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PRÉAMBULE.
[I, 1 — 17]

Adresse et salutation (1-7). Exorde : Amour de S. Paul pour les chrétiens de Rome (8-15). Proposition du sujet : La justice par la foi (16-17).

1. Paul, serviteur du Christ-Jésus, apôtre par son appel, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu[1]. 2 Évangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, 3 touchant son Fils (né de la postérité de David selon la chair, 4 et déclaré Fils de Dieu miraculeusement, selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts), Jésus-Christ Notre-Seigneur[2], 5 par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les Gentils[3], 6 du nombre desquels vous êtes, vous aussi, par appel de Jésus-Christ, — 7 à tous les bien-aimés de Dieu, les saints appelés par lui, qui sont à Rome : grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ![4]

8 Et d’abord je rends grâce à mon Dieu, par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. 9 Dieu m’en est témoin, ce Dieu que je sers en mon esprit par la prédication de l’Évangile de son Fils, sans cesse je fais mémoire de vous, 10 demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, quelque heureuse occasion de me rendre auprès de vous. 11 Car j’ai un grand désir de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel, capable de vous affermir, 12 je veux dire, de nous encourager ensemble au milieu de vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi. 13 Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que je me suis souvent proposé d’aller vous voir, — mais j’en ai été empêché jusqu’ici, — afin de recueillir aussi quelques fruits parmi vous, comme parmi les autres nations[5]. 14 Je me dois aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux ignorants. 15 Ainsi, autant qu’il est en moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l’Évangile, à vous qui êtes à Rome.

16 Car je n’ai point honte de l’Évangile ; c’est une force divine pour le salut de tout homme qui croit, premièrement du Juif, puis du Grec[6]. 17 En effet, en lui est révélée une justice de Dieu qui vient de la foi et est destinée à la foi, selon qu’il est écrit : « Le juste vivra par la foi[7]. »


PREMIÈRE PARTIE [DOGMATIQUE].
[I, 18 — XI, 36.]

DE LA JUSTIFICATION PAR LA FOI.


SECTION 1 [I, 18 — IV, 25.]

Nécessité de la justification.
A. — Tous les hommes ont besoin d’être justifiés.
[I, 18 — III, 20.]
1. Chap. i , 18-32 . Les peuples païens : Méconnaissance coupable du vrai Dieu (18-25). Le jugement divin (24-32).

18 En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive ; 19 car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté[8]. 20 En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, 21 puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. 22 Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; 23 et ils ont échangé la majesté du Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles[9].

24 Aussi Dieu les a-t-il livrés, au milieu des convoitises de leurs cœurs, à l’impureté, en sorte qu’ils déshonorent entre eux leurs propres corps, 25 eux qui ont échangé le Dieu véritable pour le mensonge, et qui ont adoré et servi la créature de préférence au Créateur[10], (lequel est béni éternellement. Amen !) 26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions d’ignominie : leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; 27 de même aussi les hommes, au lieu d’user de la femme selon l’ordre de la nature, ont, dans leurs désirs, brûlé les uns pour les autres, ayant hommes avec hommes un commerce infâme, et recevant, dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement. 28 Et comme ils ne se sont pas souciés de bien connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens pervers pour faire ce qui ne convient pas, 29 étant remplis de toute espèce d’iniquité, de malice, [de fornication], de cupidité, de méchanceté, pleins d’envie, de pensées homicides, de querelle, de fraude, de malignité, 30 semeurs de faux bruits, calomniateurs, haïs de Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, 31 sans intelligence, sans loyauté, [implacables], sans affection, sans pitié[11]. 32 Et bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font[12].

2. Chap. ii, 1 — iii, 20. — a) Transition des Gentils aux Juifs. Chacun sera jugé selon ses œuvres (ii, 1-8), les Juifs sur les prescriptions de la Loi écrite, comme les païens sur celles de la loi aturelle (9-16). — b) Les Juifs.Loin de les couvrir, la loi aggravera leur condamnation (17-24.) C’est en vain qu’ils se confient dans les prérogatives de leur race, la circoncision (25-29) et les promesses (iii, 1-8). — c) Conclusion : Tous les hommes, les Juifs non moins que les Gentils, sont convaincus de péché par l’Écriture (9-20).

2. Ainsi, qui que tu sois, ô homme, toi qui juges, tu es inexcusable ; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque tu fais les mêmes choses, toi qui juges[13]. 2 Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses. 3 Et tu penses, ô homme, toi qui juges ceux qui les commettent, et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ?[14] 4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité ? et ne sais-tu pas que la bonté de Dieu t’invite à la pénitence ? 5 Par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, 5 qui rendra à chacun selon ses œuvres : 7 la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance dans le bien, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; 8 mais la colère et l’indignation aux enfants de contention, indociles à la vérité, dociles à l’iniquité. 9 Oui, tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec ; 10 gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec. 11 Car Dieu ne fait pas acception des personnes. 12 Tous ceux qui ont péché sans loi périront aussi sans loi, et tous ceux qui ont péché avec une loi seront jugés par cette loi. 13 Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent une loi qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. 14 Quand des païens, qui n’ont pas la loi, accomplissent naturellement ce que la Loi commande, n’ayant pas la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes[15] ; 15 ils montrent que ce que la Loi ordonne est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui, de part et d’autre, les accusent ou les défendent. 16 C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes[16].

