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ANGOISSE modifier

Ancien français modifier

Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle modifier

1. ANGOISSE, anguoisse, anguisse, angousse, angousce, angouche, engousse, angusse, s. f.,

lieu resserré, défilé :

Li fiz estrauge se sunt partid e en lur anguisses serrunt estreciez. (Rois, p. 209, Ler. de Lincy.) Lat. : Contrahentur in angustiis suis.

— Action de serrer, de presser, étreinte, qualité de ce qui serre trop, de ce qui est trop étroit :

De l’ engosse des nefs angoisse mer forment.

(Destr. de Rome, 387, Krœber.) Ms., engusse.

Sur qui sone estresee o angoisse seneste ceus qui, nule fois ne lievent leur cuer a l’ampleté del ciel, mes en l’ angoisse et en l’estresceté de la terre metent leur entente. (Comm. s. les Ps., Richel. 963, p. 229a.)

Et li prestes ert sus la dame,
Qu’il la tenait en tel engoisse...

(Fabl., ms. Berne 354, f° 158a.)

Tousjours pechent les Françoys en la strictute, angoisse ou lacheté aussi en la briefveté ou longueur des vestemens. (Mer des chron., f° 108 r° éd. 1532.)

Ils furent surprins et enclos dedans l’angoisse et strictitude des chemins. (Ib., f° 50 v°.)

— Oppression, exaction :

Hé Diex ! mout seront ore cii vil matin foulé,
Qui ont por lor angoisse le monde triboulé.

(Le Conteuz dou monde, Richel. 1593, f° 142d.)

— Rigueur, violence, colère, dépit, rage :

Cil feri lui par tel engousce,
Qu’il abat lui et son ceval.

(L’Atre per., Richel. 2168, f° 2d.)

D’ire et d’ engousce fu plains.

(Du Secretain, Richel. 2168, f° 89e.)

Lors fiert de grant engouse plainne.

(Rose, Vat. Chr. 1858, f° 75b.)

L’ anguisse du froit de l’hyver s’esvanuy. (J. Vauquelin, Trad. de la Chron. de de Dynter, iv, 61, Xav. de Ram.)

— Entreprise épineuse :

Asses a mal, peine et contraire De l’ angousse qu’il a emprise.

(Amadas et Ydoine, Richel. 375, f° 315g.)

— Employé à peu près comme le mot peste, pour désigner un homme tourmentant, insupportable :

Avez oi de chel angouche ?
Fineroit il ore jamais ?

(J. Bodel, Li jus de saint Nicholai, Th fr. au m. â., p. 194.)


2. ANGOISSE, adj., f., angoisseuse, dans l’angoisse :

S’en est angoisse et destroite
Quar de cel qu’ele covoite
Ne set a cui conseiller.

(Cliget, Richel. 1420, f° 42c.)

1655 - Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises de Jacques Borel modifier

Angoisses. C’est un lieu de Limosin, d’où est venu le nom de poire d’angoisse, et non pour avoir mauvais goust, et estre rude au gosier, comme a fort bien remarqué Ménage.

Angoissels. Angoisseux. Perceval.)

1768 - Dictionnaire de l’ancien langage françois modifier

Angoiz, Anglioiz, Anglez, créancier, creditor.

Et aujourd’hui je fais solliciter
Tous mes anglez pour mes debtes parfaire,
Et le payement entier leur satisfaire.
Un bien petit de prés me venez prendre
Pour vous payer, & si devez entendre
Que ne vi oncques anglez de votre taille,
Car à tous coups vous criez, baille, baille.Marot.

Angoissel, dur, fâcheux, molestus.

Angoisseux, triste, chagrin, morosus.

Angor, un anchre, anchora. Ce mot est Celtique.

Angustie, détresse, indigence, angor.

1875 - Dictionnaire de Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye modifier

Angoisse, subst. fém. Etreinte. Oppression, exaction, impôt. Souffrance, douleur, détresse. Colère, dépit, rage. On pourroit dire que l’énergie du mot angoisse, l’a sauvé de la proscription dans laquelle on l’avoit enveloppé, vers le milieu du XVIIe siècle. (Voy. Goujet, Biblioth. Fr. T. XVI, p. 46 et 47.) Peut-être reconnoitra-t-on le mot latin angustia, dans les orthographes anguisse, angusce, angousce, en italien angoscia. Anciennement, tenir en angoisse signifioit étreindre, serrer étroitement.

