^xiVa, Gen., xxxv, 4 et 5 ; Valicanus : r, Sixtpa, III Reg., xii, 25), ville de la tribu d’Éphraïm, remplacée par Néapolis.

I. Identification et situation. — L’identité de Sichem avecNaplouseest communément admise. Cf. Midrasch Rabboth, Bamidbar, c. xxiii, Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 169 ; S. Épiphane, Contra hasr., lxxviii, 24 ; lxxx, 1, t. xlii, col. 735, 758. On soulève quelques difficultés sur le site précis de l’antique Sichem, mais on admet que Naplouse, établie sur le territoire de la ville biblique, lui a succédé et se trouve l’héritière de ses souvenirs

comme de ses possessions. Cf. F. de Saulcy, Dictionnaire topographique, Paris, 1877, p. 287.

II. Description. — À distance égale entre les anciennes frontières de Dan et de Bersabée et sur la ligne de faite divisant le versant oriental du Jourdain du versant méditerranéen, c’est-à-dire au milieu de l’antique pays de Chanaan, s’élèvent par-dessus toutes les hauteurs de la Samarie, remarquables par les dimensions de leur masse, les deux célèbres sommets d’Ébal au nord et de Garizim au sud. Une vallée les divise, s’ouvrant à l’est au sahel Maklmék dont le nom fait songer à la Machméthath de Josué, xvi, 6. Elle court vers l’ouest inclinant un peu au^ nord sur une largeur de cinq à six cents mètres, s’étendant parfois, comme à son origine entre le puits de Jacob et’Askar, jusqu’à mille mètres : c’est le territoire de la ville de Nablus. Le terrain est de la plus grande fertilité et très apte à former de gras pâturages. Cf. Ant. jud., II, II, 4 ; Théodote, dans Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 22, t. xxi, col. 721. Le nombre des sources et des courants d’eau qui arrosent toute la région lui donnent un caractère spécial qui a toujours fait l’admiration de ceux qui la décrivent. Cf. Théoderich, édit. Tobler, Saint-Gall, 1865, xlii, p. 93-94, etc. Toutes les espèces de légumes et tous les arbres fruitiers prospèrent dans ses jardins et ses vergers et les bosquets d’oliviers toujours verts couvrent le reste de la campagne. Au-dessus de cette verdure compacte s’élève Nablus s’étendant dans le sens de la vallée, à la base du Garizim et dominé par ses rochers, sur une étendue de plus d’un kilomètre. C’est la ville arabe avec ses édifices massifs à voûtes et à toit plat ou en dôme, parmi lesquels commencent à se montrer quelques constructions de forme exotique et à toit de tuiles rouges. On ne voit plus que des fragments de l’ancienne enceinte, débordée d’ailleurs de toute part par des bâtisses nouvelles. La grande rue traverse la ville, en ligne presque droite, de la porte orientale à la porte occidentale. Vers l’extrémité du sud-ouest, on atteint le quartier des Samaritains, aux rues voûtées et sombres, étroites et malpropres. Près de leur petite, synagogue est la résidence de leur grandprêtre. Suivant eux, la mosquée voisine, djdmé’el-Khadrâ, dont le style est celui des églises du xiie siècle et dont le minaret carré où se voit une inscription en caractères samaritains, rappelle la tour de Ramléh, serait leur ancienne synagogue. Dans le quartier occidental, sur la grande artère et près d’une cour entourée d’un portique dont les colonnes sont antiques, est « la grande mosquée », djâmé’el-Kebir. Son portail attire l’attention par sa ressemblance avec celui du Saint-Sépulcre. C’est une église des Croisés, bâtie à la place d’une basilique byzantine. Plusieurs autres mosquées sont bâties avec les débris de monuments du XIIe siècle, ou des Ve et vi" et avec des pierres de bel appareil rappelant l’époque romaine. Le canal amenant les eaux à ras el-’Ai’n, d’où elles sont distribuées ensuite par la ville, paraît de la même époque.

Le mosaïste de Madaba a représenté Keapolis au nord de Jérusalem, et au pied du Garizim comme une grande ville, avec des édifices considérables (fig. 364). A l’est de la montagne, dans la plaine, un monument figure l’église <s où [est] la fontaine de Jacob. » À côté et au nord, une petite localité, figurée par une porte flanquée de deux tourelles et d’un bâtiment, est intitulée : STXEM H K[AI] STK1MA K[AI] EAAEM, « Sichem qui [est] Sicima et Salem », et à côté, à gauche : TO TOT IQZH*, « le [sanctuaire] de Joseph. Au-dessus de cette inscription et an nord de la localitéprécédente, une seconde porte flanquée de deux tours est marquée de l’inscription mutilée [2Ï"]XAP H NTN [ST]XXUPA, « Sychar qui est maintenant Sychchora ». C’est l’illustration, par un artiste connaissant le pays, du texte de l’Onomasticon et de la tradition locale, au

rv « et au vi « siècles. La figure 365 représentant Sichem se rapporte, selon toute apparence, à ce site où se voit aujourd’hui le village de Balâtah et le tombeau de Joseph, et où l’on trouve des restes qui semblent appartenir aux temps voisins du premier siècle de l’ère chrétienne. Cf. Môréh(Chène de), i, t. iv, col. 1269. Immédiatement au nord de cette localité, au milieu de la vallée, se remarque un tell circulaire, à la partie supérieure aplatie et semblable à la plupart des tells où l’on a découvert d’anciennes villes chananéennes. Sur le pourtour ouest, on voit un fragment de mur formé de grosses pierres pareilles à celles dont sont bâties ces villes ou leurs principales constructions. Les

et aux alentours on a trouvé des pierres taillées, quelques tronçons de colonnes et des fragments de mosaïques. Ces débris isolés et épars de villas ou de constructions particulières de la période romaine montrent que la ville n’a jamais occupé cette situation.

III. Histoire. — I. jusqu’à la ruise du royaume de jcda. — 1° À l’arrivée d’&braham dans la terre de Chanaan, Sichem n’existaitpas encore. Cf. Gen., xii, 6. Elle est nommée par anticipation pour déterminer l’emplacement d’Elôn et Môrèh, où s’établit d’abord le patriarche hébreu. Elle paraît avoir été fondée quelques années avant le retour de Jacob de la Mésopotamie par Hémor l’hévcen qui lui donna le nom de

364. — Vue de Sichem, d’après une photographie.

terres du tell sont mêlées de nombreux fragments de poteries et de pierres, qui ont appartenu à des constructions. Les ingénieurs anglais Conder et Kitchener la désignent comme « ruines », sur leur grande carte, Map of Western Palestine, Londres, 1880, t° xi. Est-ce ce lieu qu’avait en vue le mosaïste en figurant Sychar sur sa carte, ou Sichem ? Il nous semble plutôt que c’est « la ville déserte » de Jacob, Sichem, à laquelle font allusion Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticon, p. 346. Les nombreuses cavernes sépulcrales, du caractère le plus ancien, dont est percée la base de l’Hébal au-dessus du tell, formaient sans doute la nécropole de cette ville. Quoi qu’il en soit, il n’est pas douteux que nous ne soyons en présence des restes d’une cité antique qui peut être la Sichem primitive. Des fouilles pourraient fournir des renseignements plus positifs et plus certains. Balâtah, « la ville du chêne », qui en était d’abord le faubourg, comme peut-être -aussi le petit village d’El-’Askar, lui aura ensuite succédé, puis plus tard Néapolis. — Entre Naplouse et Balâtah, dans le voisinage de’aïn Dafné, on rencontre tin groupe d’établissements militaires turcs. À leur place

DICT. DE LA BIBLE

son fils Sichem. Gen., xxxiii, 18. La passion que ce dernier conçut pou ruina, tille de Jacob et de Lia, amena la dévastation de la ville. Voir Dîna, t. ii, col. 1430. Ce qui obligea Jacob de s’éloigner de la terre de Môréh qu’il avait achetée. Gen., xxxiv, xux, 5, 6. Voir Moréh, i, t. iv, col. 1269. W. Max Miiller croit avoir reconnu le nom de Sichem sur l’itinéraire de l’officier égyptien de Ramsès II, où il le transcrit, Sa-Ka-mà,

. 7 iK. 1. Asien und Europa, Leipzig, 1893,

p. 391. Cf. F. Chabas, Voyage d’un Egyptien au XIV siècle avant notre ère, Chalon-sur-Saône et Paris, 1866, p. 182.

— 2° Dans le partage de la terre de Chanaan, Sichem fut comprise dans le lot des fils d’jiphraïm. Désignée pour ville de refuge, elle fut attribuée aux lévites de la famille de Caath. Jos., xx, 7 ; I Par., vi, 67. Il semblerait que ceux-ci n’en prirent pas possession, Car on la trouve occupée par les Éphraïmites. IPar., vii, 28. Au temps d’Abimélech, fils de Gédéon, ses habitants pratiquaient le culte chananéen de Baal et se nommaient « hommes d’Hémor, père de Sichem. » Jud., ix, 28 ; cꝟ. 4, 27, 46. — 3° Né d’une femme de Sichem, Ali V. - 54 O

mélech complota avec les parents de sa mère et les autres habitants de Sichem la ruine de la maison de son père et l’établissement de la royauté en sa faveur. Jud., ix, 1-6. La discorde ne tarda pas d’éclater entre les Sichémites et leur roi, d’où une guerre civile qui ne se termina que par la mortd’Abimélech. Jud., ix. Voir Abimélech’3, 1. 1, col. 54 ; Joatham 1, t. iii, col. 1558 ; Baal-Berith, col. 1236 ; Mello, t. iv, col. 947. —4° Après la mort de Salomon, Sichem avait été désignée pour la tenue de l’assemblée où Roboarn devait être reconnu roi par tout Israël. L’ineptie du prince, favorisant les intrigues de Jéroboam, y fit éclater le schisme. III Reg., xii, 1. Accepté pour roi par les tribus du nord, Jéroboam restaura Sichem dont il fit d’abord sa résidence, mais il ne devait pas tarder à l’abandonner. III Reg., xii, 25 ; xiv, 17 ; cf. II Far., x, 1 ; Ant jud., VIII, viii, 4. soit le même que Josèphe appelle Manassé, à qui il attribue l’établissement du temple de Garizim et auquel il fait remonter l’origine de la secte samaritaine proprement dite. Cf. Ant. jud., ibid., 2et4 ; Garizim, t. iii, col. 111. La Chronique samaritaine est d’accord avec la Bible pour faire remontera Sanaballat et aux premiers temps après le retour de Babylone la restauration (c’est-à-direl’origine ) du culte samaritain. Edit. luynboll, ch. xlv, p. 46-47. — Le fils de Joïada conçut le projet d’opposer Sichem à Jérusalem. Sichem avait pour la recommander des titres divers. C’est « au lieu de Sichem » qu’Abraham avait élevé dans la Terre Promise le premier autel à Jéhovah. Gen., xii, 7. Jacob avait acheté l’endroit et relevé l’autel. Gen., xxxiii, 19-20. Moïse avait désigné positivement ce lieu pour y établir l’autel des sacrifices et y proclamer la loi. Deut, xi, 29-30 ; xxvii. Josué

365 — Sichem et ses environs. Carte mosaïque de Madaba. D’après une photographie.

5° Au temps de Nabuchodonosor et au moment de la ruine du temple de Jérusalem et de la captivité des Juifs, Sichem avait une population sinon tout entière israélite, du moins en partie et ralliée au culte légitime. Sur les 80 pèlerins se rendant de la Samarie à Jérusalem, en habit de deuil, pour offrir au temple des présents et de l’encens et qui furent presque tous égorgés à Maspha le surlendemain de l’assassinat de Godolias par Ismahel, un grand nombre étaient de Sichem. Jer., xli, 5.

II. swhbmet les samaritains. — Dépossédée depuis longtemps de l’hégémonie politique transférée à Thersa par Jéroboam, puis à Samarie par Amri, Sichem devait acquérir la suprématie religieuse sur toute la Samarie et devenir la rivale de Jérusalem. Quand Esdras et Néhémie, après le retour de Babylone, expulsèrent les prêfcres et les autres Juifs compromis par des mariages mixtes, II Esd., xiii, 23-30, ceux-ci se retirèrent « à Sichem au pied du Garizim ». Ant. jud., XI, viii, 6, 7. A leur tête se trouvait le fils même du grand-prêtre Jojïada qui avait épousé la fille de Sanaballat le Horonite, satrape de la Samarie pour le roi de Perse. H Esd., x

, 28. — On ne peut guère douter, le fait et toutes 1 es circonstances essentielles étant identiques, qu’il ne

n’avait pas manqué d’établir à Sichem « le sanctuairede Jéhovah » et d’en faire le lieu des réunions. Jos., viii, 30-35 ; xxiii, xxiv, 1-27.

D’ailleurs, par sa situation et sa disposition, Sichem paraissait créée tout exprès pour cette destination. Ces arguments dont jusqu’aujourd’hui se prévalent les Samaritains en faveur de la prééminence de Sichem, devaient frapper les Israélites. Cf. Chronique samaritaine, loc. cit. L’appui du gouverneur et probablement en même temps, comme le disent les Samaritains, ibid., l’approbation des rois des Perses, avec des concessionsaux superstitions des diverses populations implantées en Samarie, ne pouvaient manquer de les rallier bientôt toutes à Sichem. La première concession de ce genre et la plus marquante fut la translation du sanctuaire de Moréh au sommet du Garizim, où sansdoute l’élément non israélite de Sichem avait établison haut-lieu, peut-être là même où antérieurement se trouvait le temple de Baal-Bérith. Ainsi le Garizim devait devenir « la montagne bénie », et Sichem « la ville sainte », comme s’expriment les Samaritains. Moins d’un siècle après Esdras, le groupement de tous les cultes si disparates des colonies de la Samarie s’était fait autour de Sichem, et, dès avant l’arrivée des

Grecs (330 avant J.-C), tous « les habitants de la Sa marie reconnaissaient Sichem pour métropole. » Ant.. jud., XI, viii, 6. Cette unification dont la ville de Sichem était le centre, et la haine de Jérusalem et du juif Adèle, l’âme, n’en restait pas moins une agglomération incohérente pour laquelle l’auteur de l’Ecclésiastique dit, l, 28 : « Deux nations me répugnent, et une troisième qui n’est pas un peuple : les habitants de Seïr et ceux de la terre des Philistins et la nation insensée réunie autour de Sichem. » — En apprenant qu’Alexandre était en Judée, les Sichitnites, espérant obtenir pour leur ville les prérogatives accordées par lui à Jérusalem, allèrent à sa rencontre l’inviter à venir visiter Sichem. Le prince macédonien les renvoya poliment, en remettant à plus tard cette visite. Ant. jud., loc. cit. La Chronique sam., c. xlvi, p. 46-47, rapporte à Sichem tout ce que l’histoire raconte du passage du conquérant à Jérusalem. Cf. J. Derenbourg, Histoire de la Palestine, c. iii, Paris, 1867, p. 41. — Menacés non moins que les Juifs par le dessein d’Antiochus IV d’abolir le culte de Jéhovah, II Mach., v, 23 ; vi, 1-2, les Sichimites s’empressèrent d’écrire « au roi Antiochus, au dieu Épiphane ». Ils le priaient d’avertir le gouverneur Apollonius de ne pas les confondre avec les Juifs, avec lesquels ils n’avaient rien de commun, pas plus de mœurs que d’origine. Ils offraient de consacrer leur temple à Jupiter hellénique et de se conformer aux usages des Grecs. Ils se nommaient eux-mêmes <c Sidoniens de Sichem », en invoquant comme preuve de cette origine les actes publics. Par ces bassesses Sichem et la Samarie échappèrent à la persécution. Ant. jud., XII, v, 5. — Le trait caractéristique de là Sichem samaritaine, c’est qu’elle fut toujours le refuge assuré de tous les Juifs violateurs de la loi qui voulaient échapper au châtiment. Ant. jud., XI, viii, 7. Jean Hyrcan, laissé libre par la mort d’Antiochus VII (128 avant J.-C), mit fin à cet état de choses en s’emparant de Sichem. Il en emmena les Cuthéens qui s’y trouvaient et l’assujettit aux Juifs. Ibid., XIII, ix, 1. Elle fut, avec toute la Samarie, annexée à la province romaine de Syrie, lors de la déposition d’Archélaus (6 après J. C).

III. SICHEM DU TEMPS DE NOTRE-SEIGNEUR ET

depuis. — La première année de sa vie évangélique, le Sauveur retournant de Jérusalem en Galilée avec ses disciples s’arrêta sur le territoire de Sichem, au puits de Jacob, près de Sichar. Joa., iv, 3-23. Cf. Jacob (Puits de), t. iii, col. 1075, et Sichar. Quel que soit le site de Sichar, les habitants de Sichem ne purent ignorer, pendant les deux jours que Jésus s’arrêta en ce lieu, la présence du prophète de Galilée qui se disait le Messie, et il est impossible qu’ils ne soient pas de ceux qui vinrent pour l’entendre. Ainsi, il y a tout lieu de croire qu’au moins un certain nombre d’entre eux sont désignés par les mots « un beaucoup plus grand nombre crurent en lui. » 41. — Ils étaient les premiers que les apôtres et les prédicateurs de l’Évangile, après la Pentecôte, devaient visiter, afin de développer en eux le germe de la foi que le Maître avait lui-même jeté dans leur âme. Cf. Act., vin, 1-25. — Le christianisme fit dès lors de nombreux disciples à Sichem et dans son territoire, mais une partie des habitants resta attachée à la secte des Samaritains qui n’avait cessé de s’y perpétuer. — Ceux-ci, poussés à bout par les exactions des gouverneurs romains et par leur intolérable orgueil, et malgré leur tendance à faire toujours le contraire des Juifs, semblaient vouloir suivre le mouvement insurrectionnel commencé en Judée. Une multitude d’entre « uxse réunirent en armes au Garizim. Vespasien, alors occupé au siège de Jotapata (67), envoya Céréalis, chef de la ve légion, pour comprimer ce mouvement. Bell, jud., III, vii, 32. Les troupes romaines occu pèrent tout le pied du Garizim et par conséquent Sichem, afin d’empêcher toute communication avec la montagne. C’est en cette occasion, selon toute apparence, que l’antique Sichem finit par disparaître avec son nom. — La Galilée était écrasée, la plaine du littoral de la Judée dévastée et le chemin de Jérusalem du côté de l’occident gardé par la Ve légion établie à Emmaûs, à l’entrée des montagnes ; Vespasien songeait à établir une garde analogue à Jéricho, sur le chemin montant de l’Orient à Jérusalem. « Quittant Emmaûs où il était revenu avec le reste de son armée, il traversa la Samarie et vint près de la localité appelée Néapolis, et Mabortha par les indigènes ». Ibid., IV, vin, 1. Est-ce en cette occasion que le général romain fonda, à côté de Sichem déserte, la « Ville neuve » ? Plusieurs le pensent. Il n’était pas moins nécessaire, en effet, que la route du nord et le & défilé » de Sichem fussent gardés que les passages commandés par Emmaûs et Jéricho, et qu’on y laissât un corps de troupes permanent, si toutefois cette mesure n’avait pas été prise déjà. Le récit de l’historien juif suppose la préexistence de Néapolis à l’arrivée de Vespasien. Il est bien probable qu’aussitôt après le massacre du Garizim, Céréalis avait laissé là une garnison pour surveiller les Samaritains et les empêcher de se réunir de nouveau et que ce fut l’origine de la « nouvelle ville ». La colonie romaine qui s’y établit, ajouta au nom de Néapolis celui de la famille Flavia de laquelle sortait Vespasien, sans doute après la promotion de celui-ci à l’empire. Voir S. Justin, Apolog., i, 1, col. 329 ; les médailles frappées par la ville, t. iii, lig. 17, col. 110 ; Mionnet, op. cit., t. v, p. 499 ; Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, p. 1005-1006. — On voit, par l’exemple de saint Justin, que le christianisme avait pénétré de bonne heure à Néapolis, même parmi les. païens. On trouve le nom de « Germain de Néapolis de Palestine » apposé aux actes du concile d’Ancyre tenu en 314, de celui de Néocésarée de la même année et de Nicée en 325. Labbe, Concilia, t. i, col. 1475, 1488 ; t. ii, col. 325. Les chrétiens de Néapolis eurent plus d’une fois à subir de cruelles vexations de la part des Samaritains. Le christianisme y demeura néanmoins florissant jusqu’à l’occupation de la ville par les Arabes mahométans (636). Il y reprit quelque éclat avec les Croisés. Néapolis recouvra alors son titre épiscopal, mais uni à celui de Sébaste, et un grand synode s’y tint en 1120. Guillaume de Tyr, Historia transmarina, 1. XII, c. xm ; cf. IX, xi ; XIV, xxvii ; XVII, xiv ; XIX, xii ; XXI, iv ; XXII, vn ; XXIII, xviii. Voir Lequien, Oriens christianns, Paris, 1740, t. iii, p. 645680, 1289-1290.

IV. État actuel. — Depuis la conquête arabe, Ndblus n’a point cessé d’être à la tête du territoire qui fut l’ancienne province de Samarie et elle est aujourd’hui le chef-lieu du mutsarrifiéh (préfecture) de son nom, dépendant du gouvernement général de Beyrouth. Grâce à la richesse de son sol, elle a toujours joui d’une grande aisance et exercé un commerce assez actif. Les fruits, l’huile d’olive, le coton, la laine, les cuirs font l’objet de ce commerce, mais particulièrement le savon d’huile d’olive. Plus de vingt fabriques sont constamment occupées à le préparer.

La population y est d’environ 25000 habitants, presque tous mahométans. On n’y trouve plus que 150 samaritains et 700 chrétiens, dont 500 attachés au schisme de Photius avec un évêque de leur rite, une centaine de catholiques latins et autant de protestants anglais, américains et autres. Jusqu’à ces dernières années, les juifs avaient toujours redouté de s’approcher de Naplouse. <t II n’y a point de juifs là, » disait rabbi Benjarnin, de Tudèle, en 1173. Itinéraire, édit. Lempereur, Leyde, 1633, p. 38. Quelques familles y sont maintenant établies. Êald*ah et el-Askar sont réputés

faubourgs de Naplouse et leur population, d’environ 200 âmes, est toujours recensée avec celle de la ville.

— Les musulmans de Naplouse semblent avoir hérité du vieil esprit d’hostilité des samaritains à l’égard des juifs et des chrétiens.

V. Bibliographie. — V. Guérin, Samarie, t. i, p. 370423 ; F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1883, t. ii, p. 411-426 ; Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, t. ii, p. 254-253 ; Liévin de Hamme, Guideindicateur de la Terre Sainte, Jérusalem, 1887, t. iii, p. 45-52 ; Tristram, The Land of Israël, c. vii, Londres, 1865, p. 159-162 ; Cl. R. Conder, Tent-Work in Palestine, c. ii, Londres, 1885, p. 14-42 ; The Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 160-168, 203-210 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Roston, 1841, t. iii, 93-96, 113-136 ; Guy de Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 511-514. L. Heidet.

    1. SICHIMITES##

SICHIMITES (hébreu : ’anse Sèkenx ; Septante : 5v8peç Eu^ést), habitants de Sichem. Jud., IX, 57.

    1. SICLE##

SICLE (hébreu : séqèl ; Septante : o-ix).o ; ), poids et monnaie chez les Hébreux. — 1° Poids. — Le sicle était l’unité de poids des Hébreux. Gen., xxiv, 22 ; Exod., xxx, 23 ; Num., vii, 13, etc. Il valait environ 14 gr. 20. Voir Poids, col. 485. — 2° Valeur monétaire. — Le sicle était aussi l’unité monétaire. Avant l’invention de la monnaie frappée, le sicle s’entend simplement d’un poids déterminé d’argent. Voir Monnaie, t. iii, col. 12361240. Simon Machabée fut le premier qui frappa monnaie en Palestine. Le poids du sicle monétaire hébreu est d’un peu plus de 14 grammes. Voir Monnaie, t. iii, col. 1243-1252.

    1. SICYONE##

SICYONE (grec : Sixumv), ville du Péloponèse, située sur un plateau peu élevé, à 2 milles environ du golfe de Corinthe. Elle avait un port bien fortifié (fig. 366). Elle paraît avoir tiré son nom de ses

366. — Monnaie de Sicyone.

Couronne de laurier. Dana le champ, El. — fy Colombe volant,

& droite. « concombres ». Celait une ville très ancienne ; elle occupa une place importante dans les arts ainsi que dans l’histoire politique de la Grèce. Elle est seulement nommée dans l’Écriture. I Mach., xv, 23. A l’époque des Machabées, les Romains, pour lesquels elle avait pris parti, lui avaient confié la direction des jeux isfhmiques et elle paraît avoir été le centre du pouvoir romain à cette époque pour cette partie du monde. Le consul Lucius écrivit aux Sicyonites (139 avant J.-C), en faveur des Juifs de Palestine et pour leur demander de livrer au grand-prêtre Simon les Juifs fugitifs qui s’étaient réfugiés chez eux afin d’échapper au châtiment de leurs crimes. Cette lettre écrite en même temps à plusieurs autres villes et contrées est rapportée I Mach., xv, 16-21.

SIDDIM^bébrcu-, : Jias-Siddim ; Septante : t] papaye » l àXuxTJ ; 71 xoiXdtç r) âXuxTfj Vulgate : vallis Silvestris), vallée Çéméq) des bords de la mer Morte où Chodorlahomor et ses alliés battirent le roi de Sodome et ses confédérés. Gen., xiv, 3-10. Elle était située au sud-est de la mer Morte. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1306-1309 « t fig. 356, col. 1296. Voir aussi Silvestre (Vallée, 1.

SIDÉ (Septante : EîS/)), ville de Pamphylie (fig. 367). Le Sénat romain lui envoya des lettres en faveur de Simon Machabée et des juifs. I Mach., xv, 23. Elle avait été colonisée par les Cyméens d’Éolide. Plus tard, elle se soumit à Alexandre le Grand et reçut une garnison macédonienne. Ce fut dans ses eaux que la flotte d’Antiochus le Grand, roi de Syrie, fut défaite par les Rhodiens. Tite Live, xxxv, 13, 18 ; xxxvii,

367. — Monnaie de Sidé.

Tète de Néron laurée, à droite, kaicap NEPtoN. — R). Minerve debout, appuyée sur sa lance et tenant une Victoire ; à ses pieds un serpent ; dans le champ, ClAH | To>[N].

23, 24. À l’époque où les pirates étaient les maîtres de la Méditerranée, c’était Sidé qui était leur port principal et qui leur servait de marché pour vendre leurs prises. Strabon, XIV, iii, 3. Du temps de l’empire romain, elle continua à être une ville très importante. Sur le site de Sidé, appelée aujourd’hui Esky Adalia, « Vieille Adalia », on trouve de nombreuses ruines. Voir Ch. Texier, Asie Mineure, in-8°, Paris, 1862, p. 721-723 ; Elisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. ix, 1884, p. 650.

    1. SIDON##

SIDON (hébreu : Sidôn ; Septante : SrSrâv), aujourd’hui Saïda, ville de Phénicie, située à 30 kilomètres environ au nord de Tyr et à peu près à la même distance au sud de Béryte (Beyrouth) (fig. 368), port

368. — Monnaie de Si don.

Tète de Néron laurée, à gauche ; dans le champ, le litu-us. — A). Europe enlevée par le taureau. AEOP [179] (an 64 de J.-C). SIAQNOS.

sur la côte orientale de la Méditerranée. Elle s’étend entre la mer et le Liban, dans une plaine étroite d’environ deux milles de large, extrêmement fertile (fig. 369). Son éclat s’est affaibli, son antique gloire n’est plus qu’un souvenir, mais « si l’ancienne métropole du vaste empire colonial des Phéniciens n’a plus de monuments, du moins est-elle, comme aux temps d’autrefois, Sidon la Fleurie ; aucune autre ville syrienne, si ce n’est peut-être Damas, n’est entourée de plus beaux jardins, nulle n’a de plus belles fleurs et de meilleurs fruits ; depuis quelques années Sidon fait concurrence à Jaffa pour la production des oranges… C’est en dehors de la ville, dans la nécropole qui s’étend au sud-est, à la base des coteaux calcaires que se trouvent les restes les plus curieux de l’antique Sidon, puits, caveaux et sarcophages… Dans le voisinage immédiat, sur les plages qui se prolongent au nord et au sud, s’élèvent, en amas énormes, des couches de coquillages laissées par les fabricants de pourpre, jadis les plus fameux et les plus riches représentants de l’industrie sidonienne. Un tas composé uniquement de

coquilles de murex trunculus, qui servait à teindre les étoffes grossières, n’a pas moins de 120 mètres de longueur sur une hauteur de 7 à 8 mètres ; d’autres amoncellements, fort nombreux, consistent en débris de murex brandaris et purpura hemastoma, qu’on employait pour la teinture des tissus somptueux. Une ville située au nord de Sidon, sur une plage de sable lin, avait pris le nom de Porphyrion ou Cité de la Pourpre, à cause de ses teintureries : c’est la côte sur laquelle, d’après juifs et musulmans de la Syrie méridionale, le prophète Jonas aurait été vomi par [le poisson ] : de là le nom de Khan-Nebi-Jounas donné au

Échelle

369. — Sidon et ses environs.

D’après Pietschmann, Geschichte der Phônizier, p. 55.

village voisin… Les Sidoniens étaient aussi fort adroits dans l’art de fabriquer le verre, … leurs usines se trouvaient dans la ville de Sarepta ou de la Fusion, située à trois heures de marche vers le sud. Le village moderne de Sarfend est voisin des ruines. « Elisée Reclus, Nouvelle Géographie universelle, t. ix, 1884, p. 781-782.

Histoire. — Sidon est une ville très ancienne. Elle est déjà mentionnée dans la table ethnographique de la Genèse, x, 19. Elle reçut son nom du fils aîné de Chanaan, dit Josèphe, Ant. jud., i, vi, 12. D’autres veulent trouver l’étymologie de Sidon dans l’abondance du poisson qu’on péchait dans ses eaux. Gesenius, Thésaurus, col. 1153. Le papyrus’Anastasi I dit que le poisson est aussi nombreux à Sidon que les grains de sable. — Dans Josué, elle est appelée, xi, 8 ; xix, 28, « Sidon la Grande » ; sur ses monnaies, elle prend le titre de « métropole ». — Homère a parlé de Sidon, 11., xxiii, 743 ; Odys., xv, 425 ; xiii, 285, et ne nomme pas Tyr. Elle a été en effet la plus ancienne cité phénicienne. Cf. Strabon, XVI, ii, 22. — La Genèse, x, 19, place à Sidon la frontière septentrionale du pays de Chanaan. —

Jacob, en bénissant ses douze fils, attribue à Zabulon, dans le partage de la Terre Promise, un territoire qui s’étendra jusqu’à Sidon. Gen., xux, 13. Les Hébreux ne furent jamais maîtres de la grande ville. Cf. Jos., xm, 3, 6 ; xix, 28 ; Jud., i, 31 ; iii, 3 ; x, 12, xviii, 7.

1° La suprématie de Sidon subsista jusqu’à l’époque où les Philistins brisèrent sa puissance en s’emparant de Dor (1252 avant J.-C). Depuis lors elle fut éclipsée par Tyr, mais conserva néanmoins son indépendance. — Elle est encore nommée quelquefois dans l’Écriture, mais l’éclat de sa puissance s’est évanoui. L’auteur de III Reg., xvi, 31, reproche à Achab, roi d’Israël, son mariage avec la Sidonienne Jézabel comme un plus grand crime que celui de Jéroboam, l’auteur du schisme.

— Joël, iii, 5, s’élève avec force contre Sidon qui veut vendre les Israélites comme esclaves et profane les vases sacrés. — Jérémie, xxv, 22, lui prédit qu’elle boira la coupe de la colère du Seigneur. — Ézéchiel, xxxii, 30, la montre abattue et rejetée avec l’Assyrie, l’Élam et l’Egypte. — Une seule fois, les Sidoniens apparaissent à l’époque des rois comme rendant service au peuple de Dieu, et c’est dans l’intérêt de leur commerce lorsqu’ils transportent avec les Tyriens au roi David les bois nécessaires pour la construction du Temple de Jérusalem. I Par., xxii, 4.

2° Sidon eut à souffrir des armes de l’Assyrie comme toute l’Asie antérieure. Elle fut obligée de payer tribut à Salmanasar II et à Salmanasar IV (727 avant J.-C). Sennachérib la soumit en 701. Asaraddon s’empara de Sidon vers 676, changea son nom en celui de’Ir-Asaraddon ou ville d’Asaraddon, mit à mort son roi’Abd-Melqarth, fit périr un grand nombre d’habitants et transporta en Assyrie le reste de la population.

3° Lorsque Babylone eut supplanté l’Assyrie (606), Sidon eutun moment de répit et elles’alliaavecTyr. Ezech., xxvii, 8. Nabuchodonosor fit porter à Tyr la peine de la rébellion et Sidon recouvra une partie ds son ancienne puissance jusqu’à la chute de Babylone. Cyrus laissa la Phénicie en paix ; ses successeurs lui permirent de s’administrer à son gré et se contentèrent de lui imposer un léger tribut et de lui demander quelques vaisseaux pour leur service. En 351, quand la puissance de la Perse commençait à décliner, Sidon se mit à la tête de la révolte du pays contre Artaxercès Ochus. Elle paya cher son audace : elle fut assiégée, prise et réduite en cendres ; 40000 de ses habitants périrent dans les flammes, après les avoir allumées eux-mêmes pour ravir sa proie au vainqueur. Diodore de Sicile, XVI, xli-xlvi. — Sidon passa ensuite sous la domination d’Alexandre le Grand, après la bataille d’Issus (333). Sous ses successeurs, elle fut soumise tantôt aux Lagides, tantôt aux Séleucides, et ses murs virent fleurir une école de philosophie. Elle passa plus tard sous la domination romaine, et elle lui était soumise du temps de Notre-Seigneur. — Le bruit des miracles du Sauveur attira des Sidoniens auprès de lui en Galilée, Marc, iii, 8, et, en comparant leur foi à l’incrédulité des habitants des bords du lac de Génésarelh, il déclara ces derniers plus coupables, Matth., XI, 21-22 ; Luc, x, 13-14. Il visita lui-même le pays de Tyr et de Sidon, Mat th., xv, 21 ; Marc, vii, 24, et c’est dansce voyage qu’il guérit la fille de la Syro-phénicienne. Matth., xv, 22-28 ; Marc, vii, 25-30. Saint Marc nous apprend, vu, 31, qu’il passa par Sidon après ce miracle. — Les Actes, xii, 20, nous apprennent que les Sidoniens envoyèrent des députés à Hérode Agrippa I er à Césarée pour calmer sa colère contre eux. Voir Hérode 6, t. iii, col. 650. — Saint Paul passa à Sidon quand il fut amené prisonnier à Rome. À et., xxvii, 3. C’est dans ce passage que Sidon est nommée pour la dernière fois.

    1. SIDONIE##

SIDONIE (218wv : a), pays et territoire de Sidon. Dans le Nouveau Testament grec, Sarepta, Luc, IV, 26, est

appelée « Sarepta de Sidonie ». Le nom de Sidonie se trouve aussi dans Homère, Odys., xiii, 285.

SIDONIENS(hébreu : Sîdomm ; Septante : 218wviot), habitants de Sidon et, par extension, Phéniciens en général. — Les Sidoniens appellent l’Hermon Sirion. Deut., iii, 9. — Maara, Jos., xix, 4, et Sarepta, III Reg., xvii, 9, sont des villes sidoniennes. — Les Sidoniens savaient travailler le bois, III Reg., v, 6 ; ils adoraient Astarthé et Astaroth. III Reg., xi, 5, 33 ; IV Reg., xxiii, 13.— Salomon épousa des Sidoniennes. III Reg., xi, 1. Ethbaal, père de Jézabel, était roi des Sidoniens. III Reg., xvi, 31.— Voir aussi Jos., xiii, 4, 6 ; Jud., iii, 3 ; x, 12 ; xviii, 7 ; IPar., xxii, 4 ; [ Esd., iii, 7 ; Act., xii, 20.

    1. SIDRACH##

SIDRACH (hébreu : Sadrak ; Septante : ïkSpax), nom chaldéo-assyrien donné à Ananie, un des trois compagnons de Daniel. Voir Ananie 5, t. i, col. 540. Ce nom peut être le babylonien Sudur-Aku, « commandement du (dieu) Lune ». Voir Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das aile Testament, 2e édit., p. 429.

    1. SIÈCLE##

SIÈCLE (hébreu : ’ôlâm ; Septante : a’ciôv ; Vulgate : sssculum), long espace de temps, passé ou futur. L’idée de siècle équivalant à une durée de cent ans est étrangère à la Sainte Écriture.

1° Le passé. — Le mot’ôldni s’applique à une durée indéfinie dans le passé. On a ainsi les jours du passé, Deut., xxxii, 7 ; Micb., v, 1 ; Is., lxiii, 9 ; les années du passé, Ps. lxxvii (lxxvi) ; 6 ; les morts du passé, qui le sont depuis longtemps, Ps. cxliii (cxlii)’, 3 ; le peuple du passé, maintenant dans le schèôl, Ezech., xxvi, 20 ; les montagnes du passé, les antiques montagnes, Gen, xlix, 26 ; Deut., xxxiii, 15 ; Hab., iii, 6 ; les portes du passé, les anciennes portes, Ps. xxiv (xxm), 7, 9 ; etc.

2° L’avenir. — Le même mot désigne aussi un avenir plus ou moins long, mais indéterminé. L’esclave’ôlâm l’est à perpétuité. Exod., xxi, 6 ; Deut., XV, 17. La durée supposée par ce mot est naturellement plus longue quand il s’agit d’un peuple. Deut., xxiii, 4 ; II Esd., xiii, 1. On souhaite que le roi vive’ôlâm, c’est-à-dire le plus longtemps possible. III Reg., i, 31 ; Dan., ii, 4 ; iii, 9 ; II Esd., ii, 3. Samuel est consacré à Dieu, ’'ad’ôlâm, pour toujours, pour toute sa vie. I Reg. (Sam.), i, 22. La durée est beaucoup plus considérable et peut même égaler celle de l’humanité sur la terre, quand il est question des promesses ou des institutions divines. Exod., xv, 18 ; I Reg., ii, 30 ; xiii, 13 ; II Reg., vii, 16 ; Ps. xviii (xvii), 51 ; Is., xxxv, 10 ; li, 11 ; lxi, 7 ; Jer., vii, 7 ; etc.

3° L’éternité. — Quand il s’agit de Dieu lui-même, ’ôlâm désigne la durée sans limites. Gen., iii, 22 ; xxi, 33 ; Job, vii, 16 ; Is., ix, 6 ; xl, 28 ; Dan., xii, 7 ; Eccli., xxxvi, 19 ; etc. Voir Éternité, t, ii, col. 2001. — L’éternité est encore indiquée par les expressions suivantes : le’ôlâm vâ’èd, eïç tôv aîûva toû aiwvoç, in sxculum sssculi, n pour le siècle du siècle », Ps. ix, 6 ; ên’atwva xa ËTt, in œtemum et ultra, « éternellement et au delà », Exod., xv, 18 ; Mich., IV, 5 ; in perpétuas asternitates, « pour des éternités sans fin », Dan., xii, 3 ; —’âdê-’ad, et ; tov atâva toû attôvoç, in sæculum sseculi, « jusqu’à toujours », Ps. lxxxiii(lxxxii), 18 ; — ledôrvddôr, ira »-jevewv eî ; ycvsâç, « pour la génération et la génération », Ps. xxxiii (xxxii), 11 ; —’ad’âlmâ’ve’ad’àlam’âlmayyd’, ïu>z ottovo ; tûv aéwvojv, « pour le siècle et le siècle du siècle », Dan., vii, 18 ; — eîç tou ; aiœvaç-rajv aîûvuiv, e. dans les siècles des siècles », Gal., i, 5 ; Phil., iv, 20 ; I Tim., i, 17 ; II Tim., iv, 18 ; Heb., xiii, 21 ; I Pet., IV, 11 ; v, 11 ; Apoc, i, 6, etc. — Saint Jude, 25, donne cette formule de l’éternité : irpô icivtôç toû alûvo ; , xaî vûv, xai eîc TtâvTaç toùç aîûva ; , « avant tout siècle, maintenant et dans tous les siècles (des siècles) ». Ces expressions évoquent l’idée d’une

durée sans commencement ni fin, telle qu’elle convient à l’éternité de Dieu.

4° Le présent. — Le mot’oldm n’a jamais le sens de « temps présent » dans l’Ancien Testament ; il ne le prend que dans l’hébreu post-biblique. Par contre, les mots a’twv, sxculum, sont employés avec la signification de « temps présent » et, par extension, de « monde », le monde n’étant que la génération qui vit dans le temps présent. Dans le livre de la Sagesse, xiii, 9 ; xiv, 6 ; xviii, 4, le « siècle » désigne déjà le monde physique et l’humanité. Dans le Nouveau Testament, le terme se rapporte à l’humanité présente, avec ses idées, ses mœurs et ses vices. Les sollicitudes du siècle sont les mille liens qui attachent les hommes aux choses de la vie présente. Matth., xiii, 22 ; Marc, iv, 19. Les fils de ce siècle, Luc, xvi, 8, les princes de ce siècle, I Cor., n, 8, les riches de ce siècle, I Tim., vi, 17, sont ceux qui vivent selon les maximes en cours dans le monde présent et ne visent que les intérêts de la terre. Les amis de ce siècle sont donc ennemis de Dieu. Jacob., iv, 4. La justice de ce siècle, II Cor., vii, 10, 1a règle du siècle de ce monde, Eph., Il, 2, sont choses mauvaises, car le siècle présent est mauvais. Gal., i, 4. Le chrétien ne doit donc pas se conformer à ce siècle, Rom., xii, 2 ; il doit se conserver pur de ce siècle, Jacob., i, 27, et vivre pieusement dans ce siècle au milieu duquel il est placé. Tit., ii, 12. Voir Monde, t. iv, col. 1234.

H. Lesêtre.
    1. SIÈGE##

SIÈGE (hébreu : kissê, môSâb ; Septante : Sicpooç, xoc9É8pa, 8pôvoç ; Vulgate : cathedra, sella, sedes, sedile), meuble dont on se sert pour s’asseoir. — Le siège des rois et celui de Dieu prennent le nom de trône. Voir Trône. — Les anciens Égyptiens avaient des sièges ressemblant à nos chaises et à nos tabourets (fig. 370). Les gens du peuple se passaient de ce genre de meubles ; ils se contentaient de s’accroupir à terre. Cf. t. iv, fig. 104, col. 303. Les sages-femmes égyptiennes, en attendant le moment de l’accouchement, se tenaient assises sur un siège bas appelé’ébén, « pierre » ou double pierre, semblable à la roue des potiers et encore en usage aujourd’hui. Exod., i, 16. Cf. Gesenius, Thésaurus, Addenda, p. 63. Les versions ne rendent pas ce mot et certains commentateurs pensent qu’il se rapporte plutôt au sexe des nouveau-nés. Cf. de Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 35.— Chez les Hébreux, les sièges ordinaires étaient au moins aussi simples qu’en Egypte et en Chaldée. Voir t. iv, fig. 123, col. 422. D’après les Septante et la Vulgate, les Philistins accablés de fléaux à cause de la présence de l’Arche se firent des sièges, é’Bpocç, sedes, de peaux. I Reg., v, 9. Il n’est pas fait mention de ces sièges dans le texte hébreu. Le grand-prêtre Héli avait son siège à la porte du sanctuaire. I Reg., i, 9 ; IV, 13. Il en tomba à la renverse quand on lui apprit la prise de l’Arche. I Reg., iv, 18. Saül avait le sien, placé près du mur, dans sa salle de festin. I Reg., xx, 25. Quand la femme de Sunam voulutmeubler une chambre pour recevoir Elisée, elle y mit un lit, une table, un siège et un chandelier. IV Reg., IV, 10. On prépara deux sièges d’honneur pour l’entrevue de Nicanor et de Judas Machabée. II Mach., XIV, 21. Notre-Seigneur renversa dans le Temple les sièges des vendeurs. Matth., xxt, 12 ; Marc, XI, 15. Il reprocha auxscribes et aux pharisiens de s’attribuer les premiers sièges dans les synagogues. Matth., xxiii, 6 ; Marc, xii, 39 ; Luc, xi, 43 ; xx, 46. — La sagesse est assise sur un siège élevé, du haut duquel elle invite les hommes à venir à elle. Prov., ix, 14. Il est recommandé de ne pas solliciter du roi un siège d’honneur, Eccli., vil, 4, et de ne pas placer un ennemi à sa droite, de peur qu’il ne s’empare du siège de son hôte. Eccli., xii, 12. — Les scribes sont assis sur les sièges de Moïse, c’est-à-dire enseignent à sa place. Matth., 1709

SIÈGE - SIÈGE D’UNE VILLE

1710

xxiii, 2. — Le siège est aussi la place occupée par le juge. Eccli., xxxviii, 38 (33). Job, xxix, 7, avait son siège sur la place publique. À Jérusalem étaient établis les sièges de la justice. Ps. cxxii (cxxi), 5. Les apôtres prendront place un jour sur douze sièges, comme assesseurs du souverain Juge. Matth., xix, 28. — Vingt-quatre sièges sont réservés dans le ciel pour les vieillards qui entourent le trône de Dieu. Apoc,

iv, 4.
H. Lesêtre.
    1. SIÈGE D’UNE VILLE##

SIÈGE D’UNE VILLE (hébreu : mdsôr, de sûr, et sârar, « assiéger » ; Septante : 7rspiox*i> vjytXziaf41 ; Vulgate : obsidio), attaque d’une place protégée par des murs et des fortifications. Voir fig. 371. Voir aussi le siège de Lachis, t. iv, fig. 4, col. 15-16 ; d’Ascalon, 1. 1, fig. 286, col. 1061-1062.

I. Prescriptions légales. — Il fut ordonné aux Hébreux d’assiéger les villes de Chanaan, mais seulement après leur avoir offert la paix. Deut., xx, 10, 12. Quand on entreprenait un siège, il était défendu de détruire les arbres fruitiers ; on ne pouvait se servir contre la ville que de bois provenant des autres arbres.

ce ne fut pas leur attaque, mais un miracle qui en vint à bout.

1° Les assiégés. — Ils se mettaient à l’abri de leurs murs, flanqués de tours. II Par., xxvi, 15 ; xxxii, 5 ; Soph., i, 16. Les murailles étaient percées çà et là de portes voûtées, garnies de barres solides. Deut., iii, 5. Sur les tours et aux angles, quand on le pouvait, on plaçait des machines pour lancer des flèches et de grosses pierres et empêcher l’ennemi d’approcher du pied de la fortification. II Par., xxvi, 15. Voir Machine de guerre, t. iv, col. 505. En avant de la muraille était ménagé un fossé, protégé lui-même par un petit mur,

! }êl, itpoT£t’; (i<T[Ji.a, xspiretxoç, antemurale. II Reg., 

xx, 15 ; Is., xxvi, 1 ; Lam., ii, 8 ; Nah., iii, 8. Cf. III Reg., xxi, 23 ; Ps. xlviii (xlvii), 14. Quelques villes avaient des forteresses détachées. Jud., ix, 46, 51 ; II Reg., v, 7 ; II Par., xxvli, 4. On veillait à pourvoir la place de vivres et de munitions. Judith, IV, 4 ; I Mach., xiii, 33. La famine était le plus grand danger couru par une place assiégée ; si forte fût-elle, elle succombait fatalement à la faim quand le siège se prolongeait. Voir Famine, t. ii, col. 2175. La question de

^*rs 370. — Sièges égyptiens.

Deut., xx, 19, 20. — Si les Israélites sont infidèles, Dieu enverra contre eux une nation impitoyable qui dévorera tous leurs biens, assiégera toutes leurs villes et les réduira eux-mêmes à se nourrir du fruit de leurs entrailles. Deut., xxviii, 49-53. — Salomon demanda que le peuple assiégé, venant prier dans le Temple, fût exaucé par le Seigneur. III Reg., viii, 37.

II. Les opérations d’un siège. — Beaucoup de villes de Palestine étaient fortifiées. Voir Fortifications, t. ii, col. 2318. Dans un temps où les invasions se produisaient avec tant de fréquence et d’imprévu, il était important de mettre à l’abri d’un coup de main les personnes et les biens. Faute de cette précaution, des bandes de Philistins et d’Arabes purent impunément enlever les richesses, les fils et les femmes de Joram, roi de Ju’a. II Par., xxi, 17. Les anciennes villes chananéennes, que Josué et les Hébreux eurent à assiéger et à prendre, étaient pourvues de fortifications bien conçues, caractérisées par les trois éléments suivants : murs assez épais pour résister à la sape et permettre d’utiliser la crête pour la défense, socle de pierre et glacis à la base du rempart, et enfin tracé à saillies suffisantes pour protéger la base de la muraille dans toute son étendue. Ce système défensif se distinguait nettement de la fortification égyptienne, à hautes et longues murailles nues pourvues d’un faible parapet, et se rapprochait beaucoup, au contraire, de la fortification chaldéenne à-laquelle elle avait emprunté ses inspirations. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 83, 84 (fig. 372). Les Hébreux se heurtèrent pour la première fois à des murailles de ce genre à Jéricho, et

l’eau avait aussi une importance capitale. Nah., III, 14. Pour assurer l’eau à Jérusalem en cas de siège, Ezéchias fit creuser le tunnel de Siloé. IV Reg., xx, 20 ; II Par., xxxii, 30 ; Eccli., xlviii, 17. Voir Aqueduc, t. i, col. 804. Pour réparer les brèches, on disposait des fours à briques et l’on se munissait de provisions d’argile. Enfin, les armes nécessaires étaient distribuées aux hommes capables de s’en servir utilement. Nah., m, 14. Au besoin, on abattait des maisons pour faciliter la défense. Is., xxii, 10. On faisait des sorties pour tâcher de détruire parle feu les machines de l’ennemi. II Reg., xi, 17 ; I Mach., vi, 31. Du haut des murs, on lançait sur lui des pierres, des flèches, et toutes sortes de projectiles. Jud., ix, 53 ; II Reg., xi, 21, 24.

2° Les assiégeants. —Ils commençaient par entourer la ville de travaux de circonvallation, palissades, murs ou fossés, pour empêcher le ravitaillement de la ville. Deut., xx, 20 ; IV Reg., xxv, 1 ; Jer., lii, 4 ; Ezech., xvii, 17 ; Luc, xix, 43. Ils coupaient les aqueducs et s’emparaient des fontaines pour en interdire l’usage aux assiégés. Judith, vii, 6, 7. Ensuite, ils abattaient des arbres pour construire des terrasses et des tours d’attaque que l’on approchait des murs, pour être à la hauteur des assiégés ou les dominer. II Reg., xx, 15 ; IV Reg., xix, 32 ; Eccle., ix, 14 ; Is., xxxvii, 33 ; Jer., vi, 6 ; Ezech., iv, 2 ; xxi, 27 ; xxvi, 8. Au moyen de béliers (fig. 373) et de machines diverses, Ezech., iv, 2 ; xxi, 27 ; I Mach., xi, 20 ; xiii, 43, on s’efforçait d’enfoncer les portes ou de pratiquer des brèches dans la muraille. Voir Bélier, t. i, col. 1562. A l’aide d’échelles, on tentait l’escalade. Voir Échelle, 371. — Siège d*une ville par les Assyriens. D’après A. Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pi. 68. 1713

SIÈGE D’UNE VILLE

1714

t. ii, col. 1559 ; Ascalon, t. i, fig. 286, col. 1061. Pour hâter la reddition de la place, on renforçait le blocus et on dressait des embuscades. Jer., Ll, 12. Quand la place était prise, les vainqueurs détruisaient les murs et les maisons, et massacraient les habitants, Jud. i, 25 ; ix, 45 ; Jer., li, 58 ; I Mach., v, 51, 52 ; II Mach., v, 13 ; x, 17, 23, ou les emmenaient en esclavage. Voir Esclavage, t. ii, col. 1918. Les rois hébreux n’appliquaient pas ces mesures à la rigueur ; ils passaient pour être cléments. III Reg., xx, 31. Ils se contentaient parfois d’otages, IV Reg., xiv, 14, ou de tributs. II Reg., vin, 6, 14.

III. Sièges mentionnés dans la Bible. — 1° Sous Josué et les Juges — Jéricho, qui fut emportée par miracle au bout de sept jours. Jos., v, 12-24. — Haï, prise à la suite d’une embuscade. Jos., viii, 10-24. — Sichem, prise d’assaut par Abimélech, qui brûla ensuite la tour de Sichem avec ceux qu’elle contenait. Jud., ix, 42-49. — Thèbes, dans laquelle Abimélech entra de vive force, mais périt le crâne brisé par une pierre jetée du haut do la tour. Jud., ix, 50-54. — Gabaa, prise par les tribus soulevées contre Benjamin. Jud., xx, 36, 37.

372. — Plan d’une place chaldéenne, sur la tablette de Goudéa. D’après de Sarzec-Heuzey, Découvertes en Châtiée, pi. 15, 1.

2° Sous les rois avant le schisme. — Jabès, assiégé par les Ammonites et délivré par Saûl. I Reg., xi, 1-11.

— Jérusalem, prise par David aux Jébuséens, qui le défiaient d’y entrer. II Reg., v, 6-9. — Rabbath, longtemps assiégée par Joab et défendue par les Ammonites ; David vint lui donner le dernier assaut, y fit un grand butin et réduisit les habitants en esclavage. II Reg., xi, 1-17 ; xii, 26-31. — Abel-Belh-Maacha, assiégé par Joab et où la tête du révolté Séba fut jetée à l’assiégeant du haut de la muraille. II Reg., xx, 14-22. — Gazer, que le roi d’Egypte prit et donna à Salomon comme dot de sa fille. III Reg., ix, 16.