17 Toi qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volonté[17], 18 qui sais discerner ce qu’il y a de meilleur, instruit que tu es par la Loi ; 19 toi qui te flattes d’être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des ignorants, 20 le maître des enfants, ayant dans la Loi la règle de la science et de la vérité : — 21 toi donc qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ![18] 22 Toi qui défends de commettre l’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as les idoles en abomination, tu profanes le temple ![19] 23 Toi qui te fais une gloire d’avoir une loi, tu déshonores Dieu en la transgressant ! 24 Car « le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations, » comme dit l’Écriture[20].

25 La circoncision est utile, il est vrai, si tu observes la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, tu n’es plus, avec ta circoncision, qu’un incirconcis. 26 Si donc l’incirconcis observe les préceptes de la Loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas réputée circoncision ? 27 Bien plus, l’homme incirconcis de naissance, s’il observe la Loi, te jugera, toi qui, avec la lettre de la Loi et la circoncision, transgresses la Loi. 28 Le vrai Juif, ce n’est pas celui qui l’est au dehors, et la vraie circoncision, ce n’est pas celle qui paraît dans la chair. 29 Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision, c’est celle du cœur, dans l’esprit, et non dans la lettre : ce Juif aura sa louange, non des hommes, mais de Dieu.

3. Quel est donc l’avantage du Juif ? ou quelle est l’utilité de la circoncision ?[21] 2 Cet avantage est grand de toute manière. Et d’abord c’est qu’à eux ont été confiés les oracles de Dieu. 3 Mais quoi ? Si quelques-uns n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? 4 Loin de là ! Mais plutôt que Dieu soit reconnu pour vrai, et tout homme pour menteur, selon qu’il est écrit : « Afin, ô Dieu, que tu sois trouvé juste dans tes paroles et que tu triomphes lorsqu’on te juge.[22] » 5 Mais si notre injustice démontre la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n’est-il pas injuste en donnant cours à sa colère ? 6 (je parle à la manière des hommes.) Loin de là ! Autrement, comment Dieu jugera-t-il le monde ? 7 Car si, par mon mensonge, la vérité de Dieu éclate davantage pour sa gloire, pourquoi, après cela, suis-je moi-même condamné comme pécheur ? 8 Et pourquoi ne ferions-nous pas le mal afin qu’il en arrive du bien, comme la calomnie nous en accuse, et comme quelques-uns prétendent, que nous l’enseignons ? ceux-là, leur condamnation est juste !

9 Eh bien donc ? Avons-nous quelque supériorité ? Non, aucune ; car nous venons de prouver que tous, Juifs et Grecs sont sous le péché[23], 10 selon qu’il est écrit : « Il n’y a point de juste, pas même un seul[24] ; 11 il n’y en a point qui ait de l’intelligence, il n’y en a point qui cherche Dieu. 12 Tous sont sortis de la voie, tous sont pervertis ; il n’y a personne qui fasse le bien, pas même un seul. » 13 « Sépulcre ouvert est leur gosier ; ils se servent de leurs langues pour tromper. » « Un venin d’aspic est sous leurs lèvres. » 14 « Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume. » 15 « Ils ont les pieds agiles pour répandre le sang. 16La désolation et le malheur sont dans leurs voies. 17 Ils ne connaissent pas le chemin de la paix. » 18 « La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »

19 Or nous savons que tout ce que dit la Loi, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée, et que le monde entier soit sous le coup de la justice de Dieu. 20 En effet, nul homme ne sera justifié devant lui par les œuvres de la Loi, car la loi ne fait que donner la connaissance du péché.


B. — Preuve de la justification par la foi en Jésus-Christ.
Chap. iii, 21 — iv, 25 : a) La véritable justice est gratuitement conférée à tous par le moyen de la foi en Jésus-Christ, à l’exclusion du mérite antérieur des œuvres (iii, 21-30). — b) Cette doctrine est enseignée dans l’Écriture : exemple d’Abraham justifié non par les œuvres, mais par la foi (iii, 31 — iv, 8), et avant qu’il fût circoncis (9-12). Héritage messianique et postérité, promis à sa foi (13-25).

21 Mais maintenant, sans la Loi, a été manifestée une justice de Dieu à laquelle rendent témoignage la Loi et les Prophètes, 22 justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux et à tous ceux qui croient ; il n’y a point de distinction, 23 car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; 24 et ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. 25 C’est lui que Dieu a donné comme victime propitiatoire par son sang moyennant la foi, afin de manifester sa justice, ayant, au temps de sa patience, laissé impunis les péchés précédents[25], 26 afin, dis-je de manifester sa justice dans le temps présent, de manière à être reconnu juste et justifiant celui qui croit [en Jésus-Christ].

27 Où est donc la jactance ? Elle est exclue. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par loi de la foi[26]. 28 Car nous tenons pour certain que l’homme est justifié par la foi, à l’exclusion des œuvres de la Loi. 29 Ou bien Dieu n’est-il que le Dieu des Juifs ? et n’est-il pas aussi le Dieu des Gentils ? 30 Oui, il est aussi le Dieu des Gentils, puisqu’il y a un seul Dieu qui justifiera les circoncis par principe de foi et les incirconcis par la foi.