Li Vilains alla vers sa fame ;
Et li Prestes ert sus la Dame,
Qu’il la tenoit en tel engoisse, etc.
Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 158, R° col. 1.

On opprime les hommes en leur faisant supporter des impôts, qui les mettent à l’étroit, ou en presse. De là, l’acception figurée d’angoisse ; exaction, impôt, oppression. (Voyez D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. II, col. 225.)

Sur toutes gens seront cil usurier boulé,
Qui ont l’avoir aus poures sorbi et angoulé.
Hé, Diex ! mout seront ore cil vil mâtin foulé,
Qui ont par lor angoisse le monde triboulé.
Fabl. MS. du R. no 7615, T. II, fol. 142, V° col. 2.

L’innocence de Joseph fut opprimée. Dieu punissoit les prévarications de son peuple, en le livrant à l’oppression. Il semble donc qu’on ait dit dans le sens général d’oppression : « Ore est venuz li jur que nus sumes en anguisse, e que nostre Sires nus chastied. » (Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 145.) « Joseph el tens de s’anguoisse, si garda le commandement de Deu, et por co fut fait Sire de Égypte. » (Livres des Machabées, MS. des Cordel. fol. 158, R° col. 2.)

La Nature est, pour ainsi dire, en presse et respire avec peine sous le poids des maux physiques et moraux qui l’oppriment. De là, le mot angoisse aura signifié en général : 1o souffrance, douleur du corps : « Adam, pur ceo qe tu as guerpi mes comandementz…. te mettrai sur ton cors sesaunte e dis plaies de divers dolors… Lors s’escria Adam, en plorant, e si dist : Allas, cheitif malaventorus ! qe ferai qe jeo sui passé en si grant dolour, e en si grant anguisse. » (Hist. de la Ste  Croix, MS. p. 7 et 8.) « Il seignoit de tous costés, qui estoit une angoisse importable. » (Aresta Amor. p. 209.) On a juré par les angoisses Dieu. (Farce de P., p. 40.)

Traïz fu et jugiez à tort,
Et soffrir engoisse de mort.
Rom. de Perceval, MS. de Berne, no 354, fol. 212, V° col. 1.

2o Souffrance, douleur de l’âme, serrement de cœur. On a dit en ce sens, angoisse de cueur. (Chron. St Denys, T. I, fol. 216.) « Furent moult oppressés d’angoisse et de compassion. » (Joinville, p. 47.) On est oppressé, l’on étouffe de colère comme de douleur. Ainsi le mot angoisse a signifié colère, dépit, rage.

. . . . D’ire et d’angousce fu plains.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 89, V° col. 1.

C’est en ce même sens qu’on a dit, tressuer d’angoisse. (Percef. Vol. V, fol. 112. — Voy. Angoine.)

La Chronique manuscrite de Geoffroy, moine de Vigeois, atteste que dans Angoisse, village près de l’abbaye de St Iriez en Limousin, on appeloit en 1094, du nom de ce village, poires d’angoisse, une espèce de poires sauvages, en latin fructus piri agrestis. La poire d’Angoisse est aujourd’hui très-douce au goût. Mais quand la culture n’en auroit pas adouci l’âpreté naturelle, on craindroit encore de se tromper en disant avec Ménage, que « les poires qui prennent à la gorge, les poires d’angoisse, ont été ainsi nommées d’un village du Limousin, appelé Angoisse. » (Voy. Ménage, Dict. étym. — Borel, Dict. — Dict. de Trévoux.) Il semble que c’est chercher trop loin l’origine d’une dénomination qui paroit ne remonter qu’au XVe siècle, et dans laquelle le mot angoisse dont le sens est analogue à celui d’étranguillon, désigne si naturellement l’effet de l’âpreté d’un fruit qui prend à la gorge[1]. Les poires ou pommes d’angoisse sont des pommes ou poires causant l’estranguillon ; en en latin, anginaria poma. (Voy. Cotgrave, Nicot et Monet, Dict. — Dict. de l’Acad. Fr.) La signification figurée de poire d’angoisse est la même aujourd’hui que dans le XVe siècle. Le Poëte Villon se plaignoit de ce qu’en prison, il avoit mangé mainte poire d’angoisse. (Voy. Id. p. 40. — Molinet, p. 122.)