3°<S)OMs les rois après le schisme. — Jérusalem, prise par le pharaon Sésac et dépouillée de ses trésors. III Reg., xiv, 25, 26. — Gebbéthon, qu’assiégeaitNadab, roi d’Israël, quand il fut tué par Baasa. III Reg., xv, 27 ; xvi, 15. — Sajnariâ, assiégée par Bénadad, roi de Syrie, sous Achab, et délivrée par une sortie des Israélites. III Reg., xx, 1-21. — Ramoth Galaad, assiégé sans succès par Achab et Josaphat. III Reg., xxii, 3-36. — Samarie, assiégée longtemps par Bénadad, roi de Syrie, pour la seconde fois. La famine s’y fit si cruellement sentir qu’une femme mangea son enfant. Les Syriens, pris de panique, prirent subitement la fuite un matin, en laissant leur camp plein de provisions. III Reg., vi, 24-vu, 20. — Jérusalem, prise par Joas, roi d’Israël, sous Amasias, roi de Juda. Joas fit une brèche de quatre cents coudées dans la muraille et emporta les trésors du Temple et du roi ainsi que des otages. IV Reg., xiv, 13, 14. — Jérusalem, assiégée en vain, sous Achaz, par Rasin,

de Syrie, et Phacée, d’Israël. IV Reg., xvi, 5. — Samarie, assiégée pendant trois ans par Salmanasar, roi d’Assyrie. La prise de la ville entraîna la ruine du royaume d’Israël et la déportation de ses habitants. IV Reg., xvii, 5, 6. — Béthulie, assiégée par Holopherne, chef d’armée du roi d’Assyrie, épuisée par le manque d’eau et sauvée par Judith. Judith, vii, 1-25 ; xiii, 1-11.

— Jérusalem, menacée de près par Sennachérib, sous Ézéchias, et délivrée par une intervention divine, qui extermina l’armée assyrienne. IV Reg., xviii, 17-37 ; xix, 35-36. — Jérusalem, assiégée une première fois, sous Joachin, par Nabuchodonosor, qui emporta les vases sacrés du Temple et emmena en captivité Joachin et plusieurs milliers d’Israélites. IV Reg., xxiv, 10-16.

— Jérusalem, assiégée une seconde fois par Nabuchodonosor, sous Sédécias. Le siège dura dix-huit mois, interrompu seulement pendant quelque temps par une diversion du pharaon d’Egypte. Voir Sédécias 2, col. 1558. La ville eut à souffrir de la famine. Les Chaldéens y entrèrent par une brèche faite dans la muraille, brûlèrent le Temple et les grandes maisons et emmenèrent en captivité la plus grande partie de la population. IV Reg., xxv, 1-21 ; Jer., xxxix, 1-10 ; lii, 1-34.

4° Sièges annoncés et décrits par les prophètes. — Les prophètes s’étendent assez longuement sur les sièges auxquels succomberont les villes suivantes : Samarie, Is., xxviii, 1-4 ; Ezech., xxiii, 5-10 ; Ose., xiv, 1 ; Mich., i, 6, 7. — Jérusalem, Is., xxii, 1-11 ; xxix, 1-8 : Jer., vi, 1-9, 22-30 ; xxi, 5-10 ; xxxiv, 1-7 ; Ezech., iv, 1-3 ; x, 1-8 ; xxi, 23-32 ; xxiii, 22-25. — Rabbath Ammon, Jer., xlix, 2-5 ; Ezech., xxv, 3-7 ; Am., i, 13-15.

— Damas, Is., xvii, 1, 2 ; Jer., xxiii, 24-27. — Ninive, Nah., ii, 1-13. — Tyr, Is., xxiii, 1-14 ; Ezech., xxvi, 2-21.

— Sidon, Ezech., xxviii, 22-24. — Babylone, Is., xiii, 1-2 ; xxi, 1-9 ; xlvi, 1, 2 ; xlvii, 1-15 ; Jer., xxv, 12-14 ; l, 2-46 ; li, 1-58 ; cf. Dan., v, 28-31.

5° Sous les Machabées. — Jérusalem est prise par Judas Machabée, sauf la citadelle qui avait une garnison syrienne. I Mach., i, 36-60. — JudasMachabée assiégea et prit successivement les tours des Iduméens, ! Mach., v, 5, Gazer, I Mach., v, 8, Bosor, I Mach., v, 28, Maspha, I Mach., v, 35, Camaïm, dont il brûla le temple, I Mach., v, 43-45, Éphron, prise après un jour et une nuit d’assaut, I Mach., v, 46-51, tlébron, dont il détruisit les fortifications, I Mach., v, 65, et Azot, où il démolit les autels idolâtriques. I Mach., v, 68. Il assiégea ensuite la citadelle de Jérusalem, mais sans résultat. I Mach., vi, 18-22. — Belhsur, assiégé par les Syriens, dut se rendre, malgré une sortie heureuse des Juifs, à cause du manque de vivres. I Mach., vi, 26-50. — Lysias assiégea longtemps le Temple, dans lequel les vivres finirent aussi par manquer, et, y étant entré en vertu d’un traité, il viola son serment en faisant abattre la muraille protectrice. I Mach., vi, 48-62. — Bethbessen, fortifiée par Jonathas et Simon, fut assiégée par Bacchide et délivrée grâce à une sortie de Simon concordant avec une attaque extérieure de Jonathas. I Mach., ix, 62-69. — Joppé fut prise par Jonathas. I Mach., x, 75, 76. — Jonathas assiégea de nouveau la citadelle de Jérusalem, occupée par les Syriens, mais ne put en obtenir la reddition. 1 Mach., xi, 20-23, 41-43, 53. — Gaza et Belhsur, assiégées se rendirent. 1 Mach., xi, 62, 65. — Gaza, assiégée de nouveau par Simon, fut prise d’assaut. I Mach., xiii, 43-48. — Simon s’empara enfin de la citadelle de Jérusalem, dont la garnison souffrait de la famine. IMach., xiii, 49-51. — Dora, assiégée par Antiochus VII. I Mach., xv, 13, 14, 25.

6° Les derniers sièges de Jérusalem. — Sous Jean Hyrcan, Antiochus Sidétès mit le siège devant Jérusalem et investit la ville de sept camps. Pour épargner les vivres, les assiégés firent sortir les bouches inutiles, que les Syriens empêchèrent de passer, et qu’il fallut reprendre dans la ville. Antiochus ayant accordé un armistice à l’occasion de la fête des Taber1715

SIÈGE D’UNE VILLE — SIFFLEMENT

1716

nacles, les affaires s’arrangèrent et la cité se rendit à certaines conditions peu onéreuses. Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 2. — En 65, Aristobule, en discorde avec son frère Hyrcan, se réfugia dansle Temple de Jérusalem. Les Arabes d’Arétas, alliés d’Hyrcan, vinrent l’y assiéger, avec le concours de tout le peuple, car Aristobule n’avait que les prêtres avec lui. Le siège se prolongea, sans qu’on pût célébrer la Pâque, et il ne fut levé que sur l’ordre du légat de Syrie, Scaurus. Josèphe, Ant. jud., XIV, II, 1-3. — Deux ans après, la compétition persistant entre les deux frères, Pompée vint à Jérusalem, dont les partisans d’Hyrcan lui ouvrirent les portes, tandis que ceux d’Aristobule se retranchaient dans le Temple. Pompée fit venir des machines de Tyr, assiégea la place pendant trois mois, parvint à renverser une tour et pénétra dans l’enceinte sacrée. De grands massacres y. furent exécutés. Pompée pénétra dans le

de sa mort, le Sauveur est entré dans plus de détails. Tout d’abord, on verra l’abomination de la désolation dans le lieu saint : ce sera pour ses disciples qui seront en Judée le moment de fuir dans les montagnes, sans plus tarder. Il y aura ensuite une grande tribulation, telle qu’on n’en a pas vu précédemment. Jérusalem sera investie par une armée ; une terrible fureur se déchaînera contre le peuple ; les uns seront frappés du glaive, les autres traînés en captivité parmi toutes les nations. La ville sera foulée aux pieds par les gentils et, du Temple, il ne restera pas pierre sur pierre. Matth., xxiv, 2-22 ; Marc, xiii, 2-19 ; Luc, xxi, 6-24. Enfin, pendant qu’on le menait au Calvaire, Jésus dit aux femmes de Jérusalem de pleurer sur elles-mêmes et sur leurs enfants, à raison des jours qui allaient venir. Luc, xxii, 28, 29. La génération contemporaine du Sauveur était donc destinée à voir l’accomplissement

373. — Assyriens attaquant une ville assiégée, les uns à pied, les autres montés sur un bélier en forme de tour roulante. D’après A. Layard, Nineveh and its Remains, t. ii, p. 368.

Saint des saints, et ensuite ordonna de purifier le sanctuaire afin d’y recommencer l’offrande des victimes. La Judée devint dès lors province romaine. Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 1-4. — En 40, An.tigone, fils d’Aristobule, désireux de succéder à son père, surprit la capitale et s’établit dans le Temple, pendant qu’Hérode occupait la forteresse de Baris. Les deux partis engagèrent une lutte sanglante et les Parthes, appelés par Antigone, pillèrent la ville et ses environs. Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 3-10. — Couronné roi de Judée à Rome, en 39, Hérode vint assiéger Jérusalem au printemps de l’année 37, pour la reprendre à Antigoae. Onze légions romaines et six mille hommes de cavalerie poursuivirent le siège avec vigueur. Il leur fallut néanmoins cinq mois d’efforts pour prendre la ville et ils durent . « nsuite donner l’assaut au Temple. Un grand carnage s’ensuivit. Josèphe, Ant. jud., XIV, xvi, 1, 2.^1

7° Le siège final. — Notre-Seigneur a prédit les principaux événements du siège de Jérusalem par les Romains. Il dit à la cité rebelle aux appels de la grâce : « Des jours viendront sur toi où tes ennemis t’entoureront d’un retranchement, t’environneront et te presseront de toutes parts ; ils t’abattront jusqu’à terre ainsi que tes fils qui habitent en toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre. s Luc, xix, 43, 44. Deux ou trois jours après cette première prédiction et presque à la veille

de la prophétie. Les événements se déroulèrent conformément à la prédiction du Sauveur. Voir Jérusalem,

t. iii, col. 1393.
H. Lesêtre.
    1. SIFFLEMENT##

SIFFLEMENT (hébreu : serêqâh, de Sàracj, « siffler » ; Septante : <rjpi<sy.6< ; , o-yptyM-oç, <715pty|jia ; Vulgate : sibilus), son particulier produit par l’expulsion de l’air à travers les lèvres disposées d’une certaine façon. Par extension, on dit que le vent siffle, Sap., xvii, 17, à cause du bruit aigu que détermine son passage à travers différents obstacles. — 1° Le sifflement sert pour appeler certains animaux que ce son attire, soit instinctivement soit par suite d’une habitude. Il est dit métaphoriquement que Dieu sifflera les nations étrangères, Is., v, 26, les mouches d’Egypte et les abeilles d’Assyrie, c’est-à-dire les guerriers de ces deux pays, contre son peuple devenu infidèle. Is., vil, 18. De même, plus tard, pour rassembler les restes d’Éphraïm, il les sifflera comme des êtres familiarisés avec cet appel. Zach., x, 8. — 2° En hébreu, comme en grec, en latin et en beaucoup d’autres langues, le sifflement est aussi un signe de moquerie, probablement parce que siffler quelqu’un, c’est lui adresser le seul langage que comprennent habituellement les animaux. On siffle sur le méchant après sa mort. Job, xxvii, 23. Chacun siffle l’infamie du paresseux. Eccli.,

xxii, 1 (grec). On sifflera sur la nation israélite, sur son Temple, et sur Juda devenu infidèle. III Reg., ix, 8 ; II Par., xxix, 8. Jérémie annonce les sifflets de moquerie qui poursuivront Juda et Jérusalem, xviii, 16 ; xix, 8 ; xxv, 9, 18 ; xxix, 18 ; Édom, xlix, 17, et Babel, L, 13 ; li, 37. La prophétie s’accomplit pour Jérusalem prise par les Chaldéens. Lam., ii, 15, 16. Les sifflets moqueurs sont encore prédits à Israël, Mich., vi, 16, à Tyr, Ezech., xxvil, 36, et à Ninive. Soph., ii,

15.
H. Lesêtre.
    1. SIGGÂYÔN##

SIGGÂYÔN (Septante : i|/a).(i.ôç, ùSr, ; Vulgate : psalmus. pro ignorantiis), est un terme musical désignant vraisemblablement un hymne strophique. Il se lit au titre du Psaume vu et au cantique d’Habacuc, m, 1, sous la forme plurielle sigyànôt. La traduction des Septante : p.età œ3 ? É ; , Hab., iii, 1, répond à celle du targum chaldéen NrPTiN, « louange ». Ps. vii, 1.

La racine est ni* II. Cf. nsto et **ito, « se multiplier, grandir », Syr. j) » /w, « être grand, nombreux » ; causatif : « grandir, magnifier ». Le terme siggâyôn, de même forme que higgâyôn (voir Musique des Hébreux, t. iv, col. 1348), semble correspondre au terme liturgique syiaque J A. ^-i » * *y désignation d’hymnes composées de plusieurs strophes. Il est vrai que les psaumes sont généralement des pièces strophiques ; mais siggdyôn pourrait s’appliquer à des morceaux d’un rythme déterminé. Or le psaume vu et le Cantique d’Habacuc, qui portent cette indication, étant écrits suivant lamesure heptasyllabique à trois parallèles distincts, E. Bouvy, Le rythme syllabique, dans Lettres chrétiennes, l. ii, p. 280 ; siggdyôn désignerait ce mètre ou la mélodie applicable à ce mètre. Il est vrai que ce même rythme est suivi par d’autres psaumes et cantiques, auxquels notre indication n’est pas attribuée ; mais on sait que les indications rythmiques ou musicales, ajoutées au texte sans doute par les copistes, ayant perdu dans la suite leur signification, ne se trouvent ni constamment ni exactement portées dans le psautier. — La traduction pro ignorantiis, à cause du pluriel sigyànôt, Hab., ^jn, 1, de la Vulgate provient de la racine nsfcr I, « errer, s’égarer, changer, pécher par ignorance ». C’est sans doute aussi le sens de « changer, varier », qui a fait donner à sûgîfâ et à iigyônôt le sens de « tons variables ». La sanla Biblia traducida de las lenguas originales. Version moderna, New-York, 1899, p. 830. — Gesenius, Thésaurus (continué par Roediger), p. 1362, donne à Siggdyôn le sens de poème analogue au dithyrambe, ode irrégulière {voir Psaumes, col. 808), et cette explication est acceptée par un grand nombre d’hébraïsants. J. Parisot.

    1. SIGNATURE##

SIGNATURE (grec : arifizXov, Vulgate : signum), marque personnelle servant à authentiquer un écrit. — Souvent on se servait du sceau comme de marque personnelle. Voir Gravure, t. iii, col. 308 ; Sceau, t v, col. 1522. D’autres fois, on traçait un signe à la main à la fin de l’écrit. Job, xxxi, 35, parlant de sa défense, dit en l’achevant : « Voici mon tdv. » Les versions ne rendent pas ce mol. Le (dv est la dernière lettre des alphabets sémitiques ; il avait fréqu3mment la forme d’une croix ou d’un X. Voir Alphabet, 1. 1, col. 406-414. On s’en servait comme de signe pour marquer des personnes, ou des choses. Ezech., IX, 4. Il est possible que Job, arrivé à la fin de son plaidoyer, veuille dire simplement : « Voici ma dernière lettre », mon dernier mot. Cf. Frz. Delilzsch, Dos Buch Job, Leipzig, 1876, p. 421. On croit cependant que le (dv pourrait être aussi la signature de Job, de même qu’une croix a été longtemps et est encore la signature de ceux qui ne savent pas écrire. Cf. A. Le Hir, Le livre de Job, Paris, 1873, p. 364 ; S. Cox, BookofJob, Londres, 1880, p. 400 ;

Enabenbauer, In Job, Paris, 1885, p. 366. — Les Chaldéens signaient les contrats en mettant l’empreinte de leur ongle sur l’argile encore fraîche qui avait reçu le texte (fi g. 374). Voir Ongle, t. IV, col. 1814. — Saint Paul a signé plusieurs de ses Épîtres avec la formule : « Salutation, de ma main à moi, Paul ». I Cor., xvi, 21 ; Col., iv, 8 ; Philem., 19. Aux Galates, vi, 11, il écrit : « Voyez quelles lettres j’ai tracées pour vous de

// ^T^iir^

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^] & M f

374. — Signatures d’ongles.

D’après Scheil, Textes èlamitiques-sémi tiques,

Paris, 1902, p. 173, 175, 179, 181.

ma propre main, » faisant allusion sans doute aux grosses lettres que son mal d’yeux l’obligeait à former. A la fin de sa seconde Jipilre aux Thessaloniciens, iii, 17, il écrit : « La salutation est de ma propre main, à moi Paul ; c’est là ma signature dans toutes mes lettres : c’est ainsi que j’écris. » Le nom de l’auteur d’une lettre se mettait ordinairement au début. L’Apôtre ajoutait une signature de sa propre main, à la fin de l’Épître qu’il avait dictée, afin de mettre ses correspondants en garde contre les entreprises des faussaires.

H. Lesêtre.
    1. SIGNE##

SIGNE (hébreu : ’ôt, et beaucoup plus rarement mô’êd, môfê’, mihydh, mas’êt, nés ; Septante : <n)( ; .eîov, ujffdïiixov ; Vulgate : signum), attestation visible d’une chose qui ne se voit pas.

1° Signes dans le ciel. — Les grands astres, le soleil et la lune, sont les signes du temps, ils en marquent la division en jours et en années. Gen., i, 14. Il se produit dans le ciel différents phénomènes astronomiques ou météorologiques dont les gentils tirent des conséquences fâcheuses. Voir Astrologues, t. i, col. 1191. Jérémie, x, 2, dit qu’il ne faut pas se laisser effrayer par ces signes du ciel. Les idoles sont incapables de faire apparaître de pareils signes. Bar., vi, 66. On tirait de l’aspect du ciel des pronostics sur le temps. Matth., xvi, 2-4 ; Luc, xii, 54-56. Les pharisiens et les sadducéens demandèrent à Notre-Seigneur un signe dans le ciel, en preuve de sa mission. Il leur refusa ce miracle de pure curiosité. Matth., xvi, 1-4 ; Marc, viii, 11, 12. Luc, xi, 16. Il y aura dans le ciel des signes précurseurs de la lin du monde. Matth., xxiv, 3 ; Luc, xxi, 7, 25 ; Marc, xiii, 4.

2° Signes naturels. — De ce nombre sont les signes de la lèpre, Lev., xiii, 10, 24, et ceux de la virginité. Deut., xxii, 15, 17. Les anges disent aux bergers qu’ils reconnaîtront le Sauveur dont ils annoncent la naissance à ce signe : un enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche. Luc, ii, 12.

3° Signes conventionnels. — Le sang de l’agneau pascal, sur les montants et le linteau de la porte des Hébreux en Egypte, sera le signe que leurs maisons doivent être épargnées. Exod., xii, 13. Rahab devra mettre sur sa maison le signe qu’on lui indique, pour

échapper à l’extermination. Jos., ii, 12, 18. La fumée s’élevant de Gabaa sera pour les Hébreux le signe que le moment est venu de sortir de leur embuscade. Jud., XX, 38. Jonathas convient avec son étuyer que, si les Philistins les appellent, ce sera le signe qu’ils peuvent monter les attaquer. I Reg., xiv, 10. Toutefois ce signe implique une convention tacite avec Dieu, qui seul peut faire réussir l’entreprise. On élevait des signaux sur la montagne, probablement en allumant un feu, pour annoncer l’approche des ennemis. Jer., vi, 1. On employait le même procédé pour faire connaître à tout le pays le jour de la néoménie. Voir Néoménie, t. iv, col. 1590. Tobie donna à son fils l’écrit de son parent concernant sa dette, afin que celui-ci le reconnût. Tob., v, 2. Judas fit d’un baiser donné à Jésus le signe auquel la cohorte reconnaîtrait celui qu’elle devait arrêter. Matth., xxvi, 48 ; Marc, xiv, 44. — Il y avait des signes adoptés pour distinguer dans les campements les familles des diverses tribus, Num., ir, 2, les combattants des différentes nations. Ps. lxxiv (lxxiii), 4, etc. Voir

    1. ÉTENDARD##

ÉTENDARD, t. II, Col. 1998.

4° Signes commémoratifs. — Par la volonté de Dieu l’arc-en-ciel devient le signe de son alliance avec l’humanité. Gen., ix, 12, 13, 17. L’alliance de Dieu avec la race d’Abraham a pour signes la circoncision, Gen., xvii, 11 ; Rom., iv, 11, et le sabbat. Exod., xxxi, 13 ; Ezech., XX, 12, 20. Les phylactères sont les signes des commandements divins, spécialement de ceux qui concernent les azymes et les premiers-nés, et rappellent ainsi la délivrance de l’Egypte. Exod., xiii, 9, 16 ; Deut., vi, 8 ; xi, 18. Voir Phylactères, col. 349. Les encensoirs de Coré et de ses compagnons de révolte furent réduits en lames et appliqués à l’autel, comme signes de la faute et de son châtiment. Num., xvi, 38. La verge fleurie d’Aaron fut placée devant l’Arche, comme signe de la répression exercée sur ceux qui s’étaient révoltés contre le grand-prêtre. Num., xvii, 10. Josué fit dresser douze pierres prises dans le lit du Jourdain, comme signes, pour la postérité, du passage miraculeux des Hébreux. Jos., iv, 6. Judas Machabée fit attacher à la citadelle la tête de Nicanor, en signe de la protection accordée par Dieu à ses serviteurs. II Mach., xv, 35.

5° Signes indicatifs. — Dieu mit un signe sur Caïn afin qu’on le reconnût. Gen., iv, 15. Coré et ses complices furent engloutis, pour servir de signes de la colère de Dieu. Num., xxvi, 10. Cf. Deut., xxviii, 46 ; Job, xxi, 29 ; Ezech., xiv, 8. Gédéon demanda un signe de la volonté de Dieu qui l’envoyait combattre les Madianistes. Jud., vi, 17, 39. Le persécuté est pour la foule un signe de la protection de Dieu, parce que ses ennemis ne peuvent venir à bout de lui. Ps. lxxi (lxx), 7. Saint Paul donne comme signes de la légitimité de son apostolat ses vertus et ses miracles. II Cor., xii, 12. — Le Sauveur doit « être un signe en butte à la contradiction, et ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d’un grand nombre, n Luc, ii, 34, 35. L’attitude que l’on prendra vis-à-vis de lui indiquera ce que l’on pense et ce que l’on veut au fond de l’âme.

6° Signes prophétiques. — Le signe que Dieu sera avec Moïse, c’est qu’il sera servi sur la montagne où il lui parle. Exod., iii, 12. Ici les deux faits sont futurs et le second confirmera le premier. Mais la parole de Dieu doit donner toute certitude à Moïse. La mort des deux fils d’Héli le même jour prouvera la réalité des événements annoncés comme devant suivre. I Reg., Il, 34. Samuel indique à Saül différents signes qui vont se produire et confirmeront la légitimité de son titre de roi. I Reg., x, 1, 7-9. L’autel de Béthel se fend sous les yeux de Jéroboam en signe de sa destruction future. III Reg., xiii, 3, 5. Isaîe, vii, 11-14, donne à Achaz le signe de l’Emmanuel, pour annoncer le prochain châtiment de la Syrie et d’Israël. La récolte de la troisième année sera le signe de la restauration de Sion.

IV Reg., xix, 29 ; Is., xxxvii, 30. La rétrogradation de l’ombre du cadran solaire est le signe de la prochaine guérison d’Ézéchias et de la délivrance du pays. IV Reg., xx, 8, 9 ; II Par., xxxii, 24, 31 ; Is., xxxviii,

7, 22. Les Israélites fidèles sont le signe et le présage que Dieu n’abandonnera pas son peuple. Is., viii, 18. Le prophète nu et déchaussé est le signe du sort préparé à l’Egypte et à l’Ethiopie. Is., xx, 3. Le pharaon Éphrée livré à ses ennemis est le signe du châtiment qui frappera les Juifs idolâtres. Jer., xliv, 29, 30. Ézéchiel, iv, 3, met une poêle de fer entre lui et Jérusalem, en signe du siège imminent de la ville. Il reçoit l’ordre de fuir par un trou de la muraille, pour signifier la fuite de Sédécias. Ezech., xii, 6, 11. Le silence imposé au prophète est le signe de la prise de Jérusalem, bientôt réduite, elle aussi, au silence. Ezech., xxiv, 24, 27. Le grand-prêtre et ses collègues sont les signes du Messie futur. Zach., iii, 8. Beaucoup d’autres actions symboliques, accomplies par les prophètes, sont les signes des événements qu’ils ont à prédire. La sagesse prédit et interprète ces signes. Sap., viii,

8. — Saint Jean décrit plusieurs signes prophétiques des destinées de l’Église. Apoc, XII, 1, 3 ; xv, 1.

7° Signes miraculeux. — Les miracles sont appelés des « signes », parce qu’ils sont la démonstration visible de la puissance de Dieu, au service de sa bonté ou de sa justice. Des signes nombreux ont accompagné la délivrance du peuple hébreu de l’Egypte. Exod., iv, 8, 9 ; vii, 3, 9 ; x, 1, 2 ; Deut., iv, 34 ; vi, 22 ; vii, 19 ; xi, 3 ; xxvi, 8 ; xxix, 3 ; xxxiv, 11 ; Ps. lxxvih (lxxvii), 43 ; Jer., xxxii, 20 ; Bar., ii, 11 ; II Esd., ix, 10, etc. Les Israélites comptaient si bien sur ces interventions divines qu’à certaines époques ils se plaignaient en disant : « Nous ne voyons plus nos signes. » Ps. lxxiv (lxxiii), 9. Cependant ceux-ci n’ont jamais fait défaut. II Mach., xiv, 15 ; Dan., iii, 99, 100 ; vi, 27 ; xiv, 42. Comme de faux prophètes pouvaient opérer certains signes, il était défendu de les croire, malgré toutes les apparences de puissance qu’ils présentaient. Deut., xm, 2. — Dans le Nouveau Testament, les mincies sont habituellement appelés des « signes », parce qu’ils sont la manifestation visible de la mission et de la divinité de Jésus-Christ. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1504 ; Miracle, t. IV, col. 1111. Les Juifs veulent voir des signes. Matth., xii, 38, 39 ; I Cor., i, 22. Ils demandent à Notre-Seigneur quel signe il fait pour justifier ses paroles et sa conduite. Joa., ii, 18 ; vi, 30. Ces signes sont opérés par le Sauveur, Luc, xxiii, 8, etc., et par ses Apôtres, Act., ii, 19, 22, 43, etc. ; ils le seront par tous les croyants. Marc, xvi, 17, 20. — Le don des langues est un signe, mais seulement pour les infidèles. I Cor., xiv, 22. Voir Langues (Don des), t. iv, col. 79. — À la fin du monde apparaîtra le signe du Fils de l’homme. Matth., xxiv, 30. D’après S. Cyrille de Jérusalem, Catech., xv, 22, t. xxxiii, col. 899, S. Jean Damascène, De ftd. orthod., iv, 11, t. xciv, col. 1132, et beaucoup d’auteurs, ce signe n’est autre que la croix. C’est ce que suppose également la liturgie des fêtes de l’Invention et de l’Exaltation de la Croix, ad resp. Saint Jérôme, In Matth., IV, 24, t. xxvi, col. 180, dit que ce peut être la croix ou un étendard de victoire. Quelques-uns ont pensé que ce serait le Christ lui-même, mais à tort, car le Christ ne peut être son propre signe. Comme rien n’indique que le Sauveur ait eu l’intention, dans ce passage, de faire mention de sa croix, il est possible que le signe du Fils de l’homme soit la gloire particulière qui appartient au Verbe incarné et qu’il revendique pour lui-même la veille de sa mort. Joa., xvii, 5. Cf. Knabenbauer. Evang.

sec. M al th., Paris, 1893, t. ii, p. 339.
H. Lesêtre.

SIHA (hébreu : §i/ia’; Septante : Sov6îa), chef d’une famille de Nathinéens. I Esd., ii, 43 ; II Esd., vii, 47,

(hébreu, 46). Ils retournèrent en Palestine avec Zorobabel. Dans les Septante et la Vulgate, le nom est écrit 2*]â et Soha. Voir Soha.

    1. SIHOR D’EGYPTE##

SIHOR D’EGYPTE (hébreu : ëîhôr Misraïm ; Septante : àn6 êpiwv AiyûnTou ; Vulgate : Sihor jEgypti), ruisseau d’Egypte qui formait la frontière de l’Egypte et la séparait de l’Asie. David, pour le transport de l’arche de Cariathiarim à Jérusalem, rassembla tout Israël depuis Sihor au sud jusqu’à l’entrée d’Émath au nord. I Par., xiii, 5. — Ce ruisseau est appelé aussi Sihor dans Josué, xiii, 3, texte hébreu, où la Vulgate traduit : a fluvîo turbido qui irrigat Mgyplunx ; elle l’a pris pour le Nil, qui est en effet désigné par ce nom dans Isaïe, xxiii, 3, et dans Jérémie, ii, 18, où elle a mal traduit « qui arrose l’Egypte » ; l’hébreu porte : « qui est en face de l’Egypte » et le distingue ainsi du fleuve qui coule au milieu de l’Egypte dans sa longueur. Voir Egypte 3, t. ii, col. 1621. — Pour sihôr désignant le Nil dans le texte hébreu, Is., xxiii, 3 ; Jer., ii, 18, voir Chihôr, t. ii, col. 1702 ; Nil, t. iv, col. 1622.

S1HOR-LABANATH (hébreu : Sihôr LibnàÇ ; Septante, Codex Vaticanus : Sstràv stai AaëavàO ; Codex Alexandrinus : Seiwp xat Aaêavâû ; Vulgate : Sihor et Labanath), nom qui sert à déterminer la limite méridionale de la tribu d’Aser. Jos., xix, 26. Les Septante et la Vulgate voient ici deux noms distincts, unis par la conjonction « et », ce qui suppose la lecture du vav hébreu. On peut joindre à leur témoignage celui de la Peschito. Eusèbe et saint Jérôme, Qnomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 136, 152, 275, 294, distinguent également Sior et Labanath dans la tribu d’Aser. À quel texte donner la préférence ? Il est difficile de le savoir. II peut aussi y avoir eu dans ce passage un déplacement de noms. Cependant, comme le mot sihôr est pris ailleurs, Jos., xiii, 3, pour désigner un fleuve ou une rivière (voir Sihor d’Egypte), on accepte plus généralement le texte massorétique. Mais où trouver ce « fleuve de Labanath » ? On le cherche au-dessus ou au-dessous du Carmel, auquel il est associé dans le tracé de la frontière. Quelques-uns, s’appuyant sur le mot Libnaf, qui veut dire « blancheur », veulent identifier la rivière en question avec l’ancien Bélus, aujourd’hui Nahr Na’mdn ou Na’min, dont le sable servait à la fabrication du verre, cf. Pline, H. N., xxxvl, 26, et qui se jette dans la Méditerranée au sud et près de Saint-Jean d’Acre. Cf. G.Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 164. Mais, d’après le texte de Josué, le fleuve qui servait de limite à Aser devait se trouver au sud plutôt qu’au nord du Carmel. D’ailleurs, si l’on avait voulu indiquer près de la montagne un cours d’eau important, pouvant avec elle marquer la frontière, on eût plus naturellement choisi le Cison. Aussi beaucoup d’auteurs assimilent plutôt le sihôr Libnat au Nahr ez-Zerqâ, qui se jette dans la mer au sud de Tantàrah, l’ancienne Dor. C’est leflumen Crocodilon de Pline, II. N., v, 17, dans lequel on signalait encore en 1870 la présence de petits crocodiles. Cf. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 317. Y aurait-il eu dans le texte une leçon primitive, jnnb Timw, Sihôr livyâfdn, « le fleuve du crocodile », qui se serait changée en rjnb nnnr, Sihôr libnat ? Il est permis de faire ici toutes les conjectures. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in Josue, Paris, 1903, p. 429. On peut objecter à cette hypothèse que c’est transporter bien loin la frontière méridionale d’Aser. Mais nous savons par Josué, xvii, 11, qu’elle s’étendait primitivement jusqu’à Dor et ses dépendances, et qu’elle fut englobée plus tard dans la tribu de Manassé. Il n’est donc pas impossible de l’arrêter au Nahr ez-Zerqâ. Cf. A. Dillmann,

Josua, Leipzig, 1886, p. 560.
A. Legendre.
    1. SILAS##

SILAS (grec. SiXa ; ), un des chrétiens importants de l’Église primitive de Jérusalem. On admet communément que le Silas des Actes est le même que le Silvain ou Silvanus des Épitres. Silvas peut être une contraction de Silvanus, comme Apollos d’Apollonius ; ou bien Silvanus est une forme latinisée du nom sémitique Silas. Cf. I Par., vii, 35 ; Josèphe, Ant. jud., XIV, m, 2 ; XVIII, vi, 8 ; Vita, 17. Il paraît avoir eu comme saint Paul le titre de citoyen romain. Act., xvi, 37. —

— C’était un des principaux chrétiens de Jérusalem et il fut envoyé par les Apôtres et l’Église de cette ville à Antioche, en même temps que Judas Barsabas, avec Paul et Barnabe, afin d’y porter la lettre qui contenait les décisions du concile de Jérusalem. Act., xv, 22-29. Il demeura quelque temps en Syrie et y consola et instruisit les nouveaux chrétiens, j. 32, 34. Saint Paul se l’adjoignit comme auxiliaire, après s’être séparé de Barnabe et de Jean-Marc, ꝟ. 40. Il l’emmena avec lui en Syrie, en Cilicie, en Lycaonie, en Phrygie, en Galatie, à Troade, en Macédoine, à Philippes où ils furent battus et emprisonnés ensemble, à Thessalonique et à Bérée, et il le laissa dans cette dernière ville, lors de son départ pour Athènes. Act., xvi, 1-xvii, 14. Silas devait aller l’y rejoindre avec Timothée, xvii, 15, mais on n’a pas la preuve que le voyage ait eu lieu. Nous retrouvons Silas avec saint Paul à Corinthe, où il était venu le rejoindre de Macédoine, xviii, 5. Les Actes ne nous apprennent plus rien de son ministère apostolique. Saint Paul, II Cor., i, 19, lui rend le témoignage qu’il a prêché Jésus-Christ dans cette ville avec lui et Timothée. Saint Jérôme, In Gal., i, 19, t. xxvi, col. 330-331, dit qu’il a été apôtre avec Judas : Ab apostolis apostoli nominantur. Saint Paul, dans ses deux Épitres adressées de Corinthe aux Thessaloniciens, i, 1, leur écrit au nom de « Paul, Silvain et Timothée ». Silvain est certainement Silas. On admet aussi généralement que le Silvanus ou Silvain, mentionné I Pet., v, 12, comme porteur de cette Épltre aux chrétiens du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bythinie, n’est pas différent de Silas. Saint Jérôme, Epist. xviii, ad Damasum, t. xxii, col. 376, dit même : Titiose Silvanus legitur pro Sila. Le pseudo-Dorothée, De LXX discipulis, 15, 17, t. xcii, col. 1061, et Hippolyte, De lxx Apost., 16, 17, t. x, col. 956, distinguent, comme les Grecs, Silas et Silvain et font le premier évêque de Corinthe et le second de Thessalonique.

    1. SILENCE##

SILENCE (hébreu : dûmâm ; grec : <nfî> Vulgate : silentium), cessation de tout bruit, particulièrement de la parole.

1° On commande le silence quand on veut se faire entendre. Jud., iii, 19 ; Is., xli, 1 ; Judith, xiii, 16 ; Act., xii, 17 ; xiii, 16 ; xix, 33 ; xxi, 40. Quand on veut entendre, on fait silence et, au besoin, on se met la main sur la bouche, Jud., xviii, 19 ; Job, vi, 24 ; xxix, 21 ; Sap., viii, 12 ; Act., xv, 12 ; xxii, 2, et l’on fait taire les autres. Matth., xx, 31 ; Marc, x, 48 ; Luc, xviii, 39. — 2° On garde le silence quand on ne veut pas répondre, Gen., xxxiv, 5 ; Is., xxxvi, 21 ; IV Reg., xviii, 36 ; Luc, ix, 36 ; Matth., xxvi, 63 ; Marc, xiv, 61, ou quand on ne sait pas que répondre. II Esd., v, 8 ; Eccli., xx, 6 ; Matth., xxii, 34 ; Marc, iii, 4 ; IX, 33 ; Luc, xiv, 4 ; xx, 26. — 3° Dansles tempsde calamités, on ensevelit les morts en silence. Am., vi, 11 ; viii, 3. — 4° Il y a temps de se taire et temps de parler. Eccle., m, 7. Le silence peut parfois devenir coupable. IV Reg., vii, 9. Il est souvent une preuve d’intelligence et de prudence, Prov., xi, 12 ; Eccli., XIX, 28 ; xx, 7 ; xxxii, 9, au point que le sot qui se tait peut passer pour sage. Job, xiii, 5 ; Prov., xvii, 28. Dans l’assemblée chrétienne, il est prescrit aux femmes. I Cor., xiv, 34 ; I Tim., ii, 11, 12. Celui qui possédait le don des langues

devait aussi garder le silence, si un interprète n’était pas présent. 1 Cor., xiv, 28. — 5° Le silence est chez les idoles une marque d’impuissance. Ps. cxv (cxiv), 5 ; Hab., ir, 19. Chez les hommes, il peut signifier ou accompagner l’acquiescement, Num., xxx, 4, 12, 15 ; l’adulation, Eccli., xiii, 28 ; la soumission, I Mach., i, 3 ; la résignation, Am., v, 13 ; Lam., iii, 28 ; l’espérance, Lam., iii, 26 ; l’anéantissement. Is., xlvii, 5 ; Jer., xlviii, 2. — 6° À la créature convient le silence en face de Dieu. Hab., ii, 20 ; Soph., i, 7 ; Zach., ii, 13. Ce silence s’unit quelquefois à la prière. Judith, xiii, 6. — 7° Dieu lui-même garde le silence, quand il n’intervient pas malgré les épreuves de ses serviteurs, Ps. xxviii (xxvii), l ; xxxv (xxxiv), 22 ; Is., xlii, 14, ou les péchés des hommes. Ps. l (xlix), 21 ; Is., lvii, 11. Mais ce silence ne dure pas toujours. Ps. l (xlix), 3 ; Is., xlii, 14. — 8° Saint Jean note un silence, c’est-à-dire une interruption de révélation d’une demi-heure dans le ciel, au milieu des manifestations de la justice divine.

Apoc., vni, 1.
H. Lesêtre.
    1. SILLON##

SILLON (hébreu : gedûr, via’dnâh, télém ; Septante : a-jÀa ? ; Vulgate : sulcus), tranchée ouverte dans la terre par le soc de la charrue. — Dieu féconde les sillons en les arrosant par la pluie. Ps. lxv fLXiv), 11. Le laboureur met tout son cœur à tracer les sillons, Eccli., xxxviii, 27, et il se garde de les quitter des yeux, afin de les tracer bien droits. Luc, ix, 62. Voir Charrue, t. ii, col. 605. Il n’attelle pas l’aurochs à la charrue qui les creuse. Job, xxxix, 10. Voir Aurochs, t. i, col. 1260. Le pavot croit dans les sillons des champs. Ose., x, 4. On fait des monceaux avec les pierres qui s’y trouvent et dont la présence gênerait la culture. Ose., xii, 11. — Au figuré, le sillon pleure, quand le champ dont il fait partie a été mal acquis. Job, xxxj, 38. Il ne faut pas semer dans les sillons de l’injustice. Eccli., vii, 3. Les méchants tracent des sillons sur le dos de leur victime, par les coups qu’ils lui infligent. Ps. cxxix (cxxviii), 3. — Il est raconté que Jonathas et son écuyer tuèrent environ vingt hommes « sur la moitié de l’espace qu’une paire de bœufs avait labouré en un jour i> (hébreu : çéméd. I Reg., xiv, 14. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1172. Septante : Ils les tuèrent « avec des javelots, des pierres et des cailloux du champ. » II. Lesêtre.

SILO (hébreu : Silôh, Silôh, Silo, Sîlô ; Septante : 2ï|Xo>, 2ï|1w(ji., ville dans la tribu d’Éphraïm, aujourd’hui Seiloun (fig. 375).

1° Description. — Silo était « dans la terre de Chanaan. » Jos., xxi, 2 ; xxii, 12 ; Jud., xxi, 12. Elle se trouvait « au nord de Béthel, [à droite ou] à l’est du chemin allant de Béthel à Sichem, au midi de Lebona, » Jud., xxi, 19, et par conséquent aussi au midi de Sichem. Seiloûn n’est maintenant qu’un « amas de ruines », couvrant le sommet et les pentes méridionales d’un mamelon, dominé au nord par la montagne de Qariôt, ou épandues à sa base surtout au sud-ouest. Le groupe des habitations renversées, qui occupaient la colline, présente généralement les caractères d’un village arabe assez important ; mais les citernes, de nombreux caveaux pratiqués dans le roc ou construits avec des soubassements ou des parties formées de grosses pierres à peine équarries, semblent remonter aux temps les plus antiques. Au pied de la colline, au sud, à l’ombre d’un immense chêne vert qui tombe de vétusté, se voit un édifice carré d’environ dix mètres de côté, construit avec des pierres anciennes très régulièrement travaillées. La voûte en est soutenue par deux colonnes. Un mifirab revêtu de belles plaques de marbre indique que ce bâtiment a servi de mosquée. On le nomme Djamé’el-Yâteim. La « fontaine de Silo », ’Ain Seilûn, coule au nord*. Des deux côtés du chemin qui conduit à la fontaine on voit de nombreuses

grotttes sépulcrales antiques. La source, de débit médiocre, sort du rocher et l’eau se dirige par un canal, vers un bassin carré, de trois mètres environ de côté, en partie taillé dans le roc et en partie bâti et situé à quinze pas. Non loin on remarque un grand quartier de rocher isolé, avec deux cavités en forme à’arcosolia ou de niches, à la base desquels est une auge de près de cinquante centimètres de profondeur. On croit généralement voir là d’anciens tombeaux détachés par accident de la montagne voisine. Des degrés pratiqués à l’arrière et des ouvertures circulaires au sommet des arcs permettent de supposer que ces cavités ont été utilisées pour les purifications. — Un vaste espace, où pourraient tenir plusieurs milliers de personnes, se développe en amphithéâtre à l’avant de l’ancienne plate-forme, et s’ouvre au sud sur une belle plaine large de près de trois kilomètres du nord au sud et de plus de quatre d’est à ouest. Les montagnes, dont la plaine est entourée au midi et au couchant, forment comme une immense enceinte au site de Seiloûn et lui impriment un caractère plein de grandeur et de majesté. — Selon toute apparence, le Djdmé’el-’Ar-ba’in, situé à 400 mètres au sud-est du Djdmé el-Yateim, n’est pas différent de la mosquée ou dôme de la Sekinah des écrivains du moyen âge, et l’édifice était évidemment destiné à honorer le souvenir du séjour de l’arche et du tabernacle en cet endroit. Quant à « la Table » dont parlent ces auteurs, faut-il y voir la mention des Tables de la Loi ou celle de l’autel montré au IVe siècle et où faut-il la chercher ? Peut-on la voir, comme l’ont cru plusieurs des explorateurs modernes, auDjamé’ei-Ya£eim ?oubien, comme semble l’indiquer Estori, àla mosquée annexe à’el-’Arba’in ? ou bien encore en avant de cet édifice, à l’ouest où devait se trouver l’autel des holocaustes ? C’est plutôt à ce dernier, semble-t-il, que conviendrait l’expression arabe el-Mâi’déh, à moins qu’on ne l’entende du rocher aplani sur lequel pouvait reposer l’arche. Si l’expression sdmûh, « attenant », du rabbin du XIIIe siècle semble désigner la petite mosquée, il peut cependant l’avoir prise dans la signification plus large de « près », et avoir eu en vue l’emplacement voisin de l’autel. Danstous les cas, il paraît difficile de pouvoir l’étendre jusqu’au Djdmé’el-Yateim. Peut-être faut-il voir ici l’endroit où l’on vénérait les restes du prophète Ahias qui, selon l’auteur de la Vie des prophètes, 2, t. xliii, col. 393, fut enseveli sous le chêne de Silo. Cf. S. Jérôme, Epist. cvui, t. xxii, col. 888 ; In Soph., i, 15, t. xxv, col. 1353.

2° Histoire. — La conquête du pays de Chanaan était achevée. Silo se trouvait à distance égale entre les frontières du nord et du midi ; sa plaine offrait l’emplacement le plus favorable pour camper et était facilement abordable du côté de l’est : Josué et les anciens d’Israël choisirent cette ville pour y établir le tabernacle, et tout le peuple s’y rendit pour cette inauguration. Jos., xviii, 1. Silo devint dès lors le lieu ordinaire des assemblées de la nation. À la première, on fit choix desliommes qui devaient procéder à la délimitation des territoires pour les sept tribus qui n’en avaient pas reçu de définitif. Ibid., 2-8. Dans la seconde, tenue à leur retour et présidée par le grand-prêtre Éléazar et par Josué, on tira au sort la part de chacune d’elles. Ibid., 9-10 ; xix, 51. C’est à l’assemblée de Silo’que les lévites vinrent réclamer la portion que leurattribuaientles institutions de Moïse. Ibid., xxi, 1-2. Les guerriers des tribus orientales avaient reçu de Josué leur congé à Silo. Avant de repasser le Jourdain, ils avaient élevé un autel gigantesque sur la rive du fleuve. Instruits de ce fait, les anciens se réunirent de nouveau à Silo, dans l’intention de prendre les armes contre eux ; mais ils furent apaisés par les explications rapportées par Planées et. les autres envoyés. Ibid., xxii. — Selon les Septante, .

ibid., xxiv, 1, 25, la grande assemblée convoquée par Josué, vers la fin de sa vie, se serait tenue également à Silo. Le texte hébreu et la Vulgate nomment Sichém, et cette leçon paraît la meilleure. Outre les souvenirs se rattachant à cette ville avec lesquels Josué voulait mettre le peuple en contact, à cause de l’abondance de ses eaux, elle convenait mieux pour une assemblée plénière que Silo. Ce motif fut vraisemblablement un de ceux qui à celle-ci firent encore préférer Maspha et Béthel, quand il s’agit de l’affaire du lévite de Belhléhem, Jud., xx, xxi. Et c’est à tort que le traducteur de la Vulgate prend, ibid., xx, 18, et xxi, 2, la localité de Béthel, pour bel’élôhîni, « la maison de Dieu », c’est-à-dire le lieu du tabernacle, et qu’à cette traduction erro son épouse, priant devant le tabernacle et bénie par le grand-prêtre Héli, obtint de devenir la mère du prophète. I Sam., 1, 4-23. Quand l’enfant fut sevré, elle vint à Silo avec son mari, pour le consacrer au service du Seigneur, ꝟ. 24-28 ; ii, 1-10. Samuel y grandit et y entendit pour la première fois l’appel de Dieu au ministère prophétique. Il l’inaugura en venant répéter à Héli les menaces du Seigneur, que déjà lui avait annoncées un homme de Dieu, contre sa maison, à cause des scandales donnés par ses fils Ophniet Phinées.I Sam., ir, 11-36 ; iii, l-18. — Le Seigneur continua à se manifester à Samuel à Silo et on s’y rendait de tout Israël pour le consulter, ꝟ. 19-21. La ruine prédite de la maison d’Héli ne tarda pas d’arriver et d’entraîner avec elle la

375. — Ruines de Silo. D’après une photographie de M. L. Heidet.

née il ajoute la glose hoc est in Silo ; et ce n’est pas moins arbitrairement qu’il remplace, ibid., xxt, 9, l’adverbe Sâm, èxel, « là », c’est-à-dire à Maspha, par cum essent in Silo. Josèphe, égaré de même, par l’expression « ils se réunirent devant le Seigneur, » de xx, 1, l’interprète aussi sîç tr|v St’Xouv, « à Silo ». Ant. jud., V, ii, 9. Le peuple y revint en effet, la guerre contre la tribu de Benjamin terminée, pour y rapporter l’arche sainte, et c’est là qu’on amena au camp les 400 jeunes filles de Jabès de Galaad épargnées au sac de cette ville. Jud., XXI, 12. Les 600 Benjamites survivants furent invités à y venir pour les prendre. Les 200 qui restaient sans épouse, suivant l’avis des anciens, se cachèrent dans les vignes, et quand les filles de Silo, au jour de la fête, sortirent de la ville pour exécuter leurs danses usitées, ils se jetèrent sur elles, pour s’emparer chacun d’une compagne. Jud., xxi, 13-23. Pouraccomplir la loi, Deut., xvi, 16, tous les Israélites devaient monter plusieurs fois l’an à Silo où était le Sanctuaire. Elcana, père de Samuel, s’y rendait régulièrement, avec sa famille. I Sam., i, 3. C’est dans une de ses visites qu’Anne,

ruine du Sanctuaire de Silo. L’armée des Philistins avait fait invasion sur le territoire de leurs voisins ; les Israélites en voulant les repousser avaient été battus à Aphec et avaient envoyé chercher l’arche à Silo. Défaits une seconde fois, les deux fils d’Héli avaient péri dans la bataille et l’arche sainte était tombée aux mains de l’ennemi. La triste nouvelle était arrivée à Silo le même jour, apportée par un Benjamite aux habits lacérés, à la tête couverte de terre, échappé du combat. Toute la ville s’était aussitôt remplie de tumulte et de cris. Héli, qui était assis sur son siège à l’entrée du tabernacle, « en apprenant le sort de l’arche, tomba à la renverse et mourutsur le coup. » I Sam., IV. — L’arche ne devait plus revenir à Silo ; le tabernacle devait être transporté ailleurs, suivi par les restes de la famille d’Héli. Samuel quitta Silo pour retourner à Ramatha sa patrie. À cause des profanations commises, « le Seigneur avait répudié le tabernacle de Silo, la tente où il avait habité parmi les hommes. » Ps. txxvii, 60. Silo délaissée restera l’exemple des sévérités divines. Jer., vii, 1213 ; cf. xxvi, 6, 9. Vers la fin du règne de Salomon, le

prophète Ahias, habitant de Silo, reçut la mission d’annoncer, en punition des fautes du roi, la division du royaume après sa mort. III Reg., xi, 29 ; xii, 15 ; II Par., ix, 29 ; x, 15. À la femme du roi Jéroboam qui venait déguisée le consulter à Silo au sujet de son fils malade à Thersa, le même prophète lui annonçait qu’à cause de l’infidélité de son mari à répondre au choix que Dieu avait fait de lui, leur fils mourrait. III Reg., xiv, 1-18 ; XV, 29. — Cent trente ans après la prise de Samarie et après la destruction de Jérusalem par les Chaldéens, Silo avait des habitants fidèles au culte légitime : une partie des pèlerins montant à Jérusalem pour y offrir leurs présents et qui furent massacrés par Ismahel àMaspha, étaient de Silo. Jer., xli, 5. — Cette ville resta cependant attachée à la province de Samarie jusqu’à l’époque des Machabées. Elle dut être annexée à la province de Judée, en même temps que la toparchie d’Acrahathène dont elle faisait partie, après la prise de Sichem et du Garizim par Jean Hyrcan (128 av. J.-C). Au IVe siècle Silo était déserte. Cf. S. Jérôme, InSoph., loc. cit. Seiloûn est complètement abandonné aujourd’hui. V. Guérin, Samarie, 1875, c. xxiii, t. ii, p. 21-27 ; The Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 367-370. L. Heidet.

SILŒ (hébreu : haS-Sîloah et Silôah ; Septante et Nouveau Testament : 6 SiXtoifi), nom d’une source, d’un canal par où coulent ses eaux, de la piscine où elles aboutissent et de’la région au midi de Jérusalem où ils se trouvent. — L’hébreu nlur, slh, II Esd., iii, 15, a été vocalisé Sélah, par les massorètes ; les Septante l’ont traduit par xwSiov, « peau », lui attribuant

la signification de l’arabe Juo, de iL*o, « écorcher » ; la

Vulgate l’a transcrit Siloë comme ailleurs. Rien n’indique que le nom écrit ici comme il devait l’être partout avant la massore soit en effet différent. La glose : ô lp|i.r]VEÛ£Tai à ; ce7Ta).|jivo ; , quod interpretatur Alissus, ajoutée au nom par l’évangéliste, Joa., ix, 7, prouve bien que l’appellation historique et traditionnelle se prononçait avec h et dérivait de la racine lâlah, « il a envoyé » ; la finale y. de la transcription grecque aura été prise par motif d’euphonie et la forme Silôân constamment employée par les Arabes leur sera venue par l’intermédiaire des Byzantins. Un grand nombre d’exégètes croient voir dans cette glose l’intention de l’évangéliste de rattacher ce nom, par un sens prophétique ou mystique, au fait raconté par lui. Signifiant littéralement emissio [aquarum], il est l’équivalent de « canal » et de « tunnel », et le nom lui aura été donné quand ceux-ci auront été faits pour envoyer les eaux de la fontaine aux jardins du roi ou à la piscine. Du canal le nom passa à la source, au réservoir et à la région. Quelques auteurs cependant y voient une allusion au « jet » précipité des eaux intermittentes de la fontaine. Cf. I. Knabenbauer, In Jsaiam, Paris, 1887, t. i, p. 202-204 ; P. Schanz, Commentarium ûber das Evangelium des h. Johannes, Tubingue, 1885, p. 367 ; Gesenius, Thésaurus, p. 1416.

I. Siloé (La fontaine de). — Elle est comprise dans la locution générale : t » ê haS-Siloah, tô Oôtap toy Ei-Xb >x[i, aquse Siloë, Is., viii, 6, désignant en même temps le cours de ses eaux. Le prophète met en opposition « les eaux de Siloé qui coulent en silence, ’» image de la maison de David, et « les eaux tumultueuses et abondantes du fleuve, » c’est-à-dire de l’Euphrate qui représentent * le roi d’Assyrie et toute sa puissance. » La fontaine de Siloé est appelée simplement « la fontaine », hd-’Aîn, II Esd., iii, 15, parce qu’elle est la fontaine unique de Jérusalem ; les autres sont « les fontaines du dehors de la ville. » Il Par., xxxiii, 4. Les Juifs du premier siècle s’expriment de même par la bouche de Josèphe : c Siloé, c’est le nom que nous

donnons à la fontaine. i> Bell, jud., V, iv, 1 ; cf. vi, 1 ; xii, 2 ; Tacite, Hist., v, 12. L’historien juif distingue de même entre « Siloé et les sources du dehors de la ville. » Ibid., ix, 4. Il indique Siloé ou « la fontaine », vers l’extrémité méridionale de la ville et de la vallée du Tyropéon qui court entre la montagne du Temple et la ville haute. Ibid., ii, xvi, 2 ; "V, iv, 1, 2. Il désigne ainsi la bouche du canal par où sortent les eaux. En donnant, IIEsd., iii, 15, le nom de « porte de la fontaine » à la porte la plus voisine de la piscine où aboutissaient

376. — Piscine et église de Siloé.