31 Détruisons-nous donc la Loi par la foi ? Loin de là ! Nous la confirmons, au contraire.

4. Quel avantage dirons-nous donc qu’Abraham, notre père, ait obtenu selon la chair ? 2 Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier. Mais il n’en a pas sujet devant Dieu. 3 En effet, que dit l’Écriture ? « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice.[27] » 4 Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due ; 5 et à celui qui ne fait aucune œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice[28]. 6 C’est ainsi que David proclame la béatitude de l’homme à qui Dieu impute la justice indépendamment des œuvres : 7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés ont été couverts ! 8 Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché ! "

9 Ce bonheur n’est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis ? 10 Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. Comment donc lui fut-elle imputée ? Était-ce en l’état de circoncision, ou en l’état d’incirconcision ? Ce ne fut pas dans l’état de circoncision, il était encore incirconcis[29]. 11 Il reçut ensuite le signe de la circoncision comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d’être le père de tous ceux qui ont la foi bien qu’incirconcis, pour que la justice leur soit aussi imputée[30], 12 et le père des circoncis, de ceux qui ne sont pas seulement circoncis, mais qui marchent en même temps sur les traces de la foi qu’avait notre père Abraham lorsqu’il était incirconcis[31].

13 En effet, ce n’est point par la Loi que l’héritage du monde a été promis à Abraham et à sa postérité ; c’est par la justice de la foi[32]. 14 Car si ceux qui ont la Loi sont héritiers, la foi est vaine et la promesse est sans effet, parce que la loi produit la colère, 15 et que là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression[33]. 16 Donc c’est bien par la foi, afin que ce soit par grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à ceux qui relèvent de la Loi, mais encore à ceux qui relèvent de la foi d’Abraham, notre père à tous, selon qu’il est écrit : 17 « Je t’ai fait père d’un grand nombre de nations.[34] »

Il l’est devant celui auquel il a cru, devant Dieu, qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. 18 Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint le père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit[35] : 19 « Telle sera ta postérité. » Et, inébranlable dans sa foi, il ne considéra pas que son corps était déjà éteint, puisqu’il avait près de cent ans, ni que le sein de Sara était épuisé[36]. 20 Devant la promesse de Dieu, il n’eut ni hésitation ni défiance ; mais puisant sa force dans la foi, il rendit gloire à Dieu, 21 pleinement convaincu qu’il saura accomplir la promesse qu’il a faite. 22 Et voilà pourquoi sa foi lui fut imputée à justice.

23 Or ce n’est pas pour lui seul qu’il est écrit qu’elle lui fut imputée à justice mais c’est aussi pour nous, 24 à qui elle doit être imputée, pour nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus-Christ, Notre-Seigneur, 25 lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification.


SECTION 2 [V, 1 — VIII, 39.]
Excellence et efficacité de la justice par la foi.
1. Chap. v. — Premier fruit de la justification : la réconciliation avec Dieu et l’assurance du ciel (1-5) Amour de Dieu prouvé par le don qu’il nous a fait de Jésus-Christ (6-11). Parallèle entre Jésus-Christ, auteur de notre salut, et Adam, auteur de notre ruine (12-21).

5. Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ[37], 2 à qui nous devons d’avoir eu accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu[38]. 3 Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, 4 la constance une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance. 5 Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.

6 Car, lorsque nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. 7 C’est à peine si l’on meurt pour un juste, et peut-être quelqu’un saurait-il mourir pour un homme de bien. 8 Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, [ou temps marqué] 9 Jésus-Christ est mort pour nous. A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. 10 Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie[39]. 11 Bien plus, nous nous glorifions même en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation.

12 Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort… Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché[40]. 13 Car jusqu’à la Loi le péché était dans le monde ; or le péché n’est pas imputé lorsqu’il n’y a point de loi[41]. 14 Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché, par une transgression semblable à celle d’Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir.

15 Mais il n’en est pas du don gratuit comme de la faute ; car si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes[42]. 16 Et il n’en est pas du don comme des suites du péché d’un seul[43] ; car le jugement a été porté à cause d’une seule faute pour la condamnation, tandis que le don amène la justification de beaucoup de fautes. 17 En effet, si, par la faute d’un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ.

18 Ainsi donc, comme par la faute d’un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d’un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie. 19 De même en effet, que par la désobéissance d’un seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul tous seront constitués justes. 20 La loi est intervenue pour faire abonder la faute ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé[44], 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur[45].

2. Chap. vi.Deuxième fruit de la justification. Le chrétien est affranchi de la servitude du péché : inséré en Jésus-Christ par le Baptême, il est mort au péché et ressuscité à une vie nouvelle (1-11) ; il ne doit donc plus obéir au péché (12-14). Devenu esclave de la justice il est tenu désormais de vivre saintement (15-23).

6. Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? 2 Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ?[46] 3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ?[47] 4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. 5 Si, en effet, nous avons été greffés sur lui[48], par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : 6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché[49] ; 7 car celui qui est mort est affranchi du péché. 8 Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, 9 sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire. 10 Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu[50]. 11 Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ [Notre-Seigneur][51].

12 Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, de sorte que vous obéissiez à ses convoitises. 13 Ne livrez pas vos membres au péché pour être des instruments d’iniquité, mais offrez-vous vous-mêmes à Dieu comme étant vivants, de morts que vous étiez, et offrez-lui vos membres pour être des 14 instruments de justice. 14 Car le péché n’aura pas d’empire sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce.