... Il n’a que poires d’angoisse
Au matin pour se desjeuner,
Qui tant le refroidist et froisse
Qu’il ne peut santé recouvrer.
Poës. de Charles D. d’Orléans, MS. du R. p. 43, col. 3.

variantes :
ANGOISSE. Orth. subsist. — Chron. St  Denys, Rec. des Hist. de Fr. T. V, p. 311. — Aresta Amor. p. 19. — Cotgrave, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.
Angoesse. Joinville, p. 47.
Angouche. Dits de Baudoin de Condé, MS. de G. fol. 304.
Angousce. Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 65, R° col. 1.
Angouse. Anc. Poës. fr. MS. du Vatic. no 1490, fol. 101, R°.
Angousse. Psautier, MS. du R. no 7837, fol. 146, R° col. 1.
Anguisse. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 36, R° col. 2. — Vie de Ste  Katerine, MS. de Sorbe chif. LX, col. 37.
Anguoisse. Livres des Machabées, MS. des Cordel. fol. 158.
Angusce. Athis, MS. fol. 99, V° col. 2 ; var. du MS. du Roi.
Engoisse. Rom. de Perceval, MS. de Berne, no 354, fo 212.
Engosse. Athis, MS. fol. 29 ; var. du MS. du Roi.
Enguisse. D. Carp. Sup. G. I. de Du Cange, T. II, col. 225.

Angoisser, verbe. Serrer de près, presser, opprimer. Presser, importuner, faire souffrir, affliger. Etouffer. On voit que ces acceptions du verbe angoisser, anguiscier, en latin angustiare, sont relatives à celles du substantif angoisse, anguisce. (Voy. Angoisse ci-dessus.)

Au premier sens, il signifioit opprimer. « La poeste as Reis ki mult vus travaillèrent e anguissèrent, etc. » (Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 12.) C’est une extension d’acception serrer de près, presser, proprement mettre à l’étroit.

... Son ami véoit à pié,
Et de mains homes anguiscié :
Si n’i osa plus atargier ;
Ains li mena le bon destrier, etc.
Athis, MS. fol. 110, V° col. 1 ; var. du MS. du Roi.

La signification de ce verbe est presser, importuner, tourmenter, dans ce passage. « Moult fu angoissiés par prière, que aucune chose en pressist. » (Chron. d’outre-mer, MS. de Berne, no 113, fol. 159. — Voy. Angoisseus.) On désignoit en général par le verbe angoisser, l’effet des passions physiques et morales qui nous pressent, qui nous font souffrir et nous affligent. (Voy. Angoisseus et Angoisseusement.)

Ne lui anuia pas cist mès
Por la fain qui formant l’angoisse.
Rom. de Perceval, MS. de Berne, no 354, fol. 213, V° col. 2.

... Cil cui jalosie engoise,
Cuidiez, fait-il, ne vos conoise ?
Ibid. fol. 214, Vo col. 1.

Péchiez me destraint et anguisse.
L’A. B. C. de Plantefolis, MS. de Gaignat, fol. 291, V° col. 3.

Amors est mestre qui me duist,
Qui dedens le cors m’art et cuist.
Il m’aprent tote sa nature,
Et si m’angousce sans mesure.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 63, V° col. 2.

On est pressé de faire une chose, par l’instinct, par un désir naturel ou réfléchi. De là, on a dit :

.....Ces oysillons escoutant
Qui de chanter moult s’engoissoient
Par ces buissons qui florissoient, etc.
Rom. de la Rose, vers 104-106.

.... Despiecent pastez et froissent :
Le Dame et li Prestres s’angoissent
De verser vin à grand foison.
Fabl. MS. de St  Germ, fol. 65, Vo col. 1.

D’assaillir l’un l’autre s’angoissent.
G. Guiart, MS. fol. 348, Vo.