D’après M. L. Heidet.

ces eaux et qui est sans doute la porte découverte en 1897, par M. Bliss, à la pointe sud-est de la montagne supérieure, à 280 mètres à l’ouest du birket el-Hamrâ, Néhémie, sous le nom de « fontaine », désigne évidemment la même issue. Les indigènes arabes n’ont point cessé de l’appeler’aïn Silôân, tout en donnant parfois le même nom à la source d’où viennent les eaux. Cf. Guy le Strange, Palestine under the Muslems, Londres, 1890, p. 74, 162, 179, 212, 220. Celle-ci est plus communément appelée par eux aujourd’hui « la fontaine des Degrés », ’Ain Umm ed-Deradj, ou « la fontaine de la "Vierge », ’Ain Sitti-Mariam. En décrivant cette source, « dont les eaux ne sont pas continues, mais sortent seulement à des heures irrégulières du jour, en bouillonnant et à grand bruit, des cavités de la terre dans une grotte de rocher très dur, » saint Jérôme la nomme positivement s la fontaine de Siloé ». In Is., viii, 6,

t. xxiv, col. 116. Il l’indique, ibid., « au pied du mont Sion », c’est-à-dire « au pied du mont Moria », comme il s’exprime, In Matth., x, 28, t. xxvi, col. 66. — Les auteurs du Targum, de la version syriaque et de la version arabe remplacent, III (I) Reg., i, 33, 38, 45, le nom de Gihon, par’en êilôhà’, ’aïn Silôhd, donnant ainsi à entendre que ce dernier nom est le plus récent. Les commentateurs juifs suivent généralement le même sentiment. Cf. Estôri ha Parchi, Caflor va-Phérach, édit. de Jérusalem, 1897, p. 204 ; Ishaq Chelo, dansCarmoly, Itinér. de la T. S., 1847, p. 236. Voir Gihon, t. iii,

xvin, 17, et le nafral haS-Sôtêf be-(ôk hà-âréç, rivus gui fluebat in medio terrœ. II Par., xxxii, 4. Il est fait allusion au second dans le travail d’Ezéchias pour dérober ce « courant », nafyal, à l’ennemi. C’est le te-’àlâh établi pour conduire les eaux de Gihon, par-dessous, à la ville, IV Reg., xx, 20 ; II Par., xxxii, 30 ; c’est le percement du rocher avec le fer pour détourner les eaux de Gog (Septante, pour Gihon) au milieu de la ville. Eccli., xi.viii, 19. Voir Aqueduc, t. i, col. 803-808. III. Siloé (Piscine de) (hébreu, II Esd., iii, 15 : berêkat has-Sélah ; Septante : xo).vi|i.61f|8pa tû>v xeoSiwv-uf.

377. — Birket Siloân. Restes de l’ancienne piscine et de l’église. Issue du canal. D’après une photographie de M. L. Heidet.

col. 1503. La « piscine supérieure », IV Reg., xviii, 17 ; 1s., xxxvi, 2, est parfois aussi identifiée avec la fontaine supérieure de Siloé. Cf. Piscine supérieure, col. 441. Quelques-uns y voient encore la « fontaine de Rogel ». Cf. col. 1108.

II. Siloé (L’aqueduc de). — La Bible, suivant un grand nombre d’interprètes et d’archéologues, mentionne deux cours des eaux de Siloé : 1° un cours à ciel ouvert qui passait par la vallée de Cédron en contournant la colline orientale deJérusalemoul’Ophel ; 2<> leur passage par un conduit pratiqué dans le roc de la même colline pour se rendre au sud-ouest. — Le premier, antérieur au percement du tunnel, est le cours modeste des eaux de Siloé, positivement nommé par Isaîe, viii, 6. Il passait, croit-on, par un canal en partie taillé dans le rocher au bas de la colline, et dont divers savants auraient reconnu le tracé. Il aurait été désigné d’abord sous le nom de sinnôr. II (Sam.) Reg.. v, 8. Il serait le « canal t, (e’âldh, d’Is., vli, 3 ; xxxvi, 2 ; IV Reg.,


xo’jpï toû pstTi’Xec* ;  ; Joa., IX, 7 : xoXu[A6r|8pa toO 21X>>>â[x, réservoir ou étang destiné à recueillir les eaux de la fontaine de Siloé au débouché du canal (fig. 377). — 1° L’étang de Siloé est une seule fois cité dans l’ancien Testament, II Esd., iii, 15, par son nom propre. Sellun, fils de Cholhoza, chef du district de Maspha, releva du temps de Néhémie la porte de la fontaine et le mur de la piscine de Siloé près du jardin du roi et jusqu’aux degrés descendant de la Cité de David. — À 60 mètres au nord-est de la porte découverte en 1896 et qui a l’apparence d’être la porte de la fontaine de Néhémie, nous avons rencontré déjà le birket el-Ifamrd. Ses caractères témoignent d’une assez haute antiquité. Il est formé au midi par un mur de barrage s’étendant de l’extrémité méridionale de la colline dite d’Ophel à la montagne occidentale de Sion, sur près de 90 mètres. Ce mur, épais de deux mètres et demi, repose sur un fondement de six mètres de largeur. Aujourd’hui haut de sept mètres, il paraît avoir été jadis

V. — 55

plus élevé pour servir de rempart. De puissants contreforts en blocs à bossage, au nombre de sept, soutiennent le mur, et semblent avoir été construits pour l’empêcher de céder sous la poussée de l’eau. Divers autres ouvrages en maçonnerie assez grossière sont venus dans la suite renforcer cette digue. Le bassin resserré entre les montagnes était de forme irrégulière et pouvait se développer du midi au nord sur une étendue de plus de cent mètres. La muraille, dont M. Bliss a retrouvé les restes en même temps que la porte, arrivée de celle-ci àla pointe sud-est du Sion et au barrage, remontait vers le nord en suivant le bord de la piscine. Au delà un escalier large de 7 à 9 mètres et dont on a découvert 34 degrés, descendait sur le flanc de la montagne occidentale le long de l’escarpe et aboutissait à la piscine à son angle nord-ouest. Il y a tout lieu de croire que c’est bien l’escalier descendant de la Cité de David et par conséquent que le birket el-J}.am.ra n’est pas différent de la « piscine de Siloé » de II Esd., iii, 15. — Dans son excursion nocturne pour reconnaître l’état des murs de Jérusalem, Néhémie, venant par « la vallée », gê’[Hin nom], était « passé à la porte de la Fontaine et à la piscine du Roi », avant de remonter par ce le torrent », nahal [de Cédron]. Les exégètes admettent cependant communément que cette piscine n’est pas autre que la piscine de Siloé.

2° La piscine de Siloé où l’aveugle-né fut envoyé par le Sauveur est, d’après une tradition séculaire, au débouché du tunnel. On voit là un bassin formé de mauvais murs dont celui de l’est est éboulé depuis quelques années. La longueur est de 15 mètres sur 5 de largeur et autant de profondeur. Quelques tronçons de colonnes gisent au fond et les eaux du canal le traversent. Les indigènes le nomment birkét Silôân. Dans les fouilles pratiquées aux alentours en 1896, M. Bliss a découvert les restes d’une piscine beaucoup plus importante dont ce bassin n’occupe qu’une partie. Fresque carrée, elle mesure 22 mètres du nord au sud, 23 d’est à ouest et 5 et demi de hauteur. Sur le bord de la piscine, au nord, était une église à une nef. — Voir Revue biblique, 1897, p. 299-306 ; F. I. Bliss, Excavations of Jérusalem (1894-1897), Londres, 1898, p. 132210.

IV. Siloé (La. tour et le quartier de). — Jésus fait allusion, Luc, xur, 4, à une tour qui, s’étant écroulée, écrasa dix-huit Galiléens, Turris in Siloë. La tour ici mentionnée est-elle la tour découverte par M. Bliss près de la porte de la fontaine ou quelque autre, rien n’autorise à formuler une identification précise. Il ressort toutefois de l’expression que le vocable de Siloé se donnait encore à la région en général. Plusieurs fois Josèphe, dans les passages cités, l’emploie avec cette signification. Les saints Pères en usent fréquemment de même, particulièrement saint Jérôme. Cf. In Jer., vii, 31, t. xxiv, col. 735 ; In Soph., i, 11, t. xxv, col. 1349 ; In Matth., x, 28, t.xxvi, col. 66. Cf.Épiphane, Vitse prophet., vii, t. xliii, col. 397. Voir Ch. Warren et Conder, Survey of Western Palestine, Londres, 1884, part. 2, p. 345-371 ; Cari Mommert, Siloah, Brunnen, Teich, Kanal zu Jérusalem, in-8°, Leipzig, 1908.

L. Heidet.

    1. SILONI##

SILONI (hébreu : èilônî ; Septante : Etjïwv ! ), descendants de Séla, de la tribu de Juda, qui habitèrent à Jérusalem à une époque difficile à préciser. I Par., ix, 5. Dans les Nombres, xxvi, 20, les descendants de Séla sont appelés Sélaïles. Dans Néhémie, Siloni ou Silonite, IIEsd., xi, 5, désigne un descendant de Phares.

  • . 4, 6. L’article qui précède ce dernier nom dans le

texte hébreu, has-Sïlônt, indique que c’est unappellatif, . ce qui peut signifier qu’il était de Silo. Voir Silonite.

    1. SILONITE##

SILONITE (hébreu : haS-Silônî ; Septante : 6 ^.t, Xu>v : ’ttiç), originaire de Silo ou habitant de cette ville. Le

p rophèteÀhias ou Ahiæsl surnommé le Silonite.IIIReg., xi, 29 ; xii, 15 ; xv, 29 ; II Par., ix, 29 ; x, 15. Voir Ahia 3, 1. 1, col. 291.— Sur le Silonide II Esd., xi, 5, voir Siloni.

SI L VAIN (SiXouocvd ; ), nom par lequel Silas est désigné dans les Épîtres. II Cor., l, 19 ; I Thess., i, 1 ; I Pet., v, 12. Voir Silas, col. 1722. Dans la Vulgate le nom est écrit (dans plusieurs éditions) Sylvanus.

SILVESTRE(VALLÉE), nomdelavalléedeSiddim dans la Vulgate, Gen., xiv, 3, 8, 10 : Vallis Sylvestris. Voir Siddim, col. 1702.

    1. SIMÉON##

SIMÉON (hébreu : Sim’ôn ; grec : Eu|j.£cJv), nom d’un patriarche, d’une tribu et de plusieurs personnages d’Israël.

1. SIMÉON, le second fils que Jacob eut de Lia. Gen., xxix, 33 ; xxxv, 23. Sa mère, en le mettant au monde, s’écria : « Jéhovah a entendu (hébreu : iâma’) que j’étais haïe, il m’a encore donné celui-là. Et elle le nomma Siméon (Sim’ôn). » Gen., xxix, 33. L’origine de son nom repose donc sur ce jeu de mots. Quant à son histoire, elle n’est marquée que par deux épisodes. Le premier fut sanglant et imprima sur son front une tache que son père lui-même sut lui rappeler. Gen., xlix, 5, 7. Pour venger l’honneur de sa sœur Dina, il s’unit à Lévi, et tous deux, au mépris de la parole donnée et de l’alliance contractée, traitèrent avee cruauté les Chananéens au milieu desquels ils se trouvaient. Gen., xxxiv, 25-30. Voir LÉvi i, t. iv, col. 199. Le second se passa en Egypte, où Siméon fut retenu comme otage par Joseph et jeté en prison jusqu’à ce que ses frères eussent amené Benjamin. Gen., xlii, 25, 36 ; xliii, 23. Expiait-il ainsi la dureté particulière que son caractère violent lui aurait fait exercer envers Joseph, comme il s’était manifesté contre les Chananéens ? Peut-être. On peut croire aussi qu’il payait la dette de ses frères en sa qualité de second fils de Jacob, Joseph n’ayant pas voulu retenir l’aîné, Buben, dont il venait de découvrir le rôle bienveillant à son égard, lors du crime commis par les autres. Les fils de Siméon furent : Jamuel, Jamin, Ahod, Jachin, Soar, et Saul fils d’une Chananêenne. Gen., xlvi, 10 ; Exod., vi, 15. La liste de I Par., iv, 24-43, diffère un peu et donne plus de détails sur les descendants du patriarche. Voir ce qui concerne la tribu dont il fut le père.

A. Legendre.

2. SIMÉON, une des douze tribus d’Israël.

1. Géographie. — La tribu de Siméon occupait l’extrême sud de la Palestine ou le Négéb. Son territoire avait été détaché de celui de Juda. Jos., xix, 2. L’Écriture ne décrit pas ses limites ; elle donne seulement la liste de ses villes principales.

I. villes principales. — Elles sont énumérées dans Josué, XIX, 1-9, et dans I Par., iv, 28-33. Ces deux listes présentent les mêmes noms, suivent le même ordre, tout en offrant des variantes que nous allons signaler. Les noms se retrouvent pour la plupart dans le catalogue des cités de la tribu de Juda, Jos., xv, 26-32, mais dans un ordre un "peu différent. Nous renvoyons, pour les détails, à ce dernier catalogue, t. III, col. 1758-1759, en dehors des articles consacrés à chaque nom dans le Dictionnaire. Les listes de Josué et du premier livre des Paralipomènes partagent les villes de Siméon en deux groupes. Voir la carte, fig. 378.

i" groupe. — 1. Bersabée, aujourd’hui Bir es-Séba’, 40 à 45 kil. au sud-ouest d’Hébron. Voir Bersabée, t. i, cot. 1629.

2. Sabée (hébreu : Séba’; Septante, Codex Vaticanus : Sijiaa ; Codex À lexandrinus : Sâëse), peut-être la même que Sama. Jos., xv, 26. Mais elle manque dans le texte hébreu de I Par., IV, 28, ce qui ferait

TRIBU DE SIMÉON

Les noms d'après la Vulgate sont écrits en caractères droits rouges. — Les noms bibliques qui se trouvent sur Les monuments égyptiens et assyriens sont en caractères penchés bleus; ceux qui ne sont pas bibliques en caractères droits bleus. croire que Séba ! , Jos., ΧΙΣ, 2, n’est qu’une répétition ! fautive de la dernière partie du nom précédeut, Be’ér : Séba'. D’autre part, en la comptant, 18 somme des villes de ce premier groupe n’est plus de treize, comme J’indiqne Jos., x1x, 6, mais de quatorze. Cependant les Septante la maintiennent, I Par., 1v, 28 ; Cod. Vat. : Σ άμα ; Cod. Alex. : Ziuze, et elle correspond à Tell es-Séba', qui se trouve à une lieue environ à l’est de, Bersabée. Voir SABÉE, col. 1806. -

3. Molada (hébreu : Mélédäh ; Septante, Cod. Vat. : Κωλαδάμ ; Cod. Alex. : Μωλαδά, Jos., χιχ, 2 ; Cod.. Vat. : Μωαλδά ; Cod. Alex. : Μωλαδά, 1 Par., iv, 28), : généralement placée à Khirbet el-Milh, à l’est de Ber- sabée. Voir MoLapa, t, 1v, col. 1222.

4. Hasersual (hébreu : Häsar δι αἱ ; Septante, Cod. Vat. : “Ἀρσωλά ; Cod. Aleæ. : Σερσουλά), Jos., xIx, 8 ; Hasarsuhal (Septaute, Cod. Vat. : "Ecnssouigé ; Cod. Alex. : Eces’ooué?), 1 Par., iv, 28. Incounue. Voir : HaASERSUAL, t. πὶ, col. 446.

5. Bala (hébreu : Béläh ; Septante, Cod. Var. : Bwix ; Cod. Alex. : Βελδώλα, Jos., xix, 3 ; Cod. Vat. : ’A6eñé ; Cod. Alex. : Βαλαά, 1 Par., τιν, 29) ; Baala, Jos., xv, 29. Inconnue. Voir BaaLA 8, t. 1, col. 1322.

6. Asem (hébreu : ‘Asém), Jos., xix, 3 ; Asom, I Par., ἂν, 29 ; Ésem, Jos., xv, 29. Inconnue. Voir ASEN, t. 1, col. 1078.

7. Éltholad (hébreu : Étgôlad), Jos., xv. 30 ; xIX, 4 ; Tholad, I Par., 1v, 29. Inconnue. Voir ELTHOLAD, t. i, col. 1707.

8. Béthul (hébreu : Beül ; Septante, Cod. Vat. : Βουλά ; Cod. Alex. : Βαθούλ), Jos., xIx, 4 ; Bathnel {hébreu : Befiêl ; Cod. Vat. : Βαθούν ; Cod Alex. : Βαθούλ), I Par., 1v, 30 ; appelée Césil, Jos., xv, 30 ; mais la forme Béthul, Bathuel, est probablement la vraie. Inconnue. Voir BÉrHUL, t. 1, col. 1750.

9. Harma (hébreu : Hormäh ; Septante : ’Epua), Jos., xv. 80 ; xix, 4 ; Horma, Septante : ’Epu4, I Par., ιν, 80, identifiée avec Sebaita. Voir HORMA 1, t ΤΙ, col. 764.

10. Siceleg (hébreu : Siglag}, rénéralement identifiée avec Khirbet Zuhéiligéh, à l’est-sud-est de Gaza. Voir SICELEG.

11. Bethmarchaboth (hébreu : Béf-ham-markdbof ; Septante, Cod. Vat. : Βαιθμαχερέδ ; God. Alex. : Βαιθαμ- μαρχασδώθ, Jos, xx, 5 ; Cod. Vat. : Βαιθμαρειμώθ ; Cod. Alex. : Βαιθμαρχαδώθ, ἱ Par., 1v, 31). On a cher- ché à l’identifier avec Mergeb, à l’ouest de la pointe méridionale de la mer Morte ; ce qui est douteux. La liste parallèle de Josué, xv, 31, donne Médémena. Est- ce la même ville ? On ne saît. Voir BETHMARCHABOTH, t. 1, col. 1696.

12. Hasersusa (hébreu : Häsar Süsäh ; Septante, Cod. Vat. : Σαρσουσείν ; Cod. Alex. : ᾿Ασερσουσίέμ), Jos., xx, 5 ; Hasarsusim (hébreu : Hügar Süsim ; Cod. Vat. : Ἡμισυσεσορὰμ ; Cod. Alec. Ἢ ισυεωσίμ), 1 Par., αν, 81. On ἃ proposé Susir ou Bei Süsin, sur la route -des caravanes de Gaza en Égypte. Possibie. La liste pa- rallèle de Josué, xv, 31, porte Sensenna ; on Se demande si c’est la même ville, Voir HASERSUSA, t. In, Col. 447.

13. Bethlebaoth (hébreu : Béf lebä'êt ; Septante, Cod. Val. : Βαθαρώθ ; Cod. Alex. : Βαιθαλθάθ), Jos., χιχ, 6 ; Bethberai (hébreu Bêf bir’i ; Septante, Cod. Vat. : otx0s Bpaousewpeiu ; Cod. Alex. : Βαρουμσεωρείμ, union fautive de Bir’i et du mot suivant, Sa'ärdim), I Par., iv, 31 ; Lebaoth, Jos., xv, 32. Inconnue. Voir BETHLE- BAOTH, t. 1, col. 1688.

14. Sarohen (hébreu : Sdrñhin ; Seplante : omis), Tos., xIx, 6 ; Saarim (hébreu : Sa‘ärdim ; Septante : compris dans la dernière partie du mot Βαρουμσεωρεέμ). 1 Par., 1v, 81. Elle est appelée Sélim Jos., xv, 32, et mentionnée dans les inscriptions hiéroglyphiques sous la forme Sarahan. N’a pas été identifiée. Voir SAARIM, col. 1284.

2° groupe.

1. Ain (hébreu : ‘Aën ; Septante : Cod. Vat. : Ἐρεμμών, par union avec le mot suivant, ce qui suppose Ia lecture ‘Ên-Rimmén ; Cod. Aler. : ’Aiy), Jos., xix, 7 ; 4en (hébreu : ‘Ain ; Septante : Ἦν), [Par., ιν, 82, Il est probable qu’il faut l’unir au nom suivant. Voir Αἷν 2, L 1, col. 345.

2. Remmon (hébreu : Rimimôn ; Septanie, Cod. Vat. : ᾿Ἔρεμμών ; Cod. Alex. : Ῥεμμώθ, Jos., xix, 7 ; “Peuvév, ᾿Ρεμμιόν, 1 Par., τν, 92), identifiée avec Khirbet Umm er-Rummämin, au nord de Bersabée. Voir REMMON 3, col. 1838,

3. Athar (hébreu : ‘Éfér ; Septante, Ced. Vat. : Ἰεθέρ ;

; Cod. Alex. : Βέθερ), Jos., χιχ, 7 ; Thechen (hébreu : 

i Tékén ; Cod. Vat. : Θόχκα ; Cod. Allez. : Θοχχά"), 1 Par., 1v, 82. Il est probable qne ce n’est pas la même ville qu’Ether de Juda, Jos., xx. 4%. IL faudrait la chercher dans les environs de la précédente. Voir ÊTHER, ti, col. 2006.

4. Asan (hébreu : ‘Aëän ; Septante, Cod. Vat. : ᾿Ασάν ; Cod. Alex. : ’Acäu, Jos., χιχ, 7 : Cod. Vat. : Alo4p ; Cod. Aleæ, : Alogv, 1 Par., ιν, 32). Inconnue. Voir . AsaAX, ἵν 1, col. 1055.

5. Étam (hébreu : ‘Étäm ; Septante : Αἐτάν), mise en tête de ce dernier groupe dans la liste de 1 Par., iv, 32, Inconnue. Voir ÉTam 9, t. 11, col. 1995.

On remarquera que le premier groupe renferme quatorze villes, Jos., xix, 1-6, bien que la somme indiquée, Ÿ, 6, n’en porte que treize, chiffre de 1 Par., iv, 28-M. Il faudrait donc retrancher Sabée, qui ne se trouve pas dans la seconde liste, et qui pourrait être une répétition fautive de la dernière partie du mot Ber- sabée. D’autre part, les Septante gardent ce nom et omettent Sarohen, qui se trouve 1 Par., 1v, 31, sous la forme Saarim. Il est donc difficile de savoir s’il faut retrancher d’un côté ou ajouter de l’autre. Il peut aussi y avoir erreur de chiffre, comme dans plusieurs endroits de l'Écriture, La même difficulté se présente ponr le second groupe, Josué, xix, 7, ne cite que quatre villes, alors que le premier livre des Paralipo- mènes, IV, 32, en mentionne Cinq. Si même Ain et Remmon ne forment qu’nne seule cité, nous en aurons trois d’un côté et quatre de l’autre. Π est pro bable dans ce ças que le chiffre doit se ramener # quatre. Les Septante, du reste, portent, Jos., xIx, 7 : Epeupoy καὶ Θαλχὰ καὶ Ἴέθερ καὶ ᾿Α σάν, qui corres- pondraient, I Par., 1v, 82, ἃ Ῥιμμών (Ἤν Ῥιμμών) καὶ Θόκκα καὶ Αἰτὰν nat Αἰσάρ.

II. LIMITES ET DESCRIPTION.

La Bible ne trace pas les limites de la tribu de Siméon comme elle l’a fait pour Juda, Benjamin et plusieurs aulres. C’est probablement parce que le territoire de cette tribu fut découpé dans celui de Juda, dout les frontières sont décrites avec une rigoureuse exactitude. Jos., xv, 1-12. Voir Jupa 6, col. 1766. La partie détachée fut celle du midi ou du Négéb. Les villes mentionnées Jos., x1X, 4-9, et I Par., εν, 98-33, appartienneut principalement au troisième et au quatrième groupe de cette contrée. La limite méridionale était sans doute celle de Juda. Le texte sacré, après avoir énuméré les cités du second groupe, ajoute bien : « ainsi que tous les villages aux environs de ces villes, jusqu’à Baalath-Béer, qui est la Ramath du midi, » Jos., xx, 8 ; « jusqu'à Baal ». 1 Par., ιν, 33. Mais il ne s’agit peut-être que d’une limite particulière, et puis Baalath-Béer nous est inconnue. Voir BAALATH-BÉER-RAMATH, t. 1, col. 1324. Quelle était la frontiére nord ? Il est impossible de 1a bien établir. Dans la liste des villes, dont la plupart ne sont pas identifiées, nous n’avons comme points de repère que Bersabée, Molada, et, plns haut, Siceleg et Remmon. La ligne, de ce côté. devait être assez mal délimitée : les Siméonites pouvaient posséder sur le territoire de Juda des villes éparses qui, suivant les circoustances, revinrent à Juda. Tel fut le cas de

Siceleg, dont la situation était importante, et qui des mains d’Achis, roi de Geth, passa à celles de David. I Reg., xxvii, 6.

Le territoire de Sitnéon, moins connu que celui des autres tribus, comprenait l’extrême sud de la Palestine, le Négéb ou « pays desséché ». C’est le prolongement de l’arête montagneuse qui traverse la Palestine, mais la ligne de faîte est brisée ; il n’y a plus que des sommets épars, beaucoup moins élevés que ceux de Juda, des plateaux séparés par des vallées parfois assez larges. Tels sont le djebel Urnm Rudjiim, le djebel Scheqâ'ib, le djebel et-Tûr, le dj. Zibliyéh, le dj. Hadiréh, le dj. Muzeiqah, le dj. Maderah. Cet enchevêtrement de hauteurs forme deux versants, l’un de la Méditerranée, l’autre de la mer Morte. Le premier est caractérisé par un réseau très long et très compliqué de torrents, qui coupent le terrain dans tous les sens. Les uns descendent des dernières pentes des montagnes de Juda, comme les ouadis esch-Schéri’ah, el-Khâlil, el Butni, Sau’eh, el-Milh. Les autres partent des sommets ou plateaux que nous venons de signaler, les contournent et se ramifient pour former des rivières qui s’unissent à leur tour. Citons les ouadis Ar'ârah, es-Séba', es-Sani, Ruheibéh, el-Abiad etc. Tous se déversent dans la mer par deux canaux principaux, Vouadi Ghazzéh, et Vouadi el-Arisch ou « Torrent d’Egypte ». Le second versant envoie ses eaux à la mer Morte, principalement par Vouadi Muhauwat et Vouadi Fiqriih. La fertilité du pays ne gagne rien à cette multitude de torrents, qui sont à sec la plus grande partie de l’année. S’il y a des coins verdoyants, quelques cultures, l’ensemble de la contrée a l’aspect désertique. C’est la région des nomades, et il en fut ainsi dès les temps anciens, à en juger d’après les noms de plusieurs localités, dans lesquels le mot Hdsdr, Hdsèr, rappelle le campement des tribus pastorales. Voir Haséroth, t. iii, col. 445. D’autres noms rappellent le désert, comme Hasersual, « le douar du chacal » ; Bethlebaoth, « la maison des lionnes ». Le pays était traversé par quelques routes, que suivaient les caravanes pour venir du golfe d’Akaba, du Sinaï, à Hébron et à Gaza. La route de l’Egypte le longeait dans sa partie occidentale. Des noms comme Bethmarchaboth, « la maison des chars ii ; Hasersusa, Hasersusini, « le village des chevaux », semblent indiquer certains relais ou certains entrepôts de matériel de guerre. Voir NÉGÉB, t. IV, col. 1557.

IL Histoire. — Placé à l’extrémité de la Palestine, Siméon n’a dans l’histoire qu’un rôle très effacé. Au premier recensement, la tribu comptait 59300 hommes en état de porter les armes. Num., i, 22-23. Elle occupait ainsi le troisième rang, .venant après Juda et Dan. Elle se trouvait, dans les campements et la marche au désert, au midi du tabernacle, avec Ruben et Gad. Num., ii, 12. Elle avait pour chef Salamiel, fils de Surisaddaï, Num., i, 6 ; II, 12, et ce fut par ses mains qu’elle fit l’offrande de ses dons, à la dédicace du tabernacle et de l’autel. Num., vii, 36. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, elle eut pour représentant Saphat, fils d’Huri. Num., xiii, 6. Ce fut le chef d’une de ses familles, Zambri, qui fut tué par Phinées avec la femme Madianite. Num., xxv, 14. Au second dénombrement, dans les plaines de Moab, elle ne comptait plus que 22200 hommes, avec l'énorme décroissance <le 37100, due sans doute à ce que beaucoup de Siméonites avaient péri pour avoir pris part, comme Zambri, au culte de Béelphégor. Nurn., xxvi, 14. Celui de ses princes qui devait travailler au partage de la Terre Promise fut Samuel, fils d’Ammiud. Num., xxxiv, 20. Elle fut désignée, avec Lévi, Juda, Issachar, Joseph et Benjamin, « pour bénir le peuple, sur le montGarizim, après le passage du Jourdain. » Deut., xxvii, 12. Elle prêta son secours à Juda pour attaquer les Chananéens. Jud., i, 3, 17. Lorsque David se rendit à Hébron pour

recevoir la royauté, Siméon lui donna 7100 hommes. I Par., xii, 25. — L'Écriture mentionne une double migration de la tribu. Plusieurs chefs, dont les noms sont signalés I Par., iv, 34-37, jouèrent un rôle important dans la première, qui eut lieu sous le règne d'Ézéchias, . roi de Juda. L’expédition fut dirigée du côté de Gador (plusieurs lisent Gerâr, Gérare, avec les Septante), où se trouvaient de beaux pâturages. Voir Gador, t. iii, col. 34. Elle s’empara aussi du territoire des Me'ùnîm, dans les montagnes de l’Idumée. Voir Maonites, t. iv, col. 704. La seconde migration transporta les Siméonites dans la montagne de Séir. 1 Par., iv, 39-43. La tribu, comme les autres séparées de Juda, était tombée dans l’idolâtrie, mais plusieurs de ses membres s’enfuirent pour rester fidèles au vrai Dieu, et nous les voyons s’unir à Asa pour immoler des victimes au Seigneur à Jérusalem. II Par., xv, 8-11. Josias vint y poursuivre le culte des faux dieux. II Par., xxxiv, 6. — Dans le nouveau partage de la Terre Sainte, d’après Ézéchiel, Siméon occupa le territoire du midi entre Benjamin et Issachar. Ezech., XLvm, 24, 25. Dans sa reconstitution idéale de la cité sainte, le même prophète, xlviii, 33, met au sud « la porte de Siméon », avec celles d’Issachar et de Zabulon. — Judith était de la tribu de Siméon. Judith, viii, 1 ; ix, 2. Pour sa généalogie, voir Judith, t. iii, col. 1823.

III. Caractère. — Le rôle effacé de Siméon dans l’histoire ne permet guère de découvrir et de tracer son caractère. De plus, la Bénédiction de Jacob, Gen., xlix, qui, pour les autres tribus, nous donne des notes si caractéristiques, ne comprend pour celle-ci que des reproches amers et un châtiment. Elle confond dans une même réprobation et une même peine Siméon et Lévi, à cause de leur fourberie et de leur cruauté à l'égard des Sichémites. Gen., xlix, 5-7 ; cf. Gen., xxxiv, 25-31. Pour la traduction du passage d’après l’hébreu, voir Lévi (Tribu de), t. iv, col. 201. La punition est celle-ci :

Je les diviserai dans Jacob,

Et je les disperserai dans Israël.

Siméon ne fut pas, comme Lévi, absolument privé de territoire et dispersé en Israël, mais il n’eut qu’une part dans l’héritage de Juda, et cette part fut la moins bonne de toute la terre de Chanaan. Relégué à la limite du désert, il ne trouvait point ce sol fertile où coulaient le lait et le miel, que s'étaient partagé ses frères. Dans cette situation, il n’eut point non plus à se mêler aux combats et aux événements qui illustrèrent d’autres tribus. Il est passé sous silence dans les Bénédictions de Moïse. Deut., xxxm. Pour quelles raisons ? On ne sait. Voir différentes conjectures dans F. de Hummelauer, Comment, in Deut., Paris, 1901, p. 535. Le manuscrit alexandrin et quelques autres portent bien, Deut., xxxiii, 6 b : KalEvjietiv sut<o tcoXùç sv àpiOpim, « et que Siméon soit grand par le nombre ». Mais ces paroles se rapportent à Ruben dans le texte original ; il y a là une correction que rien ne justifie. On a cherché une solution en modifiant et transposant certains versets du chapitre ; mais ces sortes d’hypothèses n’ont d’autre résultat que défaire violence au texte. Si nous pouvionsjuger le caractère de la tribu d’après celui du patriarche, son père, et d’après les quelques points de l’histoire, nous dirions qu’il fut violent, qu’il se distingua par une énergie plutôt brutale. Siméon veut venger l’honneur de sa sœur, mais il prend pour armes la ruse et la cruauté. Les incidents du désert montrent ses fils entraînés par des penchants grossiers. Cependant cette énergies’unit à la force de Juda pour la conquête de Cha. naan ; elle cherche une expansion dans les expéditions armées qui procureront aux émigrants de nouveaux

territoires. Enfin ' elle s’ennoblit dans le courage deJudith.
A. Legendre.

3. SlMÉON, Israélite, « des fils de Hérem, » qui avait épousé une femme étrangère et qui la répudia, du temps d’Esdras. I Esd., x, 31.

4. SIMÉON, un des ancêtres de Mathathias et des Machabées, de la famille sacerdotale de Joarib. I Mach., H, l.

5. SIMÉON, fils de Juda et père de Lévi, un des ancêtres de Notre-Seigneur, dans la généalogie de saint Luc, iii, 30.

6. SIMÉON, vieillard plein de piété à qui le Saint-Esprit avait révélé qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Messie promis à Israël. Il reçut Jésus dans ses bras, quand Marie le présenta au Temple de Jérusalem et il prononça alors le cantique prophétique que nous a conservé saint Luc, ii, 25-35. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1443, 2°. L’Évangile apocryphe deNicodèmelequalifie de grand-prêtre. L’histoire de la descente de Jésus-Christ aux enfers après son crucifiement est mise dans la bouche de Charinus et de Lenthius, fils de Siméon, qui la racontent à Anne, à Caïphe, à Nicodème, à Joseph d’Arimathie et à Gamaliel. Gamaliel était fils de Rabban Siméon, dont la grand’mère était de la famille de David. Siméon succéda à Hillel comme président du Sanhédrin, vers l’an 13 de notre ère. On veut expliquer ainsi la bienveillance de Gamaliel pour les Apôtres, Act., v, 38, mais ce ne sont que de pures conjectures.

S1MÉONITES (hébreu : ha$-Simëôni ; Septante : cû Sujjiewv ; Vulgate : Simeonitae), descendants de Siméon, fils de Jacob. I Par., xxvii, 16.

    1. SIMERON##

SIMERON (hébreu : Simrôn ; Septante : Sepisptov), fils d’Issachar. I Par., vii, 1. Il est appelé par la Vulgate Semron dans Gen., xlvi, 13, et Semran dans Num., xxvi, 24. Voir Semran, col. 1599.

    1. SIMMAA##

SIMMAA, nom de deux Israélites dans la Vulgate.

1. SIMMAA (hébreu : Sammdh ; Septante : Ha^aâ), orthographe dans la Vulgate, I Par., ii, 13, du nom d’un frère de David, dont le nom est écrit ailleurs Samaa, Samma, Semmaa. Voir Samma.2. col. 1430.

2. SIMMAA (hébreu : Sime’a' ; Septante : Eoc|iai), nom d’un fils de David et de Bethsabée. I Par., iii, 5. Il est appelé ailleurs dans la Vulgate Samua. Voir Samua 1, col. 1435.

    1. SIMON##

SIMON (grec : Scrxwv), nom de quatorze Israélites postérieurs à la captivité de Babylone, excepté le premier. Simon peut être une contraction de l’hébreu Siméon ou bien un emprunt fait aux Grecs chez qui il était usité.

1. SIMON (hébreu Simon ; Septante : 2 ?)[i.wv), de la tribu de Juda, père d’Amnon, de Rinna, de Bén-liânân (voir Hanan 1, t. iii, col. 412) et de Thilon. I Par., iv, 20.

2. SIMON (hébreu : Sim’ôn), fils d’Onias (hébreu : Yôhânan), grand-prêtre. Eccli., L, 1. Il y a eu deux grands-prêtres appelés Simon et qui ont eu tous les

. deux pour père un Onias. Voir Grand-prêtre, t. iii, col. 306. On n’est pas d’accord sur le point de savoir si c’est du premier ou du second que parle Ben Sirach. L’éloge de ce pontife termine, L, 1-23, dans un long développement, les louanges données aux grands tommes de l’Ancien Testament, xliv-l ; il a été le contemporain de l’auteur et cette circonstance sert à déter miner l’époque de la composition de l’Ecclésiastique. Josèphe, Ant. jud., XII, II, 24, voit dans ce grandprêtre Simon I « r qu’il identifie avec Simon le Juste. Cette opinion rencontre de nombreuses oppositions. Voir Ecclésiastique, t. ii, col. 1546. Cf. H. Lesêtre, L’Ecclésiastique, 1880, p. 3-10. Quoi qu’il en soit Ben Sirach écrivit peu après la mort du Simon qu’il loue. Ce grand-prêtre fit des réparations considérables au Temple et embellit Jérusalem. Eccli., L, 1-5. Il rendit de grands services au peuple, ꝟ. 4. Josèphe. Ant. jud., XII, i, 1. Ceux qui entendent’ce passage de Simon II, au lieu de Simon I er, y voient une allusion à ce qui est raconté dans le troisième livre apocryphe desMachabées, ii, 2-20, où il est raconté que Ptolémée IV Philopator, ayant vaincu, en 217 avant J.-C, Antiochus le Grand à Raphia, envahit la Palestine, fit offrir un sacrifice dans le temple de Jérusalem et voulut pénétrer dans le Saint des saints. Simon fit une prière solennelle pour que ce sacrilège ne fût point commis. Le roi tenta néanmoins d’exécuter son projet, mais à peine entré dans l’enceinte sacrée, il fallut l’emporter à demi mort. Irrité de son échec, Ptolémée résolut de s’en venger à Alexandrie contre les Juifs qui habitaient cette ville, III Mach., vi, 18, mais ils furent miraculeusement sauvés. Voir t. iii, col. 498-499. Le fond du récit paraît vrai ; Josèphe en fait aussi mention, seulement il le place sous Ptolémée VII Physcon, au lieu de Ptolémée IV Philopator. Ce serait à l’occasion de ces événements que le grand-prêtre Simon aurait offert le sacrifice solennel dont Ben Sirach avait été témoin et qu’il décrit Eccli., L, 6-23.

3. SIMON MACHABÉE, surnommé Tbasi, I Mach., ii, 2, le second des cinq fils de Mathathias, se montra digne de ses frères par sa vaillance et se distingua par la sagesse de ses conseils, qui avait déjà frappé son père. I Mach., ii, 65. Judas lui confia une campagne contre la Galilée où il triompha avec trois mille hommes des ennemis des Juifs qu’il poursuivit jusqu’aux portes de Ptolémaïde, après leur avoir livré avec succès divers combats, où il tua environ trois mille d’entre eux et fit un butin considérable, ramenant avec lui en Judée les Juifs qui étaient en Galilée et à Arbates. Voir Arbates, t. i, col. 883. I Mach., v, 17, 20-23, 55. Quand son frère Judas eut succombé sur le champ de bataille, en combattant contre Bacchide, Simon emporta le corps du héros avec son frère Jonathas et l’ensevelit à Modin, ix, 19. Jonathas ayant succédé à Judas, Simon s’enfuit avec lui au désert de Thécué pour échapper à Bacchide, ꝟ. 33. Les fils de Jambri ayant massacré leur frère Jean, Jonathas et Simon, pour le venger, allèrent les attaquer pendant des fêtes nuptiales, mais quand ils revenaient, après les avoir battus, Bacchide les attendait à l’est du Jourdain, et ils eurent grand’peine à lui échapper en traversant le fleuve à la nage, ꝟ. 34-48. Plus tard, Simon suivit son frère à Bethbessen et défendit vaillamment cette place contre Bacchide, ꝟ. 62-68, qui, impuissant à vaincre les Juifs, fit la paix avec Jonathas, ꝟ. 70-73. Pendant les années qui suivirent, deux rois rivaux, Démétrius I er et Alexandre Balas, se disputèrent le royaume de Syrie et cherchèrent l’un et l’autre à gagner Jonathas à leur parti. Celui-ci se prononça pour Alexandre qui lui avait fait des offres plus avantageuses. Le fils et successeur de Démétrius I et, Démétrius II Nicator, étant monté sur le trône, envoya son général Apollonius contre les Juifs. Jonathas le battit avec l’aide de Simon son frère, x, 74, 82. Antiochus VI Dionysos, ayant été opposé, encore enfant, à Démétrius par Tryphon, en 145 avant J.-C, donna à Simon le gouvernement du pays qui s’étend de Tyr jusqu’aux frontières d’Egypte, xi, 59. Quelque temps après, Simon assiégea et prit Bethsur, ꝟ. 64-66. Voir Bethsur, t. i, col. 1748. Plus tard, il se porta jusqu’à Asca

Ion et occupa.Joppé, xii, 33. Il bâtit aussi Adiacla et la fortifia, dans la Séphéla, jr. 38. Voir Adiada, t. i, col. 216.

Sur ces entrefaites, Jonathas devint prisonnier par trahison de Tryphon. Voir Jonathas, t. iii, col. 1623. Cet événement remplit les Juifs de terreur. Simon releva leur courage. Ils le proclamèrent leur chef. Aussitôt, il acheva de relever les murs de Jérusalem et de la fortifier. Tryphon partit de Ptolémaïde avec son armée pour l’attaquer. Il avait emmené Jonathas prisonnier à sa suite, et prétendant qu’il s’était emparé de sa personne à cause de l’argent dont il lui était redevable, il demanda à Simon pour le délivrer de payer cette dette et de lui envoyer les deux fils de son prisonnier comme otages. Simon ne crut pas à sa bonne foi, mais il fit ce qu’il lui demandait, afin qu’on ne pût point l’accuser de la mort de son frère. Tryphon ne tint pas parole. Ayant conduit son armée sur la route d’Ador ou Adaram (voir ADARAM, , t. i, col. 245), les Syriens, qui tenaient garnison dans la citadelle de Jérusalem, lui envoyèrent demander de leur porter secours et de les ravitailler en passant par le désert (de Thécué). Il partit, mais la neige arrêta sa marche et il alla en Galaad, d’après le texte grec, en contournant la mer Morte par l’est. À Bascama, il mit à mort Jonathas et ses fils (voir Bascama, t. i, col. 1490), et il retourna en Syrie, xin, 1-24. Simon fit recueillir les ossements de Jonathas et il éleva à Modin un magnifique tombeau à toute la famille des Machabées, xiii, 25-30. Tryphon ayant fait périr le jeune roi Antiochus pour s’emparer de sa couronne, Simon, après avoir remis toutes les places de la Judée en état de défense, envoya des ambassadeurs à Démétrius II pour lui faire acte de soumission. Démétrius II reconnut l’indépendance des Juifs. Simon porta le titre de grand-prêtre et d’ethnarque (142 avant J.-C), jꝟ. 31-32. Bientôt après, il s’empara de Gazara ou Gazer (voir Gazer, t. iii, col. 131), ꝟ. 43-48, où il faut lire Gazara au lieu de Gaza ; cf. xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35. Il força ensuite la garnison syrienne de la citadelle de Jérusalem à se rendre en la tenant étroitement assiégée, }. 49-52. Il s’établit sur la montagne du temple qu’il fortifia et il nomma son fils Jean (Hyrcan) général de ses troupes avec résidence à Gazer, ꝟ. 53-54. Désormais la Judée fut en paix pendant quelque temps et elle jouit sous le gouvernement de Simon d’une grande prospérité, xiv, 4-15. Il renouvela alors l’alliance avec les Romains et les Spartiates, ji. 16-24 a.

Le peuple juif (le latin porte à tort 4 romain », qui n’est point dans le texte grec ni dans la version syriaque ) exprima alors sa gratitude à Simon en érigeant en son honneur une inscription gravée sur une tablette de bronze, qui rappelait ce qu’il avait fait avec ses rères pour l’indépendance de la nation et qu i fu placée sur une stèle dans le péribole du Temple, avec une copie dans le trésor, xiv, 24M9.

Antiochus VII Sidètes (voir t. i, col. 704) ; lorsque son frère Démétrius II Nicator eut été fait prisonnier par les Parthes, I Mach., xiv, 3, pour s’assurer des alliés afin de monter sur le trône écrivit à Simon une lettre dans laquelle il confirmait les privilèges qui lui avaient été déjà accordés et lui concédait le droit de battre monnaie, xv, 1-9. Simon lui envoya à Dor deux mille hommes et des présents. Antiochus qui triomphait de Démétrius II refusa de les recevoir et lui expédia Athénobius (voir t. i, col. 1220) pour lui réclamer Joppé, Gazara et la citadelle de Jérusalem ou bien mille talents d’argent. Simon offrit cent talents d’argent. Athénobius ne lui répondit même pas, ꝟ. 25-36. Après qu’il eut raconté l’échec de sa mission à Antiochus, celui-ci envoya contre Jnda son général Cendébée. Voir t. ii, col. 406. Simon, trop vieux pour se mettre à la tête de l’armée israélite, en confia le commandement à ses deux fils aînés, Judas et Jean, qui remportèrent

sur les Syriens une éclatante victoire, xv, 38-xvi, 10(138 avant J.-C.). En 135, au mois de sabath (janvier-’février), le dernier des frères de Judas Machabée succomba assassiné avec deux de ses fils, à Jéricho, par son gendre Ptolémée, fils d’Abobus, dans la forteresse de Doch, xvi, 21-17. Tous les glorieux fils de Mathathias moururent ainsi de mort violente, payant de leur sang l’indépendance de leur patrie.

4. SIMON, intendant du Temple, sous le grand-prêtre Onias III (t. iv, col. 1816). Il était, d’après II Mach., iii, 4, de la tribu de Benjamin, et, si la leçon n’est pas fautive, il ne pouvait être chargé que des affaires du dehors relatives au Temple, puisqu’il n’appartenait pas à la tribu de Lévi. Son frère Ménélas (t. iv, col. 964} parvint plus tard à acheter le souverain pontificat. C’est ce qui a fait supposer à divers critiques que c’était par erreur que Simon était appelé benjamite, Ménélasdevant être de la tribu de Lévi pour aspirer au suprême sacerdoce. On a proposé de lire Mïnydmîn (Vulgate : Miamin), nom d’un chef de famille sacerdotale, II Esd., xil, 17, au lieu de Benjamin, par le changement de 6 en iii, mais il est difficile dans ce cas d’expliquer le mot <puXr| qu’emploie II Mach., iii, 4. Si Simon était de la tribu de Lévi, on comprendrait plus facilement qu’il exerçât une fonction dans le Temple. Quoi qu’il en soil, cette fonction consistait sans doute à fournir des victimes pour les sacrifices au nom du roi Séleucus IV Philopator.qui avait pris cette dépense à sa charge. II Mach., iii, 3. La Vulgate traduit ꝟ. 4, que Simon « entreprenait quelque chose d’inique dans la cité, » et c’est ce <jue porte le grec du manuscrit Vaticanus. Mais V Alexandrinus porte une leçon qui paraît bien préférable : « Simon était en désaccord avec le grand-prêtrerelativement au règlement du marché ; » au lieu de 7tapovo|i ! aç, « chose inique, désordre », il lit àyopavofvt’aç, o règlement du marché », différend qui se comprend sans peine, dès lors que Simon était chargé de procurer les victimes qui devaient être offertes en sacrifice.

Ce qui est certain, c’est qu’une querelle surgit entre Onias et Simon, probablement à cause de ces achats, et qu’elle s’envenima de telle sorte que Simon cédant à un mouvement de vengeance, dénonça à Appollonius, gouverneur de Ccelésyrie et de Phénicie, et, par lui, , au roi de Syrie, les trésors qui étaient accumulés, disait-il, dans le Temple de Jérusalem. Séleucus envoya Héliodore pour s’en emparer, mais il fut miraculeusement empêché d’exécuter sa mission. Voir Héliodore, . t. iii, col. 570. II Mach., iii, 5-40. — Cet événement n’était pas propre à ramener la bonne entente entre Onias et Simon. Celui-ci disait du mal du grandprêtre, qui, pour arrêter ses calomnies, alla s’en plaindre auprès du roi Séleucus IV. Le texte sacré ne nous fait pas connaître le résultat de sa démarche et ne nous apprend plus rien sur Simon, iv, 1-6, mais il ne dut pas êtredifficile à Onias de démasquer son ennemi.

5. SIMON, nom du prince des Apôtres, auquel Notre-Seigneur donna le surnom de Céphas ou Pierre, ce quifait qu’il est appelé aussi, en réunissant les deux noms, Simon Pierre. Matlh., iv, 18 ; x, 2 ; xvi, 16, etc. ; Marc, m, 13 ; Luc, VI, 14 ; Joa., i, 42, etc. ; Act., x, 5, 18. 32 ; . xi, 13 ; Il Petr., i, 1. Voir Pierre, col. 366 ; Céphas, . t. iii, col. 429.

6. SIMON LE CHANANÉEN ou CANANÉEN (6 Ka vavÎTT] ; ), ainsi appelé, Matth., x, 4, et Marc, iii, 18, pour le distinguer des autres Simon ses contemporains, , un des douze Apôlres. Saint Luc, vi, 15 ; Act., i, 13, lui donne le surnom de Z/iÀtotjJç, qui est la traduction grecque de l’araméen p* : ?, et a le même sens ; il doit indiquer que Simon faisait partie de ces Juifs à qui le zèle pour la Loi et toutes les pratiques du culte mosaïque

avaient fait donner ce titre. Voir Chananéen, t. 2, ii, col. 540. C’est de tous les Apôtres celui dont l’histoire est la moins connue. Le Nouveau Testament se borne à le nommer. Pusieurs le confondent avec le cousin de Notre-Seigneur de ce nom. Voir Simon 7. Les traditions conservées par le Bréviaire romain (au 28 octobre) lui font prêcher la foi en Egypte, puis, avec l’apôtre saint Jude, en Mésopotamie où ils souffrirent tous deux le martyre. Les Bollandistes, Acta sanctorum, 29 octobre, t. xii, 1867, p. 424, admettent la prédication de saint Simon enPerse, et aussi enÉgypte ; ils regardent comme fabuleuse la prédication de cet Apôtre dans d’autres parties de l’Afrique et dans la Grande-Bretagne.

7. SIMON, frère (dans le sens sémitique de cousin) de Notre-Seigneur. Il est compté parmi les frères de Jésus Matlh., xiii, 55 ; Marc, vi, 3. Rien de certain sur son histoire : les uns l’identifient avec Simon le Cananéen, un des douze Apôtres ; les autres avec le Siméon qui devint évêque de Jérusalem après le martyre de l’apôtre Jacques le Mineur, l’an 02 (t. iii, col. 1084), Eusèbe, H. E., iii, 11, t, xx, col. 245, et qui souffrit le martyre sous Trajan, en l’an 107 environ. Eusèbe, H. E., m ; 32, t. xx, col. 281. Contre cette seconde identification, on objecte que, d’après Eusèbe, le Simon qui fut évêque de Jérusalem était fils de Cléophas et non le frère de Jacques et de Jude.

8. SIMON le lépreux, qui avait peut-être été guéri de sa lèpre par Notre-Seigneur. Il était de Béthanie et peut-être parent ou ami de Lazare. Quelques-uns ont supposé qu’il était son frère, d’autres qu’il était le mari de Marie, sœur de Lazare, ce qui ne s’accorde point avec ce que l’on sait d’elle. D’après une tradition apocryphe rapportée par Nicéphore, H. E., i, 27, t. cxlv, col. 712, Simon aurait été le père de Lazare. En l’absence de renseignements authentiques, l’imagination s’est donné à son sujet libre carrière. Ce qui est certain, c’est qu’il donna un festin en l’honneur de Notre-Seigneur, après la résurrection de Lazare, six jours avant la Pâque, que Lazare y assistait et que Marthe dirigeait le service. Marie y oignit les pieds de Notre-Seigneur avec un parfum de nard. Matth., xxvi, 67 ; Marc, xiv, 3 ; Joa., xii, 1-3. Voir Marie-Madeleine, t. iv, col. 812.

9. SIMON le Cyrénéen, ainsi surnommé parce qu’il était probablement originaire de Cyrène. Voir Cyrénéen, t. ii, col. 1184. Il se trouvait à Jérusalem à l’époque de la Passion, et ayant rencontré Notre-Seigneur, quand on le conduisaitauCalvaire, les soldats le contraignirent à aider le Sauveur à porter sa croix. Matth., xxvii, 32 ; Marc, xv, 21 ; Luc, xxiii, 26. Cet acte de charité, quoique d’abord involontaire, fut récompensé par la conversion de ses fils Alexandre et Rufus, que saint Marc, xv, 21, nomme comme des disciples bien connus des chrétiens. Voir Alexandre, 3, 1. 1, col. 350 ; Rufus, t. v, col. 1267.

10. SIMON le pharisien. Pendant un repas auquel il avait invité Notre-Seigneur, une pécheresse entrant dans la salle du festin arrosa de ses larmes les pieds du Sauveur, les baisa et les parfuma. Simon, à ce spectacle, se dit en lui-même : S’il était prophète, il saurait que cette femme est une pécheresse. Jésus, répondant à sa pensée, lui dit que, parce qu’elle aimait beaucoup, il lui était beaucoup pardonné. Luc, vii, 36-50. C’est probablement à Capharnaûm, sur les bords du lac de Galilée, que ce fait se passa. Sur l’identité de cette pécheresse avec Marie-Madeleine, voir t. iv, col. 814-817.

11. SIMON, père de Judas Iscariote. On ne connaît que son nom. Joa., vi, 71 ; xiii, 2, 26.

12. SIMON LE MAGICIEN, Samaritain, contemporain des Apôtres. Il était né à Gitton, village voisin de Sichem (S. Justin, Apol., i, 26, t. VI, col. 368), et non point à Citium, dans l’île de Chypre, comme plusieurs l’ont cru, en le confondant avec un magicien cypriote portant le même nom, dont parle Josèphe, Ant. jud., XX, vii, 2. Si l’on s’en rapporte aux Homélies clémentines, ii, 22, t. ii, col. 89, il fut élevé à Alexandrie, en Egypte, et c’est là qu’il se familiarisa avec les erreurs gnostiques dont il devint plus tard le propagateur. Il habitait la Samarie et y avait acquis comme magicien une réputation extraordinaire quand le diacre Philippe arriva dans le pays pour y prêcher l’Évangile. Voir Philippe 7, col. 270. On y regardait Simon « comme la vertu de Dieu », le pouvoir divin « qui est appelé grand ». Act., viii, 10. Il se donnait lui-même comme « quelqu’un de grand », ^. 9, et saint Jérôme lui attribue ces paroles : Ego suni sermo Dei, ego sum Speciosus, ego Paracletus, ego Omnipotens, ego omnia Dei. In Matth., xxiv, 5, t. xxvi, col. 176.