15 Quoi donc ! Pécherons-nous, parce que nous ne sommes pas sous la Loi mais sous la grâce ? 16 Loin de là ! 16 Ne savez-vous pas que, si vous vous livrez à quelqu’un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance à Dieu pour la justice ? 17 Mais grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été les esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été enseignée. 18 Ainsi, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice. — 19 Je parle à la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre chair. — De même que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’impureté et à l’injustice, pour arriver à l’injustice, de même livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. 20 Car, lorsque vous étiez les esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. 21 Quel fruit aviez-vous alors des choses dont vous rougissez aujourd’hui ? Car la fin de ces choses, c’est la mort[52]. 22 Mais maintenant, affranchis du péché et devenus les esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté, et pour fin la vie éternelle. 23 Car le salaire du péché c’est la mort ; mais le don de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus-Christ Notre-Seigneur[53].

3. Chap. vii. — Troisième fruit de la justification. Le chrétien est affranchi de la servitude de la Loi. Le justifié est délié de la Loi par une mort mystique (1-6). Bienfait de cet affranchissement. La Loi, quoique sainte provoque des transgressions (7-13). Impuissance de la Loi dans la lutte de la chair contre l’esprit (14-25).

7. Ignorez-vous, mes frères — car je parle à des hommes qui connaissent la Loi, — que l’homme est sous l’empire de la loi aussi longtemps qu’il vit ? 2 Ainsi une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. 3 Si donc, du vivant de son mari, elle épouse un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi, en sorte qu’elle n’est plus adultère en devenant la femme d’un autre mari. 4 Ainsi, mes frères, vous aussi vous êtes morts à la Loi, par le corps de Jésus-Christ, pour que vous soyez à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. 5 Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions qui engendrent les péchés, excitées par la Loi, agissaient dans nos membres, de manière à produire des fruits pour la mort. 6 Mais maintenant nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à la Loi, sous l’autorité de laquelle nous étions tenus, de sorte que nous servons Dieu dans un esprit nouveau, et non selon une lettre surannée[54].

7 Que dirons-nous donc ? La Loi est-elle péché ? Loin de là ! Mais je n’ai connu le péché que par la Loi ; par exemple, je n’aurais pas connu la convoitise, si la Loi ne disait : « Tu ne convoiteras point. » 8 Puis le péché saisissant l’occasion, a fait naître en moi, par le commandement, toutes sortes de convoitises ; de Jésus-Christ, pour les Gentils, — en m’acquittant du divin service de l’Évangile de Dieu, afin que l’offrande des Gentils soit agréée, étant sanctifiée par le Saint-Esprit. 17 J’ai donc sujet de me glorifier en Jésus-Christ pour ce qui regarde le service de Dieu. 18 Car je n’oserais point parler de choses que le Christ n’aurait pas faites par mon ministère pour amener les païens à obéir à l’Évangile, par la parole et par l’action, 19 par la vertu des miracles et des prodiges, par la puissance de l’Esprit-Saint : si bien que, depuis Jérusalem et les pays voisins jusqu’à l’Illyrie, j’ai porté partout l’Évangile du Christ[55], 20 mettant toutefois mon honneur à prêcher l’Évangile là où le Christ n’avait pas encore été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement qu’un autre aurait posé[56], 21 mais selon qu’il est écrit : « Ceux à qui il n’avait pas été annoncé le verront, et ceux qui n’en avaient pas entendu parler le connaîtront[57]. »

22 C’est ce qui m’a souvent empêché d’aller chez vous[58]. 23 Mais maintenant n’ayant plus rien qui me retienne dans ces contrées, et ayant depuis plusieurs années le désir d’aller vers vous, 24 j’espère vous voir en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par vous, après que j’aurai satisfait, en partie du moins, mon désir de me trouver parmi vous.

25 Présentement je vais à Jérusalem, pour venir en aide aux saints. 26 Car la Macédoine et l’Achaïe ont bien voulu faire une collecte en faveur des saints de Jérusalem qui sont dans la pauvreté. 27 Elles l’ont bien voulu ; aussi bien elles le leur devaient ; car si les Gentils ont eu part à leurs biens spirituels, ils doivent à leur tour les assister de leurs biens temporels[59]. 28 Dès que j’aurai terminé cette affaire et que j’aurai consigné ce don[60] entre leurs mains, je partirai pour l’Espagne et passerai chez vous. 29 Or je sais qu’en allant chez vous, j’y viendrai avec une abondante bénédiction du Christ.

30 Je vous exhorte, mes frères, par Notre-Seigneur Jésus-Christ et par la charité du Saint-Esprit, à combattre avec moi, en adressant pour moi des prières à Dieu[61], 31 afin que j’échappe aux incrédules qui sont en Judée, et que l’offrande que je porte à Jérusalem soit agréable aux saints, 32 en sorte que j’arrive chez vous dans la joie, si c’est la volonté de Dieu, et que je goûte quelque repos au milieu de vous. 33 Que le Dieu de paix soit avec vous tous ! Amen ![62]


ÉPILOGUE.
[XVI.]

Recommandations et salutations, xvi, 1-24. Doxologie (25-27).