Enfin, dans un sens analogue à celui d’angoisse, colère, étouffement, le verbe neutre angoisser a signifié étouffer. « De tant luy angoissa plus le cueur de despit et d’orgueil, de ce qu’il n’avoit pas apprins à recevoir telle honte. » (Chron. St  Denys, T. I, fol. 226, V°.)

variantes :
ANGOISSER. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 53, V° col. 2. — Chron. St  Denys, T. I, fol. 226, V°. — Sagesse de Charron, p. 34. — Cotgrave, Oudin, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.
Angoissier. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 27, V° col. 1.
Angouscer. Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 63, V° col. 2.
Angouscier. Ibid. fol. 56, R° col. 2.
Angousser. Froissart, poës. MSS. p. 193, col. 2.
Anguiscier. Athis, MS. fol. 110, V° ; var. du MS. du Roi.
Anguisser. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 12, R°.
Engoiser. Rom. de Perceval, MS. de Berne, fol. 214, V°.
Engoisser. Rom. de la Rose, vers 105.
Engosser. Fabl. MS. de S. Germ. fol. 80, V° col. 3.

Angoisseus, adj. Qui souffre. Qui fait souffrir. Qui presse, qui importune. On remarquera que la signification passive de l’adjectif angoisseus, formé du substantif angoisse, pris dans le sens général d’oppression, souffrance du corps, ou détresse de l’âme, est la plus ordinaire et peut-être la plus ancienne. « Quant vint le temps qe Eve devoit enfaunter, si fu mout anguissouse, e soffri mout grant travail e peyne. » (Hist. de la Ste  Croix, ms. page 2. — Voy. Angoisse ci-dessus.)

Moult sui destroiz et engoissex.
Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 85, Vo col. 2.

Mes cors en est moult angousos.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 51, Vo col. 1.

Pensis estoit et angousçous.
Ibid. fol. 50, Vo col. 2.

Dans le sens actif, angoisseus signifioit qui fait souffrir, qui cause de l’angoisse. (Cotgrave, Dict.)

D’angoisseulx deuil me veiz circonvenu.
Cretin, p. 38.

Il semble que l’acception d’angoisseus soit analogue à celle du verbe angoisser, presser, importuner, dans ces vers :

Et s’il trueve les poures angoisseus et constans,
Onques por ce ne soit d’aumosne repentans.
Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 335, Ro col. 2.

On trouvera peut-être aussi vraisemblable que le mot constant ait signifié importun. Alors, angoisseus seroit passif comme au premier sens.

variantes :
ANGOISSEUS. Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 117, R° col. 2. — Ibid. fol. 250, R° col. 2. — Monet, Dict.
Angoissels. Borel, Dict. — Dict. de Trévoux.
Angoisseulx. Cretin, p. 38.
Angoisseux. J. Marot, page 69. — Vigil. de Charles VII, part. 1re , p. 64. — Sagesse de Charron, p. 302. — Nicot. Dict.
Angoissos. Anc. Poët. Fr. MSS. av. 1300. T. III, p. 1031.
Angousçous. Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 50, V° col. 2.
Angouseus. Ibid. fol. 63, R° col. 1.
Angousos. Ibid. fol. 51, V° col. 1.
Anguissous. Hist. de la Ste  Croix, MS. p. 2.
Engoiseus. Rom. de Perceval, MS. de Berne, fol. 214, R°.
Engoisseux. Fabl. MS. de St  Germ. fol. 2, V° col. 2.
Engoissex. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 85, V° col. 2.

Angoisseusement, adv. Avec angoisse, avec douleur. Violemment. Extrêmement. On observera que la signification de l’adjectif angoisseus et de l’adverbe angoisseusement n’étoit pas moins générale que celle du verbe angoisser, souffrir, ou du substantif angoisse, souffrance. (Voy. ANGOISSER et ANGOISSE.) Peut-être faut-il lire engoisseusement au lieu d’engoisseurement, dans la Chron. MS. de G. de Nangis, an. 1335. La mesure exige qu’on lise angousseusement dans ces vers :

La bisse qui férue estoit,
Angoussement se plaignoit.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 48, V° col. 2.

Mout angousseusement se plaint.
Ibid. fol. 49, R° col. 1.

La flamme étroitement comprimée devient plus active et s’échappe avec une violence que l’adverbe angoisseusement paroit signifier dans ce passage : « Voit… dessoulz la chapelle une tumbe qui art si angoysseusement que le feu en volle… contre mont aussi hault comme une lance. » (Lanc. du Lac, T. II, fol. 7, R° col. 2.)