Le diacre Philippe opéra des miracles sous ses yeux dans la ville de Samarie, guérisons de possédés, de paralytiques et de boiteux qui le remplirent d’étonnement et d’admiration, si bien qu’imitant les Samaritains qui se convertirent, il demanda et reçut lui aussi le baptême. Sur ces entrefaites, les Apôtres apprirent les conversions opérées par Philippe, et Pierre et Jean allèrent à Samarie et y conférèrent aux nouveaux chrétiens le sacrement de confirmation. Simon fut frappé du pouvoir qu’ils avaient de conférer le Saint-Esprit par l’imposition des mains ; il s’imagina que c’était un don vénal et il offrit de l’argent aux Apôtres pour l’obtenir, ce qui a fait donner le nom de simoniaques à ceux qui ont voulu depuis acheter les dignités ecclésiastiques. Pierre lui répondit avec indignation : Pecunia tecum sit in perditionem, quoniam donum Dei existimasti pecunia possideri. Simon lui demanda de prier pour lui afin que les maux dont il l’avait menacé ne tombassent point sur lai. Act., viii, 5-24. L’Écriture ne nous apprend plus rien sur Simon.

En revanche, la littérature ecclésiastique des premiers siècles et surtout la littérature apocryphe s’est occupée très longuement de Simon. Son compatriote saint Justin martyr, vers 150, nous a laissé quelques renseignements sur son compte. Apol., 1, 26, 56 ; Dial.cum Tryph., 120, t. vi, col. 368, 413, 755. Cf. Apol., ii, 15, col. 468. Simon était à Rome, nous dit ii, sous le règne de l’empereur Claude, et il y opéra par l’art des démons des « miracles magiques » qui le firent considérer comme un dieu, de sorte que les Romains lui érigèrent dans l’Ile du Tibre, entre les deux ponts, une statue portant cette inscription romaine : Simoni deo sancto. Col. 367. Saint Justin racontait ces faits dans son apologie, adressée à l’empereur Antonin le Pieux, au sénat et à tout le peuple romain. On admet généralement aujourd’hui qu’il s’est trompé au sujet de l’érection de la statue à Simon le Magicien. On a trouvé en 1574 dans l’Ile du Tibre, c’est-à-dire à l’endroit dont parle Justin, un fragment de marbre, appartenant probablement au socle d’une statue, où on lit cette inscription : Semoni Sanco Deo Fidio. Saint Justin a confondu Simon le Magicien avec un dieu Sanco, adoré par les Sabins.

Sur les anciens auteurs ecclésiastiques et en particulier sur la littérature apocryphe primitive concernant Simon le Magicien, voir A. C. Headlam, Simon Magus, dans J. Hastings, À Diclionary of the Bible, l. iv, 1902, p. 520-527. Les Homélies Clémentines et les Récognitions ont en particulier parlé de lui. Voir Migne, Patr. gr., t. i et n. Comme ces écrits sont ébionites, Baur y a cherché des passages où il s’est imaginé que Simon représentait saint Paul et il en conclut que Simon le Samaritain n’était pas un personnage historique, mais le représentant de la lutte du paulinisme

contre le pétrinisme. Voir Baur, t. i, col. 1522. La théorie de Baur qui a rencontré tant de partisans, surtout en Allemagne, est aujourd’hui morte et à peu près abandonnée. — Voir Simon Magus, dans Smith, À Dictionary of Christian Biography, t. iv, 1887, p. 681-688 ; Volkmar, Ueber den Simon Magus der Apostelgeschichte, dans Theologische Jahrbûcher, 1856, p. 279 ; Lipsius, Die Quellen der rômischen Petrus-Sage kritisch untersucht, Kiel, 1872 ; Id., Die apokryphen Apostelgeschichten und Apostellegenden, Brunswick, t. ii, 1, 1887.

entra à l’Oratoire de Paris en octobre 1659. Il en sortit bientôt pour y rentrer en 1662. À deux reprises professeur à Juilly, il revint bientôt à la maison mère de Saint-Honoré qu’il habita jusqu'à son exclusion de l’Oratoire le 21 mai 1678. Il se retira à ce moment dans son prieuré-cure de Bolleville en Normandie mais s’en démit au bout de deux ans pour revenir reprendre à Paris le cours de ses travaux littéraires. Il y resta jusqu’en 1681, puis se retira à Dieppe où il mourut chrétiennement. Avant de mentionner ses principaux ouvrages, une

379. — Maison dite de Simon le corroyeur à Jalîa. D’après une photographie.

13. SIMON LE CORROYEUR, chrétien de Joppé qui donna l’hospitalité à saint Pierre. L’Apôtre eut dans sa maison la vision qui lui apprit que les païens étaient appelés au don de la foi. Cette maison était située sur le bord de la mer, l’eau étant nécessaire à Simon pour exercer son métier. On montre encore aujourd’hui aux pèlerins à Jaffa l’emplacement traditionnel de la maison du corroyeur (fig. 379).

14. SIMON NIGER ou le Noir, chrétien d’Antioche (en grec : Eu[ie<jSv), mentionné seulement, Act., xiii, 1, comme un des docteurs et des prophètes de l'Église d’Antioche. Ob ne connaît sur lui rien de certain. Son nom de Simon doit indiquer son origine juive. Le surnom de Noir lui fut donné sans doute à cause de sa eomplexion pour le distinguer de ses homonymes, sans qu’on puisse conclure de là qu’il était nègre et Africain, comme quelques-uns l’ont supposé.

    1. SIMON Richard##

SIMON Richard, exégète français, né à Dieppe le

  • 3 mai 1638, mort dans cette ville le Il avril 1712. Il

remarque s’impose : R. Simon a été attaqué, non seulement par les savants et critiques de son temps, aussi bien jésuites que jansénistes, aussi bien par Bossuet, Huet, Mabillon que par les prolestants orthodoxes, mais « par presque tous les auteurs qui ont écrit sur l’Ancien Testament à la lin du xvii » siècle et dans la 1™ moitié du xviir » siècle, » dit le pasteur Bernus, Richard Simon, 1869, p. 132. Or, quelle raison donner de ce fait, si R. Simon avait été dans le vrai ? Mettre la chose sur le compte de son mauvais caractère, de la méchanceté de ses satires, de ses mensonges continuels, de sa vanité, n’explique pas suffisamment que tous les ailleurs se soient ainsi unis contre lui. Si l’on peut le regarder comme un précurseur du modernisme « par sa manière habile de déguiser les témérités de sa critique, ses ruses et sa mauvaise foi, ses diatribes contre les Saints Pères si révoltantes » (expressions de la Biographie Michaud), il l’est bien davantage encore par toute sa tendance rationaliste, ce dont Renan s’est bien rendu compte, par son manque de sens catholique, et peut-on même dire par son esprit anti

chrétien. Bossuet a bien montré tout le danger des I idées de R. Simon. Il est de mode aujourd’hui de le trouver injuste et sévère ; mais quand il était question de l’intégrité de la foi, le grand évêque ne transigeait point. La condamnation par Rome de la plupart des écrits de R. Simon justifie amplement le zèle de Bossuet sans qu’il soit besoin d’insister. Reconnaissons cependant en R. Simon une science incontestable, une érudition étonnante, une grande sagacité de critique notamment pour le discernement des bons manuscrits. Avec encore la réserve que personne ne sut faire parade comme lui de choses qu’il ne savait pas, et que ses ouvrages sont pleins plutôt de choses rares et curieuses que de faits exacts et contrôlés par un mûr examen. Voici les principaux de ces ouvrages : nous renvoyons pour les autres aux sources indiquées plus loin.

Histoire critique du Vieux Testament, s. 1. et a. (Paris), in-4°, Billaine, 1678 (nous n’indiquerons que les éditions princeps). Cette édition fut supprimée, mais il s’en fit coup sur coup sept autres, sans parler des traductions latines et anglaises. Dans cet ouvrage R. Simon attaque l’authenticité mosaïque du Pentateuque (ch. v) puisqu’il n’en attribue à Moïse que la partie législative. Voir Pentateuque, t. iv, col. 84. — Histoire critique du texte du Nouveau Testament, in-8°, Rotterdam, R. Leers, 1689. Deux éditions et deux traductions, en anglais et en allemand. — R. Simon, comme a dit Bossuet, « y attaque directement l’inspiration, » cherchant à prouver qu’il suffit que l’Écriture soit inspirée quant à la substance et qu’on ne doit entendre par l’inspiration qu’une assistance négative du Saint-Esprit qui n’a pas permis que les écrivains sacrés soient tombés dans l’erreur. — Histoire critique des Versions du Nouveau Testament, in-4°, Rotterdam, R. Leers, 1690. Traduite en allemand et en anglais. R. Simon y loue beaucoup trop certaines versions anciennes, notamment la version arménienne d’Uscan. — Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, in-4°, Rotterdam, R. Leers, 1693. C’est contre cet ouvrage, où l’auteur attaque si impertinemment les Pères, que Bossuet écrivit sa Défense de la Tradition et des saints Pères, mais qui ne devait paraître qu’en 1763. — Nouvelles Observations sur le texte et les versions du Nouveau Testament, in-4°, Paris, Boudot, 1635. — Le Nouveau Testament… traduit sur l’ancienne Édition latine, 4 in-8°, Trévoux, Etienne Ganeau, 1702. On y a relevé non seulement des nouveautés d’expressions toujours regrettables, mais des tournures de phrases qui n’expriment pas la foi catholique comme celles que l’auteur veut remplacer. — Il y aurait aussi à mentionner les divers travaux de R. Simon relatifs aux Églises orientales, aux juifs, ses Lettres choisies, sa Bibliothèque critique, sa Nouvelle bibliothèque choisie.

Par sa faute, dirons-nous en empruntant les expressions de P. de Valroger, « R. Simon devait perdre le fruit de ses facultés et de son immense érudition… L’attention resta concentrée sur les parties dangereuses de ses ouvrages, dont les erreurs ont compromis la partie saine et féconde, » Et pour terminer par le jugement de Bossuet : « Richard Simon ne s’excusera jamais… d’avoir renversé les fondements de la foi, et avec le caractère de prêtre d’avoir fait le personnage d’un ennemi de l’Église. »

Voir Batterel, Mémoires domestiques, Paris, 1907, t. iv, p. 233, 295 ; Cochet, Galerie dieppoise, 1862, p. 327-381 ; Graf, R. Simon, Iéna, 1847 (le meilleur travail d’ensemble, d’après Bernus) ; A. Bernus, R. Simon et son Histoire critique du V. Testament (thèse), Lausanne, 1869 ; Denis, Critique et controverse ou R. Simon et Bossuet, Cæn, 1870 ; A. Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, article de M. Bernus, p. 121-163 ; îi. Reusch, Der Index der verbotenen Bûcher, 1885,

ii, p. 422 ; R. de la Broise, Bossuet et laBible, Paris, 1891 (le ch. xii, p. 335-355) ; Margival, Richard Simon, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. ii. (Sur cette dernière étude, tout à fait suspecte, cf. le Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, nov. 1900 ; Revue thomiste, janvier 1901 ; Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, t. i, p. 127.)

A. Ingold.

    1. SIMONIS Johannes##

SIMONIS Johannes, né le 10 février 1698 à Drusen près de Schraalkaden, mort le 2 janvier 1768, hébraïsant distingué. Il professa l’histoire ecclésiastique et l’archéologie chrétienne à l’université de Halle. On a de lui : Vorlesungen ûber die jûdischen Alterthûmer nach Adrian Reland, ouvrage publié après la mort de l’auteur par S. Mursinna, in-8°, Halle, 1769 ; Onomasticum Veteris Testamenti, 1741 ; Analysis et explicalio lectionum masorethicarum Ketiban et Krijan vulgo dictarum, ea forma quse illse in textu sacro exstant, in-8°, Halle, 1752 ; 2e édit., 1782 ; 3e édit., publiée par E. F. K. Rosenrnûller, 1824 ; Dictionarium Veteris Testamenti hebrseo-ehaldaicum, ut cum Bibliis hebraicis manualibus conjungi queat, in-8°, Halle, 1752 ; Introductio grammatico-critica in linguam hebraicam, in-8°, Halle, 1753 ; Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum, in-8°, Halle, 1756 ; edilio altéra, priori longe auctior, cui accessit vita auctoris, a Sam. Mursinna, curante Jh. Ludw. Schulzio, 1771 ; 3e édit., auxit J. G. Eichhorn, 1793 ; 4e édit., auxit F. G. Winer, in-8°, Leipzig, 1828 ; Onomasticum Novi Testamenti et librorum Veteris Testamenti apocryphorum, in-4°, Halle, 1762 ; Observationes Lexicse in suppl. Lexici hebraici manualis, in-8°, Halle, 1763 ; Lexicon manuale grsecum, in-8°, Halle, 1766. On lui doit aussi une édition de la Bible hébraïque, Halle, 1752, avec des corrections importantes, 1767, au texte de Van der Hooght.

    1. SIMPLICITÉ##

SIMPLICITÉ (hébreu : tôm ; Septante : « tcXotyiç, àqsEXÔTï] ;  ; Vulgate : simplicitas), vertu de celui qui agit sans arrière-pensée, avec loyauté et sincérité, sans chercher à tromper autrui et sans afficher lui-même aucune prétention. Cette vertu est opposée à l’hypocrisie ou duplicité. Voir Hypocrisie, t. iii, col. 795. Le simple, âicXôoç, simplex, est ainsi l’antithèse du double, SiTciôoç, duplex. — Les versions appellent souvent « simplicité » des vertus désignées dans l’hébreu sous les noms de « droiture, intégrité, innocence ». — Jacob, Gen., xxv, 27, et Job, I, 1, 8 ; ii, 3, sont appelés des hommes « simples », c’est-à-dire francs et droits. Abimélech s’empara de Sara d’un cœur simple, c’est-à-dire sans arrière-pensée d’adultère. Gen., xx, 5. Deux cents hommes partirent de Jérusalem à la suite d’Absalom avec simplicité, sans se douter de ses projets de révolte. II Reg., XV, 11. Salomon se propose d’agir d’un cœur simple et droit. III Reg., ix, 4 ; IPar., xxix, 17. Achab fut atteint par une flèche tirée simplement, par quelqu’un qui ne le visait pas. III Reg., xxii, 34. Les Juifs, compagnons de Mathathias, veulent mourir dans la simplicité de leur cœur, sans autre pensée que celle de la fidélité à leur loi. IMach., 11, 37. Les premiers chrétiens prenaient ensemble leurs repas avec joie et simplicité. Act., ii, 46. Bien souvent, la simplicité est trompée par le mensonge, Esth., xvi, 6, parce que, comme la charité, « elle ne tient pas compte du mal, elle ne prend pas plaisir à l’injustice, elle se réjouit de la vérité, elle excuse tout. » I Cor., xiii, 5-7. — La simplicité est fréquemment recommandée dans la Sainte Écriture. Elle est opposée aux détours des perfides. Prov., xi, 3, 20. La récompense lui est promise. Prov., ii, 21. Il faut chercher le Seigneur d’un cœur sincère. Sap., i, 1. Le Sauveur prescrit à ses disciples d’être « sans mélange », àxépaioi, simplices, simples comme des colombes. Matth., x, 16. Il remarque que, quand l’œil

est simple, tout le corps est dans la lumière, Malth., vi, 22, c’est-à-dire quand l’œil est sain, sans rien qui le ternisse, il est capable de diriger tous les mouvements et tous les actes du corps ; de même, quand l’œil de l’âme est simple, quand l’intention est pure et droite, toute la conduite en ressent l’heureuse influence. Celui qui fait les distributions aux autres doit s’acquitter de sa tâche avec simplicité, sans préférences injustifiées, parce que la charité doit agir à découvert, àvunJxpiTaç, sine simulatione. Rom., xii, 8-9. Il faut être sage visà-vis du bien, et simple vis-à-vis du mal. Rom., xvi,

19. Saint Paul se fait gloire de s’être toujours conduit avec simplicité et sincérité. II Cor., i, "12. Il redoute que l’astuce du démon fasse déchoir ses fidèles de la simplicité qui vient du Christ. II Cor., xi, 3. Il félicite les églises de Macédoine de s’être montrées très généreuses avec simplicité et il demande aux Corinthiens de donner eux aussi d’un cœur simple. II Cor., viii, 2 ; IX, 11. Les serviteurs doiventobéirà leursmaîlres en toute simplicité de cœur. Eph., vi, 5 ; Col., iii, 22. La simplicité convient aux enfants de Dieu, Phil., Il, 15, selon le précepte du Seigneur. Saint Pierre veut aussi que les fidèles s’aiment les uns les autres d’un cœur simple. I Pet., i, 22.

H. Lesêtre.
    1. SIMULATION##

SIMULATION (grec : ûicôxpimc ; Vulgate : sinmlatio), acte par lequel on semble faire ce que l’on ne veut pas faire, ou paraître ce que l’on n’est pas. — Pour prendre la ville de Haï, Josué et ses guerriers simulent une fuite qui attire les habitants dehors. Jos., viii, 15 20. Les Gabaonites feignent de venir de très loin, afin que Josué les épargne. Jos., ix, 3-15. Ce sont là des ruses de guerre, ’ormâh, itavoupYta. Jos., ix, 4. De même, les Israélites fuient devant les guerriers de Benjamin, afin d’attirer ceux-ci dans l’embuscade. Jud., xx, 29-45. — Des personnes se font passer pour ce qu’elles ne sont pas. Avec l’aide de sa mère Rébecca, Jacob se présente à Isaac comme étant Ésaù. Gen., xxvii, 6-29. Lia se fait passer pourRachel. Gen., xxix, 21-25. Rachel feint la fatigue pour ne pas se lever devant Laban. Gen., xxxi, 35. Thamar prend les dehors d’une femme de mauvaise vie. Gen., xxxviii, 14-19. Chez le roi de Geth, David simule la folie. I Reg., xxi, 12-15. Amnon fait le malade pour attirer Thamar auprès de lui. II Reg., xiii, 5. Une femme de Thécué feint de demander justice à David, aGn de ménager le retour en grâce d’Absalom.

, II Reg., xiv, 2--0. La femme de Jéroboam se déguise pour aller consulter le prophète Ahias sans être reconnue de lui. III Reg., xiv, 2-6. Apollonius feint des intentions pacifiques, pour tromper les Juifs qu’il s’apprête à massacrer. II Mach., v, 25, 26. On veut décider Éléazarà feindre de manger des viandes défendues, afin d’épargner sa vie. Mais le vieillard se refuse à cette simulation. II Mach., VI, 18-28. Les Juifs envoyaient auprès de Notre-Seigneur des gens qui feignaient d’être justes, afin de le prendre en défaut. Luc, xx, 20. Notre-Seigneur feint lui-même de ne pas vouloir exaucer la Chananéenne, Matth., xv, 23-27, et de s’abstenir d’aller à la fête des Tabernacles. Joa., vii, 6-10. Après sa résurrection, arrivé à Emmaûs avec les deux disciples, il fait semblant de vouloir aller plus loin. Luc, xxiv, 28. Saint Paul qualifie de dissimulation la conduite de saint Pierre, s’abstenant à Antioche de manger avec les chrétiens venus du paganisme, à l’arrivée des chrétiens de Jérusalem. Gal., ii, 12-14. Il y a donc des simulations qui sont légitimes, d’autres qui sont repréhensibles. Voir Hypocrisie, t. iii, col. 795. — La simulation doit être bannie des sentiments. I Pet., ii, 11. On est porté à flatter ceux qu’on redoute. Ps. xviii (xvii), 45 ; lxvi (lxv), 3 ; lxxxi (lxxx), 16. Les Apôtres veulent que tout soit sincère dans les rapports avec Dieu et avec le prochain et que la simulation ne vicie ni la sagesse, ni la charité. Rom., xii, 9 ; II Cor., vi, 6 ; I Tim., i, 5 ; II Tim. ; ii, 5 ; Jacob., iii, 17 ; II Pet., ii, 3. H. Lesêthe.

SIN, nom dans le texte hébreu de la ville d’Egypte que la Vulgate a rendu par Péluse. Ezech., XXX, 15. Voir Péluse, col. 28.

SIN (DÉSERT DE), deux déserts qui portent le même nom dans la Vulgate, mais dont l’orthographe est différente en hébreu.

1. SIN (hébreu : midbâr-Sîn ; Septante : spui^oç Eîv), nom du désert qui, d’après les Nombres, xxxiii, 11, fut la huitième station des Israéliles d’Egypte à la terre de Chanaan.

I. Identification. — D’après l’Exode, xvi, 1, le désert de Sin était « entre Élim et le Sinaï s, dans la presqu’île sinaïtique. Dans le même livre, xvii, I, la station de Raphidim est mentionnée entre le désert de Sin et le désert de Sinaï. Enfin, dans le catalogue des stations des enfants d’Israël, rapporté par les Nombres, xxxiii, 3-49, entre Élim’et le désert de Sin on fait mention d’un nouveau campement, celui de la mer Rouge, xxxiii, 10-11 ; et de deux autres entre le désert de Sin et le désertée Sinaï, c’est-à-dire de ceux de Daphca et d’Alus, xxxiii, 12-14, avant d’arriver à Raphidim. De ces indications il ressort qu’on doit chercher le désert de Sin dans la partie de l’itinéraire des enfants d’Israël qui précéda la station du Sinaï, et plus précisément entre la station des « bords de la mer Rouge », Num., xxxiii, 10, et la station de Daphca, jꝟ. 12. L’étude des lieux permet de fixer la station des bords de la mer Rouge, avec assez de certitude, à l’extrémité inférieure de l’ouadi Taiyibéh, ou à un point quelconque du littoral, dans la plaine A’elMourkheiyéh. Presque tous ceux qui ont visité ce pays s’accordent sur ce point, avec les savants de l’expédition scientifique anglaise. Cf. H. S. Palmer, Sinai, Londres, 1878, p. 192-193 ; E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, Londres, 1871, t. i, p.238-239 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 457-458 ; Lagrange, L’itinéraire des Israélites, dans la Revue biblique, janvier 1900, p. 83. Pour ce qui regarde la station de Daphca, son identification avec les mines de Magharah, vers le point de jonction des ouadis Sidréh, Gné ou Igné et Mokatteb, a en sa faveur un ensemble considérable de probabilités. Voir Daphca, t. ii, col. 1291-1292. En acceptant ces deux points de l’itinéraire comme acquis, la station du désert de Sin doit nécessairement être placée dans quelque endroit de la plaine d’el-Markha, qui commence à une distance de seize kilomètres, au sud de l’ouadi Taiyibéh, sur la plage de la mer Rouge. Cette identification s’impose même lorsqu’on veut faire suivre par le gros des Israélites, avec les troupeaux, la voie de la côte, et le faire remonter au Sinaï par l’ouadi Feiran, tandis que des détachements isolés, pour éviter un détourne dix-sept kilomètres de chemin, auraient quitté assez vite la plaine d’el-Markha, pour aller rejoindre le ouàdi Feiran, remontant par le ouâdi Sidréh et le ouàdi Mokatteb. Voir Raphidim, t. v, col. 981-982. Nous écartons, sans y insister, l’hypothèse de l’identification du désert de Sin avec le grand désert i’el-Qdah, qui s’étend près de la mer Rouge, au sud de la péninsule, au pied du massif granitique du Sinaï. Il est très éloigné d’Élim, qu’on ne peut faire descendre au sud plus bas que la station au bord de la mer, voir Llim, t. ii, col. 1680-1683 ; aucun nom moderne ne rappelle d’une façon plausible ni Daphca, ni Alus, ni Raphidim, dans cette immense plaine aride ; aucune tradition ancienne n’a eu en vue ce chemin. Cf. Lagrange, dans la Revue biblique, l900, p. 84. Mais de l’ouadi Taiyibéh, sans parler de la route qui suit la mer, et traversant la plaine d’el-Markha, monte ensuite dans les montagnes, on peut se rendre au montSinaï par la route dite du Nord. Celle-ci remonte l’ouadi Taiyibéh jusqu’à la naissance de la vallée, se continue dans l’intérieur des terres, tourne ensuite au sud-est jusqu’à

l’extrémité occidentale de Debbet er-Ramléh, et après avoir coupé plusieurs vallées latérales, rejoint la route de la côte à trente-huit kilomètres du Sinaï. Dans cette hypothèse le désert de Sin serait le Debbet er-Ramléh, grande plaine de sable qui s'étend au pied du Djebel et-Tih. On peut dire, il est vrai, qu’il est justement au milieu entre l’ouadi Gharandel (Élim) et le massif granitique du Djebel Mouça (Sinaï), en conformité avec l’Exode, xvi, 1 ; mais cet itinéraire est dépourvu de tout souvenir local ; il va contre toutes les données traditionnelles, et il est beaucoup moins praticable pour une grande multitude. Au contraire, la route qui suit la mer Rouge, et traverse la plaine d’el-Markha, est plus praticable pour une multitude aussi considérable que celle des enfants d’Israël ; elle est mieux approvisionnée d’eau ; elle est, de plus, la seule qui passe par l’ouâdi Feiran, avec lequel, dès une haute antiquité, on a identifié Raphidim. Voir Raphidim, t. v, col. 982. En outre, l’identification du désert de Sin avec la plaine <ïel-Markha, qu’on trouve sur cette route, jouit de la faveur de la tradition chrétienne et des préférences de presque tous les savants d’aujourd’hui. La Peregrinatio Sylviee (vers l’an 385), édit. Gamurrini, p. 140, qui en est le premier écho, identifie le désert de Sin avec une vallée large de six mille pas romains ou neuf kilomètres et d’une longueur beaucoup plus grande. La description de la pèlerine est un peu confuse, parce que les montagnes, dont elle parle, ne cadrent guère avec ce désert. Mais on doit avouer que l’unique plaine de cette dimension, qu’elle a pu, rencontrer sur son chemin entre Pharan et Élim, est la plaine d’el-Markha. Saint Jérôme, vers la même époque, indique le désert de Sin entre la mer Rouge et le désert du Sinaï, et plus précisément entre la mer Rouge et Raphidim, De situ et nomin. hebr., t. xxiii, col. 920 ; ce qui nous amène à la plaine d’el-Markha. Ailleurs, cependant, en parlant de toutes les quarante-deux stations des Israélites dans le désert, il dit que la région entière jusqu’au Sinaï s’appelait « désert de Sin ». Cf. Epist. lxxii, ad Fabiolam, t. xxii, col. 705. On trouve cette dernière opinion répétée parmi les auteurs jusqu'à Adrichomius, Pharan, n. 90. Parmi les voyageurs et les savants modernes, l’identification du désert de Sin avec la plaine d’el-Markha est adoptée par Lengerke, Robinson, Ritter, Kurtz, Stanley, Strauss, Bartlett, Ebers, Vigouroux, et beaucoup d’autres. Cf. Bartlett, From Egypt to Palestine, p. 213. Palmer, Ebers, après Robinson, ont appuyé cette identification sur divers arguments. Cf. Lagrange, dans la Revue biblique, 1900, p. 84. Notons, en passant, que l'étymologie même semble favoriser une opinion traditionnelle aussi généralement répandue. Sin, en hébreu, veut dire « boue ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 947. Même aujourd’hui, l’aspect topographique de la plaine d’el-Markha, peut justifier jusqu'à un certain point l’appellation de « désert boueux » qu’on lui aurait donné à l'époque de l’Exode.

II. Description. — La plaine d’el-Markha commence à une distance de seize kilomètres au sud de l’ouadi Taiyibéh. Au nord, elle est limitée par les masses sombres du Djebel el-Markha aux flancs bigarrés ; au midi, elle se rattache au désert d’el-Qaah ; à l’est, elle a pour limite le massif granitique entrecoupé par divers ouadis ; à l’ouest enfin elle aboutit à la mer Rouge. La plaine mesure environ vingt-deux kilomètres de longueur du nord au sud, et a une étendue de huit kilomètres de lest à l’ouest. L’aspect de la plaine est tout à fait stérile pendant la plus grande partie de l’année ; cependant les pluies d’hiver y font germer une végétation relativement abondante, qui consiste en herbes et en broussailles, parmi lesquelles se trouvent les premiers acacias seyals. Le sol, noir et caillouteux, contient beaucoup d’oxyde magnétique de fer et des grenats. Il est jonché de blocs de granit rouge, de

feldspath rose et de basalte, charriés, aux temps préhistoriques, de l’intérieur du pays. À ce propos, notons qu’au sud de l’embouchure de l’ouadi Babah, plusieurs éperons de la montagne portent des las de scories de minerais de cuivre et des vestiges de hauts-fourneaux. M. Pétrie suppose que les mineurs égyptiens avaient transporté là les, minerais de l’ouadi Babah et de l’ouadi Nasb où les broussailles sont rares, pour les fondre au bord de la plaine d’el-Markha abondante en combustible. Cf. Flinders Pétrie, Researches in Sinai, Londres, 1906, p. 18. à l’extrémité septentrionale de la plaine coulent deux sources, celle de l’Ain-Dhafary dont l’eau est douce, et celle de l’Aïn-Markha, dont l’eau est aujourd’hui très saumâtre. Autour de cette dernière, marquée par un palmier, existe une dépression du sol, qui, dans les temps plus reculés, devait constituer un marais. Cf. "Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 1896, t. ii, p. 460 ; Meistermann, Guide du Nil au Jourdain par leSinaïet Pétra, Paris, 1909, p. 65.

III. Histoire. — Le désert de Sin est devenu particulièrement célèbre dans l’histoire sacrée par la manne qui y tomba pour la première fois. Les enfants d’Israël y campèrent le quinzième jour du second mois après la sortie d’Egypte, Exod., xvi, 1 ; et ils avaient probablement dressé leurs tentes près de YAïn-Dhafary, qui est à vingt-deux kilomètres environ de l’ouadi Taiyibéh. On trouvait en cet endroit l’eau nécessaire au camp ; on y trouvait aussi les maigres pâturages du désert pour les troupeaux, mais rien pour les hommes. Alors toute la foule des enfants d’Israël murmura contre Moïse et Aaron, Exod., xvi, 2-3, manquant ainsi de confiance en Dieu. Le Seigneur leur envoya, pour les nourrir, la manne, qui, pendant quarante ans, à partir de ce jour, ne leur fit jamais défaut jusqu'à l’entrée dans la Terre Promise. Exod., xvi, 4, 13-15, 31, 35 ; cf. Num., xi, 7-9 ; voir Manne, t. iv, col.656663 ; Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., t. i, n. 374, p. 759. La veille du jour où Dieu avait fait pleuvoir la manne, il avait aussi envoyé à son peuple, dans le désert de Sin, des volées de cailles. Exod., xvi, 12-13. Voir Caille, t.. ii, col. 33-37. Dans la suite., il n’est plus question de ce désert de Sin dans la Bible.

A. Molini.

2. SIN (hébreu : midbàr-$in ; Septante : spr)|j.oç S(v, Num., xiii, 22 ; xx, 1 ; xxvii, 14 ; xxxiii, 36 ; xxxiv, 3 ; Deut., xxxii, 51 ; Jos., xv, 18), nom du désert qui, d’après les Nombres, xxxiii, 36, fut la trente-troisième station des enfants d’Israël, pendant leur voyage du pays d’Egypte à la terre de Chanaan. L’opinion générale est aujourd’hui que le désert de Sin dont il est question dans l’Exode, xvi, 1 ; xvii, 1, et dans' les Nombres, xxxiii, 11, est différent du désert de Sin mentionné dans les passages des Nombres, du Deutéronome, et de Josué, cités plus haut. C’est ce que prouve l’orthographe même des deux noms en hébreu, où le premier s'écrit avec un samech, et le second avec un tsadé. S. Jérôme, Epist. lxxii, ad Fabiolam, t. xxii, col. 716 ; Gesenius, Thésaurus, p. 977, 1165. D’après les renseignements explicites du texte sacré, Exod., xvi, 1, le premier désert de Sin était « entre Élim et le Sinaï s ; l’autre, au contraire, est indiqué dans la partie septentrionale du désert de Pharan, Num., xiii, 1, 22 : où était Cadès, xx, 1 ; xxvii, 14 ; xxxiii, 36 ; à la limite occidentale du territoire d'Édom, xx, 16 ; et à la limite méridionale du pays de Chanaan, xxxiv, 3. Voir Cadès, t. ii, col. 21 ; Pharan, t. v, col. 189. Cf. Quaresmius, Elucidatio Terrse Sanclse, Venise, 1881, t. ii, p. 741.

Le désert de Sin, dont il est question ici, occupait donc la partie septentrionale du désert de Pharan, c’est-à-dire la région montagneuse qui formait en grande partie le pays des Amorrhéens, et en même

temps la frontière méridionale du pays de Chanaan. Voir Pharan, t. v, col. 187. Ce désert est décrit dans la Bible comme un lieu affreux, où l’on ne peut semer ; qui ne produit ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et où l’on ne trouve pas même d’eau pour boire. Num., xx, 5.

Les enfants d’Israël campèrent une première fois dans cette partie du désert de Pharan appelée désert de Sin, lorsqu’ils venaient de Haséroth, Num., xiii, 1, 22 ; et dressèrent leurs tentes à Cadès, xiii, 27. Voir Cadès, t. ii, col. 13-22. Après la révolte du peuple, occasionnée par le rapport décourageant des espions « nvoyés parMoïse pour explorer le pays de Chanaan, il fut le point de départ de leur égarement à travers le désert. A la fin des trente-huit années de punition, il fut encore leur centre de ralliement, xx, 1. Les enfants d’Israël arrivèrent au désert de Sin dans le premier mois, €t séjournèrent encore à Cadès, pas précisément, peutêtre, dans la même localité que la première fois, parce que le nom de Cadès indique ici plutôt un grand district du désert de Sin qu’une localité déterminée. Cf. Cal met, Commentaire littéral sur les Nombres, Paris, 1709, p. 130. C’est là que mourut Marie, sœur de Moïse, « t qu’elle fui enterrée selon Josèphe, Ant. jud., IV, IV, 6, sur une montagne, appelée Sin, du même nom que le désert où probablement elle se dressait. Pour ce qui regarde les autres événements qui eurent lieu dans le désert de Sin, voir Cadès, t. ii, col. 21-22 ; Pharan, t, v, col. 189. A. Molini.

    1. SIN A##

SIN A, orthographe delaVulgate, l°dunom du désert de Sin (Sin), Jos., xv, 3, voir Sin 1, et 2° du nom du désert et de la montagne de Sinaï, Judith, v. 14 ; Ps. lxvii, 18 ; Act., vii, 30, 38 ; Gal., iv, 24, 25.

    1. SINAI##

SINAI (hébreu : Sînaî ; Septante : Siva ; Vulgate : Sinaï, partout, excepté Judith, v, 14 ; Ps. lxvii [hébreu, lxviii], 17 ; Eccli., xlviii, 7 ; Act., vii, 30, 38 ; Gal., iv, 24, 25, où l’on trouve Sina), montagne de la péninsule sinaïtique sur laquelleDieu donna sa Loi à Moïse, Exod., xix, 11, 18, 20, 23, etc., et désert qui l’environne. Exod., xix, 1, 2 ; Lev., vii, 38, etc. Ce lieu, un des plus célèbres de l’histoire biblique, a donné son nom à la pointe de terre qui sépare l’Asie de l’Afrique. Les faits qui s’y rattachent rappellent la formation même du peuple de Dieu. Nous avons à en défendre le caractère historique, à en décrire la situation, à en résumer l’histoire.

I. Nom. — Il n’est pas facile de connaître l’origine du mot » 3'D, Sinaï. Quelques-uns, le rapprochant de

la racine inusitée îid, sûn, lui donnent le sens de « dentelé, crevassé, hérissé de rochers ». Cf. J. Fûrst, Hebràisches und chaldàisches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. ii, p. 74, 79. C’est une étymologie plus que douteuse. Elle devrait s’appliquer également, sans lui convenir mieux, au désert de j>d, Sîn, situé entre Élim et le Sinaï. Exod., xvi, l. Il y a, en effet, entre les deux noms une étroite relation, qui a poussé certains auteurs à voir dans >j>d, Sînaî, un adjectif se rapportant à

Sîn et désignant le Sinaï comme « la montagne du désert de Sîn », en raison de leur voisinage. Cf. H. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœttingue, 1865, t. ii, p. 143 ; G. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, Leipzig, 1881, p. 392. D’autres rejettent cette explication et préfèrent celle qui fait dériver Sînaî du dieu Sin, ou dieu Lune, dont le culte aurait été attaché à la montagne. On trouve du moins ce culte établi dans la contrée vers la fin du vi « siècle de l'ère chrétienne, au temps d’Antonin le Martyr. Cf. T. Tobler, Itinera Terrœ Sanctm, Genève, 1877, t. i, p. 113. Les Arabes l’avaient emprunté aux Babyloniens. Cf. F. Hommel, Die altisrælitische Uberlieferung, Munich, 1897, p. 275. Cette opinion aurait besoin d'être appuyée par quelques documents prouvant que le dieu Sin était, dès les temps

les plus anciens, honoré dans le pays. — Le nom de Sinaï a comme équivalent dans la Bible celui i’Horeb ; tous deux désignent la montagne de Dieu ou de la révélation. La loi est promulguée sur le Sinaï, d’après Exod., xix, 18, 20, 23 ; Ps. lxvii (hébreu lxviii), 9, 18 ; II Esd., IX, 13 ; sur I’Horeb, d’après Mal., IV, 4 (hébreu m, 22). La scène du veau d’or se passe au Sinaï, selon Exod., xxxii, 4, à I’Horeb, selon Ps. cv (cvi), 19. Le parallélisme identifie les deux mots Eccli., xlviii, 7. Le Deutéronome dit toujours Horeb, sauf dans le cantique xxxiii, 2. Le mot Hôrêb signifie « sec, désolé », et répond bien à l’aspect des monts granitiques de la péninsule. A-t-il été dès l’origine synonyme de Sinaï? Il est possible qu’il ait indiqué quelque différence locale, qui aurait disparu plus tard. Cependant si l’on fait de Sînaî un adjectif, on pourrait expliquer comment le mont ou massif d’Horeb aurait reçu cette épithète en raison de son voisinage du désert de Sîn ou, suivant plusieurs auteurs, à cause du dieu Sin. Nous croyons, en tout cas, qu’il ne faut pas attribuer à chacun de ces noms une localisation trop précise. À plus forte raison n’a-t-on pas le droit d’y chercher deux lieux absolument distincts, qui seraient séparés par une grande distance. Quant à ramener le double nom de Sinaï et d’Horeb à une idée cosmique, celle de la lune et du soleil, c’est une opinion que nous laissons à la critique, ou plutôt à l’hypercritique rationaliste. Cf. A. Jeremias, Das Aile Testament im Lichle des Allen Orients, Leipzig, 1906, p. 416. Le Sinaï est, aussi bien que I’Horeb, appelé « la montagne de Dieu », en raison des manifestations divines dont il fut le théâtre. Cf. Exod., iii, 1 ; iv, 27 ; xvin, 5 ; xxiv, 13 ; Num., x, 33 ; III Reg., xix, 8. Étaitil regardé comme un lieu sacré, même avant Moïse ? Quelques-uns le pensent. Cf. A. Dillmann, Exodus, Leipzig, 1897, p. 31 ; F. de Hummelauer, Comment, in Exod., Paris, 1897, p. 44. — Enfin le nom du Sinaï s’applique tantôt à la montagne, Exod., xix, 11, 18, 20, 23, etc., tantôt au désert qui l’avoisine. Exod., xix, 2 ; Lev., vii, 38 ; Num., i, 1, 19, etc. — Josèphe appelle le Sinaï tô Sivetïov (opo ; ), Ant. jud., III, v, 1, et les Arabes djebel et-Tûr ou Tûr Sînâ. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 73.

II. Site d’après la Bible et la critique. — Avant de chercher dans la description du Sinaï les lumières nécessaires pour en bien comprendre l’histoire, nous avons à résoudre une question des plus importantes, soulevée par la critique contemporaine. Jusqu’ici la tradition juive et chrétienne avait sans hésitation placé le Sinaï dans le massif montagneux de la péninsule à laquelle il a donné son nom. On discutait seulement sur son site exact ; on se demandait quel sommet précis pouvait le représenter, le djebel Serbal, par exemple, ou le djebel Mûsa. La critique documentaire a complètement changé l’aspect de la controverse. En disséquant la Bible comme l’on sait, elle en est venue à nier sur ce point la tradition biblique elle-même, ou tout au moins à y trouver des variations qui lui enlèvent toute valeur. D’après elle, les auteurs des différents documents apportent des témoignages qui ne concordent pas ; il reste même à savoir si le Sinaï avait un rôle quelconque dans la tradition primitive. Il nous est impossible d’entrer ici dans toutes les subtilités des exégètes rationalistes ; nous ne pouvons présenter qu’un aperçu de la question. On trouvera dans R. Weill, Le séjour des Israélites au désert et le Sinaï, Paris, 1909, p. 15-36, l’origine et l’histoire de cette controverse, ou « le travail critique de la tin du xixe siècle et du début du xx ». »

Une première opinion place le Sinaï au sud d"Aqabah, sur la côte orientale du golfe Élanitique, dans le pays de Madian. C’est celle qui serait le mieux appuyée selon J. Wellhausen, Prolegomena zur Geschichte IsræU, 6= édit., Berlin, 1905, p. 343, n. 1. Elle a été surtout

CARTE DE LA PENINSULE SINAÏTIQUE.

développée par A. von Gall, Altisræhtische Kultstâtten, Giessen, 1898, p. 1-22. Une seconde le cherche non loin des limites méridionales de la Palestine, dans la région &"Aïn Qedeis, l’ancienne Cadès, dans le pays d’Édom. Cf. H. Winckler, Geschichte Isræls, Leipzig, 1895, t. i, p. 29 ; R. Smend, Lehrbuch der Alttestamentlichen Religionsgeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 35, n. 2 ; R.Weill, £e séjour des Israélites au désert, qui traite longuement la question. Toutes les deux s’appuient naturellement sur la diversité des sources que la critique contemporaine distingue dans le Pentateuque, et cherchent à opposer un document à un autre. Nous les suivons sur ce terrain pour les combattre d’après leurs propres principes.

Le plus jeune des documents relatifs au voyage des Hébreux à travers le désert est, nous dit-on, le catalogue des stations donné dans le livre des Nombres, xxxiii. Il fait partie du Code sacerdotal (P) et est l’écho de la tradition juive postérieure à l’exil. M. von Gall, Altisr. Kult., p. 1, reconnaît que, pour l’auteur de ce morceau, le Sinaï est certainement dans la péninsule qui en tire son nom ; il en est de même pour le rédacteur final du Pentateuque.il est incontestable, en effet, que l’ensemble des stations, malgré les difficultés qu’il y a souvent à les identifier, trace la route des Israélites, d’abord sur la côte orientale du golfe de Suez, puis à travers le dédale montagneux de la presqu’île sinaïtique, enfin dans la direction du nord-est. C’est ce que nous montrerons. Nous avons donc là un premier point parfaitement acquis, à savoir, comme conclut lui-même M. von Gall, op. cit., p. 2, que « la tradition qui cherche le Sinaï dans la péninsule à laquelle il a donné son nom s’affirme déjà vers 400 avant J.-C. » Nous pouvons, avec le même auteur, remonter deux ou trois siècles plus haut, et nous trouverons un témoignage analogue dans la source éphraïmite ou élohiste (E), au moins sous sa forme dernière. D’après ce document, les Hébreux, ayant traversé la mer Rouge, se dirigent par Mara, Exod., xv, 23 ; Élim, Exod., xv, 27 ; Raphidim, Exod., xvii, 8, vers le Sinaï. Exod., xix, 2. C’est, en résumé, la même marche que dans le catalogue, Num., xxxiii, 8, 9, 14, 15. M. von Gall, op. cit., p. 4, mentionne encore Exod., IV, 27, où il est dit que Dieu envoya Aaron au-devant de Moïse, « dans le désert », et que la rencontre des deux frères eut lieu auprès de « la montagne de Dieu », Horeb ou Sinaï. Pour Aaron, qui part de l’Egypte, le désert ne peut être que celui de l’Arabie Pétrée, le chemin qu’avait pris Moïse dans sa fuite. Donc l’élohiste plaçait encore l’Horeb dans la péninsule. Mais ce dernier passage va contre la thèse que M. von Gall prétend appuyer sur d’autres textes, et qui place le Sinaï en Madian, à l’est du golfe Élanitique. Si, en effet, la montagne sainte se trouve dans ce pays, on ne peut plus dire qu’Aaron y a rencontré son frère ; il est venu l’y chercher. Quoi qu’il en soit, nous conclurons encore avec notre auteur, op.cit., p.4, que 700 ans avant l’ère chrétienne, la tradition juive, représentée par E, nous montre l’Horeb-Sinaï dans la péninsule.

Mais tout autre, affirme-t-on, est la tradition du Jahviste (J). Plus ancien que E, celui-ci plaçait le Sinaï à l’orient du golfe d"Aqabah. On lit, en effet, Exod., ii, 15, que Moïse, fuyant la colère du pharaon, chercha un refuge dans « le pays de Madian », et s’établit près « du prêtre de Madian », en épousant une de ses filles. Exod., ii, 16, 21. C’est en faisant paître les brebis de son beau-père qu’il arriva un jour dans le désert, à la montagne de Dieu, l’Horeb. Exod., iii, 1. Plus tard, Jéthro, apprenant l’heureuse délivrance du peuple d’Israël, vint trouver Moïse « dans le désert, où il était campé près de la montagne de Dieu. » Exod., XVIII, 1, 5. « Moïse habitait donc après sa fuite dans le pays de Madian. Or, Madian était certainement situé à l’orient

de la mer Rouge, sur la côte occidentale de la péninsule arabique, près de Maknâ actuel et pas plus bas que Ainûna. » A. von Gall, op. cit., p. 8. — Nous ne nions pas que telle ait été la situation de Madian. Mais la conclusion qu’on en tire est fausse. Nous ferons remarquer d’abord qu’il est difficile de donner des limites fixes à un pays habité par un peuple, sinon tout à fait nomade, au moins voyageur et changeant, et dont les rameaux se sont dispersés en différents endroits, peuple qu’on retrouve dans la région de Moab, Gen., xxxvi, 35 ; à l’orient de la Palestine, associé aux Amalécites et aux benê Qédém, Jud., vi, 3, 33 ; entre Edom et Pharan, sur la route de l’Egypte.

I (III) Reg., xi, 18. Voir Madian, Madianites, t. iv, col. 532, 534. Est-il donc impossible que les limites de ce pays se soient étendues de l’autre côté du golfe d"Aqabah, sur sa côte occidentale ? Rien ne le prouve. En second lieu, la Bible, loin de confondre le Sinaï et Madian, distingue les deux, en nous montrant que Jéthro n’est pas chez lui au Sinaï, mais que, après son entrevue avec Moïse, « il s’en retourne dans son pays. » Exod., xviii, 27. Il en est de même de Hobab le Madianite. Num., x, 29-30. On comprend enfin que Moïse, comme tous les pasteurs de ces régions, se soit éloigné de son beau-père pour aller chercher des pâturages dans l’intérieur du désert. Exod., iii, 1. Tout s’explique en ne confinant pas exclusivement le pays de Madian à l’orient du golfe Élanitique. Ajoutons que la tradition concernant l’origine du beau-père de Moïse n’est pas uniforme. À côté de celle du Madianite, il y a celle du Cinëen (hébreu : Qênî). Jud., i, 16 ; iv, 11. Or, les Cinéens habitaient certainement la péninsule sinaïtique. Voir Cinéens, t. ii, col. 768. Nous dirons en dernier lieu que tous les auteurs n’admettent pas l’antériorité de J par rapport à E.

L’argument qui suit montre avec quelle étonnante facilité la critique bouleverse le texte biblique, quels procédés elle emploie pour arriver à ses conclusions. D’après Exod., iii, 18, le peuple d’Israël devait faire un voyage de trois jours dans le désert, pour sacrifier à son Dieu. Cette fête du désert revient souvent dans l’Exode et toujours dans le récit de J. Cf. Exod., v, 3 ; vu, 16, 26 (hébreu ; Vulgale, viii, 1), etc. Nous lisons, Exod., xv, 22, que le peuple, après le passage de la mer Rouge, marcha trois jours dans le désert de Sur, sans trouver d’eau. Mais la suite de ce verset n’est pas au jl. 23, puisqu’on rencontre à Mara de l’eau, quoique amère. Il faut aller la chercher au chapitre xvii, 1 sq., où il est dit que « le peuple n’avait pas d’eau à boire. » Or l’endroit mentionné dans ce dernier passage est Cadès, puisqu’il est appelé, ꝟ. 7, Massàh et Merîbdh, et que Merîbâh équivaut à Cadès. Les Hébreux étaient donc, au bout de trois jours, à Cadès, et c’est de là qu’ilspartirent pour le Sinaï, c’est-à-dire au sud-est, dans le pays de Madian. Cf. A. von Gall, op. cit., p. 9-10. —

II est facile de réfuter de pareils arguments. — 1° Les trois jours de marche dont il est question, fussent-ils à prendre dans un sens précis, et non comme chiffre rond, n’indiquent pas nécessairement une marche à partir du désert, mais plutôt à partir des établissements israélites vers la limite du désert. — 2° Cette manière de traiter le texte biblique est vraiment trop commode ; elle peut aboutir aux opinions les plus singulières. En fait, y a-t-il raison suffisante de distinguer deux auteurs dans les deux versets qui se suivent ? Nous ne le croyons pas. Les Israélites, ne trouvant pas d’eau dans une station, vont une station plus loin. Là, l’eau est. amère, mais un miracle la rend douce. Dans une des haltes suivantes, à Raphidim, le manque d’eau se fait encore sentir ; un second et plus grand miracle la fait sortir du rocher. Est-il nécessaire de bouleverser tout un récit pour mettre un prétendu accord entre les faits, lorsque cet accord est tout naturel en suivant

l’historien sacré ? — 3° En supposant même que les trois jours partent de la limite du désert, Cadès est certainement plus éloigné, et cette donnée à elle seule fait tomber les conjectures critiques. — 4° Massa et Mériba sont deux noms distincts qui se trouvent associés, Exod., xvii, 7, par une sorte de liaison proverbiale. L’histoire complète de Mériba est Num., XX, 1-13. Là, Mériba est appelée mê Meribah (Vulgate : Eau de contradiction, cf. t. ii, col. 1523) ; plus loin, Num., xxvii, 14, mè-Merîbat Qâdês, « les eaux de contradiction de Cadès », de l’endroit où se passa la scène, semblable à celle de Raphidim. Ce nom est donc venu se joindre à celui de Massa dans le récit de l’Exode, xvii, 7, à cause de la similitude des événements. C’est peut-être le fait d’un glossateur ; la Vulgate n’a pas ce mot, soit que saint Jérôme ne l’ait pas trouvé dans son texte, soit qu’il l’ait reconnu comme n’étant pas à sa place. Si Mériba équivaut à Cadès, il n’est donc pas juste de voir Méribat-Cadès dans le passage en question.

On ajoute d’autres arguments tirés du Deutéronome. Il est dit, Deut., i, 2, qu’il y a « onze jours de l’Horeb dans la direction du mont Séir jusqu’à Cadès Barné. » M. von Gall voit là une glose, dont il cherche l’explication ; puis il se demande, op. cit., p. M, « depuis quand l’on va de l’Horeb à Cadès par le mont Séir. » La marche indiquée ici ne se comprend que si l’on place la sainte montagne sur la côte occidentale de l’Arabie. — Notre auteur raisonne d’après l’hypothèse qui identifie le mont Séir avec le djebel Scherra, la chaîne de montagne qui s’étend à l’est de Y’Arabah, entre la mer Morte et le golfe d"Aqabah. Dans ce cas, on pourrait encore, à la rigueur, comprendre la route qui va de l’Horeb dans la directionde Séir, non pas en le traversant, jusqu’à Cadès. En partant du Sinaï, l’on se dirige vers le nord-est, c’est-à-dire vers le mont Séir. Mais une nouvelle hypothèse, qui parait bien appuyée, coupe court à toute difficulté en plaçant cette montagne, non pas à l’est, mais à l’ouest de Y’Arabah, dans le massif qui avoisine’Ain Qedeis. Les onze jours, qui semblent à M. von Gall trop longs de l’Horeb traditionnel à Cadès, sont, au rapport des voyageurs, la distance exacte du djebel Mûsa à Mm Qedeis.

Enfin le même système s’appuie sur Deut., xxxiii, 2, dont le texte porte, d’après les justes corrections de la critique :

Jéhovah est venu du Sinaï,

Il a brillé pour son peuple de Séir,

Il a resplendi du mont de Pharan,

Il est venu à (mieux de) Méribat Qadès.

On tire de ce passage les mêmes conclusions que de Deut., i, 2 : la route de Cadès par Séir a comme point de départie Sinaï de la côte occidentale de l’Arabie ; aucun autre chemin ne conduit en Palestine. Cf. A. von Gall, op. cit., p. 11. Nous répondons que les étapes divines sont beaucoup plus naturelles en plaçant le Sinaï dans la péninsule et le mont Séir au sud de la Palestine ; elles vont directement du sud au nord. Si on lit : « de Meribat Qadès », Dieu se rendant en Palestine, la route : Madian, Séir, Pharan, Cadès, est impossible.

D’après Beke, Gunkel, Gressmann, la théophanie sinaïtique d’Exod., xix, ne serait que la peinture d’une éruption volcanique, tellement fidèle qu’il faut chercher à cet épisode un fondement historique véritable. Aussi E. Meyer, Die Isrælilen und ihre Kachbarslàmme, Halle, 1906, p. 69, est-il heureux de constater que les volcans sont nombreux dans l’Arabie occidentale, notamment au sud-est de Madian, sur la route de Tebûk à la Mecque par Médine. Répondons en deux mots qu’on fausse le récit biblique en y voyant la description d’un phénomène naturel ; ensuite ^que, même dans cette hypothèse, il ne serait pas nécessaire

d’aller si loin chercher des volcans, puisqu’il y en a dans le voisinage de la Palestine.