16. Je vous recommande Phoebé, notre sœur, qui est diaconesse de l’Église de Cenchrées, 2 afin que vous la receviez en Notre-Seigneur d’une manière digne des saints, et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous, car elle aussi a donné aide à plusieurs et à moi-même.

3 Saluez Prisca et Aquila, mes coopérateurs en Jésus-Christ[63], 4 eux qui, pour sauver ma vie, ont exposé leur tête[64] ; ce n’est pas moi seul qui leur rend grâces, ce sont encore toutes les Églises des Gentils. 5 Saluez aussi l’Église qui est dans leur maison[65]. — Saluez Epénète, mon bien-aimé, qui a été pour le Christ les prémices de l’Asie. — 6 Saluez Marie, qui a pris beaucoup de peine pour vous[66]. — 7 Saluez Andronique et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité, qui jouissent d’une grande considération parmi les apôtres et qui même ont été dans le Christ avant moi[67]. — 8 Saluez Amplias, mon bien-aimé dans le Seigneur. — 9 Saluez Urbain, notre coopérateur dans le Christ, et Stachys, mon bien-aimé. — 10 Saluez Apelle, qui a fait ses preuves dans le Christ. Saluez ceux de la maison d’Aristobule. — 11 Saluez Hérodion, mon parent. Saluez ceux de la maison de Narcisse qui sont dans le Seigneur. — 12 Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent dans le Seigneur. Saluez Perside, la bien-aimée qui a beaucoup travaillé dans le Seigneur. — 13 Saluez Rufus, distingué dans le Seigneur, et sa mère, qui est aussi la mienne[68]. — 14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermés, Patrobas, Hermas, et les frères qui sont avec eux. — 15 Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, ainsi qu’Olympias, et tous les saints qui sont avec eux.

16 — Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser.

Toutes les Églises du Christ vous saluent.

17 Je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent les divisions et les scandales, en s’écartant de l’enseignement que vous avez reçu ; éloignez-vous d’eux. 18 Car de tels hommes ne servent point le Christ Notre-Seigneur, mais leur propre ventre, et avec leurs paroles douces et leur langage flatteur, ils séduisent les cœurs des simples[69]. 19 Car votre obéissance est arrivée aux oreilles de tous ; je me réjouis donc à votre sujet ; mais je désire que vous soyez prudents pour le bien et simple pour le mal. 20 Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds.

Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ![70]

21 Timothée, le compagnon de mes travaux, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipater, mes parents. — 22 Je vous salue dans le Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre. — 23 Caïus, mon hôte et celui de l’Église, vous salue. Eraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que Quartus, notre frère[71].

24 [Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ! Amen ! ][72]

25 A celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, — conformément à la révélation du mystère resté caché durant de longs siècles, 26 mais manifesté maintenant, et, selon l’ordre du Dieu éternel, porté par les écrits des prophètes, à la connaissance de toutes les nations pour qu’elles obéissent à la foi, — 27 à Dieu, seul sage, soit la gloire par Jésus-Christ aux siècles des siècles ! Amen !