Dans un sens analogue, ce même adverbe désignoit figurément,

1o la violence d’une douleur extrême : « La nuvèle vint al Rei, e il en fud angussument mariz. » (Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 44.)

2o La violence d’un amour extrême.

. . . . Prist fame cortoise et sage,
Par le consoil de son lignage ;
Si l’ama angoiseussemant.
Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 65, R° col. 2.

variantes :
ANGOISSEUSEMENT. Fabl. MS. de St  Germ. fol. 4, R° col. 3. — Cotgrave et Oudin, Dict.
Angouseusement. Fabl. MS. du R. no 7989, fo 50, R° col. 2.
Angoussement (corr. Angousseusement). Ibid. fol. 48, V°.
Angousseusement. Ibid. fol. 49, R° col. 1.
Angoysseusement. Lanc. du Lac, T. II, fol. 7, R° col. 2.
Angusceusement. Fabl. MS du R. no 7989, fol. 50, V° col. 1.
Angussument. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 44.
Engoiseussemant. Fabl. MS. de Berne, fol. 65, R° col. 2.
Engoisseurement. Chr. Fr. MS. de G. de Nangis, an 1335.
Engoisseusement. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 61, V°.

Angoisseuseté, subst. fém. Angoisse, douleur extrême. (Voy. Cotgrave, Dict.)

Angoix, subst. masc. Extrémité, inquiétude extrême. Signification particulière et relative à l’acception générale d’angoisse. « Nous les avons finablement fait entendre la vérité ; et en tel peril et angoix avons-nous esté l’espace de huit mois entiers, tellement que jamais n’avons eu ferme espoir de victoire, etc. » (Lett. de Louis XII, p. 2.)

  1. Voici ce que raconte d’Aubigné, au livre IV de son histoire (édition de 1616 ; I, 385) : « Pour ce que ce galand [le capitaine Gaucher] se trouvoit par fois surchargé de prisonniers qui le contraignoient de retourner au logis premier que d’avoir mis fin à son projet, il inventa une sorte de cadenats faits en forme de poires, aussi les appelloit-il poires d’angoisse ; il faisoit ouvrir les dents à ses prisonniers, et leur aiant fait retirer sous le palais cette machine, avant retirer une clef qui estoit dedans, il en faisoit un tour qui grossissoit le morceau d’un travers de doigt, et par ainsi ne pouvoit plus sortir de la bouche que par l’aide de la mesme clef ; cela fait, il disoit au prisonnier : Allez vous rendre en tel lieu, ou bien vous résolvez de mourir de faim. » (n. e.)

Catholicon et catholicon breton modifier

1460 Catholicon de Jean Balbi, Gutenberg modifier

Angens, Angor, Angina, Angiportus, Anglia

 

Angens tis . omis ge. i. constringens & in seraph sollicitans . afficiens . crucians . ab angro gis. Et ab angens angenter adubium . i. constingenter.

Angor geris . i. spatarius . dr eniz ab ango gis . eo cp . angenter stricte spata reneat. Et B anger a. cruciator . et tustuose incedat. Xv. Anger augit glapios est serpens est cruciator.

Angina. Ab Angro gis. Dr B angina ne . tumor faucium . vel inflatio gutturis vń macer in libro & viribus berbarū subuenit angine melli in utro oß ingasce . scim bud. pap uero sic dicit . angina . glandula morbus faucium tubera pozcou.

Angiportus . portus componitur eū angustus et strictus locus.

Anglia glié fe ge. quedā regio est. et dr ab en cp est m et deos gl'a qi intus gl'osa. vid' in brita
 

Ango gis xi ctu . i . costringere sollicitare affice re cruciare vm actm vn ualia k n sut in freqnti usu anctu nec anctus pticipium Regu j c j AF fligebat & cam emula cius et vehementer angebat Et ut dicit psti . ango anxi servavit n in supino . ago enim actu facit.

Anqor angoris mas. ge . i. anxietas ab ango

1460 Catholicon de Jean Lagadeuc modifier

Français modifier

1606 Thresor de la langue françoise, Nicot modifier

Angoisse, f. penac. C’est destresse d’esprit & vient de ce mot Latin Angor, ou de cestuy, angustia.