Contre les partisans de la seconde opinion, qui place le Sinaï aux environs de Cadès, nous invoquerons d’abord l’autorité du catalogue de Num., xxxiii, dont les données s’appliquent incontestablement à la péninsule sinaïtique. De plus, certains textes s’opposent formellement à la proximité des deux endroits : les « onze jours de l’Horeb à Cadès Barné dans la direction du mont Séir, » Deut., i, 2 ; « le grand et terrible désert » par lequel les Hébreux ont passé pour se rendre à Cadès. Deut., i, 19. R. Weill, Le séjour des Israélites au désert, p. 69, admet également le voyage direct des Israélites de la mer Rouge à Cadès, sans passer par le Sinaï. Nous avons déjà réfuté cette assertion. Pour prouver sa thèse, ii ramène autour de Cadès toute l’histoire primitive du peuple juif, en même temps que les différentes tribus avec lesquelles celui-ci fut en contact, Madianites, Amalécites, Cinéens ; il va jusqu’à douter du séjour d’Israël en Egypte, tel que le rapporte le récit mosaïque. Nous ne nions pas l’importance de Cadès dans cette histoire des origines, et nous avons reconnu qu’il ne faut pas limiter trop étroitement le territoire des tribus en question. Mais donner toute l’importance à Cadès, pour refuser au Sinaï une localisation précise, pour en faire « un lieu redoutable, une montagne de flamme où réside le dieu, que nul homme vivant n’a jamais visitée…, » pour voir, en un mot dans Sinaï-Horeb « un concept mythologique » (R. Weill, op. cit., p. 54-55), c’est là une exégèse avec laquelle nous ne pouvons même pas discuter. Nous ne trouvons aucun appui solide sur le terrain qu’elle nous offre, avec un remaniement et un agencement du texte biblique au sujet desquels nos adversaires ne savent pas toujours s’entendre, avec le bouleversement radical de l’histoire et le pur subjectivisme des hypothèses. Il est facile, avec une pareille méthode, d’accuser d’ignorance géographique les auteurs des documents qui, d’après la critique, nous racontent le voyage des Hébreux à travers le désert. Nous avons vu cependant que, dans ses grandes lignes au moins, la tradition qu’ils nous ont conservée, peut se suivre jusqu’à une période assez lointaine de l’histoire, et qu’elle maintient l’emplacement du Sinaï dans la péninsule qui porte son nom. Il est étrange, en vérité, d’entendre nos contemporains affirmer que les Hébreux n’ont pas connu ce pays, ouvert depuis longtemps aux Égyptiens, sillonné par les tribus nomades, ou qu’ils ont oublié, au cours des siècles, le lieu qui tient une des plus grandes places dans leur histoire. — On peut voir sur cette controverse M..-J. Lagrange, Le Sireat biblique, dans la Revue biblique, 1899, p. 369-389.

Nous aurions à chercher maintenant quel est, parmi les sommets de la péninsule, celui qui représente, d’une façon plus ou moins probable, le Sinaï. Notre recherche sera plus facile lorsque nous aurons décrit cette pointe de terre, d’ailleurs si remarquable.

III. Géographie de la péninsule. — 1° Configuration physique (voir fig. 380). — La péninsule du Sinaï forme un triangle dont les sommets sont marqués : au sud par le Râs Mohammed, au nord-est par le fond du golfe à"Aqabah, au nord-ouest par l’extrémité septentrionale du golfe de Suez. La ligne directe qui relie la pointe sud à la pointe nord-est mesure 198 kilomètres ; celle qui la relie à la pointe nord-ouest a 320 kilom. ; celle qui relie les extrémités nord-ouest et nord-est en a 250. Les limites sont nettement fixées à l’est et à l’ouest par les deux golfes ; mais elles sont indécises au nord, et, suivant qu’on y comprend une partie plus ou moins grande du plateau désert de Tih, la superficie varie entre 25 000 et 35000 kilomètres carrés. La presqu’île a exactement la forme d’une pointe de flèche qui s’avance dans la mer, et elle pré-' '-i-OUZ-. : et fi.

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sente quelques traits orographiques bien saillants. Une chaîne dé montagnes, qui prend naissance à l’est des lacs Amers et du canal de Suez sous le nom de djebel er-Ràhah, se prolonge au sud-est, puis au nord-est jusqu’au golfe (V’Aqabah, sous le nom de djébél et-Tîh. C’est une vaste muraille, dont les deux parties se rencontrent à angle droit vers le centre de la péninsule et forment comme le saillant d’une immense forteresse. Ses plus grandes hauteurs vont de 1 000 à 1 200 mètres. Elle divise la presqu’île en deux zones bien distinctes. Au nord s’étend le Bâdiet et-Tîh ou « désert de l’Égarement ». Ce plateau calcaire, hérissé de collines et semé de galets, s’incline légèrement vers la Méditerranée. Il n’est guère coupé que par quelques ouadis, qui, sauf l’ouadi Djéraféh, tributaire de l’Arabah, constituent les ramifications de Vouadi el-’Arisch, ou « Torrent d’Egypte », dont l’embouchure est près du village du même nom, à mi-chemin entre l’ancienne Péluse et Gaza. Cette large vallée, sans eaux courantes, est cependant arrosée par l’eau des pluies en quantité suffisante pour que des bouquets de tamaris en atténuent çà et là la désolation. Le plateau de Tih n’en est pas moins une vaste solitude aride et nue. Il forme le prolongement méridional des terrasses de la Judée ; mais, en avançant vers le nord, les sources, les terres productives, les oasis deviennent plus nombreuses. Au sud-ouest et au pied du djebel et-Tîh s’étend une large zone plate et sablonneuse, appelée Debbet er-Ramléh, qui le longe comme le fossé d’une fortification. Surgit ensuite le massif triangulaire des montagnes sinaïtiques, qui avance sa pointe jusqu’à l’extrémité méridionale de la péninsule. C’est là que se trouvent le djebel Mûsa ou « montagne de Moïse » (2244 mètres d’altitude), flanqué au sud du djebel Katherin (2 602 m.), le sommet le plus élevé de toute la péninsule. Plus au sud, se dressent d’autres cimes, parmi lesquelles on distingue le dj. L’mm Schomer (2 575 m.), et le dj. Thebt (2403 m.). À droite et à gauche de cette ligne d’axe s’étendent les deux zones littorales, différentes d’aspect. Celle qui longe le golfe d"Aqabah se rapproche beaucoup du rivage, ne laissant entre la montagne et la mer qu’une étroite ceinture de terres basses. Cette chaîne côtière comprend en particulier le dj. Sôra et le dj. Samkhi, qui se dirigent parallèlement au littoral. Dans celle qui longe le golfe de Suez, les montagnes sont en général assez éloignées de la mer. On rencontre cependant sur le bord de celle-ci des hauteurs peu importantes comme le dj. Gabeliyéh et, plus au nord, le dj. Hammam Fir’ûn. À l’ouest du dj. Mûsa, s’élève le dj. Serbal (2052 m.), dont nous aurons à reparler. Ces montagnes du Sinaï, immense amas de granit, de gneiss et de porphyres, ont un relief extraordinaire et un aspect des plus grandioses, que E. Reclus, Asie antérieure, Paris, 1884, p. 712, décrit’ainsi, et dont la peinture de Gérôme, fig. 381, donne bien l’idée ; « Uniformes par la composition de leurs roches, les monts du Sinaï ne le sont pas moins par l’aridité de leur surface ; ils sont d’une nudité formidable ; leur profil à vives arêtes se dessine sur le bleu du ciel avec la précision d’un trait buriné sur le cuivre. Ainsi la beauté du Sinaï, dépourvue de tout ornement extérieur, est-elle la beauté de la roche elle-même : le rouge brique du porphyre, le rose tendre du feldspath, les gris blancs ou sombres du gneiss et du syénite, le blanc du quartz, le vert de différents cristaux donnent aux montagnes une certaine variété, encore accrue par le bleu des lointains, les ombres noires et le jeu de la lumière brillant sur les facettes cristallines. La faible végétation qui se montre çà et là dans les ravins et sur le gneiss décomposé des pentes ajoute par le contraste à la majesté des formes et à la splendeur de coloris que présentent les escarpements nus ; sur les bords des eaux temporaires dans les oua dis, quelques genêts, des acacias, des tamaris des petits groupes de palmiers ne peuvent en rien voiler la fière simplicité du roc. Cette forte nature, si différente de celle qu’on admire dans les contrées humides de l’Europe occidentale, agit puissamment sur les esprits. Tous les voyageurs en sont saisis ; les Bédouins nés au pied des moutagnesdu Sinaï les aiment avec passion et dépérissent de nostalgie loin de leurs rochers. »

A travers la région montagneuse, les ouadis et les vallées forment un réseau inextricable, qui la divise en massifs irréguliers. Citons à l’ouest, descendant vers le golfe de Suez : Vouadi Gharandel, Vouadi Feirân, qui contourne au nord le massif dominé par le mont Serbal et débouche sur la côte vers l’extrémité septentrionale du djebel Gabeliyéh, Vouadi Hebrân et Vouadi Isléh ; à l’est, vers le golfe d"Aqabah : Vouadi Kidd, Vouadi Nasb et Vouadi el-’Aïn. Les plaines sont rares et n’existent guère que le long de la côte occidentale. La première commence en face de Suez et s’étend dans la direction du sud-est sur une longueur de 90 kilomètres entre la mer et le pied delà montagne. Sablonneuse et nue, presque sans eau et sans végétation, elle mérite bien le nom de désert. Plus bas est la plaine à’el-Markha, séparée de la précédente par une chaîne de hauteurs qui ne laisse parfois qu’un étroit passage entre ses parois et la mer. Elle mesure environ 20 kilomètres de. longueur du nord au sud, et 8 kilomètres de largeur de l’est à l’ouest. Le sol noir et caillouteux, jonché de blocs de granit, de feldspath et de basalte, est en apparence stérile ; cependant les pluies d’hiver y font germer une végétation relativement abondante d’herbes et de broussailles. Enfin, un peu plus au sud, s’étend la vaste plaine d’el Qà’âh, séparée d’abord de la mer par le djebel Gabeliyéh, se prolongeant ensuite sans interruption jusqu’à la pointe méridionale de la péninsule. C’est une plage soulevée, haute de 800 mètres environ à la base des montagnes et inclinée régulièrement vers le rivage. Dans l’intérieur du massif, signalons la plaine A’er-Râliah, au pied du djebel Mûsa. — Le régime hydrographique n’est représenté dans la presqu’île sinaïtique que par des sources et les lits sinueux des ouadis, qui ne laissent couler que les pluies d’hiver et les torrents déversés par les orages. Les plus fameuses sources sont celles A"Ayûn Mûsa ou « Fontaines de Moïse », situées à environ 20 kilomètres au sud-est de Suez, sur le littoral ouest de la péninsule. Légèrement thermales, elles entretiennent une riche végétation dans les jardins qui les entourent. Plus au sud, sur la même côte, se trouvent les sources thermales sulfureuses du Hammam Fir’ûn ou « Bains de Pharaon », et, près de Tôr, celles du Hammam Mûsa ou « Bains de Moïse ». Sur d’autres points de la péninsule, des sources créent de véritables oasis, notamment à Vouadi Gharandel, à Vouadi Feirân, dans les vallées du djebel Mûsa. — Sur cet aspect général de la péninsule sinaïtique, on peut voir : A. P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 3-19 ; Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire de géographie universelle, Paris, 1879-1895, t. v, p. 943-944 ; P. Loti, Le désert, Paris, 1895 ; A. Sargenton-Galichon, Sinaï, Ma’dn, Pétra, Paris, 1904, p. 1-145, etc.

2° Formation géologique. — Les deux zones nord et sud de la presqu’île diffèrent géologiquement comme elles diffèrent topographiquement. (Voir fig. 382. D’après Hull, Geology of Arabia Petrsea. Frontispice.) Le plateau de Tih est une table calcaire qui a très peu souffert de l’érosion, tandis que le massif montagneux du sud constitue un formidable amas de roches cristallines, granits et porphyres, dont les parties élevées sont dénuées de tout revêtement sédimentaire, mais sur les marges duquel apparaissent, en bandes irrégulières, des roches métamorphiques, des schistes variés et d’importantes formations de grès. La table calcaire du Tih

appartient au plateau égypto-syrien, dont dépend la Palestine cisjordane et transjordane. Le massif cristallin, qui la domine de 1500 mètres, à une faible distance, se rattache à ceux qui bordent les deux golfes de Suez et d"Aqabah, du côté de l’Egypte et de l’Arabie. Il suppose donc une grande rupture géologique. Il forme, en effet, une sorte d’îlot arrêté de toutes parts à des lignes de rupture, resserré à l’est et à l’ouest par les deux effondrements rectilignes qui se rencontrent à angle aigu dans le grand fossé syrien (voir Palestine, Géologie, t. iv, col. 218), et se heurtant au nord au butoir égypto-syrien. Il est beaucoup plus rapproché de la falaise granitique de la côte arabique que de celle de la côte égyptienne. Lorsque ce massif polygonal eut surgi comme un coin, les assises sédimentaires quj le recouvraient se trouvèrent tellement fracturées et déformées par les dislocations que les agents atmosphériques finirent par les balayer entièrement. Alors la niasse cristalline des roches primitives apparut à nu sur le sommet et sur le flanc des montagnes qu’on appelle maintenant le dj. Serbal, le dj. Mûsa, le dj. Umm Somer, etc. (fig. 383). Cette dénudation s’accomplit avec uneinlensité décroissante en s’éloignant du noyau central, de telle sorte qu’en descendant vers le nord, on voit paraître d’abord les grès primaires reposant sur les granits, et, plus loin, les calcaires reposant sur les grès. Il en résulte une zone d’affleurement périphérique pour chaque étage de roches.

Depuis les environs de Suez jusqu’à 80 ou 90 kilomètres dans la direction du sud, la crête de la falaise de Tlh se tient régulièrement à une trentaine de kilomètres de la côte. La zone littorale est une plage soulevée, dont I’émersion est antérieure aux dépôts d’alluvion qui forment sa surface et reposent sur le gypse, constaté à’Ayûn Mûsa, puis affleurant plus loin, L’ouadi Gharandel (fig. 383), orienté vers le nord-est, présente la première ligne de rupture en relation avec le phénomène sinaïtique ; elle est transversale par rapport aux grandes lignes du versant, qui sont parallèles à la côte. C’est dans cette faille, au fond de la vallée, non loin de la mer, que jaillissent les eaux chaudes du Hammam Fir’ùn. La montagne qui porte le même nom est formée de calcaires jaune clair, revêtus, au nord et à l’est, d’une croûte peu épaisse de gypse argileux, dont le voisinage des sources sulfureuses explique la formation. A l’embouchure de Vouadi Tayibéh, on remarque, sur la rive gauche, un ample dyke de basalte, dont la couleur sombre contraste avec la blancheur des roches crayeuses environnantes ; c’est la première manifestation que nous rencontrons du vaste épanchement volcanique qui précéda, au Sinaï, les phénomènes de déplacements verticaux de l’écorce. Par l’ouadi Hamr, nous entrons dans la zone des grès. Il longe la base méridionale d’une hauteur, le Sarbut el-Djémel (fig. 383) dont le flanc oriental nous permet d’étudier la succession des terrains. On voit ainsi apparaître successivement sous les couches de calcaire les différents étages de grès secondaire et primaire, et, tout au fond, un affleurement de schiste ; au-delà, sur l’anticlinal, le terrain se relève et les grès réapparaissent dans le même ordre, puis, après une grande faille, orientée nord-nord-ouest, les assises reprennent leur horizontalité. Cette masse de grès comprend deux étages d’aspect différent : l’un, inférieur, est constitué par un grès tabulaire rouge foncé, assez tendre, auquel on a donné les noms de grès sinaïtique et grès du désert ; l’autre, supérieur, comprend un grès plus compact et plus dur, d’une teinte plus claire et identique au grès de Nubie. Entre les deux se trouvent de minces couches de grès métallifères renfermant des turquoises, comme on le voit à Sardbit et Kkâdim et à Maghdrah. Ces deux régions, intéressantes au point de vue historique, ne le sont pas moins au point de vue géologique.

Elles laissent voir, avec les différents terrains qui composent le sol sinaïtique, les failles qui en marquent la rupture. On remarque, en effet, dans cette partie occidentale de la péninsule, un système de failles principales et secondaires, parallèles à la côte. Les plus importantes. se suivent facilement dans les ouadis Schellal Buderah, Moltatteb, Feirân, Nasb, Sûwig, Khamîléh, etc., et ont ainsi, avec les progrés de l’érosion, donné naissance aux principales voies de la contrée. Il* nous suffira, pour présenter une idée de la structure et des accidents du terrain, de tirer une ligne partant du golfe de Suez et traversant la presqu’île jusqu’au plateau de Tih, en passant par les districts que nous venons de mentionner. Voir fig. 382. On y verra la succession et la superposition des différentes couches depuis le granit jusqu’aux épanchements basaltiques, les failles successives qui ont plissé le sol. Les mêmes phénomènes de rupture reparaissent, du côté de l’est, vers le fond du golfe d"Aqabah. La pointe méridionale de la péninsule est constituée par les roches de granit, porphyre, diorite, gneiss et différentes espèces de schistes.

Mais il nous importe maintenant de connaître les phénomènes principaux qui ont donné à la presqu’île sinaïtique sa forme actuelle. Trois grands agents, provenant de forces indépendantes, mais dont les effets se subordonnent les uns aux autres, ont exercé et exercent encore leur puissance pour modeler le massif géologique dont nous avons examiné la composition ; ce sont la chaleur, le vent et l’eau. Dans ce pays, la désagrégation superficielle des roches ne vient pas principalement, comme dans nos contrées, de l’humidité, que l’absence de végétation empêche d’agir profondément, et dont les effets sont simplement locaux, très lents et secondaires. Elle tient aux variations de température qui s’attaquent aux couches extérieures des minéraux, tandis que la température intérieure reste constante. Cette influence finit par ébranler, puis séparer par écaillement les matériaux. Les parties désagrégées tombent alors en morceaux au bas des pentes, pour former des éboulis, et c’est le cas le plus ordinaire dans les roches stratifiées, ou bien les parcelles détachées de la surface sont emportées par le vent, dont la puissance au désert est considérable. Cette seconde action mécanique, appelée ablation éolienne ou déflation, a une intensité considérable par sa continuité, s’exerçant en tout temps, et par sa généralité portant sur tous les matériaux. Enfin les pluies, irrégulières, toujours très courtes, mais très abondantes et souvent d’une extrême violence, continuent, par l’érosion, le travail des deux agents précédents. Les trombes d’eau balaient la surface des roches et les ravins avec d’autant plus de facilité qu’elles ne rencontrent la plupart du temps’aucun manteau de végétation, mais des éboulis mobiles. Ces différents phénomènes expliquent comment, à l’embouchure des vallées dans la plaine, le plus souvent au bord de la mer, s’étend un large éventail de débris de toute grosseur et de tout âge. Cette vaste zone de débris forme ainsi lisière tout autour du massif granitique dénudé, principalement au sud-ouest, où la grande plaine d’£ï-Qd’ah a été en partie conquise sur la mer par les. décombres issus des ravins. De même, en remontant vers le nord-ouest, le littoral est presque partout séparé du pied des montagnes par un glacis de déjections analogues : telles sont la plaine d’El-Markha et la. plaine côtière qui se rattache, à sa partie supérieure, aux soubassements calcaires du djebel et-lîh. L’ablation sèche d’une montagne stratifiée donne naissance au désert de pierres, débris de couches résistantes, fossiles, corps durs rebelles à la déflation, amoncelés en quantité croissante et provenant de tous les étages du massif détruit. De son côté, la montagne cristalline :

382 - Coupes géologique de la presqu'île du Sinaï. D’après Weill, La presqu'île du Sinaï, Paris, 1908, p. 40

fournit, par sa démolition, les matériaux du désert de sable : tels le Debbet er-Ramléh et quelques petites plaines ondulées, dans certains coins du granit et du grès.

Malgré leur rareté et la rapidité de leur écoulement, les pluies ne passent pas sur le désert sans alimenter une certaine circulation souterraine. Le sable, qui s’en imprègne, absorbe une partie de l’eau, qu’il rend plus ou moins vite. D’autre part, l’averse ne coule pas sur la surface des plateaux, le flanc des montagnes et des vallées, sans qu’il pénètre un peu de cette eau dans les couches profondes par les fissures superficielles. Circulant alors le long des pentes naturelles de drainage, elle se rassemble à la limite des couches imperméables et finit par sourdre à l’extérieur. Ce principe mécanique de la formation des sources s’applique, quoique dans une moindre proportion, à la péninsule sinaïtique ; mais l’application varie suivant la nature géologique du sol. Aussi distingue-t-on trois régions différentes au point de vue hydrologique. Au nord, le plateau calcaire du Tîh, peu élevé, ne reçoit qu’une petite quantité d’eau ; de plus, celle qui ne s’en va pas directement dans les ouadis du désert, et de là à la mer, se perd dans la profondeur des couches poreuses. La végétation y est donc très rare, et nous verrons que cette contrée a été plutôt faite pour la route des caravanes que pour l’habitation des hommes. De l’est à l’ouest, la région du grès a un relief très accidenté et une porosité beaucoup moins grande ; l’eau y estplus abondante, les sources y rendent le voyage assez facile, et, en d’autres endroits, l’humidité est suffisante pour que le sable des vallées produise de beaux arbres ou des broussailles qui servent de nourriture aux animaux. La vie nomade y est déjà possible. C’est également une région minière, que les égyptiens connurent de très bonne heure. Au sud enfin, dans la montagne granitique, se trouvent seulement réalisées les conditions les plus indispensables de la vie sédentaire. La neige qui, en hiver, tombe sur les hauts sommets, ruisselle lentement, d’un bout de l’année à l’autre, et l’eau se trouve retenue au fond des innombrables vallées et ravins ; partout où elle sort du sable, s’épanouit une belle végétation de caractère tropical. Ainsi sont formées les oasis, dont la plus étendue est celle de Féirân. Cet aperçu géologique nous montre déjà ce que sera dans l’histoire chacune des zones de la péninsule : le plateau de Tih, désert sans eau et sans végétation, simple voie de communication qu’on franchit rapidement ; la région du grès et des mines, station temporaire des travailleurs étrangers, des bergers et des nomades ; le massif granitique, district, à certaines époques, de la vie sédentaire. — Cf. E. Weill, La presqu’île du Sinaï, p. 1-74. On peut voir aussi, sur la géologie du Sinaï : F. W. Holland, Notes on the Geology of Sinai, dans Quart. Journ. of the Geolog. Soc, Londres, t. xxii (1866), p. 491-493 ; 0. Fraas, Ans dem Orient, Stuttgart, 1867, p. 5-32 ; H. Bauerman, Note on a Geological Reconnaissance made in Arabia Petrsea in the Spring of 1868, dans Quart. Journ. of the Geolog. Soc, t. xxv (1869), p. 17-38 et pi. i ; Raboisson, Contribution à l’histoire stratigraphique du relief du Sinai, et spécialement de l’âge des porphyres de cette contrée, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, Paris, t. xcvi (1883), p. 282-285 ; Exploration géologique de la péninsule sinaïtique, dans le Bulletin de l’Institut égyptien, 1900, p. 25-31, 33-75 ; E. Hull, Memoir on the Geology and Geography of Arabia Petrxa, Palestine and adjoining districts, Londres, 1889, avec carte ; Mount Seir, Sinai and Western Palestine, Londres, 1889 ; J. Walther, Die Korallenriffe der Sinaihalbinsel, dans Abhandl. der kôn. sâchs. Ges. der Wissenschaft., t. xxiv (1888) p. 439-500, carte et planches ; W. F. Hume, The topo graphy and geology of the Peninsula of Sinai (South-Eastern Portion), Le Caire, 1906 ; T. Barron, The topography and geology of the Peninsula of Sinai (Western Portion), Le Caire, 1907, etc.

3° Climat, flore, faune. — Ce qui caractérise le désert, c’est l’irrégularité des pluies, toujours très courtes, abondantes et réparties dans d’étroites limites. En général, elles ne tombent guère qu’une vingtaine de jours par an, du mois de décembre au mois de mars. Lorsqu’un orage éclate, les eaux descendent des cimes et des versants dénudés de la montagne, se précipitent avec fracas au fond des gorges et des vallées, où elles forment promptement des torrents impétueux. La tourmente passée, le fleuve temporaire baisse rapidement, et, le lendemain, n’est plus qu’un filet d’eau que le sable finit par absorber. Les pluies d’hiver raniment ainsi, d’année en année, la maigre végétation de la péninsule. Alors la verdure reparait dans certains fonds, dans les plaines, parfois sur les flancs de quelques collines. Mais à partir de mars, le soleil donne une chaleur ardente, parfois le khamsin déchaîne des tempêtes de sable, l’humidité s’évapore et l’aridité dessèche les plantes, qui, quoique brûlées, servent cependant de pâture aux animaux. Nous avons vu néanmoins que le désert renferme de charmantes oasis. Voir Élim 1, t. ii, col. 1680 ; Raphidim, col. 980. Le ciel est presque toujours sans nuages, l’air est sec et pur, l’atmosphère d’une merveilleuse transparence, la lumière resplendissante. La température varie naturellement selon l’altitude et la saison, et surtout du jour à la nuit, entre lesquels le thermomètre marque quelquefois une trentaine de degrés de différence. Pendant la journée, la chaleur est tolérable sur les hauteurs, mais excessive dans les plaines et les vallées. Pendant la nuit, la rosée est parfois très abondante.

Les arbres paraissent partout où affleure l’eau. Les espèces principales sont : le palmier sauvage et le palmier dattier ; l’acacia seyal, le ëittîm des Hébreux, au tronc robuste, au bois très dur, quoique fort léger (voir Auacia, t. i, col. 101) ; le tamaris, lamanix rnannifera, le farfah des Arabes. Voir Manne, t. iv, col. 656. Dans les vallées de la région granitique méridionale, on rencontre la flore vigoureuse et variée de Youadi Feirdn, avec les tamaris, les-figuiers nabk, les palmeraies cultivées, dont les dattes sont recherchées à l’égal de celles de Tôr, de nombreuses espèces d’ari bustes et de buissons, au milieu des prairies baignées par le ruisseau. Dans les jardins du couvent de Sainte Catherine, on remarque des cyprès noirs de grande taille. Parmi les espèces de buissons domine, surtout dans le nord, le genêt blanc, Rétama Rœtam des botanistes, le rôpém des Hébreux, le rétém des Arabes. Voir Genêt, t. iii, col. 183. À la base des rochers, on trouve le câprier, capparis spinosa, le lasafdes Arabes. Parmi les plantes aromatiques, nous citerons : Yarlemisia judaica, arabe : ’abeithirân ; la myrrhe, pyrethrum santolinoides ; le fenouil, ferula sinaica, arabe : schômer. Pour compléter ces indications sommaires sur la flore sinaïtique, on peut voir : YOrdnance Survey of the Peninsula of Sinai, Southampton, 1869, 1. 1, p. 247-249 ; H. Chichester Hart, À Naturalist’s journey to Sinai, Petra and South Palestine, dans Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1885, p. 231-255 ; G. E. Post, Flora of Syria, Palestine and Sinai, Beirouth, s. d. (cf. H. Christ, Zur Flora der biblischen Lânder, dans Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. xxiii, 1900, p. 79-82).

Dans une contrée où l’eau est rare et la végétation maigre, on ne peut, s’attendre à voir la vie animale aussi développée que dans les régions plus favorisées par la nature. Elle existe cependant à un plus haut degré qu’on pourrait le croire au premier abord. Signalons seulement : le léopard, Felis leopardus, arabe :

nimr, qui habite dans les parties les plus élevées et les plus inaccessibles de la péninsule ; le loup, arabe : dîb ; le chacal, canis aureus ; le renard appelé par les Arabes abu’lhosein, canis famelicus ; le bouquetin, beden, cap ra s inai tica ; la gazelle, dorcas gazella ; le lièvre, lepus sinaiticus, arabe : arneb, etc. Les troupeaux des bédouins, chameaux, chèvres et moutons, trouvent une nourriture suffisante en différents endroits. — Parmi les oiseaux, nous citerons : le vautour égyptien, Neophron percnopterus, Linn. ; l’aigle ; le milan, Milvus segyptius, milvus migrant ; le faucon, Falco lanarius ; le coucou, Cuculus canorus ; le bulbul, Ixus xanthopygius ; le traquet, Saxicola œnanthe, sax, deserti ; la fauvette, la bergeronnette, l’alouette, le corbeau ; la perdrix, Caccabis saxatilis, caccabis heyii ; la caille commune, Colurnix comniunis, etc. Nous ne disons rien des insectes, mollusques, reptiles. Cf. Ordnance Survey of the Peninsula of Sinai, t. i, p. 251-272 ; H.Chichester Hart, op. cit., reproduit dans Survey of Palestine.

4° Population. — D’après ce que nous venons de dire, il est facile de voir que la péninsule sinaitique n’est pas le désert complet, sans eau, sans végétation, inhabitable pour l’homme. C’est le demi-désert, et le caractère de l’homme qui est venu y fixer sa tente correspond à celui de la nature. Simple dans ses goûts, il arrive à les satisfaire sans peine et sans grand travail, tirant des ressources naturelles du pays tout ce que réclament ses besoins. Amant passionné de la liberté, il erre, heureux et tranquille, à travers tous les chemins de la solitude, sans subir les contraintes de la vie sédentaire. Il préfère la pauvreté à la moindre sujétion. Peu vêtu, mal nourri, dormant sous le ciel, autour d’un feu de branchages, sans souci des variations de température, il a une santé d’une extrême résistance. Dans ce corps maigre et bien portant, l’esprit, dégagé de toute préoccupation scientifique comme de tout souci matériel, garde une fraîcheur et une vivacité qui rappellent l’enfant. Mais l’enfant se retrouve aussi dans l’impuissance à prévoir, l’incapacité d’agir avec ordre, sans cris et disputes. Tel est, en deux mots, le Bédouin du Sinaï. La population de la péninsule s'élève, d’après les évaluations les plus probables, à environ cinq mille personnes. Elle se divise en plusieurs tribus, réparties dans les différentes régions de la presqu'île. La fortune des Bédouins consiste dans les productions du sol et dans les animaux, chèvres, moutons, ânes et chameaux, qu’elles leur permettent d'élever. Leur principale ressource vient de la location de leurs chameaux aux voyageurs qui traversent le pays. Leur vie habituelle est celle des pasteurs nomades. Ils se déplacent par groupes dans les limites de leur territoire, et ont vite fait de planter leurs tentes noires en poil de chèvre et de chameau. Dans quelques endroits, notamment au voisinage des principales sources et des cours d’eau qui alimentent des plantations, la vie devient séden taire ou demi-sédentaire. C’est ce qu’on voit dans Youadi Nasb et surtout dans Vouadi Feirân, où les Bédouins habitent des huttes en pierre, non loin des ruines de la ville antique. — Sur les mœurs et coutumes des Bédouins du Sinaï, on peut voirW. E. Jennings-Bramley, The Bédouin of the Sinaitic Peninsula, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1905, p. 126-137, 211-219 ; 1906, p. 23-33, 103-109, 197205, 250-258 ; 1907, p. 22-33, 131-137, 279-284 ; 1908, p. 30-36, 112-116 ; 1909, p. 253-258 ; 1910, p. 140-149.

5° Voies de communication. — On sait que les deux golfes qui enserrent la péninsule sinaitique et s’avancent profondément dans les terres ont toujours été d’importantes voies de communication du monde oriental. De l’océan Indien et de la mer Rouge, on accédait, d’un côté, à la Basse-Egypte, de l’autre à la Syrie par la vallée d’Arabah, la mer Morte et la vallée du

Jourdain, ou, en coupant au nord-ouest, aux ports de la Méditerranée. Les extrémités septentrionales des deux golfes étaient reliées par une route qui traversait en droite ligne le désert de Tîh, et était une section de l’antique chemin de terre d’Egypte en Arabie. La Table de Peutinger compte de Clysma à Haila (Elath) une distance totale de 170 milles (255 kilomètres), et marque deux stations intermédiaires, Medeia (ouadi Mediléh) et Phara. Au milieu, au point appelé aujourd’hui Qala’at en-Nakhl, « le Fort du Palmier », se trouve une bifurcation, conduisant au nord vers la Palestine, au sud vers le djebel et-Tih, que l’on passe par des gorges difficiles et abruptes, le naqb er-Rakinéh, le naqb el-Varsah, le naqb et Mrêschi. C’est ainsi que d’anciens pèlerins arrivaient au couvent du Sinaï par Vouadi 'Arabah ; d’autres, partant de Jérusalem, gagnaient la région d’Hébron et de Gaza, puis se dirigeaient, par le désert de Tih, vers la sainte montagne, pour s’en aller ensuite en Egypte par la route ordinaire de la côte. La voie de Suez à 'Aqabah est caractérisée par l’extrême rareté de l’eau ; en dehors de Qala’at enNakhl, Bîr Kôresch, Bir eth-Themed, la végétation est nulle, et, par suite, le séjour même des nomades est impossible.

De Suez au Sinaï, les chemins sont naturellement tracés par les plaines et les vallées dont nous avons indiqué la formation géologique. Une fois sur la côte orientale du golfe, on s’avance le long d’une vaste plaine d’alluvion, dont le sol est composé de cailloux et de gravier. On arrive ainsi à 'Ayûn Mûsa, d’où le chemin se poursuit avec une extrême monotonie dans la direction du sud-est, coupant, à longs intervalles, des ravins peu profonds. Peu avant V ouadi el-Atha, la route se divise en deux branches, dont l’une se rapproche de la côte et la suit de plus en plus près jusqu’au djebel Hammam Fir'ûn et le Bas Abu Zeniméh ; l’autre se tient plus haut, mais parallèle à la première jusqu'à l’oasis de Gharandel, d’où elle continue par Y ouadi Guéséh. Au confluent de Youadi Schebeikéh et de Youadi Tayibéh, se trouve une bifurcation importante. Une route s’en va vers l’est, par Youadi Hamr, laissant à gauche le Sarbut el-Djemel, puis prend au sud-est, contourne, par Youadi Suwig, Sarâbît elKhâdim, se dirige enfin vers le couvent de sainte Catherine par les ouadis Khamiléh, Barak, Lebwéh, Berrah, etc. Une autre descend vers le sud, rejoint près de la côte le sentier littoral et suit le rivage jusqu'à la plaine à'el-Markha. De là, elle s’avance, parallèlement à la précédente, vers le même point, par les ouadis Schellal, Mokatteb, Feirân, Solaf. D’autres chemins s’y rattachent pour rejoindre Tôr, au sud. Enfin, du couvent de Sainte-Catherine, un sentier descend vers le même village de Tôr, par les ouadis Sebayéh, Tarfah, lsléh, et la plaine d’el-Qâ'ah.

Du Sinaï vers le nord-est, la route suit les ouadis Sa’al, el-Il udherah, et va rejoindre celle du plateau de Tih ; un embranchement, partant d’Aîn Hudherah, et touchant la côte à Aïn en-Nueibéh, remonte par le littoral jusqu'à 'Aqabah. Une autre se dirige vers le nord pour franchir le djebel et-Tih par l’une ou l’autre de ses passes. Une branche s’en détache pour retrouver la route du nord-est par les ouadis ez-Zelegah et el-'Aîn. Ces détails nous permettront de mieux comprendre l’itinéraire des Israélites à travers la péninsule.

IV. Histoire. — L’histoire de la péninsule sinaitique est en rapport avec sa situation, sa configuration physique et ses conditions de vie. Placée comme une sorte d'îlot entre l’Asie et l’Afrique, défendue d’un côté par le désert, des deux autres par la mer, elle se trouvait en dehors de la voie des nations de l’ancien inonde. La pauvreté du sol et des habitants ne pouvait tenter aucun conquérant. L’absence de villes, de monuments,

de toute civilisation ne pouvait lui donner un nom dans les annales des peuples. Seule, la richesse de ses mines devait attirer ses voisins d’Egypte, et c’est grâce à eux que nous pouvons remonter très loin dans l’histoire de ce petit coin de terre. Leurs inscriptions, en effet, depuis qu’elles sont déchiffrées, nous ont révélé un passé depuis longtemps inconnu. Il faut ajouter cependant que la Bible a entouré le nom de Sinaï d’une gloire qui a traversé les siècles jusqu'à nous. Mais la péninsule n’a été pour les Hébreux qu’un lieu de passage, qu’il ne nous ont pas suffisamment fait connaître. Il nous a fallu les voyages, surtout les explorations scientifiques de nos temps, pour pénétrer la nature et l’histoire de cette contrée. Ce que nous savons aujourd’hui nous permet de mieux comprendre le récit biblique. Nous rattachons cette histoire aux principaux peuples qui ont eu des rapports avec le Sinaï. 1° Les tribus primitives et les Égyptiens. — Les Égyptiens avaient appliqué à la contrée que nous avons décrite l'épithète caractéristique de Ta-Su, « le pays sec, le désert ». Ils donnaient à ses habitants le nom générique de Monitu. Cf. W. Max Mùller, Asien und Èuropa nach altâgyptischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 17-24. Ils les nommaient encore Hiru-Sditu, « les Seigneurs des Sables », Nomiu-Sdilu, « les Coureurs des Sables », et ils les rattachaient aux Amu, c’est-à-dire à la race sémitique. On retrouve, en effet, dans le type de ces barbares, celui des Sémites, tête forte, nez aquilin, front fuyant, barbe longue, chevelure épaisse et souvent frisée. Voir fig. 385. Leur vie était, à peu de chose près, celle des Bédouins actuels du Sinaï. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 350. On comprend que les richesses accumulées dans le Delta égyptien aient souvent excité leurs convoitises et leurs instincts pillards. Les annales de l’Egypte mentionnent, dés les commencements de l’histoire, leurs incursions et les précautions prises par les pharaons pour leur opposer une barrière. De bonne heure aussi, ils découvrirent, au flanc de leurs montagnes, des veines abondantes de minerais métalliques et des gisements de turquoises. Ces richesses excitèrent, à leur tour, la convoitise des pharaons, qui établirent de vive force dans les cantons miniers des escouades de travailleurs. L’ensemble de ces cantons, situés au nord-ouest, s’appelait Mafkaît, le pays des turquoises. Le district le plus anciennement exploré n'était pas très loin du rivage, ce qui rendait l’exploitation plus facile. On en parlait comme de la « contrée des Grottes », à cause des nombreuses galeries qui y avaient été creusées ; le nom actuel i’ouadi Uaghârah, « vallée de la Caverne », traduit donc simplement en arabe le vieux terme égyptien. Les Monitu défendirent leurs droits, mais ils succombèrent sous les coups des troupes égyptiennes, d’abord sous Smerkhet, roi de la première dynastie, puis sous Snefru, de la troisième. Les mines furent abandonnées de la VIe à la XIIe dynastie ; il faut ensuite venir jusqu'à la XVIIIe pour trouver un dernier monument de l’occupation. Les Égyptiens, en effet, ont laissé en cet endroit des bas-reliefs et inscriptions qui ont permis d’en refaire l’histoire. Les monuments se rapportent aux dynasties suivantes, avec les noms des rois qui y sont mentionnés ; I re dyn., Smerkhet ; IIIe, Sa-nekht, Zeser, Snefru ; IVe, Khufu (Khéops) ; Ve Sahu-Ra, Ra-n-User, Men-Kau-Hor, Assa ; VIe, Pepi I er, Pepi II ; XIIe, 'Amenemhat III, Amenemhat IV ; XVIIIe, Thothmès III. Aujourd’hui le site archéologique de Maghârah n’est plus qu’un souvenir ; les inscriptions, détachées des roches, ont été transportées dans les musées, les mines antiques sont détruites, un seul bas-relief est resté à sa place, celui de Smerkhet, qui fut, au début, sur ces murailles, la première empreinte d’un ait remarquable.

Les monuments que nous venons de signaler ne représentent qu’une partie de l’histoire égyptienne au Sinaï. Elle se déroule en même temps dans un autre centre minier, Sardbît el-Khâdim, qai devint important surtout sous la XIIe dynastie. C’est alors qu’on entreprit la construction du temple qui couronne le sommet du plateau, et qui, dans la suite, a été agrandi, restauré et orné par un grand nombre de souverains. Les ruines de cet édifice représentent, sur une longueur de 200 mètres, une suite de salles, de cours, de portiques, qui aboutissent au sanctuaire de Hathor, la déesse de ces lieux, entièrement taillé dans le roc. Ce qui frappe en cet endroit, c’est l’extraordinaire abondance des stèles de pierre, rassemblées dans les petites cours intérieures et annexes du temple, et qui donnent à Sardbît l’aspect d’un cimetière. Les représentations et inscriptions rappellent principalement les rois Amenemhat I, III, IV, de la XIIe dynastie, Thothès III, IV, Amenhotep III de la XVIIIe, Ramsès IV, VI, de la XXe. On trouve d’autres inscriptions sur paroi rocheuse, à l’entrée ou aux abords des mines. Une remarque importante a été fuite en explorant les ruines du temple. On a reconnu que, déjà avant l’arrivée des mineurs égyptiens, un culte purement sémitique se pratiquait sur la montagne, auquel les pharaons se conformèrent dans la suite. Les monceaux de cendres, les petits autels destinés » recevoir l’encens, les pierres coniques et les bassins à ablutions appartiennent, en effet, au culte en usage chez les Sémites, et non à celui des Égyptiens. Voir Archéologie, col. 1779. La Dame de la Turquoise était donc probablement la déesse Istar, qui devint pour les Égyptiens Hathor aux cornes de vache.

Nous n’ajouterons qu’un mot à ce rapide résumé. On a objecté contre le passage des Hébreux à travers la péninsule sinaïtique la crainte qu’ils devaient avoir de rencontrer à Maghârah ou à Sardbît el-Khddim les troupes égyptiennes. Il est facile de répondre qu’il n’y eut jamais au Sinaï de garnison permanente ni d'établissement de mineurs à longue durée. Les expéditions partaient d’Egypte ordinairement au mois de janvier et s’en retournaient à la fin de mars ou au mois d’avril, au commencement des grandes chaleurs. Les Israélites, en tout cas, n’avaient pas à redouter une poignée de soldats, venus pour escorter les ouvriers, encore moins quelques centaines de travailleurs, pour la plupart des prisonniers ou des esclaves, plutôt prêts à s’unir à ceux qui savaient secouer le joug. — Voir, sur cette partie de l’histoire : Ordnance Survey ofthe Peninsula of Sinaï, t. i, p. 168-193 ; G. Ebers, Durch Gosen zum Sinaï, Leipzig, 1881, p. 144-173, 459-467 ; Flinders Pétrie, Researches in Sinai, Londres, 1906, p. 34-121 ; R. Weill, Recueil des Inscriptions égyptiennes du Sinaï, Paris, 1904 ; La presqu'île du Sinaï, p. 141-183.

2° Les Israélites. — A) L’itinéraire : de la mer Rouge au Sinaï. — Nous indiquons seulement ici les différentes stations des Israélites à travers la péninsule, renvoyant pour les détails aux articles qui concernent chacune d’elles.

Au sortir de la mer Rouge, les Hébreux entrèrent dans « le désert de Sur », hébreu : midbar Sûr, Exod., xv, 22, ou » d'Étham », hébreu : 'Éfâm, Num : , xxxiii, 8. Le mot Sur veut dire « mur » ; c’est bien ainsi que durent leur apparaître les monts er-Râhah et et-Tîh qui bordent la plaine par laquelle s’ouvre au nordouest la presqu'île sinaïtique. Voir Sur ; Etham 2, t, ii, col. 2003. « Après avoir marché pendant trois jours, sans trouver d’eau, ils vinrent à Mara (hébreu : Mdrâh), dont ils ne purent boire les eaux, parce qu’elles étaient amères ; d’où le nom de Mdrâh qui fut donné à cet endroit. » Exod., xv, 22-23 ; Num., xxxiii, 8. Moïse adoucit mira

culeusement la source. Exod., xv, 24-25. Il s’agit ici, selon l’opinion la plus commune, d"Aïn Hauarah. Le nom de Mara semble conservé tout près, aux ouadis Mereira et Amara. Voir Mara 2, t. iv, col. 707. « Les enfants d’Israël vinrent ensuite àÉlim (héb. : ’Élîm), où il y avait douze sources et soixante-dix palmiers, et ils campèrent.près des eaux. » Exod., xv, 27 ; Num., xxxiii, 9. C’était donc une oasis qui offrait aux Hébreux un lieu tout naturel de repos. Une des plus belles de la péninsule, et qui se trouve à deux heures et demie A’Hauarah, est Youadi Gharandel, où un ruisseau perpétuel entretient des palmiers sauvages, des tamaris et d’autres plantes du désert. Voir Élim 1, t. ii, col. 1680. « En partant d’Élim, le peuple alla camper sur le bord de la mer Rouge. » Num., xxxiii, 10. Nous avons là une précieuse indication concernant l’itinéraire, et l’étude des lieux nous permet de la suivre avec précision. De Gharandel, on peut descendre directement à la côte, pour la longer ensuite, mais le chemin devient presque impraticable, à cause du promontoire avancé, appelé Hammam Fir’îin. Les Israélites durent donc prendre le chemin direct qui passe au pied opposé de cette hauteur, par les ouadis Useit, Schebeikéh. Arrivés à Vouadi Tayibéh, ils rencontraient la bifurcation dont nous avons parlé, et dont la route supérieure les eût conduits du côté de Sarâbît el-Khâdim, et de là, par les hautes vallées, au Sinaï. L’Écriture nous montre qu’ils prirent le chemin qui descend vers la mer. Au débouché de Vouadi Tayibéh, la plage s’étend auprès du Râs Abu Zeniméh. C’est donc là ou dans les environs qu’il faut placer ce campement. Cf. E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. i, p. 238239. « Ils partirent d’Élim, et toute l’assemblée des enfants d’Israël arriva au désert de Sin fhebreu : midbar Sin), qui est entre Élim et le Sinaï. » Exod., xvi, 1. Les Nombres, xxxiii, 10, qui ont marqué la station au bord de la mer, disent avec plus de précision : « Partis de la mer Rouge, ils campèrent dans le désert de Sin. » Il devient très difficile ici de suivre l’itinéraire des Hébreux. Trois routes principales s’ouvraient devant eux pour aller au Sinaï. L’une, suivant toujours la mer, les eût conduits dans la grande plaine A’el-Qâ’dh, d’où ils seraient remontés au Sinaï, soit par Vouadi Feirdn, soit par Vouadi Hebràn, soit, plus au sud, par Vouadi lsléh. La seconde, pénétrant dans la montagne par Vouadi Baba, franchit un col escarpé, gagne Vouadi Maghâràh, et retombe dans Vouadi Feirdn, pour continuer par Vouadi Soldf. La troisième, ’entrant aussi dans la montagne par Vouadi Baba, tourne au nord, arrive au Debbet er-Bamléh, puis, par les ouadis Khamiléh, Barak, etc., mène au Sinaï. Chacune de ces directions a ses partisans parmi les auteurs qui ont étudié l’itinéraire des Israélites. Le plus grand nombre cependant place le désert de Sin dans la plaine A’el-Markha. Pour quelques-uns, ce serait le Debbet er-Ramléh. Voir Sin 1, col. 1748. C’est là que la manne tomba pour la première fois. Voir Manne, t. iv, col. 656. « Sortis de Sin, ils vinrent à Daphca (hébreu : Dofqâh). » Num., xxxiii, 12. On a rapproché Daphca du nom égyptien Mafka, donné à la région des mines du Sinaï. Cette station serait donc vers Maghâràh. Pour ceux qui font suivre aux Hébreux la route du nord, ce serait plutôt Saràbit el-Khddim. Voir Daphca, t. ii, col. 1291. « Partis de Daphca, ils campèrent à Alus (hébreu : ’Ah’ts). » Num., xxxiii, 13. Ce point est inconnu. Voir Alus, t. i, col. 424. Pour les partisans de l’itinéraire du nord, Alus serait Vouadi el-’Esch, près du grand ouadi Scheikh. Cf. M.-J. Lagrange, L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 86. « Sortis d’Alus, ils fixèrent leuçs tentes à Raphidim (hébreu : Refîdîm), où le peuple ne trouva pas d’eau à boire. » Num., xxxiii, 14. Moïse en fit sortir miraculeusement du rocher. Cf. Exod., xvii, 1-7. C’est là qu’eut lieu le combat contre Amalec. Exod., xvii, 8-16. Raphidim est généralement identifié avec Vouadi Feirdn. Ceux qui préfèrent la route du nord le cherchent un peu partout ; quelques-uns signalent Vouadi Erfayid, qui en rappellerait le nom, et qui débouche dans Vouadi Emleisah, affluent de Vouadi Solâf. Voir Raphidim, col. 980. « Partis de Raphidim, ils campèrent au désert du Sinaï, » Num., xxxiii, 15 ; « Israël campa là, vis-à-vis de la montagne. Exod., XIX, 2. On a calculé que, depuis

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385. — Un barbare moniti du Sinaï. Karnak. D’après Maspero, Hist. ancienne, 1. 1, p. 351.

Ayûn Mûsa jusqu’au Sinaï, en suivant la route la plus longue, mais la plus praticable, les Hébreux avaient parcouru près de 285 kilomètres, en onze marches. Ils sont arrivés maintenant au lieu où doit s’accomplir un des événements les plus importants de l’histoire. Il nous faut donc en rechercher le site exact.

B) Le Sinaï. — Parmi les sommets du massif granitique qui constitue le sud de la péninsule, peut-on désigner avec certitude le vrai Sinaï ? D’après les discussions qui ont eu lieu jusqu’ici, le choix est entre le mont Serbal et le djebel Mûsa. Le djebel Serbal ou « montagne de la Cotte de mailles » est ainsi appelé, parce que l’eau qui tombe sur les rochers de granit qui en forment la cime donne à leurs parois brillantes l’aspect de cette armure. Son altitude est de 2052 mètres. Ce n’est donc pas la montagne la plus élevée de la péninsule, mais c’est peut-être la plus imposante par sa masse et la majestueuse beauté de ses grandes lignes. Au midi, c’est un vrai chaos d’éminences et de gorges presque inaccessibles ; mais, des autres côtés, trois vallées étroites l’entourent, les ouadis er-Rimm, ’Aleydt et’Adjéléh, qui descendent rapidement vers Vouadi Feirdn. L’intervalle qui sépare ces ouadis est très accidenté ; des collines escarpées émergent partout, de

sorte qu’on n’y trouve aucun emplacement propice pour l'établissement d’un camp. Les vallées elles-mêmes sont encombrées de rochers énormes, détachés de la montagne, dans les environs de laquelle on ne trouve aucune plaine.

Le djebel Mûsa « est un massif élevé, de forme. oblongue, d’environ 3200 mètres de long sur 1600 mètres de large, dirigé, dans sa plus large dimension, du nord-ouest au sud-est. Voir fig. 363. Son altitude est d’une hauteur moyenne de 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer ; 450 mètres au-dessus des ouadis environnants. Sa crête est terminée aux deux extrémités par des pics plus élevés : au sud, par un pic unique, de 2244 mètres, appelé, comme la montagne, djebel Mûsa ; au nord-ouest, par trois ou quatre escarpements, nommés collectivement Râs Sufsafêh du nom du plus haut d’entre eux, qui a 2 114 mètres audessus du niveau de la mer. De tous les côtés, à l’exception du sud-est, la pente est très abrupte et très rapide. Le pic méridional du djebel Mûsa s’appelait autrefois djebel Mone’idjéh ou « mont de la Conférence ». Le Sinaï est entouré de toutes parts par des vallées ; au nord-est, par Youadi ed-Deir, appelé aussi ouadi Schoeib, c’est-à-dire Hobab, nom du beau-frère de Moïse ; au sud-ouest par Youadi el-Ledja. Ces deux ouadis se dirigent vers le nord… Au nord-ouest du Râs Sufsafêh se déploie la large plaine à'er-Rdhah, formée par l’ouadi de ce nom ; .elle commence à deux kilomètres et demi du pied de la montagne, et vient, par une pente douce, se confondre avec Youadi el-Ledja et Youadi ed-Deii : Elle est partout couverte d’herbages ; detous ses points, on voit distinctement le pic du Râs. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 499-500.

Pour fixer notre choix entre les deux montagnes, il nous faut interroger la Bible et la tradition. La Bible ne nous offre directement aucune lumière. Elle nous dit bien que les Israélites allèrent de Raphidim au Sinaï. À supposer que Raphidim soit l’ouadi Feirân, le Serbal est plus rapproché que le djebel Mûsa. Mais ne Pest-il pas trop ? quelle est, au juste, la valeur de cette station ? Nous ne savons. On croit aussi que les onze jours de l’Horeb à Cadès, Deut., i, 2, conduisent plutôt au djebel Mûsa qu’au Serbal. Ce n’est qu’une faible donnée. Quant à la tradition, on comprend qu’elle n’ait pas gardé un souvenir bien durable du passage d'étrangers dans un pays presque inhabité, où ils n’ont laissé aucun monument, au milieu de nomades peu intéressés à cet événement. S’il est certain pour nous que la tradition juive n’a jamais placé le Sinaï ailleurs que dans la péninsule qui porte son nom, nous sommes obligés de reconnaître qu’elle n’a conservé aucun renseignement précis sur le site qu’il faut attribuer à la sainte montagne. Pour Josèphe, Ant. jud., II, xii, 1 ; III, v, 1, ce serait la plus haute du pays. La question entre le Serbal et le dj. Mûsa ne peut se trancher par une différence de quelque deux cents mètres. La tradition chrétienne elle-même ne repose parfois que sur une simple combinaison de vagues données bibliques. Telle est celle de YOnomasticon d’Eusèbe et de saint Jérôme, Gœttingue, 1870, p. 112, 122, 150, 291, 298, 301. Cependant la découverte du pèlerinage attribué à sainte Sylvie, Peregrinatio ad Loca Sancta, édit. Gamurrini, Rome, 1888, apporte des témoignages très précis, conformes à la topographie sinaïtique, et montre que la tradition chrétienne, à la fin du IVe siècle, était absolument fixée au djebel Mûsa. Malgré certains détails un peu suspects, « est-il possible qu’on ait choisi sans hésiter le dj. Mûsa, que de nombreux ermites s’y soient fixés, loin de la petite ville de Pharan, exposés aux incursions des Sarrasins qui les ont plus d’une fois massacrés, sans aucun nom propre pour fixer ce choix ? Pourquoi ne pas situer sur le dj. Katherin, ipus

élevé de plus de trois cents mètres, les entretiens de Moïse avec Dieu ? Une pareille tradition possède et serait inébranlable si l’on pouvait prouver que le nom de Sina s'était conservé. Il est vrai que sainte Sylvie prononce ce nom : « irions… qui specialis Syna dicitur » (p. 37), mais elle connaît malheureusement aussi l’Horeb, « qui locus appellaturin Choreb » (p. 40), et cela devient suspect, d’autant que dans Antonin (Tobler, p. 112), l’Horeb paraît très bien être ailleurs. » M. J. Lagrange, Le Sinai biblique, dans la Revue biblique, 1899, p. 391. On ajoute le témoignage d' « écrivains anciens qui vivaient dans le voisinage ou ont visité la péninsule, et sont, par conséquent, les mieux renseignés et les plus compétents : Ammonius, de Canope, saint Nil, moine du Sinaï, Procope, Antonin le Martyr, Eulychius, désignent clairement, non le Serbal, mais le djebel Mûsa comme le Sinaï. Seul, Cosmas Indicopleuste décrit le « mont Choreb, c’est-à « dire le Sinaï, » dit-il, comme étant à six milles de Pharan, ce qui convient assez bien à la distance qui sépare cette ville du Serbal. Mais le témoignage de ce marchand devenu moine est sans autorité et sa description n’est nullement claire et précise. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 493. La tradition la plus commune a. donc depuis longtemps placé le mont Sinaï au djebel Mûsa actuel. Cependant le Serbal a aussi ses partisans, dont les principaux sont Burckhardt, Lepsius, Hogg, Bartlett, Forster, Stewart et surtout G. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, p. 392438, 599-600. Mais les raisons de convenance topographi que ne leur sont pas plus favorables que la tradition.