NOTES

  1. S. Paul est serviteur de J.-C., dans le sens qu’a ce mot dans Deut. xxxiv, 5 ; Jér. vii, 25 ; Is. iv, 13 sv., c’est-à-dire son ministre, son représentant et son organe. Il est de plus Apôtre, appelé par Jésus-Christ lui-même comme le furent les Douze (I Cor. i. 1 ; Gal. i, 1), instruit par sa révélation immédiate (Gal. i, 12 ; Comp. I Cor. ix, 1 ; xv, 8) et investi par lui de la mission de prêcher son Evangile (Act. xxvi, 16 sv. etc. ; Act. xiii, 2 ; Gal. i, 15.)
  2. Déclaré (ou démontré) avec puissance : Au lieu de déclaré, il y a dans la Vulgate prédestiné, qui s’explique difficilement, comme s’il y avait grec ;. S. Paul veut dire que Jésus, vrai homme, né de la race de David, a été déclaré et manifesté, aux yeux de tous, Fils de Dieu par le miracle de sa résurrection. Le grec ; Il est pas le grec ou l’Esprit-Saint, ni la nature divine, mais désigne l’esprit de sainteté, c’est-à-dire la sainteté exceptionnelle qui était en l’âme de Jésus-Christ et qui a été, d’après S. Paul, la cause morale de sa résurrection (Cf. Rom. viii, 11).
  3. Tous les Gentils, les païens : c’était le domaine spécial assigné à son apostolat (Gal. i, 16 ; ii, 2, 8, 9).
  4. Saints : Israël, séparé des autres peuples et consacré au Seigneur, reçoit le nom de saint dans l’Ancien Testament ; c’est dans le même sens que les premiers fidèles sont le peuple saint du Nouveau Testament.
  5. Voy. xv, 20 sv.
  6. Au vers. 14, S. Paul, se plaçant au point de vue grec, partageait l’humanité en Grecs et en Barbares ; ici, du point de vue juif ou religieux, il la divise en Juifs et en Grecs.
  7. Une justice de Dieu, c’est-à-dire une justice venant de Dieu et communiquée à l’homme. C’est une justice qui vient de la foi, a son principe dans la foi ex fide, et est destinée à la foi in fidem, c’est-à-dire est accordée à la foi. La suite de l’Épître explique les caractères de cette justice brièvement résumée en ces deux termes ex fide, in fidem.
  8. Ce qui se peut connaître, ce que la raison naturelle nous apprend de son existence et de sa nature.
  9. Sag. xiii, 2, 10 ; xiv, 14 sv.
  10. Doxologie familière aux Orientaux quand ils prononcent le nom de Dieu, surtout s’ils ont à relater quelque chose d’injurieux pour la divinité.
  11. Implacables, mot ajouté dans quelques manuscrits pour expliquer sans loyauté (littér. infidèles aux traités), et que la Vulg. a traduit absque foedere, qui refuse de se réconcilier, de faire la paix par un traité.
      Sur les vers. 29-31 comp. Sag. xiv, 22 sv.
  12. La Vulgate : Ayant connu la justice de Dieu, ils n’ont pas compris que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais encore ceux qui approuvent ceux qui les font.
  13. O homme désigne les Juifs. — Vulg., Puisque tu fais les choses mêmes que tu condamnes.
  14. Les Juifs des derniers temps se flattaient de n’avoir rien à craindre, sous prétexte qu’ils étaient les enfants d’Abraham, les fils du royaume, Matth. viii, 12.
  15. Naturellement, avec la lumière intérieure de la conscience (natura duce), sans l’enseignement extérieur d’une loi écrite. S’il arrive que des Gentils qui n’ont pas la loi de Moïse, mais, guidés par la lumière de leur raison, de leur conscience, pratiquent des choses que la loi ordonne, c’est-à-dire certains devoirs, cela montre qu’ils ont une loi gravée au fond de leur cœur. Le Juif ne peut donc se prévaloir d’avoir une loi, puisque les païens en ont une aussi ; car il ne suffit pas d’avoir une loi, il faut l’observer.
  16. Selon mon Évangile, ma prédication.
  17. Après cette transition du païen au juif (1-16) pour montrer qu’ils sont dans une situation équivalente, S. Paul en vient directement aux Juifs.
  18. Apodose. Sens général des vers. 21 sv. : Pourquoi donc ne conformes-tu pas ta conduite à la connaissance que tu as de la Loi ?
  19. Le temple du vrai Dieu : comp. Matth. xxi, 13. D’autres : Tu pilles leurs temples, les temples des idoles, pour t’en approprier les dépouilles : comp. Josèphe, Antiq. IV, viii, 10.
  20. S. Paul cite Is. lii, 5, d’après les LXX, pour exprimer sa pensée avec des paroles de la sainte Ecriture. Comp. Ez. xxxvi, 20.
  21. S. Paul répond ici à une objection.
  22. Ps. li (50), 6 cité d’après les LXX. Averti de son crime par Nathan (II Sam. xii, 7 sv.) David le déteste ; il exprime l’espoir qu’il en obtiendra le pardon, en considération de son repentir et de la gloire qui en rejaillira sur la justice divine. — Que tu triomphes. En hébr. que tu sois trouvé pur lorsque tu juges. Sens : David confesse humblement son péché afin qu’il apparaisse à tous que Dieu est irréprochable dans le jugement sévère qu’il vient de porter contre lui.
  23. Avons-nous quelque supériorité ? La Vulg. ajoute : sur eux.
  24. Les passages groupés ici (vers. 10-18) sont empruntés à divers Psaumes (Ps. xiv, 3 ; v, 10 ; cxl, 4 ; x, 7)et à Isaïe, lix, 7 ; Prov. 1, 16 etc. Mais à la suite du verset 3 tiré par S. Paul du Ps. xiii, les copistes ont introduit par inadvertance dans ce Psaume (Vulg.) toutes les autres citations de l’Épître.
  25. Vulgate pour la rémission… Mais le grec porte : dia tèn paresin, ayant laissé passer, tandis que l’idée de rémission est exprimée ailleurs par aphesis (Col. i, 14 ; Hébr. ix, 22 ; x, 18. Comp. Matth. xxvi, 28 Marc, i, 4 ; Luc, i, 77 etc.).