Estre en angoisse, & fort perturbé, Aestuare.

Pommes d’angoisse, anginaria poma, Candida sunt & nigra.

Angoisser, Angere, Angi.

Angoisseux & desirant de combattre, Berinus, Cupidus certaminis.

1751 Diderot - Encyclopedie 1ere edition modifier

ANGOISSE, s. s. (Medec.) sentiment de suffocation, de palpitation & de tristesse ; accident d’un très-mauvais présage, lorsqu’il arrive au commencement des fievres aiguës. (N)

1636 Invantaire du Père Monet modifier

Angoisse, anxiété, perplexité : hic Angor, oris. hæc Anxietas, atis. hæc Anxitudo, inis. Perplexi animi labor. Perplexæ mentis molestia. Angoisse, trauail d’ame perplexe : Ægritudo ex anxíetate. Dolor animi ex anxitudine. Pommes d'Angoisse, poire d'Angoisse, causans l’ etranguiìlon : Poma anginam creantia,Pira, comedenti anginam generantia. Qui est an Angoisse : Anxius, Angore affectus, Ánxietatem patiens, Anxitudine laborans. Causant Angoisse : Ánxifer, a, um. Angorem creans. Anxietatem generans.

Angoisser, causer angoisse : Ango, xi, ctum, gere. Angoiem ereare. Anxietatem afferre, inferre, Anxitudinem parere, gignere, procreare. Etre Angoissé : Angor, angi. Angore affici. Anxietatem pari. Angoissé, souffrant angoisse : Anxius, Anxietate pressus. Anxitudine vexatus.

Angoisseus, apportant angoisse : Angorem creans. Anxietatem generans. Anxitudinem pariens. Angoísseus, trauaillé d’angoisse : Anxius, Angore afflictus. Anxietate vexatus. Angoisseusemant ; Anxiè, Cum anxietate, Cum anxitudine.

1771 Dictionnaire de Trévoux, 6e édition modifier

☞ ANGOISSE. s. f. Angor, agritudo. Ce mot exprime la douleur pressante, & la crainte à la fois. Il n’est guère d’usage aujourd’hui. Quel mot lui a-t-on substitué ? Douleur, horreur, peine, affliction ne sont pas des équivalens. Voltaire sur Corn.

Ce mot vient du latin angustia. Icquez fait venir le mot François angoisse, & l’italien angoscia, des langues septentrionales. Il remarque qu’en vieux saxon, anglumian veut dire, faire de la peine, angere ; angsum, triste, inquiet, tristis, sollicitus ; qu’en allemand angst veut dire, anxiété, angoisse d’esprit, anxietas, animi angustia ; que dans la langue des Cimbres, c’est-à-dire, dans la langue qu’on parloit dans une partie de la basse Allemagne, angor veut dire, douleur, chagrin, dolor, mœror ; angissi, angoisse, angustia ; angra, faire de la peine, angere ; angrast, avoir du chagrin, tristari.

Poire d’Angoisse, sont des poires de mauvais goût, qui prennent à la gorge, que Ménage dit avoir ainsi été nommées dans un village qui est en Limousin du même nom, où elles furent trouvées en l’an 1094. Pirum anginam premens, pirum angossiacum.

Poire d’Angoisse, est aussi une espèce de cadenas qui s’ouvre par un ressort, & que les voleurs mettent dans la bouche d’une personne pour l’empêcher de crier.

On dit aussi au figuré, on lui a bien fait avaler des poires d’Angoisse ; pour dire, qu’on lui a dit des choses fâcheuses, qu’on lui a donné de grands déplaisirs, causé de grands chagrins.

Angoisse, en Médecine. Sentiment de suffocation, de palpitation & de tristesse. Accident d’un très-mauvais présage, lorsqu’il arrive au commencement des fièvres aiguës. Encyc.

ANGOISSELS. adj. Ce mot ne se dit plus ; il signifioit angoisseux. On disoit aussi angoisser, causer du chagrin.

ANGOISSEUX, EUSE. adj. m. & f. Dur, fâcheux, affligeant, qui cause de l’inquiétude & du chagrin. Nicot, Monet, Cotgrave. Ce mot est vieux & hors d’usage.