Si, en effet, la Bible ne nous apporte aucune lumière directe, elle fournit certains arguments indirects qui permettent d'éliminer le Serbal pour choisir le djebel Mûsa. D’après le récit sacré, le sommet de la montagne sainte dominait le lieu où étaient rassemblés les Israélites, non pas le lieu du campement, mais celui où Moïse les réunit pour assister aux manifestations divines. Il devait donc y avoir « au pied de la montagne » une plaine assez grande pour contenir le peuple. Exod., xix, 17, 18. — La montagne devait être assez isolée pour qu’on pût établir des limites qui empêchaient les hommes et les animaux d’en toucher les bords. Exod., xix, 12, 13. — Le sommet devait être un pic bien déterminé, visible de la plaine. Exod., xix, 11 ; xx, 18. — Enfin la Bible suppose les environs du Sinaï assez bien arrosés, puisque Moïse jeta le veau d’or, réduit en poudre, « dans le torrent qui descend de la montagne. » Deut., ix, 21. D’aiileurs, comme les Hébreux restèrent dans ces parages pendant un an, ils durent y trouver des pâturages suffisants pour leurs troupeaux.

Ces différents traits ne peuvent s’appliquer au Serbal. Il n’y a pas dans le voisinage de plaine suffisante pour recevoir une grande foule. Les vallées qui l’entourent, ouadi 'Aleyât et ouadi er-Rimm, sont aujourd’hui obstruées par des masses d'éboulis qu’ont amenées les pluies d’hiver ; leur aspect ne devait pas différer au temps de Moïse. D’autre part, les Israélites, en les occupant, auraient été divisés en deux sections par les hauteurs granitiques qui les séparent. Le pic le plus élevé n’est visible d’aucun point de Youadi 'Adjeléh, et l’est seulement d’un ou deux endroits dans Youadi Feirân. Il y a bien une certaine quantité d’eau dans le voisinage, mais aucun ruisseau ne descend de la montagne de manière à répondre au récit biblique. On a voulu attribuer au Serbal un caractère religieux, en raison de son nom, qui signifierait « c le Seigneur Baal », Ser Ba’al, ou « le bosquet de palmiers de Baal », Serb Ba’al ; mais ces étymologies sont fausses. Les ruines qu’on trouve sur son sommet et qu’on rattache au culte du même dieu sont relativement récentes. Enfin les inscriptions sinaïtiques, dont on a cherché à

tirer un argument, ne sont pas en plus grand nombre près du Serbal que dans beaucoup d’autres parties de la péninsule ; bien plus, la montagne même est un des endroits qui en offrent le moins.

Le djebel Mûsa, au contraire, remplit les conditions voulues. Cependant il faut distinguer ici entre le pic de ce nom et un autre qui fait partie du même massif. Bien que les moines du couvent de Sainte-Catherine, suivant une tradition fort ancienne, regardent le djébél Mûsa proprement dit comme la véritable montagne de la Loi, l’examen topographique oblige plutôt à placer la promulgation des commandements divins sur le Râs Sufsaféh. Le seul endroit capable de contenir une

principales vallées qui y débouchent. Elle était donc plus que suffisante pour contenir la multitude des Israélites, quelque considérable qu’on la suppose. De tous les points de ce vaste amphithéâtre, celle-ci pouvait suivre du regard ce qui se passait au sommet du Râs Sufsaféh, qui, au fond de la plaine, s’élève brusquement à 600 mètres environ, comme une gigantesque tribune. Voir fig. 386. L’isolement complet de la montagne sur trois de ses côtés, ses parois presque perpendiculaires expliquent ce qui est dit des barrières dont on devait l’entourer. D’autre part, l’eau et les pâturages qu’on trouve aux alentours du djebel Mûsa permirent aux Hébreux un assez long séjour au Sinaï. Le ruisseau

386. — La plaine d’Er-Rahah et le Ras Sufsaféh. D’après Meistermann, Sindi et Pétra, p. 112.

grande foule est la plaine d’er-Rdhah ; or, de là, le pic du djebel Mûsa est complètement invisible, masqué qu’il est par les hauteurs intermédiaires du Râs Sufsaféh. Celui-ci est donc aujourd’hui généralement considéré comme ayant été le théâtre’des événements racontés dans l’Exode, xix, xx, xxxii. Cette hypothèse n’atteint pas, du reste, le caractère sacré du djebel Mûs.a, qui peut avoir été associé à bon droit, par la tradition, avec la manifestation de Dieu à Moïse dans le buisson ardent et dans les événements postérieurs de la communication de la loi et des ordres pour la construction du tabernacle, comme le supposent son ancien nom de Moneidjéh ou de « la Conférence », et les autres légendes indigènes. Cf. H. S. Palmer, Sinai from the fourth Egyptian dynasty to the présent day, Londres, 1878, p. 174-176.

Il est impossible alors de trouver un lieu mieux adapté à la scène mémorable de la promulgation de la Loi. Exod., xix, xx. La plaine à’er-Râhah a une superficie de plus de 300 hectares, si l’on y ajoute les pentes basses des collines qui la bordent et l’entrée des trois

qui coule dans l’ouadi Schreich peut très bien être celui dans lequel Moïse jeta le veau d’or réduit en poudre. — Sur cette question topographique, on peut voir Ordnance Survey, p. 139-149.

Sans chercher, ce qui est impossible, à localiser avec certitude les incidents divers que l’Écriture place au Sinaï, il est permis de signaler plusieurs points de la région qui cadrent parfaitement avec les détails du récit biblique. Ainsi, le djebel Moneidjéh, peu élevé et visible de toute la plaine à’er-Rdhah, a pu servir d’emplacement pour l’érection du tabernacle. Le djebel Mûsa proprement dit est vraisemblablement le mont Horeb, sur lequel Moïse eut la vision du buisson ardent et la révélation du nom de Jéhovah. Exod., iii, 1-14. Le nom de cette montagne a peut-être survécu dans celui de djebel Aribéh, pic voisin du couvent de Sainte-Catherine. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 505-508.

C’est donc là, au sein de ces montagnes de granit, qu’eut lieu l’alliance solennelle de Dieu avec son peuple, que fut proclamée la Loi religieuse, morale et

politique, qui devait faire des enfants d’Israël une nation à part au milieu du monde, que furent déterminés tous les détails du culte divin, exécutés les objets sacrés qui devaient en être les instruments. Cf. Exod., xix-xl. C’est là que la race d’Abraham ajouta aux liens du sang ceux d’une législation qui en fît un peuple admirablement organisé, appelé à un rôle providentiel. On comprend dès lors l’impression profonde que ressent l’âme du voyageur en face de ces souvenirs, devant le spectacle grandiose des lieux qui les rappellent. « Je constate, dit le P. Lagrange, dans la Revue biblique, 1896, p. 641, qu’à ce moment les doutes s’évanouissent, une terreur religieuse s’abat sur les sens à l’aspect de cette montagne triple et une. Cette plaine, isolée dans le chaos des montagnes, paraît disposée comme un rendez-vous avec Dieu sur les hauteurs. Et cette impression n’est pas nouvelle, car du temps de sainte Sylvie, on tombait à genoux pour prier en apercevant la montagne de Dieu. Oui, il faut remercier Dieu d’avoir mis tant d’harmonie dans ses œuvres, d’avoir promulgué sa loi éternelle du haut de cet escabeau de granit, d’avoir répandu dans les esprits sa vérité pendant que sa lumière baignait les pics éblouissants, d’avoir parlé où il semble qu’on ne peut entendre que lui. Vraiment Dieu se révèle ici. La nature et l’histoire crient à l’envi et on est tenté de crier avec elles le nom du Seigneur Dieu. »

C) Du Sinaï à Cadès. — Les Israélites restèrent près d’un an au pied du Sinaï. De là ils se dirigèrent vers Cadès par une suite de stations qu’il nous reste à examiner. Pour atteindre ce point, ils pouvaient aller au nord-ouest franchir un des cols du djebel et-Tîh et gagner Qala’at en-Nakhl, ou prendre la route du nordest vers’Aqabah. Il y a tout lieu de croire qu’ils suivirent cette dernière direction. « La seconde année après la sortie d’Egypte, le second mois, le vingt du mois, la nuée se leva de dessus le tabernacle, et les enfants d’Israël partirent, division par division, du désert du Sinaï, et la nuée s’arrêta dans le désert de Pharan, midbar Pâ’rân. » Num., x, 11-12. Ce désert, dans un sens large, devait s’étendre jusque vers le massif du Sinaï, voir Pharan 1, col. 187, où le texte cité indique plutôt une direction générale.

La première station mentionnée Num., xxxiii, 16, est celle de Qibrôt hat-ta’âvâh, « les Sépulcres de concupiscence », ainsi nommée à cause du châtiment infligé aux Israélites à la suite de leurs murmures contre la manne, lors du second envoi des cailles. Num., xi, 4-6, 31-34. Beaucoup d’auteurs supposent que cette station est identique à celle de Tab’êrâh, ou « l’Embrasement », nom qui fut donné en raison de l’incendie d’une partie du camp, punition provoquée par les murmures du peuple contre Dieu et contre Moïse. Num., xi, 1-3. D’après les explorateurs anglais, le site le plus vraisemblable de Qibrôt hat-la’âvâh est celui d’Erweis el-Ebeirig à un peu plus de dix heures de marche lente du couvent de Sainte-Catherine. Pour y arriver, les Hébreux n’eurent qu’à suivre Vouadi Sa’al. Voir

    1. SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE##

SÉPULCRES DE CONCUPISCENCE, Col. 1665.

La seconde station est celle d’Haseroth, hébreu : ffâsêrôf. Num.. xi, 34 ; xxxiii, 17. Elle est depuis longtemps identifiée avec’Ain H.adrah ou Ifudrah, à huit heures de la précédente. Voir Haséroth, t. iii, col. 415. A partir de là, il devient difficile de suivre l’itinéraire des Israélites. À Vouadi el’Ain, la route d"Aqabah tourne dans la direction du sud pour descendre vers la côte. Si les Hébreux avaient pris ce chemin, le texte aurait sans doute mentionné la mer. Ils durent gagner directement le plateau de Tih. Les stations indiquées sont les suivantes :

Rethma (hébreu : Rifmdh). Num., xxxiii, 18-19. Inconnue. Voir Rethma, col. 1076.

Remmonpharès (hébreu : Rimmôn Parés). Num.,

xxxm, 19-20. On cherche cet endroit au sud-est du djebel et-Tamad, à l’ouest de l’extrémité septentrionale du golfe d"Aqabah. Voir Remmonpharès, col. 1040.

Lebna (hébreu : Libnâh). Num., xxxiii, 20-21. Ce nom signifiant « blancheur » pourrait correspondre à celui A’el-Reida, « la Blanche », que porte une région située sur le bord de Vouadi Djérâféh. Voir Lebna 1, t. iv, col. 143, et Remmonpharès, col. 1040.

Ressa (hébreu : Rissdh). Num., xxxiii, 21-22. On croit généralement que c’est la Rasa de la carte de Peutinger ; elle serait à Vouadi Suega, au point où la route d"Aqabah à Gaza coupe en écharpe un chemin qui mènerait directement de Vouadi el-’Aïn à Lussân (Lysa) et à Gaza. Voir Ressa, col. 1061 ; cf. M. J. Lagrange, L’itinéraire des Israélites, dans la Revue biblique, 1900, p. 277-278.

Céélatha (hébreu : Qehêlâfdh). Num., xxxiii, 22. Cette station doit correspondre à la Gypsaria de la carte de Peutinger et à l’actuel Contellet Quréiyéh. Cf. M. J. Lagrange, op. cit., p. 277.

Mont Sépher (hébreu : har-Sâfér). Num., xxxiii, 23-24. Peut-être le djebel’Araïf, à six heures de Vouadi Quréiyéh. Voir Sépher (Mont), col. 1620.

Arada (hébreu : Eiâràdâh). Num., xxxiii, 24. Inconnue. Voir Arada, t. i, col. 873.

Macéloth (hébreu : Maqhêlôf). Num., xxxiii, 25-26. Inconnue. Voir Macéloth, t. iv, col. 479. Il y a probablement ici, de même que pour les deux noms suivants, un embarras textuel. Cf. M. J. Lagrange, op. cit., p. 278.

Thahath (hébreu : fâhat). Num., xxxiii, 26-27. Inconnue. Voir Thahath.

Tharé (hébreu : fârah). Num., xxxiii, 27. Inconnue. Voir Tharé.

Methca (hébreu : Mifqdh). Num., xxxiii, 28-29. Inconnue.

Hesmona (hébreu : #a3mô » iâh).Num., xxxiii, 29-30. Inconnue. Cependant on pourrait peut-être rapprocher cette station d’une ville frontière de Juda, Asémona (hébreu : ’Asemônâh), Num., xxxiv, 4, située à l’extrémité méridionale de la Terre Sainte. Il est vrai que l’orthographe des deux noms est différente, avec heth, , schin d’un côté, ’Ain et tsadé de l’autre. Mais les Septante pendent le texte massorétique très douteux et la situation des deux endroits nous conduit à peu près au même point. Or, Asémona a été identifiée avec les ruines qui sont proches de l’Ain Qaséiméh, à l’est du djebel iluweiléh. Voir Asémona, 1. 1, col. 1079. Nous sommes ainsi dans les deux cas tout près de Cadès. C’est une raison qui s’ajoute à celle du contexte pour admettre ici, Num., xxxiii, 30, une transposition, c’est-à-dire pour transporter les versets 36 b -41° après le ꝟ. 30°. Voir Moséroth, t. iv, col. 1318.

De cette façon, l’on arrive à Cadès, hébreu : Qàdès, Num., xxxiii, 36, bien identifié avec’Ain Qedeis. Voir Cadès 1, t. ii, col. 13. De Cadès, les Israélites redescendirent vers Asiongaber, Num., xxxiii, 36 b -41% 30 b -35, pour remonter du côté de Moab.

D) Remarque sur l’Itinéraire. — Nous terminerons ce tracé de l’itinéraire des Israélites par une simple remarque. Nous avons suivi pas à pas les Hébreux depuis la sortie de la mer Rouge jusqu’à la frontière de Palestine, à travers le dédale des chemins de la péninsule sinaïtique. Sans doute, bien des points restent obscurs ; toutes les stations ne peuvent être identifiées comme il serait possible de le faire dans un pays habité. Nous avons cependant des points de repère suffisants pour fixer avec une très grande probabilité la voie des enfants d’Israël. Il y a un tel accord entre la topographie de ce pays compliqué et les données bibliques qu’il est impossible d’y voir un pur effet du hasard. Si, comme le prétendent les rationalistes, le récit sacré n’était qu’oeuvre d’imagination, ou si la tradition hébraïque avait perdu tout souvenir du Sinaï

comment arriverait-on à concilier d’une manière aussi satisfaisante une géographie et une histoire aussi difficiles ? Il est aisé de dire que l’adaptation des noms et des faits aux lieux s’est opérée après coup, par des moines chrétiens en quête de souvenirs bibliques. Cette adaptation serait impossible si elle n’avait pour base une conformité réelle entre les faits et les lieux. Qu’on essaie donc de la transporter ailleurs, puisqu’on transporte ailleurs le Sinaï. Dans leur impuissance à le faire, les rationalistes sont obligés de bouleverser le texte sacré, d’en effacer une partie. Nous pouvons donc conclure d’après cela à la véracité et à l’authenticité du récit mosaïque. Si l’auteur, écrivant plusieurs siècles après les événements, n’avait eu aucune connaissance des lieux, comment aurait-il pu arriver à une telle exactitude ?

3° Les Nabatéens. Inscriptions sinaïliques. — La péninsule sinaïtique est un pays singulier, non seulement par sa configuration physique, mais encore par le grand nombre et le caractère des inscriptions qu’on y rencontre. On dirait que ses immenses murailles de rochers étaient destinées à être des pages d’écriture. Ces pages sont demeurées longtemps un mystère et ont exercé la sagacité des savants. Il était tout naturel qu’on y vit dans les commencements des vestiges du passage des Hébreux. Nous ne parlons pas ici des inscriptions hiéroglyphiques que nous avons déjà signalées à Maghdrah et à Sardbît et Khâdim, mais d’autres monumentsépigraphiquesrépandusà travers unebonne partie de la presqu’île. À part le grec et le latin qui y sont parfois représentés, ils se composent surtout de caractères dont la nature et le sens furent longtemps ignorés. Il a fallu les découvertes modernes pour nous donner la clef d’uneénigme qui avait intrigué les anciens. Nous laissons de côté l’histoire des recherches et du déchiffrement. Cf. Yigouroux, Mélanges bibliques, Paris, 1882, p. 233-313. Nous n’avons à étudier rapidement que la nature, la localisation et l’origine de ces inscriptions.

Ce sont de simples graffiti, qui se composent presque exclusivement de noms propres et de certaines exclamations ; par exemple : « Paix ! Yati’u, fils de Waddu. Qu’il soit béni à jamais ! » Ils sont gravés sur les rochers, ou sur ceux qui forment les parois des vallées, ou sur ceux qui sont tombés des sommets de la montagne. Ils ont été tracés sur le grès au moyen d’un silex pointu, et les lettres ainsi formées semblent faites de petits trous juxtaposés. Mais sur le granit, plus dur, on remarque les traces d’un instrument de fer. La grandeur de l’écriture varie : dans la plupart des inscriptions, les lettres sont hautes d’environ quatre ou cinq centimètres ; les petites n’en ont qu’un. L’absence de polissage sur la surface du rocher, de rectitude dans les lignes, d’ordre dans les sentences, tout indique la précipitation et la négligence. Voirfig. 387.

Ces inscriptions sont surtout nombreuses aux environs du Serbal, du djebel el-Bendt, du djebel Mûsa, le long des grandes vallées qui servaient de voies de communication, les ouadis Schelldl, Mokatteb, Feirân, Suwig, Khamiléh, Bark, Lebwéh, Berrâk. L’ouadi Mokatteb tire même de là son nom de « vallée écrite ». On en trouve quelques-unes vers le nord-est, sur le chemin du Sinaï à’Aqabah, jusqu’à Vouadi Sa’al ; mais on n’en rencontre aueune au nord-ouest, à partir de Vouadi Hamr, sur la route de l’Egypte. On n’en signale pas non plus sur la route qui traverse le désert de Tih. D’où l’on conclut qu’il ne faut pas les attribuer aux caravanes marchandes qui allaient d’Arabie en Egypte et vice versa.

La langue est l’araméen, avec quelques mots empruntés à l’arabe. Outre les noms propres, dont se composent principalement les inscriptions, on trouve un petit nombre de mots araméens, comme’2, ma, c fils, fille » ; 137, « faire » ; mp jd, « devant » NriN, « terre », etc., et des exclamations, comme tfjw, « paix », -i>3T, « que se souvienne », -|na, « béni ». Cependant les noms propres sont en grande partie arabes ; on y a souvent ajouté la terminaison nabatéenne i ; npaDbH, Almobaqqeru ; ils sont pour la plupart théophores : inStnay, Abdallahi ; tnhNiyxi ?, èa’dallahi. Les noms des divinités qui entrent dans la composition de ces mots sont : « n^N, Allah, ibyabx, Elba’al, *nwn, DûSarâ, le dieu des Nabatéens. On ne peut donc attribuer ces inscriptions à des chrétiens. Les croix et les monogrammes du Christ qui sont mêlés aux inscriptions sont distincts des graffiti nabatéens et ont été ajoutés plus tard par des pèlerins.

Beaucoup d’inscriptions sont répétées en différents

387. — Inscription sinaïtique (Ouadi Mokatteb).

…SnSïN "13 [| >nVl7WT3yn « que fit Sa’dallahi|| fils d’A’là’…

D’après le Corpus inscriptionum semiticarum,

part. II, t. i, n. 914 b, pi. lxxvi.

endroits, gravées par la même main et dans le même ordre. On pense donc que, malgré leur grand nombre, ces monuments épigraphiques n’ont pour auteurs que quelques groupes d’hommes, parcourant ensemble les mêmes chemins, probablement unis en société ; l’un d’eux est appelé éparque, quatre ont le titre de prêtres. Les inscriptions sont accompagnées de dessins grossièrement tracés, représentant des hommes, des chameaux, des chiens, des bouquetins, etc. Quelques-unes sont bilingues ; les mots grecs, en particulier les noms propres, correspondent parfaitement aux mots sémitiques. La manière dont elles sont gravées montre bien qu’elles ont été écrites, dans les deux langues, par la même main. Il est donc permis de supposer que ceux à qui elles sont dues n’étaient pas desimpies nomades, sans aucun rapport avec le monde romain.

En résumé, les inscriptions sémitiques du Sinaï sont l’œuvre de Nabatéens (Vnlgate : Nabuthseï) qui, au second et au troisième siècle de notre ère, occupèrent les vallées de la péninsule ou la visitèrent à différents intervalles. Voir Nabuthéens, t. iv, col. 1444. Elles n’émanent point de rois ou de peuples comme celles des temples de l’Egypte ou des palais de Ninive et de Babylone. Elles ont donc peu de valeur historique ; leur importance est plus grande au point de vue épigraphique, l’écriture appar

tenant aune phase de l’alphabet sémitique. Voir Alphabet hébreu, t. i, col. 402. — Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, p. ii, t. i, fasc. 3, p. 349-486, avec cartes, Paris, 1902. On trouvera, en particulier, p. 356 357, la liste des ouvrages les plus importants parus sur la question.

4° Les anachorètes et les moines. — Vers le milieu du me siècle, la violence de la persécution contre les chrétiens peupla d’anachorètes le désert du Sinaï. Le pays prit alors un nouvel aspect. Les grottes servirent d’abri aux ermites ; dans les vallées, près des sources, s’élevèrent de petits monastères. L’industrie et le travail des solitaires créèrent des champs fertiles, des vergers riches en oliviers, dattiers et figuiers. Pèlerins et marchands accoururent des divers ports de la péninsule. Le mont Sinaï fut habité par de nombreux anachorètes, qui y bâtirent des églises. Mais, vers les années 305, 370, 400, des bandes pillardes, Sarrasins

extrémités septentrionales des deux golfes, les seuls points où la vie sédentaire fut plus ou moins longtemps concentrée. Les vieilles cités ont disparu, sans laisser un monument digne d’attention. Mais la presqu’île, qui physiquement et historiquement est un pays à part, a aussi ses richesses spéciales. Elles consistent dans les mines, dans les inscriptions égyptiennes et nabatéennes dont nous avons parlé. Les deux centres miniers de l’ouadi el-Magkârah et de Sarâbît el-Khddirn ont une importance que nous avons déjà relevée pour l’histoire du Sinaï et celle de l’Egypte. Les recherches qu’on y a entreprises ont, de plus, révélé la manière dont les mines étaient exploitées, les instruments dont se servaient les ouvriers, ciseaux, marteaux, mortiers,

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388. — Petits autels trouvés dans le temple lie Sarâbît el-Khadim D’après Flinders Pétrie, Researches in Sinai, pi. 143, n. 12, 15.

et Blemmyes, amenés par la cupidité, passèrent comme un ouragan, dévastèrent les ermitages et les églises et tuèrent un grand nombre de moines. Pour donner à ceux-ci un rempart contre ces invasions, Justinien fit construire en 527 le couvent actuel du mont Sinaï, qui reçut plus tard le nom de Sainte-Catherine. Une belle basilique fut érigée et tous les bâtiments furent entourés de hautes et solides murailles, qui donnent au monastère l’air d’une forteresse. La bibliothèque renferme de précieux trésors dans ses manuscrits grecs, arabes, syriaques, etc. C’est là, en particulier, que Tischendorf découvrit le manuscrit grec de la Bible qui porte le nom de Codex Sinaiticus et que M mes Lewis et Gibson ont trouvé un manuscrit syriaque des Évangiles. Pour la description du couvent et de ses environ ?, en peut voir M. J. Lagrange, Le Sinaï, dans la Revue biblique, 1897, p. 107130. Les guides et relations de voyage en donnent également une description.

V. Archéologie et Religion. — La pénisule sinaïtique n’a jamais compté qu’une seule ville au sein de ses montages ; cefutPharan, dans l’ouadi Feirân, qui devint, vers le Ve siècle, le siège d’un évêché. Le village actuel de Tûr représente le port de la côte occidentale. Qala’at en-Nakhl, sur le plateau de Tih, doit marquer l’emplacement de l’ancienne ville de Phoenicon, « la Palmeraie ». Tels sont, avec les deux ports situés aux

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389. — Buste en grès U-ouvé dans le temple de

Sarâbît el-Khadim. Inscriptions en caractères inconnus.

D’après FI. Pétrie, Researches in Sinai, n. 138.

etc. Mais la dernière exploration de M. Flinders Pétrie, décembre 1905 à mars 1906, a jeté un jour tout nouveau sur certaines questions archéologiques et religieuses que nous devons résumer en quelques mots.

Le temple de Sarâbît el-Khâdim, dégagé de toutes les superfétations égyptiennes, apparaît avec son caractère primitif de haut-lieu, sémitique, bâmah. La déesse qu’on y adorait à l’origine, et qui régnait sur ce sommet avant les premières expéditions pharaoniques, n’avait pour sanctuaire qu’une grotte creusée dans le rocher. Le culte que lui rendaient les populations indigènes se rapproche de celui qu’on retrouve en Chanaan. Le long du sentier qui conduit à l’antre sacré, on a reconnu une série de cercles en pierres brûles, généralement assez grands pour abriter une, deux, parfois même trois ou quatre personnes. Dans un grand nombre de ces cercles, une stèle, couverte d’hiéroglyphes, expose les titres d’un officier égyptien ou son offrande à la « Dame des Turquoises » pour s’assurer la proteclion de la déesse ou lui exprimer sa reconnaissance. Une petite table d’offrandes, au pied de la stèle, montre l’accomplissement de l’acte religieux. Aux cercles

de pierres succédèrent les édicules qui précèdent le portique du temple, et qui ne sont ni des chapelles ni des magasins sacrés, mais des abris permanents, remplaçant les premiers refuges rudimentaires. Participant à la sainteté du lieu, ils étaient destinés aux chercheurs de turquoises, qui y venaient attendre le songe révélateur dans lequel la déesse leur indiquerait quelque bon gisement. On trouve aux abords de la grotte sacrée un épais lit de cendres qui atteste le rôle important du feu dans ce haut-lieu. Comme il y a peu de buissons sur le sommet de la colline, il semble que le combustible dût être apporté de la plaine ou des vallées environnantes. Mais, pour l’apporter en telle quantité et loin des habitations, il fallait qu’il y eût une autre raison que les usages de la vie courante. Nous sommes ici en présence de sacrifices religieux, dans lesquels le sang, la graisse et d’autres parties facilement combustibles des animaux immolés étaient la part de la divinité, la

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390. — Nauâmis, construction en pierres sèches,

près de l’ouadi-Solaf.

D’après FI. Pétrie, Researches in Sinai, n. 178.

chair des victimes servant d’aliments à ceux qui les offraient ou qui prenaient part à la fête. La nature des cendres et l’endroit où elles se trouvent confirment cette hypothèse. On a découvert aussi de petits autels, qui, d’après leur forme même, étaient faits pour recevoir, non un liquide ou autre offrande, mais de l’encens. Voir fig. 388. Parmi les objets votifs, on remarque des pierres taillées en forme de cônes, autre caractère du culte sémitique. Enfin des réservoirs et des bassins à ablutions rappellent certaines pratiques du culle juif. Nous avons donc bien là un rituel sémitique, que les Égyptiens s’approprièrent pour se concilier la faveur de la divinité qui régnait primitivement en ces lieux. En effet, les détails que nous venons de rappeler, relatifs au temple, aux sacrifices, aux autels ou brûle-parfums, aux pierres coniques, sont tout à faitdistincts de ce que l’on rencontre dans la religion égyptienne. Cf. Flinders Pétrie, Researches in Sinai, p. 186-193.

Dans les ruines du temple, on a également découvert plusieurs statues, un sphinx, un buste (fig. 389) et d’autres objets sculptés par des mains étrangères à l’art égyptien. C’était sans doute l’œuvre des’Amu îu des Rotennu, qui, dans les inscriptions, figurent parmi les ouvriers employés aux mines du Sinaî. Un de ces’Amu

ou Syriens est appelé Lua ou Luy, ce qui n’est autre chose que l’hébreu Lêvî ; et « il est intéressant, dit Flinders Pétrie, op. cit., p. 124, ; de trouver ici ce nom 3000 ans avant Jésus-Christ. » Plusieurs de ces sculptures un peu grossières portent des inscriptions en lettres alphabétiques, qui ont une analogie frappante avec certains caractères phéniciens archaïques. Voir fig. 389. Nous aurions là, d’après le savant explorateur, le spécimen d’une écriture antérieure de cinq siècles peut-être aux plus anciens textes phéniciens qui nous sont connus. Quoi qu’il en soit de cette appréciation, il y a dans ce fait une importante question d’épigraphie. Cf. Flinders Pétrie, Researches in Sinai, p. 122-132.

On rencontre enfin dans la plupart des grandes vallées du centre de la péninsule, sur le flanc des montagnes et généralement au confluent de plusieurs ouadis, de singulières constructions, que les Bédouins appellent nauâmis. Ce sont des édifices en pierre sèche, les uns ronds ou elliptiques, les autres carrés à toit plat. Les premiers sont formés de murs droits jusqu’à 50 ou 70 centimètres au-dessus du sol, mais rapprochant ensuite, à l’intérieur, les assises de leurs pierres plates, de manière à constituer une coupole conique de 2 à 3 mètres d’élévation. Voir fig. 390-391. Tous les explo 391. — Coupe d’un des Nauâmis.

D’après FI. Pétrie, ibid., n. 174.

rateurs font remonter ces monuments à une haute antiquité. M. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, p. 352, y voit des abris où les nomades pillards se réfugiaient, pour se défendre contre les représailles des tribus voisines et surtout des troupes égyptiennes. On croit plus généralement aujourd’hui que ce sont des tombeaux dont on rapproche certaines chambres funéraires de la Palestine et les dolmens couverts d’autres régions. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 412. Ces sortes de ruches n’ont pu. servir d’habitation ou de refuge. M. Currelly, qui en a fouillé quelques-unes dans l’ouadi Nasb, y a trouvé des bracelets en coquillages, des pointes de flèche en silex, des instruments en cuivre pur, etc., autant d’objets déjà en usage sur les bords du Nil, aux temps préhistoriques. Cf. Flinders Pétrie, Researches in Sinai, p. 243 ; E. H. Palmer, The désert of the Exodus, t. ii, p. 312, 316-319.

De l’ensemble des découvertes archéologiques et de l’histoire, il résulte donc que, longtemps avant l’Exode, une population sémitique habitait la péninsule du Sinaï, avec une religion analogue à celle de Chanaan, un système d’écriture déjà perfectionné, ce qui achève de détruire la vieille thèse rationaliste prétendant que Moïse n’avait pu écrire le Pentateuque. D’autre part, les Égyptiens ont, de bonne heure, porté dans un petit coin du pays un rayon de leur civilisation, trouvant dans les mines un moyen d’exercer leur industrie, d’augmenter leurs richesses, de perfectionner leur art. Les Hébreux, en arrivant dans ces solitudes, n’étaient pas dénués de ressources ; ils avaient beaucoup appris

à l’école de leurs maîtres de la vallée du Nil. Ils purent donc sans difficulté construire au sein du désert les instruments d’un culte qui, malgré son caractère spécial et divin, se rattachait par certaines prescriptions au rituel égyptien. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 510-560. Nul pays ne convenait mieux que le Sinaï à la formation d’un peuple qui devait avoir une si grande influence sur la vie religieuse et morale du monde : spectacles sublimes de la nature, silence où l’on n’entend que la voix de Dieu, solitude qui brise tout contact avec les nations païennes. Cette voix de Dieu a retenti à travers tous les pays et tous les siècles. Selon la parole du Deutéronome, xxxiii, 2, c’est bien « du Sinaï que le Seigneur est venu, » qu’il est parti à la conquête de l’humanité déchue. Ce premier pas devait le conduire à la crèche et finalement au calvaire. Telle est, d’un seul mot, la synthèse de l’histoire dont la première page est écrite aux lieux sacrés que nous venons de parcourir.

VI. Bibliographie. — Aux ouvrages déjà nombreux que nous avons indiqués dans le corps de cet article, nous ajouterons les suivants : J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1882, p. 457630 ; J. Rappel, Reisen in Nubien, Kordofan und dern Petrâischen Arabien, Francfort-sur-le-Main, 1829 ; Léon de Laborde, Voyage dans l’Arabie Pétrée et au mont Sinaï, Paris, 1830 ; Commentaire géographique sur l’Exode et les Nombres, Paris et Leipzig, 1841 ; Wellsted, Travels in Arabia ; Sinai, Survey of the Gulf ofvkabah, Londres, 1838, t. ii, p. 1-168 ; Lepsius, Reise von Theben nach der Halbinsel des Sinaï, Berlin, 1845 ; Lottin de Laval, Voyage dans la péninsule arabique du Sinaï, Paris, 1857, 2 vol. in-4° ; H. Brugsch, Wanderung nach den Tùrkis-Minen und der Sinai-Halbinsel, Leipzig, 1866 ; F. W. Holland, On the Peninsula of Sinai, dans Journal of Royal Geogr. Soc, 1868, p. 237-257 ; Récent explorations in the Peninsula of Sinaï, dans Proceedings of Royal Geogr. Society, 1868, n. 3, p. 204-219 ; E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, Cambridge, 1871, 2 vol. in-8° ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866 avec cartes en couleurs ; W. H. Adams, Mounl Sinai, Petra and the Désert, Londres, 1879 ; Isambert, Itinéraire de l’Orient, Paris, 1881, t. ii, p. 718-756 ; Raboisson, En Orient, Paris, 1889, t. i ; E. Hull, Mounl Seir, Sinai and Western Palestine, Londres, 1889, avec carte géologique ; G. Bénédite, La péninsule Sinaïtique, Paris, 1891 ; M. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893 ; P. Barnabe Meistermann, Guide du Kil au Jourdain par le Sinaï et Pétra, Paris, 1909 ; J. de Kergorlay, Sites délaissés

d’Orient, Paris, 1911.
A. Legendre.
    1. SINAITICUS##

SINAITICUS (CODEX). Ce manuscrit est parmi les plus célèbres et les plus importants de la Bible grecque (fig. 392). Au printemps de 1844, Tischendorf visitant le monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï, en découvrit des feuillets détachés qu’on avait jetés au rebut ; il put les acquérir, quarante-trois au total, et les rapporter à Leipzig, où ils appartiennent aujourd’hui à la bibliothèque de l’Université, et il les édita dans une publication intitulée Codex Friderico-Augvstanus, Leipzig, 1846, du nom du roi de Saxe Frédéric-Auguste qui avait fait les frais de sa mission au Sinaï. En 1845, deux fragments du même manuscrit furent trouvés dans des reliures de manuscrits plus récents, et communiqués à Tischendorf, qui les publia dans son Appendix Codicum celeberrimorum, Leipzig, 1867. En 1853, Tischendorf revint au Sinaï, et il mit la main sur un fragment de la Genèse du même manuscrit, et un feuillet contenant la fin d’Isaïe et le commencement de Jérémie : il publia ces morceaux, partie dans ses Monumenta sacra inedita, t. i, Leipzig, 1855, partie, ibid., t. ii, Leipzig, 1857. En 1859 enfin, le

4 février, il eut la bonne fortune de découvrir le manuscrit dont il n’avait encore eu que des morceaux ; il en exécuta aussitôt une copie. Les moines du Sinaï l’autorisèrent, 28 septembre 1859, à transporter le précieux manuscrit en Europe pour l’éditer ; l’édition fut entreprise aussitôt, et achevée en 1862. Mais le manuscrit ne revint pas au Sinaï. Le 10 novembre 1862 Tischendorf le remit à Zarskoie Selo entre les mains du tsar Alexandre II de Russie. Sept ans plus tard, en 1869, le manuscrit passa des archives du ministère russe des affaires étrangères dans la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. Tout n’est pas très clair dans cette histoire : il est vraisemblable que les moines du Sinaï se sont dessaisis un peu naïvement de leur trésor. Les Russes font valoir que plus tard, en 1869, les supérieurs de ces moines firent donation au tsar du manuscrit, et qu’en retour le tsar donna 7000 roubles (le rouble vaut quatre francs), à la bibliothèque du mont Sinaï, 2000 au couvent du mont Thabor, et des décorations russes à quelques-uns des moines susdits : il resterait à établir que le manuscrit est venu en Europe du plein consentement des moines, et que la donation que les moines en ont faite au tsar a été spontanée. Le moins qu’on puisse dire est, avec M. Nestlé, que toute cette histoire de la découverte et de la réception du Codex Sinaiticus est presque romanesque. E. Nestlé, Einfûhrung in das griechisches Neues Testament, Gœttingue, 1897, p. 28. C. R. Gregory, Prolegomena, p. 350-353, présente la défense de Tischendorf.

Le Codex Sinaiticus est un manuscrit de parchemin in-folio (43x37 cent.), comptant 346 feuillets 1/2. Chaque feuillet compte quatre colonnes, chaque colonne quarante huit lignes. Le parchemin est d’une extrême finesse, et fait de peaux d’ânes ou d’antilopes, croit-on. L’écriture est onciale, d’une admirable pureté, sans esprits, ni accents, ni majuscules, les initiales débordant seulement sur la marge. Les sectionnements du texte sont marqués par une ligne laissée en blanc. Tischendorf distingue quatre scribes différents qui auraient travaillé au Sinaiticus ; en d’autres termes, la copie du. manuscrit total aurait été partagée entre quatre copistes. Voir Gregory, p. 345 ; H. B. Swete, The old Testament in Greek, Cambridge, 1887, t. i, p. xxi. Le copiste qui a écrit à peu près tout le Nouveau Testament Ferait le même qui aurait copié ce que nous avons de la Genèse, et quelques autres portions de l’Ancien Testament ; les prophètes seraient l’œuvre d’un second copiste ; les livres poétiques reviendraient au troisième ; Tobie et Judith au quatrième. Puis, des mains de correcteurs seraient intervenues, cinq dans l’Ancien Testament, sept dans le Nouveau : la plus ancienne serait contemporaine de la confection du manuscrit, la plupart des autres seraient du vie-vne siècle, la plus récente du xiie.

Pour déterminer l’âge du Sinaiticus, on se fonde sur l’aspect de son écriture, qui est d’une onciale répondant à la plus ancienne qu’on connaisse. Le texte lui-même représente un état ancien : ainsi les douze versets de la finale de saint Marc (xvi, 9-20) manquent. Au Nouveau Testament sont joints l’épltre de Barnabe et le Pasteur d’Hermas, comme s’ils appartenaient au canon. Tischendorf a posé en thèse que le Sinaiticus avait été copié au milieu du ive siècle ; et il a énoncé l’hypothèse qu’il devait être un des cinquante exemplaires de la Bible que, au témoignage d’Eusèbe, Vita Constantini, iv, 36-37, t. xx, col. 1184-1185, l’empereur Constantin fit faire en 331, « par des copistes habiles dans l’art d’écrire » ; mais c’est aller trop loin, et il reste simplement que le Sinaiticus peut être du IVe siècle. Voir la discussion de V. Gardthausen, Griechische Palæographie, Leipzig, 1879, p. 133-148. On ne peut f ien conclure de la souscription qui, dans le Sinaiticus, se lit à la fin du livre d’Esther, et qui énonce que le texte en a été collationné sur i un très vieux exem

CODEX SINAITICUS

Luc, xv, 30 — xvi, 25

(Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg).

plaire corrigé de la main du saint martyr Pamphile, » et que cet exemplaire de Pamphile avait été collationné par lui sur les Hexaples d’Origéne : Tischendorf a donné de bonnes raisons de penser que cette souscription n’est pas du copiste original, mais d’une seconde main, du vu » siècle sans doute. Gardthausen, p. 145146.

En ce qui concerne les cinquante manuscrits que l’empereur Constantin demanda en 331 à Eusèbe de ïaire exécuter, il paraît certain que ce devaient être des bibles entières, o-wpieÎTta, faciles à lire, eûavâ-pjftxjTa, écrites sur du parchemin de première qualité, écrites par des calligraphes très habiles dans leur art, et ces traits conviennent assez au Sinaiticus. Mais l’empereur ajoute : xotl ïtpoç tyjv xpr^mv eù|iSTaxô’u.i<JTa, c’est-à-dire faciles à transporter pour s’en servir, et vraiment ceci ne s’applique guère à un manuscrit aussi volumineux. Le mot xp^tiî désigne l’usage ecclésiastique, l’usage dans les lectures publiques que comporte la liturgie : or, il est clair que le Sinaiticus ne s’est conservé que parce qu’il n’a pas servi, et qu’il n’était pas portatif. Eusèbe fit exécuter les exemplaires commandés par

mier livre des Macchabées, quatrième des Macchabées, Isaïe, Jérémie ; i, 1-n, 20 des Lamentations ; Joël, Abdias, Jonas, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie ; les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Job. À la fin du Nouveau Testament, prend place l’épltre de Barnabe, et^avec une lacune de cinq feuillets, un fragment du Pasteur d’Hermas. Les livres du Nouveau Testament sont rangés dans l’ordre : Évangiles-Epitres paulines-Actes-Épltres catholiques-Apocalypse. L’Epitre aux Hé* breux est placée après II Thess. P. Batiffol.

    1. SINDON##

SINDON (hébreu : sddin). Voir Linceul, t. iv, col. 265.

    1. SINÉENS##

SINÉENS (hébreu : kas-Sini ; Septante : i’Aævvaïoç ; Vulgate : Sinœi), nom d’une peuplade chananéenne, Gen., x, 17 ; I Par., i, 15, de la descendance de Chanaan. Saint Jérôme, Quœst. in Gen., x, 15, t. xxui, col. 954, mentionne non loin d’Arca en Phénicie une ville appelée Sini, détruite par la guerre, mais dont l’emplacement conserva son nom au pied du

393. — Singes et autres animaux ramenés comme butin d’Ethiopie en Egypte par Ramsès II. D’après un bas-relief du temple de Beit-OuaJly, dans Champoliini, Monuments de l’Egypte, 1. 1, pi. 70.

l’empereuretilleslui envoya : lv 7to>.UTea » { r)<jxii)|Uvotç TE’i^eatv Tpcaaà xat TExpaacrà Siarceu.’J/ivTMV rj^wv. Vita Cont., iv, 37, édit. Heikel, p. 132. Je traduis : Transmisimus triplicia et quadruplicia in libris arte fabricatis magnifiée. Les mots Tpi<r<rà et znpaoohne peuvent se rapporter qu’à <7co|a<£ti<x, et donc désigner des exemplaires de la Bible complète, les uns en trois tomes, les autres en quatre. On ne saurait voir là une allusion à la répartition du texte sur trois ou sur quatre colonnes. Nestlé, p. 29.

L’hypothèse de Tischendorf qu’un des copistes qui ont copié le Sinaiticus serait le copiste qui a copié le Vaticanus, n’a pas de fondement. Mais Tischendorf ne s’est pas trompé en plaçant le Sinaiticus entête de tous les manuscrits existants de la Bible, et en lui donnant pour mieux signifier sa primauté le sigle n qui le désigne désormais. Le Sinaiticus est véritablement le plus ancien manuscrit de la Bible. L’hypothèse de quelques érudits qui ont pensé que le Sinaiticus avait été écrit en Occident, peut-être à Rome, paraît dénuée de preuves. — Le Sinaiticus porte dans la classification des manuscrits du Nouveau Testament de M. von Soden le sigle 82. Voyez H. von Soden, Die Schriften des Neuen Testaments, t. i, 1, Berlin, 1902, et Revue biblique, 1904, p. 592-598.

Le Sinaiticus contient le nouveau Testament dans son intégralité. L’Ancien Testament au contraire a beaucoup souffert : il ne reste que des fragments des chapitres xxmxxiv de la Genèse ; v-vi-vii des Nombres ; ix, 27-xix, 17 du premier livre des Chroniques ; ix, 9 à la fin du second Jivre d’Esdras ; puis Néhémie, Esther, Tobie, Judith, pre Liban. Strabon, XVI, ii, 18, nomme aussi dans le Liban la montagne de Etwôv. On trouve aussi dans les inscriptions assyriennes le nom de la ville de Siftnn entre Semar et Arqa. Frd. Delitzseh, Wo lag das Parodies ? p. 282 ; W. M. Mûller, Asien und Europa, p. 289.

    1. SINGE##

SINGE (hébreu : qôf ; Septante : irCOrptoç ; Vulgate : simia), mammifère de l’ordre des quadrumanes. Le nom du singe est en sanscrit kapi, en égyptien gôf, gôfu ; il se retrouve dans le grec xf|ëo ; et xt)jto « . Pendant leur séjour en Egypte, les Hébreux avaient pu voir cet animal qu’on y emmenait des pays situés au sud et qu’on trouvait partout représenté (fig. 393). Le singe n’est mentionné dans la Bible que parmi les curiosités rapportées de Tharsis par les vaisseaux de Salomon. III Reg., x, 22 ; II Par., ix, 21. Il devait en effet beaucoup intriguer les Israélites par sa grossière ressemblance avec l’homme, ses quatre mains, son agilité, ses ruses et ses mœurs qui le placent à la tête du règne animal et dans le voisinage même de l’homme. Il existe un très grand nombre d’espèces de singes, qui diffèrent par la taille, la force et les habitudes. Les espèces particulières à l’ancien monde se trouvent presque toutes à Ceylan et dans l’Inde, où la flotte de Salomon alla chercher les spécimens qu’elle rapporte. On en amenait aussi en Assyrie et en Egypte, pour l’amusement des princes. Voir t. ii, fig. 547, 654, col. 1662, 2238. Ces animaux ne s’acclimataient pas ; il fallait les remplacer ou bien ils disparaissaient complètement, comme cela eut lieu pour ceux de Salomon. Il n’est pas possible de dire à

quelle espèce appartenaient ces derniers. On n’en trouve ni en Palestine ni dans les pays voisins, bien que le singe de Barbarie, inuus sylvanus, soit commun dans la région de l’Atlas. Cf.Tristram, The natural History

of the Bible, Londres, 1889, p. 37.
H. Lesêtre.
    1. SÎNIM##

SÎNIM (’érés), contrée ainsi appelée dans Isaïe, xlix, 10. Les Septante ont traduit Tlspaiî ; la Vulgate, de terra australi. Arias Montanus y a vu les Chinois. Gesenius, Thésaurus, p. 948, a fortement défendu cette opinion ; il fait remarquer que les Chinois n’étaient pas inconnus en Egypte où l’on a trouvé des vases à myrrhe avec inscriptions chinoises (fig. 394),

394. — Vases chinois trouvés en Egypte. D’après Wilkinson, Manners, 2- édit., t. ii, fig. 384, p. 153.

Rosellini, Monumenti delV Egitto, part, ii, t. ii, p, 337 ; Wilkinson, Manners and Customs of ancient Egyptians, t. iii, p. 108. Cette opinion trouve néanmoins des contradicteurs. La raison principale qui fait rejeter l’identification de érés Sinîm avec la Chine, c’est que le nom de Tsin, d’où vient le nom de Chine, est dérivé d’une dynastie qui n’a commencé à régner qu’en 247 avant J.-C. et qui est par conséquent postérieure de plusieurs siècles à Isaïe. Quelques exégètes voudraient y voir Sin (Péluse) ou Syène, mais le texte d’Isaïe parle d’une contrée et non d’une ville, et il s’agit d’un pays plus éloigné que l’Egypte. Voir A. Knobel, Jesaia, 1854, p. 364 ; J. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, t. ii, 1887, p. 242.

1. SION (hébreu : $î’ôn ; Septante : 21)wv), un des noms du mont Hermon ou d’un de ses pics. Deut., iv, 48. Voir Hermon, t. iii, col. 634.

2. SION (hébreu : $iyôn ; Septante : Eei’tov, Eeuôv et St’uv, 2ct4v ; on trouve dans l’Alexandrinus : Situ, Is., xxxt, 9, et, 1er., viii, 19 ; Nouveau Testament : Stciv), nom primitif de la citadelle des Jébuséens, prise par David. II Reg., v, 7 ; I Par/, xi, 5. Où faut-il, dans l’ancienne Jérusalem, placer cette citadelle ? C’est une question qui a été vivement débattue, mais sur laquelle aujourd’hui l’accord semble se faire de plus en plus. Avant de l’exposer et de la discuter, nous avons à rechercher d’abord le sens, l’emploi et les différentes applications du nom.

I. Nom. — Le sens étymologique de l’hébreu, fisx,

Siyôn, n’est pas facile à déterminer. On en a donné des explications plus ou moins compliquées. En somme, « il y a deux façons d’envisager la forme jï » s : ou bien

comme une forme à terminaison on, ou bien comme une forme qittdl d’une racine |>s. Dans cette dernière hypothèse on pourrait recourir, étant donnée lacompénétration des "iy et ">7, à la racine fis (sûn) qui existe en arabe (^jya, sûn) avec le sens de « protéger ». Si l’on recourt a une forme en on, il faut alors voir dans p>ï un dérivé de la racine rvs, « être sec ». P. Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p. 309. Il est possible encore que nous ayons là, comme pour millô", II Reg., v, 9, un vieux mot chananéen dont la significa tion nous échappe. Quelle que soit l’étymologie de ce nom, il est caractérisé dans la Bible par les deux mots misa, mesûdâh, « citadelle », II Reg., v, 7 ; I Par.,

xi, 5, et iii, har, « montagne », IV Reg., xix, 31 ;

Ps. xlvii (hébreu, xlviii), 3, etc. Mais il est important de remarquer qu’il est employé tantôt dans un sens topographique, tantôt dans un sens poétique, religieux ou politique. C’est sous le premier rapport surtout qu’on le trouve dans les livres historiques, et il y est assez rarement mentionné, II Reg., v, 7 ; III Reg., viii, 1 ; I Par., xi, 5 ; II Par., v, 2 ; I Mach., iv, 37, 60 ; v, 54 ; vi, 48, 62 ; vil, 33 ; x, 11 ; xiv, 26. Il est, au contraire, fréquemment cité dans les livres poétiques et prophétiques, avec le second sens, à part certaines exceptions que nous aurons à signaler, On le rencontre dans les Psaumes 39 fois, dans Isaïe, 48, dans Jérémie, 32, etc. Il n’existe cependant pas dans Ézéchiel, Daniel, Jonas, Nahum, Habacuc, Aggée et Malachie. Au point de vue topographique, il désigne une colline de Jérusalem, dont nous avons à chercher le site exact. Au point de vue religieux, il s’applique à la colline du Temple, « la montagne sainte », Ps., ii, 6, sur laquelle Dieu est honoré et prié, Ps. lxiv (heb. lxv), 2 ; Joël, ii, 1, 15, sur laquelle il réside, Ps, ix, 12 ; lxxih (heb. lxxiv), 2, il se manifeste par la délivrance de son peuple, Ps. xm (heb. xrv), 7, ou par le châtiment, Am., i, 2. Le nom de Sion s’étend même à Jérusalem tout entière, où Dieu habite en souverain, Is., x, 24 ; xxxiii, 14, 20 etc., et c’est ainsi que souvent les deux noms forment les membres du parallélisme synonymique. De là les expressions : « enfants de Sion », Ps. cxlix, 2 ; Joël, ii, 23, « habitants de Sion », Is., xii, 6 ; Jer., li, 35, pour « habitants de Jérusalem » ; « filles de Sion », Is., in 16, pour « femmes de Jérusalem » ; « montagnes de Sicfi », Ps. cxxxii (héb. cxxxiii), 3, pour l’ensemble des collines sur lesquelles est bâtie la ville sainte. Enfin Sion, représentant dans l’Ancien Testament Jérusalem et le peuple de Dieu, figure dans le Nouveau le royaume du Messie, l’Église chrétienne, qui combat sur la terre et triomphe dans le ciel. Heb., xii, 22 ; Apoc, xiv, 1. On voit comment ce nom, après avoir primitivement désigné la forteresse des Jébuséens, a pris peu à peu une signification très étendue. Il est donc nécessaire de le dégager des sens dérivés, pour rechercher l’emplacement exact de la citadelle.