  26. La jactance (Vulg. ta jactance, ô Juif). — La loi de la foi, qui fait dépendre la justification de la foi en J.-C. ; cette foi, étant un don gratuit de Dieu, exclut toute vaine gloire.
  27. L’Écriture, citation de Gen. xv, 6. L’historien sacré rapporte en cet endroit l’acte de foi par lequel Abraham acquiesça à la parole de Dieu qui lui promettait une nombreuse postérité. Toutefois la pensée de l’Apôtre ne s’arrête pas à cet acte unique. Elle se porte sur tous les actes par lesquels Abraham, depuis sa vocation, soumit à Dieu son intelligence et sa volonté. Comp. vers. 17 et Gen. xvii, 4, 19-21 et Gen. xvii, 15 sv.
  28. La locution croit en dit plus que croit à ; elle ajoute une idée de confiance et d’amour. — La Vulgate ajoute:selon le décret de la grâce de Dieu, paroles qui sans appartenir au texte original, ont la valeur d’une excellente glose, reçue depuis les premiers siècles dans le texte latin.
  29. Ce n’est que quatorze ans plus tard (Gen. xv et xvii), qu’il est question de la circoncision d’Abraham.
  30. Afin de, marque le dessein de Dieu. Ainsi est élargie la paternité d’Abraham ; elle sort du cadre étroit des conceptions juives; de charnelle, elle devient spirituelle et s’étend à tout les croyants, juifs et païens. Comp. Gal. iii, 7.
  31. La Vulgate, et non seulement des circoncis (des Juifs), mais encore de tous ceux (des païens) qui marchent, etc.
  32. La Loi mosaïque : Abraham ne vivait pas sous la Loi quand Dieu lui fit la promesse. Ce n’est donc pas sur la Loi, comme se le persuadaient faussement les Juifs, que se fonde le droit à l’héritage promis à Abraham. L’Apôtre semble avoir en vue principalement la promesse relative à la possession de la terre de Chanaan, figure du royaume messianique (Gen. xiii, 15 et xvii, 8). Ailleurs (Gen. xii, 3-7; xviii, 18 et xxii, 18 etc.) les bénédictions divines sont promises à toutes les nations en Abraham : ici, à Abraham et à sa postérité. Il est vrai, la Vulgate reproduisant trop servilement le texte grec traduit : ou à sa postérité ; mais l’on sait que dans les phrases négatives la particule grecque è, équivaut à et (ix, 11 ; Eph. v, 3 ; Act. i, 7 etc.).
  33. Et là où il n’y a pas de loi, en disant avec le texte reçu ; ou gar, leçon suivie par la Vulgate. De bons manuscrits, l’ancienne Itala et plusieurs Pères ont lu : ou di, or là où il n’y a pas… Sens : Là ou la promesse est absolue et indépendante de la Loi, là il ne saurait y avoir de prévarication qui empêche Dieu de donner l’héritage promis.
  34. Gen. xvii, 4, 3.
  35. Dit. Gen. xv, 5. Le passage étant bien connu de ses lecteurs, S. Paul n’en cite que les derniers mots.
  36. Il ne considéra pas, ou d’après une autre leçon préférée par les meilleurs critiques : il considéra sans trouble. La promesse de Dieu fut l’occasion pour Abraham d’un moment de surprise (Gen. xvii, 17 ; Comp. xv, 5), mais non pas d’hésitation. Aussi Dieu ne le reprit-il pas comme il le fit pour Sara. (Gen. xviii, 10 sv.).
  37. Nous avons. Vulg. ayons.
  38. D’avoir eu. Vulg. d’avoir accès : allusion à l’office de grand prêtre rempli par N.-S. (Hébr. x, 29).
  39. Suit (vers. 12-21) un parallèle entre J.-C. et Adam : de même qu’Adam a été le représentant de l’humanité pour sa perte, ainsi le Christ est le représentant de l’humanité pour son salut, la source inépuisable de la grâce et de la justice.
  40. S. Paul, pressé de prouver ce qu’il vient d’avancer, oublie qu’il a commencé une comparaison et n’achève pas sa phrase ou plutôt il poursuit son raisonnement et il reprend sa phrase et l’achève au vers. 18. Au vers. 12 le second membre de la comparaison amenait ceci : de même par un seul homme, Jésus-Christ, la justice est entrée dans le monde et par la justice la vie. — Le péché personnifié, (è amartia avec l’art.) considéré comme une puissance qui règne et domine dans le monde (vers. 21 ; vi, 12, 14 ; vii, 8, 9, 17), — Parce que tous ont péché, en et avec ce seul homme, Adam, le représentant de l’humanité. Vulgate, en qui (dans ce seul homme) tous ont péché : Elle énonce explicitement ce que le grec ne dit qu’implicitement et indirectement. On pourrait même la ramener au grec, en traduisant in quo dans le sens de in eo quod, quatenus, en fr. sur ce que, parce que.
  41. La mort pour S. Paul est la peine de la trangression d’une loi positive. Cependant il n’y a pas eu de loi positive d’Adam à Moïse, et cependant la mort régnait. Elle était donc l’effet du premier péché.
  42. (et au vers. 19) tous les hommes, en gr. οι πολλοι, la multitude des enfants d’Adam. La Vulg. traduit multi, beaucoup. L’Apôtre met en opposition un et la multitude, la masse, le genre humain, comme un seul et tous.
  43. Par un seul qui a péché ; Vulg., par un seul péché ; même sens au fond.