Pierre Pithou s’en est servi dans la harangue de M. d’Aubray, à qui il fait dire, en parlant au Duc de Mayenne : « Je tiendrai à partie de grâce si me faites promptement mourir, plutôt que me laisser languir plus long-temps en ces angoisseuses misères… » Sat. Mén. t. i, p. 190.

Richelet modifier

1680 Dictionnaire de Pierre Richelet, 1ère éd. modifier

Angoisse, s. f. Mot un peu vieux pour dire une douleur amere. [Les songes le faisoient rire dans les angoisses de la mort. Voi. l. am. Voila un vilain dans dans de furieuses angoisses. Mol. Four. Leur salut est en danger dans cette terre de tribulation & d’angoisse. Patru, 3. Plaidoié.]

1759 Dictionnaire de Pierre Richelet, 4e éd. modifier

Angoisse, s. f. [Angor.] Mot un peu vieux pour dire une douleur amére. (Les songes le faisoient rire dans les angoisses de la mort. Voit. let. am. Voilà un vilain dans de furieuses angoisses. Mol. Fourb. Leur salut est en danger dans cette terre de tribulation & d’angoisse. Patru, Plaidoié 3.)

☞ Montaigne a dit : « La vûë des angoisses » d’autrui m’angoisse matériellement ; un tousseur » continuel irrite mon poumon & mon gosier ; » je saisis le mal que j’étudie, & le couche en » moi. » Ce mot est vieux ; il étoit fort à la mode au tems de Malherbe :

Il est bien assuré que l’angoisse qu’il porte.

Et ailleurs :

En ces propos mourans ses complaintes se meurent,
Mais vivantes sans fin, ses angoisses demeurent.


Poires d’Angoisse. [Pirum anginampremens.] Sont des poires de mauvais goût qui prennent à la gorge, que Ménage dit avoir été ainsi nommées d’un vilage qui est en Limosin, du même nom où elles furent trouvées l’an 1094. On dit proverbialement, avaler des poires d’angoisse, pour signifier avoir beaucoup de chagrin, être exposé de la part d’autrui à des duretez, à de fâcheuses humeurs, &c.

Poire d’Angoisse, est aussi une espéce de cadenas qui s’ouvre par un ressort, & qu’on met dans la bouche d’une personne pour l’empêcher de crier au secours, ou pour la forcer à donner son argent.

Dictionnaire de l'Académie française modifier

1694 modifier

ANGOISSE. s. f. Grande affliction d’esprit. Estre en angoisse. estre dans d’extremes angoisses. dans des angoisses mortelles. dans les dernieres angoisses. plein d’angoisses.

On appelle, Poires d’angoisses, Certaines poires aspres & revesches qu’on a peine à avaler.

On nomme aussi, Poire d’angoisse, Un certain instrument de fer en forme de poire & à ressort, que des voleurs mettent par force dans la bouche des personnes pour les empescher de crier.

On dit fig. Avaler des poires d’angoisse, pour dire, Souffrir de grands desplaisirs.

1718 modifier

ANGOISSE. s. f. Grande affliction d’esprit. Estre en angoisse. estre dans d’extrémes angoisses, dans des angoisses mortelles, dans les dernieres angoisses.

On appelle, Poire d’angoisse, Certaines poires si aspres & si revesches au goust, qu’on a peine à les avaler.

On nomme aussi, Poire d’angoisse, Un certain instrument de fer en forme de poire, & à ressort, que des voleurs mettent par force dans la bouche des personnes pour les empescher de crier.

On dit fig. Avaler des poires d’angoisse, pour dire, Avoir de grands déplaisirs.

1740 modifier

ANGOISSE. s. fém. Grande affliction d'esprit. Etre en angoisse. Etre dans d'extrémes angoisses, dans des angoisses mortelles, dans les derniéres angoisses.

On appelle, Poire d'angoisse, Certaines poires si âpres & si revêches au goût, qu'on a peine à les avaler.

On nomme aussi, Poire d'angoisse, Un certain instrument de fer en forme de poire, & à ressort, que des voleurs mettent par force dans la bouche des personnes pour les empêcher de crier.