II. Situation. — 1° État de la question. — Jusque vers la dernière moitié du siècle dernier, conformément à une tradition qu’on peut suivre à partir du IVe siècle de l’ère chrétienne, on plaçait la citadelle et le mont Sion sur la colline sud-ouest de Jérusalem, c’est-à-dire celle qui est comprise entre Vouadi er-Rebabi à l’ouest et au sud, et la vallée de Tyropœon à l’est. Voir Jérusalem, configuration et nature du terrain, t. iii, col. 1322, et le plan de Jérusalem ancienne, col. 1355. Des palestinologues comme E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 2e édit., Londres, 1856, t. i, p. 228 ; sq. ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 171, 177 ; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 193, et beaucoup d’autres ont admis cette opinion que, pendant longtemps, on ne pensa même pas à contester. Cependant, dès 1847, J. Fergusson cherchait le mont Sion sur la colline du Temple, et T. Tobler, Topographie von Jérusalem, Berlin, 1853, t. i, p. 44, n. 1, traitait cette idée d’extravagante. En réalité, c’est E. Caspari qui, le premier, en 1864, dans les Theol. Sludien und Kritiken, p. 309-328, combattit systématiquement la croyance traditionnelle, pour lui substituai* la théorie de Sion oriental. Cette dernière fut adoptée ensuite par Riess, Biblische Géographie, p. 93, et Atlas, pi. yi, Fribourg-en-Brisgau, 1872 ; le baron von Alten, Zion, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina

Vereins, Leipzig, t. ii, 1879, p. 18-47 ; Die Davidstadt, der Salomoteich und die Grâber der Kônige in Jérusalem, dans la même revue, t. iii, 1880, p. 116-176, etc. On en est venu ainsi à placer Sion sur la colline d’Ophel, le prolongement méridional du mont Moriah. Cette opinion se répand de plus en plus en Allemagne, en Angleterre et en France. Ses principaux défenseurs sont : Klaiber, Zion, Davidstadt und die Akra innerhalb des alten Jérusalem, dans Zeitschrift des Deut-Pal. -Vereins, t. iii, 1880, p. 189-213 ; t. iv, 1881, p. 1856 ; t. xi, 1888, p. 1-37 ; H. Guthe, Ausgrabungen bei Jérusalem, dans la même revue, t. v, 1882, p. 271-377 ;

C. Schick, Die Baugeschichte der Stadt Jérusalem, même revue, t. XVI, 1893, p. 237-246 ; Mùhlau, dans Riehm, Handwôrterbuch des biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. ii, art. Zion, p. 1839 ; F. Buhl, Geographie des allen Palâstina, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 133 ; W. F. Birch, The City of David, dans Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1885, p. 100-108, 208-212 ; 1888, p. 44-46 ; A. H. Sayce, The Siloam inscription ; the Topography of prœ-exilic Jérusalem, dans Pal. Expl. Fund, 1883, p. 210-223 ; G. Perrot, Histoire de l’artdans Vantiquité, Paris, 1887, t. iv, p. 165 ; M.-J. Lagrange, Topographie de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1892, p. 17-38 ; P.-M. Séjourné, Revue biblique, 1896, p. 657 ; 1897, p. 299-306 ; 1898, p. 125-126 ; Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, t. ii, 1896-1897, p. 254-294 ; les Professeurs de Notre-Dame de France dans leur guide La Palestine, p. 56-58 ;

D. Zanecchia, La Palestine d’aujourd’hui, trad. H. Dorangeon, Paris, t. i, p. 235-244. Cependant la thèse traditionnelle a encore des partisans très convaincus, qui lui ont consacré une ample défense : Soullier, Le mont Sion et la cité de David, Tulle, 1895 ; K. Rùckert, Die Lage des Berges Sion, avec plan, Fribourg-en-Brisgau, 1898 ; G. Gatt, Sion in Jérusalem, avec deux plans, Brixen, 1900 ; Barnabe Meistermann, La ville de David, avec photographies et plans, Paris, 1905. — Toute la question ici est de savoir quelle est l’opinion la plus conforme aux données scripturaires et aux exigences de la topographie. Nous croyons que c’est la théorie de Sion-Ophel, pour les raisons qui suivent.

2° Sion = Cité de David. — C’est dans le II » livre des Rois, V, 7, qu’il est pour la première fois question de Sion. David, dès le - début de son règne, veut avoir une capitale. Laissant Hébron, dont la situation ne convient pas à cet effet, il entreprend la conquête de Jérusalem. L’antique Urusalim, que les lettres d’El-Amarna nous représentent, vers 1400 avant J.-C, comme le centre d’un petit district, était restée, après la prise de possession du pays par les Israélites, au pouvoir des Chananéens. Sa position désavantageuse au point de vue de la richesse du sol et du commerce fait supposer qu’elle n’avait pas dû prendre de grands accroissements. On peut se la figurer comme l’une des cités fortifiées, Lachis, Mageddo, Ta’annak, dont les découvertes modernes nous permettent d’apprécier la superficie. Voir plus loin. Or donc, nous dit le texte sacré, « David prit la citadelle de Sion (c’est la cité de David), » H Reg., v, 7, et, plus loin, f 9, « puis David habita dans la citadelle et on l’appela ville de David. » Le même fait est raconté dans les mêmes termes I Par., XI, 5, 7. L’expression « c’est la cité de David » est évidemment une glose, destinée à montrer que l’antique nom de la citadelle avaitété effacé par l’autre, plus glorieux. On trouve l’inverse III Reg., viii, 1, où Salomon veut a faire monter l’arche d’alliance de Jahvéh de la cité de David (c’est Sion) ; » de même II Par., v, 2. Ici, l’auteur sacré a simplement pour but de rappeler l’origine de la cité davidique et du nom de Sion qni avait, de son côté, illustré la colline du Temple et la ville entière. Quoi qu’il en soit, l’identité de Sion et

de la cité de David ressort clairement de ces textes. Or, la ville de David est fréquemment mentionnée dans les livres historiques avec un sens précis ; les faits qui s’y rattachent, en nous révélant ce qu’elle fut, peuvent nous guider dans nos recherches topographiques. David, après s’y être bâti un palais, y fit transporter l’arche d’alliance, et la plaça dans une tente dressée pour la recevoir. II Reg., vi, 12, 17 ; I Par., xv, 1, 29 ; xvi, 1. C’est là qu’il eut son tombeau. III Reg., ii, 10. Salomon y amena la fille du pharaon, qu’il avait épousée, jusqu’à ce qu’il eût achevé de bâtir sa maison et le Temple, ainsi que le mur d’enceinte de Jérusalem. III Reg., iii, 1. Il la fortifia au prix de grandes dépenses, et y fut enterré comme son père. III Reg., xi, 27, 43. Ézéchias et Manassé y exécutèrent également d’importants travaux de défense. II Par., xxxii, 30 ; xxxiii, 14. Enfin, c’est cet endroit qui servit de sépulcre aux rois de Juda. III Reg., xiv, 31 ; xv, 8, 24 ; xxii, 51, etc. — Dans ces passages et plusieurs autres, l’Écriture distingue la cité de David de Jérusalem même. Ainsi, II Reg., v, 6-7, David, avec ses hommes, marche sur « Jérusalem » contre le Jébuséen qui habitait le pays, et il prend la citadelle de Sion, qui est « la cité de David ». Il demeure dans la citadelle, appelée « ville de David », et il prend des femmes à « Jérusalem ». II Reg., v, 9, 13. La fille du pharaon est amenée dans « la cité de David » parce que Salomon n’a pas achevé de bâtir son palais et le mur d’enceinte de « Jérusalem ». III Reg., iii, 1. Salomon rassemble près de lui à « Jérusalem » les anciens d’Israël et tous les chefs des tribus, pour transporter de « la cité de David », c’est-à-dire de Sion, l’arche d’alliance du Seigneur. III Reg., vnr, 1. Nous avons donc dans Sion = cité de David un quartier spécial de la ville sainte. Où se trouvait-il ? Sur la colline sudest, et non sur celle du sud-ouest.

3° Arguments scripturaires. — A) Sion était plus bas que la colline du Temple. David « monte », hébreu : vayya’al, pour aller sur l’aire d’Oman le Jébuséen, emplacement fulur du Temple. II Reg., xxiv, 18-19. Salomon rassemble les chefs d’Israël pour « faire monter », héb. leha’âlôt, l’arche d’alliance de la cité de David sur la colline de Moriah ; le même verbe’âlâh est employé deux fois encore pour indiquer que les prêtres « firent monter » l’arche. III Reg., viii, 1, 4. Si le verbe hébreu n’indiquait ici qu’un « transport » ordinaire, pourquoi n’aurait-on pas employé simplement le mot vayydbi’û, comme au jꝟ. 6, lorsqu’il ne s’agit plus que de transporter l’arche à sa place ? Nous trouvons exactement les mêmes expressions II Par., v, 2, 5, 7. De même, Jer., xzvi, 10, les princes de Juda « montent » de la maison du roi à la maison de Jéhovah. Mais quand Joas est couronné roi, on le « fait descendre », hébreu yôridû, forme hiphil de yârad, « descendre », du Temple au palais. IV Reg., xi, 19. Or, il est certain que la colline occidentale est plus élevée que le mont Moriah, tandis que la colline d’Ophel est plus basse.

B) La situation de Gihon ramène celle de Sion sur la colline sud-est. C’est ce qui ressort de deux passages historiques. Nous lisons II Par., xxxii, 30 : « Ézéchias boucha la sortie des eaux de Gihon supérieur et les dirigea par-dessous, à l’occident de la cité de David. » On identifie aujourd’hui Gihon avec la Fontaine de la Vierge, ’Ain Umm ed-Déredj, située sur le flanc oriental d’Ophel. Voir Gihon, t. iii, col. 239. Il s’agit donc ici du canal souterrain de la piscine de Siloé. Voir Siloé, col. 1729. Le IIe livre des Paralipomènes, xxxilt, 14, nous dit également que Manassé « bâtit le mur extérieur de la cité de David à l’occident de Gihon, dans le torrent, et dans la direction de la porte des Poissons, et autour d’Ophel, et il l’éleva beaucoup. » Malgré son obscurité, ce texte nous montre encore Gihon en rap

port avec la cité de David. Voir Jérusalem, t. m col. 1363.

C) La réparation des murs sous Néhémie, ii, 11-m, nous conduit à la colline d’Ophel. Voir, pour l’explication de ce passage, le plan de Jérusalem ancienne, t. iii, col. 1355. Les travaux commencent au nord-est par la porte du Troupeau, et se continuent en allant vers l’ouest à la porte des Poissons, puis la porte Ancienne. On arrive ensuite, à l’ouest, à la tour des Fourneaux, à la porte de la Vallée, et, au sud-ouest, à la

395. — L’Ophel. D’après Vincent, Canaan, pi. i-ii.

porte Sterquiline. On répare, au sud-est, la’porte de la Fontaine, et le texte sacré ajoute, II Esdr., iii, 15 : « On fit en outre les murs de la piscine de Siloé, près du jardin du roi, jusqu’aux degrés qui descendent de la cité de David. » Après cela, on « travailla aux réparations jusqu’en face des sépulcres de David et jusque devant la piscine construite et jusqu’à la maison des forts (hébreu : hag-gibbôrim). » II Esd., iii, 16. « Aser, fils de Josué, prince de Maspha, répara une autre section, de devant la salle d’armes, vers l’angle. » ꝟ. 19. Un autre travailla « vis-à-vis de l’angle et de la tour qui est en saillie sur le palais royal d’en haut, et qui est dans le parvis de la prison. » ꝟ. 25. Les réparations se poursuivent « jusqu’à la porte des Eaux à l’orient et à la tour en saillie, … depuis la grande tour en saillie jusqu’au mur d’Ophel. » ꝟ. 26, 27. Enfin, de la porte des Chevaux, on rejoignit la porte du Troupeau. Pour

les difficultés exégétiques de ces chapitres, on peut voir H. Vincenl, Les murs de Jérusalem d’après Néhémie, dans la Revue biblique, 1904, p. 56-70. Il est impossible, en lisant cette description, de n’être pas frappé de l’exactitude avec laquelle elle s’applique à la colline sud-est depuis la porte de la Fontaine jusqu’à la porte des Chevaux en y plaçant la cité de David. Pour la partie méridionale de la colline, murs, piscine de Siloé, escaliers, voir les fouilles de M. Bliss dans Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1896, p. 298305 ; 1897, p. 11-26, 91-102, 173-181, ’260-268, avec plans ; cf. résumé et conclusions de P.-M. Séjourné dans la Revue biblique, 1897, p. 299-306 ; 1898, p. 125. Pour les tombeaux de David et des rois de Juda et pour le tunnel-aqueduc de Siloé, voir le très curieux mémoire de M. Clermont-Ganneau, dans son Recueil d’archéologie orientale, t. ii, p. 254-294. La piscine construite, hébreu : hâ’âsûyâh, doit être « la piscine de Salomon » que Josèpbe, Rell.jud., V, IV, 2, mentionne auprès du mur oriental et d’Ophel. Creusée au fond du Cédron, elle était destinée à arrêter les eaux de la vallée, recevoir celles de Gihon et les déverser dans les jardins du roi. La salle d’armes est l’arsenal indiqué par Isaïe, xxii, 8 ; cf. IIIReg., x, 17, où Salomon fait déposer dans ft la maison de bois du Liban » les boucliers d’or et d’argent portés par la garde royale. Enfin le parvis de la prison est localisé par Jérémie dans la maison du roi de Juda. Jer., xxxii, 2-12 ; xxxiii, 1 ; xxxvii, 21 ; xxxviii, 6-13 ; xxxix, 14.

Nous arrivons à la même conclusion en suivant les deux chœurs qui font le tour des murailles, au jour de la dédicace. II Esdr., xil, 31-40. Le point de départ paraît avoir été la porte de la Vallée. « Le premier se mit en marche du côté droit sur la muraille, vers la porte Sterquiline ; … et, à la porte de la Fontaine, ils gravirent droit devant eux les degrés de la cité de David, par la montée de la muraille, vers le palais de David et jusqu’à la porte des Eaux, à l’orient. » Le second, marchant en sens opposé, à gauche, c’est-à-dire vers le nord, rencontre l’autre du côté de l’est, et les deux s’arrêtent dans la maison du Seigneur. — Ce double récit de Néhémie est absolument incompréhensible si l’on cherche Sion sur la colline occidentale.

D) Les Psaumes et les prophètes donnent au mot Sion un sens un peu plus étendu, en l’appliquant à la montagne du Temple, mais Sion reste encore sur la colline orientale. Asaph, dans le Ps. lxxvii (hébreu, lxxviii), 68-69, racontant les bienfaits de Dieu, s’écrie :

Il choisit la tribu de Juda,

La montagne de Sion qu’il aimait ;

H éleva comme les hauteurs son sanctuaire.

On cite surtout ce début du Ps.xlvii (hébreu, xlviii), 1-3 :

II est grand, Jêhovah, et très digne d’être loué,

Dans la cité de notre Dieu,

Sa montagne sainte, belle dans son élévation,

Déh’ces de toute la terre ;

C’est le mont Sion, l’angle du nord,

La ville du grand roi.

L’expression yarkfê sâfôn, « les extrémités du nord », est une apposition à har Çiyôn, « la montagne de Sion ». On peut discuter sur son sens exact ; il est difficile cependant de l’appliquer à Jérusalem prise dans son ensemble. Il s’agit ici d’une colline regardée comme un lieu saint, qui frappe agréablement la vue par sa hauteur, situé au nord. Il est naturel de penser à la colline du Temple, revêtue d’une sainteté spéciale depuis que l’arche d’alliance avait été transportée dans la maison de Dieu. La colline occidentale n’est belle à voir que du côté du sud, où elle s’élève d’une manière abrupte du fond de la vallée. La colline orientale, au contraire, couronnée au nord par le Temple, faisait l’admiration du Psalmiste.

Isaïe, viii, parle aussi de Jéhovah des armées « qui habite sur la montagne de Sion. » Il montre, xviii, 7, nn peuple mystérieux apportant des présents à Jéhovah des armées, « au lieu où le nom de Jéhovah des armées est invoqué, à la montagne de Sion. » Il distingue Sion de Jérusalem, en disant, xxiv, 23, que « Jéhovah des armées régnera sur la montagne de Sion et à Jérusalem. » De même Joël, ii, 32 (heb. iii, 5), annonce le salut « pour la montagne de Sion et pour Jérusalem. » Cf.. Joël, ii, 1 ; iii, 17 (heb., iv, 17). — Conclusion : S’il est vrai, comme nous l’avons dit, que, dans les livres poétiques et prophétiques, le mot Sion a un sens étendu qui s’applique à Jérusalem et à la communauté juive, il est incontestable aussi que l’expression « mont Sion » a un sens bien déterminé, et désigne la montagne où Dieu habitait, la colline du Temple.

E) Du reste, s’il peut y avoir difficulté pour ces livres, il faut s’incliner devant la clarté du I er livre des Machabées, où le mont Sion est cité huit fois. Après avoir battu Lysias à Béthoron, Judas s’empresse de purifier le Temple : « Alors Judas et ses frères dirent : Voilà nos ennemis brisés ; montons purifier les Lieux saints (ta âvta) et en faire la dédicace. Tout le camp se rassembla et ils montèrent au mont Sion (eîç ô'poçSitiv). Et ils virent le sanctuaire (xb à- ; ia<7^.a} désert, l’autel profané, etc. » I Mach., iv, S6, 37. Pour ajouter eDCore à la précision de ce texte, il est bon de remarquer ici que les Machabées n’avaient pas reconquis la ville tout entière ; les Syriens occupaient encore la citadelle ou Acra, d’où ils menaçaient le Temple. C’est pour cela que Judas et les siens, voulant se prémunir, « construisirent autour du mont Sion de hautes murailles et de fortes tours, afin que les gentils ne vinssent pas fouler aux pieds les saints lieux, comme ils l’avaient fait auparavant. » I Mach., iv, 60. Après une campagne en Ualaad, « ils montèrent sur le mont Sion avec joie et allégresse, et ils offrirent des holocaustes, parce qu’ils étaient heureusement revenus, sans perdre aucun des leurs. » I Mach., v, 54. Les sacrifices nous ramènent bien au Temple. Victorieux à leur tour, « ceux de l’armée du roi montèrent vers Jérusalem à rencontre des Juifs, et le roi établit son camp contre la Judée et contre le mont Sion. » I Mach., vi, 48. Ce verset est expliqué plus loin, jr. 51 : « Le roi établit son camp devant le lieu saint pendant beaucoup de jours, et il y dressa des tours à balistes, des machines de guerre, etc. » C’est donc le Temple qu’il assiégea, et où il entra : « Mais le roi entra sur le mont Sion, et il vit la force du lieu, et il viola le serment qu’il avait juré et donna l’ordre de détruire les murailles toutautour. » I Mach., vi, 62. Les Syriens étaient ainsi maîtres du Temple et de l’Acra. Aussi, vaincus par Judas à Capharsalama, les soldats de Nicanor « se réfugièrent dans la cité de David. Et, après ces événements, Nicanor monta au mont Sion, et quelques-uns des prêtres sortirent du lieu saint, accompagnés de plusieurs anciens du peuple, pour le saluer amicalement et lui montrer les holocaustes qui étaient offerts pour le roi. » I Mach., vu, 32-33. À son tour, Jonathas « commanda aux ouvriers de reconstruire les murailles et d’entourer le mont Sion de pierres carrées pour le fortifier. » I Mach., x, 11. Enfin, Simon, ayant définitivement conquis Jérusalem, « fortifia la montagne du Temple, située près de la citadelle. » I Mach., xiii, 53. En reconnaissance de ses services et de ceux de ses frères, on grava des tables d’airain « qu’on suspendit à des colonnes sur le mont Sion. » I Mach., xiv, 27. Après en avoir donné là copie, le texte sacré ajoute, ꝟ. 48 : « On décida de graver ce document sur des tables d’airain, et de les placer dans le péribole des Lieux saints. » Il est impossible de ne pas reconnaître dans ces récits des Machabées la distinction entre la ville de Jérusalem théâtre de la lutte, la cité de David ou Acra, occupée

D1CT. DE LA BIBLE.

jusqu'à Simon par les Syriens, et le mont Sion, emplacement du Temple.

4° Arguments topographiques. — Il ne faut pas oublier ici qu’il s’agit d’une acropole chananéenne, qui fut le noyau primitif de Jérusalem. Or, la colline sudest offre des avantages topographiques que n’a pas celle du sud-ouest.

i° Beaucoup plus facile à défendre, elle possédait en outre la seule source de Jérusalem ; elle se rattache nécessairement à l’ensemble des constructions élevées par David et Salomon. Voir Jérusalem, Sous David et Salomon, t. iii, col. 135L-1357, où ces raisons sont assez longuement développées.

2° Elle répond bien à l’idée que les découvertes récentes nous donnent des anciennes acropoles et cités "chananéennes. La grande objection qu’on fait généralement contre l’emplacement de Sion sur Ophel porte sur l’exiguité de la colline. C’est précisément là un des caractères des anciennes villes, même dans leur développement le plus considérable. « Et cette exiguité impressionne bien autrement encore lorsqu’en remontant les périodes historiques indiquées par les fouilles, on se trouve en présence de l’aire tout à fait primitive de la cité. L’observation a déjà été faite par MM. Perrot et Chipiez, à propos des villes grecques archaïques. La plus célèbre de toutes, grâce à la muse d’Homère, Troie, dont les ruines ont été mises à jour sur le coteau à'Hissarlih, eût tenu très à l’aise dans certaine cour du Louvre. Il en va de même pour les cités chananéennes, réduites, en somme, au rôle de simples acropoles, avec néanmoins en chacune un château plus fortifié qui constituait selon l’occurrence le palais, le sanctuaire, et la citadelle. » H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 27. Nous empruntons au même auteur, ibid., n. 3, quelques chiffres qui permettent de comparer Ophel aux antiques villes de Chanaan. La superficie totale de Tell-el-Hésy (Lachis), évaluée d’après le plan de FI. Pétrie, atteindrait à peu près 12 hectares ; maisBliss montre que la ville proprement dite, à l’angle nord-est, était moitié moins grande et l’acropole n’excédait pas 65 mètres de côté. À TellZakariyâ, la plus grande longueur du plateau est de 305 mètres, sa largeur maxima de 152 m 50 ; mais la forme triangulaire du plateau en réduit la superficie à 3 hectares et demi tout au plus ; dans cet espace, l’acropole ne couvre qu’une aire de 60 mètres sur 37 en chiffres ronds. Le plateau central de Ta’annak mesure 140 mètres sur 110, et le plus grand développement de la ville, mesuré sur le plan général, n’excède pas 300 mètres sur 160, soit 4 hectares 80. La colline d’Ophel (voir fig. 395) offre une superficie de 4 hectares et demi, en calculant seulement l’esplanade supérieure déterminée par le mur méridional du Haram, la ligne du mur oriental retrouvée par MM. Warren et Guthe et les premiers escarpements du rocher à l’ouest sur la vallée du Tyropœon. La Jérusalem primitive n'était donc guère moins grande que Mageddo [Tell el-Mutesellim, 5 hectares 02) et on peut l’estimer plus grande que Ta’annak, au moment le plus prospère de leur histoire.

L’argument principal des partisans de la colline sudouest est la tradition. Depuis le IVe siècle, c’est là qu’on place le mont Sion. Nous le reconnaissons. Mais ce qu’ils appellent « la parole vivante » ne peut réduire au silence « la parole écrite ». Il n’y a pas de tradition qui tienne devant des textes bibliques aussi formels que ceux dont nous avons donné l’interprétation. Aucun d’eux ne peut s’appliquer à la colline en question, qui d’ailleurs n’avait nul droit au titre de « montagne sainte ». En supposant même, en effet, que David y ait eu son palais, et que l’arche d’alliance y soit restée temporairement, est-ce que ce séjour transitoire eût suffi pour que les prophètes célébrassent la sainteté spéciale du mont, en face de la colline du Temple, qui

V. - 57

était devenue la demeure permanente de Dieu, un foyer de sainteté pour tout le peuple ? Il est difficile d’ailleurs de rattacher cette tradition à l’Ancien Testament, alors que, depuis les Machabées, le nom de Sion est resté dans l’oubli ; on ne le trouve pas dans Josèphe ; leNouveau Testament ne l’a que dans les citations de l’Ancien. Enfin il est aisé de comprendre que la tradition chrétienne l’ait appliqué à la colline du Cénacle, berceau de l’Église, théâtre des manifestations divines, comme la colline orientale avait été le centre de l’Église juive. Il y a donc ici déviation plutôt que falsification, en ce sens qu’on a transporté le nom ancien sur un lieu nouveau en l’appliquant à une

situation nouvelle.
A. Legendre.

SIOR (hébreu Si’ôr ; Septante : Erâp6 ; Alexandrinus : Siiip), ville de la partie montagneuse de la tribu de Juda. Jos., XV, 54. C’est probablement le Sa’ir actuel. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 150-151, dit que ce village, de quatre cents habitants, « s’étend dans une vallée et sur les flancs d’une colline… [Il] porte des traces évidentes d’antiquité. Dans les flancs d’une montagne voisine, je remarque plusieurs beaux tombeaux creusés dans le roc ; ils sont précédés d’un petit vestibule dont la porte est cintrée… Ils servent encore aux habitants de Sa’ir à y enterrer leurs morts. » Une mosquée du village renferme un tombeau vénéré sous le nom de tombeau d’Ésaù, sans doute parce qu’on a confondu faussement Sa’ir avec le mont Séir où s’établit Ésaû. Sa’ïr est à deux heures au nord-est d’Hébron sur la route de cette dernière ville à Thécué. Voir Van de Velde, Memoir to accompany the map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 355 ; Ed. Robinson, Biblical Besearches in Palestine, 2e édit., 1. 1, 1856, p. 488.

SIRA (hébreu : has-Sirâh ; Septante : ô Eeeipctu.), puits près duquel se trouvait Abner partant d’Hébron, lorsque Joab le fit rappeler traîtreusement pour le tuer. II Reg (Sam.), iii, 26. D’après Josèphe, Ant. jud., VII, i, 5, il était à vingt stades ou une heure de marche au nord d’Hébron. Plusieurs voyageurs modernes l’identifient avec’Aïn Sarah, à deux kilomètres au nord d’Hébron, un peu à l’ouest de la route de Jérusalem. Son nom arabe moderne « signifie, comme le nom hébreu, retiré, parce que le puits, dit Conder, Tentivork in Palestine, t. i, p. 86, est au-dessous d’un arceau en pierre à l’extrémité d’une petite allée en murs de pierre et est ainsi à l’écart de la grande route. » Cette identification est cependant contestée et n’est pas universellement admise. Voir Palestine Exploration Fund, Memoirs, t. iii, p. 314.

    1. SIRACH##

SIRACH (hébreu : N-i>D, ’Sïrà’; grec : Seipix), père eu grand-père de Jésus ou Josué, surnommé Ben Sirach, auteur de l’Ecclésiastique. Eccli., l, 29 (hébreu, 27) ; li, 1. On n’a aucun détail sur son histoire. Voir Ecclésiastique, t. ii, col, 1543, 1544.

    1. SIRÈNES##

SIRÈNES (Septante : Ssiprjveç ; Vulgate : Sirènes). Ce mot a été employé par une fausse identification dans la version des Septante et dans celle de saint Jérôme, mais non pour traduire le même mot hébreu. En grec il répond, Is., xiii, 21, à l’hébreu benôf ya’ânâh, l’autruche, voir t. i, col. 1279-1280 ; dans la Vulgate, j. 22, à tannim un des noms du chacal. Voir t. ii, col. 474. Les Grecs et les Latins plaçaient les Sirènes qu’on trouve pour la première fois décrites dans l’Odyssée d’Homère, entre Caprée et la côte d’Italie. Ces êtres fabuleux étaient censés avoir un corps de femme jusqu’à la ceinture et au-dessous la forme d’un oiseau (fig. 396), ou bien une tête de femme sur un corps d’oiseau. Elles avaient été transformées par Cérès en monstres marins et elles attiraient par la douceur de

leur chant les voyageurs imprudents, qui se noyaient à leur poursuite dans les flots. Cette fable, très populaire en Grèce et dans l’Italie méridionale, avait porté les

396. — Une Sirène. D’après une figure antique.

anciens traducteurs à voir des êtres analogues dans les animaux sauvages énumérés, Is., xiii, 21-22, dont ils ignoraient la véritable identification.

    1. SIRIUS##

SIRIUS, étoile fixe, la plus brillante du ciel, faisant partie de la constellation du Grand Chien. — Les Égyptiens la nommaient Sopdit (Sothis), etla représentaient, en compagnie d’Orion, sous la figure d’une déesse debout, le sceptre en main et le diadème sur la tête, ou sous celle d’une vache portant entre ses cornes une étoile brillante. Voir t. iv, fig. 494, col. 1891. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 96, 97. Dans le Poème de la création, v, 82, le nom de kakkabu qaêtu, « étoile de l’arc », désigne Sirius, comme l’ont démontré les calculs astronomiques d’Epping, dans Die Keilinschriften und das A. T., 3e édit., p. 426. Df. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, 1907, p. 63. — Sirius n’est pas nommé dans la Sainte Écriture, ce qui a lieu d’étonner, étant donnée la splendeur sans égale de cette étoile. Mais Stern, dans Je Geigers Jûd. Zeitschrift, 1865, p. 258, et Hoffmann, dans le Zeitschrift fur die altestestam. Wissenschaft, t. iii, p. 107, pensent que le mot kîmdh, qui désigne les pléiades pour les anciens et la plupart des modernes, voir Pléiades, col. 464, pourrait être le nom de Sirius. Ce nom ne peut se rapporter à Ja fois aux Pléiades et à Sirius, car la constellation du Grand Chien, dont fait partie Sirius, et celle du Taureau, à laquelle appartiennent les Pléiades, sont séparées par la constellation d’Orion. Ce qui détermine à garder le sens des anciens, c’est que, d’une part, kimâh est joint à deux autres noms de constellations, Job, IX, 9, et que, d’autre part, il est supposé que klmâh est serré par des liens, Job, Xxxviii, 31, ce qui convient beaucoup mieux à une constellation qu’à une étoile. L’étymologie de kîmdh, qu’on fait venir d’un radical kûm, « rassembler », conduit à la même conclusion. Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, p. 127, 500.

H. Lesêtre.

SIS (hébreu : ma’âléh has-Sis ; Septante : àv16a<rtç’Adffeiç), montée qui s’élève de la plaine de la mer Morte près d’Engaddi jusqu’au plateau qui forme le désert de Juda. Voir Juda, carte, t. iii, vis-à-vis col. 1755. Les Moabites, les Ammonites et les Maonites, s’étant réunis, pour piller Juda, à Engaddi, en contournant la mer Morte, se préparaient à envahir le territoire du roi Josaphat par la montée de Sis. II Par., xx, 16. C’est encore par ce passage que les Arabes marau

deurs envahissent aujourd’hui la Palestine du côté de Thécué. Ils contournent la mer Morte par le Sud, remontent jusqu’à Aïn Djidi (Engaddi) et de là gravissent la montée pour aller à Thécué. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 1856, t. i, p. 508. Le passage de Sis, quoique très raide est toujours fréquenté. Tristram, Land of Moab, p. 41. Le plateau, au-dessus de la montée, appelé aujourd’hui el-Husdsah, conserve, probablement, un souvenir du nom antique. Du temps de Josaphat, le roi et ses troupes n’eurent qu’à constater le désastre des alliés qui s’étaient battus les uns contre les autres. II Par., xx, 1-30.

SISA (hébreu : Sîsd ; Septante : SyjSâ), père d’Élihoreph et d’Ahia, scribes ou secrétaires du roi Salomon. III Reg., lv, 3. Son nom est écrit Susa I Par., xviii, 16, d’après certains commentateurs qui pensent que le Susa, scribe de David d’après IPar., xviii, 16, est le même que le père d’Élihoreph et d’Ahia. Voir aussi Siva.

    1. SISAI##

SISAI, nom d’un Énacite et d’un Israélite, dans la Vulgate. Leur nom a une orthographe un peu différente en hébreu.

1. SISAI (hébreu : Sêêaï ; Septante : Sêdcrf), géant, le second des trois fils d’Énac qui habitaient Hébron et qui furent tués par Caleb, fils de Jéphoné. Num., xiii, 23. Son nom est écrit Sésaï, Jos., xv, 14 ; Jud., i, 10. Voir Sésaï, col. 1684.

2. SISAI (hébreu : &<Maï ; Septante : Seuei), Israélite, « fils de Bani », qui avait épousé une femme étrangère et qui la renvoya du temps d’Esdras. I Esd., x, 40.

    1. SISAMOI##

SISAMOI (hébreu : Sismâï ; Septante : 20<rou.oci), fils d’Élasa et père de Sellum, de la tribu de Juda et de la descendance de Jéraméel par Sésan. I Par., ii, 40.

1. SISARA (hébreu : Sîsrd’/Septante : Si<râpa), chef de l’armée de Jabin, roi de Chanaan. Voir Jabin, t. iii, col. 1055. — Jabin opprimait Israël depuis vingt ans. Ses neuf cents chars de fer étaient commandés par Sisara, qui résidait à Haroseth des nations. Voir Haroseth, t. iii, col. 433. Lorsque Barac, accompagné de Débora, se mit en marche avec 10000 hommes (pour délivrer son peuple, Sisara, informé de ce mouvement, rassembla ses chars dans la vallée du Cison. Mais il fut mis en déroute par les guerriers de Barac et dut quitter son char pour s’enfuir à pied, pendant que toute son armée était exterminée. Il se réfugia dans la tente de Jahel, femme de Héber le Ginéen, qui sembla l’accueillir avec bienveillance, le couvrit d’un manteau et lui donna du lait à boire. Mais pendant qu’il dormait profondément, accablé de fatigue, Jahel prit un pieu de la tente et, à l’aide d’un marteau, le lui enfonça dans la tempe. Barac survint alors et elle lui montra le cadavre de son ennemi. Jud., iv, 2-22. Dans son cantique, Débora dit que les étoiles ont combattu contre Sisara, c’est-à-dire que le ciel a pris parti contre lui. Elle décrit ensuite l’exploit de Jahel, et montre ironiquement la mère de Sisara attendant son fils et s’imaginant qu’il préside au partage des dépouilles. Jud., v, 20, 24-30. Au Psaume lxxxiii (lxxxii), 10, la fin de Sisara est rappelée.

H. Lesêtre.

2. SISARA (hébreu : Sîsrd ; Septante : Sicrâpa), chef -d’une famille de Nathiaéens. Cette famille retourna de la captivité de Babylone en Pal estine avec Zorobabel. I Esd., ii, 53 ; II Esd., vii, 55.

    1. SISTRE##

SISTRE (hébreu : mena’an’im ; Septante : <reï(rcpov), instrument de percussion consistant en un cerceau de métal (on de bois), allongé en fer à cheval, fixé à un

manche et traversé horizontalement de verges mobiles en métal retenues dans leurs trous par les extrémités recourbées. Ces baguettes, souvent au nombre de trois, pouvaient être aussi de grosseurs diverses, afin de produire ensemble un plus grand nombre de vibrations différentes ou de multiplier les timbres, lorsqu’on les secouait ou qu’on les frappait d’un bâtonnet d’airain. On les garnissait quelquefois d’anneaux ou de sonnailles en métal. 1° le mot mena’an’ïm se lit une seule fois dans la Bible, II Sam. (Reg.) vi, 5 : [En avant de l’Arche, ] David ettoule la maison d’Israël se réjouissaient avec… des harpes, et des nables, et des tambourins, et des mena’ane’îm et des cymbales. Vulgate : in sistris. Les Septante omettent la traduction de ce mot, mais ajoutent xa èv aùXoï ; . Théodotion et Symnaque traduisent (jstarpo’.ç. Le mot hébreu a pour racine » >i « secouer, agiter », comme ceîiiTpov provient de asiu>, « agiter, secouer ». Le sistre était l’instrument favori

397. — Sistres égyptiens.

Musée du Louvre et British Muséum.

des Égyptiennes. Tambourins ou sistres accompagnaient, comme les autres instruments de percussion, la danse et les chants. Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 323, 325. D’Egypte il passa en Italie avec les mystères d’Isis. Les représentations du sistre sont nombreuses sur les monuments de l’Egypte, non toutefois sur les plus anciens. Voir fig. 397-401.

2° La Vulgate a rendu aussi par sistre l’instrument de percussion appelé dans l’hébreu : SdlU, I Sam. (Reg.), xviii, 6 : « Comme David revenait de la déroute des Philistins, les femmes de toutes les villes d’Iraël sortaient en chantant et en dansant, pour recevoir le roi Saûl, avec des tambourins, des cris de joie et des sâlisim (triangles [ ?]). Vulgate : in tympanis Isetitise et in sistris. Septante : lv t-jUTiavocç, xai èv y<ipj.o<rivy, xai èv xv>|16<xXot « . La racine liStf, t trois *, montrerait que le nom de l’instrument était tiré soit de sa forme (c’est ainsi que les Syriens appellent rëbi’â le tambourin t carré » ), soit du nombre des pièces dont cet instrument était composé. Le triangle oriental, dont provient le nôtre, était fait de fer ou de cuivre, et parfois chargé d’anneaux ou de pièces de métal sonore. On le frappait d’une baguette métallique ou on Ië secouait comme le sistre. Il convient de noter que le triangle, comme instrument de musique, n’a pas été

trouvé encore sur les monuments, quoique toutes les espèces d’instruments bruyants de percussion tiennent une grande place dans les manifestations musicales de l’Orient antique et moderne. J. Parisot.

    1. SITNAH##

SITNAH, nom donné par Isaac à un puits creusé par ses bergers dans la vallée de Géram. Voir Inimitiés (nom par lequel la Vulgate traduit l’hébreu), t. iii, col. 877.

SI VA (hébreu. : Seyâ’; kerî : Sevd’; Septante : Souo-dc), scribe ou secrétaire du roi David. II Sam. (Reg.), xx, 25. Ailleurs, il est appelé Saraïas. II Sam., viii, 17. On l’identifie aussi avec Sisa, III Reg., iv, 3 ; et Susa, I Par., rvm, 16. Voir ces noms.

notes de P. Milante, dominicain, 2 in-f°, Naples, 1742. Cette Bibliothèque est divisée en huit livres : 1° division et autorité des Écritures ; 2° index historique et alphabétique ; 3° interprétation des Livres Saints ; 4° liste alphabétique des interprètes catholiques ; 5° herméneutique (publiée aussi séparément sous ce titre : Ars interpretandi Sacras Scripturas absolutissima, Cologne, 1577) ; 6° et 7° dissertations exégétiques ; 8° apologie des Écritures.

SIZA (hébreu : Sizâ’; Septante : SacÇà), de la tribu de Ruben, père d’Àdina. I Par., xi, 42. Adina fut un des plus vaillants chefs des soldats de David. Voir Adina, t. i, col. 218.

398. — Champollion, Monuments, t. iii, pi. 215.

398-401. — Personnages égyptiens avec sistres.

399. — Champollion, 400. — Lepsius, Denkmaler,

Monuments, t. ii, pi. 197. t. iv, pi. 64.

401.

Lepsius, Denkmàler, t. iii, pi. 245.

    1. SIVAN##

SIVAN (hébreu : Sivàn ; Septante : Seiouo).), troi sïème mois de l’année hébraïque, comprenant trente jours. Il commençait à la nouvelle lune de juin et finissait à la nouvelle lune de juillet. Il est nommé deux fois dans l’Écriture. Esth., 7111, 9 (Vulgate : Siban) ; Baruch, i, 8.Les Septante, dans Esther, au lieu « du troisième mois qui est appelé Sivan, » portent oc du premier mois, du mois de Nisan. » Voir Calendrier, t. 11, col. 66.

    1. SIXTE DE SIENNE##

SIXTE DE SIENNE, juif italien converti au catholicisme, né à Sienne en 1520, mort à Gênes en 1569. Il embrassa le christianisme et entra chez les cordeliers, mais il les quitta et apostasia, ce qui le fit enfermer à Rome dans les prisons du Saint-Office. Il fut condamné à être brûlé, mais le commissaire général du Saint-Office qui devint depuis le pape saint Pie V le convertit, obtint sa grâce et le fit recevoir dans l’ordre de saint Dominique. Ses prédications eurent beaucoup de succès en Italie. On a de lui un ouvrage qui jouit longtemps d’une grande réputation : Bibliotheca sanota ex præcipuis catholicss Ecclesise auctoribus collecta, Venise, 1566, souvent réimprimé, entre autres, avec les

    1. SLAVES##

SLAVES (VERSIONS) DE LA BIBLE. Sous la dénomination de « Slaves » on comprend les peuples, dont la langue appartient à la même famille des langues’< slaves ». Le siège des Slaves primitifs était au sud de la Russie. La langue commune des Slaves primitifs n’est pas connue. Les Slaves n’ont pas une langue littéraire commune, mais on doit distinguer chez eux des dialectes plus ou moins différents. — La langue, dite la vieille slave (palaioslavica), n’est pas la mère des langues slaves, mais leur sœur. Au temps des saints Cyrille et Méthode, cette langue était la langue vivante des Slaves aux environs de Salonique et de Byzance. Elle était la langue littéraire de plusieurs peuples slaves, mais elle est devenue une langue morte, conservée dans la liturgie et dans les livres liturgiques. La littérature biblique commence chez la plupart des peuples slavesavecl’évangélisation des saints Cyrille et Méthode.

I. Saints Cyrille et Méthode. — Ces deux saints furent les apôtres des Slaves et les fondateurs de leur littérature ecclésiastique et nationale. Constantin, qui reçut le prénom de Cyrille, était le plus jeune de sept enfants d’un sous-chef militaire grec (droungarios), Léon, né à Salonique en 826 ou 827. Méthode était

son aine. Salonique (Thessalonique) était alors habitée par des Grecs, mais ses environs étaient remplis de Slaves, et les deux frères purent apprendre la langue slave dans le pays. Constantin fut élevé à Constantinople, où il fut disciple de Photius et où il enseigna plus tard la philosophie. Méthodius, son frère, avait été probablement tout d’abord occupé dans l’administration d’une province habitée par les Slaves (du pays Strymon, à ce qu’on croit, en Macédoine). Plus tard il se retira dans un couvent sur le mont Olympe en Bithynie, où son frère Constantin le suivit. En 860 environ l’empereur grec envoya Constantin en mission extraordinaire aux Khazares de la Crimée et du Nord de la mer Noire. Il eut son frère pour compagnon. Là ils travaillèrent à la conversion de Khazares juifs au christianisme. Constantin trouva à Cherson, dit-on, un Psautier et les Évangiles, écrits en lettres russes (peut-être en langue des Varingues-Varyagues ?). A son retour, Cyrille (c’était le nom qui fut donné à Constantin) demeura à Constantinople ; Méthode devint higoumène (supérieur) du couvent de Polychrom sur la côte d’Asie. En ce même temps l’empereur Michel reçu ta Constantinople une légation du prince Rostislave, venant de la Moravie pour lui demander des maîtres, qui pussent enseigner la foi aux Moraves (qui étaient déjà chrétiens) en langue du peuple. L’empereur Michel y envoya Cyrille et Méthode, qui savaient le Slovène. Cyrille donna aux Moraves l’écriture nommée glagolitique, d’après l’écriture cursive grecque de cette époque. Jusqu’alors les Slaves n’avaient pas d’écriture propre. Saint Cyrille traduisit aussi les leçons évangéliques, dont on fait usage dans la liturgie. On peut présumer qu’ils ont apporté à la Moravie l’évangéliaire (leçons des dimanches, à partir de Pâques) en langue slave ou Slovène de Salonique. Les documents palseoslovènes nous présentent la langue dans un état développé. Mais le dialecte de la Moravie ou de la Pannonie, pays où les deux saintsont travaillé, n’avait pas encore d’expressions pour les idées religieuses chrétiennes ; Cyrille et Méthode les exprimèrent très bien selon-le grec ; on n’y trouve aucune influence de la Vulgate. Il y a là quelques mots d’origine occidentale, par exemple oltar, post, komokati (communicare, communier), mais vraisemblablement on les y a ajoutés plus tard.

Les Moraves avaient certainement leur dialecte propre, mais ils pouvaient cependant comprendre la langue des saints apôtres, parce qu’on peut bien supposer que les dialectes slaves de ce temps-là n’étaient pas encore très différents.

On ne connait pas sûrement quels furent les livres de l’Écriture traduits par saint Cyrille et saint Méthode. Ils traduisirent peut-être Yhorologion (c’est-à-dire le Psautier avec la leçon journalière et les oraisons), et Yeuchologion (leçons du Nouveau Testament) en langue palseo-slovène et ils disposèrent les quatre Évangiles selon l’évangéliaire.

En 867, les saints frères firent un voyage à Rome. Le pape Hadrien les reçut avec une grande solennité. Méthode et ses disciples y furent ordonnés prêtres. Cyrille y mourut en 869 (14 février).

Méthode, étant revenu une deuxième fois à Rome, y fut consacré évéque de Pannonie et de Moravie. De retour en Moravie, il y mourut en 885, (le 6 avril). D’après une tradition, saint Méthode traduisit toute la Rible du grec en langue palæo-slovène, excepté les livres des Machabées. On ne peut l’établir par des arguments décisifs. Le Nouveau Testament : les Évangiles, l’Apôtre (c’est-à-dire Actes et Epitres) étaient pour la liturgie plus importants que l’Ancien Testament ; on peut supposer que les livres du Nouveau Testament ont été traduits avant l’Ancien. De ce dernier on traduisit d’abord les leçons des heures et des épîtres du missel.

Les Psautiers conservés en langue vieille-slovène, présentent un texte très ancien, pareillement aussi les parties du Pentateuque et des prophètes, contenues dans le parimeynik, un livre composé des leçons bibliques. Le livre de Job, les Proverbes, l’Ecclésiasle sont aussi anciens. Le livre de Josué, les Juges, Ruth, le Cantique et les Rois sontplus récents. Quand Gennade au xv « siècle chercha à faire la collection de tous les livres en une Bible vieille-slovène, il ne trouva pas d’autres livres que ceux qui viennent d’être nommés.

II. Les documents pal^eo-slovènes de la. Bible de la récession la plus ancienne. — Voici les documents palæo-slovènes bibliques conservés, écrits en glagolitique :

1. Tetrævangelium de Zographe. — Écrit en 304 feuilles, dont les feuilles 41-57 sont d’une origine plus récente. Ce document peut être de la fin du Xe ou du commencement du XIe siècle. Ce manuscrit était à Zographe, au couvent du mont Athos ; en 1860, il est donné au tzar et on le conserve à la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. — I. I. Sreznevski en a édité quelques parties en un livre dans lequel il a assemblé les plus anciens documents glagolitiques : Drevnie glagoliceskie pamatniki, Saint-Pétersbourg, 1866 (p. 115157). Jagié a édité tout le manuscrit en lettres cyrilliques : Quattuor evangel. Codex glagoliticus olim Zographensis notis criticis, prolegomenis, appendi-* cibus auctum, Berlin, 1879, 176 p.

2. Codex Marianus. — Écrit en 471 feuilles. Ainsi dénommé, parce qu’il se trouvait au couvent de Marie à Athos. Grigorovic le transporta à Odessa ; à présent il est au musée de Rumiantzov à Moscou. Il contient les quatre Évangiles copiés d’un original du meilleur temps de la littérature bulgare palœo-slovène du Xe siècle. Janië a édité ce Tetrævangelium en lettres cyrilliques : Quatuor Evang. conversiones palseoslovenicx, Berlin, 1883, 607 p.

3. Psautier du mont Sinaï. — En 117 feuilles, sur la dernière on trouve le Psaume cxxxviie ; le reste est perdu. L’archimandrite Porphyre l’a trouvé au couvent du Sinaï en 1850. Geitler l’a édité à Zagreb en 1882 en lettres cyrilliques.

4. L’Évangéliaire d’Assémani. —En 159 feuilles. Ce manuscrit contient les évangiles des dimanches et peut être considéré comme le plus ancien. Assemani l’a trouvé à Jérusalem en 1736 ; à présent il est conservé au Vatican. Racki l’a publié à Zagreb, en 1865, en glagolitique ; Crncic l’a publié en lettres latines en 1878, à Rome.

5. Les Fragments glagolitiques de Kiev du xi « siècle (publiés par Jagië dans Glagolitica, Vienne, 1890) et le fragment de Vienne. Ils contiennent quelques oraisons liturgiques, formulaires de messes (de saint Clément, des Apôtres) du rite latin. Les textes de la Bible (par exemple, Rom., xiii, 11-14 ; xiv, 1-4, etc.) sont empruntés aux versions Slovènes faites du grec.

— Les fragments de Prague contiennent l’office du vendredi-saint ; ils sont de la recension tchèque-slovène (pannono-slovène).

III. Documents pal^o-slovènes bibliques en lettres cyrilliques. — 1. évangile de Sabbas (Sava). C’est l’Évangéliaire du prêtre Sabba, écrit en 129 feuilles. Il est gardé à la bibliothèque synodale à Pétersbourg. Publié par Sreznevski dans le Drevnie slav. pamatniki, Pétersbourg, 1868 (1-154) ; JagiË a recensé cette publication, Archiv fur slavische Philologie, t. v, p. 580-612. — 2. Évangile de V. M. Vndolski ; il n’y a que deux feuilles, fragments d’un Évangéliaire, comme le sont aussi l’Évangile de Novgorod, I’jiv. de Tyrnovo, lePsautier de Sluk. Publiés par SreznevskL — 3. Évangile de Reims du xi-xiie siècle ; publié par Silvester à Paris 1843 et de nouveau en 1899. C’est un évangéliaire. — 4. Parimeynik du Grégorovic du

xiie siècle, publié et comparé avec d’autres parimeyniks par Brandt 1894 dans un journal russe (Ctenie v obsc. istorii). — 5. Codex de Cristinopole (couvent de basiliens en Galicie) ou de Galicie, du xii « siècle (à présenta Léopol) ; il contient les Actes et les Épltres. Publié par Kaluzniacki.

IV. RECENSION RUSSE DES LIVRES BIBLIQUES EN PAL.EO slovéne. — Les documents palseo-slovènes de la recension russe sont écrits en caractères cyrilliques. Les copies des livres particuliers ou de la collection de livres bibliques ont été faites d’après le texte des parimeyniks ou d’après la version commune palæoslovène de la Bible. On trouve des corrections et des changements de mots, qui sont ou le travail d’un rédacteur, ou celui d’un nouvel interprète.

Lebëdëv a comparé le texte Slovène du livre de Josué selon les versions des xiv-xviie siècles et il y a trouvé quatre rédactions d’après lesquelles on a copié ce livre. Voir V. Lebëdëv, Slavjansky perëvod knigi Jisusa Navina, Saint-Pétersbourg, 1890. Jevsëjev a trouvé dans Isaïe un texte, qui correspond au texte du parimeynik et un texte tout à fait différent de la version vulgaire de ce livre. Voir J. Jevsëjev, Kniga proroka Isaia v dre vnëslavjanskom perêvodé, 1897. Voskresenskij a étudié en manuscrits de l’Évangile de saint Marc (et Épi très) des xie-xvie siècles quatre rédactions du texte palæoslovène. Voir G. A. Voskresenskij, Evangelia ot Marka, 1894, Charakt. Zerty cetyrech redakcij slavj. perevoda evang. ot Marka. — Le texte le plus ancien des Évangiles se trouve dans le Tetrævangelium d’Ostromir (1056 ; publié par Vostokov 1843, phototyp. 1883), de la Galicie (1144 ; publié par Amphilochij, Moscou, 1882-1883, en 3 vol.). Le texte le plus ancien de l’Apôtre (Hpîtres et Actes) représente un manuscrit de l’année 1220. La dernièïe rédaction pourrait être vue dans les manuscrits de la bible synodale de Moscou (n. 1-3), quoique un autre les place au temps le plus ancien.

Tous les livres bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament (avec les deutérocanoniques et II. Esd. apocryphe ) sont réunis en langue palseo-slovène à la fin du XVe siècle dans la Bible, nommée de Gennadios {1499). Antérieurement on ne trouve pas une Bible slave complète. L’archevêque de Novgorod, Gennadie, ne trouva pas dans les anciens manuscrits tous les livres bibliques en palseo-slovène et il eut soin de faire traduire les livres, ceux qui manquaient, et de compléter ainsi toute la Bible Slovène. L’ordre des livres dans la Bible de Gennade est celui de la Vulgate. Le texte des livres de Moïse et des prophètes s’accorde avec le texte des parimeyniks ; il est ancien et assez bien conservé, Les livres de Josué, Juges, Ruth présentent un texte plus récent, un peu différent des livres des Rois. Job est assez ancien, autant que les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique. Les livres des Paralipomènes, les quatre livres d’Esdras, Tobie et Judith ont été traduits pour la Bible de Gennade en langue palseo-slovène de la Vulgate. Dans Esther les premiers 9 chapitres sont traduits du texte grec, les autres de la Vulgate. Le livre de la Sagesse est de la Vulgate, l’Ecclésiastique en partie du grec en partie du latin ; les livres des Machabées sont de la Vulgate. Voir : Gorskij et Novostrujev, Opisanie slavj rukopisej Moskov. synod. bibliolheki, 1885. Aussi : S. Solskij, Obozrënije trudov po izuëenije Eiblii v Hossii (en Pravosl. obozrënije, 1869).

Peut-être tous les livres de la Bible sont traduits en palæo-slovène avant le xv « siècle, mais quelques-uns furent perdus dans la dévastation tartare, qui n’a rien épargné. On envoya aux xive et xv" siècles quelques hommes à Constantinople pour qu’ils y traduisissent la sainte Bible. Du temps du métropolite Philippe (+1474), un Hébreu baptisé, dont le nom était Théodore,

traduisit le Psautier et Esther de l’hébreu ; on dit qu’il traduisit aussi le Pentateuque et les Prophètes.

Le métropolite Alexis de Moscou a corrigé à Constantinople le Nouveau Testament en palæo-slovène en 1355. Son manuscrit est gardé au couvent de Saint-Archange à Moscou. (Publié par l’archim.Amphilochie et Lëontëv, 1892.) Amphilochie a écrit une étude sur les Psautiers : Drevnë-slavjanskaja Psaltir xm-xiv. vëku (2e édit.). Voir aussi Brandt, étude sur le parimeynik (Ctenije v obSc. istorii i drevn. Ross. 1894). Après la découverte de l’imprimerie, on imprima le Psautier en lettres cyrilliques à Cracovie en 1481. Cette version était influencée par la version tchèque. Les Évangiles ont été imprimés en Ugrovalachie 1512 par mandat de Jean Basaraba, ensuite à Zabludov 1569, 1570 le Psautier, 1576 à Vilna (1575 les Évangiles) ; l’Apôtre 1574 à Léopol, 1580 le Nouveau Testament à. Oslrog.