  44. Intervenue, entre Adam et J. -C. D’autres, est venue en outre (gr. pareisethlèn), à côté du péché qui était déjà entré eiselthèn) : comp. v. 12. — Vulgate, est venue comme à la dérobée, sens qui ne va guère ici. Comp. Gal. ii, 4. — Pour faire abonder la faute : l’effet immédiat de la Loi fut d’augmenter le nombre des offenses, soit en faisant connaître et souvent désirer le péché à ceux qui l’ignoraient, soit même en multipliant par ses préceptes positifs, les occasions de chute et par suite les actes défendus. Ainsi en faisant sentir à l’homme sa misère elle eut pour effet, en fait et dans l’intention divine, de lui faire désirer le Sauveur ; elle fut par là un pédagogue conduisant à J.-C. Voy. Gal. iii, 19 sv.
  45. Par la mort, en donnant la mort. Vulg., Pour donner la mort.
  46. Mourir ou vivre à quelqu’un ou à quelque chose sont des expressions familières à S. Paul ; elles signifient : rompre ou entretenir un commerce, des relations assidues avec cette personne ou cette chose. Comp. I Pier., ii, 24.
  47. Dans les premiers siècles, le baptême se conférait par immersion ; le catéchumène était entièrement plongé dans l’eau, d’où il sortait aussitôt. Paul ne voit pas seulement dans ce double rite un symbole extérieur de la mort (suivie de la sépulture) et de la résurrection (sortie du sépulcre) de J.-C. ; il y attache une signification plus intime : l’immersion, c’est la mort au péché, c’est le vieil homme, l’homme selon la nature, qui disparaît sous les eaux et s’ensevelit comme dans un sépulcre ; l’émersion, c’est la naissance de l’homme nouveau, de l’homme régénéré par l’Esprit-Saint.
      En J.-C., (in Christum et non in Christo, comme traduit la Vulg.), insérés en J.-C. devenus ainsi ses membres et vivant de sa vie. Comp. Jean, xv. 1 sv.
  48. Greffés ; c’est la signification littérale du grec sumphutoi. D’autres : dans notre union intime avec lui. Vulgate : Si nous sommes devenus une même plante avec lui pour la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par la ressemblance de sa résurrection.
  49. Le vieil homme désigne dans S. Paul l’homme naturel, tel qu’il naît et vit moralement, avant d’être régénéré en J.-C. (Jean, iii, 3 ; Tit. iii, 5). — Le corps du péché, la nature déchue, prise dans son ensemble, siège de la concupiscence. Comp. Gal. v, 24. Ailleurs, S. Paul dit : Le corps de la chair (Col. ii, 11), ou simplement la chair.
  50. Dans la Vulgate, la virgule devrait être avant, non après peccato.
  51. En J.-C., étant incorporés à J.-C ., qui par sa grâce a fait de vous une créature nouvelle (II Cor. v, 17) et vit lui-même en vous (Gal. ii, 20).
  52. Tischendorf ponctue autrement : Quel fruit aviez-vous alors ? (un fruit tel que) vous en rougissez maintenant.
  53. Le salaire strictement dû (grec ta opsonia, la solde) que le péché, maître cruel, donne à ses sujets.
  54. Dégagés de la Loi : c’est le même mot qu’au verset 2. Vulgate, nous avons été délivrés de la Loi (produisant des fruits) de mort, sous laquelle, etc.
      S. Paul explique ensuite (7-25) le véritable rapport de la loi mosaïque avec l’humanité.
      L’Apôtre, qui a fait dans sa vie antérieure l’expérience de ces vérités, parle à la première personne, mais c’est l’homme en général qu’il décrit, l’homme tel que l’a fait sa naissance naturelle, le juif, le pharisien en face de la loi, l’homme sans J.-C.
  55. Act. ix, 26 sv. ; Act. xxvi, 20 ; Act. xx, 1-3.
  56. Mettant mon honneur. La Vulgate, qui rend très bien ce mot II Cor. v, 9 ; I Thess. iv, 11, l’omet ici.
  57. Is. lii, 15.
  58. Chez vous. La Vulgate ajoute, et je ne l’ai pu faire jusqu’à cette heure. Ces mots manquent dans tous les manuscrits grecs, dans toutes les versions anciennes, et dans plusieurs manuscrits même de la Vulgate.
  59. Les assister, litt. les servir religieusement de leurs biens temporels, comme on fait une offrande à Dieu.
  60. Ce don, litt. ce fruit de leur charité, ou de la collecte.
  61. Paul avait le pressentiment des persécutions qui l’attendaient à Jérusalem (Act. xx, 22 sv. ; xxi, 10 sv.). — Combattre avec moi, comp. Col. iv, 12. Vulg. de m’aider.
  62. Comp. I Cor. xiv, 33 ; II Cor. xiii, 11 ; Phil, iv, 9 ; I Thess. v, 23.
  63. 3. Prisca, la même que Priscille, et Aquila, son époux. Voy. Act. xviii ; I Cor. xvi, 19 ; II Tim. iv, 19.
  64. 4. Mot à mot mettre le cou sous la hache, c’est-à-dire exposer leur vie ; peut-être à Ephèse, I Cor. xv, 32 ; II Cor. i, 8.
  65. A Rome, comme à Ephèse (I Cor. xvi, 19 ; Col. iv, 13 ; Philém. 2), Aquila et Prisca tenaient dans leur maison des assemblées de fidèles qui s’y réunissaient pour le service divin.
  66. Pour vous, ou pour nous, ou parmi vous (Vulg.), selon d’autres leçons. Comp. Luc, viii, 3 ; Jean, xix, 25.
  67. Συγγενεις μου peut signifier mes parents ou mes compatriotes, ix, 3. Comme au vers. 11 et 21, ce mot s’applique à diverses personnes dont deux sont de Macédoine, Act. xviii, 5 ; XX, 4, le sens plus large de compatriotes est plus probable.
  68. Rufus, probablement le fils de Simon de Cyrène (Marc, xv, 21).
  69. Leur ventre, toutes les passions basses (I Tim. vi, 5 ; Tit. i, 11).
  70. Entre cette bénédiction et la doxologie (vers. 25 sv.), Paul se trouve amené à ajouter encore quelques salutations.
  71. Caius ou Gaius, le même que I Cor. i, 14 ; Paul logeait chez lui.
  72. Ce verset, répétition du verset 20, qu’on lit dans le texte reçu, ne se trouve pas à cette place dans les meilleurs manuscrits.