On dit fig. Avaler des poires d'angoisse, pour dire, Avoir de grands déplaisirs.

1798 modifier

ANGOISSE. s. f. Grande affliction d'esprit. Être en angoisse. Être dans d'extrêmes angoisses, dans des angoisses mortelles, dans les dernières angoisses.

On appelle Poires d'angoisse, Certaines poires si âpres et si revêches au goût, qu'on a peine à les avaler.

On nomme aussi Poire d'angoisse, Un certain instrument de fer en forme de poire, et à ressort, que des voleurs mettoient par force dans la bouche des personnes pour les empêcher de crier.

On dit figurément, Avaler des poires d'angoisse, pour, Avoir de grands déplaisirs.

1787 Dictionnaire critique de Jean-François Féraud modifier

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1767 - Le grand vocabulaire françois de Panckouckel modifier

ANGOISSE ; subftantif féminin. Angor. Ce mot désigne un sentiment de tristesse, une grande affliction d’esprit. Cette nouvelle lui a causé une angoisse extrême.

Angoisse, (poire d’) se dit d’une sorte de poire dont l'âpreté fait qu’on a peine à l’avaler.

On appelle encore poire d'angoisse, un instrument de fer, à ressort & en forme de poire, que les voleurs mettent ordinairement dans la bouche des personnes qu’ils veulent empêcher de crier.

On dit figurément faire avaler des poires d’angoisse ; pour dire, causer beaucoup de chagrins, d’ennuis, de peines & de déplaisirs.

La première syllabe est moyenne, la seconde longue, & la troisième très-brève.

ANGOISSELS, ANGOISSEUR ; vieux mots qui signifioient autrefois fâcheux, affligeant.

ANGOISSER, vieux verbe qui signifioit autrefois causer de la douleur, du chagrin.

ANGORISME ; vieux mot qui signifioit autrefois langueur, affliction d’esprit.

1820, Laveaux - Nouveau dictionnaire modifier

ANGOISSE, s. f. Du latin angustus étroit, serré, pressé. État de peine, de douleur pressante, de détresse, d’anxiété, causé par le besoin dévorant, par la nécessité urgente, par l'excessive inquiétude qui voit le mal sans les remèdes. Tout ce qui serre fortement le cœur déjà gros, le met dans l’angoisse. (Roub.) L'oppression, la suffocation, l’étouffement, les palpitations de cœur, les agitations excessives, marquent et distinguent les angoisses. (Idem.) Qu’un enfant voie dechirer son semblable, il éprouvera des angoisses subites. (Volt.)

On appelle poire d’angoisse, un certain instrument de fer en forme de poire, et à ressort. que des voleurs mettent par force dans la bouche des personnes pour les empêcher de crier.

On dit figurément, Avaler des poires d’angoisse, pour dire, avoir de grands déplaisirs.

En terme de médecine, on appelle angoisse, un sentiment de suffocation, de palpitation et de tristesse.

* ANGOISSER. v. a . Vieux mot inusité que l’on trouve dans un dictionnaire. Il signi-


fiait, presser vivement, persécuter, serrer, étrécir. Du latin, angustiare.

* ANGOISSEUX. adj. Vieux mot inusité qu'un dictionnaire donne comme usité. Il signifiait, triste, chagrin, fâché, ennuyé, qui a le cœur serré, accablé de douleur, de tristesse. Du latin angustus.

1847, Laveaux - Le Dictionnaire raisonné des difficultés modifier

Angoisse. Subst. f.

L’air résonna des cris qu’au ciel chacun envoie ;

Albe en jette d’angoisse et les Romains de joie.

(Corn., Hor., act. IV, sc. ii, 57.)

Voltaire dit au sujet de ces vers : On ne dit plus guère angoisse, et pourquoi ? Quel mot lui a-t-on substitué ? Douleur, horreur, peine, afflictions, ne sont pas des equivalents. Angoisse exprime la douleur pressante et la crainte à la fois.

(Remarques sur Corneille.)

Je pense qu’un auteur qui aurait besoin du mot angoisse pour exprimer sa pensée ferait très-bien de s’en servir, et que les gens de goût ne lui en feraient point un reproche.

1866 Grand dictionnaire universel du XIXe siècle modifier

1887 La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts modifier

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