Le prince de Ostrog, gouverneur deVolyiî, Constantin r a publié, à Ostrog toute la Bible slovène en 1581 ; on la nomme ostroiskâ Bible. Dans cette édition on a. traduit les Paralipomènes, Esdras et Néhémie du grec, Tobie et Judith, le 1 er et 2e Machab. et le 3e Esd. (aussi quelques parties de Jérémie et des Proverbes) étaient de la Vulgate. Esther, Cantique et la Sagesse étaient des Septante. Le texte grec était celui de la polyglotte de Complute et de Londres. La Bible tchèque de 1488 était peu estimée. De même l’édition de la Bible en litéen-russe du Fr. Skorina à Prague (1517-1519 ; publiée à Vilna 1525-1528).

Les éditeurs voulaient rendre les expressions de la Bible slovène plus compréhensibles au peuple, et à cause de cela ils ont remplacé quelques mots vieillispar les expressions nouvelles, usitées en langage liturgique. La bibliothèque synodale de Moscou garde encore-trois Bibles manuscrites du texte de Novgorod : del’année 1499 (1002 feuilles), de l’année 1558 (10Il feuilles ) et la troisième aussi du xvie siècle (1013 feuilles) ; , ces Bibles mêmes pouvaient être conseillées par leséditeurs de la bible d’Ostrott.

Le texte de cette bible d’Ostrog n’était pas uniforme, quand on a complété les parties d’anciennes versionspar des versions nouvellement faites. La langue de divers livres présentait des fautes grammaticales et des lacunes. La même bible a été réimprimée en 1583 à Ostrog. En 1614 on en a publié les Évangiles à Moscou, , en 1623 le Nouveau Testament à Vilna avec plus de soin, et en 1644 à Léopol.

En 1663 a été faite l’édition de la Bible dite de-Moscou ; elle présente le texte de la Bible d’Ostrog, corrigé quant à l’orthographe. Le patriarche Nicon ne put pas la corriger entièrement. Les « Razkolniki » (schismatiques de l’orthodoxie) ont conservé le textepalseo-slovène des Bibles plus anciennes et n’acceptent pas les éditions revisées après l’an 1663.

En 1674, on voulut avoir une nouvelle version slovèneselon le texte grec des Septante. Déjà antérieurement Épiphane Slavineckij avait fait une version nouvelle des livres de Moïse selon le texte des Septanteet les manuscrits palseo-slovènes, ainsi que le manuscrit d’Alexejev. On a aussi traduit et publié les Actes et les-Épltres en 1671. En ce même temps, antérieurement à. Pierre le. Grand, on a publié plusieurs fois les livresde la Sainte Écriture avec ou sans explications ; parexemple, les Évangiles avec l’explication du Théophylacte (Moscou, 1698), le Psautier avec les additions accoutumées (symbole d’Athanase, a., Moscou, 1698), le Nouveau Testament à Kiev, 1703, le Psautier in-24 etl’autre 1704, les Evangiles à Moscou 1711, les mêmes avec le texte hollandais et palseo-slovène à Saint-Pétersbourg, 1716-1719. L’archevêque Stachovski a publié à Cernigov, . 1717, le Nouveau Testament expliqué. En. 1805.

    1. SLAVES##

SLAVES (VERSIONS) DE LA BIBLE

1806

1721 on a publié encore le Psautier en palæo-slovène.

Pierre le Grand a publié en 1712 (14 nov.) un édit dans lequel il chargeait l’archimandrite Lopatinski et le Grec Likhud, de corriger la Bible de 1663 selon le texte grec. Ils travaillèrent pendant dix années et préparèrent en 1724 l’impression de la revision nouvelle. Lorsque le tsar mourut en 1725, l’impression n’était pas faite. Le manuscrit a été déposé â la bibliothèque synodale de Moscou.

En 1744, l’impératrice Elisabeth ordonna de publier une nouvelle édition de la Bible. Le synode en confia la rédaction aux moines H. Grigorovic, J. Blonnicki et B. Ljasëevskij de Kiev. En 1748, Ljasëevskij prit le travail en mains, aidé par le philosophe Slonimskij. La Bible d’Elisabeth parut en 1750-51. C’est la Bible de 1663, rédigée dans toutes ses parties selon le grec d’après le texte des polyglottes, les éditions de Lambert Voss (1709), de Breitinger (1730-32), la version de Flaminius Nobili (Rome 1588), la Synopsis criticorum, de Matthias Polus, et quelques manuscrits grecs, surtout le codex Alexandrinns. Nouvelles éditions en 1757, 1759, … 1872 etc. Cette bible avait été publiée avec des explications de Bajbakov (1785-87), Petrov, Smirnov, Fialkovskij, Bratanovskij.etc. (surtout quant au Nouveau Testament). Le texte pala ?o-slovène avec la version tchèque de la Bible des Frères bohèmes a été publié par le synode de Saint-Pétersbourg en 1892. Le texte tchèque de cette édition est conforme au grec et au Slovène.

Les versions russes en langue de la Russie blanche commencent par celle de l’archimandrite Grégoire et de Fr. Skorina (1517-1519). L’édition synodale de la Bible (avec les deutérocanoniques) est de l’an 1876, etc.

Les Ruthènes ont la Bible palseo-slovène dans la recension russe. Leur Ancien Testament a été imprimé à Pïem-ysl, 1863. En recension bulgare on a du palæo-slovène quelques Tétraévangiles ; .chez les Serbes il y a des : manuscrits palæo-slovèaes du xm 8-xve siècle. En recension. glagolitique chez les Croates on trouve des bréviaires et des fragments de la Bible (édités par BerfcicV, 1864-71).

V.. Versions polonaises de la. bible. — À partir du Xe siècle b, n a donné la dénomination « de Polonais » (antérieurement ; Lechové), « de Polaques » aux tribus slaves en petite Pologne, dans la Russie bleue, sur le Visla et à Polock’(Mazures). Leur nombre total pourrait être évalué à 23000000. Le christianisme fut apporté aux Polonais de la Moravie. Mëôislav I er (Mësko) épousa en 965 la Doubravka, une fille de Boleslav I er, prince de Moravie, et fut baptisé en 966. En 968, un évêché fut érigé à Poznan avec l’évêque Jordan. L’archevêché de Hnëzdno fut fondé par Boleslav Chrabry (Fier). La liturgie était toujours en latin ; seulement au xiv siècle on trouve par exception la liturgie en palseoslovène à Cracovie.

Les Psaumes furent le premier livre biblique traduit en polonais. Il y a une remarque ou notice indiquant que le Psautier a été traduit au XIIIe siècle. On ne trouve que des fragments des versions du Psautier.

Tout le texte polonais du Psautier est dans le Psautier dit de Saint-Florien, du XIVe siècle, gardé au couvent de Saint-Florien près de Linz en Autriche supérieure. Il contient les textes latins, polonais et allemand des Psaumes. On l’a nommé aussi « le Psautier de la reine Marguerite », fille de Charles IV, épouse du roi hongrois et polonais, Louis. Quelques-.uns l’ont attribué à Marie, fille du même Louis. Dunin Borkowsky en a publié le texte à Vienne, 1834, Nehring, à Poznan, en 1883. La langue de cette version était peut-être influencée par la version tchèque. Hanka a cherché cette version tchèque dans la Bible de Dresde, Kucharski dans le texte du Psautier de Wittemberg, qui est de la première recension des Psautiers tchèques.

J. Jirecek le conteste. La version cherche à répondre à la Vulgate.

Le Psautier de la reine Hedwige (Jadwiga) ou le Psautier de Poltawa, ne pouvait pas être des mains de Hedwige, car il est de la fin du xve siècle. Kucharski pensait que la version qu’il contient est prise de la Bible de la reine Sophie (de l’an 1455). lia été gardé à Poltawa, à présent on le conserve à la bibliothèque des Czartoryskis^ à Cracovie. Il est en accord avec le psautier de Saint-Florien, mais tous les deux sont d’un exemplaire plus ancien. Il a été publié par les soins de Jean, comte Dzalynski de Kornik, en 1880.

La Bible de la reine Sophie (quatrième femme de Ladislas Jagellon, et fille d’un prince de Kiev, André Ivanovic). Cette Bible est le second manuscrit le plus ancien de la version polonaise biblique. Du temps de Rakoczy on l’a transportée à Saros-patak en Hongrie, d’où on la nomme aussi la Bible de Saros-patak. D’après une notice de l’an 1562, cette bible a été écrite en 1455 à Nové mësto (Villeneuve) près de Cracovie. Elle représente peut-être la copie d’une bible polonaise, plus ancienne, qui aurait été écrite selon un original tchèque et selon la Vulgate. On y observe cinq copistes. Elle contient : Genèse, Josué, Ruth, I, III, IV Rois, I, II Parai., I Esdras, Nehémie, III Esdras, Tobie et Judith. Malecki l’a publié à Léopol, 1871.

Au temps de l’imprimerie, on a publié, 1522, la version polonaise de l’Écclésiaste à Cracovie.

Valentin Wrôbl a traduit en une version libre le Psautier de David, quia été publié à Cracovie 1539 (nombreuses éditions). Poznanczyk a publié l’Ecclésiastique en 1536, Tobie, Sirach en 1541. Kramsztyk en 1878, Nirstein en 1895 les Proverbes. Corne ! Ujejski le Cantique en vers en 1846 (Poznan). Jean Kochanowski a publié son Psautier à Cracovie, 1578 ; on l’a souvent réimprimé, de même que le Psautier de Lêopolite, 1579, de Wujek, 1594, de Karpinski, 1783, 1829, de Bujnicki à Torùn, 1875. Toute la Bible a été traduite de la Vulgate par Jean Lêopolite (de Léopol) et par Léonard, Ces traducteurs ont respecté la Bible tchèque et on peut expliquer la ressemblance avec le texte de la Bible de Sophie. On l’a publiée à Cracovie, 1561, corrigée, 1574 et 1577. Le Nouveau Testament a été publié à part, 1556, 1564, 1658.

Jacques Wujek, S. J., a publié une version du Nouveau Testament avec l’approbation ecclésiastique à Cracovie, 1593 ; la Bible de Wujek fut imprimée en 1599. Le prêtre Just. Rabe a fait la revision du texte de cette Bible en se servant de Wujek. La version est faite d’après la Vulgate, en s’aidant du texte original et des versions polonaises plus anciennes.

En 1890-1898, le prêtre Kozlowski a publié une nouvelle version avec un commentaire en 4 volumes.

Les prolestants publièrent le Psautier de Nie. Rej en 1555, le Psautier de Maciej Rybinski à Cracovie et à Gdânsko en 1605, etc. Albert le Prussien chercha à faire publier toute la Bible protestante en polonais. Leprince Nicol. Radziwill fit préparer une version calviniste, dite la Bible de Brest ou de Radziwill, 1563, faite sur les textes originaux et les versions récentes. Le pasteur Sim. Budny, un socinien, lui reprocha de n’être pas conforme aux originaux, et il prépara la Bible de Nieswies, 1572, dont le Nouveau Testamment fut publié en 1574 séparément. Czechowicz a traduit et publïé à Rakov, 1577, le Nouveau Testamment(il écrit : immersion pour baptême), une autre version duNouveauTestamenta été faite par Smalcius, 1606. Le synode évangélique d’Ozarowiece 1600, désira une version nouvelle. Ianicki, MikotajewskL Turnowski ont publié une version du Nouveau Testamentà Gdânsko, 1632 (rééditée à Amsterdam 1660, Halle, 1726, etc.). Stojanowski a traduit les Psaumes de l’hébreu, 1861 ; Cylkôw, un juif, les a publiés en une version nouvelle à Varsovie, 1883.

VI. Tchèques. Versions bohèmes de la bible. — Les Slaves de Bohême, de Moravie et de Silésie emploient la langue tchèque. Le christianisme fut apporté en Bohême d’Allemagne. Le besoin d’une traduction de livres liturgiques et bibliques en langue vulgaire tchèque fut bientôt senti. Le Psautier glossé du musée tchèque de Prague offre le document le plus ancien. Il est écrit en latin et n’a que peu de notes tchèques interlinéaires. (Publié par Patera dans la revue Casopis ôeského Musea (6&M.1879, p. 398). Il date dela fin du xiii" siècle. Un autre Psautier « du musée » dit du commencement du XIVe siècle offre déjà quelques spécimens d’une traduction tchèque (GCM. 1886, 129-139). Le Psautier de la bibliothèque de Wittenberg, daté de la seconde moitié du XIVe siècle, a une version tchèque interlinéaire de tous les Psaumes. La version n’est pas parfaite ; quelquefois on n’a pas compris les mots latins. Publié par Gebauer en « Ëaltâf Wittenbersky » à Prague, 1880.

Un autre Psautier de Podëbrady (1395) offre toute la version de l’original comme le Psautier précédent. Les Bibles ont le texte de ces Psautiers.

Les Nouveaux Testaments tchèques sont à Mikulov (en Moravie) de l’année 1406, de 1422(aumusée tchèque à Prague) et de 1425.

Parmi les Bibles tchèques anciennes on peut nommer : La Bible de Dresde (nommée aussi Leskoveckâ) ; sans date, peut être de 1390-1410. La bible de Litomërice, écrite entre 1411-1414 par Mathié de Prague. La Bible d’Emm’aus ou glagolitique (tchèque) en écriture glagolitiqué de 1416 (à la bibliothèque universitaire de Prague). La Bible de Olomûc (en Moravie) écrite en 1417. La Bible de la reine Christine de Suède (la bible du Vatican) n’est pas complète ; le texte est semblable au texte des Bibles nommées.

. Les Bibles postérieures offrent la nouvelle orthographe de Hus et un texte, qui est plus différent et corrigé. Hus lui-même a fait une revision du texte biblique tchèque selon une Vulgate plus ancienne et il l’a corrigé, comme on peut l’observer dans la Bible de Schaffhouse, 1450. Dans cette Bible on trouve le texte du Nouveau Testament arrangé par un prêtre en 1406 et les corrections de Hus. La revision du Nouveau Testament faite par Martin Lupéô († 1468), hussite, est conservée en manuscrit à la bibliothèque de la cour impériale à Vienne et dans le texte de la Bible de Lobkovic (à Stockholm) 1476-1480. Les Bibles d’autres recensions sont : La Bible de Tâbor (1420-1430), Moscou, Litomërice 2., Mikulov 3., Padarov (1433-1435), Prague (.1435-1450), Musée (1462), etc. Toutes ces Bibles sont fondées sur la Vulgate, Jean Warlowsky de Warta a fait une. version de l’hébreu et du grec, mais selon la paraphrase d’Érasme de Rotterdam. … Lès Tchèques ont fait usage de l’imprimerie très tôt. En 1475 on a imprimé le Nouveau Testament à à Plzen (Pilsen), une nouvelle édition en 1480. L’édition de Plzen est catholique ; celle de Prague (1488) et de Kutnâllora (1489) était dans les mains desUtraquistes. L’édileur de Mladâ Boleslav (1500), Litomysl (1507), Bëlâ (1519) sont des Frères bohèmes.

La première Bible de Prague (1488) a le texte de Martin Lupâë, revisé. Les lettres sont dites des moines ou des Schwabes. Les Psaumes sont traduits de l’hébreu selon la version de saint Jérôme. Cette Bible a tous les livres deutérocanoniques. Le même texte biblique se trouve dans la Bible imprimée à Kutné Hory, 1489. La Bible de Venise, 1506, est des utraquistes et son texte est la base de beaucoup d’éditions postérieures. Un texte amélioré et plus moderne se trouve dans la Bible de Prague, 1529, 1537.

La version du Nouveau Testament d’Érasme de Rotterdam, faite en tchèque par Optât et Gzell en 1533, a été très estimée.

La fameuse Bible des « Frères bohèmes », imprimée en 1579-1593 en 6 vol. à Krâlice en Moravie, « Bible kràlicczâ », a été souvent réimprimée ; le même texte est dans les Bibles tchèques de la société anglaise de la Bible (protestante).

Pendant les temps de guerre en Bohême on n’a pas pu publier une Bible catholique. L’archevêque Mat. Ferd. de Bietenberg a confié l’édition d’une Bible catholique aux jésuites. Les prêtres Styr, Konstanc et Barner ont travaillé à la traduction de la Vulgate. On a respecté la Bible de Venise (1506) et les Bibles qui ont été faites avant Luther. Le Nouveau Testament catholique a été publié, en 1677, aux frais d’une société, dite de Saint-Wenceslas, ce qui a fait appeler ce Nouveau Testament l’édition de saint Wenceslas. Prochâzka a publié encore une autre revision du Nouveau Testament à Prague 1786, et toute la Bible en 1804. — Les autres éditions du xixe siècle ou sont fondées sur la Bible du Prochâzka ou elles peuvent être considérées comme les améliorations du texte de la Bible des Frères. On peut nommer la Bible de Haase, 1851, de l’hérédité de saint Jean, 1857 et 1883-89, la Bible de Bezdeka, 1860.

Les Bulgares se servaient, dans leurs lectures, de la Bible palœo-slovène. Les versions en langue bulgare vulgaire commencent par l’Évangile de saint Matthieu, 1823. Sapunov et Serafim ont traduit le Nouveau Testament (Bucarest, 1828) ; le moine’Néophyte de Rhodope aussi (1840). D’autres versions sont faites par les sociétés protestantes.

Les Serbes ont le Nouveau Testament traduit par Vuk Karadzic (1847), l’Ancien Testament par Danicic (1868). Katancic a traduit la Bible pour les catholiques.

Les Sloventsi (Vendes) de la Syrie, Carinlhie et Graine ont la traduction du Nouveau Testament par Primus Trubar à Tubingue (1554) ; l’Ancien par-Jurit Dalmatin (1584, à Wittenberg). L’autre version est de Japelj, 17911-1802.

Les Slovaques ont les Bihles tchèques, et une version en leur dialecte par Palkovic (1829-1831).

Les Luzitsi (Vendes de la Saxe et de la Prusse) ont une version catholique faite par Svetlik (1650), dont le Nouveau Testament a été’imprimé en 1707. L’autre version est faite par Lnscansky et Hornik (Nouveau Testament, 1896).

Sur toutes les versions slaves, voir Sedlacek, Vvod do knili Starého Zâkona (Introduction en tchèque, p. 89-139)..1. Sedlacek.

    1. SMITH##

SMITH (William), né à Londres le 20 mai 1813, mort dans cette ville le 20 octobre 1893. En religion il était non-conformiste. Après avoir essayé de diverses carrières, il finit par adopter celle qui convenait le mieux à ses aptitudes intellectuelles et à ses goûts : il fut lexicographe, sinon exclusivement, au moins principalement. Ceux qui l’ont connu semblent s’accorder pour lui attribuer plus de mémoire que de science directe, de savoir-faire que de puissance et d’originalité. Suivant l’un d’eux, dans l’Athenœum, 14 octobre 1893, il emprunta de John Kitto la conception et la disposition de son Dictionnaire de la Bible et probablement de George Long l’idée de grouper, au service de ce beau travail, un grand nombre de collaborateurs. Un autre affirme, dans le Times, 10 octobre 1893, que la part de sir William, dans ses multiples et savantes publications, fut « souvent plus nominale que réelle ». C’est ainsi, continue-t-il, que sir George Grove est le véritable auteur du Dictionnaire de la Bible et le Dr. Henry Wace l’auteur du Dictionnaire de biographie chrétienne. — Quoi qu’il en soit, on ne peut nier que son nom.reste attaché à nombre de travaux importants. Ses publications plus directement bibliques comprennent : 1. À Dictionary of ihe Bible, 3 in-8°, 1860-1863 — 2. À Dictionary of Christian Antiquities, 2 in-8°, 1875-1880, en collabora

tion avec l’Archdeacon Cheetham. —’S. À Diclionary of Christian Biography, Literalure, Secls and Doctrines during the first eight Centuries, 4 in-8°, 1877-1887. — 4. An Atlas of biblical and classical Geography, 1875.

J. Montagne.

    1. SMYRNE##

SMYRNE (Sfiupvâ), ville d’Asie Mineure (fig. 402).

— 1° Description. — La ville de Smyrne était bâtie en

402. — NEPÛN SEBAETQN. Tête de Néron, à droite. — $. EIII

. EPMOrENOrs KAAPOrs SMrP(v « i « iv).Fleuvecouché, àgauche,

tenant un roseau, appuyé sur une urne d’où l’eau s’épanche.

amphithéâtre et dans une situation admirable, au fond du vaste golfe de la mer Egée qui porte son nom. Elle

Elle était située à l’endroit appelé aujourd’hui Bournabat, au nord-est et à environ 20 stades, c’est-à-dire à une heure de marche, de la Smyrna nova, dont l’emplacement, décrit plus haut, se confond avec celui de la Smyrne actuelle. Antérieurement à l’année 688 avant J.-C, elle tomba au pouvoir des Ioniens, et ne tarda pas à acquérir une splendeur et une richesse extraordinaires, qui lui permettaient de lutter avantageusement même avec les Sardes. Hérodote, i, 150. Vers l’an 580 avant J.-C, elle fut détruite par le roi lydien Alyattes, et demeura en ruines pendant plus de trois cents ans. Ses habitants furent dispersés dans de simples villages, et, durant cette longue période, elle n’a laissé aucune trace dans l’histoire. Strabon, XIV, i, 37 ; Pausanias, vii, 5 ; Pline, H. N., v, 29. Alexandre le Grand conçut le projet de la relever et de lui rendre son ancienne prospérité ; mais il n’en n’eut pas le temps. C’est un de ses successeurs, Antigone (323-301 av. J.-C), qui commença à la rebâtir, sur l’emplacement que nous avons indiqué. Lysimaque (301-281) l’agrandit encore et la fortifia. Strabon, XIV, i, 37. Aussi ses monnaies les plus an « . " - -- « , iZJL— v*J*, kl, . I. » - ilF<3

403. — Smyrne. Vue du Pagus.

recouvrait en partie les flancs et s’étalait au pied du mont Pagus, dont l’altitude est d’environ 250 mètres. La rivière Mélès, célèbre dans la littérature ancienne, parce qu’on rattachait à ses rives la naissance d’Homère, -avait là son embouchure. Strabon, XIV, i, 37. Un proverbe disait : « Trois et quatre fois heureux ceux qui habitent le Pagus et au delà du Mélès sacré ! » Voir E. Reclus, Asie antérieure, Paris, 1884, p. 610 (fig. 403). 2° Histoire de Smyrne. — Elle se divise en deux périodes très distinctes. Il y eut d’abord, en effet, la « vieille Smyrne », comme on l’appelait, Strabon, XIV,

  • , 37, qui avait été fondée plus de mille ans avant J.-C,

par des colons de Lesbos, et qu’on désigna longtemps, pour ce motif, par le surnom de « Smyrne l’éolienne ».

ciennes consistent-elles en tétradrachmes de ce prince. Depuis lors, elle n’a pas cessé d’être l’une des villes les plus considérables de la province d’Asie. Possédant un excellent port et une route qui la mettaient en communication avec le cœur de l’Asie Mineure, jouissant en outre d’un territoire très fertile, la nouvelle cité devint rapidement un des centres commerciaux les plus riches des temps anciens. C’est surtout par elle qu’avait lieu le trafic de la vallée de l’Hermus. Les Séleucides lui continuèrent jusqu’au bout leurs faveursElle, passa sous la domination romaine en 133 avant J.-C, avec le royaume de Pergame, dont elle faisait alors partie. Ses nouveaux maîtres la comblèrent à leur tour d’honneurs et de privilèges ; ils firent d’elle le siège d’un

conventus.judiciaire et d’une fabrique de monnaie. I v, 29. Ses destinées furent très variéessous les empe-[

Elle posséda aussi, sous l’empire, une école de rhéteurs. reurs byzantins. À partir de 1344, Smyrne appartint

Elle pouvait se dire alors, comme on le voit encore pendant une assez longue période aux chevaliers de

par ses monnaies, « la première en grandeur et en I Malte. En 1402, elle fut prise par Tamerlan et ses Mon Si

f i suit * Jr _ P 1’"*^

404. — Une rue de Smyme. D’après Fisher, Constantinople and the Scenery of the Seven Churches of Asia Minor,

Londres, s. d., 2 in-4’. Dernière planche du t. i.

beauté », ou « la première d’Asie ». En 178 et en 180 après J.-C., elle fut en grande partie renversée par un tremblement de terre ; mais Marc-Aurèle mit sa gloire à la rebâtir. Strabon, XIV, i, 37 ; Dion Cassius, uxj, 33 ; Philostrate, Vitse Sophist., i, xxv, 2 ; Pline, fi. N.,

gols ; puis, en 1424, parles Turcs, qui s’en étaient déjà, rendus maîtres plusieurs fois d’une manière temporaire, , et qui n’ont pas cessé de la posséder depuis cette époque. On est surpris de ne trouver à Smyrne que fort peu de restes des temps anciens ; peu de villes de l’Orient sonfr

aussi dépourvues d’antiquités. La plupart des ruines sont enfouies sous le sol ; de nombreux monuments grecs et romains ont été démolis, et leurs matériaux ont servi à construire la ville actuelle (fig. 404). On voit cependant quelques restes intéressants du stade et du théâtre, et aussi, au sommet du Pagus, les ruines de l’acropole, en partie grecques, en partie byzantines.

3° Smyme dans l’Écriture. — Elle est mentionnée dans l’Apocalypse, i, 11, au second rang parmi les sept Églises de la province d’Asie, auxquelles Notre-Seigneur voulut que saint Jean adressât un message spécial ; puis ce message est cité intégralement, Apoc, ii, 8-11. Ce fait suppose qu’à la fin du I er siècle de notre ère, Smyme possédait une chrétienté très riche en vertus, car la lettre est exempte de tout reproche et contient même de grands éloges. Les chrétiens qui composaient cetle communauté avaient alors beaucoup à souffrir de la part des Juifs, que l’apôtre nomme « synagogue de Satan ». La Smyrne païenne était entièrement livrée au culte des faux dieux ; Cybèle était sa divinité tutélaire, et on la voit souvent représentée, elle aussi, sur les anciennes monnaies de la ville. Des rues nombreuses portaient les noms des temples qui y étaient bâtis. Sous les empereurs romains, la cité avait obtenu le privilège, fort envié, d’en construire un en l’honneur de Tibère. Tacite, Ann., iii, 68 ; iv, 56. — Il est peu probable que saint Paul ait abordé à Smyrne durant ses voyages apostoliques. Néanmoins, son influence dut s’y faire sentir pendant son long séjour à Éphèse, alors que « tous ceux qui habitaient l’Asie entendirent la parole du Seigneur. » Act., xix, 10. Celle de saint Jean s’y exerça certainement ensuite, car la lettre signalée plus haut montre qu’il connaissait à fond la situation des chrétiens de Smyrne. Ceux-ci, à l’occasion du martyre de leur illustre évêque, saint Polycarpe, sous Marc-Aurèle (en 169), écrivirent une lettre aux églises du Pont, pour leur raconter sa vaillante mort. — Placés d’abord sous la domination des métropolitains d’Éphèse, les évêques de Smyrne devinrent plus tard métropolitains à leur tour.

4° Bibliographie. — Lequien, Orieris christiamts t.i, p. 737-740 ; t. iii, p. 1075 ; von Prokesch-Osten, Denkwûrdigkeiten und Erinnerungen aus dem Orient, Stuttgart, 1836-1837, t. ii, p. 157-165 ; von Schubert, Reise in das Morgenland, in-8°, Erlangen, 1838, t. i, p. 272-283 ; Hamilton, Researches in Asia Minor, in-8°, Londres, 1842, t. i, p. 44-95 ; Texier, Asie Mineure, description géographique, historique et archéologique des provinces et des villes de la Chersonèse d’Asie, in-8°, Paris, 1862, p. 302-308 ; Curtius, Beitrâge zur Geschichte und Topographie Kleinasiens, in-8°, Berlin, 1872 ; von Scherzer, Smyrna, mit besonderer Rùcksicht auf die geograph. , wirlhschaftlich. und intellektuellen Verhâltnisse von Vorder-Asia, in-8°, Vienne, 1873 ; 1e édit. en français, Leipzig, 1880 ; W. M. Ramsay, Historical geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1882, p. 107109, 115-116 ; Id., The Letters to the seven Churches of Asia, in-8°, Londres, 1904, p. 251-267 ; Georgadès, Smyrne et l’Asie Mineure au point de vue économique, in-8°, Paris, 1885 ; Rougon, Smyrne, situation commerciale et économique, in-8°, Paris, 1892 ; Le Camus, Les sept Églises de l’Apocalypse, in-4°, Paris, 1896, p. 100-118 ; J. E. Ritchie, The Ciliés of the Daim, in-12, Londres, 1897, p. 71-76. L. Fillion.

SOAM (hébreu : Sôham ; Septante : ’Itjoôjn.), lévite de la descendance de Mérari. Il vivait du temps de David. I Par., xxiv, 27. Les familles mérarites mentionnées dans ce chapitre, 26-27, ne figurent pas dans la liste du ch. xxiii, 21-23, et elles paraissent incomplètes.

SOAR (hébreu : Sôl.iar ; Sepiante : 2aàp), cinquième fils de Siméon. Exod., VI, 15. Son nom est écrit, par la Vulgate, Sohar dans Genèse, xlvi, 10, et Zara, I Par., iv, 24." — Un Héthéen, qui porte le même nom en hébreu, est appelé dans la Vulgate Séor. Gen., xxiii, 8 ; xxv, 9. Voir Séor, col. 1613.]

SOBA (hébreu : Sôba’, I Sam., xiv, 47 ; II Sam., x, 6, 8 ; Sôbdh, II Sam., viii, 3, 5 ; xxiii, 36, etc. ; Septante : Eouëa), territoire de Syrie qui formait un royaume particulier dans les premiers temps de l’établissement de la monarchie en Israël. La position exacte et les limites en sont difficiles à déterminer. Son nom complet est Aram Soba.II Reg. (Sam.), x, 6, 8 (Vulgate : Syrùm Soba) ; Ps. lx (lix), 2 [1] (Vulgate : et Sobal). Le nom du royaume de Soba lui venait probablement de sa capitale. De l’ensemble des textes bibliques, comparés avec les documents cunéiformes, on peut conclure que le royaume de Soba était au nord de la Palestine, entre l’Euphrate à l’est et l’Oronte à l’ouest. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 122 ; Id., Die Keilinschriften und das alte Testament, ^ édit., p. 172, 182, 580. Cf. I Par., xviii, 3. — Soba est nommée pour la première fois dans l’Écriture au temps de Saiil. Ce prince combattit avec succès contre les rois de Soba, mais nous n’avons aucun détail sur la guerre qu’il leur fit. 1 Sam. (Reg.), xiv, 47. David fit aussi une première campagne contre Adarézer, roi de Soba, le battit vers Émath et emporta un butin considérable. II Sam., viii, 4, 12 ; I Par., xviii, 3-4. Une seconde campagne, qu’on ne peut guère confondre avec la précédente, voir Adarézer, t. i, col. 212, quoique quelques interprètes l’aient supposé, amena de nouveau la défaite du roi de Soba, qui avait reconstituéson armée et avait porté secours aux Ammonites. Joab remporta sur les Syriens de Soba une première victoire. II Sam., x ; 6-14 ; I Par., xix, 6-15. Le roi de Soba fit alors appel aux Syriens qui étaient à l’est de l’Euphrate et rassembla une armée puissante, placée sous le com-. mandement de Sobach ou Sophach. Pour en triompher, David rassembla « tout Israël », passa le Jourdain et les atteignit à Hélam (voir-HÉLAM, t. iii, col. 564), où. il défit complètement tous les Syriens. II Sam., IX, 1519 ; I Par., xix, 16-19 ; Ps. lx, 1. — Le nom de Soba n’apparaît plus qu’une fois dans l’Écriture. Razon, fils d’Éliada, qui s’était emparé de Damas à la tête d’une bande, avait appartenu à l’armée d’Adarézer, roi de Soba. Voir Razon, t. v, col. 995. « Il fut ennemi d’Israël pendant toute la vie de Salomon. » III Reg., xi, 23-25.

— Un des braves qui avaient rejoint David, pendant qu’il fuyait la persécution de Saûl, Igaal, était fils de Nathan de Soba. II Sam. (Reg.), xxiii, 36. Voir Igaal, , t. iii, col. 833. Voir aussi Sobal 3.

_ SOBAB (hébreu : Sôbdb), nom de deux Israélites. Sôbab signifie « réfractaire, rebelle ». Is., lvii, 7 ; Jer., iii, 14, 22.

1. SOBAB (Septante : EûSâê), un des fils du roi David, le second nommé de ceux qui lui naquirent à Jérusalem. II Sam. (Reg.), v, 14 ; I Par., iii, 5 ; xiv, 4.

2. SOBAB (Septante : 20uê16 ; Alexandrinus ; 2wt5àS), le second nommé des trois fils que Caleb, fils d’Hesron, eut de sapremière femme Azuba. IPar., ii, 18.

    1. SOBACH##

SOBACH (hébreu : Sôbak ; Septante : Ztùêix), général qui commandait les troupes d’Adarézer, roi de Soba, à la bataille d’IIélam, où il fut battu par David. Voir Soba, col. 1814. Il succomba sur le champ de bataille. II Sam. (Reg.), xix, 16, 18. Dans le passage parallèle, I Par., xix, 16, 18, son nom est écrit : Sophach. Voir Sophach, col. 1835.

    1. SOBAÏ##

SOBAÏ (hébreu : Sôbaï ; Septante : Swêai), chef d’une famille de lévites, portiers du Temple, dont les descendants revinrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 42 ; H Esd., vii, 46 (hébreu, 45).

    1. SOBAL##

SOBAL (hébreu : Sôbdl ; Septante : SwëâX), nom d’un Horréen et d’un Israélite. Sobal est aussi écrit une fois pour Soba, Ps. lx (lix), 1 (2) et dans la version latine du livre de Judith, iii, 1, 14.

1. SOBAL, le second des sept fils de Séir l’Horréen. Gen., xxxvi, 20 ; 1 Par., i, 38. Il eut lui-même cinq fils, Gen., xxxyi, 23 ; I Par., i, 40, et il fut un des chefs Çallûf) d’Édom. Gen., xxxvi, 29.

2. SOBAL, fils aîné de Caleb, fils d’Hur, de la tribu de Juda ; « père » c’est-à-dire fondateur ou restaurateur de Cariathiarim. I Par., ii, 50, 52. Il eut pour fils Raïa, iv, 1-2.

3. sobal, mentionné dans la traduction latine de Judith, iii, 1, 14, est le royaume de Soba en Syrie. Voir Soba, col. 1814. Son nom ne se lit pas dans le texte grec. — Sobal est aussi pour Soba dans le titre du Ps. lx (lix), 1 (2). Voir col. 1814.

SOBBOCH Ai’(hébreu : Sibkaï ; Septante : .2060x « î ; Alexandrinus : Eo6ëoxa’)i un des vaillants guerriers de David, I Par., xi, 29. Son nom est écrit ailleurs Sobochaï. Voir ce nom.

    1. SOBEC##

SOBEC (hébreu : Sôbêk ; Septante : SwSéx), un des chefs du peuple qui signèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie. II Esd., x, 24.

SOBI (hébreu : Sôbî ; Septante : OCs<j61)> fll s de Naas, de Rabbath Ammon. Lorsque David s’enfuit de Jérusalem, au moment de la révolte d’Absalom, Sobi fut le premier, avec quelques autres, à lui apporter à Mahanaïm (Vulgate : castra) des objets de campement et des vivres. II Sam. (Reg.), xvii, 27-29.

    1. SOBNA##

SOBNA (hébreu : Sebnâ" ; dans IV Reg., xviii, 18, 26 ; xix, 2, Sebnâh ; Septante : Soavâ ?), personnage de la cour du roi Ézéchias. Son père n’est pas nommé, contrairement à l’usage, ce qui a fait supposer qu’il était d’origine étrangère. Il fut d’abord intendant du palais royal, ’al-hab-bâî(. (La Vulgate traduit inexactement prœpositum templi.) Is., xxii, 15. Plus tard, Is., xxxvi, 3 ; IV Reg., xix, 2, un Sobna apparaît encore, mais comme secrétaire royal, ce qui a fait supposer à divers commentateurs qu’il y avait eu deux Sobna différents. D’après les uns, il n’y a pas lieu de les distinguer. La prophétie d’Isaïe, xxii, 15-25, contre l’intendant du palais, explique, disent-ils, comment de cette haute fonction il était descendu à la position inférieure de secrétaire royal. Il faisait sans doute, disent-ils, opposition à Isaïe et s’efforçait de détourner le roi de suivre les conseils du prophète, en s’appuyant sur l’Egypte pour résister à l’Assyrie. Isaïe lui reproche son luxe et ses chars magnifiques, ainsi que le fastueux tombeau, qu’il se faisait creuser dans le roc, et il lui annonce que l’intendance du palais lui sera enlevée et conférée à Éliacim, fils d’Helcias. Or, dans tous les passages postérieurs où l’Écriture parle de Sobna le secrétaire, Helcias, est mentionné avant lui. IV Reg., xviii, 18, 26, 37 ; xix, 2 ; Is., xxxvi, 3, 11, 22 ; xxxvii, 2. C’est là, assurent-ils, l’accomplissement de la prophétie : Sobna est descendu à un rang inférieur. — D’autres interprètes croient que la prophétie d’Isaïe, xxii, 15-25’, prédit un châtiment plus grave que celui d’un simple abaissement de rang et entendent d’un

autre Sobna tous les passages des Rois et d’Isaïe où il est question du secrétaire. Voir Éliacim 1, t. ii, col. 1666.

    1. SOBOBA##

SOBOBA (hébreu : Sôbêbâh ; Septante : SaêaOi ; Alexandrinus : 2a>gir|6dt), second fils (ou peut-être fille) de Cos de la tribu de Juda. I Par., iv, 8.

    1. SOBOCHAÏ##

SOBOCHAÏ (hébreu : Sibkaï ; Septante : 2Ego-/â ; Sooay.ai), un des vaillants soldats de David, nommé le huitième parmi les trente. I Par., xi, 29. II est appelé Husathite, parce qu’il était originaire de Husat ou Husati. Voir Husathite, HusATi, t. iii, col. 784. Il descendait de Zara, fils de Juda et de Thamar. I Par., xxvii, 11. David en fitle chef du huitième corps de son armée, composé de 24000 hommes et chargé du service pendant le huitième mois de l’année. I Par., xxvii, 11. Il s’était particulièrement distingué dans une guerre contre les Philistins, dans laquelle il avait tué Saphaï de la race des Raphaïm. I Par., xx, 4. On admet assez généralement que Mobonnaï, voir t. iv, col. 1478, malgré la différence orthographique, II Sam. (Reg.), xxm, 2, est le même que Sobochaï.

SOBRIÉTÉ. Voir Tempérance.

    1. SOCCOTH##

SOCCOTH, orthographede Socoth dansNum., xxxiii, 5 (voir Socoth 1), et dans Jud., vm (voir Socoth 2).

    1. SOCHO##

SOCHO (hébreu : Sôkô, Sôkôh), nom de deux villes delà tribu de Juda. Une troisième localité de ce nom dans la Vulgate, I Reg., xix, 22, s’appelle en hébreu has-Seku.

1. SOCHO (Septante : Saw/^) 20x-/a16, So^wû), ville de la tribu de Juda, dans la Séphélah. Elle est mentionnée entre Adullamet Azéca.Jos., xv, 35. — 1° D’après YOnomasticon, édit. Larsow et Parthey, p. 343, Socho était à neuf milles romains ou à un peu plus de 13 kilomètres d’Éleuthéropolis sur la route de Jérusalem. On identifie Socho avec le Khirbet Schoueikêh, au sud d’Azéca. « Sur un plateau oblong, dit V. Guérin, Judée, t. iii, p. 332, s’élevait jadis une petite ville, dont il ne reste aujourd’hui que des ruines. J’aperçois partout des caveaux creusés dans le roc, qui formaient autrefois le sous-sol d’autant de maisons. Beaucoup de citernes, pratiquées également dans le roc, sont, les unes à sec, les autres encore pleines d’eau. À l’époque d’Eusèbe et de saint Jérôme, comme cela résulte de l’Onomasticon, elle s’appelait Socchoth et était formée de la réunion de deux villages, l’un supérieur, et l’autre inférieur. J’ai signalé les débris du premier sur le plateau de la colline de Choueikéh, le second, qui s’étendait probablement sur les flancs ou au pied de cette même colline, a été complètement rasé ; on n’y voit plus que quelques cavernes pratiquées dans le roc. s — Il y avait une autre ville du même nom dans le district montagneux de la tribu de Juda. Voir Socho 2.

2° C’est entre Socho et Azéca que campaient les Philistins quand David combattit Goliath, du temps de Saûl. Les Israélites se trouvaient dans la vallée du Térébinthe. I Reg., xvii, 1-3. Voir Goliath 1, t. iii, col. 268. — Socho fut une des villes que fortifia Roboam après le schisme des dix tribus, pour se mettre en état de résister à l’invasion égyptienne. II Par., xi, 7.

— Sous le règne du roi Achaz, cette place tomba au pouvoir des Philistins qui s’y établirent. II Par., xxviii, 18. Après cette époque, son nom n’apparaît plus dans l’Écriture.

2. SOCHO (Septante : Sco/â), ville située dans la partie montagneuse de la tribu de Juda, aujourd’hui Khirbet Schoueikêh. Jos., xv, 48. Elle est nommée

après SamiretJéther. On en retrouve les ruines à seize kilomètres au sud-ouest d’Hébron. « Ces ruines considérables couvrent les flancs de deux collines que sépare un ravin. Le nombre et la direction des rues de cette ancienne cité sont faciles à reconnaître. Beaucoup de maisons sont encore debout. Elles affectent toutes la même forme, … celle d’un carré ou d’un rectangle couronné extérieurement par une terrasse plane et voûté à l’intérieur, la voûte étant soit cintrée, soit légèrement ogivale. Les portes d’entrée sont ordinairement rectangulaires et consistent en deux pieds droits supportant un linteau monolithe ; plusieurs aussi sont cintrées.' Des citernes et des magasins souterrains pratiqués dans le roc abondent de tous côtés et sont pour la plupart assez bien conservés. Les débris de deux mosquées bâties en belles pierres de taille et qui ont remplacé deux églises chrétiennes attestent que cette localité a joui encore d’une certaine importance depuis l’invasion musulmane. Au nord s'étendait une espèce de faubourg dont il ne reste plus qu’une trentaine d’habitations renversées, plusieurs citernes et un bîrket. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 201. Socoth de la montagne de Juda n’a joué aucun rôle dans ce que nous connaissons de l’histoire sainte.

3. SOCHO (hébreu : has-Sekû ; Septante : 2e ?i)> localité où se trouvait une grande citerne et où Saûl, à la poursuite de David et de Samuel, demanda de leurs nouvelles aux gens du pays qui lui répondirent qu’ils étaient à Naïoth. I Sam. (Reg.), xix, 22. D’après le contexte, cette citerne était dans les environs de Rama ; elle pouvait être dans la ville même de Socho ou dans le voisinage. On a proposé diverses identifications, près de Gabaon, près d’el Biréh, etc., mais aucune n’est satisfaisante et le site de Sekû est inconnu.

    1. SOCHOTH##

SOCHOTH, orthographe de Socoth dans la Vulgate, III Reg., vii, 46, et II Par., iv, 17. Voir Socoth 2.

    1. SOCHOTH-BENOTH##

SOCHOTH-BENOTH (hébreu : Sukkôp Benôf, Septante : Smh^ùjô Bevi’O), idole que les Babyloniens transportés en Samarie par les Assyriens continuèrent à adorer dans le lieu de leur exil. IV Reg., xvii, 30. Avant les découvertes assyriologiques, les commentateurs traduisaient ces deux mots comme s’ils étaient hébreux : « les tentes des filles », et y voyaient une allusion à la coutume infâme dont parle Hérodote, i, 199, et d’après laquelle à Babylone les jeunes filles devaient se prostituer une fois en leur vie en l’honneur de la déesse Milytta, à la fête des Sacées. Cf. Strabon, XI, viii, 5. Voir Calmet, Dictionnaire de la Bible, Socoth Benoth, édit. Migne, t. iv, col. 593 ; Fr. Lenormant, Manuel d’histoire ancienne de l’Orient, t. ii, p. 249 ; Id., Commentaire de Bérose, p. 167-174. L’analogie porte à croire que Sukhôf benôp cache un nom de divinité comme tous les autres noms propres énumérés IVReg., xvii, 30-31. H. Rawlinson suppose (dans G. Rawlinson, Herodotos, 3e édit., note, t. i, p. 654), qu’il faut reconnaître dans les mots hébreux, auxquels on a donné un sens dans cette langue, selon une tendance linguistique bien connue, la déesse Zarbanit (cf. la transcription des Septante), épouse du dieu Mardouk, laquelle était en effet spécialement adorée à Babylone. Cf. Jensen, Literarisches Centralblatt, 1896, n. 50, col. 1803 ; E. Schrader, Succoth -Benoth, dans E. A. Riehm, Bandwôrterbuck biblischen Altertums, 2e édit., t. ii, p. 1600.

1. SOCOTH (hébreu : Sukkôf ; Septante : Soxxtie), premier campement des Israélites en Egypte, lorsqu’ils partirent pour aller à la conquête de la Terre Promise. Exod., xii, 37 ; xiii, 20 ; Num., xxxiii, 5-6 (Vulgate : Soccoth). Le district de Phithom et Phithom lui-même

portent sur les monuments égyptiens le nom de Teku, c’est-à-dire Sukkôt. Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 222, 405. Moïse mit à profit la halte de Socoth pour fixer les détails de la marche et attendre ceux des Israélites qui y venaient rejoindre leurs frères avant de se mettre en marche vers Étham à la frontière du désert. Voir Phithom, col. 321.

2. SOCOTH, soccoth (hébreu : Sukkô}, « tentes » ; Septante : SxYjvat, Gen., xxxiii, 17 ; Eox/wÔâ, Jos., xiii, 27 ; 20y.y_<19, Jud., viii, 5, 6, 7, 8, 14, 15), localité à l’est du Jourdain. La Genèse, xxxiii, 17, raconte que Jacob, à son retour de Mésopotamie, s’arrêta en ce lieu, y bâtit pour lui une maison et y dressa des tentes ou plus exactement des cabanes de feuillages (sukkôt) pour abriter ses troupeaux, d’où le nom de Sukkôt, Socoth, qui lui fut donné. — Les divers passages de la Bible qui mentionnent Socoth la placent toujours à l’est du Jourdain. Jos., xiii, 27, nous apprend qu’elle avait fait partie du royaume de Séhon et qu’elle fut donnée en

405. — Plan de Deir’AUa (Socoth) et de Talûl edh-Dhahab. D’après S. Merrill, East of the Jordan, 1881, p. 390.

partage à la tribu de Gad. — Lorsque Gédéon, après avoir vaincu les Madianites, poursuit les fugitifs, il passe à Socoth après avoir traversé le Jourdain. Jud., vin. Voir Gédéon, t. iii, col. 148. (La Vulgate écrit le nom Soccoth dans Jud., vm.) La vengeance qu’il tira des habitants de la ville, qui lui avaient refusé des vivres est, avec le passage de Jacob, le seul fait connu de son histoire. Socoth est encore nommée III Reg., vu, 46 (Vulgate : Sochoth), et II Par., iv, 17 (Vulgate : Sochot), pour déterminer l’emplacement de la vallée (kikkar) du Jourdain où l’on trouvait le terrain argileux qui fut choisi pour faire fondre les vases d’airain du temple de Salomon. Voir Sarthan, col. 1494. Les Psaumes lx, 8, et cviii, 8 (Vulgate : lix, 8 ; cvii, 8, convallis tabernaculorum), mentionnent la vallée de Socoth. Josué, Mil, 27, nous apprend que Socoth, avec Bétharan, Béthnemra et Saphon, était en effet, dans une vallée ou plaine (hébreu : 'émég), qui devait être d’une certaine étendue, puisqu’elle contenait plusieurs villes, dans le voisinage du Jourdain. — Parmi les diverses identifications qu’on a proposées de l’ancienne Socoth, l’une des plus récentes est celle de Tell Deir’ala, à un kilomètre environ au nord du Jaboc. Ce nom rappelle celui de nbrn, ou nSj-in, donné à Socoth par le Talmud de Jérusalem, Schebiith, vi, 2, qui dit : « Le nom moderne de Succoth est Taréla. » Le Talmud de Jérusalem, trad. M. Schwab, t. ii, 1878, p. 415. Le Tell Deir’ala est une colline artificielle d’environ 20 mètres de hauteur (fig. 405). Voir Selah Merrill, East of the Jordan, 1881, p. 387 ; Conder, Heth and Moab, 1889, p. 183 ; Id., Palestine, 1889, p. 261 ; G. A. Smith, Bistorical Geography of the Holy Land, 1894, p. 585. L’identification est contestable, mais on peut admettre que Socoth était dans ces parages. Voir Phanuel, col. 185.

1. SODI (hébreu : Sôdî ; Septante : Σουδί de la tribu de Zabulon, père de Geddiel. Ce dernier fut un des douze espions que Moïse envoya dans la Terre Promise pour l’explorer. Num., xiii, 10.

2. SODI (grec : Σούδ, « rivière », c’est-à-dire canal de Babylonie sur les bords duquel habitaient une partie des Juifs qui avaient été emmenés en captivité à Babylone. Baruch, i, 4. Nous savons que la Babylonie était arrosée par un réseau de canaux dérivés de l’Euphrate qui portaient des noms particuliers, dont quelques-uns ont été retrouvés dans les documents cunéiformes. Nous ignorons quelle était l’orthographe sémitique de Sodi, le sigma étant en grec le transcription de plusieurs sifflantes assyriennes et hébraïques.


SODOMIE (hébreu : Sedôm ; Septante : Σόδομα, la principale des cinq villes de la vallée fertile de Siddim, qui fut engloutie dans la catastrophe de la mer Morte du temps d’Abraham. Voir Pentapole, col. 46-50. Elle était située dans une vallée à laquelle sa température tropicale assurait la plus grande fertilité, et ses habitants, vivant dans l’abondance, s’étaient laissé aller à tous les excès de la corruption : ils s’abandonnaient aux crimes contre nature les plus honteux, et ils attirèrent sur eux la vengeance du ciel. Gen., xiii, 13 ; xviii, 20 ; xxi, 4-5 ; cf. Is., iii, 9 ; Ezech., xvi, 49. Ils ne sont pas comptés parmi les habitants de la terre de Chanaan, Gen., x, 19 ; xiii, 12, mais leurs mœurs étaient encore plus corrompues que celles des Chananéens. Dieu les châtia d’abord par l’invasion de Chodorlahomor, roi d’Élam, et de ses alliés. Voir Chodorlahomor, t. ii, col. 711. Le roi de Sodome et les quatre autres rois de la Pentapole furent battus dans la vallée de Siddim ; celui de Sodome et celui de Gomorrhe périrent dans la bataille et Lot, neveu d’Abraham, que la fertilité de Sodome avait attiré dans le pays, lorsque le nombre de ses troupeaux l’avait fait se séparer de son oncle, fut fait prisonnier et emmené par les vainqueurs. Il dut sa délivrance à son oncle qui poursuivit et battit les confédérés près de Laïs (Dan) au nord de la Palestine. Gen., xiv. Voir Abraham, t. i, col. 77 ; Lot, t. iv, col. 364. — Ce châtiment fut insuffisant pour convertir les habitants de Sodome. Lot y était revenu ; la corruption y augmentait de jour en jour. Dieu révéla à Abraham par ses anges, qu’il reçut avec honneur, que Sodome allait être détruite. Le saint patriarche obtint d’eux la promesse que la ville serait épargnée, s’il s’y trouvait dix justes, mais ils ne s’y trouvèrent point. Lot donna l’hospitalité aux anges, et s’efforça de les défendre contre la brutalité des passions des habitants ; ceux-ci n’exécutèrent point leurs criminels desseins, parce que les envoyés divins les frappèrent de cécité. Lot échappa à la ruine de la ville en fuyant avec sa femme et ses filles à Ségor, pressés par les anges de se mettre en sûreté. Du lieu de leur retraite, ils virent Sodome périr par le soufre et le feu. Gen., xviii-xix. Nous retrouvons l’écho de cette terrible catastrophe dans un grand nombre de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Deut., xxix, 33 ; xxxii, 32 ; Is., i, 9, 10 ; iii, 9 ; xiii, 19 ; Jer., xxiii, 14 ; xlix, 18 ; l, 40 ; Lam., iv, 66 ; Ezech., xvi, 46-56 ; Amos, iv, 11 ; Soph., ii, 9 ; Matth., x, 15 ; xi, 23, 24 ; Luc, x, 12 ; xvii, 20 ; Rom., ix, 29 ; II Petr., ii, 6 ; Judœ, 7 ; cf. Apoc, xi, 8. La main de Dieu se manifesta ainsi d’une manière visible dans le châtiment des villes coupables. Il se servit d’éléments naturels pour les frapper miraculeusement en faisant tomber sur elles une pluie de soufre et de feu et en enflammant sans doute les puits de bitume dont était remplie la vallée de Siddim, Gen., xix, 24 ; cf. xiv, 10, de sorte que le ciel et la terre tout à la fois servirent à leur punition et à leur ruine, « leçon terrible donnée aux impies. » I Petr., ii, 6 ; cf. Judœ, 7. Cf. aussi Josèphe, De bell. jud., IV, viii, 4 ; Strabon, XVI, ii ; Tacite, Hist., v, 5.

La mer Morte ne dut pas son apparition au désastre des cités criminelles, comme on l’a cru longtemps. D’après les travaux et les recherches modernes, elle existait déjà avant l’époque d’Abraham, mais à ce moment, elle engloutit la région où avaient fleuri Sodome et Gomorrhe et s’agrandit ainsi dans sa partie méridionale. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1306-1309. — Les opinions sur le site des villes de la Pentapole sont très diverses ; il paraît cependant tout à fait vraisemblable qu’elles étaient vers l’extrémité sud-est du lac, précisément dans cette partie dont l’origine paraît plus récente. C’est là qu’était située la ville voisine de Ségor où se réfugia Lot. Gen., xix, 20. C’est aussi dans ces parages que la tradition plaçait la statue de sel de la femme de Lot. La ville de Sodome devait avoir son emplacement dans une partie de la plaine qui fut submergée par l’envahissement des eaux et qu’il est impossible de déterminer aujourd’hui d’une manière précise. —

Sur la pomme dite pomme de Sodome, voir Jéricho, t. iii, col. 1291.


SODOMITES (hébreu :’Anṣê Sedôm ; Septante : οἱ ἐν Σοδόμοις), habitants de Sodome. Gen., xiii, 13.